Le travail sur le non-dit est une manière très efficace de comprendre

Transcription

Le travail sur le non-dit est une manière très efficace de comprendre
LA TECHNIQUE DE LA COLONNE DE GAUCHE
OU LA REVELATION DU NON-DIT
Le travail sur le non-dit est une manière très efficace de comprendre comment
fonctionne notre modèle mental face à des situations particulières. Il montre
comment, dans la réalité, on s'arrange pour ne pas traiter réellement un problème
comme le voudrait notre désir profond. Comment en fait on empêche une situation
improductive de se redresser.
En travaillant sur le non-dit, les gens s'aperçoivent vite qu'ils ont des modèles
mentaux bien typés qui jouent un vrai rôle, souvent indésirable, dans l'exercice
du management. Ils se rendent compte alors à quel point il est important de
mieux savoir gérer et transformer leurs postulats d'origine.
Le nom initial donné par Chris Argyris à ce travail est celui de « la
colonne de gauche », en référence à la manière habituelle d'inscrire un compte
rendu dans un bloc-notes. Il s'agit d'abord de se rappeler une conversation avec
une ou plusieurs personnes qui ne se passe pas bien, qui ne débouche sur
aucun progrès, aucun enseignement nouveau. À droite de la page, je
rapporte les propos effectivement tenus. À gauche, j'écris ce que j'ai pensé
sans l'avoir dit.
Imaginez, par exemple, un dialogue avec un collègue, Jacques. Il a lieu après
la présentation à notre chef d'un projet préparé en commun. Je ne pouvais y
aller et j’ai appris que le projet n'avait pas été bien accueilli.
MOI :
Comment cela a-t-il marché?
JACQUES : Eh bien, je ne sais trop. Il est trop tôt pour le dire. De plus, le
chef n'a pas l'habitude de ce genre de projet.
MOI :
Que crois-tu qu'il faille faire alors? Les problèmes que tu as
soulevés sont importants, non?
JACQUES : Je n'en suis pas sûr. Attendons de voir ce qui se passe.
MOI :
Tu as peut-être raison, mais je crois qu'il ne faut pas se
contenter d'attendre.
Voyons maintenant ce que serait ce dialogue avec « une colonne de gauche ».
Adapté de Senge, Peter, La cinquième discipline. L'art et la manière des organisations qui apprennent
(traduction de The Fifth Discipline), First : Paris, 1991, p. 249-251.
CE QUE JE PENSE
CE QUE NOUS DISONS
Tout le monde dit que la présentation du
projet a été un four.
MOI : Comment cela a-t-il marché ?
Se rend-il compte à quel point il fut
mauvais ?
JACQUES : Eh bien, je ne sais pas trop.
Il est trop tôt pour le dire. De plus, le chef
n'a pas l'habitude de ce genre de projet.
Ou ne veut-il pas l'admettre ?
MOI : Que crois-tu qu'il faille faire alors?
Les problèmes que tu as soulevés sont
importants, non ?
Il a vraiment peur de regarder la vérité
en face. S'il avait plus de confiance en
lui, il pourrait tirer les leçons de
l'expérience.
JACQUES : Je n 'en suis pas sûr.
Attendons de voir ce qui se passe.
Je ne puis croire qu'il n'aie aucune idée
de l'effet déplorable de sa présentation
sur la suite de notre projet.
Il faut que je trouve un moyen de faire
bouger ce type, et vite.
MOI : Tu as peut-être raison, mais je
crois qu'il ne faut pas se contenter
d'attendre.
L'exercice du non-dit permet toujours de révéler des pensées dissimulées et de se
rendre compte à quel point elles influencent le comportement.

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