EuropaNova

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EuropaNova
Laboratoire pour une Europe concrète
EuropaNova
« L’Europe d’Après – 1989-2009-2029 : une génération
s’engage »
Mardi 3 mars 2009
Amphithéâtre Emile Boutmy – Sciences Po
Rapport
Convention
« l’Europe
génération s’engage.
d’après »,
1989-2009-2029 :
Une
Au surlendemain du Conseil européen extraordinaire du 1er mars,
une génération qui a vécu la chute du mur fait des propositions
concrètes pour sortir de la crise et lance une réflexion continentale
sur la responsabilité des Européens face aux défis économiques et
financiers, démocratiques, géopolitiques et climatiques du monde
qui vient.
Nous connaissons aujourd’hui un contexte de crise économique et financière, de crise
climatique, de tensions géopolitiques fortes qui amènent à s’interroger sur la
responsabilité des Européens comme apporteurs de solutions et d’approches
multilatérales pour une meilleure gouvernance mondiale
Il s’agit également du vingtième anniversaire de la chute du mur et de la réflexion
prospective pour les vingt ans qui viennent dans le cadre du groupe de réflexion sur
l’avenir de l’Europe et auquel la génération de 1989 doit naturellement être associée.
Enfin, les échéances européennes et mondiales importantes à venir sont celles du G20 à
Londres, le sommet du 60ème anniversaire de l’OTAN1 en avril, les élections européennes
en juin et le sommet climatique à Copenhague en décembre prochain.
Enjeux de cette convention
1
-
Montrer l’engagement d’une génération dont le premier grand événement
politique a été la chute du mur et qui a une responsabilité particulière dans
l’accélération de la construction d’une Europe plus politique et mieux intégrée.
-
Apporter dès maintenant des propositions concrètes pour le débat public.
-
Lancer de manière plus large une réflexion portant sur « les Européens face au
principe de responsabilité » qui se poursuivra lors du Colloque « Pour un monde
équitable » du 9 mai à Paris et à l’occasion des 3èmes Etats Généraux de l’Europe
fin 2009. Cette réflexion ouverte donnera lieu à un rapport de la société civile au
Conseil européen de mars 2010 ainsi qu’une contribution au groupe de réflexion
sur l’avenir de l’Europe
Organisation du Traité de l’Atlantique Nord : /www.nato.int.
Introduction : sondage EuropaNova- Touteleurope.fr- CSA
Analyse par Stéphane Rozès, Directeur Général de l’Institut CSA2 et Cynthia Fleury,
Présidente d’EuropaNova
Introduction de la soirée par Cynthia Fleury
Dans un contexte de crise globale, cette convention a pour objet de mettre en lumière les
« fils fondateurs », comme on pourrait les appeler, de la génération de 1989. En effet,
les solutions à la crise actuelle ne peuvent être strictement nationales, il faut donc une
véritable Europe politique et intégrée pour y apporter des réponses.
Le sondage de l’institut CSA que nous avons réalisé en partenariat avec Touteleurope.fr3
montre que les français se sentent assez bien représentés de manière générale en
Europe. Il y a une prise de conscience du rôle des députés européens et des qualités
politiques de ceux-ci. Les français ne veulent plus de gloire nationale recyclée au
Parlement européen, leur préférence va à l’intérêt européen et sa défense dans le
monde. Nous observons donc une certaine mutation des consciences, un apprentissage
de la solution européenne, et du sens du compromis. Les français ont pris conscience du
rôle de l’Europe.
Analyse et Conclusions du sondage par Stéphane Rozès
Ce sondage est collectif, avec des thématiques volontairement choisies en amont des
élections européennes, au moment où les choix des têtes de liste se font au sein des
partis politiques. Le but était de dresser le profil attendu des représentants européens, et
de rendre compte des premières réactions de ce qu’attendent les français de l’Europe
face à la crise.
La Présidence française de l’Union européenne a en effet permis aux citoyens de regarder
l’Europe comme un objet utile. Il ne s’agit en aucun cas de reconduire les débats autour
du Traité constitutionnel.
Tout d’abord, on note la difficulté des français à avoir un avis déterminé par rapport à
leurs représentants européens. Ils sont 50% à considérer que les députés français au
Parlement européen accomplissent assez bien (47%) ou très bien (3%) leurs missions.
Les jeunes sont les plus critiques à l’égard des députés européens. Ils sont
paradoxalement les plus pro-européens mais leur insatisfaction est la plus grande. Il y a
une contradiction chez eux entre le désir d’Europe et une déception à l’égard de l’Europe
réelle.
Plus généralement, les français attendent de leurs représentants d’être des députés
européens « européens ». La Présidence française de l’Union européenne a projeté les
français sur les enjeux européens. Ils veulent des députés européens expérimentés, et
compétents. L’autre raison que nous pouvons y voir est que les individus vont très
probablement rentrer dans une période de rigorisme à l’égard de leurs représentants : il
y a une demande de traçabilité des candidats, et la dimension européenne des députés
est clairement mise en avant.
Concernant le Président de la Commission européenne, les français sont d’avis que celuici doit porter la question européenne, et être capable de défendre les intérêts de l’Europe
dans le monde. Il faut qu’il ait une bonne connaissance des institutions et qu’il puisse
défendre l’intérêt commun européen.
De plus, les français attendent une meilleure coordination des politiques nationales des
États membres. Face à la crise, on note le souhait que les Etats-membres de l’Union
2
3
http://www.csa-fr.com/accueil.asp
http://www.touteleurope.fr/
favorisent la coordination de leurs politiques économiques (39%) ou les solutions à
l’échelle nationale (33%), davantage que des politiques européennes communes (20%).
Ce qui ressort de manière générale de cette étude est que ceux qui vont vers des
solutions nationales ne sont pas forcément anti-européens. Les français ont besoin
d’incarnation européenne, mais la crise réactive les inquiétudes. Il y a une distorsion
entre ce qu’ils attendent de l’Europe et l’Europe réelle. Si aucune solution n’est apportée
par l’Europe, il risque d’y avoir un repli national.
Retour sur la chute du mur, le 9 novembre 1989
Appartenir à la génération de 1989, celle qui a vécu la chute du mur, c’est d’abord avoir
vécu ce moment en ayant conscience de l’importance de l’évènement. Nos différents
invités ont tous en commun d’avoir le souvenir d’un épisode exceptionnel dans l’histoire
de l’Europe et qui allait changer beaucoup de choses dans sa construction.
Christian Mandl (Entrepreneur et fondateur de SkyEurope4) et Guillaume Klossa
(Président du Conseil scientifique d’EuropaNova, conseiller spécial de Jean-Pierre Jouyet
durant la Présidence française de l’Union européenne), tous deux en pleine séance du
Parlement européen des jeunes5, l’un au Luxembourg, l’autre en Grèce à Thessalonique,
ont vécu en temps réel la chute du mur. Ils se souviennent avec émotion de ce moment,
vécu comme une source d’espoir, de questionnement face à ce monde nouveau qui
s’ouvrait, en ayant conscience que cela représentait un grand pas en avant pour l’unité
européenne et pour une Allemagne réunifiée.
De manière générale, nos invités se souviennent de la chute du mur comme d’une
journée extraordinaire, marquante, en prenant parfois la mesure de ce qui se passait
quelques jours après, ou de manière progressive. Gaëtane Ricard Nihoul (Secrétaire
Générale de Notre Europe) souligne en outre son étonnement que cet évènement ait pu
passer de manière inaperçue pour toute une catégorie de citoyens, et elle y voit la
responsabilité des leaders politiques de l’époque qui n’ont pas su en faire une vrai
moteur, une fierté pour un objectif qui grandisse l’Union européenne.
Enfin, Sandro Gozi (Député du Parlement italien, et chef du groupe du Parti Démocrate
dans la Commission des politiques communautaires) en tant qu’européen convaincu, a
évoqué sa grande joie pour la Chute du mur, et pour l’Europe de l’est, mais a également
ajouté sa petite inquiétude pour la construction européenne. Le chemin après la chute du
mur va-t-il s’interrompre ?
Le chemin ne s’est pas interrompu, bien au contraire, l’Europe a continué de grandir, elle
fait face maintenant à de nouveaux défis, c’est une Europe élargie qui se doit d’être un
acteur du monde de demain.
4
5
SkyEurope Airlines est la principale compagnie aérienne à bas coûts en Europe centrale. http://www.skyeurope.com
http://www.pejfrance.org/
Table ronde 1 : Faire face à l’urgence européenne
2009: Dix propositions pour sortir de la crise et préparer l’Europe de
demain
Une soirée animée par Guillaume Borie, Président du Parlement européen des
Jeunes
Les propositions et les débats
Quelle appréciation feriez-vous sur la manière dont l’Union Européenne a réagi face à la
crise cet été, et quels enseignements en tirez-vous pour aujourd’hui ou demain ?
Guillaume Klossa, pour une véritable incarnation européenne
Jean-Pierre Jouyet6 a défini la Présidence Française de l’Union européenne comme une
« présidence de gestion de crises ». En effet, les européens ont été obligés de gérer
collectivement une série de crises très différentes et très graves (la crise géorgienne, la
crise économique et financière, le paquet énergie-climat notamment). La présidence
française de l’Union européenne a été véritablement incarnée, portée par un vrai patron,
un chef qui tient les rennes.
Propositions
- Un vrai Président de l’Union européenne, avec une vraie procédure d’investiture. Il
faut fusionner le Président de la Commission européenne avec celui du Conseil de l’Union
européenne.
- Impulser une coordination, et être capable de penser une stratégie collective pour
mettre en œuvre une action concertée (par exemple sur la TVA, les investissements
publics dans le domaine du développement durable, les industries numériques, ou encore
les industries de santé).
- Solidarité : nous avons une monnaie unique mais elle n’est pas accompagnée d’un
mécanisme de solidarité. Cette monnaie nous a permis de nous protéger de la crise, mais
elle est menacée. Il nous faut donc une institution stable pour la gérer, un véritable fond
monétaire européen. Nous devons mettre en place un prêt européen à taux zéro pour la
mobilité des étudiants.
Quels sont les moyens à consacrer à la
relance économique, qu’en est-il du
couple franco-allemand ?
Il faut impulser une coordination en
Europe. Les domaines prioritaires sont
notamment le développement durable, la
régulation économique et financière, les
relations
Europe-USA,
etc.
Il
faut
également introduire des prêts à taux zéro
pour la mobilité des étudiants.
L’Europe a besoin d’un leadership, celui-ci
peut-être représenté à l’initiative du
couple franco-allemand.
6
Haut fonctionnaire et homme politique français : Depuis le 15 décembre 2008 il est le président de l'Autorité des marchés
financiers, auparavant il était, en tant que ministre d'ouverture, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes.
Thomas Klau7, d’une Europe de la coordination à une Europe de la communauté
Le couple franco-allemand est nécessaire, mais il est insuffisant. Quand il fonctionne
bien, c’est un laboratoire d’idées, de synthèse entre deux grands pays de l’Union
européenne qui incarnent des traditions ainsi que des réflexes économiques et politiques
importants.
La crise doit trouver une véritable réponse européenne, sinon les réflexes
protectionnistes des États membres reviendront (tels les mouvements nationaux de
protection de l’industrie nationale des banques, ou de l’automobile par exemple). Ces
réflexes constituent une vraie menace pour le marché intérieur et pour l’Europe.
Il faut donc mettre en place une contre tendance : un appel à la coordination
accompagné d’un accord de principe sur les mesures à prendre. C’est le rôle de la
Commission européenne. Nous sommes aujourd’hui dans une Europe de la coordination,
non dans une Europe de la communauté, nous sommes à mi-chemin entre des réflexes
nationaux et une logique de la coordination.
L’enjeu aujourd’hui en Europe est le dépassement. Nous avons d’ores et déjà des signes
encourageants. Quoiqu’en disent les Traités, les déclarations allemandes récentes ont
prouvé un engagement politique pour empêcher l’Europe de se disloquer sous le coup de
la spéculation.
Propositions
- L’Europe doit renouer avec une politique communautaire.
- Créer un véritable emprunt européen. Dans certains pays, le parlement a un vrai
pouvoir budgétaire. Il faudrait associer les commissions budgétaires des parlements
nationaux aux délibérations des ministres européens.
Matthieu Pigasse8, vers une convergence des politiques économiques et une
véritable solidarité européenne
Le sommet européen du premier mars a montré une solidarité bilatérale mais pas
européenne. Nous avons pu être les témoins d’une absence de décisions sur la relance.
Propositions
- Renforcer l’union franco-allemande. Elle représente un moteur pour l’Europe. Nous
devrions fusionner les dettes françaises et allemandes pour un seul trésor francoallemand. C’est une décision éminemment politique. Cela suppose la création d’une
véritable communauté de biens et de patrimoine au sein de ce couple, avec une
convergence des politiques monétaires, fiscales et économiques. Un seul vote de
financement pour ces deux idées est nécessaire. La volonté politique est primordiale pour
cela, il faut avoir de l’ambition, mais cela paraît possible techniquement.
- Faire entrer la livre sterling dans la zone Euro. C’est un sujet sensible. Le moment
est venu, car l’Angleterre est touchée très durement par la crise hypothécaire et
financière. Cela constituerait un avantage pour les anglais d’entrer dans la zone Euro en
terme de stabilité économique et financière.
Il faut également renforcer le poids de l’Europe financière, renforcer la convergence des
politiques économiques en Europe.
- Elaborer un plan de soutien aux pays d’Europe de l’Est, qui traversent une crise
de confiance sans précédent. En effet, les investisseurs étrangers vendent les actifs qu’ils
7
Directeur au European Centre for Foreign Relations (ECFR) (ALL)
8
Vice-président Europe de la Banque Lazard, auteur du « Monde d’après » (FR)
avaient achetés dans ces pays, il y a donc une crise bancaire, une crise de change, et
une crise économique très dure. Certains pays européens sont très exposés (l’Autriche
par exemple). La Banque Centrale Européenne doit intervenir pour soutenir et renflouer
les banques de l’Europe de l’est.
Avant le déjeuner-sommet du premier mars, les pays entrants depuis 2004 se sont vus à
part pour discuter entre eux des enjeux de ce sommet, avec des désaccords importants.
Peut-on dire qu’il existe une situation de fracture entre les pays d’Europe de l’est et de
l’ouest ? La crise n’est-elle pas en train d’ébranler cette réunification amorcée dès l’après
1989 ?
Christian Mandl, pour une action commune et un vrai leadership au niveau
européen
Les pays d’Europe de l’est ne doivent pas être tous mis dans le même groupe, ils ont eu
des développements différents, des problèmes différents, des dynamiques différentes.
Les considérer comme une seule zone qui ait les mêmes problèmes est une erreur. Les
pays de l’est veulent des solutions au cas par cas, car c’est essentiellement la Hongrie et
la Lettonie qui sont très affectés par la crise.
Les pays d’Europe de l’est sont membres de l’Union à part entière, ils ont les mêmes
droits que les pays d’Europe de l’ouest. La crise est avant tout mondiale. Il faut donc
une mondialisation des organes de régulation mondiaux, avec le principe de subsidiarité9
qui s’applique.
L’Union européenne est le meilleur exemple de gouvernance internationale, grâce
notamment au principe de solidarité que nous appliquons, et pas uniquement le principe
de charité.
Propositions
- Un vrai budget européen : aujourd’hui il est inférieur à 1% du PIB européen, et
nous avons une euro zone avec seize politiques budgétaires et une politique monétaire.
Il faudrait doubler ou tripler le budget européen avec des politiques de redistribution,
pour créer un fédéralisme budgétaire.
- De vrais partis européens avec des listes transnationales, des projets politiques à
l’échelle européenne, et des élections le même jour dans toute l’Union. Il est nécessaire
qu’elles influencent la nomination du Président de la Commission. Nous assistons
actuellement à une régression de la présidence de la Commission. Il faut lui donner un
vrai leadership, avec quelqu’un qui ait le courage de faire face aux chefs d’États.
- Développer une communauté européenne de l’énergie, et assurer une
indépendance énergétique avec des sources d’approvisionnement différentes. Nous
devons être solidaires avec les pays d’Europe de l’est.
9
Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique,
lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même.
Débat avec le public
Pourquoi augmenter le budget européen ? Vers quels types de priorités l’augmentation
de ce budget irait?
Christian Mandl
Il faut augmenter le budget européen afin d’avoir un gouvernement économique
européen qui gère de manière effective la monnaie européenne. On ne peut pas se
permettre d’avoir seize politiques budgétaires. Il faut se donner les moyens de faire de la
relance et de la solidarité. Par exemple, un transfert des prélèvements, sans alourdir
l’impôt serait une solution: une taxe sur les mouvements financiers (même minime). Le
principe de subsidiarité s’appliquerait aux politiques de l’énergie, de l’éducation, de la
santé, du numérique etc. Au contraire, d’autres politiques pourraient être redescendues à
l’échelon national ou régional (la PAC10 par exemple). L’Europe avance aujourd’hui grâce
à la volonté d’action des chefs d’États et de gouvernements, mais ce n’est pas
institutionnalisé. Le budget européen permettrait d’institutionnaliser cette relance.
En renforçant le budget européen, nous renforcerions le pouvoir de la Commission
européenne.
Guillaume Klossa
Le budget européen est comme une
enveloppe à se partager, il n’est pas pensé
par rapport à des besoins collectifs. Il faut
donc changer l’approche de réflexion sur le
budget.
Par exemple, les gazoducs transeuropéens qui
sont en cours de construction actuellement
coûtent très chers et sont en concurrence. Ils
sont fondés sur des budgets nationaux alors
qu’il
faudrait
une
véritable
stratégie
européenne.
Un autre exemple : les américains vont investir sur la croissance verte et l’énergie du
futur de manière fédérale. En Europe, chaque État va consacrer des millions pour
inventer l’économie de demain. Il faut une vraie force européenne pour conserver le
leadership européen. Nous avons une autoroute à construire collectivement.
Il y a un danger actuellement de décrochage des pays d’Europe de l’est qui n’ont pas
intégrés la zone euro. On observe donc une offensive de certains de ces pays pour se
raccrocher à cette zone. Or, notre zone euro n’est pas encore assez intégrée, nous
sommes très loin d’une zone monétaire optimale. Que pensez-vous de ce danger de
décrochage, « élargissement contre approfondissement » dans la zone euro ?
Matthieu Pigasse
Les monnaies d’un certain nombre de ces pays décrochent. Ils demandent à ce que les
critères d’accession de la zone euro soient facilités. Il faudrait limiter les fluctuations de
leur monnaie et les faire bénéficier de la stabilité de la zone euro. Ce n’est
malheureusement pas possible actuellement car la convergence économique n’est pas
suffisante. Il est urgent d’agir face à l’asphyxie des systèmes bancaires de ces pays, la
Banque Centrale Européenne doit injecter du capital pour soutenir les monnaies de ces
10
Politique agricole commune
pays le temps qu’ils puissent entrer dans la zone euro. Ce qui compte, c’est la solvabilité
financière d’un pays déterminé. Il faut intervenir, sinon leur économie va s’effondrer.
Christian Mandl
Il n’y a plus vraiment de banques d’Europe de l’est (elles sont autrichiennes, italiennes et
françaises), ce sont des filiales de banques d’Europe de l’ouest. Il y a eu une privatisation
dans le domaine bancaire. Il faut renforcer la solidité de la zone euro, mais les critères de
Maastricht définis très peu de temps après la chute du mur ne reflètent pas du tout les
besoins des pays de l’est. Demander à ces pays d’avoir une inflation réduite va contre ce
qu’ils sont capables de faire. Ce n’est pas adapté à leur situation, et cela pose un vrai
problème.
Il existe un grand danger pour les peuples qui ne sont pas encore intégrés dans l’Union
(Ukraine, Géorgie, Moldavie) et qui sont sous influence de la Russie car elle tente de
reconquérir son orbite ancienne (par la volonté de Vladimir Poutine). L’exemple des
pipelines russes sous la baltique et la mer noire et les chantages envers les anciens
membres de l’URSS est flagrant. L’Union européenne brade l’Europe de l’Est. Il faut au
contraire développer une stratégie vis-à-vis de ce comportement qui est choquant.
Quelles réformes voyez-vous pour l’Europe, pour son économie ? Pensez-vous qu’une
convergence entre les systèmes politiques, et les performances économiques est
possible?
En terme de coordination : nous avons aujourd’hui une monnaie unique mais pas de
fiscalité harmonisée, ni d’harmonisation sociale. Si on ne se lance pas dans une nonconcurrence au niveau européen, nous n’avancerons pas (évasion fiscale très
importante). L’Europe doit éviter les délocalisations, et avoir une efficacité économique
réelle, c’est un point de départ pour une harmonisation européenne.
Thomas Klau
La crise est mondiale, économique, européenne, et elle va devenir politique. Il ne faut
pas faire l’erreur d’oublier ce que deviennent les pays limitrophes de l’Union (Ukraine par
exemple) qui seront touchés encore plus durement que les États Membres. Ce serait une
catastrophe pour l’Europe s’il y avait une implosion en Ukraine. Ce scénario serait
potentiellement pire que la guerre en Géorgie de l’été passé. Nous devons mettre en
œuvre une solidarité qui ne se limite pas à l’intérieur des frontières de l’Union. Cette
solidarité doit s’appliquer également à l’Europe de la défense pour la développer.
Par ailleurs, il est aussi nécessaire d’harmoniser la fiscalité pour le futur de l’Europe.
Enfin, la constitution de listes transnationales pour les élections du Parlement européen
est essentielle, notamment afin de contrôler la politique de la Commission européenne.
Tant que le Traité de Lisbonne ne sera pas entré en vigueur, nous ne pourrons pas
dépasser la logique de coordination brouillonne de ces derniers mois.
La crise a créé un sursaut fédérateur, un espoir pour que le Parlement Européen exerce
un pouvoir beaucoup plus fort sur la politique européenne. Nous devons passer d’une
logique où les députés européens représentent leur pays au Parlement à une logique où
ils représentent une mouvance politique en tout premier lieu. Nous devons construire un
véritable espace politique européen avec une alternance droite/gauche, pour apporter
des réponses communes à la crise. Il faut politiser ce débat.
Christian Mandl
Notre indépendance énergétique pas rapport à Moscou est primordiale. Il y a une
hypocrisie totale autour du nucléaire. Le nucléaire est important, et connaît différentes
approches en Europe : celle-ci fait pression sur les États limitrophes pour qu’ils arrêtent
leur production de nucléaire sans pour autant les aider. Il faut donc donner une
indépendance énergétique aux pays de l’est avec des standards européens.
Par ailleurs, il faut aider non seulement les banques d’Europe de l’est mais aussi
l’économie réelle, le secteur de la santé, de l’éducation, de la création d’entreprises, pour
ensuite leur permettre d’entrer dans la zone euro.
Sur la fiscalité européenne, l’harmonisation n’est pas forcément évidente par rapport aux
pays d’Europe de l’est. Il ne faut pas mettre un frein au dynamisme des pays.
Enfin, l’Europe de la défense doit également être développée. Nous ne sommes plus les
partenaires privilégiés des États-Unis par exemple. Nous sommes un petit continent qui
vieillit, il faut qu’on devienne autosuffisants au niveau de notre défense.
Matthieu Pigasse
La crise est globale, nous n’en sortirons qu’ensemble et de manière solidaire. Il faut
stabiliser l’économie, restaurer la confiance dans le système financier (ne pas opposer
l’économie financière à l’économie réelle), mettre en place des instances européennes de
coordination, lutter contre toutes les formes de protectionnismes nationales qui créent
des distorsions de concurrence.
Table ronde 2 : Inscrire l’Europe dans une dynamique politique
1989 – 2009 - 2029 : Quels enseignements tirer des 20 dernières années
de construction européenne pour les 20 ans qui viennent ?
Les propositions et les débats
La crise est-elle en train de mettre de côté d’autres questions, notamment les enjeux du
développement durable ?
Joaquin Muñoz11, l’environnement : un enjeu primordial pour l’Europe de
demain
Le Forum social mondial qui a eu lieu à Belém au Brésil (en tant qu’alternative au Forum
économique mondial à Davos en Suisse) a permis de proposer des alternatives.
Beaucoup de discussions se sont tenues sur la réforme du système financier, les paradis
fiscaux et leurs effets pervers. La thématique de Belém était les peuples de l’Amazonie, à
savoir l’enjeu environnemental qui nous concerne tous pour éviter un déboisement
excessif et chaotique. Une marche des populations amazoniennes réunissant 120000
personnes a été organisée à cette occasion.
Proposition
- Bien intégrer l’activité humaine dans l’environnement. La question
environnementale n’a pas été oubliée, notamment avec la mise en œuvre d’engagements
ambitieux (conférence à Copenhague en fin d’année, une prise de position politique est
nécessaire au niveau européen).
Sandro Gozzi, pour un véritable espace politique européen
Il faut dépasser les murs qui séparent la politique intérieure
et extérieure de l’Union européenne. Nous devons également
trouver une nouvelle mentalité au niveau du leadership. Ce
qui manque à l’Europe est la politisation pour être un acteur
international, car à l’heure actuelle il n’y a pas de démocratie
réelle, ni de véritable espace politique. Il faut créer un lien
émotionnel entre les citoyens et l’Europe pour qu’elle soit
puissante. Cette thématique de puissance pose en outre un
problème de fond: l’Europe est née pour la nier, pour
dépasser la guerre, dépasser une certaine utilisation de la
puissance. Aujourd’hui elle doit repenser ce rapport à la
puissance pour être acteur des puissances civiles et militaires.
C’est une question de mentalité politique.
Nous devons penser à ce que nous étions dans le passé et ce que nous serons à la fin de
ce siècle afin de nous intégrer beaucoup plus par rapport au reste du monde. Le 21ème
siècle sera multipolaire. L’Europe doit développer une nouvelle approche de la puissance
et doit avoir plus de flexibilité au fur et à mesure qu’elle se développe.
11
Directeur général de Max Havelaar (ESP)
Propositions
- Construire un nouveau régionalisme politique, économique avec notre voisinage.
C’est la question de nos rapports avec les pays voisins, pour pouvoir établir une véritable
zone de stabilité. C’est fondamental pour que l’Europe soit crédible. Nos rapports à la
frontière doivent être appréhendés différemment. Celle-ci est un lieu de rencontres et de
coopération. La même notion doit être appliquée avec nos pays voisins.
- Flexibilité des groupes des pays d’avant-garde
- Exploiter beaucoup plus les potentiels de nos politiques communes pour agir
sur la scène internationale (l’euro).
Nous avons un problème de l’identité collective européenne ? quel est le rôle des
médias par rapport à cela?
Ivan Štefunko12, pour une identité européenne des médias
La représentation passe par de véritables médias européens.
Propositions
- Donner une identité, un poids aux médias en Europe. Les citoyens doivent savoir
comment l’Europe les influence par secteur et profession. Les médias nationaux doivent
être formés à l’Europe. On ne peut pas avoir une réelle identité européenne sans
rencontrer les européens.
- Quelle serait l’Europe sans l’Europe ? La monnaie par exemple reflète l’attachement
pratique à l’Europe. Une journée sans l’Europe nous permettrait de comprendre mieux ce
que fait l’Europe pour les citoyens au quotidien.
- Elire des européens aux élections européennes, mais pas seulement des
représentants de nos pays.
Les institutions sont l’échec majeur de ces 20 dernières années. Il faut développer notre
capacité à les réformer. Comment cet enjeu institutionnel peut-il permettre de répondre
à ce déficit démocratique dont souffre l’Europe ?
Gaëtane Ricard Nihoul, revenir au projet initial de la construction européenne
Il y a un paradoxe important actuellement : le Parlement européen a augmenté ses
pouvoirs tandis que la participation aux élections européennes diminue.
Propositions
- Une politisation des débats européens est absolument nécessaire dans les vingt
prochaines années. Il est paradoxal que la participation aux élections européennes
s’effondre depuis leur existence alors que les pouvoirs du Parlement n’ont cessé
d’augmenter. C’est un véritable paradoxe. Quelle Europe veut-on ? Quelle orientation
politique, idéologique ? Le débat démocratique est nécessaire pour savoir quelle
orientation politique et idéologique nous voulons donner à l’Union européenne.
Le Comité d’orientation de Notre Europe a d’ailleurs fait une proposition en ce sens il y a
dix ans déjà : chaque grande famille politique européenne devrait présenter un candidat
à la présidence de la Commission européenne. Il est fondamental que les citoyens
connaissent à l’avance le président de la Commission qu’ils vont élire en allant voter.
Cette idée n’est à l’heure actuelle pas mise en œuvre. Les grands partis politiques
12
Entrepreneur, directeur du réseau des portails EurActiv (SLK)
européens devraient proposer un candidat à la présidence de la Commission qui
incarnerait alors un projet dans lequel les citoyens pourraient se reconnaître.
- Le projet de l’Europe est, comme Jacques Delors l’a exprimé : « une fédération
d’Etats nations ». Le Royaume-Uni ces vingt dernières années a gagné la bataille
sémantique (« Union »), alors que le projet initial était clairement un projet fédéraliste
(déclaration Schuman) : le mot « fédération » qui était pourtant utilisé par les pères
fondateurs est devenu un mot tabou. Il faut des compétences plus claires pour l’Union
européenne. L’État nation a encore une belle vie devant lui, mais il faut savoir parler de
cela sans tabous.
Débat avec le public
On valorise l’expérience européenne mais aussi locale (comme le montre le sondage). Il
y a un désir d’ancrage local des élus européens. Il faudrait une harmonisation entre
l’aspect européen, l’aspect national et le local. Il ne faut pas oublier l’Europe culturelle,
l’Europe des valeurs. L’Europe est-elle capable de faire de son ancrage humaniste un
vecteur politique important ?
Concernant la ratification à l’unanimité. Nous pensons nationalement. Il faut tendre vers
des figures locales qui seraient proches de l’Europe.
Gaëtane Ricard Nihoul
L’ancrage local est important. Il ne faut pas tomber dans le piège d’une certaine élite
européenne qui connaît déjà les figures européennes. Il faut au contraire des figures
proches des citoyens, connues.
Les vingt prochaines années doivent refléter un vrai courage politique. Il faut arriver à
penser les institutions européennes de manière globales.
Joaquin Muñoz
Nous devons donner une dimension politique à l’Europe. Dans les vingt prochaines
années, une incarnation politique est essentielle notamment pour le développement
durable, l’énergie et le transport. L’Europe doit pourvoir incarner nos valeurs et se
projeter dans la durée. Les promesses actuelles restent sans ambitions politiques fortes
ni moyens. Il faut traiter des problèmes globaux à l’origine de la construction
européenne.
Sandro Gozzi
Le moratoire sur la peine de morts à l’ONU13, la Cour pénale internationale, les
engagements pris en terme de lutte contre changement climatique montrent que l’Europe
du « soft power » existe. Il faut à présent développer le « hard power », et cela demande
beaucoup de changements, d’implication et incarnation politique. Nous avons en effet
vingt-sept armées, dix-neuf forces aériennes, dix-huit forces navales. Cependant nous
n’avons toujours pas assez d’influence.
Yvan Štefunko
Pour ce qui est du changement climatique, les États Unis vont certainement revenir en
première ligne avec le nouveau gouvernement en place. Nous pensons trop
13
Organisation des Nations Unies
nationalement en Europe, et nous allons être dépassés. Les vingt prochaines années
doivent être celle d’un vrai leadership européen.
Les médias ne parlent pas d’Europe, les politiciens non plus, sauf lors de grandes crises.
Nous traitons de sujets trop nationaux, même quand ils sont européens au départ.
Nous avons une responsabilité par rapport à cela.
La ratification du Traité de Lisbonne est beaucoup trop longue : un référendum
paneuropéen serait-il la solution ? Nous avons pour l’instant vingt-sept espaces publics
nationaux
Un média européen existe actuellement : Euronews. Cette chaîne devrait être beaucoup
plus développée. Il faudrait que les journaux nationaux donnent des informations sur les
autres pays en Europe, l’Europe du quotidien accessible à tous.
Yvan Štefunko
Comment voir les Pays d’Europe centrale et orientale (PECO) comme des alliés, et non
des ennemis? La France ne fait pas au mieux pour créer un partenariat avec les PECO.
Ces pays sont ouverts à l’économie française, mais quand il y a un problème, la France
reprend ses investissements14. Il faut repenser la politique européenne. La France parle
toujours de son propre rayonnement dans l’Union, mais pas du rayonnement de l’Union
elle-même dans le monde.
Gaëtane Ricard Nihoul
La ratification du Traité de Lisbonne prouve que nous sommes dans une impasse
aujourd’hui, c’est donc une question à aborder sérieusement. Une première
réforme serait que les ratifications se passent en même temps. Il faut également
repenser le mode de ratification : un référendum européen pourrait être la solution.
De plus, faut-il maintenir l’unanimité dans une Europe à vingt-sept et plus ?
Les vingt prochaines années doivent être marquées par le courage politique, il faut briser
les tabous. Nous ne donnons pas aux citoyens des objectifs institutionnels clairs, nous
faisons du bricolage. Nous avons du mal à ancrer nos résultats lors des présidences de
l’Union européenne dans des vraies décisions institutionnelles. Il faut penser les
institutions de manière globale, les rendre explicite pour les citoyens.
Joaquin Muñoz
Voter aux élections est très important. Il faut faciliter le leadership qui manque à
l’Europe, agir, réfléchir pour que l’Europe soit exemplaire en terme de leadership. Il faut
également une incarnation politique en terme de développement durable. Il ne faut pas
manquer l’étape de prendre le leadership face aux États Unis en matière de
développement durable.
Sandro Gozzi
Pour ce qui est de la participation citoyenne, un vrai référendum européen et une même
période d’élections sont indispensables.
Les partis politiques doivent présenter leurs candidats à la Présidence de la Commission.
Nous avons besoin d’un véritable saut qualitatif démocratique pour mobiliser les
électeurs.
14
A l’exemple de Gaz de France
Par ailleurs, il n’y a pas de médias européens car il n’y a pas un espace politique
européen, ni de véritables décideurs politiques européens. Les médias traitent des
questions européennes avec un regard national. Les Conseils européens sont reflétés
dans les médias avec des points de vue nationaux. L’espace médiatique et politique est à
développer. Euronews n’est pas assez dynamique, nous ne mobiliserons pas avec ce
genre de télévision.
Les siècles passés étaient ceux de l’Etat nation, le 21ème siècle doit être celui de
l’intégration régionale. L’Union européenne reste la réponse démocratique à cela, il nous
faut plus de courage, et plus de leadership européen.
Conclusion
L’Europe ne pourra sortir de la crise que si elle se coordonne et est solidaire. Une relance
forte avec un vrai leadership européen passant par une réforme institutionnelle est
indispensable pour l’Europe de demain. Un repli national pour faire face aux défis
mondiaux n’est certainement pas une réponse efficace, et ne permettra pas à l’Europe
d’être une puissance significative pour l’avenir.
Biographies de participants
Sandro Gozi
40 ans, Sandro Gozi est l’un de ces hauts fonctionnaires qui a fini par épouser une
carrière politique. Conseiller au cabinet de Romano Prodi à la présidence de la
Commission européenne, il a suivi son mentor à la présidence du Conseil italien, en tant
que conseiller pour les Affaires européennes, après avoir lui-même gagné son siège au
Parlement.
Il est également professeur visiteur au Collège d’Europe de Bruges et maître de
conférences à l’Institut d’Études Politiques de Paris en politiques extérieures de l’Union
européenne. Il a écrit un livre en 2007, dénonçant les attaques incessantes dont les
institutions européennes font l’objet : « Non, ce n’est pas la faute à Bruxelles ! »
Thomas Klau
47 ans, directeur au European Centre for Foreign Relations (ECFR), (ALL)
Né en France, il a suivi un cursus scolaire à Versailles et Oxford avant de poursuivre ses
études d’histoire et de philosophie à l’Université de Heidelberg et Tübingen.
Journaliste spécialisé dans les affaires européennes et la politique internationale, Thomas
Klau a rejoint le European Centre for Foreign Relations en Juillet 2007 en tant que
Directeur éditorial et Chef du bureau parisien de l’organisation. Il a notamment travaillé
pour l’AFP à Paris et “Le Matin de Paris”. IL s’est ensuite installé à Frankfort puis à
Bruxelles où il a travaillé comme correspondant politique pour « European Voice » et
comme correspondant pour l’Union européenne pour le « Börsen-Zeitung ». En 2000, il a
aidé au lancement du “Financial Times Deutschland”, en tant que chef du bureau à
Bruxelles du journal (2000-2005) et correspondant à Washington (2006-2007). Il écrit
toujours une tribune dans ce journal à l’heure d’aujourd’hui. Avec Jean Quatremer, il est
l’auteur d’un livre sur les négociations qui ont abouti à l’Union monétaire « Ces hommes
qui ont fait l’Euro » (Paris 1999). IL a été un commentateur fréquent des affaires
européennes pour de nombreuses organisations récentes et a présidé ou participé a de
nombreux débats publics sur l’Europe et la politique internationale.
Guillaume Klossa
36 ans , Conseiller auprès du secrétaire d’Etat français pour la présidence française de
l’Union européenne. Fondateur et président du Conseil scientifique d’EuropaNova
Créateur à 15 ans d’Euro’92 , 1er magazine lycéen européen, il participe en 1989 aux
premières sessions du Parlement européen des Jeunes. Cadre dirigeant, journaliste,
éditorialiste européen de Métro et animateur de l’émission « Face à Alain Minc » sur
Direct 8, il fonde en 2002 EuropaNova comme un collectif de citoyens. Président exécutif
et bénévole de 2003 à 2007, il crée avec Gaétane Ricard-Nihoul, Sylvie Goulard et
Jacques Delors les « Etats généraux de l’Europe », le rendez-vous annuel de la société
civile européenne. Enseignant, il a publié avec Stéphane Rozès « L’identité à l’épreuve
de l’Europe », Commentaire n°121. En mai 2007, Jean-Pierre Jouyet le choisit comme
conseiller spécial dans la perspective de la présidence française de l’Union européenne.
Début 2009, il succède à Enrico Letta à la tête du Conseil scientifique d’EuropaNova avec
une mission : conduire une réflexion continentale sur « les Européens face au principe de
responsabilité ». La Convention « l’Europe d’Après » lance cette réflexion.
Christian Mandl
34 ans, Entrepreneur, fondateur de SkyEurope
Autrichien élevé à Bruxelles, jeune entrepreneur, Christian Mandl a créé en 2001 en
Slovaquie SkyEurope Airlines, qui s’est très vite affirmée comme une des 1ères
compagnies d’Europe centrale. Il a alors à peine 25 ans ! Cinq ans plus tard, la
compagnie a transporté plus de cinq millions de passagers. Ce jeune homme calme qui
court le monde, reste fondamentalement attaché au projet européen : « J’ai toujours été
fasciné par l’Europe, mais une Europe divisée n’est pas une Europe importante », juge-til. Il vit aujourd’hui entre Barcelone et Bratislava.
Joaquin Munoz
35 ans, Dirige l’association Max Havelaar
Espagnol, ancien consultant en stratégie, Joaquin Munoz a fait le choix du commerce
équitable et du développement durable. Il dirige Max Havelaar France depuis 2007. En
2008, il publie « Commerce équitable : 20 réponses pour agir » pour expliquer de façon
simple et pédagogique. Il était, il y a peu, le représentant mondial de Max Havelaar au
Forum Social Mondial à Belem au Brésil.
Il participe à des débats en France comme en Europe sur le développement durable et
l’engagement des décideurs économiques et politiques. Avec EuropaNova, Max Havelaar
France lancera le 9 mai la Convention « Pour un monde équitable » dans le prolongement
de la conférence « L’Europe d’après ».
Gaëtane Ricard Nihoul
36 ans, Secrétaire générale de Notre Europe
De nationalité belge, Gaëtane est diplômée de l'Université de Liège en science politique
et administration publique et titulaire d'un master et d'un doctorat en politique
européenne de l'Université d'Oxford. Ses recherches ont porté sur la formation des
politiques publiques au sein de l'Union européenne et en particulier sur la politique
d'éducation. De 1999 à 2002, elle a été responsable de l'équipe "affaires européennes et
internationales" du Cabinet d'Isabelle Durant, Vice-Première Ministre et Ministre de la
Mobilité et des Transports au sein du gouvernement belge. Elle a, notamment, assumé
des tâches de coordination pendant la présidence belge du Conseil de l'Union
européenne. Conseillère pour les questions institutionnelles, elle a été chargée de
représenter la Vice-Première Ministre dans la délégation belge pour la Conférence
ministérielle de l'OMC à Seattle et la Conférence Intergouvernementale. Elle a, à ce titre,
participé aux Conseils européens de Biarritz, Nice et Laeken et au groupe de travail du
gouvernement belge pour la Déclaration de Laeken. Gaëtane Ricard-Nihoul a ensuite
rejoint la Commission européenne à la Direction Générale Education et Culture, dans
l'Unité Politique Audiovisuelle. Membre du Secteur Relations Extérieures, elle s'est
occupée des négociations d'adhésion avec les 13 pays candidats dans le domaine
audiovisuel, des relations avec les Balkans occidentaux et les pays du Sud de la
Méditerranée. Elle a également été responsable de la coordination d'un groupe interservices sur le dialogue interculturel et du suivi des travaux de la Convention dans le
domaine culturel. En avril 2004, elle a rejoint Notre Europe, laboratoire de pensées dédié
à l’unité européenne, fondée par Jacques Delors, présidée par Tommaso Padoa Schioppa,
avec Pascal Lamy comme président d’honneur, comme conseillère du président, puis
comme Secrétaire générale. Elle est l’une des co- fondatrices des « Etats Généraux de
l’Europe », le grand rendez-vous annuel de la société civile européenne.
Matthieu Pigasse
41 ans, Vice-président Europe de Lazard frères
Français, ancien conseiller de Dominique Strauss-Kahn, il devient en 2002 associé gérant
de Lazard frères. Engagé européen, il est administrateur d’EuropaNova depuis 2007 et
vient de publier avec Gilles Finchelstein « Le monde d’après » aux éditions Plon. Il y
analyse la crise et fait des propositions pour en sortir. Il souligne la nécessité d’une
Europe mieux intégrée et plus politique. Rarissime dans les débats publics jusqu’à la
publication de son essai, sa participation à la Convention « L’ Europe d’après » est une
première.
Ivan Štefunko
Slovaque, 32 ans, entrepreneur, Ivan est directeur d’un media en ligne sur l’Union
européenne.
Ayant vécu en Algérie avec ses parents, il étudie les sciences politiques et les questions
européennes en Slovaquie et en France (Sciences Po, Paris). Juste après ses études, il
s’engage quelques années en politique et devient leader du mouvement de jeunesse
socialiste en Slovaquie. Après cette expérience, il entame un parcours dans les médias et
devient directeur de l’hebdomadaire politique et culturel Slovo. Il comprend vite que le
futur des médias, c’est l’Internet, voyant monter en flèche les lecteurs en ligne. Dans la
foulée, Ivan lance des projets Internet dans différents pays européens, chacun projet
devenant leader dans la catégorie et le pays dans lequel il est lancé.
Ivan Stefunko est aujourd’hui directeur du réseau des portails EurActiv présent dans 10
pays européens avec 650 000 lecteurs. « Ce travail permet de vivre en même temps mes
passions, l’Internet et l’Union européenne» affirme le jeune homme.
Partenaires
Remerciements
Nous tenons à remercier chaleureusement les intervenants de cette convention pour
avoir bien voulu participer et apporter des propositions concrètes pour lancer cette
réflexion indispensable à l’avenir de la construction européenne.
Un grand merci également à tous nos partenaires pour leur soutien à nos projets,
ainsi qu’à Sciences Po et tout spécialement Nathalie Massoni pour son accueil et son
aide à la préparation de la Convention.