enquête national sur la gestion domestique des déchets organiques
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enquête national sur la gestion domestique des déchets organiques
ENQUÊTE NATIONAL SUR LA GESTION DOMESTIQUE DES DÉCHETS ORGANIQUES Résultats de l’enquête ADEME 2008 Juin 2008 EnqNat_l'essentiel.doc Créé le : 15/05/09 Enregistré le : 08/06/09 Imprimé le :08/06/09 La gestion domestique des biodéchets en France Résultats de l'enquête ADEME 20081 La gestion domestique des biodéchets, qui recouvre des filières aussi diverses que le compostage, le non ramassage volontaire des tontes de gazon, le dépôt au fond du jardin, le brûlage à l’air libre ou en cheminée/poêle, le paillage, l’alimentation des animaux domestiques l’épandage des cendres de bois, ou la cession à des voisins est une réalité pour 62 % des français (déchets de cuisine) et 70 % des détenteurs de jardin (déchets verts). Ainsi, 62 % des français (81 % dans l’habitat individuel ; 40 % en collectif) pratiquent la gestion domestique d’une partie au moins de leurs déchets de cuisine. Même chose avec 70 % des détenteurs de jardin pour leurs déchets verts. Autrement dit, 38 % des français (19 % en habitat individuel ; 60 % en collectif) confient tous leurs déchets de cuisine à leur collectivité et ne pratiquent donc pour eux aucune forme de gestion domestique. 30 % des détenteurs de jardin confient tous leurs déchets verts à leur collectivité et ne pratiquent donc pour eux aucune forme de gestion domestique. Aucune étude n’avait encore évalué la fréquence de ces pratiques au niveau national. Après avoir été longtemps considérée comme insignifiante, la filière compostage domestique est aujourd’hui reconnue et fait l’objet du Plan National de Soutien au Compostage Domestique lancé en novembre 2006 et piloté par l’ADEME. À un moment où la prévention des déchets fait l’objet d’une politique appuyée de promotion, le compostage domestique et au-delà, la gestion domestique confirment avec cette enquête leur potentiel de détournement des flux à la charge des collectivités. 1 L’enquête, réalisée par l’institut LH2 auprès d’un échantillon représentatif des français de 18 ans et plus en termes de sexe, âge, catégorie socio-professionnelle du chef de famille, catégorie d'agglomération et région, portait sur les pratiques de gestion domestique des français. 1137 interviews (dont 100 sur les DOM) ont été réalisées par téléphone (plateforme CATI LH2) du 25 mars au 7 avril 2008. Le questionnaire durait 15 minutes environ. Un redressement a été effectué afin de s’assurer de la représentativité de l’échantillon sur le type d’habitat (individuel: 56 % / collectif: 44 % d’après l’INSEE). Le redressement a également restitué la proportion initiale des DOM dans la population française. L’interprétation des résultats a été assurée par la société Inddigo. ADEME/DDS/GEODE Auteur : Denis MAZAUD La gestion domestique des biodéchets en France Gestion des déchets de cuisine 9 % des foyers (15 % en habitat individuel ; 2 % en habitat collectif) ne jettent jamais aucun déchet de cuisine à la poubelle. Gestion domestique des déchets de cuisine 100% 90% 80% Pour près de 30 %2 des français (42 % en habitat individuel ; 12 % en habitat collectif), la gestion domestique représente la destination principale des déchets de cuisine. 70% 60% majoritaire 50% minoritaire aucune 40% 30% 25 % des foyers gèrent principalement à domicile les catégories de déchets de cuisine les plus pondéreuses (épluchures, fruits ou légumes abîmés, restes de viande). 20% 10% 0% ENSEMBLE habitat individuel habitat collectif Destinations des déchets de cuisine (Destination principale des foyers) Donnez à des animaux 14% Jetez avec les ordures ménagères 61% ST Gestion domestique 29% Compostez en tas ou en composteur / lombricomposteur 11% Donnez à une autre personne 4% Autres 7% Autant l'un que l'autre 1% Pratiquez la collecte des déchets de cuisine 3% 2 Ce chiffre correspond à la moyenne non pondérée des pratiques sur toutes les catégories de déchets de cuisine. On lui préfèrera comme référence nationale le chiffre de 25 % correspondant aux seuls catégories les plus pondéreuses. page 2 • ADEME/DDS/GEODE • 08/06/09 La gestion domestique des biodéchets en France Le compostage est la filière prioritaire pour les déchets à composante végétale (18 % des foyers le pratiquent prioritairement) alors que l’alimentation animale domine pour les déchets carnés (19 % des foyers). Bien entendu, le type d’habitat influence fortement ces pratiques : 35 à 43 % des foyers résidant en maison gèrent principalement à domicile les catégories de déchets de cuisine les plus volumineuses (épluchures, fruits ou légumes abîmés, restes de viande) alors qu’ils ne sont que 9 à 10% en habitat collectif. Ce chiffre supérieur à la moyenne tous types d’habitat confondus s’explique essentiellement par un recours plus important au compostage (31 à 32 % des foyers résidant en habitat individuel) et à l’alimentation animale (31 % des foyers en maison donnent les déchets carnés aux animaux). En habitat individuel, seuls 50 % des foyers jettent à la poubelle leurs épluchures ou fruits et légumes (58% les déchets carnés). L’hygiène dans la pré-collecte se révèle plutôt satisfaisante : Les déchets de cuisine destinés au compostage sont conservés le plus souvent dans un seau ouvert ou fermé et vidés dans les 3 jours pour les ¾ des utilisateurs. Le risque de voir se développer une fermentation anaérobie qui nuirait à l’intérêt de la filière au niveau effet de serre est donc faible ; Un gros tiers des utilisateurs conserve ces seaux en cuisine et 63% le lavent à chaque vidage. Sachant que les quantités de déchets de cuisine sont de l’ordre de 40 kg/hab./an en moyenne en France, on peut considérer que le flux de déchets de cuisine géré à domicile est, en considérant que la gestion domestique des déchets de cuisine est pratiquée régulièrement par 25% des Français, de l’ordre de 620 000 tonnes par an, ce qui représente 3 % du flux d’OM collecté en 2005. 13 % des foyers se déclarent prêts à composter plus souvent les déchets de cuisine, ce qui correspond à une augmentation de 50 % des pratiques actuelles (25 % des foyers). ADEME/DDS/GEODE• 08/06/09 • page 3 La gestion domestique des biodéchets en France Gestion des déchets verts Pour 43 % des foyers détenteurs de jardin, la destination principale des déchets verts est une pratique de gestion domestique. 30 % d’entre eux ne font aucune gestion domestique de leurs déchets verts. Les déchets du potager sont majoritairement gérés à domicile (81% des foyers qui disposent d’un potager) et souvent par compostage (67 %). Seuls 3 % de ces foyers les jettent aux ordures ménagères. Gestion domestique des déchets verts 100% 90% 80% 70% 60% majoritaire 50% minoritaire aucune 12 % des foyers détenteurs de jardin participent à une collecte sélective de déchets verts (28 % en Île de France). Les mauvaises pratiques (brûlage à l’air libre et décharge non conforme) concernent plus d’un foyer sur 10 (et 20 % de ceux qui produisent élagages et tailles). Le brûlage est plus pratiqué en milieu rural. 40% 30% 20% 10% 0% détenteurs de jardin Destinations des déchets verts (Destination principale des foyers) Compostage 23 % Brûlage 9 % Paillage 7 % Bois de chauffage 2 % Cession 2 % Animaux 1 % Emportez à la déchèterie 25 ST Gestion domestique 43 Déposez à la collecte des déchets verts 12 Autres 3 Pas concerné 12 Autant l'un que l'autre 1 Déposez en décharge communale ou cantonale 2 Jetez avec les ordures ménagères 3 3 % seulement des foyers déclarent déposer des déchets verts dans leur poubelle. page 4 • ADEME/DDS/GEODE • 08/06/09 La gestion domestique des biodéchets en France Pour les tontes, les feuilles, les mauvaises herbes ou les plantes annuelles renouvelées, la gestion domestique concerne entre 40 % et 50 % des foyers, le compostage près de 30 %. Pour les branches et petites tailles les foyers recourent plus fréquemment à la déchèterie (un tiers des foyers) et au brûlage à l’air libre (plus de 15 %). La gestion domestique en concerne moins de 35 %. L’impact de la gestion domestique des déchets verts sur les flux de déchets est très délicat à établir. En effet, les ratios de productions de déchets de jardin sont très variables d’un cas à l’autre tout comme la taille des jardins. La méthode proposée repose sur les ratios observés sur les filières de collecte : en considérant que seuls 35 à 44% des producteurs de déchets verts recourent aux déchèteries ou aux collectes sélectives de déchets verts, que les ratios observés en 2005 (source : enquête nationale « collecte » ADEME) sont de l’ordre de 56 kg/hab/an (déchèterie plus collectes sélectives), on peut penser que la gestion domestique des déchets verts représente un flux au moins équivalent à ce qui est aujourd’hui collecté sélectivement et traité sur des unités collectives c’est-à-dire 3,5 millions de tonnes. Gestion domestique et autres filières de gestion des biodéchets S’il y a une relative complémentarité entre gestion domestique et déchèteries bien utiles pour les déchets volumineux, en revanche, la gestion domestique est plus faible là où des collectes sélectives de déchets verts au porte-à-porte existent et ceci en milieu urbain comme en milieu rural. L’évolution des comportements dans le temps Elle est limitée puisque 85 % environ des foyers ont toujours procédé de la même façon quelle que soit la catégorie de biodéchet. Pour ceux qui ont changé leurs habitudes c’est à 75% vers un allègement de la poubelle et une plus forte gestion domestique. Ainsi l’évolution dans le temps est modérée mais elle va dans le bon sens. La gestion domestique ne régresse donc pas. Les tonnages en déchèterie sont encore susceptibles d’augmenter, notamment compte tenu de la volonté affirmée (par 13% des foyers avec jardin) de moins brûler les branchages et de la difficulté de les gérer à domicile sans broyeur (ou sans appareil de chauffage au bois : 20 % des foyers équipés utilisent des branchages en bois de chauffage). Avec ces perspectives, il serait intéressant d’apprécier la pertinence économique et environnementale de développer des solutions collectives de broyage en guise de piste de réduction des quantités de branchages en déchèteries. La pratique du compostage 34% de foyers français, soit près de 9,6 millions en 2008, déclarent pratiquer le compostage pour au moins une catégorie de biodéchet. Ils sont 55 % dans l’habitat individuel et (tout de même !) 7 % en habitat collectif. ADEME/DDS/GEODE• 08/06/09 • page 5 La gestion domestique des biodéchets en France Le compostage en tas prédomine (64 %) mais 80 % de ses adeptes n’effectuent aucun brassage. En revanche 40 % des utilisateurs de composteurs font du brassage. Au total, près de ¾ des foyers n’effectuent aucun suivi particulier du compostage. 35 % des utilisateurs d’un composteur faisaient déjà du compostage avant. Ceux qui acquièrent un composteur sont donc en majorité de nouveaux adeptes du compostage. Le compostage en tas concerne moins les déchets de cuisine et les mouchoirs usagés que le compostage en composteur, mais plus les tontes de gazon, les mauvaises herbes et les feuilles. Les déchets les plus fréquemment compostés sont les déchets du potager, les fleurs fanées et plantes en pots, les fruits et légumes pourris ou abîmés, les épluchures et les tontes de pelouse. Les déchets carnés ou de poisson sont rarement compostés (8 % des foyers pratiquant le compostage). 8 foyers sur 10 utilisent le compost produit. Les autres n’en ressentent pas le besoin ou trouvent leur compost trop jeune. La distribution gratuite des composteurs semble favoriser la pratique du compostage en composteur et augmente globalement la proportion des foyers qui pratiquent le compostage. À partir des résultats de l’enquête, il semblerait3 que les tonnages de déchets de cuisine et de déchets verts gérés à domicile soient équivalents aux tonnages de déchets ménagers collectés par le service public en vue d’une valorisation organique. Globalement, c’est plus de 4 Mt de biodéchets des ménages qui seraient actuellement autogérés par les ménages et donc non à la charge des collectivités, de quoi largement justifier l’attention portée à cette filière. Denis MAZAUD 8 juin 2009 3 Cette enquête fait état de fréquences de pratiques déclarées par les Français. Bien qu’elles apportent un éclairage pour évaluer les flux concernés, ces fréquences ne sont pas équivalentes à une répartition des flux de déchets page 6 • ADEME/DDS/GEODE • 08/06/09