dp avanti - La Courneuve

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dp avanti - La Courneuve
CINECINE-CLUB DE L’ETOILE
DIMANCHE 10 AVRIL 2011 à 17h
AU CINEMA l’ETOILE
DE LA COURNEUVE
Avanti (Billy Wilder, 1972)
Le père de Wendell Armbruster est mort à Ischia dans un accident de voiture. La mère de Pamela Piggott est
morte sur la même île, dans le même accident de voiture. Lorsque Wendell Armbruster rencontre Pamela Piggott,
il est loin de mesurer la Forza del Destino qui, contre toute attente, le poussera dans les bras de la jeune femme.
Jack Lemmon joue Wendell Armbruster : un mufle, businessman américain, protestant et pragmatique. On est
loin du héros modeste et touchant – pathétique diront certains ? – de La Garçonnière, qui égouttait ses pâtes sur
une raquette de tennis pour séduire Shirley MacLaine. Juliet Mills incarne Pamela Piggott : une bêcheuse
anglaise sentimentale, naïve et fantasque. Pourquoi alors une telle exaltation lyrique ? Jusque là, l’annonce
semblera peut-être surfaite par rapport au noeud initial.
Un coin paisible, la morgue municipale
Dans le petit monde de Billy Wilder, on finit toujours par basculer de l’autre côté du miroir. A première vue, un peu
comme dans les pièces de théâtres les plus fameuses de Molière ou Goldoni, on se noie dans un océan de
clichés. La confrontation des types est un ressort classique de la comédie. Ici, Monsieur Grincheux et Madame
Ravie se rencontre en Italie, le pays des gens qui crient et de la « pasta » déclinée à l’infinie – spaghetti,
spagatini, macaroni, cannelloni, rigatoni, tortellini, fettuccini… –, comme énuméré avec inspiration par la
consciencieuse Pamela Piggott, qui tente alors d’apprendre l’italien. On a fait plus glamour pour attirer l’attention
d’un homme. D’autant que Wendell Junior n’est pas n’importe quel homme : d’après Newsweek, il est l’exPrésident de la Petite Chambre de Commerce, il a 42 ans, une femme et deux enfants. Le fait que son père si
respectable ait pu coucher avec une manucure l’ulcère d’ailleurs au plus haut point, l’obligeant à réviser son
oraison funèbre si bien préparée.
On ne badine pas avec la mort. Discours solennels théâtraux, identification des corps à la morgue, cérémonie
burlesque de tamponnage administratif, courbettes et paroles de circonstances plantent le décor dès notre
débarquement dans l’île. Si Wendell Armbruster se préoccupe de sauver l’image de son défunt père une fois la
dépouille retournée dans sa glorieuse patrie, Pamela, elle, fantasme sur ce couple de Roméo et Juliette. Entre les
personnages, la communication ne passe pas. Parler ne rime à rien, les mots ont deux poids, deux mesures.
Muré dans sa forteresse de bienséance, Wendell aligne des répliques à la limite du non-sens.
Des dialogues d’une ironie finement ciselée parsèment cette comédie, appuyés par des cadrages d’un grotesque
bien senti, notamment ce plan où Jack Lemmon, allongé sur son sofa, bavarde derrière un bouquet qui s’est
substitué à sa tête. Entre l’être humain et le légume, la frontière est parfois mince… L’homo sapiens civilisé a
réussi à se démarquer de l’animal en endossant des costumes, et en se réfugiant dans des discours de confort
pour mieux étouffer ses sensibilités. Pamela Piggott, tourmentée par son poids, a justement un mal fou à rentrer
dans ses vêtements. A plusieurs reprises, Wendell doit l’aider avec sa fermeture éclair. Jusqu’au jour où les
carcans explosent. Curieusement, les apparences fondent au soleil à mesure que l’intrigue devient plus éclatante
: vol de cadavres, demande de rançon en marks allemands, excès de vitesses en Fiat 500, famille de truands
napolitains, chantage, photos compromettantes, vendetta velue à la sicilienne. Les artifices nous sautent aux
yeux alors que le duo s’épanouit sous l’objectif. Dans ce film, en effet, tout est drôle, sauf l’histoire qui naîtra entre
les deux protagonistes.
Sofia Loren a de la goutte ?!
Billy Wilder a souhaité tourner ce film en Europe. On rappellera que, frilosité du distributeur oblige, le public n’a
pu voir qu’une version mutilée de son précédent film, La vie privée de Sherlock Holmes. En 1964, Embrasse-moi,
idiot s’est fait laminé par la critique et quelques brigades des mœurs. Le cinéaste a donc des comptes à régler…
L’attaque frontale du puritanisme américain pousse cependant la subversion beaucoup plus loin quand Pamela,
fatiguée de se surveiller, décide de jouir de son voyage, de se défaire de ses habits, et de se jeter à la mer. Un
Jack Lemmon consterné, tiraillé entre la galanterie et les convenances, démontre son sens du devoir en nageant
à sa suite pour éviter tout accident. Ils se retrouvent, sur un rocher au large de la côte, nus ou presque, puisque
Wendell a gardé ses chaussettes noires.
Aujourd’hui une telle scène serait probablement censurée, non pas pour simple délit de nudité, mais parce que
nos tourtereaux n’ont rien de semblables aux statues de cire à qui on réserve d’habitude le privilège de
l’exhibition dans les productions hollywoodiennes. Loin d’être échappée du musée Grévin, Miss Piggott n’a pas
pris le temps de s’épiler, ni de mincir. Quant à monsieur Armbruster, il a tout simplement la quarantaine et son
postérieur n’est plus de première fraîcheur. Ces considérations pourront sembler vulgaires. On ne fait pourtant
que déplorer la honte atavique de l’homme vis-à-vis de son propre corps. Billy Wilder ne signe bien évidemment
pas là un premier film « hippie », il s’amuse simplement de la pudibonderie de son époque en chantant les
louanges d’une Europe moins hypocrite. Depuis 1972, l’eau a coulé sous les ponts, et on constate que les tabous
n’ont pas disparu, mais migré : les corps standards s’exposent et se consomment. Le « sexy » est un format
calibré par l’industrie du spectacle. C’est pour cette raison qu’Avanti demeure une œuvre magistrale. Billy Wilder
y tourne en dérision tout ce qui fait la recette d’un blockbuster efficace : l’action, l’eugénisme sportif, le rire gras,
les stéréotypes, et surtout la solennité. Car après tout, comme le déclame si bien le coronaire : nous sommes
tous minuscules comme des excréments de mouche.
N’ayons pas peur des mots, Jack Lemmon est « sexy », et on ne s’est toujours pas remis du départ de Marilyn
Monroe avec Tony Curtis dans Certains l’aiment chaud. On connaît peu d’acteurs qui soient capables d’exprimer
un tel spectre d’émotions avec autant de naturel. Quant à Juliet Mills, de silhouette grise boudinée dans ses
vêtements tristes, elle mue en créature solaire désarmante de spontanéité. Leur histoire est la seule qui vaille la
peine d’être prise au sérieux, pour ce qu’elle symbolise de sincérité non calculée. Ils n’auraient jamais dû se
rencontrer, mais ont eu l’audace de se laisser habiter par ces deux fantômes dont ils ont enfilé les reliques, et qui
les ont finalement poussés à transgresser les conventions, à briser la glace. On se surprend alors à défendre
cette liaison adultère, en regrettant que le mariage existe, et que vivre doive si souvent rimer avec mise en bière.
Au jardin d’Eden, Adam et Eve n’avaient ni besoin de se justifier, ni de se plier aux codes sociaux. Mais un
diététicien les a séparés en offrant une pomme à Eve pour qu’elle perde quelques livres. Au cours d’un long
voyage de funérailles, Pamela et Wendell se sont retrouvés, au mépris de la morale. Le destin les a de nouveau
séparés. Wendell a fait promettre à Pamela de ne pas perdre un gramme. Nous ne savons si leurs routes se
recroiseront un jour. Ce n’est pas du deuil de leurs parents dont il s’agit, mais de celui de leur propre relation,
étouffée par la rationalité des existences que nous planifions. Il y a un âge pour tout : se marier, procréer, aimer,
mourir. En admettant cette sentence, on ne fait que s’embaumer un peu plus chaque jour. On s’empaille dans
des vitrines offertes aux regards de nos voisins – que vont-ils en penser ?
La comédie en deviendrait presque tragique. Les amants seront enterrés à Ischia dans le caveau familial de
l’entremetteur Carlo Carlucci. On sourit au pied de nez ultime : le renvoi sans visa du corps du valet Bruno aux
Etats-Unis, à la place du père, alors qu’il s’était fait expulser quelques années plus tôt. Malgré sa douce
mélancolie, Avanti est une invitation à miner nos cercueils plombés, une véritable bouffée d’air pur, un hommage
à la vie et à ses aléas, dont un majeur : personne n’est parfait ! Nous sommes maintenant avertis : rire comme
pleurer donnent des rides, ce chef-d’œuvre vaut pourtant toutes les crèmes anti-âge.
Fleur Chevalier
Avanti, ou l'art de rebondir d'une façon inattendue. l'échec public de The private life of Sherlock
Holmes avait de quoi rendre bougon, et le tour de cochon joué à Wilder par ses producteurs aurait pu
le terrasser de façon durable, mais deux ans après cette douloureuse expérience, voici un film drôle,
sentimental, impertinent, et léger, en dépit de sa longueur. Situé entre la gravité du précédent, et la
frénésie du suivant (The front page, 1974), c'est une halte bienvenue...
"Permesso?" Cette demande à la fois polie et obligée, c'est bien sur ce que dans un hôtel le personnel
demande au client afin de savoir s'il a ou non le droit d'entrer. "Avanti!": voilà la réponse à donner, et
voilà donc ce que nous dit Wilder, et de fait le rythme du film est au début du moins, apparemment
rapide: Avanti! Wendell Armbruster Jr (Jack Lemmon) a un avion à attrapper, et le voilà, sur l'écran,
qui quitte le jet privé de la compagnie qui porte le nom de son père. On le distingue bien même à
distance, il porte un gilet rouge par dessus une tenue de golf. Il prend donc l'avion, avec si peu de
bagages, et trouve un homme avec lequel échanger ses vêtements. on apprendra, à la douane
Italienne, qu'il est venu en quatrième vitesse, parce qu'il a eu une mauvaise nouvelle. On apprend, en
même temps, que le monsieur est un type pressé, manquant totalement d'humour, et assez
franchement désagréable, ce que les fonctionnaires Italiens commencent gentiment à lui faire payer
dès l'aéroport. Il doit donc se rendre à Ischia, dans la baie de Naples, ou son père qui prenait ses
vacances annuelles a eu un accident de voiture, et est décédé. Comme il va devenir sous peu le
remplaçant de son père, et que la situation de l'entreprise n'est pas brillante, il faut faire vite.
Seulement Wendell Armbruster n'est pas seul: dans le même train, dans le même bateau, et bientôt
dans le même hôtel, une jeune Anglaise, Pamela Piggott semble le suivre. Armbruster apprend la
raison: son père n'était pas seul dans l'accident, il y avait aussi une femme, Katherine, la mère de
Katherine. Par ailleurs, Armbruster apprend que les deux tourtereaux en étaient à leur dixième période
de vacances ensemble...
A coté de la rencontre entre miss Piggott, l'Anglaise complexée et minée par son obsession du
surpoids (Juliet Mills), et Wendell Armbruster, l'homme pressé et conservateur qui n'a jamais pris le
temps d'apprécier la vie, on fera la connaissance aussi de signor Carlucci, un gérant de l'hôtel
particulièrement arrangeant pour les enfants de ceux qu'il considérait comme ses amis; on verra aussi
Bruno, maitre d'hôtel et maître chanteur, qui possède un certain nombre de photos compromettantes,
ainsi qu'une maitresse encombrante; sinon, il y aura la famille Trotta, Napolitaine pur jus, qui a une
vision de la vie qui implique l'abduction éventuelle des êtres chers, en échange de rétribution, et tout
ce petit monde est mené au pas de charge dans une intrigue sans temps mort, du moins le croit-on
tant que Wendell Armbruster, éternel homme pressé, tient la barre. Seulement, de la découverte de la
double vie de son père, à la désagréable habitude des habitants de la région de prendre leur temps,
en passant pas les désirs de Miss Piggott, qui vont à l'encontre de siens en ce qui concerne les
arrangements funéraires, Armbruster voit vite que la partie est loin d'être à son avantage... En dépit
donc de son obsession d'imposer son rythme personnel à tout ce qui passe autour de lui, Armbruster
va finalement, comme Miss Piggott, se laisser aller, et succomber au charme de l'endroit, comme
l'avaient fait avant eux leurs parents...
Golfeur au début du film, un homme comme Wendell ne pouvait faire que ce sport de riches. Le
vêtement en est d'ailleurs aussi codé que ridicule en toute autres circonstances, ce qui permet aux
premières scènes de charger le pauvre Lemmon de tout un poids satirique: voilà bien un Américain de
la bonne société; comme il s'appelle Armbruster, on sent l'homme habitué à diriger: son nom est doté
d'un suffixe (Er) qui l'identifie comme un actif. De fait, il se comporte au début en véritable dictateur,
ou comme une armée en conquête. Le seul autre Américain vivant du film, le diplomate-barbouze qui
vient en hélicoptère pour chercher le corps paternel, se comporte de façon encore pire: il passe son
temps à pester contre les Italiens, qu'il appelle "Foreigners", soit etrangers, assure que c'était mieux
sous Mussolini, et n'a aucune ouverture d'esprit. On juge d'autant mieux de la transformation du
personnage principal...
Miss Piggott, quant à elle, est affublée d'un nom qui la condamnait en effet à cultiver des complexes,
et les allusions à son poids sont nombreuses; mais au moins, elle vient préparée: c'est elle, dans le
bateau, qui rappelle à un Armbruster indifférent qu'en Italien, le simple fait de demander du savon,
revient à chanter un opéra... Elle succombera d'autant plus vite à la magie des lieux. d'autant que
contrairement à Wendell, elle savait ce qui se passait tous les étés. A ce sujet, Roger Ebert à la sortie
du film se plaignait que le personnage de Lemmon mette si longtemps à comprendre la nature des
vacances de son père, et estimait que ça mettait le personnage en porte-à-faux vis-à-vis du public; il
me semble que c'est justement le but de Wilder.
Cette délicieuse comédie qui se laisse vite porter par le rythme particulier du lieu, et ralentit
considérablement sur la dernière heure, a bénéficié de la permissivité du début des années 72, ce qui
apparait dans un certain nombre de scènes. La première est un gag splendide, entièrement visuel, qui
repose sur le fait qu'Armbruster doit se changer une fois dans l'avion. Il trouve un homme auquel
proposer un échange de vêtements, et ils vont tous les deux dans les toilettes. Pas un mot n'est
prononcé, mais la réaction de tout le monde dans l'avion est hilarante. Sinon la fameuse scène de la
baignade, durant laquelle les deux acteurs sont totalement nus, à l'exception des chaussettes noires
de Lemmon, est justement célèbre; certains commentateurs du film se plaignent de ces scènes de
nudité pour leur manque d'érotisme! C'est vrai quà notre époque de silhouettes calibrées, ces scènes
détonnent. Tant mieux: de fait, les acteurs, aussi peu habitués à se déshabiller que leurs
personnages, révèlent une peau peu habituée à être si exposée. Il me semble que cette franchise sert
plutôt bien le film... Sinon, on est définitivement dans le monde magique des comédies de Wilder,
avec ses personnages de conte de fée, soin Carlucci-bonne fée, qui arrange tout en avance. C'est la
deuxième fois que Clive Revill joue pour Wilder; la fois précédente, c'était pour incarner un Russe, ici,
c'est avec l'accent Italien que le maitre de cérémonies arrange tout, à la façon dont Moustache tirait
quelques ficelles dans Irma la douce. les dialogues, toujours aussi riches, nous gratifient des
passages obligés de tout film de Wilder qui se respecte: on a droit aux sous-entendus, à des allusions
vachardes à la culture de l'époque (Lemmon, en particulier, dont le personnage cherche à se montrer
au gout du jour, mais montre surtout qu'il est à coté de la plaque, lorsqu'il fait l'éloge de la libérationde
moeurs, tant qu'elle n'est pas entachée d'amour. Mais Miss Piggott nous montre une photo assez
ridicule de son ex-fiancé Bertram, guitariste dans un groupede rock progressif... ).
La bonne chère, la musique Napolitaine, la douceur de la Méditerrannée, le charme de Miss Piggott...
tout comme Pamela qui "devient sa mère" en jouant la manucure de l'hôtel lorsqu'il faut dissimuler à
un visiteur intempestif la nature de leur relation, Wendell Armbruster Junior devient enfin son père. Si
on en revient à l'importance du dernier mot dans un film de Wilder, on constatera que la dernière
chose importante ici, c'estLemmon qui la dit: "Miss Piggott, si vous perdez ne serait-ce qu'un gramme,
c'est fini entre nous", lui dit-il avant de partir. Lui qui lui disait, lorsqu'elle mentionnait ses kilos en trop
lors de leur premier échange: "Oui, j'ai remarqué.". Lui qui l'a appelé d'un terme insultant qui faisait
allusion à l'imposante taille de son arrière-train, d'ailleurs surestimée à mon avis. Bref, de butor,
goujat, détestable personnage, il se laisse enfin aller et devient un brave homme, nous permettant au
bout de deux heures et vingt minutes de l'aimer. Si The private life of Sherlock Holmes était à bien
des égards un testament noir pour Wilder et Diamond, Avanti! et sa célébration de l'amour simple, son
plaidoyer pour ralentir et prendre le temps, ressemble à une résurrection. Les deux films n'ont peutêtre pas la même importance par rapport à la carrière de leur auteur, mais celui-ci nous permet de
nous laisser aller complètement.
François Massarelli
Fiche Technique :
Avanti!
Réalisé par Billy Wilder
Avec : Jack Lemmon, Juliet Mills, Clive Revill, Edward Andrews, Gianfranco Barra…
Scénario : Billy Wilder, I.A.L Diamond d'après la pièce de Samuel Taylor
Photographie : Luigi Kuveiller
Musique : Carlo Rustichelli
Une production United Artists
Etats-Unis - 144 mn - 1972
Les 10 conseils d’écriture de Billy Wilder
Si Billy Wilder fut l’un des cinéastes emblématiques de l’âge d’or du cinéma hollywoodien,
c’est avant tout grâce à ses talents de scénariste.
En près de cinquante ans de carrière, il a signé, seul ou en tandem, soixante-quinze scripts,
dont certains comptent, aujourd’hui encore, comme les meilleurs jamais écrits.
Voici dix conseils qu’il aimait prodiguer aux jeunes auteurs.
Si je vous dis Ninotchka, Sunset Boulevard (dont je vous reparlerai prochainement), Some like it
Hot (Certains l’aiment chaud en VF), Sabrina, The Apartment (La garçonnière en VF), ou encore
Irma la douce, vous penserez aussitôt à son auteur, Billy Wilder.
Exilé à Hollywood à la fin des années trente à cause de l’ascension du nazisme, ce cinéaste
autrichien va offrir à sa terre d’adoption quelques unes de ses plus belles œuvres
cinématographiques. Il est toujours considéré comme le maitre incontesté de la comédie.Lorsqu’on
l’interrogeait sur ces « recettes » d’écriture, il énonçait les règles suivantes:
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Le public est inconstant.
Attrapez-le par la gorge et ne le laissez pas s’enfuir.
Développez un arc dramatique clair pour votre protagoniste.
Sachez où l’intrigue vous mène.
Plus vos nœuds dramatiques seront subtilement cachés, meilleur vous serez en tant
qu’auteur.
Si vous rencontrez un problème avec le troisième acte, c’est dans le premier acte que
se trouve sa source.
Laissez le public raisonner par lui-même, il vous en sera reconnaissant.
Lorsque vous intégrez une voix-off, elle ne doit pas décrire ce que le public voit déjà à
l’écran mais lui fournir des informations supplémentaires.
Les évènements qui se déroulent en clôture du second acte sont le déclic de la fin de
l’histoire.
Dans le troisième acte, action et tempo doivent augmenter crescendo jusqu’à la
résolution de l’histoire. Une fois qu’elle arrive, le film est fini, ne vous attardez surtout
pas.
Billy Wilder
Date et Lieu de naissance : 22 juin 1906 (Sucha, Empire Austro-Hongrois)
Date et Lieu de décès : 27 mars 2002 (Beverly Hills, Californie, USA)
Nom Réel : Samuel Wilder
Billy Wilder a toujours été considéré comme le maître incontesté de la comédie, en témoignent
des films comme Sabrina, Sept ans de réflexion, Certains l'aiment chaud, La Garçonnière et
ses ving-et-une nominations aux Oscars. Auteur, réalisateur, producteur, il nous a laissé un
sublime héritage de plus de soixante-dix oeuvres. Retour sur une carrière d'exception.
VIENNES - BERLIN VIA HOLLYWOOD
Billy Wilder est né en Autriche sous le nom de Samuel
Wilder, le 22 juin 1906, dans une famille d'origine juive.
Ayant d'abord fait des études de droit dans le but de
devenir avocat, il se tourne vite vers le journalisme et
intègre l'équipe d'un journal viennois. Fort de cette
expérience, il déménage à Berlin où il est engagé dans le
plus grand tabloïd de la ville. C'est en 1929 qu'il fait ses
débuts au cinéma en écrivant les scénarios de Der
Teufelsreporter et Les Hommes le dimanche. Il décide
alors d'abandonner le journalisme et de faire carrière en
tant que scénariste. Il travaille sur de nombreux films
allemands, et en particulier le grand succès de 1931: Emil
and the Detectives. En 1933, quand Hitler prend le pouvoir en Allemagne, il s'exile en France, où il
co-réalise Mauvaise Graine en 1933, puis part s'installer à Hollywood où il prend le prénom de Billy
(la version américaine de son surnom d'enfant "Billie" que lui avait donné sa mère, fan de Buffalo Bill).
Après quelques temps d'adaptation à sa nouvelle vie et sa
nouvelle langue (il dira plus tard que son accent est un
mélange entre celui d' Arnold Schwarzenegger et celui de
l'archevèque Tutu) et aux nouveaux studios, il vend en
1937 à la Paramount l'histoire de Champagne Waltz et
entre ainsi par la grande porte dans le cinéma
hollywoodien. L'année suivante, on lui demande d'écrire en
collaboration avec Charles Brackett le scénario de La
Huitième Femme de Barbe Bleue, réalisé par Ernst
Lubitsch. C'est le début d'une grande collaboration entre
ces deux co-scénaristes. Après avoir été nommé aux
Oscars pour les scénarios de Ninotchka (1939), La Porte
d'or (1941), Boule de feu (1941), et devant le mécontentement que lui procurait la façon dont ses
scénarios étaient portés à l'écran, il décide de passer à la réalisation. Ses deux premiers films
Uniformes et jupons courts (1942) et Les Cinq secrets du désert (1943) apparaissent comme des
comédies intelligentes et prometteuses. En 1944, il s'associe à Raymond Chandler pour écrire et
réaliser Assurance sur la mort, un film noir qui lui vaut une double nomination comme meilleur
réalisateur et meilleur scénario. La consécration arrivera l'année suivante avec Le Poison, qui
remporte quatre Oscars: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur acteur pour
Ray Milland. C'est alors qu'il est envoyé à Berlin par l'armée américaine pour participer à la
reconstruction d'après-guerre.
THE BROADWAY MELODY
A son retour en 1948, il écrit et réalise La Scandaleuse de
Berlin avec Marlene Dietrich dans le rôle titre. Le film
dépeint Berlin en reconstruction de façon assez comique et
lui rapporte une nomination à l'oscar du meilleur scénario.
1950 marque sa dernière collaboration avec Charles
Brackett pour Sunset Boulevard. Remportant le prix du
meilleur scénario et nommé comme meilleur réalisateur,
Billy Wilder signe ici une magnifique comédie noire qui
remporte un succès mitigé. Le public regrette son côté un
peu trop sombre. Le film suivant, Le Gouffre aux
chimères qui marque le début de sa carrière de
producteur, connaitra le même sort malgré une nomination pour le meilleur scénario.
Piqué au vif par ces deux semi-échecs, sa devise étant "Il ne faut pas que les gens s'ennuient", il
décide de se tourner vers des adaptations de pièces de théâtre à succès de Broadway. Il adapte
d'abord en 1953 le drame anglais Stalag 17, puis en 1954 la comédie romantique Sabrina (qui lui
rapporte ses deux nominations habituelles aux Oscars) avec pour premiers rôles Humphrey Bogart et
Audrey Hepburn. Les deux films remportent un grand succès auprès du public, et c'est tout
naturellement qu'en 1955 la Fox le choisit pour adapter et réaliser Sept ans de réflexion que Marilyn
Monroe leur réclame. Wilder arrange considérablement la pièce de base, et son don pour la direction
d'acteurs associé à la superbe prestation de Marilyn font le reste. Il parle de son jeu comme d'"un
impact charnel. Dès qu'elle apparaissait à l'image, il ne manquait plus rien". Bien que ce ne soit
qu'une comédie légère, cette première rencontre entre le réalisateur et l'actrice marque un tournant
dans leur carrière quant à leur rapport avec public. La planète est sous le charme de ce conte sexy
dont l'apothéose est la scène mythique de la robe de Marilyn virevoltant autour d'elle au dessus d'une
bouche de métro à l'angle de Lexington et de la 52ème.
UN ZESTE DE LEMMON
Fort de ces succès il se lance en 1957 le challenge de
réaliser trois films assez noirs, L'Odyssée de Charles
Linbergh (avec James Stuart), Témoin à charge (avec
Marlène Dietrich) et Ariane (avec Gary Cooper et Audrey
Hepburn et co-écrit avec I.A.L Diamond). Deux ans plus
tard, il retrouve Diamond et Marilyn sur le tournage de
Certains l'aiment chaud. Cette dernière, qui était au
départ rebutée par l'idée de jouer avec des "femmes
bizarres" (interprétées par Tony Curtis et Jack Lemmon)
dans un film en noir et blanc, est une fois de plus
éblouissante sous l'objectif de Wilder, qui sait mieux que
personne la mettre en valeur (il faut voir la première scène
de Marilyn, où son déhanchement sur le quai de la gare est accueilli par un long sifflement... de train).
Le scénario est remarquable et remarqué signant ainsi le point de départ d'une collaboration sans
faille entre Wilder et Diamond. La réalisation et les acteurs sont tout autant parfaits, et bien que le film
ne soit que nommé aux oscars, il est considéré comme l'une des meilleures comédies de tous les
temps.
En 1960, sa nouvelle comédie avec Jack Lemmon, La Garçonnière, remporte les Oscars du meilleur
film, meilleur réalisateur et meilleur scénario, ce que Lemmon commente en disant "Je veux passer la
fin de ma vie à ne faire rien d'autre que jouer dans des films de Billy Wilder". La même année, il
collabore à l'écriture du scénario de L'Inconnu de Las Vegas (Ocean's Eleven) qui regroupe toutes
les grandes stars masculines de l'époque: Franck Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Peter
Lawford. L'année suivante, il retourne à Berlin pour réalisaer Un, deux, trois et en 1963, propose une
adaptation de la pièce Irma la douce avec Jack Lemmon et Shirley McLaine. En 1964, il signe le très
cynique Embrasse moi, idiot avec Dean Martin et Kim Novak qui fait un énorme scandale. Il est
conspué par la critique et le tout Hollywood. Pour refaire son image, il réalise en 1966 une autre
comédie avec Jack Lemmon, La Grande combine, qui lui rapporte une nouvelle nomination pour
meilleur scénario. Mais ce film marque la fin de sa grande époque.
Dans les années 70, Wilder s'est peu à peu retiré du
devant de la scène en réalisant des films mineurs comme
La Vie privée de Sherlock Holmes, Avanti!, Spéciale
première ou Fedora et en travaillant sur des adaptations
de ses propres scénarios, la plupart du temps pour la
télévision. En 1981, il réalise son dernier film Buddy
Buddy, avec Jack Lemmon, qui est boudé par les
critiques. Après sa retraite, Billy Wilder s'est consacré à
l'écriture de son autobiographie (travaillant en étroite
collaboration avec Cameron Crowe) et à sa collection d'art
moderne, tout en participant de temps à autre à des
reportages sur le cinéma. C'est à l'âge de quatre-ving-quinze ans que Billy Wilder nous a quittés un
mercredi de mars, refermant derrière lui une des plus belles pages de l'histoire du cinéma.
Filmographie
Réalisateur
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1934 : Mauvaise graine
1942 : Uniformes et jupons courts (The Major and the Minor)
1943 : Les Cinq Secrets du désert (Five Graves to Cairo)
1944 : Assurance sur la mort (Double Indemnity)
1945 : Death Mills
1945 : Le Poison (The Lost Weekend)
1947 : La Valse de l'empereur (The Emperor Waltz)
1948 : La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)
1949 : Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard)
1951 : Le Gouffre aux chimères (Ace in the Hole ou The Big Carnival)
1953 : Stalag 17
1954 : Sabrina
1955 : Sept Ans de réflexion (The Seven Year Itch)
1957 : Ariane (Love in the Afternoon)
1957 : L'Odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of Saint Louis) [9],[10].
1958 : Témoin à charge (Witness for the Prosecution)
1959 : Certains l'aiment chaud (Some Like It Hot)
1960 : La Garçonnière (The Apartment)
1961 : Un, deux, trois (One, Two, Three)
1963 : Irma la douce
1964 : Embrasse-moi, idiot (Kiss Me, Stupid)
1966 : La Grande Combine (The Fortune cookie)
1970 : La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock
Holmes)
1972 : Avanti!
1974 : Spéciale première (The Front Page)
1978 : Fedora
1981 : Buddy Buddy
Scénariste
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1929 : Der Teufelsreporter de Ernst Laemmle
1929 : Les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag) de Robert Siodmak
(co-scénariste + 2e assistant-réalisateur)
1931 : Der falsche Ehemann de Johannes Guter
1931 : Der Mann, der seinen Mörder sucht de Robert Siodmak
1931 : Émile et les détectives de Gerhard Lamprecht
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1931 : Ihre Hoheit befiehlt de Hans Schwartz
1932 : Es war einmal ein Waltzer de Victor Janson
1932 : Scampolo, ein Kind der Strasse de Hans Steinhoff
1932 : Un rêve blond de Paul Martin
1933 : Adorable de William Dieterle
1933 : Le Sexe faible de Robert Siodmak
1933 : Madame wünscht keine Kinder de Hans Steinhoff
1933 : Was Frauen träumen de Géza von Bolváry
1934 : Das Blaue vom Himmel de Victor Janson
1934 : Music in the Air de Joe May
1935 : Lottery Lover de Wilhelm Thiele
1935 : Rivaux (Under Pressure) de Raoul Walsh
1937 : Champagne valse (Champagne Waltz) d'A. Edward Sutherland
1938 : La Huitième Femme de Barbe-Bleue (Bluebeard's Eighth Wife) d'Ernst
Lubitsch
1938 : Cet âge ingrat (That Certain Age) d'Edward Ludwig
1939 : La Baronne de minuit (Midnight) de Mitchell Leisen
1939 : Ninotchka d'Ernst Lubitsch
1939 : What a Life de Theodore Reed
1940 : Arise, My Love de Mitchell Leisen
1940 : Rhythm on the River de Victor Schertzinger
1941 : Boule de feu (Ball of Fire) de Howard Hawks
1941 : Par la porte d'or (Hold Back the Dawn) de Mitchell Leisen
1942 : Six destins (Tales of Manhattan) de Julien Duvivier
1948 : Si bémol et Fa dièse (A Song Is Born) de Howard Hawks
1958 : Témoin à charge (Witness for the Prosecution)
1962 : Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty) de Lewis Milestone
1967 : Casino Royale de John Huston
1970 : La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock
Holmes) (co-scénariste)
Producteur
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1951 : Le Gouffre aux chimères (The Big Carnival)
1953 : Stalag 17
1954 : Sabrina
1955 : Sept Ans de réflexion (The Seven Year Itch)
1957 : Ariane (Love in the Afternoon)
1959 : Certains l'aiment chaud (Some Like It Hot)
1960 : La Garçonnière (The Apartment)
1961 : Un, deux, trois (One, Two, Three)
1963 : Irma la douce
1964 : Embrasse-moi, idiot (Kiss Me, Stupid)
1966 : La Grande Combine (The Fortune Cookie)
1970 : La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock
Holmes)
1972 : Avanti!
1978 : Fedora
2e assistant-réalisateur
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1929 : Les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag) de Robert Siodmak
avec Erwin Splettstosser (+ co-scénariste)
Récompenses et nominations
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1944 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Assurance sur la mort
1945 : Oscar du meilleur réalisateur - Le Poison
1945 : Oscar du meilleur scénario adapté - Le Poison
1946 : Grand Prix International du Film au Festival de Cannes - Le Poison
1950 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Boulevard du crépuscule
1950 : Oscar du meilleur scénario original - Boulevard du crépuscule
1953 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Stalag 17
1954 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Sabrina
1958 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Témoin à charge
1959 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Certains l'aiment chaud
1960 : Oscar du meilleur film - La Garçonnière
1960 : Oscar du meilleur réalisateur - La Garçonnière
1960 : Oscar du meilleur scénario original - La Garçonnière
A bientôt au Cinéma l’Etoile !!!!!

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