Le Décrochage dans le système de Formation et d

Transcription

Le Décrochage dans le système de Formation et d
Le Décrochage dans le système de Formation
et d’Enseignement professionnels
France
Cet article intitulé « la sortie précoce/le décrochage scolaire des élèves de la formation et de
l’enseignement professionnels » a été rédigé en 2013. Il constitue le premier volet d’un ensemble
d’articles publiés dans le cadre du réseau ReferNet de Cedefop. Il apporte un complément
d’information sur les systèmes de Formation et d’Enseignement Professionnels (FEP). Il est disponible
en ligne sur le site du Cedefop ::http://www.cedefop.europa.eu/EN/Information-services/vet-in-europecountry-reports.aspx.
ReferNet est un réseau européen composé de réseaux nationaux d’information sur les systèmes
nationaux de la FEP. ReferNet propose des informations et des études sur le système de la FEP aux
membres du CEDEFOP ainsi qu’aux acteurs européens de la FEP dans tous les états membres de
l’UE y compris la Norvège et l’ Islande.
Nous tenons à préciser qu’aucune correction n’a été apportée par le Cedefop lors de la rédaction de
cet article. En conséquence, vous y trouverez probablement des points de vue différents de ceux
exprimés par le Cedefop.
Les travaux préparatoires à la rédaction de cet article ont été co-financés par l’Union Européenne.
Cet article est basé sur une matrice élaborée par le Cedefop et utilisée par tous les partenaires du
réseau ReferNet.
Auteur : Anne Grillot
Coordinateur : Régis Roussel
Secrétariat : Radija Némili
© Copyright: Centre Inffo, 2013
Table des matières
Introduction ................................................................................................................................ 2
A – Le décrochage dans le système de formation et d’Enseignement professionnels (FEP) :
définitions et statistiques ............................................................................................................ 2
A-1 Une définition arrêtée par la loi de 2009 ......................................................................... 2
A-2 Les chiffres du décrochage.............................................................................................. 3
B – Les facteurs du décrochage en FEP ..................................................................................... 3
B-1 Les caractéristiques structurelles de la Formation et de l’enseignement
professionnels/Système FEP .................................................................................................. 3
B-2 Le marché du travail et la politique sociale ou les questions liées à la politique sociale 5
B-3 Les raisons personnelles qui entraînent le décrochage dans la formation et
l’enseignement professionnels ............................................................................................... 5
C – Les mesures pour réduire le décrochage dans la FEP ......................................................... 6
C-1 Les mesures de préventions du décrochage dans les établissements scolaires de FEP et
les formations en apprentissage .............................................................................................. 6
C-2 Les mesures correctives du décrochage au sein de la FEP.............................................. 8
D - Conclusion ......................................................................................................................... 14
1
Introduction
Alors que 30 % de jeunes sortaient du système scolaire sans diplôme dans les années 80 ;
ils ne sont plus que 12 % à ce jour. Ce taux est néanmoins encore trop important.
La lutte contre le décrochage scolaire constitue une priorité dans le système éducatif
français d’autant que le lien de causalité entre le décrochage scolaire et l’impossible
insertion professionnelle des jeunes n’est plus à démontrer.
La nécessité de mener une scolarité jusqu’à l’obtention d’un diplôme reste plus prégnante
que jamais de nos jours. Peut-être que la crise économique de la fin des années 2000 a
conforté l’idée de l’indispensable nécessité de la formation des jeunes et de l’obtention d’un
diplôme, garantie d’entrée sur le marché du travail.
Le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a d’ailleurs annoncé un grand plan
contre le décrochage scolaire le 4 décembre 2012 avec la volonté politique affichée de
réduire les « cohortes » de 20 000 jeunes en décrochage scolaire sur l’année 20131.
A – Le décrochage dans le système de Formation et d’Enseignement
Professionnels (FEP) : définitions et statistiques
A-1 Une définition arrêtée par la loi de 2009
Abandon de scolarité, déscolarisation, sortie précoce du système éducatif, décrochage
scolaire, nombreux sont les mots ou expressions employés pour nommer un phénomène qui
ne tient pas à un seul facteur. Actuellement en France l’expression de « décrochage
scolaire » s’est imposée, notamment par la place prépondérante donnée à la lutte contre le
décrochage dans les politiques publiques. . Les « décrocheurs » sont désignés comme étant
des élèves qui abandonnent leurs études sans avoir terminé le cycle scolaire engagé et sans
obtention du diplôme correspondant. Ils s’appliquent également aux jeunes apprentis qui
arrêtent leur formation ou rompent leur contrat avant l’échéance prévue dans ce dernier.
Dans le cadre défini par la politique européenne en matière éducative au sommet de
Lisbonne en 2000, le législateur français a fait émerger une définition du décrochage
scolaire. Ainsi, la loi du 24 novembre 2009 relative à l’orientation et à la formation tout au
long de la vie l’a introduit dans le code de l’éducation l’article L. 313-7 et son décret
d’application (Décret n° 2010-1781 du 31.12.10). Il définit le « décrocheur » comme celui
n’ayant obtenu ni le baccalauréat, ni un diplôme à finalité professionnelle enregistré au
1
http://www.education.gouv.fr/cid55632/la-lutte-contre-le-decrochage-scolaire.html
2/14
répertoire national des certifications professionnelles et classé au niveau V ou IV de la
nomenclature interministérielle des niveaux de formation.
A-2 Les chiffres du décrochage
La mesure statistique du décrochage scolaire en France est délicate car nombreux sont les
acteurs chargés de lutter contre le décrochage scolaire et chacun utilise une méthode de
« comptage » qui lui est propre: rectorat, établissement, éducation nationale, centre de
formation des apprentis (CFA), établissements d’enseignement agricole2.
En raison de l’hétérogénéité des méthodes de dénombrement, un dispositif interministériel
d’harmonisation du repérage des jeunes décrocheurs a été mis en place en février 2011 : le
Système interministériel d’échange d’informations (SIEI). Toutefois, s’il unit les contributions
des ministères de l’éducation, de l’emploi et de l’agriculture, il ne permet pas un
dénombrement statistique des sortants précoces de la scolarité.
Par ailleurs, l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) propose
annuellement une enquête « Emploi » en continu dans laquelle elle communique l’indicateur
des sortants précoces. Ainsi en 2011, en France métropolitaine, la part des sortants
précoces parmi les 18-24 ans qui ne possède aucun diplôme et ne poursuit ni études, ni
formation se situe à 11,9 %. Le ministre de l’éducation nationale avance un chiffre de près
de 140 000 « décrocheurs »3 par an.
B – Les facteurs du décrochage en FEP
Au-delà des raisons individuelles qui peuvent motiver le décrochage, un faisceau
d’indicateurs peut l’expliquer : caractéristiques structurelles de la formation et de
l’enseignement, le marché du travail et les problèmes de politique sociale.
B-1 Les caractéristiques structurelles de la Formation et de l’enseignement
professionnels/Système FEP
En France, l’obligation scolaire est maintenue jusqu’à ce que l’élève ait atteint l’âge de 16
ans, ce dernier se doit d’être assidu tout au long de sa scolarité ; la majorité des élèves de
11-16 ans suit le cursus de formation dans un collège. D’ailleurs lorsque l’on répartit par
tranche d’âge les décrocheurs, on retrouve majoritairement les jeunes de seize ans (24 %
contre 6 % pour les 21 ans et plus).
2
3
Bref du Céreq n° 298-1 d’avril 2012
Note d’information n° 12-15 de septembre 2012 du ministère de l’Education nationale
3/14
Des déterminants internes à l’école peuvent expliquer le décrochage scolaire et se classer
en deux catégories :
-
facteurs organisationnels et structurels des systèmes éducatifs : il s’avère que
l’existence de filières d’études disparates avec des différences de performances
importantes entre établissements favorisent le décrochage scolaire. Dans ces cas,
les cursus d’études sont souvent hiérarchisés avec le sentiment de l’existence de
filières de relégation (cas de l’enseignement professionnel en France par exemple). Il
est à noter que le redoublement d’une année scolaire est toute à la fois un facteur
mais aussi une source de décrochage ;
-
facteurs pédagogiques : il s’agit en fait principalement de facteurs liés aux
interactions et relations entre les enseignants et les élèves. Par exemple, la gestion
des temps morts pendant la classe est primordiale : une bonne gestion du temps
incite davantage les élèves à s’engager dans les tâches demandées et diminue de
fait le risque de décrochage »4.
Le ministre de l’éducation a présenté un projet de loi, en cours de discussion devant le
parlement. Ce texte essaie d’apporter des réponses pour réduire le nombre de décrocheurs.
Pour cela, il part des constats suivants:
-
« depuis 1975, de multiples dispositifs de gestion des élèves en difficulté ont été mis
en place, sans permettre de réduire le noyau dur de l’échec scolaire. Ces dispositifs,
initialement présentés comme « provisoires » et « exceptionnels », ont le plus
souvent évolué en filières ségrégatives qui ne favorisent pas l’acquisition d’une
culture commune, mais conduisent souvent à exclure les élèves en difficulté au sein
même du système éducatif en induisant souvent leur décrochage dans la suite de
leur scolarité. Il convient de remettre en cause tout dispositif ou classe d’éviction
précoce qui détournerait les élèves de l’objectif de maîtrise du socle et les
enfermerait trop tôt dans une filière. La loi supprime ainsi, durant les deux dernières
années de collège, le dispositif « d’apprentissage junior » et le dispositif d’initiation
aux métiers en alternance (DIMA) pour les jeunes âgés de moins de quinze ans.
-
L’école a pour responsabilité l’éducation à la santé et aux comportements
responsables. La politique de santé à l’école se définit selon trois axes : l’éducation,
la prévention et la protection. L’action des personnels sociaux et de santé de
l’éducation nationale constitue un outil majeur de lutte contre les inégalités sociales
de santé et de prévention précoce des difficultés des élèves et du décrochage
scolaire.
4
Dossier d’actualité veille et analyses n° 84 – Mai 2013 par Rémi Thibert
4/14
-
Dans le second degré, les projets d’établissement doivent mobiliser les équipes
éducatives autour d’objectifs précis de réduction de l’absentéisme, premier signe du
décrochage. »5
B-2 Le marché du travail et la politique sociale ou les questions liées à la
politique sociale
La sortie du système éducatif de jeunes de faibles niveaux de qualification pose aujourd’hui
le problème de l’entrée de l’individu sur le marché du travail. La pénurie de travail en période
de crise économique cristallise la question de l’obtention d’un diplôme pour la jeunesse.
Pour permettre aux jeunes de poursuivre leurs études et d’éviter tout décrochage, des
mesures préventives sont mises en place en France :
-
la famille est passible d’une amende de 750 € lorsque l’élève n’est pas assidu
(Décret n° 2004-162 du 19 février 2004) ;
-
la suppression des allocations familiales avait été prévue par la loi. Cette disposition
a été abrogée comme étant non fructueuse.
Par ailleurs, en ce qui concerne l’attribution des bourses d’enseignement en France, le jeune
doit respecter l’obligation d’assiduité aux cours pour pouvoir en bénéficier.
B-3 Les raisons personnelles qui entraînent le décrochage dans la formation
et l’enseignement professionnels
Il existe peu d’études ou d’enquêtes qui aient été réalisées pour comprendre les raisons
personnelles ou les facteurs déclenchants du décrochage. Quelques tentatives d’explication
ont toutefois été apportées.
Le décrochage scolaire n’apparaît pas subitement dans le cursus d’un élève. Auparavant, il
peut y avoir une longue période où certains symptômes apparaissent et ce, dès le collège :
ennui, enfant turbulent ou agité, élèves « absents » de la classe.
Autre motif très prégnant du décrochage, l’élève a connu une mauvaise orientation ou une
orientation subie. Souvent la filière proposée par défaut est la filière professionnelle qui
s’impose à l’élève et sa famille pour ne pas avoir obtenu des résultats satisfaisants pour
intégrer les filières générales. Dans ce cas, aussi bien enseignants qu’élèves ont le
sentiment d’une orientation dans une voie de relégation.
5
Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la
République - http://www.legifrance.gouv.fr
5/14
Le vécu et l’environnement personnel du jeune peuvent constituer ou permettre de
comprendre les motivations au décrochage scolaire. Revient très souvent la situation de
décrochage au sein de familles monoparentales, de parents séparés ou d’environnements
conflictuels.
Même s’il existe des centres de ressources ou des outils (portails internet, revues, etc.), le
manque d’informations est une autre cause évoquée. Insuffisamment renseignés ou
dépassés par le système éducatif, les parents ne comprennent pas facilement les processus
d’orientation ou même méconnaissent l’exhaustivité des filières de formation.
Enfin, dernier facteur qui peut expliquer le décrochage, l’échec scolaire dû aux difficultés
cognitives de certains qui entraînent une succession d’échecs dans l’apprentissage des
savoirs de base. Ainsi, évalués dans le cadre de la Journée défense et citoyenneté (JDC) en
2012, si huit jeunes Français et Françaises sur dix sont des lecteurs habiles et maîtrisent les
apprentissages fondamentaux de la langue française ; deux sur dix ont des difficultés de
lecture et un jeune sur dix se trouve en difficulté face à l'écrit6.
En résumé, les explications du décrochage scolaire sont multi-factorielles.
C – Les mesures mises en place pour réduire le décrochage dans la FEP
En France, conformément aux objectifs européens, la réduction du décrochage scolaire
passe en premier lieu par des mesures de prévention et ensuite des mesures de correction.
C-1 Les mesures de préventions du décrochage dans les établissements scolaires de
FEP et les formations en apprentissage
C-1-a Des structures au sein de l’Education nationale
Plusieurs structures, parallèlement au collège, sont mises en place afin de pallier les
difficultés d’apprentissage de jeunes entre la classe de 6ème et la classe de 3ème.
Ainsi, les dispositifs relais, à savoir les classes et ateliers relais, permettent-ils un accueil
temporaire adapté des collégiens en risque de marginalisation scolaire. Ils ont pour objectif
6
Note d'information - DEPP - N° 13.09 - juin 2013
6/14
de favoriser la « rescolarisation » et la resocialisation de ces élèves. Ces dispositifs ont su
montrer leur utilité pour lutter contre le décrochage scolaire : 82 % des élèves retournent en
collège. Ils mettent en œuvre un encadrement renforcé, l’accueil temporaire dans un groupe
réduit d’élèves avec des partenariats multiples.
Autre mesure, dans le cadre de l’Education nationale, les établissements régionaux
d’enseignement adapté (Erea). Ils sont à proprement parler des établissements publics
locaux d’enseignement. Leur mission est de prendre en charge des adolescents en grande
difficulté scolaire et sociale, ou présentant un handicap. Ces établissements sont souvent
proposés en internat.
Enfin, les sections d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) au sein des
collèges accueillent des élèves présentant des difficultés d’apprentissage graves et durables.
Ils ne maîtrisent pas toutes les connaissances et compétences attendues à la fin de l’école
primaire, en particulier au regard du socle commun des compétences. Hormis l’acquisition
de ces connaissances indispensables, cette structure permet à l’élève de construire
progressivement son projet de formation et de préparer l’accès à une formation diplômante.
C-1-b Des lieux d’information de l’orientation
-
Les centres d’information et d’orientation (CIO)
Dépendant du ministère de l’Education nationale et implantés sur l’ensemble du territoire, les
CIO accueillent les jeunes et leur famille et favorisent l’information sur les études, les
formations professionnelles, les qualifications et les professions. Il s’agit également de
produire des conseils individuels grâce aux conseillers d’orientation-psychologues.
-
Les permanences d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO)
Structures associatives, elles sont chargées d’accueillir les jeunes de 16 à 25 ans, de les
guider dans leur choix d’une formation en alternance, mais aussi d’examiner les opportunités
de formation et d’emploi pour faciliter leur insertion professionnelle.
-
Les services communs universitaires d’information et d’orientation (SCUIO)
Structures implantées dans les universités, elles proposent aux étudiants une importante
documentation et de nombreux services d’information sur les enseignements de l’université,
des conseils pour l’orientation, une aide à l’insertion professionnelle.
-
Les missions locales
7/14
Ces structures associatives sont chargées de l’accueil des jeunes de 16 à 25 ans. Elles
s’occupent de la globalité de leurs problèmes : l’emploi, la formation, le logement, la santé, le
sport, les loisirs. Elles sont associées au système de repérage des décrocheurs (Cf. infra).
-
Le réseau du Centre d’information Jeunesse (CIDJ)
Ces structures informent les jeunes au plan national, régional et local sur tous les domaines
qui concernent les jeunes (vie quotidienne, formation, emploi, loisirs, santé, logement, etc.).
Il s’agit d’un réseau d’information généraliste ouvert à tous les jeunes quelle que soit leur
situation.
-
Le site Internet « Orientation pour tous.fr »
Ce portail informe sur les métiers et les formations et les lieux d’orientation aussi bien à
destination des jeunes que des adultes dans le cadre du service public de l’orientation.
C-1-c La « mission de lutte contre le décrochage scolaire »
La « mission de lutte contre le décrochage scolaire » (MLDS) développe des actions de
prévention mais également une activité de conseil et d’ingénierie de formation. Elle contribue
à l’élaboration des bilans de positionnement et collabore à la mise en place et au suivi des
actions de formation et des parcours individualisés en lien avec les établissements d’accueil.
Des solutions de retour en formation sont proposées au jeune soit dans un établissement
scolaire, notamment en structure innovante de type « micro-lycée », soit dans un CFA public
ou une unité de formation par l’apprentissage. Un contrat « Formation Qualification Emploi »
est signé entre le tuteur de l’Education nationale, le jeune et sa famille pour formaliser les
modalités du parcours personnalisé de retour en formation.
A la rentrée 2013, en appui aux réseaux FOQUALE, des référents « décrochage scolaire »
seront nommés dans les établissements du second degré à fort taux d’absentéisme et de
décrochage.
Par ailleurs, il existe un partenariat privilégié avec l’Agence de service civique (ASC) afin de
proposer aux jeunes des missions de service civique.
C-2 Les mesures correctives du décrochage au sein de la FEP
C-2-a Repérage des jeunes et mise en réseaux des acteurs
-
Le système interministériel d’échange d’informations (SEIE)
Le repérage des jeunes en décrochage scolaire s’effectue grâce à ce système
interministériel d’échange d’informations. Le SEIE élabore des listes de jeunes de plus de 16
8/14
ans ayant abandonné leur formation avant l’obtention de leur diplôme et ne s’étant pas
réinscrits dans un établissement public ou privé sous contrat, relevant du ministère de
l’éducation nationale ou du ministère de l’agriculture, ni dans un centre de formation
d’apprentis (CFA). Ces listes sont ensuite transmises aux responsables de 360 plateformes
de suivi et d’appui aux décrocheurs, nommés par les préfets de département, répartis sur
l’ensemble du territoire. En 2012, 9 500 jeunes accompagnés dans ce cadre ont bénéficié
d’un retour en formation7.
-
Les réseaux FoQualE (Formation Qualification Emploi)
Ces réseaux rassemblent, dans le périmètre d’action d’une plateforme de suivi et d’appui
aux décrocheurs, les établissements et dispositifs relevant de l’éducation nationale et
susceptibles d’accueillir les jeunes décrocheurs. Cette démarche est complémentaire de
l’action menée par les collectivités territoriales. Elle s’insère dans « les pactes régionaux
pour la réussite éducative et professionnelle des jeunes », déclinaisons particulières des
contrats de plan régionaux de développement des formations professionnelles (CPRDFP)
pour lutter contre le décrochage scolaire.
C-2-b Des structures innovantes
Des structures innovantes en pédagogie ont vu le jour en France pour accompagner les
jeunes en décrochage scolaire. Elles tendent à remotiver les jeunes, les aident à reconstruire
un parcours de formation, un projet professionnel8.
-
Les collèges lycées élitaires pour tous9
Ils accueillent des jeunes de 15 à 23 ans ayant quitté le système scolaire depuis plus de 6
mois. Ils tendent à une remise à niveau « fin de collège » ou une entrée en lycée pour
préparer le baccalauréat général.
-
Les Ecoles de la deuxième chance (E2C)
Elles accueillent des jeunes motivés de 18 à 25 ans, ayant quitté le système scolaire depuis
au moins un an sans diplôme, ni qualification. La formation proposée alterne stages en
entreprise et séquences de remise à niveau afin de les aider à intégrer le marché du travail
ou d’accéder à une formation qualifiante. L’E2C délivre une attestation de compétences
7
Circulaire MEN – DGESCO n° 2013-035 du 29.3.13
Pour géolocaliser toutes ces initiatives en France près de son domicile : le site
Internet www.masecondechance.fr
9
Site Internet : www.onisep.fr
8
9/14
acquises. L’accès à ces écoles pour les jeunes est rendu possible grâce aux missions
locales, Pôle emploi, les structures d’insertion.
Les Conseils régionaux sont fortement impliqués dans le financement de ces structures. Par
exemple, en 2013, la Région Alsace a décidé d’investir 645 000 € dans les Ecoles de la
deuxième chance. 185 jeunes en situation de décrochage scolaire et en grande difficulté
pourront bénéficier des actions de formation, d’orientation et d’accompagnement.
-
Les Établissements publics d’insertion de la défense (Épide)
Ces établissements accueillent de jeunes volontaires de 18 à 25 ans n’ayant ni qualification
ni emploi et étant en difficulté scolaire. L’accueil dure de 8 à 10 mois et offre :
-
une remise à niveau sur les savoirs fondamentaux, initiation à l’informatique et la
navigation sur Internet ;
-
une formation civique et comportementale incluant une formation aux premiers
secours et l’apprentissage du code de la route ;
-
une pré-formation professionnelle en concertation avec les entreprises et structures
locales pour favoriser une embauche dans les secteurs qui recrutent.
Les élèves sont accueillis en internat et perçoivent une allocation. Les Epide sont également
ouverts aux mineurs délinquants sur prescription de la justice.
-
Les lycées de la nouvelle chance
Deux ou trois expériences en France pour aider les jeunes de 18 à 25 ans à préparer un bac
professionnel ou passer un bac général.
-
Les micro-lycées
Sur entretien, les jeunes de 16 à 25 ans ayant obtenu le passage en seconde mais ayant
décroché du lycée depuis au moins 6 mois, sont admis dans les micro-lycées. Ces structures
sont rattachées à des EPLE (établissements publics locaux d’enseignement) et bénéficient
de moyens des académies et des partenaires, dont des collectivités territoriales telles que la
Région10.
-
Les lycées expérimentaux
Quatre lycées expérimentaux ont été créés en 1982 avec pour objectif de proposer une
formation répondant aux exigences du baccalauréat général. Ils proposent des méthodes
d’enseignement différentes à des jeunes de plus de 15 ans, motivés et volontaires ayant
10
Voir Intervention de la Région Aquitaine pour accompagner le micro-lycée qui ouvrira en septembre de cette
année au sein du lycée Antoine-Lomet d’Agen
10/14
parfois quitté le système éducatif depuis longtemps et rencontrant des difficultés particulières
ou venant de la filière professionnelle.
-
Les lycées municipaux d’adultes (LMA)
Ils s’adressent en priorité aux personnes salariées de plus de 18 ans qui ont interrompu leur
parcours scolaire, parfois depuis de nombreuses années, et qui souhaitent passer leur
baccalauréat. Les cours obligatoires ont lieu le soir ou le samedi matin.
C-2-c Mesures d’emploi et d’accompagnement
-
Le Contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS)
Le « contrat d’insertion dans la vie sociale » (CIVIS) s’adresse à des jeunes de 16 à 25 ans
révolus (soit jusqu’à leur vingt sixième anniversaire) rencontrant des difficultés particulières
d’insertion professionnelle. Il a pour objectif d’organiser les actions nécessaires à la
réalisation de leur projet d’insertion dans un emploi durable. Ce contrat est conclu avec les
missions locales ou les permanences d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO). Les
titulaires d’un CIVIS sont accompagnés par un référent. La durée du contrat est d’un an
renouvelable. Les titulaires d’un CIVIS âgés d’au moins 18 ans peuvent bénéficier d’un
soutien de l’Etat sous la forme d’une allocation versée pendant les périodes durant
lesquelles ils ne perçoivent ni une rémunération au titre d’un emploi ou d’un stage, ni une
autre allocation.
-
Accompagnement des jeunes demandeurs d’emploi par les partenaires sociaux
Les partenaires sociaux ont adopté un accord national interprofessionnel le 7 avril 2011 qui
prévoit la mise en œuvre par les missions locales en 2011, d’un accompagnement renforcé
pour 20 000 jeunes « décrocheurs ». Âgés de moins de 21 ans lors de leur premier accueil à
la mission locale et d’un niveau scolaire inférieur ou égal au niveau IV, ils bénéficient d’un
accompagnement renforcé sur 18 mois maximum et la possibilité de faire des stages en
entreprise
grâce
à
des
partenariats
avec
les
entreprises,
les
organisations
interprofessionnelles et professionnelles locales et avec les organismes paritaires collecteurs
agréés (Opca) de la contribution au développement de la formation professionnelle.
-
Les emplois d’avenir
Les emplois d’avenir : une véritable expérience professionnelle et une seconde chance de se
former pour les jeunes peu ou pas qualifiés. Les emplois d’avenir ont pour ambition
d’améliorer l’insertion professionnelle et l’accès à la qualification des jeunes peu ou pas
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qualifiés, confrontés à des difficultés particulières d’accès à l’emploi. L’Etat soutient ainsi la
création de 150 000 emplois d’avenir d’ici fin 2014.
-
Les initiatives régionales
La quasi-totalité des régions en France définissent, dans le cadre du contrat de
développement régional de la formation professionnel, un plan régional d’action de lutte
contre le décrochage : formations passerelles pour accéder à l’apprentissage, réussite pour
tous, etc.
-
La future « Garantie jeunes »
Cette mesure qui sera expérimentée sur 10 territoires en septembre 2013 a vocation à
s’étendre sur tout le pays. Cette garantie cible les jeunes qui ne sont ni à l’école, ni en
formation, en situation de grande précarité. Elle met en œuvre un contrat d’engagements
réciproques annuel et renouvelable entre le jeune et la mission locale. Le jeune perçoit une
allocation équivalente à celle du revenu de solidarité active (RSA) et la mission locale lui
propose soit des formations, soit un emploi.
C-2-d Les actions en Région
Les Conseils régionaux, exerçant la pleine compétence en matière de formation
professionnelle, ont expérimenté des dispositifs ou même adopté des stratégies pour lutter
contre le décrochage. Certaines régions ont même cherché des solutions en s’inspirant
d’autres états, à l’image de la Région Bretagne qui a puisé des solutions dans les
expériences du Québec.
Parmi les stratégies adoptées, les plus récurrentes sont les suivantes.
-
Plans de lutte contre le décrochage
La région Nord-Pas-de-Calais demande aux missions locales de mettre en place des « plans
territoriaux de lutte contre le décrochage des apprentis ». La collectivité a prévu de
consacrer près de 820 000 euros à ces actions dans le cadre du COM (contrat d'objectifs et
de moyens) 2011-2015 conclu avec l'État en faveur du développement de l'apprentissage,
dont 272 000 euros en 2013.
Les régions Rhône-Alpes et Île-de-France ont également adopté un Plan régional de lutte
contre le décrochage scolaire et les sorties sans qualification11.
-
Mesures d’accompagnement
11
http://deliberations.rhonealpes.fr/RecueilsPDF/2008/assembl%C3%A9epl%C3%A9ni%C3%A8re/23,%2024%
20et%2025%20janvier%202008/d%C3%A9lib%C3%A9rations/01.dly.d%C3%A9crochage%20scolaire.PDF
12/14
La région Picardie a favorisé les mesures de coordination avec les autres acteurs et
notamment le rectorat. Ainsi, le Rectorat va lancer avec la Région une expérimentation à
Creil, Hirson et Amiens pour prévenir les décrochages et pour accompagner les décrocheurs
dans un parcours adapté de formation et d’insertion professionnelle.
Par ailleurs, l’académie d’Amiens a créé un Groupement d’Intérêt Public de lutte contre le
décrochage et l’abandon scolaire précoce : « l’École ouverte ». Cette dernière est l’une des
actions menée depuis 1998 pour favoriser l’accompagnement des jeunes. Cofinancée par le
Fonds social européen à hauteur de 210 000 euros, l’Ecole ouverte propose aux enfants et
aux jeunes issus de milieux défavorisés vivant dans des zones rurales ou urbaines
dépourvues d’activités extra scolaires, un programme d’activités éducatives : scolaires,
culturelles, sportives, de loisirs.
En Poitou-Charentes, dans le cadre de l'Animation régionale, les 14 Missions locales ont
réalisé une étude sur la mise en œuvre de l'accord national interprofessionnel du 7 avril 2011
qui prévoit un accompagnement renforcé des jeunes ayant des difficultés d’accès à l’emploi,
afin d’améliorer leur entrée sur le marché du travail. Cet accompagnement renforcé s’inscrit
dans l’organisation de la lutte contre le décrochage scolaire en lien avec les plateformes
d’appui au décrochage. L'étude décrit les modalités de la démarche et présente les chiffres
de janvier 2011 à mars 2013. Quelques parcours de jeunes sont également décrits.
-
De nouveaux dispositifs
En Franche-Comté, pour offrir une seconde chance aux jeunes Francs-Comtois en situation
de décrochage scolaire, la Région expérimente le dispositif "100 décrocheurs". Ce dernier
permet la construction d’un parcours adapté pour des jeunes souhaitant consolider leurs
connaissances de base et faire la découverte de secteurs professionnels. L’objectif est de
trouver une solution alternative aux problèmes de formation qu’ils ont rencontrés dans leur
formation initiale.
13/14
D - Conclusion
Prenant acte de l’éparpillement des mesures prises contre le décrochage scolaire et de
l’indispensable nécessité de conduire une classe d’âge jusqu’à la réussite des jeunes dans
le cursus de leurs études, la France mise sur sa nouvelle loi votée en juillet 2013 sur la
refondation de l’école12.
Ainsi, la loi crée une obligation pour l’État de permettre à tout élève de poursuivre ses études
jusqu’à l’obtention d’un diplôme de niveau V (CAP ou BEP lorsqu’il n’existe pas de CAP
dans la branche professionnelle).
« Pour les jeunes sortant du système sans diplôme, la loi pose le principe d’un droit à une
formation différée. Elle réaffirme la nécessité de renforcer le rôle de la Région pour ce qui est
des décisions d’ouverture ou de fermeture de sections de formation professionnelle, au
terme d’une véritable concertation renouvelée entre Etat et région».
En 2012, Guillaume Balas avait publié une note sur le décrochage où il appelait à un pilotage
régional de la lutte contre ce fléau aux origines multiples13. Dans une seconde étude, il
maintient le pilotage régional. Parce que "ce que nous devons construire, c’est le lien entre
toutes les dimensions d’un élève : école, lieu de vie, famille, activités extrascolaires. L’école
ne peut à elle seule en assumer la charge. Il est nécessaire de créer des relations entre ceux
qui agissent dans l’école et ceux qui œuvrent à l’extérieur".
Mais il élargit sa vision du décrochage. Pour lui ce phénomène interroge vraiment les
fondements du système scolaire. "L’école de la République est pensée comme unique
vecteur de transmission d’un savoir dominant, forcément légitime. Or pour apprendre, il y a
d’autres lieux que l’institution scolaire". 14
12
Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la
République – http://www.legifrance.gouv.fr
13 Lutter contre le décrochage scolaire : Vers une nouvelle action publique régionale – Guillaume Balas - 2012
http://www.jean-jaures.org/Publications/Les-essais/Lutter-contre-le-decrochage-scolaire
14
Lutter contre le décrochage scolaire pour atteindre une égalité réelle – Guillaume Balas - Note n° 179 Fondation Jean-Jaurès - 20 juin 2013 http://www.jeanjaures.org/index.php/content/download/17715/174060/version/1/file/Balas.pdf
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