Milieu extérieur et Force intérieure 1 La vipère de Quinton

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Milieu extérieur et Force intérieure 1 La vipère de Quinton
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Milieu extérieur et Force intérieure
La vipère de Quinton
Alors qu’il se promenait dans les bois, par une journée d’automne,
René QUINTON tomba sur une vipère. Compte tenu de la température,
déjà assez fraîche pour la saison, ce serpent qui aurait déjà dû hiberner
était très engourdi et bougeait à peine. Le savant le ramassa, le ramena
chez lui et le déposa non loin de la cheminée où flambait un bon feu. Au
bout de quelques minutes, la vipère, réchauffée par l’âtre, recouvra toute
sa vitalité et sa mobilité. Elle commença même à se montrer dangereuse.
Observant cela, René QUINTON se fit la réflexion suivante : « La Vie n’a
pas créé la vipère pour qu’elle soit léthargique et engourdie : si elle est ainsi
aujourd’hui, c’est qu’elle est apparue à une époque où la terre était chaude
en permanence, permettant à sa vitalité de s’exprimer de façon optimale ».
Fort de cette première intuition, il élabora l’étonnante théorie sur
l’évolution des espèces zoologiques à la surface de la terre que voici.
Les toutes premières formes de vie apparurent dans les océans à une
température d’environ quarante trois degrés, quand la terre, au départ
une boule de feu, s’était déjà considérablement refroidie. La terre
poursuivant son refroidissement, l’océan perdit lui aussi quelques degrés.
Du coup, les premières espèces, qui étaient en osmose complète avec leur
environnement, refroidirent avec lui. Mais la Vie s’opposa à ce déclin en
créant de nouvelles espèces vivantes capables de résister à cette baisse de
température, afin de préserver les conditions de vie originelles, qui étaient
optimales. Ces nouvelles espèces n’étaient donc plus en osmose totale avec le
milieu extérieur : elles possédaient désormais un milieu intérieur, distinct
du milieu extérieur, reproduisant les conditions de Vie initiale.
Au fil des centaines de milliers d’années, plus l’océan continua de se
refroidir, plus apparurent des espèces de plus en plus complexes, capables
de préserver un écart de température toujours plus important avec
l’environnement extérieur, tandis que les espèces précédentes, comme la
vipère, étaient condamnées à subir la détérioration du milieu et à vivre
une partie de l’année au ralenti.
Donc, plus le milieu extérieur se dégrade (entropie), perd de son énergie,
plus la Vie compense cette dégradation en intériorisant ce qui a été perdu
au-dehors, en développant de nouvelles facultés. Plus le milieu extérieur
devient froid, plus les espèces apprennent à créer leur propre chaleur.
Ouverture sur un monde d’excellence
Milieu extérieur et Force intérieure
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Plus la concentration saline des océans augmente, plus les êtres vivants
préservent dans leur milieu intérieur la concentration saline originelle. Et
dans les grands fonds marins, où la lumière fait défaut, sont même
apparues des espèces capables de générer leur propre lumière.
René QUINTON, qui n’était pourtant pas mystique, poussa son
raisonnement jusqu’à postuler que si un jour le soleil finissait par
disparaître, c’est que les espèces vivantes l’auraient intégré en elles !
Morale : Un être vivant se trouve tout d’abord à sa naissance ou à son
apparition en osmose avec son environnement : les caractéristiques de cet
environnement deviennent donc aussi les siennes. Quand cet
environnement se dégrade, certains êtres déclinent avec lui, faute de
parvenir à développer une autonomie propre. D’autres résistent à cette
dégradation et acquièrent une indépendance par rapport aux conditions
du milieu extérieur en se créant un milieu intérieur.
Comme les espèces vivant dans l’eau, nous baignons dès la naissance dans
un milieu présentant certaines caractéristiques : valeurs familiales,
religieuses, relationnelles, politiques et culturelles. Nous en absorbons une
grande part, non par l’éducation ni par un enseignement explicite, mais de
façon indirecte et subconsciente, par osmose avec le milieu dans lequel nous
vivons.
A notre insu, notre esprit se façonne ainsi à l’image, plus ou moins fidèle,
du contexte environnant. Toutefois, ce sont les changements lents et
progressifs qui mettent le plus à l’épreuve la solidité et la constance de nos
valeurs et de nos croyances.
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