Prendre sa retraite aux
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Prendre sa retraite aux
Prendre sa retraite aux États-Unis Les investisseurs qui désirent prendre une retraite dorée sous le chaud soleil du sud des États-Unis doivent connaître les avantages et conséquences de la liquidation de leurs REER. GENA KATZ L es adeptes de la retraite sous le chaud soleil du sud des États-Unis doivent tôt ou tard faire face à plusieurs questions en ce qui a trait à leurs actifs canadiens, qui sont dans bien des cas constitués essentiellement de régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER). Contrairement aux régimes non enregistrés, les REER ne sont pas sujets aux règles de cession réputée et à l’impôt affilié de départ sur l’émigration. De plus, les rendements engendrés dans le cadre d’un REER continuent d’être à l’abri de l’impôt canadien, et ce, tant qu’ils y demeurent. Pour toutes ces raisons, échanger ses REER avant de déménager aux États-Unis constitue rarement une stratégie gagnante. En fait, parmi toutes les options qui existent, il s’agit probablement de la plus coûteuse pour votre client. La raison en est simple : la valeur totale du REER échangé sera ajoutée au revenu de l’année du client au cours de laquelle il aura Guide-conseil REER – novembre 2002 3 ricain de retraite indiviquitté le pays et sera impoduel ne sera permis. sée à son taux marginal Plusieurs investisd’imposition. Si les seurs décideront de sommes épargnées et placonserver leurs REER cées dans un REER représentent la principale source Toutefois, un non-résident ne pourra après avoir pris leur retraite aux États-Unis. Il de revenu de retraite d’un généralement pas contribuer à ses se peut qu’ils soient satisindividu, cette vente pourrait se traduire par une REER puisqu’il est impossible faits du rendement qu’ils en tirent et prévoient les diminution de leur valeur d’établir les droits de cotisation convertir en revenu de nette de l’ordre de 45 %. En retraite plus tard. Au attendant simplement additionnels, la dernière année où Canada, les REER contid’avoir quitté le pays avant de procéder à la liquidation, un revenu a été déclaré étant l’an- nuent de croître à l’abri de l’impôt, et ce, même si le l’impôt à payer au Canada née suivant le départ. titulaire de la rente n’est sera réduit à 25 %, soit la pas résident. Toutefois, retenue d’impôt applicable un non-résident ne pourra généralement pas en de telles circonstances. contribuer à son REER puisqu’il est impossible Intéressante astuce, mais la législation fiscale d’établir les droits de cotisation additionnels, la deraméricaine a-t-elle quelque chose à redire envers nière année où un revenu a été déclaré étant l’ande telles pratiques? Les retraités dont nous parlons née suivant le départ. Tous les privilèges fiscaux se ici sont considérés, du moins au point de vue fiscal, trouvent donc abolis lorsque aucune source de comme des citoyens américains. Leurs revenus revenu imposable n’a été déclarée au Canada, et ce, sont donc soumis à la législation américaine, même dans l’éventualité où un individu détiendrait qu’importe leur origine. Contrairement au Canada, encore des droits de cotisation inutilisés. nos voisins du Sud n’appliquent pas un impôt progressif sur la somme de base des placements déteLa convention fiscale Canada/États-Unis nus au moment de l’immigration. Aux États-Unis, Aux fins de l’impôt américain, les REER canadiens le montant en capital d’un REER – lequel ne serait ne sont pas considérés comme des placements de pas sujet à l’impôt américain sur les attributions – retraite à imposition différée. Le bénéficiaire est est composé du prix de base des actifs sous-jacents imposé sur les rendements produits à l’intérieur de plus tout rendement ayant été engendré à l’intéces régimes, y compris les gains en capital tirés de la rieur du régime avant l’arrivée au pays. Si peu de vente de titres en faisant partie. Cependant, en vertu modifications ont été apportées au REER, il est posde la convention fiscale Canada/États-Unis, il est persible que le montant de base des actifs sous-jacents mis de demander que soit différé l’impôt américain et des rendements soient de beaucoup inférieurs à sur tout rendement accumulé dans un REER jusla valeur du REER au moment de l’immigration. qu’au moment de son attribution. Cette requête doit Ainsi, si votre client décide de liquider son être faite annuellement, dans le cadre de la déclaraREER tout de suite après avoir quitté le Canada, il tion de revenus américaine, à l’aide du formulaire devra payer de l’impôt aux États-Unis, en plus de la 8833 de l’Internal Revenue Service (IRS). retenue d’impôt canadienne applicable. À noter Il s’agit généralement d’un choix avantageux, qu’un crédit d’impôt sera toutefois accordé par les puisqu’il est ainsi possible d’apparier les impositions États-Unis pour avoir payé de l’impôt au Canada. canadienne et américaine du retrait des fonds du Afin d’éviter cette double imposition potentielle, il régime. Le client bénéficiera ainsi de tous les crédits devra «réaliser» ses gains accumulés à l’intérieur pour impôt étranger auxquels il a droit, en évitant la de son REER avant de quitter pour les États-Unis. double imposition. Toutefois, s’il existe d’autres Pour ce faire, il vous suffit de vendre et de racheter sources de revenus hors exploitation sujettes à des les placements concernés. Mais rappelez-vous que retenues canadiennes à la source, il pourrait y avoir cette opération doit avoir lieu avant que le client surplus de crédits pour impôt étranger (l’impôt canaquitte le Canada. Et pour ceux qui décideront de dien payé en plus de l’impôt américain sur les reveliquider leurs REER après leur départ, il est impornus hors exploitation), qui ne pourraient être utilitant de mentionner qu’aucun transfert à imposition sés. Dans ce cas, renoncer à se prévaloir de cette différée des actifs d’un REER dans un compte améGuide-conseil REER – novembre 2002 5 capacité de différer l’impôt américain pourrait permettre de profiter au maximum des crédits pour impôt étranger, tout en assurant une imposition réduite au cours des années subséquentes, lorsque les sommes du régime seront attribuées. Cependant, les États américains n’ont pas tous entériné cette convention. Il se peut donc que, dans certains cas, la législation fiscale de l’État en matière de REER soit inévitable. Les options d’échéance d’un REER appartenant à un non-résident sont les mêmes que celles accordées aux résidents canadiens. Conséquemment à la convention fiscale Canada/États-Unis, le gouvernement fédéral américain permet que soient transférés à un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR), à l’abri de l’impôt, des actifs faisant partie d’un REER. Certains États font également de même. Au moment où les sommes seront finalement retirées sous forme de prestations périodiques, qu’il s’agisse d’une rente ou d’un FERR, elles seront imposables à la fois au Canada et aux États-Unis. En vertu de ce même traité, le taux d’imposition canadien pour non-résidents sur les prestations périodiques a été fixé à 15 %. Du côté des États-Unis, une partie seulement des prestations doit être déclarée en tant que revenu. Cette partie équivaut au ratio de la juste valeur marchande des actifs sous-jacents au régime excédentaire au capital (il s’agit en fait du prix de base des actifs sous-jacents au régime, plus tout revenu accumulé depuis l’arrivée aux ÉtatsUnis, plus tout revenu libéré d’impôt) et de la valeur totale des actifs du régime, le tout multiplié par les prestations reçues. Au moment d’envoyer votre déclaration de revenus américaine, il est possible de réclamer un crédit sur impôt étranger pour l’impôt payé au Canada. Finalement, la Securities and Exchange Commission (SEC) permet maintenant aux résidents américains, que leur statut soit temporaire ou permanent, de négocier des titres et fonds communs canadiens à partir de leurs comptes REER ou FERR autogérés. De plus, les courtiers et autres revendeurs canadiens peuvent maintenant faire affaire avec des résidents américains dans le cadre des ces mêmes régimes. Toutefois, chaque État possède ses propres lois sur les valeurs mobilières, et, bien que la plupart d’entre eux aient adopté une position semblable à celle de la SEC en ce qui a trait aux REER et aux FERR, certains États ne permettent pas que leurs résidents possèdent des régimes enregistrés de retraite canadiens. ■ Guide-conseil REER – novembre 2002 7