Communiqué de presse final - Bayeux

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Communiqué de presse final - Bayeux
22e PRIX BAYEUX-CALVADOS DES CORRESPONDANTS DE GUERRE :
LE CHAOS SYRIEN AU CŒUR DU PRIX
La 22e édition du Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre
s’achève. À travers les expositions, les débats, les rencontres et les
projections, le public et les journalistes présents à Bayeux ont découvert un
monde tourmenté. Les visiteurs repartent avec des réponses. De nombreuses
questions restent cependant en suspens même si le Prix Bayeux-Calvados
des correspondants de guerre tente d’apporter d’année en année un large
éclairage pour une meilleure compréhension des conflits dans le monde...
Conflits et conséquences
La Syrie a, cette année encore, agité les débats à Bayeux. En témoignent les
commentaires empreints de sentiments d’injustice et d’indignation des
grands reporters. « Le Régime bombarde les hôpitaux, les mosquées, les
boulangeries, tous les lieux civils », contaste la photojournaliste Laurence
Geai. Mais le véritable choc de la semaine aura, sans conteste, été la
projection en avant-première du documentaire de Sophie Nivelle-Cardinale
et Étienne Huver, « Disparus ». Des témoignages d’une rare violence, presque
indicibles, sur les milliers d’enlèvements de Syriens, séquestrés et torturés en
toute impunité par les armées de Bachar El-Assad. Le récit de pratiques
inhumaines qui ne sont pas sans rappeler les pires atrocités commises par le
passé. Mais la Syrie est également victime d’une guerre de religion qui
désormais porte un nom, Daesh. Une organisation djihadiste qui se répand
au-delà des frontières du pays et envenime le reste du monde. Un sujet
plébiscité par les spectateurs, venus en nombre à la soirée grands reporters
du vendredi 9 octobre, et présenté dans les rues bayeusaines au travers de
l’exposition collective « De Mossoul à Rakka ».
Dans le reste du monde, les conflits naissent, perdurent et s’éternisent.
L’exposition « Ukraine d’Ouest en Est » du trio Guillaume Herbaut, JeanPhilippe Stassen et Vadimsky témoigne d’un chaos quotidien dans un pays
que l’on pensait libre. Moises Saman invite le public au cœur du Printemps
Arabe dans « Discordia » quand Katia Jarjoura partage dans « Shoot the war »
le quotidien de jeunes cinéastes irakiens. « Quand le ciel est bleu » de Tomas
van Houtryve lève le voile sur la genèse d’une nouvelle guerre, invisible et
désinvolte. Une guerre de drones menée par l’inconnu.
Les inéluctables conséquences de ces conflits ont été particulièrement
dénoncées lors du forum médias et du salon du livre. Jean-Paul Mari traverse
la Méditerranée sur « Les bateaux ivres ». Claire Billet et Olivier Jobard
franchissent, eux, les murs de barbelés quand Pascal Manoukian raconte la
vie des « échoués ». Des voyages de la peur, des exils désespérés.
Un palmarès indiscutable, des votes unanimes
Pour cette 22e édition du Prix Bayeux-Calvados des correspondants de
guerre, c’est une femme, Carlotta Gall, qui a mené la danse lors des travaux
du jury. Sans perdre de vue que « le public doit comprendre le travail de
grand reporter car c’est grâce à lui que le métier vivra », les 44 membres du
jury ont voté. Dans la catégorie photo, entre espoir et désespoir, le reportage
d’Heidi Levine, « La guerre et la guérison à Gaza », remporte pour Sipa Press le
Prix Nikon et le Prix du public. Dans la catégorie télévision, format court,
Mikhail Galustov a su convaincre le jury international avec son reportage
« Russian Roulette ». À Donetsk, en Ukraine, la tension va crescendo et le
témoignage final boucle en apothéose ce reportage poignant. Dans la
même catégorie, les lycéens ont décerné leur Prix à Alex Crawford pour son
reportage « Le viol en République Démocratique du Congo ». Un huit clos
oppressant qui a bouleversé et choqué les élèves bas-normands. En télévision
grand format, Xavier Muntz impressionne le jury grâce à « Encerclés par l’État
Islamique », diffusé sur Arte en juin dernier. Seul, au cœur du mont Sinjar en
Irak, « il aura eu le courage de capter des images inédites » qui ont fait
l’unanimité. En presse écrite, l’État Islamique toujours avec le reportage de
Christoph Reuter pour Der Spiegel, « Haji Bakr, le cerveau de la terreur », qui
remporte le Prix du Département du Calvados. Le Prix Ouest-France Jean
Marin est, quant à lui, décerné à Wolfgang Bauer pour son travail sur les
réfugiés syriens. En radio, le Prix du Comité du Débarquement est attribué à
Emma-Jane Kirby pour la BBC. « L’opticien de Lampedusa » revient sur l’afflux
des migrants qui affecte la vie quotidienne d’Italiens ordinaires sur les côtes
du sud du pays. En web journalisme, Christian Werner remporte le Prix Nikon
avec « Black Death » et oblige le jury à s’interroger sur la forme que prendra
le web reportage dans les années à venir. Enfin, retour en Ukraine à travers le
Prix du jeune reporter, parrainé par Capa Presse TV. Le jury a, de manière
quasi unanime, voté pour Pierre Sautreuil et son reportage de presse écrite
« Nouvelle Russie ».
Les noms des dessinateurs de Charlie Hebdo assassinés le 7 janvier dernier
sont désormais gravés sur la stèle 2014/2015 du Mémorial des reporters aux
côtés des autres journalistes tués pour avoir exercé leur métier. Plus que
jamais, la liberté d’expression doit vivre. Le Prix Bayeux-Calvados des
correspondants de guerre défend avec force ce pilier de la démocratie qui,
à travers le monde, vascille trop souvent.
Aurélie Viel – Cyrille Malinosky – Alexandra Asselin
02 31 51 60 59 - [email protected]
Deuxième Bureau
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