produits allégés
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JUIN 2005 DOSSIER DE PRESSE PRODUITS ALLÉGÉS A M I S . . . O U FA U X A M I S ? Av a n t - p r o p o s SOMMAIRE AVANT-PROPOS 4 1. DÉCRYPTAGE (I) 6 Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? 12 2. DÉCRYPTAGE (II) Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? 3. SANTÉ 20 ET NUTRITION Manger “moins...”, consommer plus ? 4. LE MARCHÉ DES ALLÉGÉS 26 Tendance “minceur” et illusions pondérales 5. INDUSTRIE ET FABRICATION DES ALLÉGÉS 32 Formuler et fabriquer du “moins” 6. SUCRE, ALIMENTATION ET MAÎTRISE PONDÉRALE Un nutriment de l'équilibre alimentaire 38 7. CEDUS Le Centre d'études et de documentation du sucre 42 2 AVANT-PROPOS Apparus dans les années 60 avec le lait écrémé, les produits allégés sont désormais présents dans la plupart des catégories d'aliments. Plutôt féminine et saisonnière à l'origine, la consommation de ces produits s'est généralisée : elle est maintenant régulière pour 25% de la population française. Le marché des allégés, fortement dépendant des innovations, sert de relais de croissance pour l'industrie agroalimentaire. Pourtant, l'impact des allégés sur la santé demeure peu documenté, ce qui soulève des interrogations sur leur rôle. Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? Quelle est la réglementation en vigueur ? Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? Les produits allégés font-ils mincir ? Leur succès est-il fondé sur des bases scientifiques ? Ce dossier de presse propose un panorama des connaissances actuelles sur les produits allégés et passe en revue quelques idées reçues afin de mieux cerner cette tendance de l'alimentation. 3 4 1 Décryptage (I) Qu’est-ce qu’un produit “allégé” ? Décryptage (I) 5 Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? Av a n t - p r o p o s DÉCRYPTAGE (I) QU'EST-CE QU'UN PRODUIT “ALLÉGÉ” ? Peu de consommateurs le savent : un produit “allégé” n'est pas toujours allégé en calories. Cette appellation recouvre une réalité hétérogène où se confondent les notions de seuil quantitatif et/ou de composition qualitative des produits. Allégé en sucres, en graisses ou en calories ? Allégé en glucides, en sucres, ou en sucre ? Allégé par rapport à quoi ? Les spécialistes eux-mêmes ont du mal à s'y retrouver. Y compris au niveau de la Commission européenne qui, devant la complexité des critères à prendre en compte, peine à élaborer un projet de 1 réglement cohérent et opérationnel . REPÈRES ET DÉFINITIONS La mention “allégé” est synonyme des appellations “à teneur réduite en…” ou “light”. Selon la législation en vigueur (voir p. 10), un produit peut être défini comme “allégé” lorsque sa teneur en un nutriment ou sa valeur calorique est réduite d'au moins 25 % en poids par rapport à un produit de référence. De plus, l'étiquette du produit devrait : J indiquer au consommateur en quoi ce produit est allégé, J mentionner le produit de référence par rapport auquel ce produit est allégé. L'allégement peut donc concerner : J soit les éléments qui entrent dans la composition du produit (matières grasses, sucres…), J soit la valeur calorique totale du produit. Au-delà de cette simplicité apparente, l'allégé est une notion à géométrie variable et, dans la plupart des cas, méconnue des consommateurs. 1. Ce projet de réglement européen concerne l'ensemble des allégations nutritionnelles et de santé, y compris celles relatives aux produits allégés. Décryptage (I) 6 Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? “light”, un produit doit contenir au minimum 25 % de sucres en moins que le produit standard. LE CAS DES ALLÉGÉS EN SUCRES Pour être “allégé en sucres”, “à teneur réduite en sucres” ou LA NOTION “ALLÉGÉ EN SUCRES” NE DOIT PAS ÊTRE ASSIMILÉE AUX APPELLATIONS SUIVANTES (QUI ONT LEUR PROPRE CADRE RÉGLEMENTAIRE) “Sans sucres” J pas plus de 0,5 g de sucres simples pour 100 g ou 100 ml “À faible teneur en sucres", J “faible en sucres” pas plus de 5 g de sucres pour 100 g (produit solide) ou de 2,5 g pour 100 ml (produit liquide) “Sans sucres ajoutés” 1 sans addition de mono- ou disaccharides, ni aucune substance sucrante. LE J beurre est qualifié d'“allégé” ou de “à teneur réduite en matières grasses”. CAS DES ALLÉGÉS EN MATIÈRES GRASSES Pour les matières grasses d'origine laitière ou végétale, l'allégement varie de 0 à 40 % de matières grasses selon des normes européennes. J Entre 39 et 41%, un beurre est “léger”, “light” ou “à faible teneur en matières grasses”. Un beurre ou une margarine standard contient plus de 80 % de matières grasses. J Entre 10 et 39 %, l'appellation “beurre” n'est plus autorisée, et le produit entre dans la catégorie des “matières grasses laitières à tartiner”. J Entre 41 et 62 % de matières grasses, une margarine ou un 1. A ce jour, le projet de réglement européen sur les allégations nutritionnelles et de santé propose, dans le cas de l’allégation “sans sucres ajoutés”, d’indiquer la mention “le produit contient des sucres naturellement présents”. Décryptage (I) 7 Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? Av a n t - p r o p o s Le niveau d'allégement en graisses peut varier du simple au double... Mais le produit reste perçu par le consommateur comme appartenant à l'univers générique des allégés. Les crèmes peuvent être indifféremment “légères” ou “allégées” pour une teneur en matières grasses entre 12 et 30 % (la crème crue standard se situant entre 30 et 40 % de matières grasses). ALLÉGÉS EN GRAISSES, EN SUCRES OU EN CALORIES duit par rapport à un produit de référence, mais celui-ci n'est pas clairement défini par la législation. Dans l'esprit des consommateurs, “allégé” veut souvent dire “moins calorique” : c'est sur cette association implicite que se base la motivation d'achat du consommateur. Ainsi, “0 % de matières grasses” est rarement équivalent à “0 % de calories”. De même, “allégé en sucres” ne veut pas toujours dire “allégé en calories” et vice-versa. En réalité, cette association n'est pas toujours fondée : J certains produits sont allégés à la fois en matières grasses ou en sucres et en calories, J d'autres sont allégés en matières grasses ou en sucres mais pas en calories. Encore plus nuancé, l'allégement en sucres n'implique pas nécessairement un allégement en glucides totaux. Certains produits “sans sucres ajoutés” ou “à faible teneur en sucres” contiennent autant de glucides (et de sucres simples) pour deux fois moins de lipides, ou autant de calories mais beaucoup plus de graisses que leurs homologues standard. En effet, la législation n'impose pas un allégement calorique global et offre aux fabricants l'alternative entre nutriments et calories. Parallèlement, la notion d'allégé concerne la composition d'un pro- Décryptage (I) ? 8 Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? Enfin, les gammes de produits suggérant un “effet minceur”, qui ne rentrent pas dans un cadre réglementaire défini, ne précisent pas toujours si le produit est “allégé en…” ou “sans…”. LA VALEUR ÉNERGÉTIQUE : RAPPEL J 1 g de lipides apporte 9 kcal. J 1 g de glucides ou de protéines apporte 4 kcal. RÉGLEMENTATION FRANÇAISE ET EUROPÉENNE concerné. Il précise que les mentions “allégé” et “à teneur réduite en…” doivent être considérées comme synonymes. En France, la réglementation en vigueur s'inspire du Codex alimentarius, la référence internationale, qui a défini en 1997 le terme “allégé” par la réduction de la teneur d'un nutriment ou de la valeur calorique d'au moins 25 % par rapport à un produit de référence. Plusieurs définitions coexistent de manière complémentaire. La Cedap2 et le Conseil national de la consommation3 ont retenu le même niveau de réduction que le Codex pour l'allégement : 25 %. Le Bulletin d'information et de documentation de la DGCCRF4 a reconnu que pour le consommateur, le terme “light” est synonyme d'“allégé” sur l'étiquetage des denrées alimentaires. Ainsi, l'allégement peut concerner soit la composition du produit (gras, sucres…), soit sa valeur calorique totale. Le Codex recommande que les étiquettes indiquent en quoi ce produit est allégé et mentionnent le produit de référence 2. Commission interministérielle d'étude des produits destinés à une alimentation particulière (Cedap), avis du 8 juillet 1998. 3. Note CNC du 12 juin 1987. 4. Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, BID 1993 n°5, pp.6-7, n°93-161 ; BID 1993 n°2, p. 8, n°93-041 Décryptage (I) 9 Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? Av a n t - p r o p o s Ce projet propose également d'établir des “profils nutritionnels” auxquels les produits devront se conformer pour pouvoir revendiquer telle ou telle allégation. Par exemple, un fromage de type Emmental, qui contient beaucoup de matières grasses, ne pourrait peut-être plus revendiquer sa richesse en calcium. Au niveau européen, un projet de réglement est en préparation pour harmoniser les conditions d'utilisation et les libellés des allégations nutritionnelles et de santé sur les produits alimentaires. En l'état actuel des discussions (juin 2005), il prévoit notamment de porter sur trois points pour les allégés : Ce concept est l'objet de nombreux débats car il introduirait une discrimination entre “bons” et “mauvais” nutriments ou aliments, alors que ce sont les comportements alimentaires plus ou moins adaptés qui sont en question. Par ailleurs, cette démarche impliquerait la mise au point de critères multiples et complexes, difficiles à établir. J le niveau de réduction (à ce jour, au moins 30 % pour la valeur calorique, les sucres et les matières grasses), J la mention du nutriment concerné, J l'obligation de comparaison par rapport à une référence. Il précise par ailleurs que le terme “light” devrait être considéré comme synonyme de “à teneur réduite en...”. Décryptage (I) 10 Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? 2 Décryptage (II) Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? Décryptage (II) 11 Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? Av a n t - p r o p o s DÉCRYPTAGE (II) QUE DISENT - OU NE DISENT PAS - LES ÉTIQUETTES ? L'examen attentif des étiquettes de produits confirme la difficulté de comparer les produits entre eux et de déterminer la référence par rapport à laquelle le produit se définit en tant qu'allégé. Cette démarche permet de s'interroger à la fois sur la complexité des formules ainsi que sur les additifs que la substitution des ingrédients impose. en utilisant les informations disponibles sur les étiquettes des produits et sur les tables de composition nutritionnelle existantes1. Le Département scientifique du Cedus a analysé la composition de catégories de produits alimentaires courants dits “allégés” ou revendiquant une teneur réduite soit en calories, soit en sucres, soit en matières grasses. Ces produits ont été comparés avec une “référence” constituée du ou des produits représentatifs de la même catégorie d'aliments. Cette comparaison a été effectuée L'analyse concerne les catégories suivantes : les yaourts aux fruits, le chocolat, les confitures et desserts fruitiers, les biscuits céréales et chocolat, les génoises avec fourrage fruits et les boissons à base de jus de fruits et de lait. YAOURTS Yaourt aux fruits Valeurs pour 100 g Calories (kcal) Yaourt nature sucré Moyenne Moyenne Différence Allégés Référence Allégés/Référence Yaourt nature sucré Différence Allégé aux fruits / Nature sucré 65 101 -36% 75 -13% Protéines (g) 4 3,2 +25% 3,7 +8% Glucides (g) 10 16,4 -39% 12,5 -20% Lipides (g) 0,5 2,5 -80% 0,9 -44% Décryptage (II) 12 Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? La contrepartie de l’allégement est une formulation qui se complexifie en ingrédients et en additifs, avec, par rapport aux yaourts classiques, l'utilisation d'épaississants, de stabilisants ou de gélifiants pour retrouver la consistance et d'édulcorants intense pour remplacer le sucre. Les réductions de lipides et/ou de sucres dans les yaourts aux fruits aboutissent à des allègements sensibles en calories. Pourtant, certains yaourts aux fruits allégés peuvent afficher des valeurs caloriques assez élevées, souvent supérieures à un yaourt nature (45-50 kcal pour 100 g) et proches de celle d'un yaourt nature sucré classique (75 kcal pour 100 g). CHOCOLAT Différence Sans sucres /Référence Moyenne Sans sucres Moyenne Référence Calories (kcal) 476 510 -7% Protéines (g) 5,8 4,7 +23% Glucides (g) 40 57 -30% Lipides (g) 40 30 +33% Valeurs pour 100 g édulcorants intenses), la teneur en lipides augmente dans une proportion équivalente, et les substituts du sucre apportent également des calories. Parmi les produits étudiés, aucun chocolat “sans sucres” n'apporte de réduction calorique globale. Bien que la teneur en sucres soit fortement réduite (remplacement total du sucre par des polyols et des 1.Sources : - Répertoire Général des Aliments, INRA-CIQUAL, JC Favier et al., Lavoisier, 1995 - Savoir manger, le guide des aliments, JM Cohen/ P Serog, Flammarion, 2004 - Base Innova/Nutrimarketing, mai 2005 Décryptage (II) 13 Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? Av a n t - p r o p o s CONFITURES ET DESSERTS FRUITIERS Confitures Valeurs pour 100g Moyenne Allégés Moyenne Référence Différence Allégés/Référence Calories (kcal) 185 250 -26% Protéines (g) 0,4 0,5 -20% Glucides (g) 45 60 -25% 45 60 -25% 0,1 0,1 0% dont sucres (g) Lipides (g) res sèches (constituées pour l'essentiel des sucres des fruits et des sucres ajoutés). Elles doivent, après ouverture, être conservées impérativement au réfrigérateur car la teneur totale en sucres n'est plus suffisante pour éviter la croissance des moisissures. Les confitures peuvent être allégées en sucres en réduisant la proportion de sucre ajouté ou par substitution du sucre par du fructose additionné de pectines (gélifiant). Ces versions allégées renferment alors plus d'eau et moins de matiè- Desserts fruitiers type compote Valeurs pour 100g Moyenne Allégés Moyenne Référence Différence Allégés/Référence Calories (kcal) 73 89 -18% Protéines (g) 0,3 0,3 0% Glucides (g) 17 21 -19% Lipides (g) 0,4 0,4 0% Décryptage (II) 14 Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? vitamines ou minéraux. Mais les sucres des fruits viennent compenser le sucre (saccharose) qui a été retiré et l'allègement, en calories comme en sucres est la plupart du temps inférieur au seuil réglementaire minimum de 25 %. Dans certains desserts fruitiers de type compote, l'allègement se fait au travers de la recette (un certain pourcentage de fruits remplaçant un certain pourcentage de sucre), ce qui pourrait sembler intéressant en termes d'apports en fibres, BISCUITS CÉRÉALES ET CHOCOLAT Valeurs pour 100g Moyenne Allégés Moyenne Référence Différence Allégés/Référence Calories (kcal) 440 455 -3% Protéines (g) 7,5 6,5 +15% Glucides (g) 66 68 -3% 21 30 -30% 16 17,5 -9% dont sucres (g) Lipides (g) de céréales et en substituant une partie du sucre par des fibres du type fructo-oligosaccharides (qui apportent aussi un pouvoir sucrant) mais aussi en réduisant le pourcentage de chocolat. Cette catégorie montre des exemples de produits allégés en sucres sans pour autant être allégés sensiblement en calories (faible gain de 3%), ni même en lipides. L'allègement en sucres est ici obtenu en augmentant la proportion Décryptage (II) 15 Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? Av a n t - p r o p o s GÉNOISES Valeurs pour 100g AVEC FOURRAGE FRUITS Moyenne Allégés Moyenne Référence Différence Allégés/Référence Calories (kcal) 335 378 -11% Protéines (g) 5 4,8 +4% Glucides (g) 60 69 -13% 34 41 -17% 7,5 9,3 -19% dont sucres (g) Lipides (g) les valeurs caloriques des produits classiques sont assez proches de celles des produits revendiquant un allègement ou une meilleure qualité nutritionnelle. L'allègement au sens réglementaire du terme (-25 % minimum) n'est pas constaté, ni en calories, ni même en sucres ou en lipides. Pour ce type de produits, une base génoise avec un fourrage aux fruits, BOISSONS Valeurs pour 100g À BASE DE JUS DE FRUITS ET DE LAIT Moyenne Allégés Moyenne Référence Différence Allégés/Référence Calories (kcal) 26 48 -46% Protéines (g) 0,8 0,7 +14% Glucides (g) 5,5 11,1 -50% Lipides (g) 0,1 0,1 0% fructose et d'édulcorants intenses, la réduction calorique dans les versions allégées de cette catégorie de produits est significative. Comme le montre le tableau cidessus, les versions allégées en sucres sont réellement allégées en calories. Obtenue par la substitution du sucre par un mélange de Décryptage (II) 16 Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? Selon les catégories de produits, les allègements en lipides ou en sucres sont rendus possibles par des formulations ingrédients/additifs plus complexes : mélanges d'édulcorants intenses et de type polyols pour retrouver la saveur sucrée, gélifiants et texturants qui piègent l'eau des produits pour restaurer la structure ou la texture, correcteurs d'acidité ou conservateurs pour retrouver une durée de conservation satisfaisante lorsque l'on réduit la teneur en matières sèches. En dehors des boissons, les allègements en lipides ou en sucres ne se traduisent pas, le plus souvent, par l'allègement en calories qu'attendent les consommateurs. Dans certains cas, l'allègement est inférieur au seuil de 25 % prévu par la réglementation. L'information sur le produit de référence par rapport auquel l'allègement est évalué n'est pas toujours facilement identifiable par les consommateurs (version classique de la même marque, moyenne de la catégorie, recette antérieure…). Décryptage (II) 17 Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? 18 3 Santé et nutrition Manger “moins...”, consommer plus ? Santé et nutrition 19 Manger “moins...", consommer plus ? Av a n t - p r o p o s SANTÉ ET NUTRITION MANGER “MOINS...”, CONSOMMER PLUS ? Aujourd'hui, il n'est pas prouvé scientifiquement que les allégés font maigrir. Les données sont rares et difficiles à interpréter. Quant à un éventuel effet négatif : des spécialistes s'interrogent. L'allégé pourrait conduire, dans certains cas, à une surconsommation de compensation et favoriser les risques de dérèglement du comportement alimentaire. Et aboutir à l'effet inverse... UNE CARENCE DE DONNÉES SCIENTIFIQUES mette d'évaluer au niveau national la consommation de produits allégés et son impact auprès de personnes en bonne santé ou en léger surpoids. Aucune étude ne permet de dire que les produits allégés font maigrir ou permettent de contrôler son poids à long terme. Les études scientifiques sur l'influence des allégés sur le poids sont peu nombreuses, car il est extrêmement difficile de contrôler l'effet exclusif d'une catégorie d'aliments dans une alimentation diversifiée, en raison du grand nombre de facteurs confondants. Seules quelques enquêtes épidémiologiques réalisées auprès de gros consommateurs de produits allégés ou auprès de populations en surpoids ou obèses sont disponibles. Les enquêtes publiées à ce jour constatent que les consommateurs de produits “light” n'ont pas un poids inférieur aux autres, et que les populations en surpoids sont, elles aussi, de fortes consommatrices d'allégés. Les études d'observation qui révèlent des associations entre un mode de consommation et un état de santé, n'apportent pas de preuves complémentaires. Il n'existe pas d'enquête globale récente qui per- Santé et nutrition 20 Manger “moins...", consommer plus ? En 2000, une étude réalisée en France dans le cadre de l'enquête nationale SU.VI.MAX1 a montré que les consommateurs d'aliments et boissons à faible teneur en sucres avaient une corpulence moyenne plus forte que les non-consommateurs et qu'ils n'avaient pas de bénéfices biologiques apparents (triglycérides, glycémie, cholestérol...). SURCONSOMMATION Parallèlement, des études ciblées sur des personnes obèses, consommant des quantités très importantes de boissons gazeuses2, montrent que certains allégés peuvent être intéressants au cas par cas, car ils permettent de réduire les apports caloriques totaux et facilitent l'adhésion au régime. Ce type d'expérience n'a pas été mené sur des populations de poids normal. ET DÉRÉGULATION ALIMENTAIRE pâtisserie, je peux bien me consoler avec deux yaourts à 0 %...” Autrement dit, non seulement les produits allégés apportent des calories, mais ce qui est sousconsommé à travers le produit allégé peut être sur-consommé d'une autre manière, par l'ingestion d'autres produits et/ou de quantités supplémentaires. Si aucune donnée scientifique ne permet de diagnostiquer un impact négatif, certains praticiens3 observent que ces produits ont des effets pervers car ils incitent à accroître fortement les quantités : “Puisque ça ne fait pas grossir, j'en reprends…” ; “C'est ½ écrémé, donc je peux en manger deux !”; “Comme j'ai résisté à l'envie d'une 1. F. Bellisle, M.A. Altenburg de Assis, B. Fieux, P. Preziosi, P. Galan, B. Guy-Grand & S. Hercberg. “Use of “light” foods and drinks in French adults: biological, anthropometric and nutritional correlates. “Appetite 2000 ; 35:277 2. A. Raben, T. H. Vasilaras, A. C. Moller & A. Astrup. “Sucrose compared with artificial sweeteners: different effects on ad libitum food intake and body weight after 10 week of supplementation in overweight subjects”, American Journal of Clinical Nutrition 2002 ; 76:721-729 3. J.P. Zermati. La fin des régimes. Hachette 1998 (263 pages) / P. Serog, J.-M. Borys. Les kilos des ados. NIL Edtions 1998 (216 pages) / J.-P. Girardet. Tribune : “Les édulcorants chez l’enfant : utiles ou délétères ?”. Objectif Nutrition n°73, septembre 2004. Santé et nutrition 21 Manger “moins...", consommer plus ? Av a n t - p r o p o s Les recherches doivent être poussées plus loin pour clarifier ces processus encore peu connus. Mais plusieurs spécialistes3 considèrent que les produits allégés peuvent entretenir les troubles du comportement et les problèmes de poids. Si l'organisme a besoin de 2 000 calories en moyenne par jour, l'individu, guidé par sa faim, va les consommer, sous quelque forme que ce soit, jusqu'à atteindre ce seuil. Dans le mécanisme du rassasiement, le cerveau mémorise la composition de l'aliment, à partir de son goût, et ajuste la quantité à consommer. C'est en effet l'association entre les propriétés sensorielles et l'impact métabolique de l'aliment qui permet l'apprentissage, puis la reconnaissance, de la valeur calorique de cet aliment. Ce processus explique l'inefficacité potentielle des produits allégés qui tendent à “leurrer” l'organisme. LE POINT DE VUE DE... Jean-Philippe Zermati, médecin nutritionniste, spécialiste du comportement alimentaire et de la régulation métabolique. “Il est totalement inutile de consommer des produits allégés pour réduire le poids ou pour prévenir le surpoids. Ces produits n'empêchent pas de grossir et aucune étude scientifique n'a pu démontrer de lien entre allégés et surpoids.” En revanche, alterner la consommation d'aliments standards et d'aliments allégés rend l'apprentissage impossible et peut brouiller le système de régulation qui a besoin de stabilité. Celui-ci serait alors dépassé par des perturbations qu'il ne parvient plus à corriger. “La consommation des produits allégés n'a, à ce jour, pas d'impact démontré sur le poids. Ils n'ont aucune influence positive, ils coûtent seulement plus cher.” (source : Grain de Sucre n°8, mars 2005) 3. J.P. Zermati. La fin des régimes. Hachette 1998 (263 pages) P. Serog, J.-M. Borys. Les kilos des ados. NIL Edtions 1998 (216 pages) J.-P. Girardet. Tribune : “Les édulcorants chez l’enfant : utiles ou délétères ?”. Objectif Nutrition n°73, septembre 2004 Santé et nutrition 22 Manger “moins...", consommer plus ? LES ENFANTS ET LES ALLÉGÉS : UN RISQUE ACCRU DE SURCONSOMMATION Par ailleurs, on ne connaît pas les effets à long terme des édulcorants de synthèse consommés en quantité régulière et importante. En donnant bonne conscience, ces produits n'encouragent pas à adopter les bons comportements alimentaires et, au final, ne rendent pas service aux enfants. Les pédiatres3 attirent l'attention sur le fait que certaines mères proposent à leurs enfants des produits allégés pour prévenir le surpoids, qu'ils soient prédisposés ou non. La consommation de ces produits ne constitue pas un danger en soi, mais induit un risque de mauvaise interprétation car les enfants pourraient imaginer que ces produits sont “sans calories” et, dès lors, les consommer en quantité importante. Cette habitude de surconsommation (par doublement des portions ou par grignotage) peut conduire à une surcharge calorique. Santé et nutrition Les pédiatres recommandent aux parents d'apprendre, avant tout, à leurs enfants à manger en quantité normale, à diversifier leur alimentation et à adopter des habitudes saines : prendre des repas à horaires réguliers, éviter le grignotage, pratiquer un exercice physique quotidien... 23 Manger “moins...", consommer plus ? 24 4 Le marché des allégés Tendance “minceur” et illusions pondérales Le marché des allégés 25 Tendance “ minceur “ et illusions pondérales Av a n t - p r o p o s LE MARCHÉ DES ALLÉGÉS TENDANCE “MINCEUR” ET ILLUSIONS PONDÉRALES Depuis le lait écrémé, pionnier de l'allégé en 1964, le concept a connu une alternance de succès et d'échecs jusqu'aux années 1990. Désormais, l'allégé est devenu plus “gourmand” et connaît une véritable explosion en s'attaquant à la quasi-totalité des types d'aliments. L'offre, toujours plus diversifiée, surfe sur la montée préoccupante de l'obésité, sur le culte de la minceur et sur une perception idéalisée des allégés. Cette tendance dynamise le marché de la consommation alimentaire en stagnation. DES PRODUITS PIONNIERS AUX NOUVELLES GÉNÉRATIONS des progrès technologiques considérables. Désormais, les écarts de goût sont moins significatifs et la sensation de “gras en bouche” peut être reconstituée. En 1964, apparaissent en France les premiers allégés : le lait écrémé, et le fromage blanc allégé en matières grasses. Après les yaourts, la margarine et le beurre allégés, les industriels multiplient les tests dans les années 70 et 80. Depuis, la demande des consommateurs ne cesse de progresser et ces produits font désormais partie des achats habituels, même si un léger fléchissement vient d'apparaître sur l'ultra-frais (yaourts, fromage blanc...). Le grand succès du lait et des produits laitiers n'empêche pas des échecs retentissants, notamment sur des produits traditionnels comme le vin, le pain, les rillettes ou encore le chocolat. L'allégement se fait alors souvent au détriment du goût et le marché tend à décliner. Les années 90 marquent une période de renaissance, grâce à Le marché des allégés Parmi les réussites commerciales les plus spectaculaires, figurent les produits laitiers (le lait 1/2 écrémé 26 Tendance “ minceur “ et illusions pondérales la marque leader a progressé de 37 % dans le monde, sans que le chiffre d'affaires de la version classique en soit affecté). est devenu la référence sur le marché du lait), les yaourts, les beurres et fromages, mais aussi les colas light (en 2003, la version allégée de L'ÈRE DE LA DIVERSIFICATION Les allégés sont aujourd'hui présents dans toutes les catégories de produits J J J J J J J J J boissons confitures, compotes confiseries biscuits (sucrés et salés) céréales morceau de sucre / 100 g”. Le consommateur trouvera également des allégés en sucres et/ou en matières grasses, mais “enrichis” en “principes actifs” (vitamines ou minéraux par exemple), qui associent “promesse minceur” et “vertus santé”. On trouve désormais des glaces, des pizzas et des charcuteries allégées... et même des produits pour animaux ! Parallèlement, une nouvelle segmentation apparaît avec des produits plus ou moins allégés. A côté des allégés “traditionnels” devenus sur certains marchés une référence “banalisée”, apparaissent de nouvelles catégories. Par exemple des gammes de produits “allégés minceur” contenant moins de 0,5 % de matières grasses et “moins d'un morceau de sucre ajouté / 100 g” voisinent avec des gammes de produits “allégés gourmands” renfermant de 0,5 à 1,7 % de matières grasses et “moins d'un Le marché des allégés potages sauces plats cuisinés glaces Enfin, la diversification se fait aussi sur les prix, avec des allégés proposés à prix réduits par la grande distribution ou les hard discounters. Ainsi, en s'attaquant aux produits gourmands et aux alicaments, chacun nuance ses allégations “allégées” pour se démarquer, regagner en visibilité et illustrer l'effort consenti en matière d'allégement. 27 Tendance “ minceur “ et illusions pondérales Av a n t - p r o p o s AU SERVICE DU CULTE DE LA MINCEUR Différents facteurs sociologiques et psychologiques se conjuguent pour expliquer cet engouement. Ainsi, plus du quart de la population adulte française de poids normal se trouve trop grosse1. Les Français sont généralement conscients de la baisse de leurs besoins énergétiques. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), il y a trente ans, un homme adulte actif avait besoin de 2800 kcal/jour en moyenne. Aujourd'hui, 2300 calories lui suffisent (1800 à 2000 pour une femme). L'engouement actuel pour les produits allégés repose sur la volonté de maigrir, d'être bien dans sa peau et en bonne santé. Près de trois quarts des Français considèrent que l'alimentation joue un rôle très important dans l'apparition de certaines maladies comme l'obésité1. Le marché des produits allégés, longtemps féminin, concerne aujourd'hui indifféremment hommes et femmes, seniors et enfants. Avec la montée de l'obésité et les recommandations de santé publique, le modèle idéalisé de la silhouette longiligne et du corps sous contrôle se conjuguent pour inciter à la gestion de l'alimentation. 1. Source : Baromètre santé Nutrition 2002, INPES Le marché des allégés 28 Tendance “ minceur “ et illusions pondérales LES FRANÇAIS CHIFFRES CLÉ DU MARCHÉ DES ALLÉGÉS EN AYANT ACHETÉ AU MOINS UN 2 PRODUIT ALLÉGÉ (Un quart d'entre eux en : J 62 % pour le lait, J 58 % pour la petite confiserie de poche sans sucre, J 52 % pour les crèmes, J 25 % pour les céréales, J 22 % pour les yaourts, J 23 % pour les fromages à pâte fraîche nature, J 20 % pour les sodas, J 11 % pour les desserts ultrafrais. LOURD3 sont devenus des consommateurs réguliers) 75% 54% 1995 PART DE MARCHÉ, LE “LIGHT” PÈSE 2004 EN 2003, le chiffre d'affaires des allégés s'est élevé à 1,75 milliards d'euros, en progression de 11 % malgré une conjoncture difficile (+3 % pour les produits standards). L’allégé est encore peu présent pour certaines catégories de produits3 : 1 % pour les tablettes de chocolat, le fromage râpé et les glaces, 2 % pour les biscuits apéritif salés et 2,5 % pour les biscuits sucrés. ENTRE 2000 ET 2002, les ventes de crèmes et de beurres allégés ont progressé de 23 %, celles des yaourts de 18 %, des colas “light” de 41 %. Mais pour la première fois, le marché de l'ultra-frais a marqué le pas en 2004 avec un recul de 9 %, contre 16 % en 2003. Le secteur des produits allégés est particulièrement innovant : en confiserie, 15 % des innovations lancées en 2003 en Europe ont un positionnement “light”, contre 6 % en 20024. 2. Enquête TNS-Média Intelligence, publiée à l'occasion du SIAL 2004 3. Source : LSA n°1901 du 7 avril 2005 4. Source : Base de données mondiale de l'innovation, Innova Le marché des allégés 29 Tendance “ minceur “ et illusions pondérales 30 5 Industrie et fabrication des allégés Formuler et fabriquer du “moins” Industrie et fabrication des allégés 31 Formuler et fabriquer du “moins” Av a n t - p r o p o s INDUSTRIE ET FABRICATION DES ALLÉGÉS FORMULER ET FABRIQUER DU “MOINS” Dans la réalité de l'industrie alimentaire, “allégé” ne signifie pas forcément “moins”, ni “sans”, mais souvent “autrement”. Dans la composition des produits, les sucres et les matières grasses jouent un rôle essentiel pour la texture, l'onctuosité ou la conservation. Les progrès technologiques et une meilleure connaissance des additifs repoussent les limites de faisabilité, mais il est toujours impossible de se passer totalement des sucres et des matières grasses. ALLÉGER EN SUCRES, ALLÉGER EN GRAS ÇA MARCHE Substituer J remplacer les matières grasses ou les sucres par des ingrédients et des additifs qui vont mimer leurs propriétés dans les aliments. Cette méthode est la plus répandue. Pour alléger un produit, trois options sont possibles : Retirer J c'est l'exemple emblématique du lait écrémé apparu dans les années 60. Ajouter J par exemple, mettre plus de viande maigre dans une saucisse pour l'alléger proportionnellement en gras ; incorporer plus d'eau pour alléger une margarine ou plus d'air pour alléger une glace. Industrie et fabrication des allégés : COMMENT 32 Formuler et fabriquer du “moins” ? PAR QUOI REMPLACER LES SUCRES En dehors des boissons, la complexité grandit car il faut retrouver le corps et la texture apportés par les sucres. D’autres édulcorants tels que les polyols (glucides modifiés), apporte 2,4 kcal/g, contre 4 kcal/g pour les glucides. Pourtant, il est souvent nécessaire de les combiner à des gélifiants, des fibres, voire des matières grasses pour retrouver la texture d'origine. En Europe, les glucides à pouvoir sucrant - c'est-à-dire les glucides simples, également appelés sucres - peuvent être remplacés par certains additifs regroupés sous le terme d'édulcorants. Pour les boissons, les édulcorants intenses (aspartame, acésulfame K, saccharine…) sont couramment utilisés. Ils apportent une saveur sucrée 100 à 300 fois plus forte que le sucre en ne fournissant quasiment pas de calories. COMMENT LIMITER LES GRAISSES ? On peut les regrouper en trois catégories : J les protéines : microparticules de protéines qui miment les propriétés des micelles de gras, J les glucides : cellulose, polydextrose, maltodextrines, amidon modifié, gommes ou fibres, type inuline, qui apportent du volume, piègent l'eau et augmentent la viscosité, J les lipides : analogues de matières grasses basse calorie ou émulsifiants qui permettent de réduire le gras tout en conservant l'émulsion. Les matières grasses jouent un rôle très important dans le goût ou la texture des aliments. Elles apportent l'onctuosité mais sont aussi des supports d'arômes et participent à la texture des aliments (aération des pâtes, formation de mousse ou d'émulsion). Pour reformuler une denrée alimentaire allégée en matières grasses, plusieurs centaines de substituts sont aujourd'hui disponibles. Industrie et fabrication des allégés ? 33 Formuler et fabriquer du “moins” Av a n t - p r o p o s Sucres et graisses ont une influence majeure sur la couleur et l'aspect, les arômes, le craquant et la texture des produits. Les consommateurs perçoivent l'écart de goût et donnent aux allégés des notes moins élevées1 : J 64 % des Français considèrent que les allégés ont moins de goût ; J 68 % des Français estiment que les produits allégés ne sont pas meilleurs pour la santé. Par ailleurs, un procédé mécanique a récemment été mis au point pour les glaces. Il consiste à travailler le mélange en double brassage à très basse température et à obtenir, au moyen d'une vis à râpe, des cristaux de glace beaucoup plus fins que la moyenne. Ce procédé renforce l'onctuosité du produit fini et accentue l'impression de gras en bouche. Les recherches menées depuis les années 90 ont repoussé les limites grâce à des substituts et à des reformulations de plus en plus complexes. Mais certains seuils de palatabilité (consistance, tenue en bouche), de conservation ou de qualités organoleptiques, ne peuvent être dépassés. Le coût des additifs ou des ingrédients de substitution et les investissements industriels de développement sont également un frein à la formulation de certains produits sans forte valeur ajoutée. 1. Enquête BVA sur les comportements alimentaires des Français, octobre 2004 Industrie et fabrication des allégés 34 Formuler et fabriquer du “moins” LE SUCRE INGRÉDIENT : UNE VALEUR TECHNOLOGIQUE ET DES PROPRIÉTÉS INDISPENSABLES À DE NOMBREUSES PRÉPARATIONS Parallèlement, les sucres structurent les confiseries et le chocolat ; ils donnent de la texture aux produits de cuisson céréaliers. Ils servent de support d'arômes pour les produits à base de fruits, apportent une coloration et une aromatisation naturelle en biscuiterie. Les sucres simples - dont le saccharose - sont ajoutés aux aliments dans les proportions juste nécessaires pour leur apport de saveur sucrée et pour leurs propriétés technologiques. Sans les sucres, la conservation naturelle est moins bien assurée, notamment pour les sirops ou les confitures. Dans les produits allégés, la limitation des sucres conduit fréquemment à l'ajout de conservateurs ou de correcteurs d'acidité. Industrie et fabrication des allégés 35 Formuler et fabriquer du “moins” 36 6 Sucre, alimentation et maîtrise pondérale Un nutriment de l'équilibre alimentaire Sucre, alimentation et maîtrise pondérale 37 Un nutriment de l'équilibre alimentaire Av a n t - p r o p o s SUCRE, UN ALIMENTATION ET MAÎTRISE PONDÉRALE NUTRIMENT DE L'ÉQUILIBRE ALIMENTAIRE Une alimentation équilibrée repose avant tout sur la diversité des aliments consommés au cours de la semaine et sur des quantités adaptées aux besoins énergétiques. Consommer allégé ne semble pas efficace pour maigrir car cela ne modère pas nécessairement l'apport calorique. D'autant que dans le cadre spécifique d'une démarche d'amincissement, le sucre peut contribuer à la réussite des régimes minceur. MAÎTRISE PONDÉRALE : L'ALIMENTATION RÉDUIRE LA DENSITÉ ÉNERGÉTIQUE DE Les glucides et la saveur sucrée, au niveau physiologique comme au niveau sensoriel, sont les principaux agents de régulation du cycle faim/satiété. Un régime pauvre en glucides aura donc pour conséquence d'augmenter la prise alimentaire, notamment en accroissant la densité énergétique via les lipides, avant d'arriver à l'état de satiété. À l'inverse, des repas riches en glucides, plus satiétogènes1 que des repas riches en lipides, contribuent directement à la réduction de l'apport énergétique. Pour fonctionner, l'organisme a besoin de glucides, de protéines, de lipides, d'eau, de vitamines et de minéraux. L'équilibre de l'alimentation repose en priorité sur la diversité des aliments consommés au cours des différents repas de la journée, voire de la semaine. A poids égal, la quantité d'énergie apportée par les glucides est plus faible que pour les lipides (voir encadré p. 10). C'est pourquoi la chasse aux kilos superflus passe avant tout par la réduction de la densité énergétique de l'alimentation, notamment par la réduction des lipides. Sucre, alimentation et maîtrise pondérale 38 Un nutriment de l'équilibre alimentaire ble) que cette saveur sucrée confère aux aliments, puis en la freinant par le déclenchement du rassasiement. Un régime sans saveur sucrée peut être peu rassasiant : en effet, celle-ci contribue à moduler la prise alimentaire en la stimulant, par la palatabilité (son caractère agréa- RÉGIME MINCEUR : FAVORISER L'ACCEPTATION ET L'EFFICACITÉ On sait aujourd'hui que le maintien du sucre est un facteur déterminant pour l'adhésion à un régime, chez les personnes qui apprécient le sucre. D'un point de vue physiologique, ce phénomène s'explique par la forte palatabilité du sucre : en maintenant un niveau minimum de plaisir dans le régime, la saveur sucrée contribue à en augmenter l'acceptation. consommation associée à une permissivité accrue : “c'est moins calorique, je peux donc en manger plus…”. La plupart des régimes amincissants proposent soit un régime “sans sucre avec édulcorant”, soit un régime “sans sucre ni édulcorant”. Le régime doit procurer du plaisir afin d'être accepté et suivi de manière efficace. Dans une optique d'adhésion au régime sur le long terme, de motivation et de réussite des efforts entrepris, le sucre, pour les personnes qui l'apprécient, ne doit donc pas être exclu a priori du régime2. La seconde pratique engendre des repas tristes et monotones, favorisant le risque d'abandon prématuré de l'effort. Avec, dans les deux cas, une perspective d'échec de la démarche d'amincissement. La première pratique aurait pour effet pervers d'encourager une sur 1. Qui procure une sensation de satiété 2. West JA, De Looy AE. Weight loss in overweight subjects following low-sucrose or sucrose containing diets. International Journal of Obesity 2001 ; 25(11) : 22-28 Sucre, alimentation et maîtrise pondérale 39 Un nutriment de l'équilibre alimentaire Av a n t - p r o p o s sations essentielles de l'alimentation : faim, appétit, plaisir, satiété... Même en période de régime, il est essentiel de maintenir son équilibre. Or, le véritable équilibre nutritionnel est celui qui prend en compte les différentes fonctions de l'alimentation : fonctions biologiques (harmonie entre les apports fournis par les aliments et les besoins quotidiens de l'organisme), mais également fonctions sociales et psychologiques : plaisir, convivialité, symbolique liés à l'alimentation… Sans oublier qu'en matière d'amincissement, aucun résultat durable ne peut être acquis dans la frustration, facteur de stress. Dans ce domaine, les récents travaux des psychologues et spécialistes de la nutrition1 ont mis en lumière les conséquences dommageables des cycles plaisir/culpabilité, frustration/permissivité, récompense/ effort, restriction/désinhibition. Pour réguler ou diminuer son poids, il est primordial de se réconcilier avec la nourriture. Il s'agit avant tout de déculpabiliser le plaisir de manger, notamment en dédramatisant la consommation des aliments considérés comme interdits. Ces cycles, qui accompagnent les recours périodiques aux régimes (et qui, de fait, sanctionnent l'échec des tentatives de stabilisation du poids), conduisent, sur le long terme, à une profonde dérégulation des conduites alimentaires. Pour celles et ceux qui ont le plus de difficultés à gérer leurs apports alimentaires, il est indispensable d'apprendre à redécouvrir les sen- 1. G. Apfeldorfer. Maigrir, c'est dans la tête. Odile Jacob 2004 (360 pages) B. Waysfeld. Le Poids et Moi. Armand Colin 2003 (312 pages) J.-P. Zermati. Maigrir sans régime. Odile Jacob 2002 (416 pages) Sucre, alimentation et maîtrise pondérale 40 Un nutriment de l'équilibre alimentaire 7 Cedus Le Centre d'études et de documentation du sucre Cedus 41 Le Centre d'études et de documentation du sucre Av a n t - p r o p o s CEDUS LE CENTRE D'ÉTUDES ET DE DOCUMENTATION DU SUCRE Le Cedus est un organisme interprofessionnel de la filière betterave-cannesucre. Depuis sa création, en 1932, il a pour mission d'assurer l'information et la documentation sur le sucre. En collaboration avec des experts techniques et scientifiques, le Cedus soutient différents programmes de recherche et collabore avec des organismes et institutions impliqués dans les domaines de la nutrition, de l'alimentation et de la santé. POUR UNE ALIMENTATION SAINE ET ÉQUILIBRÉE Santé…), le Cedus encourage la recherche et favorise la diffusion des connaissances dans le domaine des glucides auprès des professionnels de santé. En concertation permanente avec les organismes spécialisés, professionnels ou publics, le Cedus s'attache à faire mieux connaître le rôle et la place du sucre dans le cadre d'une alimentation saine et variée et d'un mode de vie équilibré. Notamment par le dialogue et par l'échange d'informations avec les professionnels de santé publique. À travers son expérience des marchés du sucre et des produits sucrés, et grâce à l'ensemble des données fournies par le “Baromètre Sucre” biennal, le Cedus propose également aux industries alimentaires utilisatrices une photographie des usages et des attitudes des consommateurs vis-à-vis du sucre et des produits sucrés. En apportant son soutien à l'Institut Benjamin Delessert, à différents travaux universitaires ainsi qu'à de nombreuses autres initiatives (Fondation pour la recherche médicale, étude Fleurbaix Laventie Ville Cedus 42 Le Centre d'études et de documentation du sucre INFORMATION ET DOCUMENTATION J une bibliothèque historique, scientifique, technologique et médicale, économique et gastronomique dont le fonds s'enrichit chaque année, J des outils d’information en ligne (www.lesucre.com et www.extrasucre.org), J une photothèque riche de 4 000 images libres de droits, J une culinothèque constamment actualisée qui rassemble plus de 5 000 recettes sucrées, dont 2 000 illustrées. Le Cedus est un centre de ressources complet, équipé pour répondre aux besoins de ses différents interlocuteurs : journalistes, enseignants généralistes et spécialisés, formateurs et étudiants des métiers de bouche et de la restauration, gestionnaires de collectivités, pouvoirs publics, professionnels de la santé, acteurs sociaux, grand public… Outre la réalisation et la diffusion de nombreux documents imprimés, audiovisuels ou numériques, le Cedus met à disposition de tous ses interlocuteurs : FORMATION ET PROMOTION DU GOÛT Le Cedus est également partenaire de la Semaine du Goût qui, créée en 1990 par la Collective du sucre permet, chaque année, à 100 000 élèves de recevoir les “Leçons de goût” délivrées par 5 000 chefs et professionnels de la gastronomie. Contribuant activement à l'enseignement professionnel du sucre et de ses utilisations, le Cedus fournit différents supports pédagogiques aux lycées hôteliers et établissements spécialisés : dossiers techniques, cédéroms et vidéos culinaires, ateliers de formation… En outre, le Cedus participe en permanence à de nombreux événements et manifestations : Salon international de l'agriculture, rencontres et salons professionnels, expositions à objet culturel, scientifique ou gastronomique, manifestations gourmandes... En partenariat avec l'Éducation nationale et les instances professionnelles, le Cedus organise chaque année, et cela depuis 30 ans, le Championnat de France du dessert, ouvert aux élèves et aux professionnels de la restauration. Cedus 43 Le Centre d'études et de documentation du sucre P RO D U I T S A L L É G É S A M I S . . . O U FA U X A M I S ? www.lesucre.com CONTACT PRESSE HOPSCOTCH - Mélanie Cotte Tél. : 01 58 65 00 43 - Fax : 01 58 65 00 03 40 rue d'Aboukir - 75002 Paris - [email protected] Édition 2005 La meilleure source d’information sur le sucre et les produits sucrés