produits allégés

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produits allégés
JUIN 2005
DOSSIER DE PRESSE
PRODUITS ALLÉGÉS
A M I S . . . O U FA U X A M I S ?
Av a n t - p r o p o s
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS
4
1. DÉCRYPTAGE (I)
6
Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ?
12
2. DÉCRYPTAGE (II)
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
3. SANTÉ
20
ET NUTRITION
Manger “moins...”, consommer plus ?
4. LE
MARCHÉ DES ALLÉGÉS
26
Tendance “minceur” et illusions pondérales
5. INDUSTRIE
ET FABRICATION DES ALLÉGÉS
32
Formuler et fabriquer du “moins”
6. SUCRE,
ALIMENTATION ET MAÎTRISE PONDÉRALE
Un nutriment de l'équilibre alimentaire
38
7. CEDUS
Le Centre d'études et de documentation du sucre
42
2
AVANT-PROPOS
Apparus dans les années 60 avec le lait écrémé, les produits
allégés sont désormais présents dans la plupart des catégories
d'aliments. Plutôt féminine et saisonnière à l'origine, la consommation de ces produits s'est généralisée : elle est maintenant régulière
pour 25% de la population française.
Le marché des allégés, fortement dépendant des innovations, sert
de relais de croissance pour l'industrie agroalimentaire. Pourtant,
l'impact des allégés sur la santé demeure peu documenté, ce qui
soulève des interrogations sur leur rôle.
Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ? Quelle est la réglementation en
vigueur ? Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ? Les produits allégés font-ils mincir ? Leur succès est-il fondé sur des bases
scientifiques ?
Ce dossier de presse propose un panorama des connaissances
actuelles sur les produits allégés et passe en revue quelques idées
reçues afin de mieux cerner cette tendance de l'alimentation.
3
4
1
Décryptage (I)
Qu’est-ce qu’un produit “allégé” ?
Décryptage (I)
5
Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ?
Av a n t - p r o p o s
DÉCRYPTAGE (I)
QU'EST-CE
QU'UN PRODUIT “ALLÉGÉ”
?
Peu de consommateurs le savent : un produit “allégé” n'est pas
toujours allégé en calories. Cette appellation recouvre une réalité
hétérogène où se confondent les notions de seuil quantitatif et/ou
de composition qualitative des produits.
Allégé en sucres, en graisses ou en calories ? Allégé en glucides,
en sucres, ou en sucre ? Allégé par rapport à quoi ?
Les spécialistes eux-mêmes ont du mal à s'y retrouver. Y compris
au niveau de la Commission européenne qui, devant la complexité
des critères à prendre en compte, peine à élaborer un projet de
1
réglement cohérent et opérationnel .
REPÈRES
ET DÉFINITIONS
La mention “allégé” est synonyme des
appellations “à teneur réduite en…”
ou “light”.
Selon la législation en vigueur (voir
p. 10), un produit peut être défini
comme “allégé” lorsque sa teneur en
un nutriment ou sa valeur calorique
est réduite d'au moins 25 % en
poids par rapport à un produit de
référence.
De plus, l'étiquette du produit devrait :
J indiquer au consommateur en
quoi ce produit est allégé,
J mentionner le produit de référence
par rapport auquel ce produit est
allégé.
L'allégement peut donc concerner :
J soit les éléments qui entrent dans
la composition du produit (matières
grasses, sucres…),
J soit la valeur calorique totale du
produit.
Au-delà de cette simplicité apparente,
l'allégé est une notion à géométrie
variable et, dans la plupart des cas,
méconnue des consommateurs.
1. Ce projet de réglement européen concerne l'ensemble des allégations nutritionnelles et de santé, y
compris celles relatives aux produits allégés.
Décryptage (I)
6
Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ?
“light”, un produit doit contenir au
minimum 25 % de sucres en moins
que le produit standard.
LE CAS DES ALLÉGÉS EN SUCRES
Pour être “allégé en sucres”,
“à teneur réduite en sucres” ou
LA NOTION “ALLÉGÉ EN SUCRES” NE DOIT PAS ÊTRE ASSIMILÉE AUX APPELLATIONS SUIVANTES (QUI ONT
LEUR PROPRE CADRE RÉGLEMENTAIRE)
“Sans sucres”
J
pas plus de 0,5 g de sucres
simples pour 100 g ou 100 ml
“À faible teneur en sucres",
J
“faible en sucres”
pas plus de 5 g de sucres pour 100 g (produit
solide) ou de 2,5 g pour 100 ml (produit
liquide)
“Sans sucres
ajoutés” 1
sans addition de mono- ou disaccharides, ni
aucune substance sucrante.
LE
J
beurre est qualifié d'“allégé” ou de
“à teneur réduite en matières
grasses”.
CAS DES ALLÉGÉS EN MATIÈRES
GRASSES
Pour les matières grasses d'origine
laitière ou végétale, l'allégement
varie de 0 à 40 % de matières grasses selon des normes européennes.
J Entre 39 et 41%, un beurre est
“léger”, “light” ou “à faible teneur
en matières grasses”.
Un beurre ou une margarine standard
contient plus de 80 % de matières
grasses.
J Entre 10 et 39 %, l'appellation
“beurre” n'est plus autorisée, et le
produit entre dans la catégorie des
“matières grasses laitières à
tartiner”.
J Entre 41 et 62 % de matières
grasses, une margarine ou un
1. A ce jour, le projet de réglement européen sur les allégations nutritionnelles et de santé propose,
dans le cas de l’allégation “sans sucres ajoutés”, d’indiquer la mention “le produit contient des sucres
naturellement présents”.
Décryptage (I)
7
Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ?
Av a n t - p r o p o s
Le niveau d'allégement
en graisses peut varier
du simple au double...
Mais le produit reste perçu par le
consommateur comme appartenant
à l'univers générique des allégés.
Les crèmes peuvent être indifféremment “légères” ou “allégées”
pour une teneur en matières grasses entre 12 et 30 % (la crème crue
standard se situant entre 30 et 40
% de matières grasses).
ALLÉGÉS
EN GRAISSES, EN SUCRES OU EN CALORIES
duit par rapport à un produit de
référence, mais celui-ci n'est pas
clairement défini par la législation.
Dans l'esprit des consommateurs,
“allégé” veut souvent dire “moins
calorique” : c'est sur cette association implicite que se base la motivation d'achat du consommateur.
Ainsi, “0 % de matières
grasses” est rarement
équivalent à “0 % de calories”. De même, “allégé en sucres”
ne veut pas toujours dire “allégé en
calories” et vice-versa.
En réalité, cette association n'est
pas toujours fondée :
J certains produits sont allégés à
la fois en matières grasses ou en
sucres et en calories,
J d'autres sont allégés en matières grasses ou en sucres mais pas
en calories.
Encore plus nuancé, l'allégement
en sucres n'implique pas nécessairement un allégement en glucides
totaux. Certains produits “sans
sucres ajoutés” ou “à faible teneur
en sucres” contiennent autant de
glucides (et de sucres simples)
pour deux fois moins de lipides, ou
autant de calories mais beaucoup
plus de graisses que leurs homologues standard.
En effet, la législation n'impose pas
un allégement calorique global et
offre aux fabricants l'alternative
entre nutriments et calories.
Parallèlement, la notion d'allégé
concerne la composition d'un pro-
Décryptage (I)
?
8
Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ?
Enfin, les gammes de produits suggérant un “effet minceur”, qui ne
rentrent pas dans un cadre réglementaire défini, ne précisent pas
toujours si le produit est “allégé
en…” ou “sans…”.
LA
VALEUR ÉNERGÉTIQUE : RAPPEL
J 1 g de lipides apporte 9 kcal.
J 1 g de glucides ou de
protéines apporte 4 kcal.
RÉGLEMENTATION FRANÇAISE ET EUROPÉENNE
concerné. Il précise que les mentions “allégé” et “à teneur réduite
en…” doivent être considérées
comme synonymes.
En France, la réglementation en
vigueur s'inspire du Codex alimentarius, la référence internationale,
qui a défini en 1997 le terme
“allégé” par la réduction de la
teneur d'un nutriment ou de la
valeur calorique d'au moins 25 %
par rapport à un produit de référence.
Plusieurs définitions coexistent de
manière
complémentaire.
La
Cedap2 et le Conseil national de la
consommation3 ont retenu le même
niveau de réduction que le Codex
pour l'allégement : 25 %.
Le Bulletin d'information et de documentation de la DGCCRF4 a
reconnu que pour le consommateur, le terme “light” est synonyme
d'“allégé” sur l'étiquetage des denrées alimentaires.
Ainsi, l'allégement peut concerner
soit la composition du produit
(gras, sucres…), soit sa valeur
calorique totale. Le Codex recommande que les étiquettes indiquent
en quoi ce produit est allégé et
mentionnent le produit de référence
2. Commission interministérielle d'étude des produits destinés à une alimentation particulière (Cedap),
avis du 8 juillet 1998.
3. Note CNC du 12 juin 1987.
4. Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, BID
1993 n°5, pp.6-7, n°93-161 ; BID 1993 n°2, p. 8, n°93-041
Décryptage (I)
9
Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ?
Av a n t - p r o p o s
Ce projet propose également d'établir des “profils nutritionnels”
auxquels les produits devront se
conformer pour pouvoir revendiquer
telle ou telle allégation.
Par exemple, un fromage de type
Emmental, qui contient beaucoup
de matières grasses, ne pourrait
peut-être plus revendiquer sa
richesse en calcium.
Au niveau européen, un projet de
réglement est en préparation pour
harmoniser les conditions d'utilisation et les libellés des allégations
nutritionnelles et de santé sur les
produits alimentaires.
En l'état actuel des discussions
(juin 2005), il prévoit notamment de
porter sur trois points pour les allégés :
Ce concept est l'objet de nombreux débats car il introduirait
une discrimination entre “bons”
et “mauvais” nutriments ou
aliments, alors que ce sont les
comportements alimentaires plus
ou moins adaptés qui sont en question. Par ailleurs, cette démarche
impliquerait la mise au point de
critères multiples et complexes, difficiles à établir.
J le niveau de réduction (à ce
jour, au moins 30 % pour la valeur
calorique, les sucres et les matières
grasses),
J la mention du nutriment
concerné,
J l'obligation de comparaison par
rapport à une référence.
Il précise par ailleurs que le terme
“light” devrait être considéré comme
synonyme de “à teneur réduite
en...”.
Décryptage (I)
10
Qu'est-ce qu'un produit “allégé” ?
2
Décryptage (II)
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
Décryptage (II)
11
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
Av a n t - p r o p o s
DÉCRYPTAGE (II)
QUE
DISENT
-
OU NE DISENT PAS
-
LES ÉTIQUETTES
?
L'examen attentif des étiquettes de produits confirme la difficulté de
comparer les produits entre eux et de déterminer la référence par rapport
à laquelle le produit se définit en tant qu'allégé. Cette démarche permet de
s'interroger à la fois sur la complexité des formules ainsi que sur les
additifs que la substitution des ingrédients impose.
en utilisant les informations disponibles sur les étiquettes des produits
et sur les tables de composition
nutritionnelle existantes1.
Le Département scientifique du
Cedus a analysé la composition de
catégories de produits alimentaires
courants dits “allégés” ou revendiquant une teneur réduite soit en
calories, soit en sucres, soit en
matières grasses. Ces produits ont
été comparés avec une “référence”
constituée du ou des produits
représentatifs de la même catégorie d'aliments.
Cette comparaison a été effectuée
L'analyse concerne les catégories
suivantes : les yaourts aux fruits, le
chocolat, les confitures et desserts
fruitiers, les biscuits céréales et
chocolat, les génoises avec fourrage fruits et les boissons à base de
jus de fruits et de lait.
YAOURTS
Yaourt aux fruits
Valeurs
pour 100 g
Calories
(kcal)
Yaourt nature sucré
Moyenne Moyenne
Différence
Allégés Référence Allégés/Référence
Yaourt
nature
sucré
Différence
Allégé aux fruits /
Nature sucré
65
101
-36%
75
-13%
Protéines (g)
4
3,2
+25%
3,7
+8%
Glucides (g)
10
16,4
-39%
12,5
-20%
Lipides (g)
0,5
2,5
-80%
0,9
-44%
Décryptage (II)
12
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
La contrepartie de l’allégement est
une formulation qui se complexifie
en ingrédients et en additifs, avec,
par rapport aux yaourts classiques,
l'utilisation d'épaississants, de stabilisants ou de gélifiants pour
retrouver la consistance et d'édulcorants intense pour remplacer le
sucre.
Les réductions de lipides et/ou de
sucres dans les yaourts aux fruits
aboutissent à des allègements sensibles en calories.
Pourtant, certains yaourts aux
fruits allégés peuvent afficher
des valeurs caloriques assez
élevées, souvent supérieures à un
yaourt nature (45-50 kcal pour
100 g) et proches de celle d'un
yaourt nature sucré classique
(75 kcal pour 100 g).
CHOCOLAT
Différence
Sans sucres
/Référence
Moyenne
Sans sucres
Moyenne
Référence
Calories (kcal)
476
510
-7%
Protéines (g)
5,8
4,7
+23%
Glucides (g)
40
57
-30%
Lipides (g)
40
30
+33%
Valeurs pour 100 g
édulcorants intenses), la teneur en
lipides augmente dans une proportion équivalente, et les substituts du sucre apportent également
des calories.
Parmi les produits étudiés, aucun
chocolat “sans sucres” n'apporte
de réduction calorique globale.
Bien que la teneur en sucres soit
fortement réduite (remplacement
total du sucre par des polyols et des
1.Sources :
- Répertoire Général des Aliments, INRA-CIQUAL, JC Favier et al., Lavoisier, 1995
- Savoir manger, le guide des aliments, JM Cohen/ P Serog, Flammarion, 2004
- Base Innova/Nutrimarketing, mai 2005
Décryptage (II)
13
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
Av a n t - p r o p o s
CONFITURES
ET DESSERTS FRUITIERS
Confitures
Valeurs
pour 100g
Moyenne
Allégés
Moyenne
Référence
Différence
Allégés/Référence
Calories (kcal)
185
250
-26%
Protéines (g)
0,4
0,5
-20%
Glucides (g)
45
60
-25%
45
60
-25%
0,1
0,1
0%
dont sucres (g)
Lipides (g)
res sèches (constituées pour l'essentiel des sucres des fruits et des
sucres ajoutés). Elles doivent,
après ouverture, être conservées
impérativement au réfrigérateur car
la teneur totale en sucres n'est plus
suffisante pour éviter la croissance
des moisissures.
Les confitures peuvent être allégées en sucres en réduisant la
proportion de sucre ajouté ou par
substitution du sucre par du
fructose additionné de pectines
(gélifiant).
Ces versions allégées renferment
alors plus d'eau et moins de matiè-
Desserts fruitiers type compote
Valeurs
pour 100g
Moyenne
Allégés
Moyenne
Référence
Différence
Allégés/Référence
Calories (kcal)
73
89
-18%
Protéines (g)
0,3
0,3
0%
Glucides (g)
17
21
-19%
Lipides (g)
0,4
0,4
0%
Décryptage (II)
14
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
vitamines ou minéraux.
Mais les sucres des fruits viennent
compenser le sucre (saccharose)
qui a été retiré et l'allègement, en
calories comme en sucres est la
plupart du temps inférieur au seuil
réglementaire minimum de 25 %.
Dans certains desserts fruitiers de
type compote, l'allègement se fait
au travers de la recette (un certain
pourcentage de fruits remplaçant
un certain pourcentage de sucre),
ce qui pourrait sembler intéressant
en termes d'apports en fibres,
BISCUITS
CÉRÉALES ET CHOCOLAT
Valeurs
pour 100g
Moyenne
Allégés
Moyenne
Référence
Différence
Allégés/Référence
Calories (kcal)
440
455
-3%
Protéines (g)
7,5
6,5
+15%
Glucides (g)
66
68
-3%
21
30
-30%
16
17,5
-9%
dont sucres (g)
Lipides (g)
de céréales et en substituant une
partie du sucre par des fibres du
type fructo-oligosaccharides (qui
apportent aussi un pouvoir sucrant)
mais aussi en réduisant le pourcentage de chocolat.
Cette catégorie montre des
exemples de produits allégés en
sucres sans pour autant être allégés sensiblement en calories
(faible gain de 3%), ni même en
lipides.
L'allègement en sucres est ici
obtenu en augmentant la proportion
Décryptage (II)
15
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
Av a n t - p r o p o s
GÉNOISES
Valeurs
pour 100g
AVEC FOURRAGE FRUITS
Moyenne
Allégés
Moyenne
Référence
Différence
Allégés/Référence
Calories (kcal)
335
378
-11%
Protéines (g)
5
4,8
+4%
Glucides (g)
60
69
-13%
34
41
-17%
7,5
9,3
-19%
dont sucres (g)
Lipides (g)
les valeurs caloriques des produits
classiques sont assez proches de
celles des produits revendiquant un
allègement ou une meilleure qualité
nutritionnelle.
L'allègement au sens réglementaire du terme (-25 % minimum)
n'est pas constaté, ni en calories,
ni même en sucres ou en lipides.
Pour ce type de produits, une base
génoise avec un fourrage aux fruits,
BOISSONS
Valeurs
pour 100g
À BASE DE JUS DE FRUITS ET DE LAIT
Moyenne
Allégés
Moyenne
Référence
Différence
Allégés/Référence
Calories (kcal)
26
48
-46%
Protéines (g)
0,8
0,7
+14%
Glucides (g)
5,5
11,1
-50%
Lipides (g)
0,1
0,1
0%
fructose et d'édulcorants intenses,
la réduction calorique dans les
versions allégées de cette catégorie de produits est significative.
Comme le montre le tableau cidessus, les versions allégées en
sucres sont réellement allégées en
calories. Obtenue par la substitution
du sucre par un mélange de
Décryptage (II)
16
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
Selon les catégories de
produits, les allègements
en lipides ou en sucres
sont rendus possibles par des formulations ingrédients/additifs plus
complexes : mélanges d'édulcorants intenses et de type polyols
pour retrouver la saveur sucrée,
gélifiants et texturants qui piègent
l'eau des produits pour restaurer la
structure ou la texture, correcteurs
d'acidité ou conservateurs pour
retrouver une durée de conservation satisfaisante lorsque l'on réduit
la teneur en matières sèches.
En dehors des boissons,
les allègements en lipides ou en sucres ne se
traduisent pas, le plus souvent, par
l'allègement en calories qu'attendent les consommateurs. Dans
certains cas, l'allègement est inférieur au seuil de 25 % prévu par la
réglementation.
L'information sur le produit de référence par rapport auquel l'allègement
est évalué n'est pas toujours facilement identifiable par les consommateurs (version classique de la
même marque, moyenne de la
catégorie, recette antérieure…).
Décryptage (II)
17
Que disent - ou ne disent pas - les étiquettes ?
18
3
Santé et nutrition
Manger “moins...”, consommer plus ?
Santé et nutrition
19
Manger “moins...", consommer plus ?
Av a n t - p r o p o s
SANTÉ
ET NUTRITION
MANGER “MOINS...”,
CONSOMMER PLUS
?
Aujourd'hui, il n'est pas prouvé scientifiquement que les allégés font
maigrir. Les données sont rares et difficiles à interpréter. Quant à un éventuel effet négatif : des spécialistes s'interrogent. L'allégé pourrait conduire,
dans certains cas, à une surconsommation de compensation et favoriser
les risques de dérèglement du comportement alimentaire. Et aboutir à
l'effet inverse...
UNE
CARENCE DE DONNÉES SCIENTIFIQUES
mette d'évaluer au niveau national
la consommation de produits allégés et son impact auprès de personnes en bonne santé ou en léger
surpoids.
Aucune étude ne permet de dire
que les produits allégés font maigrir
ou permettent de contrôler son
poids à long terme. Les études
scientifiques sur l'influence des
allégés sur le poids sont peu nombreuses, car il est extrêmement difficile de contrôler l'effet exclusif
d'une catégorie d'aliments dans
une alimentation diversifiée, en raison du grand nombre de facteurs
confondants.
Seules quelques enquêtes épidémiologiques réalisées auprès de
gros consommateurs de produits
allégés ou auprès de populations en
surpoids ou obèses sont disponibles.
Les enquêtes publiées à ce jour
constatent que les consommateurs
de produits “light” n'ont pas un poids
inférieur aux autres, et que les populations en surpoids sont, elles aussi,
de fortes consommatrices d'allégés.
Les études d'observation qui révèlent des associations entre un
mode de consommation et un état
de santé, n'apportent pas de preuves complémentaires. Il n'existe pas
d'enquête globale récente qui per-
Santé et nutrition
20
Manger “moins...", consommer plus ?
En 2000, une étude réalisée en
France dans le cadre de l'enquête
nationale SU.VI.MAX1 a montré que
les consommateurs d'aliments et
boissons à faible teneur en sucres
avaient une corpulence moyenne
plus forte que les non-consommateurs et qu'ils n'avaient pas de
bénéfices biologiques apparents
(triglycérides, glycémie, cholestérol...).
SURCONSOMMATION
Parallèlement, des études ciblées
sur des personnes obèses,
consommant des quantités très
importantes de boissons gazeuses2, montrent que certains allégés
peuvent être intéressants au cas
par cas, car ils permettent de
réduire les apports caloriques
totaux et facilitent l'adhésion au
régime. Ce type d'expérience n'a
pas été mené sur des populations
de poids normal.
ET DÉRÉGULATION ALIMENTAIRE
pâtisserie, je peux bien me consoler
avec deux yaourts à 0 %...”
Autrement dit, non seulement les
produits allégés apportent des calories, mais ce qui est sousconsommé à travers le produit
allégé peut être sur-consommé
d'une autre manière, par l'ingestion
d'autres produits et/ou de quantités
supplémentaires.
Si aucune donnée scientifique ne
permet de diagnostiquer un impact
négatif, certains praticiens3 observent que ces produits ont des effets
pervers car ils incitent à accroître
fortement les quantités : “Puisque
ça ne fait pas grossir, j'en
reprends…” ; “C'est ½ écrémé,
donc je peux en manger deux !”;
“Comme j'ai résisté à l'envie d'une
1. F. Bellisle, M.A. Altenburg de Assis, B. Fieux, P. Preziosi, P. Galan, B. Guy-Grand & S. Hercberg.
“Use of “light” foods and drinks in French adults: biological, anthropometric and nutritional correlates.
“Appetite 2000 ; 35:277
2. A. Raben, T. H. Vasilaras, A. C. Moller & A. Astrup. “Sucrose compared with artificial sweeteners:
different effects on ad libitum food intake and body weight after 10 week of supplementation in overweight subjects”, American Journal of Clinical Nutrition 2002 ; 76:721-729
3. J.P. Zermati. La fin des régimes. Hachette 1998 (263 pages) / P. Serog, J.-M. Borys. Les kilos des
ados. NIL Edtions 1998 (216 pages) / J.-P. Girardet. Tribune : “Les édulcorants chez l’enfant : utiles ou
délétères ?”. Objectif Nutrition n°73, septembre 2004.
Santé et nutrition
21
Manger “moins...", consommer plus ?
Av a n t - p r o p o s
Les recherches doivent
être poussées plus loin
pour clarifier ces processus encore peu connus. Mais plusieurs spécialistes3 considèrent que
les produits allégés peuvent entretenir les troubles du comportement
et les problèmes de poids.
Si l'organisme a besoin de 2 000
calories en moyenne par jour, l'individu, guidé par sa faim, va les
consommer, sous quelque forme
que ce soit, jusqu'à atteindre ce
seuil.
Dans le mécanisme du rassasiement, le cerveau mémorise la composition de l'aliment, à partir de son
goût, et ajuste la quantité à
consommer. C'est en effet l'association entre les propriétés sensorielles et l'impact métabolique de
l'aliment qui permet l'apprentissage, puis la reconnaissance, de la
valeur calorique de cet aliment. Ce
processus explique l'inefficacité
potentielle des produits allégés qui
tendent à “leurrer” l'organisme.
LE POINT DE VUE DE...
Jean-Philippe Zermati, médecin
nutritionniste, spécialiste du comportement alimentaire et de la
régulation métabolique.
“Il est totalement inutile de
consommer des produits allégés
pour réduire le poids ou pour prévenir le surpoids. Ces produits
n'empêchent pas de grossir et
aucune étude scientifique n'a pu
démontrer de lien entre allégés et
surpoids.”
En revanche, alterner la consommation d'aliments standards et
d'aliments allégés rend l'apprentissage impossible et peut brouiller le
système de régulation qui a besoin
de stabilité. Celui-ci serait alors
dépassé par des perturbations qu'il
ne parvient plus à corriger.
“La consommation des produits
allégés n'a, à ce jour, pas d'impact démontré sur le poids. Ils
n'ont aucune influence positive,
ils coûtent seulement plus cher.”
(source : Grain de Sucre n°8, mars
2005)
3. J.P. Zermati. La fin des régimes. Hachette 1998 (263 pages)
P. Serog, J.-M. Borys. Les kilos des ados. NIL Edtions 1998 (216 pages)
J.-P. Girardet. Tribune : “Les édulcorants chez l’enfant : utiles ou délétères ?”. Objectif Nutrition n°73,
septembre 2004
Santé et nutrition
22
Manger “moins...", consommer plus ?
LES
ENFANTS ET LES ALLÉGÉS
: UN
RISQUE ACCRU
DE SURCONSOMMATION
Par ailleurs, on ne connaît pas les
effets à long terme des édulcorants
de synthèse consommés en quantité régulière et importante. En donnant bonne conscience, ces produits n'encouragent pas à adopter
les bons comportements alimentaires et, au final, ne rendent pas service aux enfants.
Les pédiatres3 attirent l'attention sur
le fait que certaines mères proposent à leurs enfants des produits
allégés pour prévenir le surpoids,
qu'ils soient prédisposés ou non.
La consommation de ces produits
ne constitue pas un danger en soi,
mais induit un risque de mauvaise
interprétation car les enfants pourraient imaginer que ces produits
sont “sans calories” et, dès lors, les
consommer en quantité importante.
Cette habitude de surconsommation (par doublement des portions ou par grignotage) peut
conduire à une surcharge calorique.
Santé et nutrition
Les pédiatres recommandent aux parents d'apprendre, avant tout, à
leurs enfants à manger en quantité normale, à diversifier leur
alimentation et à adopter des
habitudes saines : prendre des
repas à horaires réguliers, éviter le
grignotage, pratiquer un exercice
physique quotidien...
23
Manger “moins...", consommer plus ?
24
4
Le marché des allégés
Tendance “minceur” et illusions pondérales
Le marché des allégés
25
Tendance “ minceur “ et illusions pondérales
Av a n t - p r o p o s
LE
MARCHÉ DES ALLÉGÉS
TENDANCE “MINCEUR” ET
ILLUSIONS PONDÉRALES
Depuis le lait écrémé, pionnier de l'allégé en 1964, le concept a connu une
alternance de succès et d'échecs jusqu'aux années 1990. Désormais,
l'allégé est devenu plus “gourmand” et connaît une véritable explosion en
s'attaquant à la quasi-totalité des types d'aliments. L'offre, toujours plus
diversifiée, surfe sur la montée préoccupante de l'obésité, sur le culte de la
minceur et sur une perception idéalisée des allégés. Cette tendance dynamise le marché de la consommation alimentaire en stagnation.
DES
PRODUITS PIONNIERS AUX NOUVELLES GÉNÉRATIONS
des progrès technologiques considérables.
Désormais, les écarts de goût sont
moins significatifs et la sensation
de “gras en bouche” peut être
reconstituée.
En 1964, apparaissent en France
les premiers allégés : le lait écrémé,
et le fromage blanc allégé en matières grasses. Après les yaourts, la
margarine et le beurre allégés, les
industriels multiplient les tests dans
les années 70 et 80.
Depuis, la demande des consommateurs ne cesse de progresser et
ces produits font désormais partie
des achats habituels, même si un
léger fléchissement vient d'apparaître sur l'ultra-frais (yaourts, fromage
blanc...).
Le grand succès du lait et des produits laitiers n'empêche pas des
échecs retentissants, notamment
sur des produits traditionnels
comme le vin, le pain, les rillettes ou
encore le chocolat. L'allégement se
fait alors souvent au détriment du
goût et le marché tend à décliner.
Les années 90 marquent une
période de renaissance, grâce à
Le marché des allégés
Parmi les réussites commerciales
les plus spectaculaires, figurent les
produits laitiers (le lait 1/2 écrémé
26
Tendance “ minceur “ et illusions pondérales
la marque leader a progressé de
37 % dans le monde, sans que le
chiffre d'affaires de la version classique en soit affecté).
est devenu la référence sur le marché du lait), les yaourts, les beurres
et fromages, mais aussi les colas
light (en 2003, la version allégée de
L'ÈRE
DE LA DIVERSIFICATION
Les allégés sont aujourd'hui présents dans toutes les catégories de produits
J
J
J
J
J
J
J
J
J
boissons
confitures, compotes
confiseries
biscuits (sucrés et salés)
céréales
morceau de sucre / 100 g”.
Le consommateur trouvera également des allégés en sucres et/ou
en matières grasses, mais “enrichis” en “principes actifs” (vitamines
ou minéraux par exemple), qui
associent “promesse minceur” et
“vertus santé”.
On trouve désormais des glaces,
des pizzas et des charcuteries allégées... et même des produits pour
animaux !
Parallèlement, une nouvelle segmentation apparaît avec des produits plus ou moins allégés. A
côté des allégés “traditionnels”
devenus sur certains marchés une
référence “banalisée”, apparaissent
de nouvelles catégories. Par exemple des gammes de produits “allégés minceur” contenant moins de
0,5 % de matières grasses et
“moins d'un morceau de sucre
ajouté / 100 g” voisinent avec des
gammes de produits “allégés gourmands” renfermant de 0,5 à 1,7 %
de matières grasses et “moins d'un
Le marché des allégés
potages
sauces
plats cuisinés
glaces
Enfin, la diversification se fait aussi
sur les prix, avec des allégés proposés à prix réduits par la grande distribution ou les hard discounters.
Ainsi, en s'attaquant aux produits
gourmands et aux alicaments, chacun nuance ses allégations “allégées” pour se démarquer, regagner
en visibilité et illustrer l'effort
consenti en matière d'allégement.
27
Tendance “ minceur “ et illusions pondérales
Av a n t - p r o p o s
AU
SERVICE DU CULTE DE LA MINCEUR
Différents facteurs sociologiques et
psychologiques se conjuguent pour
expliquer cet engouement.
Ainsi, plus du quart de la population
adulte française de poids normal se
trouve trop grosse1.
Les Français sont généralement
conscients de la baisse de leurs
besoins
énergétiques.
Selon
l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), il y a
trente ans, un homme adulte actif
avait besoin de 2800 kcal/jour en
moyenne. Aujourd'hui, 2300 calories lui suffisent (1800 à 2000
pour une femme).
L'engouement actuel pour les produits allégés repose sur la volonté
de maigrir, d'être bien dans sa peau
et en bonne santé. Près de trois
quarts des Français considèrent
que l'alimentation joue un rôle très
important dans l'apparition de certaines maladies comme l'obésité1.
Le marché des produits
allégés, longtemps féminin, concerne aujourd'hui
indifféremment hommes et femmes,
seniors et enfants.
Avec la montée de l'obésité et les
recommandations de santé publique, le modèle idéalisé de la
silhouette longiligne et du corps
sous contrôle se conjuguent pour
inciter à la gestion de l'alimentation.
1. Source : Baromètre santé Nutrition 2002, INPES
Le marché des allégés
28
Tendance “ minceur “ et illusions pondérales
LES
FRANÇAIS
CHIFFRES CLÉ DU MARCHÉ DES ALLÉGÉS
EN
AYANT ACHETÉ AU MOINS UN
2
PRODUIT ALLÉGÉ
(Un quart d'entre eux en
:
J 62 % pour le lait,
J 58 % pour la petite confiserie
de poche sans sucre,
J 52 % pour les crèmes,
J 25 % pour les céréales,
J 22 % pour les yaourts,
J 23 % pour les fromages à pâte
fraîche nature,
J 20 % pour les sodas,
J 11 % pour les desserts ultrafrais.
LOURD3
sont devenus des consommateurs réguliers)
75%
54%
1995
PART DE MARCHÉ, LE “LIGHT” PÈSE
2004
EN 2003, le chiffre d'affaires des
allégés s'est élevé à 1,75 milliards
d'euros, en progression de 11 %
malgré une conjoncture difficile
(+3 % pour les produits standards).
L’allégé est encore peu présent
pour certaines catégories de
produits3 :
1 % pour les tablettes de chocolat,
le fromage râpé et les glaces, 2 %
pour les biscuits apéritif salés et
2,5 % pour les biscuits sucrés.
ENTRE 2000 ET 2002, les ventes de
crèmes et de beurres allégés ont
progressé de 23 %, celles des
yaourts de 18 %, des colas “light”
de 41 %. Mais pour la première fois,
le marché de l'ultra-frais a marqué
le pas en 2004 avec un recul de
9 %, contre 16 % en 2003.
Le secteur des produits allégés est
particulièrement innovant : en confiserie, 15 % des innovations lancées
en 2003 en Europe ont un positionnement “light”, contre 6 % en 20024.
2. Enquête TNS-Média Intelligence, publiée à l'occasion du SIAL 2004
3. Source : LSA n°1901 du 7 avril 2005
4. Source : Base de données mondiale de l'innovation, Innova
Le marché des allégés
29
Tendance “ minceur “ et illusions pondérales
30
5
Industrie et fabrication des allégés
Formuler et fabriquer du “moins”
Industrie et fabrication des allégés
31
Formuler et fabriquer du “moins”
Av a n t - p r o p o s
INDUSTRIE
ET FABRICATION DES ALLÉGÉS
FORMULER
ET FABRIQUER DU “MOINS”
Dans la réalité de l'industrie alimentaire, “allégé” ne signifie pas forcément
“moins”, ni “sans”, mais souvent “autrement”. Dans la composition des
produits, les sucres et les matières grasses jouent un rôle essentiel pour la
texture, l'onctuosité ou la conservation. Les progrès technologiques et une
meilleure connaissance des additifs repoussent les limites de faisabilité,
mais il est toujours impossible de se passer totalement des sucres et des
matières grasses.
ALLÉGER
EN SUCRES, ALLÉGER EN GRAS
ÇA MARCHE
Substituer J remplacer les matières grasses ou les sucres par des
ingrédients et des additifs qui vont
mimer leurs propriétés dans les aliments. Cette méthode est la plus
répandue.
Pour alléger un produit, trois
options sont possibles :
Retirer J c'est l'exemple emblématique du lait écrémé apparu dans
les années 60.
Ajouter J par exemple, mettre plus
de viande maigre dans une saucisse pour l'alléger proportionnellement en gras ; incorporer plus d'eau
pour alléger une margarine ou plus
d'air pour alléger une glace.
Industrie et fabrication des allégés
: COMMENT
32
Formuler et fabriquer du “moins”
?
PAR
QUOI REMPLACER LES SUCRES
En dehors des boissons, la complexité grandit car il faut retrouver le
corps et la texture apportés par les
sucres. D’autres édulcorants tels
que les polyols (glucides modifiés),
apporte 2,4 kcal/g, contre 4 kcal/g
pour les glucides. Pourtant, il est
souvent nécessaire de les combiner à des gélifiants, des fibres, voire
des matières grasses pour retrouver la texture d'origine.
En Europe, les glucides à pouvoir
sucrant - c'est-à-dire les glucides
simples, également appelés sucres
- peuvent être remplacés par certains additifs regroupés sous le
terme d'édulcorants.
Pour les boissons, les édulcorants
intenses (aspartame, acésulfame
K, saccharine…) sont couramment
utilisés. Ils apportent une saveur
sucrée 100 à 300 fois plus forte que
le sucre en ne fournissant quasiment pas de calories.
COMMENT
LIMITER LES GRAISSES
?
On peut les regrouper en trois
catégories :
J les protéines : microparticules
de protéines qui miment les propriétés des micelles de gras,
J les glucides : cellulose, polydextrose, maltodextrines, amidon modifié, gommes ou fibres, type inuline,
qui apportent du volume, piègent
l'eau et augmentent la viscosité,
J les lipides : analogues de matières grasses basse calorie ou émulsifiants qui permettent de réduire le
gras tout en conservant l'émulsion.
Les matières grasses jouent un rôle
très important dans le goût ou la
texture des aliments. Elles apportent l'onctuosité mais sont aussi
des supports d'arômes et participent à la texture des aliments (aération des pâtes, formation de
mousse ou d'émulsion).
Pour reformuler une denrée alimentaire allégée en matières grasses,
plusieurs centaines de substituts
sont aujourd'hui disponibles.
Industrie et fabrication des allégés
?
33
Formuler et fabriquer du “moins”
Av a n t - p r o p o s
Sucres et graisses ont une
influence majeure sur la couleur et
l'aspect, les arômes, le craquant et
la texture des produits.
Les consommateurs perçoivent
l'écart de goût et donnent aux allégés des notes moins élevées1 :
J 64 % des Français considèrent
que les allégés ont moins de goût ;
J 68 % des Français estiment que
les produits allégés ne sont pas
meilleurs pour la santé.
Par ailleurs, un procédé mécanique
a récemment été mis au point pour
les glaces. Il consiste à travailler le
mélange en double brassage à très
basse température et à obtenir, au
moyen d'une vis à râpe, des cristaux de glace beaucoup plus fins
que la moyenne. Ce procédé renforce l'onctuosité du produit fini et
accentue l'impression de gras en
bouche.
Les recherches menées depuis les
années 90 ont repoussé les limites
grâce à des substituts et à des
reformulations de plus en plus complexes. Mais certains seuils de
palatabilité (consistance, tenue en
bouche), de conservation ou de
qualités organoleptiques, ne peuvent être dépassés.
Le coût des additifs ou des ingrédients de substitution et les investissements industriels de développement sont également un frein à la
formulation de certains produits
sans forte valeur ajoutée.
1. Enquête BVA sur les comportements alimentaires des Français, octobre 2004
Industrie et fabrication des allégés
34
Formuler et fabriquer du “moins”
LE
SUCRE INGRÉDIENT
:
UNE VALEUR TECHNOLOGIQUE ET DES PROPRIÉTÉS
INDISPENSABLES À DE NOMBREUSES PRÉPARATIONS
Parallèlement, les sucres structurent les confiseries et le chocolat ;
ils donnent de la texture aux
produits de cuisson céréaliers.
Ils servent de support d'arômes
pour les produits à base de
fruits, apportent une coloration et
une aromatisation naturelle en
biscuiterie.
Les sucres simples - dont le
saccharose - sont ajoutés aux
aliments dans les proportions
juste nécessaires pour leur apport
de saveur sucrée et pour leurs
propriétés technologiques.
Sans les sucres, la conservation
naturelle est moins bien assurée,
notamment pour les sirops ou les
confitures. Dans les produits allégés, la limitation des sucres
conduit fréquemment à l'ajout de
conservateurs ou de correcteurs
d'acidité.
Industrie et fabrication des allégés
35
Formuler et fabriquer du “moins”
36
6
Sucre, alimentation et maîtrise pondérale
Un nutriment de l'équilibre alimentaire
Sucre, alimentation et maîtrise pondérale
37
Un nutriment de l'équilibre alimentaire
Av a n t - p r o p o s
SUCRE,
UN
ALIMENTATION ET MAÎTRISE PONDÉRALE
NUTRIMENT DE L'ÉQUILIBRE ALIMENTAIRE
Une alimentation équilibrée repose avant tout sur la diversité des aliments
consommés au cours de la semaine et sur des quantités adaptées aux
besoins énergétiques. Consommer allégé ne semble pas efficace pour
maigrir car cela ne modère pas nécessairement l'apport calorique. D'autant
que dans le cadre spécifique d'une démarche d'amincissement, le sucre
peut contribuer à la réussite des régimes minceur.
MAÎTRISE PONDÉRALE :
L'ALIMENTATION
RÉDUIRE LA DENSITÉ ÉNERGÉTIQUE DE
Les glucides et la saveur sucrée, au
niveau physiologique comme au
niveau sensoriel, sont les principaux agents de régulation du cycle
faim/satiété. Un régime pauvre en
glucides aura donc pour conséquence d'augmenter la prise alimentaire, notamment en accroissant la densité énergétique via les
lipides, avant d'arriver à l'état de
satiété.
À l'inverse, des repas riches en
glucides, plus satiétogènes1 que
des repas riches en lipides, contribuent directement à la réduction
de l'apport énergétique.
Pour fonctionner, l'organisme a besoin de glucides, de protéines, de
lipides, d'eau, de vitamines et de
minéraux. L'équilibre de l'alimentation repose en priorité sur la diversité des aliments consommés au
cours des différents repas de la
journée, voire de la semaine.
A poids égal, la quantité
d'énergie apportée par
les glucides est plus
faible que pour les lipides (voir
encadré p. 10). C'est pourquoi la
chasse aux kilos superflus passe
avant tout par la réduction de la
densité énergétique de l'alimentation, notamment par la réduction
des lipides.
Sucre, alimentation et maîtrise pondérale
38
Un nutriment de l'équilibre alimentaire
ble) que cette saveur sucrée
confère aux aliments, puis en la
freinant par le déclenchement du
rassasiement.
Un régime sans saveur sucrée
peut être peu rassasiant : en effet,
celle-ci contribue à moduler la prise
alimentaire en la stimulant, par la
palatabilité (son caractère agréa-
RÉGIME
MINCEUR
: FAVORISER L'ACCEPTATION
ET L'EFFICACITÉ
On sait aujourd'hui que le maintien
du sucre est un facteur déterminant
pour l'adhésion à un régime, chez
les personnes qui apprécient le
sucre. D'un point de vue physiologique, ce phénomène s'explique par
la forte palatabilité du sucre : en
maintenant un niveau minimum de
plaisir dans le régime, la saveur
sucrée contribue à en augmenter
l'acceptation.
consommation associée à une permissivité accrue : “c'est moins calorique, je peux donc en manger
plus…”.
La plupart des régimes amincissants proposent soit un régime
“sans sucre avec édulcorant”, soit
un régime “sans sucre ni édulcorant”.
Le régime doit procurer du plaisir
afin d'être accepté et suivi de
manière efficace. Dans une optique
d'adhésion au régime sur le long
terme, de motivation et de réussite
des efforts entrepris, le sucre, pour
les personnes qui l'apprécient,
ne doit donc pas être exclu a
priori du régime2.
La seconde pratique engendre des
repas tristes et monotones, favorisant le risque d'abandon prématuré
de l'effort. Avec, dans les deux cas,
une perspective d'échec de la
démarche d'amincissement.
La première pratique aurait pour
effet pervers d'encourager une sur
1. Qui procure une sensation de satiété
2. West JA, De Looy AE. Weight loss in overweight subjects following low-sucrose or sucrose containing diets. International Journal of Obesity 2001 ; 25(11) : 22-28
Sucre, alimentation et maîtrise pondérale
39
Un nutriment de l'équilibre alimentaire
Av a n t - p r o p o s
sations essentielles de l'alimentation : faim, appétit, plaisir,
satiété...
Même en période de régime, il est
essentiel de maintenir son équilibre. Or, le véritable équilibre nutritionnel est celui qui prend en
compte les différentes fonctions de
l'alimentation : fonctions biologiques (harmonie entre les apports
fournis par les aliments et les
besoins quotidiens de l'organisme),
mais également fonctions sociales
et psychologiques : plaisir, convivialité, symbolique liés à l'alimentation…
Sans oublier qu'en matière d'amincissement, aucun résultat durable
ne peut être acquis dans la frustration, facteur de stress. Dans ce
domaine, les récents travaux des
psychologues et spécialistes de
la nutrition1 ont mis en lumière
les conséquences dommageables
des cycles plaisir/culpabilité, frustration/permissivité, récompense/
effort, restriction/désinhibition.
Pour réguler ou diminuer son poids,
il est primordial de se réconcilier
avec la nourriture. Il s'agit avant tout
de déculpabiliser le plaisir de manger, notamment en dédramatisant
la consommation des aliments
considérés comme interdits.
Ces cycles, qui accompagnent les recours périodiques aux régimes (et qui,
de fait, sanctionnent l'échec des
tentatives de stabilisation du poids),
conduisent, sur le long terme, à une
profonde dérégulation des conduites alimentaires.
Pour celles et ceux qui ont le plus
de difficultés à gérer leurs apports
alimentaires, il est indispensable
d'apprendre à redécouvrir les sen-
1. G. Apfeldorfer. Maigrir, c'est dans la tête. Odile Jacob 2004 (360 pages)
B. Waysfeld. Le Poids et Moi. Armand Colin 2003 (312 pages)
J.-P. Zermati. Maigrir sans régime. Odile Jacob 2002 (416 pages)
Sucre, alimentation et maîtrise pondérale
40
Un nutriment de l'équilibre alimentaire
7
Cedus
Le Centre d'études et
de documentation du sucre
Cedus
41
Le Centre d'études et de documentation du sucre
Av a n t - p r o p o s
CEDUS
LE CENTRE D'ÉTUDES ET DE DOCUMENTATION DU SUCRE
Le Cedus est un organisme interprofessionnel de la filière betterave-cannesucre. Depuis sa création, en 1932, il a pour mission d'assurer l'information
et la documentation sur le sucre. En collaboration avec des experts techniques et scientifiques, le Cedus soutient différents programmes de recherche et collabore avec des organismes et institutions impliqués dans les
domaines de la nutrition, de l'alimentation et de la santé.
POUR
UNE ALIMENTATION SAINE ET ÉQUILIBRÉE
Santé…), le Cedus encourage la
recherche et favorise la diffusion
des connaissances dans le
domaine des glucides auprès des
professionnels de santé.
En concertation permanente avec
les organismes spécialisés, professionnels ou publics, le Cedus s'attache à faire mieux connaître le rôle
et la place du sucre dans le cadre
d'une alimentation saine et variée
et d'un mode de vie équilibré.
Notamment par le dialogue et par
l'échange d'informations avec les
professionnels de santé publique.
À travers son expérience des marchés du sucre et des produits
sucrés, et grâce à l'ensemble des
données fournies par le “Baromètre
Sucre” biennal, le Cedus propose
également aux industries alimentaires utilisatrices une photographie
des usages et des attitudes des
consommateurs vis-à-vis du sucre
et des produits sucrés.
En apportant son soutien à l'Institut
Benjamin Delessert, à différents
travaux universitaires ainsi qu'à de
nombreuses autres initiatives
(Fondation pour la recherche médicale, étude Fleurbaix Laventie Ville
Cedus
42
Le Centre d'études et de documentation du sucre
INFORMATION
ET DOCUMENTATION
J une bibliothèque historique,
scientifique, technologique et médicale, économique et gastronomique
dont le fonds s'enrichit chaque
année,
J des outils d’information en ligne
(www.lesucre.com et www.extrasucre.org),
J une photothèque riche de 4 000
images libres de droits,
J une culinothèque constamment
actualisée qui rassemble plus de
5 000 recettes sucrées, dont 2 000
illustrées.
Le Cedus est un centre de ressources complet, équipé pour répondre
aux besoins de ses différents interlocuteurs : journalistes, enseignants
généralistes et spécialisés, formateurs et étudiants des métiers de
bouche et de la restauration, gestionnaires de collectivités, pouvoirs
publics, professionnels de la santé,
acteurs sociaux, grand public…
Outre la réalisation et la diffusion de
nombreux documents imprimés,
audiovisuels ou numériques, le
Cedus met à disposition de tous
ses interlocuteurs :
FORMATION
ET PROMOTION DU GOÛT
Le Cedus est également partenaire
de la Semaine du Goût qui, créée
en 1990 par la Collective du sucre
permet, chaque année, à 100 000
élèves de recevoir les “Leçons de
goût” délivrées par 5 000 chefs et
professionnels de la gastronomie.
Contribuant activement à l'enseignement professionnel du sucre et
de ses utilisations, le Cedus fournit
différents supports pédagogiques
aux lycées hôteliers et établissements spécialisés : dossiers techniques, cédéroms et vidéos culinaires, ateliers de formation…
En outre, le Cedus participe en permanence à de nombreux événements et manifestations : Salon
international de l'agriculture, rencontres et salons professionnels,
expositions à objet culturel, scientifique ou gastronomique, manifestations gourmandes...
En partenariat avec l'Éducation
nationale et les instances professionnelles, le Cedus organise chaque année, et cela depuis 30 ans, le
Championnat de France du dessert,
ouvert aux élèves et aux professionnels de la restauration.
Cedus
43
Le Centre d'études et de documentation du sucre
P RO D U I T S A L L É G É S
A M I S . . . O U FA U X A M I S ?
www.lesucre.com
CONTACT PRESSE
HOPSCOTCH - Mélanie Cotte
Tél. : 01 58 65 00 43 - Fax : 01 58 65 00 03
40 rue d'Aboukir - 75002 Paris - [email protected]
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sur le sucre et les produits sucrés

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