LA TÊTE DANS LES NUAGES (1)

Transcription

LA TÊTE DANS LES NUAGES (1)
LA TÊTE DANS LES NUAGES
(1)
L’intérêt de ces mesures l’effleure à
peine, il lui paraît juste évident de
POURSUIVRELATÊCHEJOURAPRÒSJOUR
© Nicole Salamin
Paulon Massy transmet ses relevés
très tôt chaque matin à l’institut
SLF (www.slf.ch) du Weissfluhjoch
de Davos qui cartographie les informations surtout liées à la neige et
aux bulletins d’avalanches.
Du 1er novembre au 1er mai, il relève
la neige tombée quotidiennement
sur une planche, et les précipitations
dans un cylindre qu’il comptabilise par
pesée pour en tirer l’équivalent en eau
ainsi que sa qualité en taux d’humidité, et la neige accumulée au jalon.
Il transmet aussi ses observations des
avalanches (type, nombre, localisation, altitude, longueur, largeur etc.).
Ses analyses sont complétées par les
mesures des sondes automatiques
d’Orzival (2’630 m, 196 cm de neige
au début mars), de Tracuit (2’590 m,
177 cm) ou de la sonde-anémomètre
de Sorebois (2’896 m). L’année durant,
il relève la température.
A 7h30 chaque matin, Simon Epiney
de Grimentz est de retour de promenade avec son chien Everest, l’heure
d’effectuer les relevés météorologiques quotidiens. Il mesure l’épaisseur de la couche de neige fraîche tombée depuis la veille sur une planche en
marbre qu’il balaie ensuite pour faire
place à la nouvelle. Au coin du jardin,
il déboîte le pluviomètre qui lui indiquera la somme des précipitations, il
scrute la hauteur de la neige gisante
ou neige accumulée au jalon planté au
milieu de la pelouse. Il jette un dernier
coup d’oeil aux thermomètres rivés à
l’est et à l’ouest de la maison.
Ce matin-là, le ciel est dégagé, l’air vif,
la journée sera magnifique.
L’emplacement de chaque instrument
a été défini de manière optimale par
les spécialistes de l’institut, à distance
moyenne de la maison ou à l’abri du
vent. Et à 1500 mètres d’altitude.
Le pluviomètre est un récipient de
métal en forme d’entonnoir pour
récupérer les précipitations dans une
éprouvette. Les quantités recueillies
peuvent parfois être de la neige ou de
la glace. Il faut alors remplacer le récipient pour le placer en intérieur avant
la prise de mesure.
Le jalon, lui, taquinait les 88 cm le jour
de notre rencontre, en février. Il est
extensible à 6 mètres! détail qui prend
tout son sens s’il est situé en altitude,
par exemple.
Le 2 janvier 2012, il inscrivait ainsi 17
cm de neige fraîche sur la planche,
11,8 cm d’eau (précipitations) dans
le pluviomètre et 75 cm de neige au
jalon. A 13h30 et à 19h30 encore,
Simon humera rapidement l’humeur Ses chiffres remontent à 1956. A l’insdu ciel: beau, couvert, nuageux…
tar de Simon et Lucien, peu d’observateurs ont scruté si loin dans l’histoire.
Les données sont consignées dans Son père Roger l’avait fait jusqu’en
un carnet et sur une feuille qui sera 1973, date à laquelle il prit la relève.
envoyée à l’institut. Le procédé est Depuis 2 ou 3 ans, Augustin Rion
identique à la centrale de Mottec qui effectue aussi des relevés sur St-Luc,
effectue le même travail quotidien.
en collaboration avec les patrouilMétéosuisse (www.meteosuisse.ch) est leurs de Tignousa. Tout comme le fait
très heureux de bénéficier des services chaque jour Jacques Vouardoux à
de ses observateurs. Leurs relevés ont Bendolla (131 cm de neige tassée à fin
une valeur intéressante sur la durée février). D’ailleurs, les chiffres de nos
(1 unité de temps = 30 ans, Météo- compères (Grimentz/Bendolla - Stsuisse en a répertorié aujourd’hui 4) Luc/Tignousa) se tiennent dans leur
et sont exploités pour l’agriculture, les comparaison.
régimes pluviométriques, les travaux A l’image de Paulon et d’Augustin, les
publics, les statistiques à long terme 50 observateurs de la SLF sont essenou les irrégularités climatologiques.
tiellement répartis en milieu alpin.
Au 31 décembre dernier, Lucien, son
père, inscrivait son dernier relevé sur Simon comme Paulon accordent une
l’un de ses innombrables petits car- importance fondamentale à la régunets. Il clôturait ainsi 62 ans de fidèles larité sans faille de leurs mesures. A
observations pluviométriques. Depuis défaut de volontés aussi fidèles et
lors, Simon complète ces chiffres par consciencieuses, les stations automaceux de la neige et de la température. tiques prennent peu à peu le relais, ce
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Comparaison n’est pas raison,
quelques pistes d’observations:
Que s’est-il réellement passé ce 22
juillet 1954 à 8h15 au Plat de la Lé ?
Un éboulement l’a dévasté. Les précipitations de cet été furent en deçà
de la moyenne et la période qui a précédé sereine. Fonte de glaces subite
comme au dévaloir du village de Zinal
en 1929 ?
Fait unique, notre famille avait dû
évacuer le chalet de Roua (Grimentz)
en décembre 1981. Il avait neigé 2m11
durant le mois, soit un total accumulé
de 2m67 à la fin de l’année. 2m22 se
sont abattus sur le village en cette fin
d’année 2011.
En février 1999, 3m64 de neige accumulée ont causé la fermeture de la
route de Zinal ou l’avalanche du même
Plat de la Lé. Sans parler des morts
d’Evolène. Un total de 4m83 pour
l’hiver. Le record fut pourtant battu
en 1974 avec 5m64. A contrario, l’hiver 63-64 ne vit que 67cm de neige,
le seul chiffre absolu en-dessous du Et enfin, 4 petits jours de mauvais
mètre depuis 1956.
temps en novembre dernier et 3,8
mm de précipitations (record en
Cette même année en mai, le torrent novembre). La nuit du dimanche 4 au
de Grimentz entaillait le village de lundi 5 décembre, le paysage a viré
haut en bas. Bien que la pluie n’en fut d’un coup de l’automne merveilleux
pas l’unique cause, 1999 fut une année au blanc hiver.
humide avec 161 jours et 1’035,5 mm
de précipitations. Elle talonne le record Quant au mois de février qui vient
de1965 (142 pour 1’077,3). Record de de s’écouler, les écarts de tempérasécheresse absolu en 1972, 84 jours et ture relevés par Paulon sont énormes,
483,8 mm de pluie.
mais la moyenne négative reste très
très basse avec −8,73°C. Seul celui de
8 août 2007, record absolu de préci- 2005 fut « pire » avec −9,14°C .
pitations en 1 jour avec 84,1mm. Cet
été ne fut pas triste. Ou justement 3m52 de neige accumulée au village
si. Juillet: record du mois sur 60 ans équivalent à 5m93 sur les pistes de ski
avec 166mm, idem pour août avec à fin février 2012.
235,7mm. Le minimum pour juillet,
7,6mm en 1983.
Suite au prochain épisode.
Ce n’était pas la première fois que le
Tsarire débordait de son lit, entre StLuc et Vissoie. Un violent orage en fut
la cause le 28 juillet 2008. Encore un
été maussade, 17 jours de pluie en juin
comme en juillet et seuls 267,4mm
de précipitations contre 401,7mm en
2007 sur une moyenne de 176,02!
Surprenant record estival de 487,4mm
en… 2011, en août surtout, alors que
le déficit hydrique de cette année fut
inquiétant.
Compléments, photos et liens aux
tabelles des observateurs sur www.
limmoblog.ch comme sur la page
Facebook des 4 Saisons d’Anniviers le
dimanche 29 avril.
Nicole Salamin
NOUVEAU LOGO, NOUVEAUX LOCAUX
3961 VISSOIE
qui n’est pas sans inconvénients. En
leur absence, nos deux observateurs
peuvent, quoi qu’il en soit, compter
sur des proches pour les seconder. Et
leurs instituts respectifs, bien sûr, de
collaborer.
t. 027 475 32 70 - f. 027 475 32 32
[email protected]
Nouvelle adresse: Rte de Zinal 2
t. 027 323 55 30 - f. 027 323 62 66
www.constantinsa.ch
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