Semisomag N°2, Juillet
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Semisomag N°2, Juillet
Le magazine de la société anonyme d’économie mixte de construction et de rénovation de la ville de Saint-Ouen Juillet/août 2007 N°1 N°2 amÉNaGer un village en ville vivre petits-fours, planteur et voisins de palier, en toute convivialité coNstruire patrimoine diffus : la semiso travaille dans la dentelle Semi semisomag, le magazine de la Semiso (société anonyme d’économie mixte de construction et de rénovation de la ville de Saint-Ouen), 32, rue Anselme, 93 400 Saint-Ouen ● Directeur de la publication : Paul Planque ● chargés de la publication : Annick Martin, Julien Palisson ● rédaction : Claire Moreau-Shirbon, François Puthod, Semiso ● photos : Véronique Debry, Claire Moreau-Shirbon, François Puthod, Semiso ● réalisation : Anatome ● impression : Imprimerie Frazier. Ce début d’été 2007 est marqué pour la Semiso par des événements qui feront date. L’anniversaire de ses 40 ans, qui s’est déroulé à Cap Saint-Ouen en présence de nombreuses personnalités et d’acteurs de la vie locale, montre combien notre société est une composante appréciée de la vie audonienne. Actrice majeure du logement social dans notre ville (plus de 1 700 logements), elle se fixe pour objectif unique d’œuvrer au projet ambitieux de ce début de XXIe siècle : que Saint-Ouen reste une ville à vivre, que Saint-Ouen reste une ville pour tous. Une ville pour tous, c’est une ville dans laquelle chacune des composantes de la société, jeunes, adultes, aînés, actifs ou pas, peut trouver son lieu de vie, de travail, de loisirs. Cette véritable gageure, ce pari, Saint-Ouen est en train de les gagner. La Semiso, pour sa part, a fait ce pari-là ! Loin des langages convenus, où à travers les mots de la stigmatisation urbaine « banlieue, faubourg » s’exprime un discours déqualifiant attaché aux lieux habités par des populations moins favorisées, nous croyons à une ville moderne, solidaire et… belle ! Cet engagement, ce discours nous le traduisons en actes. Notre « savoir-faire de la ville » acquis tout au long de nos quarante années d’existence, outre notre parc de logements sociaux, c’est notre intervention sur le tissu économique avec ce fleuron que constitue CAP Saint-Ouen. C’est notre participation à la vie culturelle audonienne avec l’accueil de la prestigieuse École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA), la réalisation et la location de nombreux ateliers d’artistes au sein de notre patrimoine, mais aussi notre partenariat avec le festival de Jazz manouche. C’est notre intervention sur le tissu ancien de la ville avec pour ambition de redonner du sens à un quartier, de requalifier ce paysage urbain qui a pu subir les affres du temps. C’est enfin notre rôle d’aménageur qui, comme c’est le cas sur l’opération Landy-Jaurès-Basset, montre que des solutions existent aux questions posées par le développement de l’urbain. Ce début d’été 2007, c’est aussi pour nous un événement majeur avec la livraison d’une nouvelle résidence de 17 logements sociaux à la porte de SaintOuen. Des discours qui rencontrent des actes, telle est notre ambition. Et bon été à vous tous ! Paul Planque Directeur de la Semiso sommaire amÉNaGer L’opération Landy-JaurèsBasset s’achève. Gros plan sur un ensemble architectural remarquable, composé de maisons individuelles et d’habitat collectif. [pages 4-5] coNstruire À la demande de la Ville, la Semiso travaille depuis plus d’un an sur le patrimoine diffus audonien, disséminé sur tout le territoire. [pages 6-7] vivre / se loGer Les 40 ans de la Semiso à Cap Saint-Ouen, les relogements pour cause d’insalubrité, «Immeubles en fête» et fête de la musique. [pages 8-9-10-11] ● En raison d’une actualité chargée, la question de la répartition des charges locatives entre bailleur et locataire sera traitée dans notre prochain numéro. Semisomag w Juillet - août 2007 - 3 A MÉNAGER Un joli petit village au cœur de la ville L’opération d’aménagement Jaurès-Landy-Basset, menée par la Semiso et qui associe trois constructeurs (dont la Semiso), marque sa différence... de style ! Par Claire Moreau-Shirbon Une des entrées de la ville de Saint-Ouen quand on arrive de Saint-Denis, est en train de prendre un nouveau visage. La Semiso achève les derniers travaux qui signeront la transformation et l’embellissement d’un vaste périmètre aboutissant sur le boulevard Jean-Jaurès, axe majeur de liaison entre Paris, Saint-Ouen et Saint-Denis. Il existe en effet trois entrées possibles à ce nouvel ensemble. Elles sont situées boulevard Jean-Jaurès, rue Paul-Langevin et rue du Docteur Basset. C’est désormais dans ce terrain de plus de 7 800 m2 que s’abritent 14 000 m2 de nouvelle surface d’habitation. Un ensemble inattendu, remarquable et varié, à la fois de logements locatifs et en accession à la propriété, mais aussi d’immeubles collectifs et de maisons individuelles. Trois bâtisseurs, trois architectes en chiffres 7 800 m2 de terrain. 200 m de longueur. 30 000m3 de terre évacués. 174 logements, dont 152 en accession à la propriété et 22 en location. 81 logements Bouygues. 71 logements Pierre étoile. 22 logements Semiso. 44 parkings Semiso. 200 places de parkings en tout. Moins de 9 e le m2, le prix de location des nouveaux logements sociaux de la Semiso. 2 700 e le m2 environ, prix de vente des logements. 14 000 m2 de surface de logement. Derrière les nouveaux murs de ces rues qui bougent et s’embellissent, c’est un véritable village qui vit. Avec ses rues, ses espaces verts communs, ses jardins privatifs, ses petites cours agréables. Cette belle opération est originale à un autre titre encore. En effet, si la Semiso a initié l’histoire et demeure constructrice et gestionnaire d’un immeuble de 22 logements locatifs, elle n’est pas seule. Elle a fait appel à deux autres constructeurs, Pierre Étoile pour 71 logements et Bouygues Immobilier pour 81. Tous deux, après appel d’offres, ont été choisis par la Ville et la Semiso en fonction de leur expérience au vu des programmes réalisés, de leur qualité et de leur solidité financière. Trois bâtisseurs, trois architectes pour un nouvel élan, un nouveau quartier audonien. Quand, en 2004, des grands terrains et leurs constructions (un pavillon, des boxes à voitures, une halle vide...) furent mis en vente sur le boulevard Jean-Jaurès, la Semiso a tout de suite imaginé qu’en rachetant à la ville le terrain vague situé à l’angle de Landy et les vieux ateliers municipaux inutilisés qui joux- remarquable dans sa conception, le programme Landy-Jaurès-Basset s’intègre parfaitement dans le paysage urbain de Saint-Ouen. les 22 logements de l’immeuble de la Semiso, œuvre de l’architecteurbaniste Makan Rafatdjou, sont en cours d’achèvement. Ils seront livrés à l’automne. Les différentes étapes du programme Jaurès-Landy-Basset taient ce territoire, on pouvait créer pas mal de cet habitat qui fait, ici, tant défaut. Et innover. Qualité des prestations Aujourd’hui, les résultats sont là : une idée s’est concrétisée. Un territoire s’est transformé. Là où s’érigeaient des entrepôts, le quartier abrite désormais un village d’un style bien à lui, derrière de beaux bâtiments collectifs à l’identité différente. À bas la monotonie ! Les habitants des logements Bouygues et Pierre Étoile, qui ont été vendus sur plans en un clin d’œil, peaufinent leurs aménagements intérieurs et soignent les fleurs de leurs cours et jardins. L’immeuble de la Semiso, quasiment achevé, affiche la qualité de ses prestations. Jetez un œil à la taille de son porche et aux proportions de ses logements avec terrasse. Apprenez que le gaz, bien plus cher à l’équipement mais tellement plus souple et économique à l’usage, équipe tous les appartements. Mais nous reparlerons de cette belle réalisation, signée Makan Rafatdjou, à l’occasion de sa livraison prévue à l’automne. Christian Maitrias peut être fier. Pilote de l’opération, le directeur technique de la Semiso a réussi à donner corps à un projet, à faire bosser ensemble plus de trente entreprises, des experts, des géomètres et trois architectes. Une tâche pas toujours facile, a fortiori dans une année de « parfait achèvement ». Propice aux tensions, cette période peut parfois être source de nuisances. D’où l’importance pour la Semiso de prodéder aux derniers ajustements nécessaires. la venelle intérieure bordée de maisons colorées. 2004 Acquisition des terrains appartenant à la Ville et à des propriétaires privés. Réalisation par la Semiso d’un cahier des charges à respecter pour l’aménagement de ces terrains. Appel d’offres de promoteurs avec les règles d’aménagement ainsi définies : la Ville et la Semiso retiennent les deux meilleures offres parmi 17 propositions : Bouygues Immobilier et Pierre Étoile. Démolition des anciennes constructions et évacuation des 30 000 m3 de terre pour créer les parkings souterrains. Réalisation des études préalables aux constructions : réseaux (électrique, gaz…), archéologie, pollution, résistance du sol, etc. Livraison des terrains aux promoteurs, qui débutent leurs chantiers. Pour cela, la Semiso met à disposition ses terrains pour leurs installations de chantier. Elle débute donc le sien bien plus tard, en mai 2006. Décembre 2006 Fin de la construction des logements Bouygues. Mars 2007 Fin de la construction des logements Pierre Étoile. Automne 2007 Fin de la construction des logements de la Semiso. point de vue Éric Mazoyer, directeur général délégué de Bouygues Immobilier, directeur général Île-de-France. « Proposer des maisons de ville, des maison en bande, c’est un programme que nous aimerions produire plus souvent dans des îlots déjà construits. Il faut trouver pour cela le cadre urbain qui s’y prête et des élus qui l’autorisent dans leur plan local d’urbanisme. Les acheteurs en sont très demandeurs. Nous souhaitons répondre à la volonté des élus de développer à Saint-Ouen un panel de logements, du plus aidé jusqu’à l’accession à prix maîtrisé – ce qui est la cas ici. Les prix du mètre carré que nous nous sommes engagés à respecter permettent aux habitants de Saint-Ouen d’accéder à la propriété. La ville de Saint-Ouen est attractive et permet d’envisager une croissance que nous soutenons dans le cadre de partenariats. Nous avons signé une convention avec la Ville nous engageant sur la qualité des maisons, la variété des surfaces et un équilibre avec des appartements, et sur l’emploi de personnel local dans le déroulement des travaux. » Semisomag w Juillet - août 2007 - c onstruire Travailler dans la dentelle À la demande de la ville de Saint-Ouen, la Semiso travaille depuis plus d’un an sur le patrimoine diffus audonien, disséminé sur l’ensemble du territoire. Avec de multiples objectifs. Par Claire Moreau-Shirbon Depuis toujours, la ville ne cesse de se renouveler sur elle-même. Elle se construit au fil du temps : ici des démolitions, là des réhabilitations et plus loin des constructions neuves. C’est dans ce contexte que s’est développée l’activité de patrimoine diffus de la Semiso. Il peut s’agir d’un terrain nu, d’un appartement dans une copropriété ou d’un immeuble en totalité. Comme son nom l’indique, le patrimoine diffus est disséminé sur l’ensemble du territoire de la ville. Traiter les « dents creuses » pour embellir la ville accordcadre L’intervention menée sur le patrimoine diffus disséminé sur l’ensemble du territoire audonien est née de la volonté de la municipalité d’offrir aux habitants une plus grande diversité de logements. Elle a donné lieu à la rédaction d’un accord-cadre signé entre la Semiso et la ville de Saint-Ouen. Précision Aucun logement social de la Semiso existant ne sera mis en vente. L’objectif est de proposer aux Audoniens une plus grande diversité des modes d’habiter dans une ville toujours en mouvement. Il s’agit également de traiter les « dents creuses » pour embellir la ville. En effet, ces terrains, qui intéressent peu les promoteurs car de petites dimensions, sont souvent laissés à l’abandon, enlaidissant le paysage urbain. Que fait concrètement la Semiso ? Elle achète du patrimoine à la Ville ou à des propriétaires privés et s’entoure d’architectes qui réalisent plusieurs études successives. Le futur projet sera le résultat de ces études. Quand il s’agit de tout un immeuble, un diagnostic technique est réalisé. Il permet de choisir entre sa réhabilitation et sa démolition (partielle ou totale). Dans ce dernier cas, un nouveau bâtiment sera reconstruit avec de nouveaux logements. Il en est de même lorsque le projet se développe sur un terrain nu. Enfin, lorsqu’il s’agit de logements situés dans une copropriété, ceux-ci sont réhabilités. Les opérations du patrimoine diffus comptent un à dix-huit logements. Certaines marient réhabilitation et construction neuve. À travers le patrimoine diffus, la Semiso cherche à proposer aux Audoniens une plus grande diversité de logements. Cela se traduit par une diversité des typologies proposées puisque du studio au 5 pièces, l’ensemble des ménages pourra être logé. C’est aussi grâce à la multiplicité des catégories d’habitat : logements sociaux, loyers libres, accession à la propriété, accession sociale ou encore location-accession… que les Audoniens auront le choix. L’objectif de cette diversification est de permettre le parcours résidentiel des habitants de la ville. Ils pourront ainsi cheminer dans divers types de logements au cours de leur vie sans forcément devoir quitter Saint-Ouen. L’accession à la propriété : la VEFA La VEFA (Vente en l’état futur d’achèvement), ou « achat sur plan », est un des contrats les plus utilisés en matière d’achat neuf. Lors de la signature de ce contrat, le vendeur (constructeur) transfère immédiatement à l’acquéreur ses droits sur le sol et sur la propriété des constructions existantes. Les ouvrages à venir deviennent la propriété de l’acquéreur au fur et à mesure de leur exécution. Pour cela, il s’engage à verser progressivement le montant du prix de son acquisition au constructeur, au fur et à mesure de sa construction. Ce mode d’accession est régie par la loi du 3 janvier 1967. Réhabilitée, l’ancienne gendarmerie abritera bientôt sept nouveaux logements. Quelques exemples d’opérations du patrimoine diffus Rue du Docteur Bauer Accession sociale : réhabilitation de l’ancienne gendarmerie (7 appartements créés) et construction de 11 logements neufs sur l’arrière de la parcelle. Typologie : 2 T1 + 2 T2 + 11 T3 + 2 T4 + 1 T5 Début des travaux de construction : 2e trimestre 2008 Livraison : 3e trimestre 2009 Rue Alphonse Helbronner gros plan Location-accession à la propriété : comment ça marche ? Cette formule permet à un locataire de devenir propriétaire sans apport personnel initial, après une durée fixée dans un contrat. Ce contrat passé devant notaire précise également le montant de la redevance que paiera le locataire. Elle se décompose ainsi : Accession à la propriété (VEFA : cf. encadré) : construction de 5 logements. Sur un terrain de 208 m², situé en face du square Helbronner, la Semiso prévoit la construction de 5 logements. Le rez-de-chaussée accueillera les stationnements et les locaux communs, les logements seront répartis sur les trois étages supérieurs. Typologie : 2 T2 + 2 T3 + 1 T4 Début des travaux : 3e trimestre 2007 Livraison : 4e trimestre 2008 Rue Pasteur • une part locative correspondant au loyer ; • une part acquisitive correspondant à la constitution d’un apport. Au moment de la vente, le locataire verse le prix du logement fixé dans le contrat initial, moins la part acquisitive versée pendant la durée de la location. Type d’opération : démolition puis construction de 15 logements sociaux avec parkings en sous-sol. Sur un terrain de 900 m² situé en bordure de l’opération d’aménagement porte de Saint-Ouen et après démolition des bâtiments existants, la Semiso réalisera 15 logements sociaux répartis en deux bâtiments : - un bâtiment sur rue comprenant 6 logements ; - un bâtiment en cœur de parcelle comprenant 9 logements. Typologie : 3 T2 + 5 T3 + 5 T4 + 2 T5 Démolition : 3e trimestre 2007 Début des travaux de construction : 2e trimestre 2008 Livraison : 3e trimestre 2009 rue de l’industrie Logement en location-accession : après réhabilitation d’un logement de type T3 situé dans une copropriété, il sera proposé aux Audoniens en location-accession (cf. encadré). Semisomag w Juillet - août 2007 - V ivre Vive la musique ! La Semiso fête ses 40 ans Pour ses 40 ans, fêtés le 22 juin à Cap Saint-Ouen, la Semiso ne pouvait rêver plus beau cadeau que l’installation dans son parc d’activités de cinq ateliers de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Un événement ! Sur 800 m2, dont 500 bénéficient d’une hauteur sous verrière de six mètres, les étudiants pourront, dès la rentrée, travailler la taille, la forge, la mosaïque, la résine et la céramique dans les meilleures conditions. Au 64, rue Anselme, paroles et musique pour fêter, en chœur, le premier jour de l’été, le 21 juin denier. À défaut d’instruments, les locataires du 3, rue Carnot ont profité de la sono jusque tard dans la nuit. Signature de la convention entre l’École nationale supérieure des beaux-arts dirigée par Henri-Claude Cousseau (à gauche) et la Semiso, représentée par sa présidente Jacqueline Rouillon, maire de Saint-Ouen, et son directeur, Paul Planque (à droite). Concert à la Chope des puces le 24 juin, dans le cadre du festival Jazz musette, dont la Semiso est partenaire. Fin du monopole EDF/GDF Le marché de l’électricité et du gaz est ouvert à la concurrence depuis le 1er juillet. Comme plus de 25 millions de particuliers, vous pouvez donc désormais choisir librement votre fournisseur d’énergie. Attention, toutefois, avant de signer avec un autre opérateur, car si les offres tarifaires proposées actuellement paraissent intéressantes, elles pourraient ne pas le rester ! En plus, si vous n’êtes pas satisfait, sachez qu’en revenant chez EDF/GDF, vous ne pourrez plus bénéficier des tarifs de votre ancien contrat, aux prix encadrés par l’état. L’animation de la soirée a été confiée à une fanfare de l’École des beaux-arts. Forge à gaz ou à charbon : un four utilisé pour chauffer du métal brut afin de le rendre plus malléable et de lui donner une forme en le martelant. « G.O. » Naoufel et Najoua Kilani, gentils organisateurs de l’événement à la résidence Péri-Anselme. 3, rue Carnot Programme Biron Avant de passer à table, les petits voisins ne manquent pas de souffle ! L’heure des retrouvailles. 72, AVENUE MICHELET Entre les générations, le courant passe. Sous le signe de la convivialité Propriétaires, locataires et gardiens de la Semiso ont mis les petits plats dans les grands, le 29 mai dernier à l’occasion de l’opération « Immeubles en fête ». Barbecue, salades variées, petits-fours et planteur à volonté... Grâce à l’énergie de Dalila, Carine Angélique... et tous les autres, la fête des voisins a battu des records ! Retour en images. Semisomag w Juillet - août 2007 - S e loger Relogements à bonne enseigne Vivant, souvent depuis longtemps, dans des logements insalubres avenue Gabriel-Péri, plusieurs ménages ont dû être relogés par la Semiso. Témoignages de leur nouvelle vie. Par Claire Moreau-Shirbon Où ? Quand ? Au 133, avenue Gabriel-Péri Tout les relogements ont été effectués. Au 137 Tout les relogements (7 au total) sont accomplis. Au 127 (bâtiment E) Les 15 appartements sont vides et murés. Tous les relogements ont été effectués. Au 136 La phase d’une trentaine de relogements est encore à mener par la Ville et la Semiso. Relogement express Le 9 juin 2005, l’arrêté d’insalubrité est signifié au propriétaire du logement de Mme B. Le bail tombe, aucun loyer n’est plus dû. En septembre, le propriétaire signe la vente de son bien à la Semiso. En décembre 2005, Madame B., relogée, emménage dans son beau F3 pour Noël. Mes premières impressions quand je suis arrivée ici ? Ça a tout de suite été… la vie ! La vie qui recommençait. Là-bas, je n’avais aucune lumière, ça me donnait l’impression d’être… dans une prison. Ici, c’est tout autre chose. L’ambiance aussi est différente. Là-bas, je ne pouvais même pas me permettre d’inviter des gens. J’avais honte de les amener. Ce relogement m’a vraiment changé la vie. Je me suis sentie revivre ». Elle exulte, madame D., et elle a de quoi ! Dans des témoignages recueillis par Julien Duguet, un jeune sociologue-urbaniste en stage à la Semiso, près de quinze familles racontent l’impact du relogement sur leur vie de tous les jours. Ces ménages habitaient, souvent depuis très longtemps, des appartements devenus insalubres, avenue Gabriel-Péri, dans le périmètre de l’opération d’aménagement porte de Saint-Ouen. Des conditions de vies terribles Ainsi, bien que ces immeubles aient été déclarés insalubres de façon irrémédiable par le préfet de la Seine-Saint-Denis, et pour permettre un relogement plus rapide de ceux qui y habitaient, la Semiso a acheté les logements situés dans ces immeubles, sans attendre l’expropriation de leurs propriétaires. Dès lors, la Semiso devait légalement faire jusqu’à deux propositions de relogement (elle va jusqu’à trois) aux occupants « de bonne foi » de ces logements, qu’ils soient locataires ou propriétaires occupants. Madame D. habitait un « une pièce » au 127, avenue Gabriel-Péri. Cette femme de 60 ans y était arrivée à cause d’une période de chômage. Ne pouvant s’offrir un loyer plus important, elle était « bien contente » d’avoir trouvé ce logement à 68 euros par mois. Mais les conditions de vie y étaient terribles : « Surtout l’humidité, ajoute t-elle. Il y avait du salpêtre dans la salle d’eau, les fenêtres ne fermaient pas. J’avais de gros problèmes d’isolations et payais plus de 1 000 euros de consommation EDF. J’ai fini par remplacer les fenêtres moimême. Quant à la consommation d’eau, elle était comprise dans le loyer, mais comme il y avait une grosse dette de la part d’un locataire ou d’un copropriétaire, on nous a souvent coupé l’eau ! Il n’y avait qu’un seul L’intérieur du nouveau logement de Mme D. le DÉLABREMENT du bâtiment E du 127, avenue Gabriel-Péri. L’habitat insalubre Quand un habitat présente un état de délabrement grave, visible ou invisible, qui peut nuire aux personnes, à l’hygiène, à la santé des habitants ou de l’entourage, le maire de la ville peut prendre un « arrêté de péril ». Celui-ci peut être imminent ou non imminent. Cet arrêté peut être levé si les travaux nécessaires sont effectués. Dans une deuxième phase, le préfet, au nom de l’État, peut être amené à rendre un « arrêté d’insalubrité ». S’il est déclaré rémédiable, des travaux de réhabilitation sont obligatoires. S’il est déclaré irrémédiable, la démolition s’ensuit. Dans l’opération d’aménagement porte de Saint-Ouen, les sites classés insalubres ont tous été déclarés irrémédiables. POINT DE VUE « Il n’existe pas une réaction unique au relogement » compteur ! Et puis, c’était immonde, on trouvait les ordures dehors, à l’entrée même parfois ! C’était sale, l’escalier était pourri. Avec partout des chewing-gums collés, les papiers de bonbons, les poubelles déposées devant la porte le soir, et qui n’étaient descendues que deux jours après. La plupart du temps, je nettoyais l’escalier parce que j’en avais trop marre ». « Tout a changé » Désormais, la vie de Mme D. s’est transformée. Elle a retrouvé du travail et habite un F2 de la Semiso. Son loyer est bien plus élevé, certes, mais « j’étais prête à faire cet effort, dit elle. Pour l’environnement, qui est formidable. Je voulais que ce soit près du transport. J’avais prié le bon Dieu pour que ce soit ici et je l’ai eu. Même si c’est un sacrifice financier, la première année, ça vaut le coup. » Le plus frappant, c’est qu’alors qu’elle n’a pas bougé de plus de cent mètres, Mme D. a l’impression d’habiter un autre quartier : « Tout a changé : le simple fait de voir les bâtiments en face, d’entendre les enfants, c’est mieux. Et je peux enfin recevoir ma famille et mes amis. J’aime aller travailler, mais j’aime aussi rentrer chez moi. Je me sens mieux, tout simplement. » On retrouve les mêmes impressions de bonheur, de bien être, de nouvelle vie, pour M et Mme G. et leur fils de six ans. Malgré l’habileté de M. G. à transformer, améliorer le F2 plein d’humidité – avec même des trous au plafond – où ils vécurent trois ans, tout va dorénavant mieux dans un F3 : « On se sent complètement différents, c’était très dur à vivre, surtout pour le petit ! », dit le papa, ravi. Encore un écho similaire pour Mme B., jeune mère de famille de 28 ans, qui a connu les cafards, le bruit incessant, l’absence de chauffage, d’eau chaude, de lumière et surtout d’intimité, dans un 25 m2 loué à sa belle famille. Maintenant installée dans un F3, elle a retrouvé « de l’hygiène, du calme, de l’espace, grâce à quoi mon compagnon a pu emménager. Je peux enfin passer une journée chez moi au lieu de sortir pour respirer ! » Le son de cloche peut, toutefois, être tout différent. Comme chez madame G., 60 ans, propriétaire de son logement, qui vivait là avec enfants et petits-enfants. La vétusté, le plomb dans les sols, les cafards, les infiltrations d’eau, les fissures, l’absence d ’eau chaude ? Elle préfère les oublier. « J’étais très bien chez moi, c’était ma maison. Avec 20 années passées là : avec mon mari, sans mon mari, avec mes enfants, c’est toute ma vie. Bien sûr, c’est propre ici et spacieux, mais ce n’est pas ce que je cherchais. Moi, je voulais être avec mes enfants et garder mon bien, mon chez moi. Maintenant, je vais redevoir payer un loyer, ça m’embête vraiment. Et comme je suis locataire, je ne veux plus trop faire d’aménagement dedans, je vais partir dans le Sud. » Son fils, lui, est ravi de l’indépendance gagnée, ayant lui aussi été relogé avec sa famille par la Semiso. Julien Duguet, 24 ans, a obtenu une licence de sociologie et termine un mastère « Cité et mobilité » à l’École nationale des Ponts et Chaussées et à l’université de Marne-la-Vallée. Il se destine à l’urbanisme. C’est pour son mémoire, « Le sens social du relogement », qu’il a rencontré les familles relogées récemment dans différents programmes de la Semiso, après avoir quitté les n°136, 127 et 137, trois immeubles insalubres de l’avenue Gabriel-Péri. Le n°133 est lui déjà vide. « J’ai constaté qu’il n’existe pas une réaction unique au relogement. Globalement, grâce aux propositions faites par la Semiso, les personnes passent du degré zéro au top du top, en termes de qualité et de confort, entre leur ancien logement et le nouveau. Eh bien, malgré cela, pour certains, le fait d’être relogé ne représente pas du tout l’objectif numéro un. Par exemple, ceux qui étaient propriétaires (et j’ai été surpris de trouver des propriétaires !), même si on leur achète leur bien et qu’on les reloge, ressentent une dévalorisation de leur statut social. D’autres, qui vivaient à deux ou trois générations sous le même toit, peuvent éprouver une solitude nouvelle. Enfin, pour les personnes en situation de précarité, peu importe l’état du logement. Ce qui compte avant tout, c’est d’avoir un toit. Je dois aussi avouer une inquiétude : en changeant d’adresse, certains comportements ne vont pas s’améliorer... Disons que… la décrépitude pourra aussi gagner leur nouveau logement à la Semiso ! Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est combien, en emménageant tout à côté de l’ancien domicile, mais dans un logement correct, tout peut changer dans la vie et même dans l’identité d’une personne, qui se voit et se vit différemment, du jour au lendemain. » Semisomag w Juillet - août 2007 - 11 s emiZoom emiZoom Dalila, dame de cœur Locataire de la Semiso au 72, avenue Michelet, Dalila Gomes s’implique à fond dans la vie de son immeuble. Quelle pêche, quelle chaleur communicative chez cette belle jeune femme de 38 ans ! Dès le bonjour au téléphone ou le sourire qui accompagne la poignée de main, on sait que le contact et l’action sont son univers. C’est le 2 mai dernier, le soir de l’opération « Immeubles en fête », que Semisomag a repéré Dalila, mère de trois enfants, standardiste secrétaire accueillante pour une grosse société de publicité et très impliquée dans sa ville et sa résidence Semiso de l’avenue Michelet. Pour preuve : il y a trois semaines encore, elle a entraîné une bonne quinzaine d’ados à donner un immense coup de balai de printemps dans la cour et les jardins des trois bâtiments. Résultat ? Non seulement ni raillerie ni refus essuyés, mais le fun fut si contagieux que les tout petits ont accouru, envieux des poubelles et des balais. Ils finirent plus de vingt à partager ensemble un goûter pas triste. « Je suis plutôt fier de ma mère », sourit Antony, 14 ans, as en informatique, qui ajoute illico : « Et puis elle sait faire peur quand il faut ». C’est vrai, aucun rassemblement louche ne dure longtemps si Dalila est là. Voilà une femme qui a l’œil, le cœur et sait l’importance du partage, du dialogue. « Dès que les gens se parlent, tout va bien, tout va mieux », dit-elle. Ainsi, elle a bien senti quand la nouvelle génération d’enfants devenus ados dans la résidence a commencé à chatouiller la tranquillité des nombreuses personnes âgées, résidents longtemps restés majoritaires au sein de l’immeuble. Peu à peu, encouragées par des habitants comme Dalila, les relations de voisinage se sont détendues, améliorées. À coup de bonjour, de respect mutuel, de rapides coups de main, de petites chasses aux œufs de Pâques ou anniversaires en tout genre, partagés dans le grand local du rez-de-chaussée. Il y a trois ans, Dalila y avait lancé la toute première fête des voisins. Une quarantaine avait joué le jeu. Pas mal ? Pas assez pour Dalila. Alors, cette année, avec la complicité de Franck, le nouveau gardien plein d’idées, ils ont mis le paquet, placardé à tout va, fait courir le bouche à oreille. Les jeunes ont aidé les moins jeunes à descendre dans la salle, Franck a concocté un punch antillais, chacun a apporté des délices et ils furent plus de quatre-vingt-dix à s’amuser tard dans la nuit. « Je pense avoir fait comprendre aux ados qu’il n’y a que bénéfice à partager avec les autres », sourit Dalila, ravie de son histoire d’amour de 18 ans avec son mari… et la Semiso. « Déménager ? Oh, que non ! » conclut-elle ! C. M. S.