enquête - Le Meilleur des mondes
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enquête - Le Meilleur des mondes
Voyage au bout de l’enfer Comme Natalia, l’«escort girl» rencontrée par notre témoin, beaucoup de femmes quittent les pays de l’Est pour la Belgique, croyant échapper à la misère. La violation systématique de leurs droits débute dès leur arrivée : cette stratégie vise à les rendre totalement dépendantes de leurs trafiquants et, plus tard, de leurs «propriétaires». CE 18 OCTOBRE, POUR LA SECONDE ANNÉE CONSÉCUTIVE, A LIEU LE « EUROPEAN ANTI-TRAFFICKING DAY ». A l’initiative de la Fondation Samilia, et en collaboration avec d’autres partenaires publics et privés, les projecteurs vont être braqués à Bruxelles, Liège et Anvers sur une réalité crue : la traite et le trafic d’êtres humains. Le témoin rencontré par Paris Match Belgique n’a pas eu besoin de cette journée d’action et de sensibilisation pour prendre conscience du phénomène. Client d’une prostituée membre d’une agence d’« escort girls », il s’est retrouvé mêlé à une histoire inouïe et plongé dans un univers effroyable. Pour la première fois, il raconte. P H OTOS R E P O R T E R S UN CLIENT TEMOIGNE IL EST TOMBÉ AMOUREUX DE SON «ESCORT GIRL» 59 58 L’engrenage infernal En plus d’innombrables passes, le proxénète de Natalia lui a tout fait subir: violence, conditionnement psychologique et menaces. Gérard croyait que Natalia était libre. Avant de découvrir un univers qu’il ne soupçonnait pas, glauque et impitoyable. Par Frédéric Loore érard a 40 ans. Il est divorcé et père d’un jeune adosite d’une agence basée au Portugal, mais travaillant en Belgique, lescent. Il vit en périphérie bruxelloise, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Le contact s’est plutôt mal où il travaille dans le secteur de l’assurance qualité. passé au début et j’étais prêt à laisser tomber, lorsqu’une responsaUn jour, pour tromper la solitude, il fait appel aux ble de l’agence a fini par me dire qu’elle m’avait trouvé le type de services d’une « escort girl ». Moyennant 200 euros personne que je recherchais. C’est comme ça que Natalia a déde l’heure, Natalia alias Roxanne, une Polonaise de barqué chez moi, en mai de cette année. Elle était accompagnée 26 ans, lui offre ses charmes. Il la croit libre, riche et d’un homme, un certain Marek, qu’elle m’a présenté comme son « indépendante ». Ils se revoient à plusieurs reprises. Bienchauffeur et accessoirement garde du corps. Je précise qu’à ma tôt, il n’est plus question d’argent entre eux. Et pas uniquedemande, l’agence m’avait garanti qu’il s’agissait d’une fille travailment de sexe. Ils sont épris l’un de l’autre et une idylle naît, lant de façon libre et indépendante. J’apprendrai plus tard qu’en en même temps que des projets d’avenir. Seulement, voilà : fait de chauffeur, il s’agissait de son proxénète. Gérard ne tarde pas à découvrir que le « chauffeur » de Quels étaient les termes de l’accord ? Natalia n’est pas simplement son garde-chiourme. Marek, Deux cents euros de l’heure. A partager entre la fille, le qui se présente officiellement comme le compagnon de chauffeur et l’agence. la fille, est en réalité son souteneur. Il a fait venir Natalia Que s’est-il passé ensuite ? en Belgique en 2003. Depuis, elle La première rencontre s’est « Un moment, la question de l’argent vit un véritable enfer. Sous très bien déroulée. A la fin de la sa coupe, la jeune femme a est devenue embarrassante pour tous les deux. soirée, nous sommes même alété réduite en esclavage lés prendre un verre en compaOn souhaitait se retrouver sans sexuel. N’écoutant que son cœur et gnie de ce Marek et d’une amie de qu’il soit question de tarif » son courage, Gérard décide de l’arracher aux Natalia, «escort» elle aussi. Je pensais griffes de son proxénète. Il découvre alors l’univers terrien rester là, mais d’autres rendez-vous ont suivi. Peu à peu, il s’est fiant de la prostitution et du trafic d’êtres humains. Il a sans passé quelque chose entre nous. Une affinité s’est créée, qui n’avait doute été naïf, mais il est à présent lucide quant à la monsrien de «professionnel» dans son chef. C’était sincère de part et truosité d’un système broyeur de personnalités. d’autre. On s’est vu de plus en plus souvent, toujours moyennant finance, mais sans plus passer par l’agence. Au fil du temps, notre Paris Match Belgique. Dans quelles circonstances avezrelation n’a fait que s’intensifier, à tel point qu’elle finissait par passer vous fait la connaissance de Natalia ? la nuit chez moi. Mais il y avait autre chose que le sexe entre nous. Gérard. Tout a commencé au printemps dernier. Un ami Il arrivait d’ailleurs qu’on se retrouve uniquement pour parler. m’avait conseillé de faire appel à une «escort girl». Je n’avais jaEt le fameux Marek dans tout ça ? mais eu recours à ce genre de service auparavant et j’étais plutôt Il demeurait extrêmement présent. Il l’accompagnait en perréticent. Mais finalement, étant seul, j’ai fini par me laisser convainmanence, la bombardait de SMS et d’appels sur son GSM. Un cre. J’ai effectué une recherche sur Internet et je suis tombé sur le moment, la question de l’argent est devenue embarrassante pour PA R I S M ATC H DU 1 6 AU 2 2 O C TO B R E 2 0 0 8 tous les deux. Pas simplement parce que cette histoire commençait à me coûter très cher, mais parce que la nature de nos sentiments rendait la situation délicate. Je me voyais mal continuer à jouer les clients et elle à me vendre son corps. On souhaitait tous deux se retrouver sans qu’il soit question de tarif. Seulement, Natalia m’a expliqué qu’elle avait un accord financier avec le chauffeur, et qu’elle ne pouvait, dès lors, cesser de lui restituer une partie du montant de ses passes. A partir de là, lorsqu’on se voyait, elle prenait sur ses deniers pour les donner à Marek! Je comprenais mal la chose et, surtout, je la vivais mal, me retrouvant en quelque sorte dans la position de celui qu’on paie. Il ne vous est pas venu à l’idée que cet homme pouvait être autre chose qu’un simple chauffeur ? Un proxénète, pour tout dire… J’avais des soupçons, bien sûr, mais sans doute ai-je été naïf. Après tout, je ne connaissais rien à ce milieu. J’avais pourtant obEsclavage servé que Natalia souffrait d’angoisses nocturnes, qu’elle bondissait Depuis 2003, Natalia sur son GSM dès qu’il se mettait à sonner et qu’elle était effrayée a été réduite à simplement à la vue de la voiture de son prétendu chauffeur. Une l’esclavage sexuel. fois, ce type est parti aux Pays-Bas pendant trois jours. Natalia est aussitôt venue me retrouver et nous ne nous sommes plus quittés durant ce laps de temps. Malheureusement, elle a dû se rendre quotidiennement chez un client où je me suis vu la conduire. Réalisant ce que j’étais en train de faire – emmener cette fille que j’aimais se pros- « Natalia a fait la connaissance tituer– et combien de Marek dans un bar de Bialystok. j’en étais affecté, j’ai dit à Natalia qu’il ne m’était Il lui a promis monts et merveilles plus possible de conti- si elle acceptait de le suivre en Belgique » nuer comme ça. Je lui ai alors demandé d’arrêter ce job et de changer de vie. Quand avez-vous découvert que Natalia était victime d’un souteneur ? Au terme de ces trois jours. En la raccompagnant chez elle, je m’attendais à trouver un immeuble cossu, vu qu’elle m’avait confié pouvoir gagner jusqu’à 17000 euros par mois. Au lieu de ça, j’ai découvert un appartement minable et sale. Elle m’a expliqué que son argent servait essentiellement à subvenir aux besoins de sa mère, restée en Pologne. Ça ne m’a pas du tout convaincu. De plus, elle était en larmes à l’idée de voir rappliquer Marek. En sortant de chez elle, j’ai appelé son amie, rencontrée le premier soir, et qui m’avait laissé son numéro de GSM. C’est elle qui m’a appris que Natalia et Marek étaient en couple depuis cinq ans. Ça a été un choc terrible. Après ça, Natalia m’a déballé sa véritable histoire. Justement, que raconte cette histoire ? Natalia a 26 ans. Elle est originaire de la ville polonaise de Bialystok d’où elle est partie en 2003. Sa sœur y vit toujours, ainsi que sa mère, très malade et pensionnaire d’un établissement de soins payé par Natalia à raison de 700 euros par mois. Elle a fait la connaissance de Marek dans un bar de Bialystok où elle était, à l’époque, gogo danseuse. Il s’est présenté à elle comme un riche industriel ayant réussi dans les affaires. Il roulait en Mercedes cabriolet et lui a sorti le grand jeu, lui promettant monts et merveilles si elle acceptait de le suivre en Belgique. Il se faisait fort de lui offrir la belle vie et d’assurer les besoins de sa famille. Naïve comme beaucoup de filles de 20 ans dans ce coin de la Pologne, elle a cru au prince charmant. Itinéraire tragiquement classique. Mais une fois en Belgique, le rêve s’est transformé en cauchemar, n’est-ce pas ? En effet. Très vite, Marek a montré son vrai visage. Il a tout d’abord isolé Natalia pour l’empêcher de faire des connaissances 60 61 Complicité L’argent de la prostitution représente un énorme pactole. A l’Est, certains fonctionnaires sont complices du système. times de traite des êtres humains– ainsi qu’avec un membre de la police fédérale qui s’est occupé du cas de Natalia. Et Marek, il n’a certainement pas capitulé aussi vite ? Bien sûr que non. Il a tenté de récupérer Natalia à tout prix. Il l’a harcelée au téléphone et l’a relancée jusque chez moi, où elle est quasiment obligée de se barricader. Encore maintenant, lorsqu’il ne la menace pas, il exerce sur elle un chantage affectif. Il a même mis en scène son faux suicide. Voyant qu’elle ne cèderait pas malgré sa peur, même s’il lui est arrivé de reprendre contact une fois avec lui, il a raflé tout l’argent qu’elle lui a rapporté. En ce et d’apprendre la langue. Ensuite, il s’est montré violent envers elle, qui me concerne, j’ai porté plainte contre lui pour harcèlement, ne cessant de la battre, et plus encore lorsqu’elle a tenté de et j’incite Natalia à le dénoncer comme proxénète. Mais elle s’y s’enfuir, ce qu’elle a fait à plusieurs reprises depuis son arrivée en refuse toujours pour l’instant. Belgique. Il la faisait dormir dans un garage aux côtés de son Quels sont vos projets d’avenir ? chien. Pour l’heure, nous voulons être certains que Natalia va pouQuand et comment a-t-il obligé Natalia à se prostituer ? voir tirer un trait définitif sur son passé. Pour ça, il faut que Marek Il l’y a amenée tout doucement, en la conditionnant de façon sorte définitivement de sa vie. D’autre part, nous nous attelons à très professionnelle, si j’ose dire. Il l’a initiée aux films pornograrégler sa situation administrative. Sa carte d’identité provisoire phiques, après quoi il l’a emmenée dans des soirées échangistes et étant venue à expiration, elle est désormais sans papiers et risque des sex-clubs. Puis, un jour, après l’avoir fait boire, il l’a forcée à aller donc une expulsion vers la Pologne. A plus long terme, nous voir un client. La suite est sordide. En plus d’innombrables passes, avons le projet de nous marier. Mon fils a adopté Natalia qui l’aime il lui a tout fait subir, y compris des tournages de films hard sadobeaucoup et, ensemble, nous voudrions fonder une famille. maso en Hollande, dont elle garde certains stigmates. Lorsqu’elle Avez-vous envisagé la possibilité que cette fille puisse vous refusait, il la battait comme plâtre. Sortant un jour de clinique à mener en bateau ? C’est-à-dire abuser de votre confiance et l’issue d’une intervention gynécologique qui lui interdisait tout vous utiliser pour recouvrer sa liberté ou vous soutirer de rapport sexuel durant une semaine, Natalia a même été contrainte l’argent, par exemple ? d’enchaîner sept clients dans la soirée. Elle pissait le sang et soufOui, j’ai envisagé cela. Le policier fédéral dont je vous parlais frait atrocement. Elle a tout tenté pour avoir un peu de répit: m’a aussi mis en garde contre cette éventualité. J’ai eu de sérieux la drogue, bien sûr, mais elle est aussi allée jusqu’à se rendre doutes à l’égard de Natalia lorsque j’ai découvert qu’elle avait remalade avec des médicaments dans l’espoir de se faire hospitaliser. pris contact avec Marek dans mon dos. Mais j’ai compris ensuite Selon vos informations, Marek est-il membre d’un réseau que son conditionnement psychologique était tel qu’elle pouvait de prostitution ? difficilement faire autrement. Maintenant, plus les jours passent et A ma connaissance, non. Il agirait plutôt en solitaire, même plus elle s’affranchit de l’emprise que ce bonhomme a sur elle. Elle s’il entretient certaines complicités, notamment avec l’agence à a résolument rompu tous les ponts avec lui et devrait finir par troulaquelle je me suis adressé. C’est un petit qui a l’intention de granver la force de le poursuivre pour proxénétisme, abus de dir vite et qui n’hésite pas à s’en donner les moyens. D’autres filles confiance et escroquerie. Pour répondre à votre question, si elle sont tombées dans ses griffes. Ce qui est frappant, en tout cas, avait seulement voulu retrouver sa liberté, il lui suffisait pour ça de c’est la méthode qu’il a utilisée pour conditionner Natalia. s’adresser à Pag-Asa. Quant à l’argent, elle est parfaitement au Jamais elle n’a pu recevoir une aide de l’extérieur ? Celle de courant que je n’en ai pas. Or, de riches pigeons, elle en connaît la police, par exemple ? plus d’un parmi sa clientèle. Notamment un Hollandais fortuné, Il y a un mois environ, sur mon insistance, elle s’est rendue à la complètement dingue d’elle, qui était prêt à offrir à Marek la police communale de sa localité, où elle a expliqué qu’elle était somme qu’il demandait pour la laisser partir. victime de violences physiques graves de la part de son compaEn décrochant, il y a quelques mois seulement, votre gnon. Elle n’a toutefois pas osé le dénoncer comme son proxétéléphone pour vous payer les services d’une « escort girl », nète. Nous attendons imaginiez-vous que l’univers de la prostitu« Nous avons le projet de nous marier. les suites de cette détion dite marche. Mon fils a adopté Natalia qui l’aime beaucoup parfois « de De votre côté, qu’avez-vous fait ? » puisse et, ensemble, nous voudrions fonder une famille » êtreluxe Il y a quelques semaines, j’ai acaussi glauque, cueilli même s’il Natalia chez moi. Avant tout pour lui offrir un refuge sûr, mais ne faut pas généraliser ? aussi parce que nous nous aimons et que nous voulons vivre enJ’ai découvert un monde que je ne soupçonnais même pas. semble. J’ai aussi cherché à me faire aider et conseiller. En surfant Cette expérience a changé radicalement mon point de vue sur la sur Internet, je suis tombé sur le site de la Fondation Samilia et prostitution. Au moment où nous parlons, combien de femmes, c’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Sophie Jekeler (NDLR: en Belgique, sont victimes des pratiques ignobles d’autres Marek? voyez notre encadré). Grâce à elle, nous avons pu entrer en Je n’imaginais pas qu’à côté de chez moi, des êtres humains puiscontact avec Pag-Asa –l’association bruxelloise d’aide aux vicsent être transformés en esclaves sexuels, ravalés au rang d’objets. PA R I S M ATC H DU 1 6 AU 2 2 O C TO B R E 2 0 0 8 Avez-vous des regrets ? Avec le recul, non, dans la mesure où cette histoire m’a conduit à sauver Natalia. Mais si je ne l’avais plus revue après le premier soir, peut-être aurais- « Je n’imaginais pas qu’à côté je continué à utiliser de chez moi, des êtres humains les services d’autres filles, sans même puissent être transformés en esclaves réaliser que je contribuais sexuels, ravalés au rang d’objets » de cette façon à leur asservissement. Certains sont partisans d’une loi qui criminalise la clientèle des travailleuses du sexe, comme c’est le cas en Suède. Vous qui avez été client, quelle est votre position sur ce point ? Je ne suis pas certain que ce soit la bonne solution. En revanche, je crois qu’il y a beaucoup à faire pour conscientiser les clients quant aux réalités de la prostitution. Et il y a sans doute encore plus à faire pour venir en aide à toutes ces filles en détresse. Je suis effaré de voir le peu de moyens dont disposent UNE RÉALITÉ QU’IL FAUT OSER REGARDER EN FACE B elles de nuit », « filles de joie », « hétaïres », « fleurs de bitume », « horizontales », « callgirls », « escort girls » : peu importe les sobriquets dont on les affuble, les prostituées alimentent l’immense marché des produits d’importation exploités par des réseaux criminels transnationaux dont les ramifications s’étendent jusqu’au cœur de nos villes, à Bruxelles, Liège, Charleroi, Anvers, Gand et ailleurs. La prostitution n’est cependant pas la seule forme d’esclavage contemporain. En Belgique, comme dans toute l’Europe, ils sont des milliers à être victimes de trafic et de traite. Migrants le plus souvent, ils ont quitté un village du sud de la Chine, fui un bidonville d’Afrique de l’Ouest ou déserté un ghetto rom d’Europe centrale. Ils sont domestiques, cuisiniers, bûcherons, ouvriers dans le bâtiment ou la confection… C’est sur ce plantureux commerce d’êtres humains et les drames qui l’accompagne que la Fondation Samilia (*) souhaite attirer l’attention générale ce 18 octobre. Créée en 2007 à l’initiative de Sophie Jekeler, sa directrice, la Fondation regroupe toute une série d’éminentes personnalités belges et européennes, issues d’horizons très divers, mais ayant en commun la volonté de lutter contre une réalité qu’il faut oser regarder en face. Pour y parvenir, Samilia – en partenariat notamment avec le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, ainsi qu’avec les centres d’aide aux victimes du trafic et de la traite d’êtres humains (Pag-Asa, Payoke et Sürya) – organise ce samedi 18 octobre son deuxième « European AntiTrafficking Day ». Une journée nationale d’action et de sensibilisation au cours de laquelle différentes manifestations et rencontres ouvertes au public se tiendront dès 10 heures du matin à Bruxelles (place SainteCatherine), Anvers (Centraal Station) et Liège (place Saint-Etienne). Rendez-vous est pris. F.L. (*) Samilia, boulevard Brand Whitlock 66, 1200 Bruxelles. Tél. 0475.722.747. Profonde détresse Le public a souvent une image fausse de la prostituée. La réalité est beaucoup moins souriante.