Management : des idées claires et du “plaisir à faire”
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Management : des idées claires et du “plaisir à faire”
Le mot du changement Témoins Décalages Management : des idées claires et du “plaisir à faire” Jacques Canton Sans idées préconçues Cela fait quelques belles années La principale erreur d’un consultant dans une entreprise est de débarquer avec sa religion toute faite… Au contraire, à son arrivée, il doit construire sa légitimité, en s’appuyant sur le diagnostic de l’existant, l’identification des clés qui expliquent cette réalité, et la recherche des moyens qui feront advenir une autre réalité. Il lui faut arriver sans idées préconçues, simplement avec son expérience et son savoir-faire, son outillage en fait, qui n’est qu’un “guide de lecture” de l’entreprise. que Jacques Canton mène sa barque dans l’industrie, la logistique, les services… et le conseil. Consultant senior de Quaternaire, il affirme une vision claire du métier des managers, et de son plaisir à les accompagner. En pleine cohérence, il exprime d’ailleurs la même vision de ce qu’est le management : avoir les idées claires sur son entreprise, et avoir du plaisir à faire avancer les hommes. Difficile ? Exigeant, répond-il. La Revue Quaternaire - N° 19 28 Rappelons que la finalité de l’entreprise est la performance, et que le métier du consultant est de contribuer à cette performance, dans mon cas - et plus généralement dans le cas de Quaternaire en agissant sur le levier du management et de la motivation. Notre conviction partagée est qu’aucune performance durable n’est possible sans management efficace. Réflexions Des valeurs à comprendre et respecter… Le monde change Expériences salariés, de la ligne managériale… - “… pour identifier le champ du travail d’évolution à mener. au-delà Condition préalable : il faut du psychologique, se poser la question de l’enjeu est culturel, la mission donnée aux m a n a g e r s, d e l e u r s avec une composante de qualités et insuffisances vie collective, d’histoire en termes de compéet d’échanges entre tences techniques et managériales… On ne part les hommes…” Le consultant ne fait rien seul : en une formule, on peut dire que son objectif est de faire comprendre à ses interlocuteurs les réalités qui sont à l’œuvre, de leur faire prendre conscience de l’impact de leur comportement sur les hommes et les organisations, de les faire réfléchir sur ce sujet. Dans un second temps seulement, on en passe à l’action, au déploiement d’outils. Pour accompagner à la mise en œuvre de pratiques managériales efficaces, et surtout pour faire évoluer les pratiques concrètes d’un manager, la difficulté est de s’adapter aux enjeux concrets de l’entreprise concernée et des attentes des uns et des autres : la direction, le manager, les équipes. Une adéquation subtile… Il existe certes dans cette approche une dimension psychologique, mais je crois plus à un enjeu culturel au sens large, avec une composante personnelle, mais surtout avec une composante de vie collective, faite d’histoire et d’échanges entre les hommes : c’est ce qu’on appelle la culture d’entreprise. Ce sont ces valeurs qu’il faut identifier et respecter, pour mieux s’assurer que le travail entamé a une influence en profondeur dans l’entreprise. jamais de zéro : l’entreprise a un vécu, et on peut co-construire cette vision générale. Dans un deuxième temps, on en passe à l’action, aux outils opérationnels qui vont être chargés de “mettre en ligne” l'ensemble des équipes et les organisations par rapport à la stratégie de l’entreprise. Notre philosophie est que, en c o m p l é m e n t i n d i s p e n s a b l e à l’approche technique, c’est le management des hommes qui importe, le management du métier des hommes, le management des compétences. Certes le manager a pour rôle la mise à disposition de moyens et la gestion de résultats… Mais, en même temps, il doit consacrer son énergie à mobiliser, fédérer, développer la confiance, donner du plaisir… Deux univers complémentaires, à mettre en cohérence. Une question d’état d’esprit … qui forment la culture d’entreprise L’enjeu de renforcement des compétences managériales, dans un périmètre plus ou moins large selon chaque entreprise, passe par l’exploitation de ces outils que chacun connaît bien ou identifie au moins. Des outils de formation très divers, simples ou Il faut savoir questionner la culture de l’entreprise - est-elle ou pas en adéquation avec les demandes du marché, quelle est sa faculté d’adaptation au contexte, permet-elle la mobilisation de tous les 29 La Revue Quaternaire - N° 19 Le mot du changement Témoins complexes, collectifs ou individuels… Mais ce qui compte en fait est la façon de les utiliser, l’objectif recherché : au total, l’enjeu central ne peut être que l’état d’esprit, les valeurs… Décalages l’autre part. Trop de l’un ou de l’autre est contre-productif. Pas assez de l’un ou de l’autre est dangereux. Il est ainsi de la responsabilité de la ligne managériale que de déployer une vision simple et claire du projet de l’entreprise, de sa finalité, en cultivant en même temps un autre équilibre essentiel entre la directivité et l’accompagnement. En effet, pourquoi féliciter un opérateur pour une tâche bien faite, quel sens donner à l’effort à réaliser, quelle nature d’objectif de production mettre en avant, quel intérêt d’instaurer un rituel pour le rituel, si tout cela n’est pas profondément motivé par - en plus de la nécessaire performance la culture de l’entreprise, ce vers quoi elle tend… Des priorités qui s’imposent C’est parce qu’il porte les valeurs d’une entreprise, et la stratégie qui en découle au moment T, qu’un manager ne doit pas seulement décrire des missions à réaliser ; il lui revient d’en donner une vision prospective, avec des priorités. Pour avoir les idées claires, ce qui n’est pas toujours facile, le manager doit être accompagné par sa hiérarchie. Il faut ainsi une prise de conscience partagée, par la ligne managériale dans son ensemble, qu'un management équilibré et motivant repose sur 5 conditions : - l e sens, le projet, les ambitions partagées, qui mobilisent et fédèrent, - la concentration des énergies sur des cibles prioritaires, qui sécurise, - la valorisation des progrès et des résultats, qui donne la confiance et le plaisir de faire, - l'accompagnement et le pilotage, qui capitalisent les savoir faire et développent la compétence, - l'éthique, les valeurs, les règles du jeu, qui renforcent la cohérence et la cohésion. Le manager ne doit pas donner du sens au hasard, il doit être porteur de sens et le transmettre : celui des valeurs de l’entreprise. Le manager ne doit pas seulement diriger et ordonner : il doit donner envie de faire, valoriser les progrès et les résultats, générer le plaisir de faire. Le manager doit transmettre ce plaisir de faire et donner la confiance, dans un système de valorisation des hommes, de leur progrès mais aussi de leurs erreurs potentielles, pour optimiser et piloter l’énergie de ses équipes. Une équipe est en effet d’abord de l’énergie à l’état brut : il faut lui donner d’abord de la motivation pour la guider, puis de la compétence pour cultiver sa performance dans la durée. Le management est ainsi un équilibre entre deux piliers égaux : la technicité métier d’une part, la capacité managériale de “… une équipe est de l’énergie à l’état brut, guidée par la motivation, performante dans la durée par les compétences.” La Revue Quaternaire - N° 19 30