Automatismes : Le robot intègre la sécurité étape par étape
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Automatismes : Le robot intègre la sécurité étape par étape
Solutions AUTOMATIS M E S Le robot intègre la sécurité étape par étape Reportage chez Coriolis Composites H Coriolis Composites conçoit des robots spécialisés dans la fabrication de pièces en composites. Les machines ont profité des diverses évolutions technologiques proposées par Siemens en matière de sécurité. Aujourd’hui, elles bénéficient d’une solution de sécurité intégrée : leur architecture est simplifiée et elles ont gagné en capacités de diagnostic et en flexibilité. La machine mise au point par Coriolis Composites est la seule sur le marché à permettre la fabrication de pièces composites de grandes dimensions avec des formes concaves, à faible rayon de courbure (comme cet élément de fuselage d’avion). L’innovation provient du magasin de bobines de carbone et surtout de la tête de dépose des rubans, qui ont fait l’objet de plusieurs brevets. Les bras robotisés, quant à eux, sont des modèles standard du marché. G râce aux solutions de “sécurité intégrée”, les données relatives au contrôle-commande et à la sécurité transitent sur un même réseau. Le concept présente des avantages tels que l’amélioration du diagnostic et la diminution des coûts de câblage. Dans les industries manufacturières ou de process, il est difficile de remettre en cause l’architecture d’un site uniquement pour intégrer les fonctions de sécurité, d’autant plus que les applications de sécurité doivent être certifiées et conformes aux normes en vigueur. Pour les fabricants de machines spéciales, en revanche, la problématique est différente : pour rester compétitifs, ces industriels doivent proposer des machines toujours plus innovantes, en utilisant les dernières technologies disponibles sur le marché. Coriolis Composites en fait partie. Cette société basée à Lorient développe des machines dédiées à la fabrication de pièces en matériaux composites. Pour cela, elle utilise des bras robotisés (fournis par Kuka ou ABB) qu’elle équipe de têtes spécialement conçues pour la dépose de fibres de carbone. Comme il s’agit de robots de grandes dimensions, la sécurité revêt un caractère primordial. Et pour une jeune société qui souhaite travailler avec de grands groupes aéronautiques comme Airbus, Dassault, EADS ou Bombardier, il faut que les équipements proposés soient irréprochables sur ce point. « Nous sommes la première société à avoir eu l’idée d’utiliser des robots pour la dépose de carbone, lance Clémentine Gallet, cofondatrice de Coriolis Composites. Auparavant, on ne trouvait sur ce marché que des constructeurs issus du monde de la machine-outil à commande numé- MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com rique. Mais ces machines-outils sont peu flexibles car très limitées en termes de formes et de dimensions de pièces. Avec notre solution basée sur des robots, on gagne énormément en flexibilité : le bras peut s’adapter à tous types de formes concaves ou convexes, et la machine peut être utilisée pour fabriquer de très petites ou de très grandes pièces, comme par exemple des éléments de fuselage d’avion. » On l’aura compris : les robots de Coriolis Composites se distinguent par leur technicité. La tête qui dépose les rubans de fibre de carL’essentiel bone fait à elle seule l’objet d’une demi- PCoriolis Composites a développé une technique douzaine de brevets. Première étape : le robot est maître du procédé En 2006, lorsque la société développe ses premières machines pour l’industrie aéronautique, celles-ci n’intègrent pas d’automate. Tout le pilotage s’effectue directement dans la baie de commande du bras robotisé où sont installés les variateurs de vitesse pour les différents moteurs. Le ➜ innovante pour la fabrication de pièces complexes en matériaux composites. PLa société a suivi l’évolution de l’offre de Siemens en matière de sécurité. PPartie d’une solution à base de logique câblée, elle a d’abord installé un automate de sécurité qui améliore le diagnostic en cas de panne. PDepuis qu’elle a mis en place une solution de sécurité intégrée, de nouvelles fonctions ont pu être intégrées à ses robots. 37 Solutions Solutions Un bras robotisé pour les pièces composites En 1996, Clémentine Gallet, Yvan Hardy et Alexandre Hamlyn mettent au point une machine réalisant des coques de voiliers en carbone. Leur idée est d’apporter une solution industrielle aux fabricants de pièces en matériaux composites qui travaillent encore, pour la plupart, manuellement. C’est en 2001 que les trois ingénieurs ont l’idée d’employer un bras robotisé : beaucoup plus flexible qu’une machine-outil, le robot peut répondre aux problématiques des pièces les plus grandes et les plus complexes. Ils fondent la société Coriolis Composites. La technologie intéresse les fabricants de bateaux et d’éoliennes, mais aussi les constructeurs aéronautiques. Pour tous ces industriels, les matériaux composites procurent une nette réduction du poids et assurent une bonne résistance mécanique tout en étant insensibles à la corrosion. Aujourd’hui, les robots font l’objet de nombreux brevets, que ce soit pour l’outil de dépose du carbone ou pour le magasin qui contient les bobines (des rubans de fibres de carbone préimprégnés de résine). Ils sont proposés avec différentes largeurs d’outils selon le type de pièces à produire. Ils peuvent être fixes, ou installés sur un axe linéaire afin d’étendre leur champ d’action. D’autres axes peuvent également être installés, s’il est nécessaire de tourner la pièce pendant la dépose du carbone. Pour chaque nouveau projet, le fabricant breton conseille et accompagne ses clients pour concevoir la machine adaptée au type de pièces à produire. En effet, même si les têtes de dépose et les dévidoirs sont standard, la cellule de production est différente pour chaque projet. Le client pourra produire les pièces qu’il souhaite dans les limites de la géométrie de sa machine. Pour la partie applicative, le logiciel d’ingénierie CADFiber lui permettra de définir les trajectoires d’outils, simuler la production pour s’assurer de la faisabilité (vérifier que la pièce est compatible avec la cinématique de la machine et qu’il n’y a pas de collision), et enfin générer le programme final. ➜ calcul des trajectoires de l’outil et la gestion des dévidoirs de rubans de carbone sont effectués en utilisant l’interface fournie par le fournisseur du robot. La communication entre le robot et tous les capteurs et actionneurs installés sur la tête de dépose s’effectue via un bus de terrain Profibus. A l’époque, la sécurité est réalisée en filaire (on parle de “logique câblée”). Concrètement, les contacteurs de portes et les boutons d’arrêt d’urgence sont directement connectés aux chaînes de sécurité du robot. Deuxième étape : l’arrivée du PC industriel Quelques mois plus tard, Coriolis Composites enregistre ses premières ventes et l’activité prend de l’ampleur. Les dirigeants intègrent à leurs équipes des spécialistes en informatique industrielle. Ces derniers sont chargés de développer une interface homme-machine propre au métier du composite, mais aussi d’améliorer la partie automatismes de la machine. « Nous savions qu’il allait falloir apporter d’autres fonctions au robot, c’est pourquoi nous avons choisi d’installer un PC industriel au lieu d’un automate classique, poursuit PierreMarie Cadudal, responsable automatismes et robotique chez Coriolis Composites. Premièrement, nous avions d’importants besoins en traçabilité : pour chaque bande de carbone déposé, on voulait connaître la température et l’hygrométrie ambiante, la pression appliquée par la tête du robot 38 ainsi que la température à laquelle les fibres sont chauffées. Cela représente un volume de données conséquent, et il nous fallait les capacités de stockage d’un PC. Deuxièmement, nous souhaitions faciliter l’utilisation de la machine en installant une caméra sur la tête du robot, juste derrière le rouleau de dépose. Ce qui est plus pratique pour surveiller la réalisation de pièces complexes, surtout quand l’opérateur est loin de la pièce en question. Cela lui évite de se déplacer et de prendre des risques inutiles. Là encore, le PC s’imposait car il fallait intégrer la carte d’interface de la caméra. Pour toutes ces raisons, et après avoir envisagé différents produits disponibles à l’époque sur le marché, nous avons finalement opté pour un PC Box 627 de Siemens. Ce modèle est compact, ce qui facilite son installation dans l’armoire électrique, et il dispose d’emplace- ments libres pour ajouter des cartes PCI. » D’autres critères sont également entrés en ligne de compte lors du choix du PC industriel. Comme il ne comporte aucune pièce tournante à part le disque dur, il ne nécessite pratiquement aucun entretien. De plus, l’atelier logiciel WinAC RTX, qui est livré avec le PC, permet de développer relativement facilement des applications avec des contraintes temps réel fortes. Dès cet instant, c’est le PC industriel qui joue le rôle de chef d’orchestre de l’application. Le robot passe du rôle de maître Profibus à celui d’esclave. Il est sous les ordres du PC tout comme les stations d’entrées/sorties déportées. La partie sécurité, quant à elle, n’est pas modifiée : l’armoire, sur laquelle sont branchés les composants de sécurité, est toujours reliée en filaire à la baie de commande du robot. Les clients demandent de nouvelles fonctions de sécurité « Nos premiers clients étaient surtout des services de recherche et développement, à l’instar de EADS Innovation Works, la branche d’EADS qui est chargée de toutes les études sur les nouvelles technologies, nous confie Pierre-Marie Cadudal (Coriolis Composites). Les machines étaient donc manipulées uniquement par des experts. Elles n’étaient soumises à aucun impératif de cadence, car on n’envisageait pas de confier la production à des opérateurs dans l’immédiat. Car même si les grands groupes aéronautiques s’intéressent depuis longtemps aux matériaux composites, sur ce marché on ne change pas de technologie du jour au lendemain : c’est seulement une fois que les caractéristiques mécaniques des pièces composites sont parfaitement connues et maîtrisées que l’on peut passer à leur industrialisation. Toutefois, au fil des commandes, on a vu progressivement arriver des cahiers des charges de plus en plus complexes. » Parmi les nouvelles demandes des clients, on voit apparaître la gestion des barrières im- ➜ Le logiciel CADFiber proposé avec les machines a été entièrement développé par Coriolis Composites. L’industriel importe un modèle CAO de sa pièce, puis il utilise le logiciel pour définir les trajectoires de l’outil, en fonction des caractéristiques mécaniques souhaitées. CADFiber comporte également un outil de simulation pour vérifier la faisabilité de l’opération en fonction de la géométrie de la machine (chaque machine possède une cinématique différente, adaptée aux besoins du client). MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com L’évolution de l’architecture en quatre étapes 1 Dans la conception originale de la machine, toute l’architecture est centrée autour du robot. Ce dernier est le maître d’un réseau Profibus sur lequel sont mis tous les capteurs et actionneurs installés par Coriolis (pour l’outil qui dépose le carbone, et aussi pour la gestion du magasin qui contient les bobines). Les composants de sécurité sont, quant à eux, reliés par câble à l’armoire d’alimentation générale. A l’époque, il ne s’agissait que de contacteurs de portes et de boutons d’arrêt d’urgence. 2 Le PC industriel fait son apparition. C’est désormais lui qui joue le rôle de maître Profibus. Il commande le robot ainsi que les autres actionneurs de la machine. La partie sécurité n’est pas impactée. Ses composants sont toujours reliés directement à l’alimentation électrique du robot. 3 La troisième étape marque l’arrivée de l’automate de sécurité. L’architecture de la machine est fortement modifiée. Désormais, à part le robot qui est toujours piloté par le PC industriel, tous les capteurs et actionneurs remontent leurs informations vers l’automate de sécurité via un bus ProfiSafe. Principal intérêt : un câble unique parcourt toute la cellule. Afin que le PC continue d’agir sur les entrées/sorties, une passerelle Ethernet est installée entre l’automate de sécurité et le PC. Cette passerelle sert également à transmettre les informations de sécurité vers le PC pour faciliter le diagnostic en cas de panne. Enfin, grâce à l’automate de sécurité, la machine peut désormais intégrer des composants de sécurité plus évolués, comme des barrières immatérielles ou des scrutateurs laser. Ces derniers présentent moins de contraintes pour les utilisateurs que des barrières physiques. 4 Aujourd’hui, la machine dispose d’une solution de sécurité totalement intégrée. L’automate de sécurité a été remplacé par une application de sécurité dans le PC. L’architecture est simplifiée car on s’affranchit de la passerelle Ethernet. Le bus de terrain Profibus subsiste pour le pilotage du robot, mais quand les constructeurs de robots proposeront des armoires de commande compatibles ProfiSafe, Coriolis Composites pourra mettre en place un bus ProfiSafe unique pour toute l’application. MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com 39 Solutions dans l’application WinAC et dans celle concernant la sécurité. La cohabitation des deux applications d’automatismes ne durera pas longtemps. En 2009, Siemens lance sa solution de sécurité intégrée. « Le logiciel WinAC RTX F apporte à WinAC les fonctions de sécurité qui lui faisaient défaut jusqu’alors, explique Frédéric Lentz, responsable des produits d’automatismes sur base PC chez le constructeur allemand. Il est désormais possible d’utiliser le même PC industriel pour développer une application d’automatismes et une application de sécurité. » Coriolis Composites voit immédiatement comment il peut tirer profit d’une telle solution. Au fur et à mesure que l’architecture de la machine a été améliorée, la partie opérative a gagné de nouvelles fonctionnalités. D’abord, une caméra a été montée sur la tête du robot. Grâce à elle, l’opérateur contrôle la dépose du carbone depuis son interface homme-machine. Ensuite, une liaison OPC a été mise en place pour remonter un plus grand nombre de données. Par exemple, l’opérateur est informé lorsqu’une bobine de carbone est terminée, chose qui n’était pas possible avec les premières versions de la machine. ➜ matérielles et des scrutateurs laser. En effet, la plupart des robots sont installés sur des rails afin d’augmenter leur champ d’action et d’autoriser la fabrication de pièces de grandes dimensions. Mais la zone dangereuse s’étend elle aussi : une personne placée à une dizaine de mètres du bras peut se croire hors d’atteinte, alors qu’en fait elle peut être percutée lorsque robot se déplace. Or, on ne peut pas installer des barrières tout autour de la zone, car les déplacements dans l’atelier deviendraient compliqués, et surtout car il faut que les engins de levage puissent arriver au pied du robot pour manutentionner les pièces fabriquées. D’où l’intérêt des barrières de sécurité qui coupent l’alimentation dès qu’une personne franchit le faisceau lumineux mais qui, quand le robot ne fonctionne pas, n’empêchent pas la circulation des employés et des engins de manutention. Troisième étape : l’apparition de l’automate de sécurité La gestion des barrières immatérielles et des scrutateurs aurait pu être prise en charge par de la logique câblée, mais il fallait pouvoir délimiter plusieurs zones autour du robot, avec des niveaux de dangerosité différents selon la tâche réalisée par le robot. « A cette époque, notre solution de sécurité sur base PC n’était pas encore disponible, déclare François Morice, ingénieur commercial chez Siemens. Nous avons donc orienté Coriolis Composites vers un dispositif à base d’automate de sécurité, en l’occurrence le modèle ET200S CPU F. Ce dernier est livré avec un outil de configuration pour créer facilement des zones présentant différents niveaux de sécurité selon l’état du système. » Outre le fait de gérer plusieurs zones de sé- 40 curité, l’automate a permis d’améliorer le diagnostic en cas de panne d’un composant. En effet, en transitant via ProfiSafe et Ethernet, toutes les informations liées à la sécurité remontent désormais jusqu’à l’IHM de l’opérateur, ce qui n’était pas le cas en logique câblée. Cette fonction prend tout son sens pour ce type de machines de grandes dimensions : lorsqu’un arrêt d’urgence est déclenché ou qu’un capteur tombe en panne, la cause de l’arrêt est immédiatement identifiée et le temps d’indisponibilité de la machine s’en trouve réduit. Le paramétrage de l’application de sécurité a gagné en simplicité, mais l’architecture de la machine est par ailleurs plus complexe. En effet, l’installation de l’automate de sécurité s’accompagne de la mise en place d’un bus de terrain spécifique à la sécurité, en l’occurrence ProfiSafe. Les ingénieurs de Coriolis Composites ont choisi de connecter tous les capteurs et actionneurs (qu’ils concernent le process ou la sécurité) sur ce bus de terrain Profisafe. Afin que les données liées au process puissent toujours remonter jusqu’au PC industriel, une passerelle Ethernet est installée entre l’ET200S CPU F et le Box 627. Les performances de cette passerelle ont fait l’objet d’une étude : « pour que les échanges soient effectués dans de bonnes conditions, nous avons paramétré le réseau Ethernet de manière à ce qu’il soit rafraîchi tous les dixièmes de secondes », poursuit François Morice (Siemens). Enfin, comme on a désormais deux applications d’automatismes différentes, il faut faire attention à ne pas commettre d’erreurs. Un exemple : pour que les données en provenance des capteurs parviennent jusqu’au PC, il faut impérativement que les variables aient le même nom Quatrième étape : la sécurité est entièrement intégrée La machine subit donc une quatrième transformation. Exit le réseau Ethernet, délicat à configurer, et qui introduit de la latence. Fini la cohabitation – source d’erreurs – entre différentes applications. Désormais, tous les éléments sont directement reliés au PC : le robot, les entrées/sorties déportées et les composants de sécurité. « Pour l’utilisateur final, cela change tout. C’est une nouvelle manière d’appréhender la sécurité, assure Pierre-Marie Cadudal (Coriolis Composites). Aujourd’hui, on n’est plus obligé d’arrêter systématiquement le robot. Son espace de travail est limité automatiquement quand une personne pénètre dans une certaine zone. On peut aussi prévoir des opérations de maintenance pendant lesquelles le robot travaille à vitesse réduite. Surtout, on dispose d’une grande flexibilité, ce qui est vraiment important, puisque chaque machine est unique et doit être adaptée aux besoins du client. » Le processus d’amélioration se poursuit : les ingénieurs de Coriolis Composites comptent encore augmenter d’un cran la flexibilité de leurs machines en intégrant la sécurité à leur logiciel CADFiber. Aujourd’hui, ce logiciel permet au client de programmer son application (géométrie de la pièce, épaisseur de carbone, trajectoires de l’outil, etc.). A l’avenir, il prendra en compte les différentes contraintes de sécurité pour analyser la faisabilité d’une production. Concrètement, les zones de sécurité de la machine seront prises en charge dans la partie simulation du logiciel. Ce dernier pourra alerter l’utilisateur si jamais le programme oblige le robot à violer certaines zones de sécurité (si son bras croise le faisceau d’un scrutateur, par exemple). L’utilisateur pourra alors corriger immédiatement son programme. Ainsi, le lancement en production de programmes non conformes vis-à-vis de la sécurité sera d’emblée évité. Frédéric Parisot MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com