Eléments fertilisants secondaires et oligoéléments

Eléments fertilisants secondaires et oligo­éléments Eléments secondaires En plus des éléments nutritifs majeurs, azote, phosphore et potassium, la plante doit trouver dans le sol d'autres éléments : • des éléments nutritifs secondaires tels que soufre, calcium, magnésium, dont les prélèvements se chiffrent en kilogrammes par hectare, • des oligo­éléments dont les prélèvements se mesurent en grammes par hectare : fer, manganèse, cuivre, zinc, bore, molybdène. Le calcium. Ca Rôles du calcium Le calcium intervient sur l'alimentation des plantes mais il agit surtout sur les propriétés physiques du sol : stabilité structurale, dynamique de l'eau, … Il est exceptionnel que le sol n'assure pas une alimentation calcique convenable à la plante, car il contient toujours des quantités suffisantes pour assurer les besoins alimentaires des plantes, compris entre 25 et 100 kg de CaO par hectare. Le calcium est un élément essentiel pour la construction des parois cellulaires. Il contribue à une bonne conservation des fruits en particulier. Carence en calcium sur tomate En revanche, le maintien ou l'amélioration des propriétés physiques des sols est primordial pour que s'exprime le potentiel de productivité, en particulier lors de l'implantation des cultures. Dans les deux cas le calcium nécessaire est apporté par les amendements minéraux basiques. Par ailleurs, la bonne efficacité des fumures minérales ne s'obtient que sur des terres ayant un Statut Acido Basique (SAB) satisfaisant. Carence en calcium sur vigne (VEGEDIAG Expert) Apports de Calcium En général, l'apport de calcium est couplé avec l'apport de bases qui permettent de maintenir le SAB (pH, acidité) dans un état optimal selon le type de sol ou de culture. Le besoin en bases, pour passer d'un état à un autre, est déterminé à partir des mesures du pH et/ou du taux de saturation de la capacité d'échange cationique (CEC) réalisées en laboratoire. Une terre en état de bonne productivité doit avoir un pH compris entre 6 et 7 selon les systèmes de cultures et les types de sol. Pour éviter le blocage d'oligo­éléments, qui sont pour la plupart moins assimilables par les plantes en milieu alcalin, il est préférable de faire des apports modérés d'amendements basiques, mais répétés tous les 3 à 5 ans. Des chaulages d'entretien doivent ensuite maintenir le SAB à un niveau optimal.
Parlons fertilisation 1/6 UNIFA Edition 2005 Eléments fertilisants secondaires et oligo­éléments Entretenir le pH Pour entretenir le pH, il faut compenser les pertes en base qui sont de l'ordre de 200 à 300 kg équivalents CaO ou valeur neutralisante (VN) par hectare et par an. Le caractère acidifiant des éléments fertilisants, voire des effluents d'élevage peut faire augmenter ces quantités, de même que des précipitations importantes. Les amendements basiques sont régis par la norme NF U 44­001 qui distingue plusieurs classes. Source Agriculture Balthazard & Cotte Le magnésium. Mg Le magnésium se trouve présent surtout dans les feuilles comme composant de la chlorophylle. Il active également de nombreuses enzymes du métabolisme des protéines et des glucides. Il favorise le transfert des assimilats vers les organes de réserve et celui du phosphore vers les grains. Les prélèvements par des récoltes plus importantes et par le lessivage, font perdre chaque année au sol de 40 à 60 kg de magnésie MgO par hectare. Betterave, luzerne, maïs, tournesol et sorgho sont les plantes annuelles les plus sensibles au manque de magnésium. Carence en magnésium sur feuille de tournesol Sur vignes et vergers, l’équilibre des fertilisations potassiques et magnésiennes est nécessaire pour exprimer le potentiel de la plante et préserver sa qualité. Dans les sols acides à pH inférieurs à 7.0 le magnésium peut être apporté par les amendements minéraux basiques sous forme de carbonate ou de chaux magnésienne. Destinés à maintenir ou à élever le pH du sol et à améliorer sa structure, ces amendements apportent aussi du magnésium susceptible de compenser les exportations de cet élément à long terme. Carence en magnésium sur pommier (VEGEDIAG Expert) Dans les sols qui ne nécessitent pas d’amendements basiques, l’apport de magnésium peut s’envisager sous différentes formes: oxyde, oxysulfate ou sulfate de magnésium dans l’ordre croissant des solubilités. Ces formes peuvent être apportées par des engrais composés PK, NPK , NK ou azotés simples. Elles peuvent aussi être apportées sous forme d’engrais simples magnésiens, comme dans la kiesérite, sulfate de magnésium d’origine minière dosant 25% MgO soluble dans l’eau. Chaque produit est en outre caractérisé par • Sa teneur en CaO et en MgO (unité d’expression conventionnelle) ainsi que leur forme chimique • Sa valeur neutralisante VN, qui dépend de la teneur en CaO et en MgO : 1 MgO équivaut à 1,4 CaO. Exemple : une dolomie contenant 30% de CaO et 21% de MgO aura une VN de 30 + ( 21 x 1,4 ) = 59. • Sa solubilité carbonique (pour les produits crus seulement) • Sa finesse de mouture (facultative pour les produits cuits, obligatoire pour les produits crus).
Parlons fertilisation 2/6 UNIFA Edition 2005 Eléments fertilisants secondaires et oligo­éléments Matières fertilisantes mixtes Le calcium et le magnésium peuvent aussi être associés à des éléments fertilisants majeurs ( N, P ou K). La norme NFU 44­203 prévoit ce type de produits appelés amendements­engrais. Le soufre. S Le soufre entre dans la composition de certains acides aminés indispensables aux êtres vivants. C'est donc un élément indispensable à la synthèse des protéines. Les plantes prélèvent le soufre dans le sol sous forme de sulfates S04 2­ présents dans la solution du sol. L'apport atmosphérique par les pluies lié aux rejets de SO2 a été divisé par quatre en 20 ans en Europe. L'apport moyen en France variable selon les régions est inférieur à 10 kg de SO3 par ha et par an. L'accroissement des rendements à l'hectare et la diminution de l'apport atmosphérique sur les 20 dernières années rend nécessaire l'apport de fertilisants soufrés. Les besoins varient selon les espèces. Exprimés en anhydre sulfurique S03, ils s'élèvent à : • crucifères ( colza, choux ), liliacées ( ail, oignon, poireau ) : 175 à 200 kg/ha • légumineuses : 100 kg / ha • autres cultures ( céréales, betteraves, plantes fourragères ) : 30 à 75 kg / ha Carence en soufre sur maïs ( VEGEDIAG Expert) Carence en soufre sur colza ( VEGEDIAG Expert ) Le lessivage des sulfates ( 50 à plus de 100 kg de SO3 par hectare et par an ) s'ajoutant aux prélèvements par les récoltes, le sol peut perdre chaque année de 100 à 300 kg de SO3 par hectare. Autres éléments secondaires Le chlore. Cl Ce n'est que tout récemment que sa présence est apparue comme indispensable. Les apports de chlore par les eaux de pluie ( 20 kg/ha/an en moyenne ) et par les engrais suffisent à assurer les besoins en chlore des plantes, bien que cet élément ne soit pas fixé par l'argile du sol. Le sodium. Na Il est rencontré dans toutes les espèces végétales. Utile à certaines d'entre elles, sa présence est indispensable dans les fourrages pour la nutrition minérale des animaux en équilibre avec le potassium et le magnésium.
Parlons fertilisation 3/6 UNIFA Edition 2005 Eléments fertilisants secondaires et oligo­éléments Les oligo­éléments Maladies et carences L’absorption insuffisante en oligo­éléments provoque des troubles végétatifs appelés maladies de carences. En grande culture, l’attention se porte surtout sur : Céréales à paille : Cuivre, Manganèse Maïs : Zinc, Manganèse Colza : Bore, Molybdène Tournesol : Bore, Molybdène Betteraves : Bore, Manganèse Soja ­ Pois : Fer, Manganèse Lorsqu'une carence a été reconnue, il faut y remédier par l'apport dans la fertilisation de l'élément déficitaire, au moyen des engrais spéciaux apportés au sol ou en pulvérisation sur le feuillage. Des apports préventifs à forte dose sont déconseillés, car un excès d'oligo­éléments peut présenter autant d'inconvénients pour la bonne alimentation de la plante qu'une carence. Les seuils de toxicité pour certains éléments comme le bore peuvent être assez rapidement atteints. Le fer. Fe Il est présent dans les jeunes feuilles, où il intervient dans la formation de chlorophylle. Les besoins des cultures s'élèvent à 2 kg par hectare et par an. La biodisponibilité du fer diminue fortement en sols calcaires par insolubilisation sous forme ferrique. On remédie à la chlorose ferrique par apport au sol ou par pulvérisation sur les feuilles de spécialités à base de fer. Carence en Fe sur vigne ou chlorose ferrique (VEGEDIAG Expert) Le manganèse. Mn Il est nécessaire au développement normal des plantes car il est lié au fer dans son action sur la formation de la chlorophylle. Le manganèse est prélevé par les cultures en petites quantités : 400 à 500 g par hectare et par an. Les sols en contiennent suffisamment dans la plupart des cas. Un chaulage massif dans un sol très aéré peut faire courir le risque d'une carence induite par insolubilisation du manganèse présent. En cas de carence grave, des pulvérisations répétées de spécialités à base de manganèse donnent de bons résultats. Parlons fertilisation 4/6 Carence en Mn sur blé (VEGEDIAG Expert)
UNIFA Edition 2005 Eléments fertilisants secondaires et oligo­éléments Le cuivre. Cu C'est un activateur d'enzymes qui joue également un rôle dans le métabolisme des protéines et la synthèse de la chlorophylle. Les prélèvements des plantes ne dépassent pas 60 g par hectare. Sur céréales à paille, la carence en cuivre provoque la maladie des " bouts blancs ", d'où résulte ensuite des épis vides et des repousses après récolte. Le traitement consiste à épandre au sol du sulfate de cuivre ou à pulvériser sur les feuilles des spécialités à base de cuivre. Carence en Cu sur céréales ou maladie des bouts blancs (VEGEDIAG Expert) Le zinc. Zn Le zinc est nécessaire à la formation de certaines auxines, qui sont des hormones de croissance. De ce fait, il intervient dans la régulation de la croissance et dans la transformation des sucres. Les récoltes prélèvent en moyenne 200 g de zinc par hectare. On remédie à la carence en zinc en épandant au sol du sulfate de zinc ou du nitrate de zinc. On peut également procéder à des pulvérisations sur le feuillage de spécialités à base de zinc. Il est également possible de recourir à des engrais composés contenant du zinc pour l'apport au sol. Carence en Zn sur maïs (VEGEDIAG Expert) Le bore. B Son rôle est complexe. Il intervient dans le transfert des sucres, les phénomènes respiratoires, la fécondation, l'absorption de l'eau, la constitution des membranes cellulaires. Les pertes en bore dues aux exportations par les cultures et au lessivage s'élèvent à 200 ­ 300 g par hectare et par an. Certaines plantes sont particulièrement sensibles à cette carence : les betteraves ( maladie du cœur ), le tournesol ( grillure des feuilles ), les pommiers ( maladie du liège ), la luzerne. Pour lutter contre les carences en bore, on recommande d'utiliser des engrais composés contenant du bore ou des sels boratés. Carence en B sur betterave ou maladie du cœur noir (VEGEDIAG Expert) Le molybdène. Mo Il intervient dans la fixation de l’azote de l’air par les nodosités des légumineuses, de même que dans la transformation des nitrates à l’intérieur des tissus de la plante. Les végétaux en prélèvent 10 g par hectare / an. Généralement les carences apparaissent dans des sols acides et sur des plantes sensibles, comme les choux­fleurs, les melons, la luzerne. Il suffit de pulvériser des spécialités à base de molybdène pour faire disparaître les signes de carence. Parlons fertilisation 5/6 Carence en Mo sur soja (VEGEDIAG Expert)
UNIFA Edition 2005 Eléments fertilisants secondaires et oligo­éléments Autres oligo­éléments Le cobalt. Co Il joue un rôle essentiel dans la fixation symbiotique de l'azote (rhizobium) chez les légumineuses. Pour les autres cultures, le cobalt tire plutôt son importance de sa nécessité en alimentation animale (constituant de la vitamine B12). Le silicium. Si Important pour quelques espèces végétales comme le maïs, la canne à sucre, le riz, il participe à l'élaboration des parois cellulaires. L'iode. I C'est un oligo­élement tout à fait essentiel pour les animaux et les hommes mais ne semble pas jouer de rôle dans la croissance des végétaux. Le sélénium. Se Il n'a apparemment pas d'utilité pour les plantes mais on se préoccupe de sa concentration dans les plantes vu son importance en excès comme en carence sur la physiologie animale ou humaine. »
Parlons fertilisation 6/6 UNIFA Edition 2005