Soleil et allergie _MC MARGUERY_

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Soleil et allergie _MC MARGUERY_
SOLEIL ET ALLERGIE
Dr Marie-Claude Marguery
Unité de Photobiologie-Photothérapie
Service de Dermatologie
Hôpital Larrey
Toulouse
Une photodermatose ( PD ) est une dermatose avec photosensibilité ou sensibilité exagérée
et anormale à la lumière solaire ( UVB : 280-320 nm, UVA : 320-400 nm, lumière visible :
400-800 nm). Le terme photosensibilisation correspond à l’ensemble des phénomènes
pathologiques liés à la rencontre au niveau cutané d’une substance photosensibilisante
(chromophore) et d’une longueur d’onde efficace. Il existe 2 types de réaction de
photosensibilisation:
- réaction phototoxique, réaction photochimique comparable à la dermite d’irritation
- réaction photoallergique, réaction photo-immunologique
Le diagnostic de photodermatose repose sur les éléments cliniques : interrogatoire
(permettant d’établir l’histoire clinique de la photosensibilité, le recueil des prises
médicamenteuses au long cours et des facteurs contacts), topographie des lésions
(photodistribution avec respect des zones d’ombre physiologiques). L’exploration
photobiologique (EPB) est essentielle dans l’investigation des photodermatoses, même en
cas de résultats négatifs. Elle est donc toujours recommandée et obligatoire dans certaines
photodermatoses donnant les critères du diagnostic. L’EPB nécessite un matériel spécifique et
onéreux, l’aide d’un technicien (IDE) et se réalise selon une méthodologie standardisée (4
jours consécutifs +/- lectures ultérieures).
Les objectifs de l’EPB sont:1- évaluer la photosensibilité du patient en déterminant les doses
érythémateuses minimales (DEM UVB, DEM UVA), 2- de reproduire les lésions des
photodermatoses idiopathiques avec l’irradiation ultraviolette (UV) seule (phototests), 3d’identifier un photoallergéne éxogéne avec l’irradiation UV et la substance photosensibilisante
(photopatchtests), 4- de déterminer le spectre d’action d’une urticaire solaire.
La réaction photoallergique est une réaction photo-immunologique, le plus souvent une
réaction d’hypersensibilité retardée à médiation cellulaire comparable à la dermatite allergique
de contact mais l’ énergie lumineuse est indispensable pour créer le photoantigène puis la
réponse immune .Elle nécessite une sensibilisation préalable et ne survient que chez certains
sujets prédisposés. L’aspect clinique est le plus souvent à type d’eczéma photo-distribué.
Dans de plus rares cas, l’ aspect est urticarien, lichénien, à type de prurigo ou érythème
polymorphe. Elle peut diffuser en zone couvertes et évoluer vers une érythrodermie
prédominant en zones découvertes. L’évolution à l’arrêt (UV + agent photo-sensibilisant) est
prolongée avec une régression lente progressive des lésions en plusieurs semaines. Pour
certaines molécules, l’évolution de la photosensibilité est persistante avec 2 périodes :1réaction transitoire à la lumière, 2- dermatite actinique chronique.L’ aspect histologique de la
réaction photo-allergique est celui d’un eczéma (exocytose, spongiose, infiltrats dermiques
lympho-histiocytaires péri-vasculaires). Il existe des phénomènes de photosensibilisation
croisée entre substances immunologiquement apparentées. Dans de très rares cas, la réaction
photo-allergique est une réaction immunologique immédiate, IgE dépendante comme dans l’
urticaire solaire.
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Classification des photodermatoses :
1 - Deficit de la photoprotection naturelle:
- albinisme, vitiligo: touchant le système pigmentaire
- xéroderma pigmentosum: touchant les systèmes de réparation de l’ADN
2 - Dermatoses photoaggravées:
- lupus erythémateux cutané, dermatomyosite
- herpès récurrent, rosacée, chloasma ….
3 - Dermatoses par photosensibilisation (PS):
- chromophore identifiable endogène: porphyries, pellagre
- chromophore identifiable exogène: PS médicamenteuses, PS de contact
4 - Photodermatoses idiopathiques (PDI):
chromophore endogène non identifié, différentes entités
Photodermatoses idiopathiques :
-Lucite estivale bénigne
-Lucite polymorphe
-Prurigo actinique
-Eruption printanière juvénile
-Hydroa vacciniforme
-Dermatite actinique chronique
-Urticaire solaire
Médicaments et substances chimiques à l'origine de réactions photoallergiques
1 - Antimicrobiens topiques :
Clioquinol, salicylanilides halogénés, sulfonamides, olaquindox, antifongiques,
fentichlor.
2 - Parfums :
Musk ambrette, 6-méthylcoumarine.
3 - Filtres solaires :
Acide para-aminobenzoïque, benzophénones (oxybenzone), dibenzoylmethanes
(isopropyldibenzoylméthane), cinnamates, dérivés camphrés, octocrylène.
4 - Anti-inflammatoires non stéroïdiens :
Benzydamine hydrochloride, piroxicam, diclofénac, acide tiaprofénique,
kétoprofène topique
5 - Plantes de la famille des composées :
Arnica, artichaud, chrysanthème, dahlias, endive, laitue, tournesol, pissenlit,
mauvaises herbes.
6 - Autres photoallergènes végétaux : frullania, primine (primevère)
7- Drogues psychiatriques :
Antidépresseurs tricycliques, azapérone (usage vétérinaire), carbamazépine,
flupenthixol, phénothiazines (chlorpromazine, prométhazine, chlroproéthazine),
inhibiteur de la recapture de sérotonine (paroxétine)
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8 - Anti tuberculeux : Isoniazide, pyrazinamide
9 - Divers :
Amantadine, benzocaïne, captopril, cinchocaine, chloroquine, daspsone, dérivés de
l'acide fibrique (fénofibrate essentiellement), diphénhydramine, enoxacine,
flutamide, fluoréscéine, hydrocortisone, inhibiteur de la pompe à protons,
isotrétinoïne, loméfloxacine, nifédipine, pilocarpine, psoralènes, pyriméthamine,
quinine, quinidine, ramipril, ranitidine, simvastatine, rosuvastatine, diurétiques
thiazidiques, sulfasalazopyridine, sulfonylurées (tolbutamide et chlorpropamide),
terbinafine, triamtérène.
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