Film français en noir et blanc. 1961. 90 min. Scénario Jacques

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Film français en noir et blanc. 1961. 90 min. Scénario Jacques
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Mardi 24 mars 1998
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Film français en noir et blanc. 1961. 90 min.
Scénario
Photographie
Musique
Décors
Production
*
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Jacques Demy
Raoul Coutard
Michel Legrand, Bach, Mozart, Carl Maria von Weber
Bernard Eneir.
Georges de Beauregard, Carlo Ponti
Anouk Aimée, Marc Michel, Jacques Harden, Yvette
Interprétation
Anziani, Annie Duperoux, Alan Scott, Elina Labourdette.
Ce film est dédié à Max Ophüls.
A Nantes, Roland Cassard est
au chômage; en sortant du cinéma il
rencontre Cécile, une amie d'enfance.
Cécile est danseuse à L'Eldorado, sous
le nom de scène de Lola (Anouk
Aimée). Elle attend Michel, le père de
son fils Yvon. Il y a aussi Frankie, un
marin américain, une autre Cécile de
14 ans, sa mère Madame Desnoyer,
Jeanne la mère de Michel, Claire qui
tiens un café...
Demy n'a jamais été membre
officiel de la Nouvelle Vague.
Pourtant, Lola est un peu un film
Nouvelle Vague. Les dialogues sont
très travaillés, ils ont presque tous été
refaits en studio. Si bien qu'on a une
impression un peu surnaturelle en
écoutant les personnages parler entre
eux, presque sans aucun bruit de fond,
avec très peu de bruitages. C'est
comme si on était tout près d'eux,
l'oreille contre leur bouche (et être
contre la bouche d'Anouk Aimée, ce
n'est pas désagréable). Ce premier
écart par rapport à la réalité nous
transporte déjà dans un monde
féerique.
D'autre part, l'histoire se déroule
à la manière d'une pièce de théâtre : il
n'y a en tout que huit personnages (plus
des quidams). Et ces personnages se
croisent, se rencontrent, se manquent,
répètent les uns les autres les mêmes
choses dans des situations différentes,
comme s'ils étaient les seuls habitants de
Nantes. Si Rolland voit un film avec
Gary Cooper qui se passe à Matareva,
dans le Pacifique, un autre personnage
arrivera de Matareva. On propose un
poste à Marseille à Lola, "très peu pour
moi, on part pour Marseille et on se
retrouve en Argentine"; quelques scènes
après, Rolland lance "on part pour
Marseille et on se retrouve en
Argentine". Tout se répète, mais jamais
exactement de la même manière; ce sont
ces petites
différences qui font que la vie continue,
et que le film avance sans cesse. Là
encore, c'est un peu féerique. Et puis
surtout, il y a Anouk Aimée. Ce n'est pas
pour rien que le film s'appelle Lola, c'est
parce que c'est elle Lola. Elle est
bouleversante. Elle est pleine de vie, elle
parle toujours ("dans la vie, il faut
toujours plaire, c'est un principe (...) il
ne faut jamais contrarier les enfants,
encore un principe"), elle est sincère, elle
chante bien, elle danse même très bien, et
elle est belle. Bien sûr, elle n'est pas
seule. Tous les autres personnages sont
sympathiques, ils ont tous leur histoire.
Mais elle, elle a encore plus. Je vous
donne en avant première sa petite
chanson, mais attendez plutôt d'avoir vu
le film pour la relire.
Après-demain, jeudi 26 mars à 20 h 30.
Avant-première gratuite de Late in the afternoon, moyen métrage polonais réalisé par le
Français Gilles Renard sous la direction artistique de Krzysztof Kieslowski juste avant la
mort de ce dernier. Le réalisateur viendra
présenter son film.
Mardi prochain
On se plongera dans une autre époque tout
aussi productive du cinéma français, les années 1930, avec La Règle du jeu, film en noir
et blanc de Jean Renoir, 1939. 110 min.
Un aviateur veut conquérir une
femme mariée indifférente et se fait inviter
chez elle pour une partie de chasse en Sologne. Quand la société se donne en spectacle...
“La Règle du jeu, c’est le credo des
cinéphiles, le film des films, [...] Au lieu de
voir un produit terminé, livré à notre curiosité, on éprouve l’impression d’assister à un
film en cours de tournage, on croit voir Renoir organiser tout cela en même temps que
le film se projette, pour un peu on se dirait :
“ Tiens, je vais revenir demain pour voir si
les choses se passent de la même façon ” et
c’est ainsi qu’à regarder souvent La Règle du
jeu, on passe nos meilleures soirées de l’année.” (François Truffaut)
Jeudi 2 avril
Encore une avant-première gratuite : Gadjo
Dilo, un très beau film sur les gitans de Tony
“C'est moi, c'est Lola.
Celle qui rit à tout propos, celle
qui dit l'amour c'est beau, celle qui
plaît sans plaisanter, reçoit sans les
dédom-mager les hommages des
hommes âgés, les bravos des braves
gars, les hourras, les viens avec moi;
celle qui rit de tout cela, qui veut
plaire et s'en tenir là... c'est moi, c'est
Lola.
Celle qui dit v'la un bateau, v'la
samedi, v'la des matelots, on va
tourner, on va danser, on va flirter
sans y penser, on va rire et virevolter...
mais... mais... quand elle met le hola,
quand elle dit ça va comme ça, tienstoi bien moi j'm'en tiens là... c'est moi,
c'est moi Lola.
Celle qui dit bientôt, bientôt, et
qui sourit dans votre dos, toute
enfoncée dans ses pensées d'espoir, si
vous les saviez, un énorme espoir
insensé, celle qui n'ouvrira ses bras
qu'à celui qu'elle reconnaitra, entre
mille, entre cent ou trois, à qui elle
dira toi, toi, toi...
Quelle heure est-il ?”