Interprété par Nick Nolte Les années 80

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Interprété par Nick Nolte Les années 80
100 icônes badass du cinéma
Les années 80
• John Plissken •
JACK CATES
Interprété par Nick Nolte
F
• Le film : 48 heures (48 Hrs., 1982). Réalisé par Walter Hill •
ournisseur de badass depuis 1975
(rappelez-vous déjà Charles
Bronson dans Le bagarreur, aisément casable dans notre digest,
celui-là aussi), Walter Hill a ouvert la boîte de Pandore du buddy
movie avec ce prototype moult
fois photocopié depuis sa sortie.
Derrière 48 heures, le studio Paramount, celui par
qui l’ère du blockbuster high-concept allait s’abattre
sur Hollywood sous l’impulsion du redoutable
tandem Don Simpson-Jerry Bruckheimer et, audessus d’eux, le big boss Michael Eisner avant sa
migration vers Disney en 1984.
Premier film produit par Joel Silver, 48 heures
avait vu son script trainer quelques années après
un premier projet avorté, misant sur Clint
Eastwood dans le rôle de Jack Cates. L’affaire
rebondit lorsque Lawrence Gordon, associé et
mentor de Silver, en confia les rênes à Walter Hill
en proposant Nick Nolte en Cates et la star montante du Saturday Night Live Eddie Murphy pour
remplacer au pied levé Richard Pryor et incarner
le taulard hâbleur Reggie Hammond. Nick Nolte,
célèbre depuis la série télé Le riche et le pauvre et
le thriller marin “ jawsesque ” Les grands fonds,
gagna sur 48 heures ses galons de balèze ronchon
carburant à la bibine dès potron-minet.
Durant les premières minutes suivant le prologue explosif du film, le gros plan sur sa gueule
enfarinée au réveil et son engueulade avec la sublissime Annette O’Toole (non je n’exagère pas)
plantent le caractère du bonhomme : acariâtre !
Brutal, raciste (mais surtout pour intimider, qu’il
dit), soupe au lait, bagarreur et foutrement opiniâtre, Cates suinte le badass old school, déclinai-
son côte Ouest du Jimmy “ Popeye ” Doyle de
French Connection. Aujourd’hui encore, 48 heures
fonctionne à merveille pour ce succulent tandem
qu’il forme avec Reggie Hammond et qu’on ne se
lasse pas de savourer malgré une formule narrative
depuis longtemps galvaudée.
À sa façon, souvent involontaire, Cates est
presque aussi hilarant que Hammond et leurs joutes
verbales ont largement contribué au grassouillet
jackpot remporté par le film à sa sortie. L’humour
de 48 heures fut d’ailleurs une source de conflit
permanent entre Walter Hill et la Paramount, qui
souhaitait un polar toujours plus comique pour ne
pas effrayer les foules. À la grande colère du studio
(qui dut manger son chapeau devant le succès du
film), Hill livra tout de même un thriller sensiblement plus hard boiled qu’hilare, nous gratifiant
d’un joli petit climax bien hargneux : l’exécution
sans sommation du bad guy Albert Ganz (James
Remar, encore un badass, bordel !) par un Jack
Cates à l’œil sombre dans une ruelle humide du
Chinatown de Frisco. Badaaasss !
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