le coup de chaleur

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le coup de chaleur
LE COUP DE CHALEUR v20100720
Docteur Erik BOQUET
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LE COUP DE CHALEUR
A distinguer du coup de chaleur classique (CCC) par excès de chaleur exogène
survenant en dehors de tout effort en cas de température ambiante élevée (défaut de
thermolyse touchant les âges extrêmes de la vie), le coup de chaleur d’exercice (CCE) par
excès de chaleur endogène (excès de thermogenèse touchant les sujets jeunes) survient
dans des circonstances très évocatrices :
efforts physiques intenses et soutenus la plupart du temps en atmosphère chaude (> 20°C,
mais 30 à 50% des cas surviennent pour des températures « normales »).
Bien connu dans les armées françaises, le recueil épidémiologique des CCE est
effectif depuis 1989 avec 200 cas de 1989 à 1995.
Surveillance spécifique mise en place depuis 1995.
318 cas déclarés de 2002 à 2004, 182 de 2004 à 2006.
Les statistiques civiles ne permettent pas encore de retrouver les CCE.
Il y aurait environ 200 cas / an.
1 MECANISME
Les transferts de chaleur entre organisme et milieu ambiant se font de quatre façons
différentes :
● conduction (transfert par contact direct entre solides, 10 à 15% en temps normal
mais négligeable en environnement chaud)
● convection (transfert par contact avec un fluide liquide ou gazeux, 15% en temps
normal mais dépendant de l’habillement et du vent en environnement chaud voire
devenant positif !)
● radiation (échange de rayonnement infrarouge, 55 à 65% en temps normal mais
pouvant devenir également positif en environnement chaud…)
● évaporation (transition de phase liquide-gaz, 20% en temps normal et seul moyen
efficace en environnement chaud). Encore faut-il que le sujet puisse transpirer et
donc ne soit pas déshydraté, encore faut-il conserver un apport en sels minéraux
suffisant si l’apport hydrique nécessaire dépasse 2 litres/jour…
Lors d’un coup de chaleur, la rétention calorique déborde les moyens de régulation
de l’organisme (vasodilatation cutanée, transpiration et perspiration) et aboutit à une
hyperthermie majeure avec atteinte multi-viscérale et rhabdomyolyse surtout dans le CCE.
L’importance de cette dernière fait qu’une dysfonction musculaire est également
évoquée pour expliquer la survenue d’un CCE.
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2 FACTEURS DE RISQUE
Le CCE survient lorsque des facteurs favorisants sont réunis. Ces facteurs de risque
sont essentiellement :
● PHYSIQUES (épreuve intense typiquement une course chronométrée de 8km en
treillis et rangers avec dans 30% des cas une charge de 11 à 13kg),
● CLIMATIQUES (température élevée > 20°C mais >25°C que dans 20% des cas et
un cas a été rapporté par…-3°C, hygrométrie >75%, absence de vent),
● PERSONNELS (obésité, défaut d’entraînement, motivation minimisant les
signaux d’alerte, déshydratation ou jeûne dans 15% des cas, manque de sommeil
dans 11% des cas…),
● PHARMACOLOGIQUES (alcool ou médicaments modifiant la sudation)…
● VESTIMENTAIRES (vêtements imperméables, tenues NRBC, tenues de feu…).
3 SITUATIONS A RISQUE
Certaines situations sont à risque de CEE comme l’EPUISEMENT dû à la chaleur
avec :
●
●
●
●
●
céphalées,
vertiges,
déshydratation,
tachycardie et hypotension
mais sans trouble neurologique significatif.
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4 EXAMEN DE LA VICTIME
Une phase d’alerte est fréquente (20% des cas) avec :
● céphalées, mauvaise coordination des mouvements,
● troubles du comportement avec agressivité
● et crampes musculaires.
A la phase d’état :
troubles de la conscience, avec confusion (42%) coma agité (6%) voire
convulsions (4%),
● troubles cardio-vasculaires
o FC moyenne à 139 et PA moyenne à 100/60
o voire détresse circulatoire majeure,
● téguments chauds, dilatation veineuse et muqueuses sèches,
● hyperthermie supérieure à 40°C.
● autres signes associés :
o détresse respiratoire aiguë
o vomissements, diarrhées…
●
Les EXAMENS BIOLOGIQUES montrent :
● la confirmation de l’atteinte musculaire avec l’élévation des CPK et de la
myoglobinémie,
● des troubles de la coagulation fréquents surtout dans le CCE
● une atteinte hépatique avec insuffisance hépato-cellulaire dans 10% des cas,
● une insuffisance rénale…
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5 CONDUITE A TENIR
Il s’agit d’une urgence dont le pronostic dépend de la précocité du diagnostic et du
traitement sur le terrain : ce syndrome n’est redoutable que s’il demeure méconnu plus de 30
minutes et au-delà de 1 heure le décès devient très probable.
Il faut donc RECONNAITRE la situation et écarter les autres accidents dus à la
chaleur :
● l’EPUISEMENT déjà vu et constituant une situation à risque,
● l’INSOLATION avec :
o céphalées intenses,
o asthénie,
o délire voire perte de connaissance,
o hyperthermie modérée <40°C
o mais sans troubles cardio-vasculaires.
La PRISE EN CHARGE associe :
● la REFRIGERATION rapide (la durée de l’hyperthermie est un élément
fondamental du pronostic) visant à ramener en moins d’une heure la température
< 39°C (refroidir d’abord, réfléchir après) :
o mise au repos,
o déshabillage,
o aspersion d’eau froide,
o ventilation d’air,
o vessies de glace aux racines des membres,
● la demande d’une ASSISTANCE MEDICALE pour assurer
o le remplissage vasculaire par perfusion de sérum physiologique de l’ordre
de 1500 ml pendant la première heure,
o la prise en charge des troubles de la conscience avec intubation et le
traitement des convulsions par VALIUM.
● la surveillance.
La mortalité, fonction de la précocité du traitement, est passée de 30% dans les
années 1980 à moins de 5% actuellement.
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REFERENCES :
Urgence pratique 2007 n°80
RP 2004 n°12
Urgence pratique 2004 n°65
Urgence pratique 2002 n°51
Urgence pratique 2001 n°46
Urgence pratique 1995 n°11
Livre : Urgences médico-chirurgicales de l’adulte (Carli, Riou et Télion chez Arnette
2004)
 Livre : Les urgences (Goulon chez Maloine)
 Référentiel National Compétences de Sécurité Civile PSE2 2007
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