Le Cairn - Emmaüs Lescar-Pau

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Le Cairn - Emmaüs Lescar-Pau
Le Cairn
81
n0
Trimestriel du Village Emmaüs Lescar-Pau
Avril 2015 - www.emmaus-lescar-pau.com
un projet dUn projet de vie dans
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Le 8 janvier à l’ouverture, les habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau invitent les visiteurs de l’Espace vente
à une minute de silence.
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De plus en plus de personnes et surtout des jeunes demandent à rejoindre le Village Emmaüs
Lescar-Pau alors qu’il y a encore quelques années ils n’exprimaient pas cette intention. Les aides
sont inexistantes pour les personnes de moins de 25 ans. Mais, ce vide ne justifie pas entièrement
la croissance de ce besoin d’accueil.
Beaucoup de jeunes sont désoeuvrés : absence de projet de vie, d’idéal, doublé du sentiment d’être
incompris voire rejeté par la société. Face à cette réalité d’abandon de la jeunesse, notre aveuglement est tel que nous laissons faire, tant que ça ne concerne pas nos propres enfants…
L’ambition du Village Emmaüs Lescar-Pau est de redonner leur dignité à tous ces
jeunes. En leur proposant d’évoluer dans une microsociété alternative où se mêlent l’humain,
la culture, l’agro-écologie, nous tentons de leur apporter de l’espoir, l’envie d’être et surtout l’envie
de vivre. En découvrant un mode de vie plus solidaire, original mais non marginal, ils
redonnent du sens à leur vie.
La sculpture « Le Chemin de l’Utopie » exprime pour partie cette reconstruction de la jeunesse
et de toutes les personnes qui ont participé à l’évolution de notre projet utopique.
Par son dynamisme, elle symbolise l’envie d’avancer, de construire, de
se projeter dans l’avenir !
Germain,
responsable du Village Emmaüs Lescar-Pau
Appel à créativité !
Le Village Emmaüs Lescar-Pau souhaite avoir une image en phase avec
son projet alternatif.
Il lance un appel à la création d’un logo qui garde une référence forte au
mouvement Emmaüs tout en soulevant son originalité à savoir :
- un projet de société alternative,
- une parole politique forte,
- un engagement dans l’agro-écologie et la préservation des espèces,
- une réflexion urbaine autour de l’écoconstruction et de la citoyenneté,
- un accès à une culture engagée pour tous,
- une autonomie financière totale,
- une activité principale de récupération tendant vers zéro déchet.
2
le 10 janvier au matin, l’Espace vente du Village Emmaüs
Lescar-Pau reste exceptionnellement fermé. La plupart
des habitants ont choisi de
rejoindre le rassemblement
palois.
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Le 19 février, à La Paz, accueil par David Choquehuanca (au centre), ministre des affaires étrangères, dans son bureau.
Un échange d’une heure a eu lieu en présence de Jean-Paul Guevara (à droite), ambassadeur de Bolivie en France.
Bolivie
Bolivie
Du 18 au 25 février, une délégation du Village Emmaüs Lescar-Pau était
en Bolivie en vue d’un renforcement de partenariat avec une communauté
de paysans dont le principal objectif est l’accès à une parole politique
autour du bien-être de la personne et l’échange de savoir-faire agricoles.
La délégation était composée de Germain, responsable du Village Emmaüs
Lescar-Pau, Tayeb Cherfi, programmateur du Festival Emmaüs LescarPau et Jean Ortiz, spécialiste de l’Amérique du Sud du XXème siècle. Sur
place, ils ont été rejoints par Fabien, jeune responsable du Chantier Solidaire, actuellement en séjour en Amérique Latine.
« Ce fut une expérience exceptionnelle,
unique. Humainement, nous sommes sortis du cadre de pensée et d’attitude occidental. Nous sommes arrivés dans un pays
neuf, avec une extraordinaire dynamique
et une foi en l’avenir. Moi, fils d’immigré,
j’ai été extrêmement touché par la façon
dont la Bolivie aborde les multiples conséquences liées à la colonisation. Dans ce
pays, elle n’est pas taboue. Les Boliviens
abordent cette question librement et vivement... Leur logique communautaire fait
qu’ils se retrouvent ensemble. Ce peuple,
humilié et multiculturel, agit et milite pour
la valorisation de ses origines et par là pour
mieux s’ouvrir aux autres. Vraiment, j’ai
reçu une leçon d’humanité ! » Tayeb
« En Bolivie, tout repose sur un peuple qui
recommence à être lui-même. Tout est
basé sur l’équilibre, le partage, l’harmonie,
la recherche d’un consensus, d’une organisation et d’une production autrement.
Oui, c’est possible ! La pauvreté a reculé.
Le gouvernement a choisi une politique de
lutte contre la pauvreté. Ça marche ! » Jean
« La protection des dirigeants, c’est le
peuple ! » Evo Morales - A l’issue de la rencontre, à pied, ils ont traversé La Paz pour
suivre David Choquehuanca à une conférence qu’il a donné devant 300 personnes,
des travailleurs de la coopérative de télécommunication, Cotel. Le Chancelier bolivien est théoricien du Buen vivir.
Le 20 février, première rencontre à Cota Cota Baja avec les autorités et le coordinateur bolivien
du partenariat, Rolando (à droite, l’homme au chapeau), nommé fin mars.
La délégation a été accueillie à La Paz par l’ambassadeur de Bolivie en
France, Jean-Paul Guevara. Il leur a fait rencontrer le ministre des affaires
étrangères de l’Etat plurinational de Bolivie, David Choquehuanca, avant
de faire un séjour dans la communauté du Syndicat Agraire de Cota Cota
Baja avec qui des liens existent depuis 2 ans (cf. Cairn n°75 et n°78).
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5
Bolivie
De nombreux échanges ont eu lieu avec représentants de Cota Cota Baja. Afin
de s’inscrire dans la pérennité d’un partenariat, ils doivent désigner un des leurs
afin qu’il devienne pour plusieurs années l’interlocuteur du Village Emmaüs Lescar-Pau. En 2015, deux temps forts devraient se dérouler : la venue au Village
Emmaüs Lescar-Pau de 3 représentants boliviens. Cette mission devrait coïncider avec les Rencontres Internationales du Réseau des Semences Paysannes en
septembre. Puis, en octobre, 3 habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau feront
le déplacement en Amérique Latine. Germain définit le projet : « Nous devons
apprendre à nous connaître autour des alternatives que nous développons tant
sur le plan d’une association (Village Emmaüs Lescar-Pau), que sur le plan d’une
ville (Marinaleda) ou d’un pays (Etat plurinational de Bolivie). Nous devons faire
découvrir cette réalité bolivienne d’engagement politique qui nait de la base aux
jeunes occidentaux afin qu’ils s’approprient une conscience politique. »
Le 21 février, chantier collectif à Cota Cota Baja. L’enjeu étant la plantation de plus de 200 arbres, un par famille, pour reboiser une parcelle. Avant la plantation, l’opération s’organise dans l’instant après
échanges entre tous les habitants.
De nombreux échanges ont eu lieu avec
les représentants de Cota Cota Baja. Afin
de pérenniser le partenariat, ils doivent
désigner un des leurs afin qu’il devienne
pour plusieurs années l’interlocuteur du
Village Emmaüs Lescar-Pau. En 2015,
deux temps forts devraient renforcer
les liens : la venue en Béarn de 3 représentants boliviens ; mission qui devrait
coïncider avec les Rencontres Internationales du Réseau des Semences Paysannes en septembre. Puis, en octobre,
3 habitants du Village Emmaüs LescarPau feront le déplacement en Amérique
Latine.
Germain définit le projet ainsi : « Nous
devons apprendre à nous connaître
autour des alternatives que nous déve-
6Distribution des arbres.
Patrick3, Gérard, Mathieu dit « Bichon »
et Jean-Pierre2 vous invitent à faire un
Charlie !
loppons tant sur le plan d’une association (Village Emmaüs Lescar-Pau), que
sur le plan d’une ville (Marinaleda) ou
d’un pays (Etat plurinational de Bolivie).
Nous devons faire découvrir cette réalité
bolivienne d’engagement politique qui
nait de la base aux jeunes occidentaux
afin qu’ils s’approprient une conscience
politique. »
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Paroles d’habitants
Les jeunes arrivent au Village Emmaüs Lescar-Pau souvent en état
de mal être. Ils y découvrent un autre modèle de société. Certains
Du Village
Emmaüs
Lescar-Pau
apprennent
un métier,
s’initient
aux règles de vie en collectif, avec la
solidarité et l’entraide. La plupart adopte une famille alternative. Ils
se construisent en apprenant à donner du sens à leur projet de vie.
« J’ai débarqué ici en catastrophe. J’avais écumé
toutes les possibilités familiales et autres », précise
Alexandre. Depuis ses 14 ans, il mène un parcours
du combattant. Jeune, seul, un peu rebelle et difficile, il va de galère en galère. Peintre en bâtiment, il
ne trouvait pas de travail ou il tombait dans des plans
bancals… C’est une ancienne famille d’accueil qui l’a
orienté vers Emmaüs Lescar-Pau. Petit, il avait suivi
l’évolution du village mais avec un regard d’enfant :
« Même si gosse, je venais toutes les semaines, je ne
voyais pas les gens qui travaillaient ici. » Pourtant,
il débarque sans a priori. La découverte est une surprise : « cool ! ». Il intègre immédiatement la notion de
vie en collectif. Deux ans après, il constate : « c’est la
Paroles d’habitants
Du Village Emmaüs Lescar-Pau
Originaire de Pau, Guillaume reconnait volontiers être
arrivé au Village Emmaüs Lescar-Pau par défaut. Maçon de formation, il est resté un an sans emploi avant
de partir faire une session de perfectionnement. Mais,
elle tourne court. De retour au domicile familial, sa
Maman est radicale : « tu ne vas pas rester à rien faire
à la maison. Tu n’as qu’à rejoindre Emmaüs ! » Au bout de
10 mn de réflexion, Guillaume, qui est un habitué de
l’Espace vente depuis tout petit, se dit :
« Je n’avais pas assez travaillé pour toucher le chô-
mage. Je venais de galérer une année. Alors, en
attendant de trouver mieux, pourquoi pas ? Au fur
et à mesure, je me suis fait des amis, j’ai pris mes
marques et surtout, je me suis senti mieux. Aujourd’hui, je reste par choix. »
Alexandre // 23 ans
Arrivé le 25 mai 2013
Ripper
première fois de ma vie que je reste aussi longtemps
en place ». Avant d’enchaîner sur l’activité : « Rester
sans travailler ça va un moment. Là, j’ai la fierté de
gagner ma croûte plutôt que d’être dépendant d’un
système. Je ne suis pas fainéant ! Quand je me compare à mes potes, je vois vite tous les avantages que j’ai
ici. Du coup, je fais de la pub. J’ai un travail , un toit
rien que pour moi … je gagne mes sous. J’économise.
Je me fais plaisir. Je construis mes projets personnels
au sein du groupe. Là, je viens de m’acheter ma
moto avec mes économies. Je réalise mon rêve de
gosse ! Je ne pense pas qu’ailleurs j’aurais pu. Je suis
bien ici, je m’y projette loin . En fait, tout en étant
ici, j’ai des projets plein la tête ! »
Guillaume revient sur la déception de précédentes expériences en entreprise. Il ne cherche plus de travail :
« Tant que je suis bien ici, je reste ! »
Guillaume // 22 ans
Arrivé le 27 septembre 2013
À la vente
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Il assume son statut de compagnon :
« C’est un statut comme un autre ! » Guillaume parle
avec fierté ce que ce statut sous-entend : joie de vivre,
entente en collectif, grande famille…, tout en parlant
de son évolution : « je suis moins timide. J’ai appris
à ne plus fuir les gens, à les connaître… ». Il partage toujours des activités extérieures avec des amis
d’adolescence ou d’aujourd’hui.
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Paroles d’habitants
Du Village Emmaüs Lescar-Pau
La première fois, Mathieu dit «Bichon» arrive par obligation. Il reste peu. Deux ans plus tard, il revient par
choix.
« J’ai travaillé durant toute cette période à Lyon ,
mais basiquement la grande ville m’oppressait. J’avais
envie d’un retour aux sources. Je suis du Béarn et de
la campagne. Revenir ici était une évidence. Je ne
me voyais ni dans une entreprise avec une relation
hypocrite, ni seul dans une boite où personne te
fait c*… Justement, j’aime qu’on me fasse c*… Je le
rends bien . J’aime ce système de village. Tu sors de
chez toi, tout le monde te connaît. Une ambiance
familiale. L’isolement m’emm*…de. J’assume ce choix
d’autant que l’on n’est pas dans un cliché misérabiliste. On fait un combat ensemble. Le vivre ensemble
n’est pas une utopie légendaire. Ici, c’est cool ! La
dynamique est assez forte pour me donner un coup
de pied au c*…, et j’en redemande car je suis un
nostalgique. Je vis dans le passé, dans mon passé. Je
suis cas*…-cou*… avec ça. A mon jeune âge, je suis
un vieux c*… Ici on m’aide à passer à autre chose.
De plus, comme je ne suis pas ok avec le système
dominant, je ne me vois pas travailler à l’extérieur.
Je refuse de donner mes sous à l’Etat : il n’est pas
respectueux des travailleurs ».
« Bichon » est carrément rebelle mais heureux de participer à quelque chose qui a du sens.
« Si on baisse les bras, le combat mené ici depuis
33 ans ne servira à rien . Continuons la lutte ! »
*Le vocabulaire et les expressions qui sortent de la
bouche de Mathieu dit «Bichon» ne peuvent pas être
couchés sur papier. Veuillez nous excuser d’avoir
atténué ses propos… Inversement, merci à Mathieu dit
« Bichon » de sa généreuse tolérance.
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Mickaël2 n’arrivait pas à trouver du travail :
« C’était toujours la même exigence : avez-vous une première
expérience ? Mais, en sortant de l’école, si personne ne te donne
ta chance, tu ne peux pas avoir la première. J’allais d’échec en
échec. J’étais blasé, écœuré. Mon contrat de jeune majeur a été
cassé. Le foyer d’accueil m’a mis à la porte un 28 février.»
Au moment où il part dans la rue, son éducateur lui
parle d’Emmaüs. Il tente Tarnos, mais il n’y a pas de
place. Finalement, c’est le Village Emmaüs LescarPau qui l’accueille suite à une vacance de place.
« Je me suis installé. J’ai fait mon petit nid. Je m’en-
tends bien avec tout le monde. Sincèrement, cette
expérience m’est bénéfique ! » Et il mentionne pêle-
mêle : la vie en collectif, l’ouverture vers l’extérieur,
la façon de penser,… « Ici, on te demande juste de
Mathieu dit «Bichon » //
XX ans
De passage du
12 décembre 2010 au
25 janvier 2011
Arrivé le 27 mars 2013
t’engager dans le collectif. Ça colle ou pas. Tu as
le droit de faire tes choix, d’exprimer tes opinions.
Ailleurs, c’est le contraire. » Mickaël2 poursuit :
« Pourquoi suivre un schéma de mondialisation où
tout le monde pense pareil ? On ne peut pas être
emmuré dans une optique similaire. Chacun doit
pouvoir avoir son libre point de vue. » Il enchaîne :
« On s’engage dans l’écologie. C’est important ! Les
Boliviens n’ont pas tort. Nous venons tous de la terre.
Elle nous fait vivre. Nous devons prendre soin d’elle. »
Mickaël2 // 20 ans
Arrivé le 15 mars 2014
Ripper
Quand des personnes se montrent sceptiques visà-vis de son statut de compagnon, Mickaël2 se fait
pédagogue.
« J’explique. Au final , elles s’intéressent. Elles le voient d’un bon œil . » D’autant
que : « Pour l’instant, je suis bien ici. Je n’ai pas de réel besoin de bouger. En tant
que ripper, je me déplace tout le temps. J’ai découvert un métier et je l’aime. »
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Paroles d’habitants
Quand Valentin arrive en Béarn à l’automne 2012,
c’est pour intégrer un BTS. Erreur d’aiguillage, il ne
débute pas son cursus. Mais, il choisit de rester sur
Pau et d’y trouver du travail. « Les quatre premiers
Du Village Emmaüs Lescar-Pau
Lise avoue : « J’ai eu une première expérience de
mois, j’ai trouvé sans problème. Les quatre suivants,
j’ai raté ! » Finalement, il se retrouve à la rue. Au bout
stage qui ne m’a pas convenue. J’étais dans un grand
groupe international . J’avais l’impression d’être perchée dans un bureau sans avoir accès à la réalité.
Il n’y avait rien de concret. C’était très marketing.
L’objectif était de tirailler voire persécuter le consommateur et de créer des besoins qu’il n’a pas. »
de 8 jours, un copain lui parle d’Emmaüs Lescar-Pau
et du projet. L’idée le séduit d’autant que, dans sa famille, il passe pour le révolutionnaire :
« J’ai toujours été contre cette société de consomma-
tion et de paraître, alors je suis venu pour voir avec
l’idée de rester 1 ou 2 mois… Maintenant, j’y suis, j’y
reste ! »
Dans le cadre de ses études, situées à la charnière
de l’agronomie et de la communication, Lise précise :
« Mon école nous donne des bases sur l’agriculture.
C’est à chacun de choisir son orientation suivant ses
convictions : suivre la voie de l’agriculture industrielle ou prendre celle des alternatives. J’ai eu besoin
d’aller vers du concret, de voir la portée de ce que je
faisais, d’évoluer dans des notions plus humaines. »
Arrivée au Village Emmaüs Lescar-Pau en Chantier
Solidaire, Lise participe à tous les ateliers. Elle s’immerge dans le fonctionnement global. L’idée de postuler pour un stage s’impose à elle progressivement.
« La parole et l’engagement font partie de mon projet professionnel . Etre ici est un choix ! » Lise vit
au village. Elle est totalement intégrée. Son défi est
de s’appuyer sur un des projets du collectif en l’occurrence la Ferme alternative en lien avec le Réseau
Semences Paysannes*. Par cette approche, elle veut
conforter son orientation avant de continuer son chemin initiatique en faveur d’une agriculture paysanne
respectueuse de l’environnement.
Toutes les pensées intuitives de Valentin se confirment : « Tout ce que j’avais imaginé se révèle être
vrai. En grandissant, je trouve que la société est de
pire en pire. Quand je vois le potentiel qu’elle a et
qu’elle gâche… Dès que je peux, j’essaie de diffuser nos
idées, d’expliquer aux gens notre projet. Ah oui ! Je
veux être un maillon de cette aventure. »
Lise // 23 ans
Arrivée
mi-septembre
dans le cadre du Chantier
Solidaire
Au 1er janvier 2015 en
stage de fin d’études dans
le cadre d’un Master II
Agronomie
Aux Ateliers Communication et Ferme alternative
Valentin // 23 ans
Arrivé le 5 juillet 2013
A la Recyclerie-Déchetterie
Valentin revient sur son statut qui ne convient pas
forcément aux siens :
« Moi, je suis très fier d’être compagnon , de tout ce que ce mot véhicule. Un
ensemble de valeurs qui vont au-delà du simple job : être une immense famille,
travailler ensemble, faire des choses bien . Ma famille admet car elle sait que
c’est moi qui gère ma vie. Ici, on m’accepte tel que je suis. C’est le plus important. J’ai tout ce qu’il me faut : une occupation et des amis, la base de la vie. Je
n’ai besoin de rien d’autre car tout le reste est superficiel . »
Mais, Valentin est curieux de nature. Il sait qu’un jour il partira pour vivre d’autres
expériences : « Je veux voir de mes propres yeux, je veux avoir un jugement
lucide. »
*Réseau Semences Paysannes : du 24 au 26 septembre,
le Village Emmaüs Lescar-Pau accueille les Rencontres
Internationales du Réseau Semences Paysannes :
« Sème ta résistance ! Les Semences Paysannes nourrissent l’homme ». Lise coordonne le projet entre les
deux partenaires.
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Paroles d’habitants
Chantier Solidaire
Du Village Emmaüs Lescar-Pau
Envie de bouleverser ton quotidien ? De vivre de nouvelles expériences ? Intéressé par
les projets alternatifs et constructifs ? Envie de faire autre chose que de farnienter sur
des plages surchargées ?
Dans un premier temps, Jonathan est venu car, tout
en ayant une activité, il cherchait à voyager et à rencontrer du monde. Puis, il a apprécié de s’engager
dans des combats politiques ou d’avancer dans des
projets qui ont un sens. La dynamique du Village
Emmaüs Lescar-Pau et son ouverture lui permettent
de répondre à ses deux objectifs. « La différence avec
les autres activités bénévoles que j’ai pu exercer par le
passé vient de la diversité des actions proposées et de
l’amplitude du projet. Auparavant, je n’étais jamais
tombé sur une telle énergie globale. »
Jonathan parle de l’absence d’essoufflement : « Du
fait du monde, du renouvellement des personnes, de
la diversité des activités, on ne ressent pas de lassitude. On n’est pas enfermé dans un ronronnement
de confort. On n’attend pas que les choses viennent
à nous. On y va ! » Jonathan se sent investi même
s’il n’est présent que par périodes. « A chaque retour,
les gens sont contents de me voir. Je découvre ou
je redécouvre. Je fais de nouvelles connaissances. Je
m’accroche naturellement au wagon . Je suis happé
par l’énergie ambiante. Finalement, je me sens acteur
du projet. Absent, je m’informe. Je communique avec
des amis et je me projette. Je vois ma vie ici. »
Engage-toi à nos côtés et vis l’expérience !
Si les problématiques de surconsommation et de gaspillage, d’agro écologie, de développement durable ou de changement climatique éveillent en toi quelques interrogations, si tu as envie de découvrir un autre modèle de société entièrement indépendant,
prends de l’avance et mobilise-toi. Participe à la vie du Village Emmaüs Lescar-Pau en
rencontrant ses habitants et de nombreux jeunes venus du monde entier.
Tente une expérience enrichissante
en t’inscrivant aux Chantiers Solidaires 2015 !
Conditions de participation
Jonathan // 32 ans
Chantier Solidaire été
2013 et été 2014
Bénévole en décembre
2014 et en mars 2015
Âge : à partir de 18 ans
Période : toute l’année
Bénévolat d’été ou possibilité de stage conventionné
Conditions : Gîte et couvert pris en charge par le Village Emmaüs Lescar-Pau contre
participation à l’activité dans le respect des règles d’une vie en communauté.
www.emmaus-lescar-pau.com/chantier-solidaire
Parc Beaumont, les 30 000
manifestants furent invités
à partager le repas de midi.
Plus de 500 personnes se
sont retrouvées autour d’un
bol de garbure ou de couscous, préparés par l’atelier
Cuisine du Village Emmaüs
Lescar-Pau. L’Association
AFRAHT64 a servi un thé à
la menthe accompagné de
biscuits tunisiens.
14
Khalida au service du couscous qu’elle a cuisiné avec d’autres compagnes (ons).
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Atelier Village Emmaüs Lescar - Pau
Un projet de vie dans un projet de société alternative
Atelier Village Emmaüs Lescar - Pau
Un projet de vie dans un projet de société alternative
En France, pour être réinsérée, la personne est captée par un organisme, quel
qu’il soit. Pour entrer dans le système
d’insertion, elle s’appuie sur un travailleur
social. La batterie d’aides mises en place
doit lui permettre de s’en sortir. Malheureusement, malgré les compétences des
professionnels, le système capitaliste
enferme les personnes en demande dans
l’assistanat. Publiquement, l’Etat affirme
son intention de vaincre le chômage. Mais,
sournoisement, il ne met pas en place de
réelles politiques de lutte : il refuse le partage du travail et le partage des revenus.
Il ne donne aucun moyen aux travailleurs
sociaux pour mener à bien leur mission.
Le décalage entre l’intention et la réalité
enferme les personnes en difficulté dans
l’assistanat qui devient presque un statut
légitime. Les gouvernants achètent la paix
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sociale à grands coups de RSA ou d’allocations de toutes sortes qui endorment
les personnes et les enferment dans l’inutilité. Elles sont accompagnées économiquement mais elles restent seules sans
pouvoir donner de sens à leur vie. Les valeurs fondamentales que sont l’entraide,
la solidarité et le travail sont les grandes
oubliées du système néolibéral. Au final,
seules 15% des personnes en demande
se réinsèrent. Et les autres ?
Répondant à cette lacune, de nombreux
organismes ou institutions gèrent le misérabilisme. Mais, en parallèle, d’autres
refusent de se substituer aux manquements de l’Etat. Ne voulant pas cautionner l’hypocrisie de la société dominante,
ils s’inscrivent ouvertement dans la lutte
contre la pauvreté et l’exclusion. Pour cela,
ils développent des expériences alternatives proposant à ceux qui le souhaitent
de s’intégrer dans la société et de redevenir des citoyens à part entière par une
autre voie.
Tel est le cas du Village Emmaüs LescarPau, mais cette dynamique sociale ne lui
est pas propre, loin de là. De tout temps,
chez nous et ailleurs dans le monde,
d’autres modèles sociétaux ont gravité en
marge du schéma dominant pour apporter des réponses à ceux qui n’étaient pas
en phase avec le schéma imposé. Des
alternatives qui ont une égale légitimité
face à la norme étatique. Des alternatives
qui sont reconnues pour certaines. Des
alternatives qui doivent être acceptées en
fonction du principe de la démocratie et
de la liberté. Des alternatives qui, en aucun
cas, ne peuvent être considérées comme
marginales car minoritaires ou en opposition avec la pensée suprême.
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Atelier Village Emmaüs Lescar - Pau
Un projet de vie dans un projet de société alternative
Vers de nouveaux
modèles de société
Assemblée mensuelle du Syndicat Agraire de Cota Cota Baja, 5 avril 2014.
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Un éco-village tend vers des valeurs
écologiques et bien souvent de partage.
Il s’agit en général d’anciens villages
abandonnés en raison de leur éloignement géographique des villes. Ils ont été
rachetés et restaurés de manière écologique. Les habitants tentent d’y relancer une économie locale via l’installation
d’agriculteurs, d’éleveurs, d’entreprises
et d’autres activités artisanales ou touristiques. Ou, il peut s’agir aussi de lieux
entièrement construits autour d’un projet
commun à tous les futurs habitants.
Un éco-village cherche à reconstituer une
économie locale basée, en circuit court
ou en économie circulaire, sur l’autosuffisance, dans une relation équilibrée
entre les besoins de ses habitants et les
ressources environnantes. Il fonctionne
bien souvent comme une microsociété.
Parfois, certains mettent en place une
monnaie alternative afin de favoriser les
échanges en interne.
Dans les communautés intentionnelles,
éco-villages et habitats groupés, certains
termes se retrouvent souvent :
– Constructions bioclimatiques et à
énergies positives, phyto-épuration,
énergies renouvelables.
– Consensus (décisions prises à l’unanimité) et sociocratie (cf. page 20).
– CNV : communication non violente
permettant de résoudre les conflits.
– Permaculture : méthode permettant de
designer* un territoire.
*Designer : En permaculture, concevoir un modèle d’aménagement et de développement d’un
territoire, à partir d’un diagnostic écologico-humain, visant à prendre soin de la nature et de
l’homme, et à partager équitablement la production.
Le modèle bolivien
Certaines sociétés dites « traditionnelles »
développent des axes prioritaires différents
de ceux du monde occidental. Elles ont du
mal à s’exprimer pleinement. Elles sont
souvent piégées par la rapacité du modèle
néolibéral qui a tissé autour d’elles une
toile d’araignée robuste comme lors des
conquêtes ou des colonisations. Cependant, à force de résistance, des peuples
parviennent à faire reconnaître et valoir
leur culture ancestrale. Comme en Bolivie
où les droits des peuples indigènes et de la
diversité culturelle peuvent s’épanouir pleinement après avoir longtemps été relégués
et méprisés par les colons.
Les éco-villages
ou comment vivre
autrement
Une nouvelle société émerge, celle du buen
vivir, de la pachamama, des biens communs, de la souveraineté des peuples. En
résumé, celle de la démocratie communautaire.
Autour d’un bol, des habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau et François Bayrou, maire
de Pau et président de la Communauté d’Agglomération Pau-Pyrénées.
De même, dans la société contemporaine, en marge du modèle dominant, des
alternatives naissent d’un réel besoin.
Car si tous les hommes naissent libres et
égaux en dignité et en droits, ils n’aspirent
pas tous à une même et unique société.
Certains, de plus en plus nombreux, imaginent d’autres façons de penser, de vivre
ensemble ou de travailler.
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Atelier Village Emmaüs Lescar - Pau
Un projet de vie dans un projet de société alternative
Le modèle sociocratique ou comment
travailler autrement
nité et d'organisation. Enfin, il est attaché
à l'égalité de salaire, quelles que soient
les compétences (expérience ou niveau
d'étude) de chacun.
Avec cette méthode de gouvernance, il n'y
a pas de structure hiérarchique. La fonction de direction est répartie entre les différents permanents de l'équipe. Chacun
est également responsable et porte sa
part du projet. Les décisions sont prises
collectivement, au consensus. A la division du travail, il préfère une certaine polyvalence, qui permet à tout un chacun de
prendre la mesure de la réalité des différents postes, même si tout le monde ne
fait pas de tout pour des questions d'affi-
Si le fonctionnement en autogestion
demande du temps et de l'énergie pour
maintenir l'égalité entre les personnes, il
favorise en contrepartie la prise d'initiative
et l'implication de chacun dans le projet,
gage de dynamisme et d'inventivité. L'autogestion, ce n'est ni évident ni naturel.
Cela nécessite un apprentissage permanent et la mise en place d'outils à questionner et re-questionner sans cesse.
Serge dit « Poupi » au service de la garbure qu’il a mitonnée avec le soutien d’autres
compagnes (ons).
Le projet utopique
du Village Emmaüs
Lescar-Pau
salariés. D’autres viennent librement proposer de leur temps : les bénévoles ou
les amis. D’autres y réalisent un stage.
D’autres effectuent un TIG. D’autres…
En remettant en question les fondements
de la société dominante, en affirmant
qu’avoir un statut de travailleur salarié ou
par défaut qu’être bénéficiaire du RSA peut
ne pas être la norme, le projet de vie des
habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau
interpelle voire dérange. En choisissant ce
mode collectif, avec un statut spécifique*,
le compagnon devient acteur de son insertion, ou plutôt acteur de son intégration dans la société puisqu’il ne suit pas
la voie dogmatique. Les principaux facteurs de sa reconstruction sont l’activité,
la solidarité et un cadre qui lui fournissent
des repères. Dans le contexte utopique du
Village Emmaüs Lescar-Pau, la personne
expérimente d’autres formes « de vivre et
de travailler ensemble » notamment par
la démultiplication des statuts, par l’interactivité entre les postes ou par l’échange
et la transmission des savoir-faire. On
parle d’intégration dans la société civile et
non d’insertion. La personne est toujours
citoyen à part entière sur son territoire,
même si elle expérimente une autre façon
de vivre, car elle participe à la vie économique, à la vie sociale, à la vie culturelle…
Peu importe le statut, l’essentiel est l’interactivité entre le collectif et la personne durant son passage. La mixité des statuts fait
la richesse des rencontres, des échanges,
d’un projet qui se construit sur le principe
d’une dynamique participative. Evoluant
hors cadre réglementaire, dans un système de prise de décisions dans l’instant
avec les personnes concernées et non en
instance par un conseil d’administration
jaloux de ses prérogatives, le Village Emmaüs Lescar-Pau et son projet alternatif
sont en évolution intuitive permanente.
En effet, au Village Emmaüs Lescar-Pau,
quels que soient les statuts des personnes, toutes partagent un objectif
commun : la pérennisation du projet en
mode collectif doublé d’un engagement
fort, lutter contre les causes de la misère.
Certains y vivent en permanence tout en
ayant un espace de vie privée préservé :
les compagnons (es). D’autres y exercent
une activité professionnelle engagée : les
20
* Les communautés Emmaüs bénéficient du
statut d’OACAS défini par le décret no2009-863
du 14 juillet 2009 relatif à l’agrément des Organismes d’Accueil Communautaire et d’Activités
Solidaires. Il n’est pas exclusivement réservé
aux communautés Emmaüs.
« Le statut d’OACAS permet aux communautés, sous réserve du contrôle par l’Etat d’abus
éventuels, de poursuivre leur longue histoire
d’expérimentation socio-économique dans
une liberté d’initiative large, sans contrôle a
priori, et non dans un cadre règlementaire préétabli et contraignant. Porteuse d’une forme
de contestation des modes de vie, de production, d’échange, de partage, de consommation,
la communauté conserve, malgré son statut
législatif, une force d’interpellation et une
capacité de propositions alternatives qui l’inscrit résolument dans l’économie solidaire. »
Extrait de « Un Job pour Tous », 2014.
Ouvrage de Christophe Deltombe,
président d’Emmaüs France de 2007
à 2013
21
Éloge du beau
Hommage à l’abbé Pierre
sous la statue « AbbéPierre » créée en 2009 par
Jean-Marc Martinez et
Laurent Bardier et récemment installée dans l’alignement de la sculpture
« Le Chemin de l’Utpie ».
Éloge du
beau
Le 22 janvier, en hommage au départ de l’abbé Pierre, le Village Emmaüs Lescar-Pau offrait un
temps d’émotion intense. Il célébrait sa façade nord sous son nouvel aspect, mettant en exergue
un des objectifs de son projet politique : l’art fait partie du processus de construction de la personne. Mais, bien plus que la mise en avant de son image, c’est tout le Village Emmaüs LescarPau qui s’est révélé. En fin de cérémonie, le maire, Serge4, entouré de tout le conseil municipal,
dévoilait le plan du Village Emmaüs Lescar-Pau. Cette première présentation est le fruit d’un
travail d’appropriation par tous les habitants de leur espace de vie. Toutes les voies (chemins,
rues…) et certaines places ont été nommées, faisant référence aux origines d’Emmaüs LescarPau comme à ses engagements. Une place «Je Suis Charlie » a été inaugurée.
Placée sous le signe de la Mémoire comme de l’Avenir, cette matinée, rythmée par Yélé Kabé, la
batucada du Village Emmaüs Lescar-Pau, a regroupé plus de 400 personnes.
« En 1997, dans la première
communauté où je me suis
arrêté, Etoile-sur-Rhône, l’abbé
Pierre et Haroun Tazieff étaient
invités. Au repas, j’étais face à
eux. Ce fut une soirée mémorable où je n’ai eu qu’à écouter.
Le premier disait que la pauvreté
n’est pas une fatalité. Le second
argumentait autour du communautarisme et de l’ignorance
qui conduisaient aux conflits.
J’espère que les évènements de
janvier ne sont pas un effet de
masse, que nous retrouverons
cet élan dans notre quotidien. »
Serge dit « Serge de Berni».
22
« Ces derniers temps, on se
rend compte qu’il y a du boulot.
Suite à beaucoup de violence,
les gens se sont levés. Ils ont
bougé. Ils ont dit qu’ils voulaient du vivre ensemble, de la
liberté de parole. Mon souhait
est qu’on continue tous à être
des petits Abbé Pierre, à bouger
ensemble, à avancer sur le chemin de l’Utopie dans la Liberté
et dans la dignité. » Claudine.
« En 50 ans, je l’ai rencontré à
2 reprises. La première fois,
ado, j’étais bête et rebelle. La
seconde en 99, je revenais de
Compostelle. Je voulais échanger avec lui sur cette expérience. Il m’a accueilli. Je n’ai
rien pu dire. Il a parlé. Mais, il a
signé ma crédential. » Patrick3.
« S’il vivait, il dirait : Mes amis,
levez-vous ! Que se lèvent les
résistants d’aujourd’hui ! »
Jean Ortiz, ami du Village
Emmaüs Lescar-Pau.
« Je l’ai rencontré à plusieurs
fois. Quand je pense à lui, je
vois un visage où se reflétaient la bonté et un leitmotiv :
Et les autres. Et les autres. Et
les autres… Que nous soyons
croyant, non-croyant, athée,
mais tous laïcs, continuons le
combat de l’abbé Pierre ! Soyons
dignes de son héritage ! » Joël.
Rencontre d’habitants du
Village Emmaüs LescarPau avec Didier Larrieu,
maire d’Arbus et président
de la Communauté de Communes du Miey-de-Béarn,
Lors du pique-nique palois
« Je suis Charlie »
« Par 2 fois, ici, ma route a croisé
la sienne. Il y a des rencontres
qu’on sait déterminantes. Ce
qui m’a le plus marqué, c’est
la force incroyable qui émanait
de lui et qui était en contraste
avec sa fragilité et son humilité. Cette force, c’était celle de
la solidarité. Je suis convaincu
qu’à Lescar-Pau c’est cette
même force qui nous anime. Je
suis fier d’être compagnon du
Village Emmaüs Lescar-Pau. »
François1er.
23
Éloge du beau
Le long
du chemin
« Chapeau à vous ! » (cf. aux
artistes) Jean-Marie.
« Pour moi, tous ces gens
qui avancent dans la même
direction signifient : malgré
nos différences nous arrivons à
marcher ensemble. »
Alexis.
« Les silhouettes sont de
plusieurs tailles. Elles n’ont
pas de couleur de peau, pas de
nationalité. Elles disent : nous
marchons tous ensemble dans
le même sens. »
Telma.
« Elle évoque un chemin de mémoire. De ceux qui sont passés.
De ceux qui passent. De ceux qui
passeront. Elle évoque un slogan :
bien différents, bien ensemble. »
Jean-Pierre1.
L’inauguration de la sculpture, « Le Chemin
de l’Utopie », a fédéré autour des artistes
quelques habitants invités à un moment
de prises de paroles sincères.
« Cette composition est créée à
partir de 50 silhouettes posées
sur une partition qui racontent
toutes une petite histoire. »
Fanny Piérot.
24
« Un tel projet coûte cher. Nous
avons réussi ce pari grâce à des
gens engagés qui accordent
leur confiance à des artistes.
C’est énorme, car c’est très
rare d’autant qu’ici, la qualité
de vie et la qualité humaine sont
incroyables ! »
Nathanaël Petitjean.
« Passé la surprise de la découverte de la face cachée d’ici,
nous nous sommes appropriés
l’ampleur du projet. Si nous
n’avons pas été à la hauteur de
ce projet, nous avons été à la
longueur… »
Monsieur Térez.
« Elle est l’image d’Emmaüs :
des hommes debout qui ne
restent pas figés comme dans
une société bien-pensante. »
Gérard.
« P… que c’est beau ! Je vous
recommande de venir tous les
matins, tous les soirs, de voir
combien la lumière reflète dans
la couleur des silhouettes… Et,
surtout, n’oubliez pas l’autre
face ! »
Pablo.
« Cette sculpture est impressionnante car du coup, l’Utopie
devient concrète ! »
Cédric.
25
Éloge du beau
« Les pauvres ont droit à l’art, à
la beauté ! »
Hugo.
Jean-Paul Brin, 6ème adjoint au maire de Pau, dépose un message de soutien au nom de la municipalité de Pau.
Petite discussion conviviale avec Martine Lignières-Cassou,
députée des Pyrénées-Atlantiques.
« J’ai eu la chance d’y participer pendant plusieurs semaines. Je m’y suis reconstruit
car j’y ai vu ma vie. »
Hervé.
« J’invite tout le monde à se planter devant chaque silhouette. Devant une, vous vous retrouverez. »
Jean-Marc Ruiz, Lescarien et ami
du Village Emmaüs Lescar-Pau.
.
26
« Je fais partie de ceux qui ont
connu Mirepeix. Quand je vois le
chemin parcouru, je suis fier de
Lescar. Emmaüs est la première
image que l’on voit en entrant
sur le territoire… Je suis fier du
travail mené avec vous qui êtes
totalement intégrés dans l’activité communale. »
Christian Laine, maire de Lescar,
a tenu à s’exprimer au côté de
son collègue, Serge4, maire du
Village Emmaüs Lescar-Pau.
« J’ai accepté la représentation
du président de Région, car nous
avons tous notre histoire avec
Emmaüs. Vous démontrez à
travers une réalisation les actes
que vous posez. Vous faites
exister l’éthique qui est souvent,
aujourd’hui, bousculée. »
Marie-Pierre Cabanne,
conseillère régionale.
« Pour moi, paysan, la vache
béarnaise représentée est le lien
physique entre la culture et l’agric… »
Maxime.
27
Bric - à - brèves
Le 7 février à la Ferme
alternative du Village
Emmaüs
Lescar-Pau,
Libertine est née. Petite
fille de Vagabonde arrivée en 2010 alors qu’elle
était jeune adulte, fille de
Beròja née le 19 juillet
2012, elle est l’ainée de la
seconde génération de
vaches béarnaises nées
sur le site.
Recyclage du mobilier
Depuis le début de l’année, la Recyclerie du Village
Emmaüs Lescar-Pau est point de dépôt du mobilier
d’entreprise. Tous les professionnels qui se débarrassent de leur mobilier, dans la limite d’un chargement de 25 m3 peuvent le déposer à la RecyclerieDéchetterie. Cette collecte se fait dans le cadre d’un
partenariat avec l’éco-organisme agréé : Valdelia.
Rappel : Concernant le recyclage du mobilier en provenance de particuliers, depuis
avril 2014, le Village Emmaüs Lescar-Pau a un partenariat avec l’éco-organisme :
Eco-Mobilier.
Aidez-nous à sauver les abeilles ! Pour la Ferme alternative, le Village Emmaüs
Lescar-Pau récupère les ruches peuplées et le matériel d’apiculture. Contact au
05.59.81.17.82 ou [email protected]
Le 14 janvier, 18 auditeurs du CHEDD,
Collège des Hautes Etudes du Développement Durable, étaient en session au
Village Emmaüs Lescar-Pau : leur thème
de travail était l’Economie Sociale et Solidaire Circulaire. Pour l’appréhender, il
leur a été proposé de prendre appui sur
le site d’accueil du village.
http://www.cheddaquitaine.fr/
Le 17 janvier, 5 habitants du Village
Emmaüs Lescar-Pau assistaient à
l’assemblée générale d’EHLG qui marquait le 10ème anniversaire de la création de cet acteur du développement
local engagé pour une agriculture paysanne en Pays basque, respectueuse
des paysans, des consommateurs et
de l’environnement.
http://www.ehlgbai.org/
28
Le film « Laïcité »
réalisé par Dominique
Gautier en 2007, est
plus que jamais d’actualité. Le 13 février,
il a ouvert le débat du
vivre ensemble devant
plus de 120 personnes
sensibilisées par le
sujet et par les événements de janvier.
Le 26 février Au Village Emmaüs LescarPau s’est tenue la dernière réunion municipale sous l’égide du maire sortant.
Serge4 s’est exprimé au nom de tous
les conseillers municipaux réunis à ses
côtés. « Depuis un an, nous essayons
tous de travailler ensemble. Si je m’exprime c’est au nom de toute l’équipe,
nous avons une parole commune. Je
pense que notre mandat a été propice au
développement et à l’embellissement du
village » a-t-il conclu. L’appel à candidature au poste de conseiller municipal
était ouvert jusqu’au 15 mars. Les élections se sont déroulées le 25 mars. Dans
la semaine suivante, la nouvelle équipe a
élu le nouveau maire du Village Emmaüs
Lescar-Pau.
29
Les Béarnais s’expriment librement !
Bric - à - brèves
Le 28 février
à Fontaine (37), dans le
cadre du forum
« Désobéir, agir citoyen »,
Germain intervenait autour du thème :
« S’engager en faveur
d’une autre société ».
http://desobeissance.fr/
Du 2 au 22 mars, 10 jeunes adultes d’iffeurope étaient en immersion au Village
Emmaüs Lescar-Pau. En échec par rapport à leur cursus d’études supérieures, ils
suivent un parcours « tremplin » de 5 mois durant lesquels ils vivront des expériences fortes. En les sortant du schéma de vie habituel, en leur proposant un
tutorat personnalisé, en leur donnant des cours interactifs, l’objectif est de leur
apprendre à se connaître, de monter un projet de vie cohérent, d’apprendre à gérer
une vie de groupe.
www.iffeurope.org
Christian Laine, maire de Lescar, fraternise autour d’un bol de couscous.
Le 13 mars, sur invitation du Groupe Daniel, 3 habitants du Village Emmaüs Lescar-Pau
ont assisté à une rencontre avec François-Charles Génolini, ingénieur en design industriel,
concepteur du vestiaire haute-couture automne/hiver de la maison Chanel en micro-carrés
de béton.
Le 18 mars à Cogolin (83), invité par le collectif Place Publique, Germain a présenté le
Village Emmaüs Lescar-Pau autour du thème : « Un autre monde solidaire est possible ».
Face la montée du racisme et de l’intolérance, il est de notre responsabilité d’affirmer :
Vivre ensemble est source de richesse humaine.
http://www.placepubliquecogolin.fr/
30
31
Faites un acte de solidarité
Parrainez un prisonnier palestinien
« Il y a toujours un black out d’Israël. Toutes
les informations qu’Israël donne parlent
de terroristes alors que des personnes de
tout profil sont enfermées : des enfants
mineurs, des adolescents (es), des
étudiants, des femmes, des gens de tous
milieux professionnels…»
Actuellement plus de 7000 palestiniens
sont détenus dans 29 prisons israéliennes.
Pour qu’ils ne se sentent pas isolés, oubliés,
l’AFPS invite au parrainage de prisonniers :
« Quand un prisonnier reçoit une lettre,
c’est tous ceux de la prison qui la lisent »,
confirme Moncef, lui-même parrain d’un
prisonnier, tout comme Yves.
Alors ils agissent pour apporter de l’espoir
à ces milliers de vies, privées injustement
de liberté et de droits humains élémentaires.
Yves Goaer et Moncef Chahed se
disent frères jumeaux tellement ils
sont unis dans un même combat :
la reconnaissance de la Palestine.
Pourtant chacun a un parcours
différent.
1967, on parlait beaucoup des disparus
arabes, palestiniens… Quand je suis arrivé
en France, j’ai constaté que les informations étaient différentes de celles de Tunisie. » Les disparitions l’interpellent. Il fait
ses propres recherches. Un jour, il décide
d’entrer en militance active.
Le Français, Yves, est sensibilisé à la cause
depuis la guerre des 6 jours. Comme de
nombreux autres militants, les mensonges
qui ont entouré cet événement ne l’ont pas
laissé indifférent. En 2008, il a l’opportunité d’aller en Palestine. Dès son retour,
il s’engage : « On ne revient pas indemne
de Palestine ! » De cette même époque, le
Tunisien, Moncef, garde en mémoire la tristesse de son père chaque fois qu’il écoutait
les infos du Proche Orient à la TSF.
Les deux hommes se rencontrent lors de
leur première manifestation paloise en
2009. Depuis, ils militent de concert. Ils
sont tous les deux présents au niveau local
et national des instances de l’AFPS*.
Un jour il lui dit : « La Palestine va très mal.
Le pays a été volé ! », Moncef poursuit : « En
32
Du fait de sa quête sur les disparitions
d’arabes et de palestiniens et de son étude
personnelle sur le sujet, Moncef est plus
particulièrement investi dans le dossier
des prisonniers politiques palestiniens.
Il travaille en lien direct et étroit avec des
ONG palestiniennes et israéliennes ainsi
qu’avec le ministère chargé des affaires
des prisonniers.
Le 17 avril Journée
internationale des
Prisonnier.e.s
Politiques
A 20h, pour le respect
des droits des Prisonniers Politiques Palestiniens, soirée cinédébat à la salle « Atelier
Débats » du Village
Emmaüs Lescar-Pau.
Projection du film : « Libres dans la prison de
Gaza » réalisé par Chris Den Hond, suivie d’un
débat en présence de Moncef Chahed, de Martine
Brizemur, membre de la coordination Israël/ Territoires Palestiniens Occupés/ Palestine à Amnesty
International France et de Taoufiq Tahani, président
de l'Association France Palestine Solidarité.
Soirée gratuite
Quelques chiffres
4653 : le nombre de prisonniers politiques palestiniens (mai 2012).
Entre 700 000 et 750 000 : le nombre de Palestiniens qui sont passés par les prisons israéliennes
depuis juin 1967, soit près de 20% de la population
des territoires occupés.
Entre 45 et 50% : des hommes palestiniens de plus
de 18 ans résidant dans les territoires occupés ont
séjourné au moins une fois en prison.
*AFPS : Association France Palestine Solidarité.
Pour parrainer un prisonnier politique palestinien,
rendez-vous sur :
http://www.france-palestine.org
ou écrivez directement à :
[email protected]
Le 22 janvier, lors de la cérémonie
d’hommage au décès de l’abbé Pierre,
les villageois inaugurent la place
« Je Suis Charlie ».
33
Rendez-vous au Village Emmaüs Lescar - Pau
Le 8 juin en fin d’après-midi,
le Village Emmaüs
Lescar-Pau accueillera
le Tour Alternatiba.
En fin d’après-midi : arrivée
au Village Emmaüs Lescar-Pau
A 20h, conférence débat autour du climat
A 21h30, Concert Duo Bernardo Sandoval & Serge Lopez
Gratuit.
*COP21 : Conférence des
Nations unies sur les changements climatiques à
Paris - du 30 novembre au
11 décembre 2015.
Du 14 au 18 juin, 2ème édition de la transhumance. Le Village Emmaüs LescarPau prendra la route des estives. A pied,
les ânes et les hommes relieront la Ferme
alternative du plateau du Pont-Long à
Lescar aux bergeries d’Avajan dans le
val Louron (65). A Arreau, les moutons
les rejoindront pour effectuer les deniers
kilomètres.
Le 4 juillet, nouvelle édition de Fous de Musique à 20h dans le bric-à-brac des meubles.
Libre participation
Le Tour Alternatiba parcourra 5000 km pendant l’été 2015,
avec un vélo 4 places et deux 3 places, pour mobiliser des
dizaines de milliers de personnes autour des « vraies alternatives » au changement climatique dans la perspective de
la COP21* en décembre 2015.
Il entraînera dans son sillage de nombreuses associations environnementales et sociales,
des sections syndicales, mais aussi des clubs de sport, des groupes d’étudiants, des collectifs de pompiers, des groupes de musique, de danse, etc. Des milliers de cyclistes, portant le
dossard Alternatiba, suivront ces vélos insolites dans leur périple, ponctué de 180 étapes.
90 réunions publiques sont prévues sur ce trajet.
Il démarrera à Bayonne le 5 juin pour arriver sur Paris le 26 septembre.
Tous les messages de soutien des palois sont présentés dans le Bric-à-brac B.
34
35
Recyclerie – Déchetterie
Ouvert 7 jours / 7 - Gratuit
Du lundi au samedi de 8h30 à 19h00
Les dimanches et jours fériés
de 9h à 18h
Fermé les 1er janvier, 1er mai,
25 décembre et durant le
Festival Emmaüs Lescar-Pau
Pour tout débarras maison, papier, vêtement, chiffon, meuble, électroménager,
informatique, voiture et autres…
Contact au 05 59 81 17 82
[email protected]
Gratuit
Bric-à-Brac / Espace vente
Ouvert du mardi au vendredi
de 14h à 18h
Le samedi de 10h à 12h
et de 14h à 18h
Épicerie
Ouverte du mardi au vendredi
de 8h à 12h30 et de 13h15 à 18h
Le samedi de 10h à 18h
Crêperie
Ouverte du mardi au vendredi
de 14h à 18h
Le samedi de 10h à 18h
- - - Coordonnées - - Village Emmaüs Lescar-Pau
Chemin Salié, 64230 Lescar (France)
Tél +33 (0)5 59 81 17 82
[email protected]
www.emmaus-lescar-pau.com
Ferme alternative
7 jours / 7 de 8h à 18h, les animaux vous
accueillent - Gratuit
Comment venir ?
- Gare SNCF Pau à 10 km
- Aéroport Pau-Pyrénées à 5 km
- Bus Idelis ligne P12, arrêt Pontérique à
Lescar à 1 km
- Autoroute A65 / A 64 : sortie A64 n°9.1,
direction Aéroport Pau-Pyrénées / Pau
Ouest / Lescar, à 50 m du péage.
- GPS 43°20’38’’N – 0°25’02’’O
Visite du site réalisée par un compagnon
du mardi au samedi, de 8h à 18h - Gratuit
Abonnement au Cairn
Nom :
Prénom :
gratuit
Abonnement version papier ( en France uniquement)
Rue :
Code postal :
Ville :
Abonnement version électronique
Courriel :
Coupon à remplir en lettres majuscules et à renvoyer à :
Village Emmaüs Lescar-Pau - Chemin Salié - 64230 Lescar
ou adresser une demande par mail à [email protected]
Le Cairn
Petite pyramide de pierres
élevée par des alpinistes
ou des explorateurs pour
servir de point de repère,
de guide, de témoin de
leur passage.
Textes et photos réalisés par les habitants
du Village Emmaüs Lescar-Pau
ISSN 2117-3192
Graphisme : Loïc Laborde
Édité en 4500 exemplaires
sur papier recyclé avec
encres végétales. Format optimisé pour éviter les chutes
excédentaires de papier.
Distance de transport entre
l’imprimerie et le Village
Emmaüs Lescar-Pau : 4 km.

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