Mathias Kusnierz - UFR LAC

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Mathias Kusnierz - UFR LAC
Séminaire Littérature-Cinéma
Lundi 21 mars 2016 – 18-20h – salle 791 C
Mathias KUSNIERZ : « L’adaptation par effraction : sur les versions filmiques de
quelques récits inadaptables »
Le concept d’inadaptable est le point aveugle du texte fondateur de Truffaut, « Une certaine
tendance du cinéma français » : il en est un élément central mais Truffaut ne le discute jamais.
En s’en prenant au cinéma des littérateurs, fondé essentiellement sur l’adaptation d’œuvres
littéraires du répertoire, Truffaut accuse les scénaristes Aurenche et Bost de laisser de côté les
passages inadaptables. Et bien qu’il ait pu déclarer ailleurs que « la question de l’adaptation
est une fausse question », jamais il ne discute les vertus propres de l’inadaptable. Il semble
pourtant que les grands récits réputés inadaptables donnent régulièrement naissance à des
films singuliers : Don Quichotte, Ulysse, Les Mille et une nuits ou Tristram Shandy sont
autant de récits réputés impossibles à transposer au cinéma mais qui ont connu une ou
plusieurs adaptations filmiques (que l’on pense à Honor de Cavalleria d’Albert Serra ou A
Cock & Bull Story de Michael Winterbottom). Dans cet exposé, je propose d’examiner les
raisons pour lesquelles les textes inadaptables intéressent tant le cinéma et les diverses
stratégies que celui-ci met en œuvre pour entrer par effraction dans les textes et contourner
leurs résistances. Nous évoquerons Ulysses (Joseph Strick, 1967) et Bloom (Sean Walsh,
2005), The Man Who Killed Don Quixote (Terry Gilliam, inachevé), Honor de Cavalleria
(Albert Serra, 2006), Lost in La Mancha (Keith Fulton et Louis Pepe, 2002) et Don Quixotte
(Orson Welles, 1955?), les deux versions des Mille et Une Nuits (Pier Paolo Pasolini, 1974 et
Miguel Gomes, 2015) et enfin A Cock & Bull Story (Michael Winterbottom, 2006).
Notice biobibliographique
Mathias Kusnierz est agrégé de lettres modernes et docteur en études
cinématographiques de l’Université Paris-Diderot. Ses recherches actuelles portent sur
l’expérimentation et ses fonctions politiques au cinéma et dans la littérature, les rapports entre
industries culturelles, avant-gardes et contre-cultures, les rapports entre le texte et l’image
ainsi que sur l’intermédialité.
• « La haine du renouvellement théorique. Observations sur la querelle au long cours
de la critique cinéphile et l’Université française », Mise au point n° 8 : Théories du cinéma :
querelles et chapelles, hiver 2016, en ligne.
• « “Voilà-t-y pas qu’il y a des gens dans le pays qui ont cru que c’était vrai.” : la
construction d’une cinéphilie hétérodoxe dans le courrier des lecteurs de Midi/Minuit
Fantastique », in Hélène Baty-Delalande, Jacqueline Nacache et Pierre-Olivier Toulza (dir.) :
L’expérience du cinéma, Paris, Éditions Hermann, 2015, collection « Cahiers Textuel »,
p. 143-152.
• « Théories de l’expérimentation et culture de masse : le concept de dissonance
permet-il de repenser l’expérimentation en matière d’art ? », Oscillations, n° 2, automne
2013, p. 53-66.

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