actualité du système africain de protection des droits de l`homme
Transcription
actualité du système africain de protection des droits de l`homme
L’Europe des Libertés, Revue d’actualité juridique, N°26, p. 74 www.leuropedeslibertes.u-strasbg.fr ACTUALITÉ DU SYSTÈME AFRICAIN DE PROTECTION DES DROITS DE L'HOMME Mots clés : Commission africaine des droits de l'homme, Cour africaine des droits de l'homme, Règlement intérieur, Archives du Tribunal pénal international pour le Rwanda La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples a tenu sa quatrième session extraordinaire, du 17 au 23 février 2008, à Banjul en Gambie. L'ordre du jour portait sur la finalisation du règlement intérieur révisé de la Commission, révision intervenant pour permettre le travail en commun et la synergie avec la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples. Cette session n'ayant pas permis d'aborder tous les articles du règlement intérieur, une nouvelle session extraordinaire doit être organisée. Mais le temps presse puisque le Président de la Cour africaine, M. le juge Gérard Niyungeko, a annoncé début mars que la Cour aurait elle-même rédigé son règlement intérieur pour la fin juin 2008 et pourrait alors commencer à recevoir et à étudier les dossiers. D'ailleurs, le recrutement du personnel de l'institution est en cours d'achèvement. Or, avant l'adoption définitive de ces deux règlements, une réunion d'harmonisation entre les deux institutions est prévue, sans que sa date ne soit encore fixée. Beaucoup de retard a déjà été pris dans l'installation de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples puisqu'elle a été crée en vertu d'un protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples adopté il y a bientôt dix ans, en juin 1998. Or, si ce protocole est entré en vigueur en janvier 2004, suite à quinze ratifications, la Cour n'a commencé ses travaux qu'en 2006 à Addis-Abeba en Ethiopie. Les difficultés dans sa mise en œuvre sont notamment liées au faible de taux de ratification du protocole puisque actuellement seuls vingt-quatre États sur les cinquante-trois que compte l'Union africaine l'ont ratifié. Les appels du Président de la Cour en faveur d'une ratification massive sont nombreux et soulignent aussi le risque pour l'effectivité du travail de l'institution en l'absence d'implication plus importante des États. Ayant quitté l'Ethiopie, la Cour est hébergée, depuis août 2007, au Centre international de conférence d'Arusha. Cependant, elle devrait bientôt constuire son propre siège dans la banlieue d'Arusha où son président résidera de façon permanente alors que les dix autres juges exerceront une activité professionnelle à mi-temps. Arusha est aussi le siège du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Or, le sort des archives du TPIR et de celles du tribunal pénal international pour l'exYougoslavie est actuellement étudié par un Comité consultatif établi par les greffes des deux tribunaux. Les questions de l'usage, de la consultation, de la protection des témoins et du lieu de stockage de ces archives sont posées. Ces documents, écrits et vidéo, représentent des milliers de pages et d'heures de preuves qui pourront aider à la résolution de procès à venir mais aussi contribuer à la mémoire collective et à la réconciliation. La question de savoir si un ou plusieurs fonds d'archives seront nécessaires n'a pas encore été tranchée. Une des solutions évoquée est la possibilité pour la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples d'être le dépositaire de archives du TPIR, devenant ainsi le lieu de la mémoire de la protection des droits SANDRINE TURGIS L’Europe des Libertés, Revue d’actualité juridique, N°26, p. 74 de l'homme en Afrique. Mais la question du transfert des archives au Rwanda est aussi avancée. Le rapport définitif du www.leuropedeslibertes.u-strasbg.fr Comité consultatif sur cette affaire sensible est attendu pour août 2008. SANDRINE TURGIS SANDRINE TURGIS