Discours de Mr. Mohamed Sikieh Kayad Réunion des Gouverneurs

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Discours de Mr. Mohamed Sikieh Kayad Réunion des Gouverneurs
Discours de Mr. Mohamed Sikieh Kayad
Réunion des Gouverneurs du Groupe Afrique II à la Banque mondiale et au Fonds
monétaire international
Lima, 9 octobre 2015
Monsieur le Président du Groupe,
Mesdames et Messieurs les Gouverneurs et Gouverneurs suppléants,
Messieurs les Gouverneurs et Vice-gouverneurs des banques centrales,
Messieurs les Administrateurs et Administrateurs Suppléants,
Mesdames et Messieurs,
Avant tout propos, je voudrais vous souhaiter à tous la bienvenue à Lima pour participer aux
Assemblées annuelles des Institutions de Bretton Woods. Je tiens particulièrement à saluer le
président de notre groupe, son excellence Monsieur le Premier Ministre Daniel Kablan Duncan,
pour sa disponibilité sans faille et pour son dévouement à la cause de notre Groupe.. Je voudrais
aussi saluer les gouverneurs qui assistent pour la première fois à la réunion de notre Groupe. Soyez
les bienvenus.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Gouverneurs,
L’année fiscale 2015 a été une année recours pour le Groupe de la Banque mondiale. En effet, le
Groupe a octroyé des financements à hauteur de 65 milliards de dollars, contre 53,4 milliards pour
l’année fiscale 2013. Le montant de prêts octroyés par la Banque internationale pour la
reconstruction et le développement (BIRD) s’est chiffré à 23,5 milliards de dollar, un record pour
une année sans crise. Les engagements de l’IDA 1, quant à eux, se sont établis quant à eux à 19
milliards ; ce qui est également un recours pour une première année de l’IDA.
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Les engagements de la BIRD et de IDA dans les pays de notre groupe au cours de l’exercice fiscale
2015 se sont élevés à 3,1 milliards de dollars, soit une augmentation de 12% par à l’exercice fiscale
2014.Ainsi, la part de nos pays dans les financements de la BIRD et de l’IDA en faveur de
l’Afrique sub-saharienne est passée de 24,5% à 28,2%.
Un temps fort de l’exercice 2015 a été l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE en
mai 2015 par le Tchad. Désormais tous les pays éligibles de notre groupe ont bénéficié de
l’allègement de la dette au titre de cette initiative.
Toutefois, la performance de la SFI et de MIGA au niveau de notre groupe a été décevante en
2015.
En effet, les engagements de la SFI dans les pays de notre groupe au cours de l’exercice 2015 se
sont établis à 542, 1 millions de dollars, en retrait par rapport aux 718,3 millions de dollars de
l’exercice précédent. Nous constatons que la SFI n’est pas présente dans beaucoup de nos pays.
Afin de remédier à cette situation et augmenter de façon significative les interventions de la SFI
dans nos pays, les efforts d’amélioration du climat des affaires en cours doivent être poursuivis.
Nous constatons en effet que le potentiel de la SFI pour aider à réaliser plus d’investissements les
pays de notre groupe demeure sous exploité.
Il en est de même de la MIGA dont les engagements dans les pays de notre groupe ont connu un
recul de 7,1% en passant de1703, 8 millions de dollars au cours de l’exercice 2014 à 1582,8
millions de dollar pour l’exercice 2015. Comme pour la SFI, les engagements de la MIGA dans
nos pays restent marginaux, volatiles et concentré sur un petit nombre de pays.
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Gouverneurs,
2015 marque la fin des OMD et l’adoption des ODD.
Le cadre des OMD — avec ses 8 objectifs et 60 indicateurs mesurables à atteindre à fin 2015— a
été globalement un succès historique pour le développement. Au cours des 15 dernières années,
les OMD pour réduire l'extrême pauvreté, fournir l’eau potable et améliorer la vie de millions
d'habitants de bidonvilles ont été satisfaites à l'échelle mondiale. Les objectifs pour améliorer
l'égalité des sexes dans l'enseignement primaire et secondaire et réduire l'incidence du paludisme
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sont susceptibles d'être remplies cette année. Bien que beaucoup reste à faire sur les autres OMD
— santé maternelle et infantile et assainissement — surtout en Asie du Sud et en Afrique
subsaharienne, des progrès importants ont été réalisés au cours des 15 dernières années.
Les prévisions de la Banque mondiale indiquent qu’en 2015, le taux d’extrême pauvreté dans le
monde va passer pour la première fois sous la barre de 10%. En nombre absolu on va passer de
900 millions de personnes vivant en dessous du seuil de l’extrême pauvreté – qui vient d’être ajusté
à 1,90 dollars par jour- en 2012 à 700 millions en 2015. Pour la première fois aussi, l’extrême
pauvreté diminue aussi bien en nombre relatif qu’en nombre absolu en Afrique sub-saharienne.
Toutefois, L’extrême pauvreté se concentre de plus en plus en Afrique sub-saharienne. Sur le
nombre de 700 millions d’extrême pauvre dans le monde en 2015, 43% vivent désormais en
Afrique sub-saharienne. Une des raisons de cette situation est que l’élasticité de la pauvreté à la
croissance est plus faible en Afrique sub-saharienne que dans les autres régions du monde. C’està-dire que la croissance en Afrique n’est pas très inclusive. Ce constat nous interpelle tous sur la
nature des politiques et des mesures à mettre en œuvre pour rendre la croissance plus inclusive.
Le nouveau cadre des ODD s'appuie sur celui des OMD, mais va plus loin pour embrasser une
vision plus globale du développement durable qui reconnaît l'interdépendance des dimensions
économiques, sociales et environnementales du développement.
L’adoption des ODD intervient à un moment où il y a de nombreuses turbulences dans l’économie
mondiale. Depuis la crise de 2008, la reprise demeure faible et la croissance économique mondiale
est décevante. Dans de nombreuses régions du globe, il y a un risque réel de perte de gains sociaux
récents, mettant ainsi en danger les bonnes réalisations par les pays au cours de la décennie passée..
La nouvelle normalité de faible niveau des cours des matières premières, de croissance faible et
de manque d'emplois affectera certainement la mise en œuvre des ODD, surtout dans les premières
années. Si l’accent n’est pas mis sur la croissance et la préservation des acquis sociaux, nous
pensons qu’il sera extrêmement difficile pour les pays d’atteindre les ODD.
Nous constatons en outre que les ODD interviennent dans un contexte où l’aide publique au
développement (APD) va en diminuant en proportion de la taille croissante de nos économies et
de nos besoins de financement. Il nous faut donc changer de paradigme. Le rôle du secteur privé
doit être renforcé afin de pallier la baisse proportionnelle de l’APD. En conséquence, tout en vous
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encourageant à tirer le maximum possible des ressources IDA /BIRD qui vous reviennent de droit,
je vous encourage à exploiter davantage le potentiel d’aide du groupe de la banque mondiale à la
promotion du secteur privé dans nos pays.
Aussi, dans votre dialogue avec le groupe, pourriez-vous consacrer davantage de temps et
d’énergie à la SFI et à la MIGA, les bras spécialisés du secteur privé au sein du groupe. Ce message
est encore plus vrai pour les petits pays, où l’allocation IDA est très négligeable, et pour les pays
riches en ressources naturelles, où l’allocation IDA ne représente qu’une infime partie des
montants nécessaires pour l’exploitation des minerais.
Monsieur le Président
Mesdames et messieurs les Gouverneurs,
Je voudrais avec votre permission évoquer quelques défis que je vois pour l’année fiscale 2016.
Le premier défi concerne l’IDA, le guichet de la Banque auquel la plupart de nos pays sont
éligibles. En novembre 2015 aura lieu à Dakar, la revue à mi-parcours de l’IDA. Trois questions
importantes au moins seront sur la table de discussion. Le premier concerne le guichet de réponse
aux crises. Avec la crise d’Ebola, l’essentiel de l’enveloppe de ce guichet a été épuisé. Il s’agira
donc d’examiner comment on pourrait regarnir ce guichet pour préparer l’institution contre
d’autres crises potentielles et en attendant la création d’une facilité plus large…. La seconde
question concerne la mise en œuvre de la facilité pour les Etats fragiles qui n’a pas encore
fonctionné jusqu’ici. La troisième question est liée à la création d’une facilité de cinq milliards au
sein de l’IDA (IDA scale up facility en anglais) pour répondre à la demande exprimée par certains
pays au-delà de leur allocation IDA.
Il me plait de vous rappeler concernant l’IDA que les travaux de reconstitution de l’IDA 18 vont
démarrer en Mars 2018 à Paris. Nous devons plaider pour que la reconstitution de l’IDA 18 soit
robuste et plus forte que celle de l’IDA 17, sinon il sera difficile pour beaucoup de nos pays de
réaliser les nouveaux ODD.
Le deuxième défi, c’est la mobilisation des recettes intérieures. Malgré les progrès réalisés, le
niveau de recettes par rapport au PIB dans nos pays restent encore en deçà de la moyenne des pays
en développement. Devant les besoins de financement croisant qui se posent à nos pays, et la baisse
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tendancielle de l’aide publique au développement dont j’ai évoqué plus haut, nous devons
redoubler d’efforts dans la mobilisation des recettes intérieures. Nos partenaires au développement
sont engagés à nous assister dans ce domaine. Un des aspects particuliers de cette mobilisation des
ressources internes a trait à la lutte contre les flux financiers illicites.
Le troisième défi c’est celui des décaissements. Un taux de décaissement relativement peu élevé
traduit le plus souvent le fait que les conditions de base ne sont toujours pas en place pour un
démarrage rapide de la mise en œuvre de certains projets au moment de l'approbation du crédit et
ceci se traduit par des décaissements lents au démarrage. Nous devons améliorer la capacité
d’absorption de nos pays si nous voulons nous donner des arguments pour solliciter plus de
ressources de nos partenaires.
Le quatrième défi, c’est la souscription à l’augmentation du Capital de la banque mondiale
approuvée en 2010. A ce jour, seulement trois pays de notre groupe ont pu finaliser la procédure
de souscription. En mars dernier, nous avons demandé l’extension de la date butoir de souscription
pour permettre à nos pays de s’acquitter de cette obligation. Je voudrais donc saisir une fois de
plus saisir cette occasion pour inviter les pays qui ne l’ont pas encore fait d’y penser dès à présent,
car la survie de notre groupe en dépend.
Mesdames et messieurs, c’est à mes yeux les quatre grands défis qui se posent à nos pays dans leur
coopération avec le Groupe de la Banque mondiale pour l’exercice 2016.
Pour conclure, permettez-moi l’opportunité de cette réunion pour remercier mon suppléant Mr.
Seydou Bouba, mes conseillers et mes assistantes pour leur disponibilité, leur dévouement et la
franche collaboration qu’ils m’apportent dans l’accomplissement de ma tâche.
Je vous remercie de votre attention.
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