Compte-rendu (PDF - 118.9 ko)
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01/2013 Cultures en transition Soirée d’échanges autour du film "Cultures en transition" dans le cadre du cycle «La transformation de la ville» des Mardis du CAUE 29 novembre 2012 – Cinéma Le Roxane à Versailles Transition : du latin transire, aller au‐delà. Aller au‐delà de nos craintes face au futur. Aller au‐delà du déni des menaces qui pèsent sur lui et de la culpabilisation sur leurs origines, pour anticiper deux événements majeurs qui vont venir se superposer à la crise actuelle : la raréfaction des ressources pétrolières et le changement climatique. Le 29 novembre dernier, le CAUE proposait à une quarantaine de personnes, accueillies par l’association Culture et Cinéma au cinéma le Roxane à Versailles, de découvrir des initiatives d’habitants souhaitant tant au plan individuel que collectif dépasser la tentation du repli oublieux des générations à venir pour se « mettre en transition » sans plus attendre. Des images et des sons Le film Cultures en Transition, présenté en première partie de soirée, aborde la transition par un de ses volets majeurs, la production agricole de l’alimentation. Agronomes, agroforestiers, jardiniers maraîchers, et agriculteurs bio se relayent devant la caméra du jeune réalisateur Nils AGUILAR1 pour conduire le spectateur du constat d’une stérilisation des terres agricoles vers des pistes déjà éprouvées de production durable, au sens non galvaudé du terme, d’une nourriture saine à proximité immédiate des consommateurs. Car avant d’être le charismatique leader du mouvement des villes en Transition, Rob HOPKINS est spécialiste de la permaculture. Mike FEINGOLD, autre permaculteur averti, en résume les principes : soigner les sols, soigner les hommes, et partager équitablement. Autant dire l’opposé de la « révolution verte » du XXème siècle qui assura le recyclage des produits chimiques fabriqués à des fins militaires, et première responsable selon Claude BOURGUIGON, ingénieur agronome et microbiologiste des sols, de la perte de matière organique des sols. Mike FEINGOLD précise qu’il ne s’agit pas de vivre en autarcie, ni « de réapprendre à fabriquer son couteau », mais de tirer le meilleur parti de nos richesses locales et de « construire une solidarité entre territoires ». De développer la résilience de nos territoires, c’est à dire leur capacité à faire face aux deux évènements majeurs évoqués ci‐ dessus. Dans ce domaine, l’île de Cuba qui apparaît à la fin du moyen métrage, a valeur d’exemple. Ainsi à La Havane, ville de 3 millions d’habitants, une production maraîchère biologique mise en œuvre lors de la disparition du pétrole d’origine soviétique indispensable à la production agricole antérieure, fournit 70% des besoins en vitamines et produits frais de la population. De ce côté‐ci de l’Atlantique, un père et son fils agriculteurs commentaient un passage dûment anticipé et échelonné sur plusieurs années, celui nécessaire pour engager l’exploitation transmise par le père dans une production biologique destinée à faire vivre plusieurs familles. 1 4 années ont été nécessaires à la réalisation de ce film collaboratif, qui a mobilisé des bénévoles de différents pays du monde. CAUE 78 Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines 56, avenue de Saint‐Cloud 78000 Versailles / T 33 (0)1 39 07 14 86 / www.caue78.fr 01/2013 Qu’estce à dire, concrètement ? Quand la permaculture est désignée comme « la science de l’intensification des relations bénéfiques »2, Rob HOPKINS conclut ses apparitions dans le film par une proposition aux antipodes du matérialisme et du « toujours plus » : célébrer la vie. « Pourrait‐on avoir des exemples ? » demandera une participante. Alors que les lumières se rallument dans la salle, Leigh BARRET, responsable de St‐Quentin‐en‐Yvelines en transition, propose aux spectateurs un premier échange « à chaud » entre voisins de rangée. Puis, au fil de la soirée, et plus particulièrement autour d’un buffet (de produits locaux), apparaissent des expériences valorisant les savoir‐faire pratiques et l’échange bien concret cette fois : planter des fruitiers, créer un potager, animer un jardin pédagogique, cuisiner et manger, réparer des vélos, isoler son logement, etc. Dominique SCHIAVI, engagé sur la commune de Villiers St‐Frédéric et Frédéric BUISSET dans le Mantois, complètent la présentation, faisant part d’une bourse aux vêtements non monétarisée ou d’une recherche de foncier pour un verger. « Dans le Mantois, explique Frédéric BUISSET, nous en sommes tout au début ». En réalité, c’est tout le mouvement qui fait ses débuts dans l’hexagone, même si St‐Quentin peut revendiquer ses deux ans d’âge de pionnière, et bien que 120 villes « en transition » soient déjà répertoriées au plan national3. Répertoriées ? Oui, car ce réseau des Villes en Transition, d’initiative habitante, qui n’a pour le moment encore rien à voir avec celle sous impulsion ministérielle4 annoncée le matin même dans les média, suit des règles précises. Des règles que tout groupe est appelé à s’approprier et à ajuster à ses objectifs, et une appartenance au réseau qui n’impose pas obligatoirement la constitution d’une association spécifique. En savoir plus Le Manuel de transition5 de Rob HOPKINS, récemment traduit en français, donne les clés du mouvement en mettant en exergue une première nécessité, celle de développer une vision positive de nos territoires dans l’avenir. Dans un langage accessible à tous, l’ouvrage illustre le métissage du pratique et du théorique et le décloisonnement instauré tant entre domaines abordés (déchets, transport, agriculture, habitat, éducation, etc.) qu’entre acteurs (« expert », usager, consommateur, producteur, formateur, etc.). On y trouvera tout aussi bien les raisons qui conduisent à prendre en compte conjointement, et non séparément, les impacts du pic pétrolier et du réchauffement climatique ou des éléments théoriques sur le processus du changement, qu’une série de « trucs » concrets pour élaborer et mettre en œuvre des projets. Présenté en 12 étapes le concept de Transition est décrit dans les détails, manières de surmonter les vrais ou faux obstacles (manque de temps, d’argent, d’énergie..) incluses. Quelques paroles Extraites du film Cultures en transition Rendre un système résilient, c’est le rendre robuste et le protéger contre les chocs extérieurs pour ne pas risquer l’effondrement en cas de rupture d’approvisionnement (alimentation, énergie, etc.). Le concept de résilience est plus important que celui de durabilité. Rob Hopkins, agronome, fondateur du mouvement des Villes en Transition Si chacun a pour but l’enrichissement maximal au plus vite, nous sommes cuits. Le système ne sera pas soutenable tant que chacun essaye d’accaparer autant qu’il peut, aussi vite qu’il peut. 2 cf p 137 du Manuel de transition évoqué infra Les initiatives de transition se comptent par milliers dans le monde 4 la ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Delphine BATHO, annonçait ce 29 novembre le débat national sur la transition énergétique 5 cf. le paragraphe Références 3 CAUE 78 Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines 56, avenue de Saint‐Cloud 78000 Versailles / T 33 (0)1 39 07 14 86 / www.caue78.fr 01/2013 L’idée de l’autosuffisance complète me paraît une voie sans issue. Pour certaines choses, j’ai besoin des gens qui produisent mieux à une échelle plus appropriée que la mienne. Etre en transition signifie aussi établir des liens avec les voisins pour approvisionner plus de monde. Mais le but reste de tenter d’être plus autonomes, pas de vivre en complète autarcie ! Non, de fait, nous vivons toujours dans un monde interdépendant. Mike FEINGOLD, permaculteur L‘agronomie, c’est la science de la gratuité. JeanPierre BERLAN, ancien directeur de recherches à l’INRA. L’arbre est une plante pérenne, il construit la fertilité des sols. En agroforesterie6, les plantes et les arbres se partagent la lumière. Le rendement en agroforesterie est de 60% supérieur au rendement séparé des plantes ou des arbres. Christian DUPRAZ, ingénieur agroforestier à l’INRA. On s’est aperçu qu’en déchaînant notre imaginaire, beaucoup d’idées affluaient qui pouvaient s’intégrer aux autres projets en cours.(..)Souvent nous pensons qu’il faut des connaissances d’experts (en transport, en énergie éolienne, …) pour affirmer ce qu’il faut faire. En réalité, c’est à nousmêmes d’affirmer en collectif « voici la voie que nous voulons ! » et après ce sera aux experts de venir bricoler sur la base de nos plans. Jacqui HOGSON, habitante, coordinatrice du plan de descente énergétique de Totnes, (Grande Bretagne) basé sur le pic pétrolier et le changement climatique. …trois villes en transition, et la vôtre ? À la demande, le CAUE peut fournir la liste des participants à la soirée qui ont exprimé le désir de rencontrer des personnes de leur commune ou quartier pour réfléchir à l’évolution de ce territoire, et y envisager une forme de transition. Références : >Sites internet dédiés à au réseau des Villes en Transition : www.transitionfrance.fr le réseau des villes en transition en France www.transitionnetwork.org le réseau international des villes en transition (en anglais) >Rob Hopkins, Manuel de transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale, édition Ecosociété, Silence, Montréal 2011, 212 pages, 20 euros >Revue Silence, écologie, alternatives, non‐violence, mensuel, « Alternatives en Yvelines et Hauts‐de‐Seine », numéro 403, été 2012, www.revuesilence.net >Nils Aguilar, Cultures en transition (Voices of transition), Milpa Films, 65 minutes, France, 2012, [email protected] > Faith Morgan, The power of community ‐ How Cuba survived peak oil, Arthur Morgan Institute for Community Solutions, Etats‐Unis (en anglais sous‐titré en français), 53 minutes, www.communitysolution.org ADG 6 Associant sur une même parcelle arbres, cultures et/ou animaux, l’agroforesterie, ancestralement pratiquée en France (bocage, pré‐vergers, etc. ) mais malmenée par de massifs arrachages d’arbres dans la deuxième moitié du XXème siècle, a fait les preuves de son intérêt, aujourd’hui redécouvert, en termes de synergie, de biodiversité, de paysage, etc. cf. le site agroforesterie.fr CAUE 78 Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines 56, avenue de Saint‐Cloud 78000 Versailles / T 33 (0)1 39 07 14 86 / www.caue78.fr