le ratio mac donough - Geoscience e-Journals e
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IAE DE BRETAGNE OCCIDENTALE Mémoire Arnaud LE GALL DESS INGENIERIE FINANCIERE Promotion 2003 / 2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale Sommaire INTRODUCTION 1 1- LE RAPPORT DE 1988, PRESENTATION, INSUFFISANCES, CRITIQUES 3 1-1. 3 PRESENTATION DES NORMES PRUDENTIELLES 1-1.1 1-1.2 1-1.3 1-1.4 1-1.5 1-2. DEFINITION DES FONDS PROPRES REPRESENTATION DU CAPITAL MINIMUM RATIO DE SOLVABILITE ADEQUATION DES FONDS PROPRES AUX RISQUES DE MARCHE LES NORMES DE CARACTERE NATIONAL BILANS ET CRITIQUES DE L’ACCORD DE BALE 1 1-2.1 1-2.2 1-2.3 1-2.4 1-3. 3 4 4 4 5 6 PRISE EN COMPTE TROP RIGIDE DU RISQUE NON PRISE EN COMPTE DE PLUSIEURS TYPES DE RISQUES APPREHENSION DIFFICILE DES NOUVELLES TECHNIQUES FINANCIERES CRITIQUES LIEES AUX MODALITES DE MISE EN ŒUVRE DANS LES DIFFERENTS PAYS UNE EVOLUTION LOGIQUE 1-3.1 1-3.2 1-3.3 6 7 10 11 11 NOUVEAUX OUTILS DE QUANTIFICATION DES RISQUES METHODOLOGIES EXISTANTES DES BANQUES AMERICAINES UN OBJECTIF DE MINIMISATION DES FONDS PROPRES POUR LES BANQUES 11 12 12 2- LE RATIO MAC DONOUGH 13 2-1. 13 PRESENTATION DE LA NOUVELLE REGLEMENTATION 2-1.1 2-1.1.1. 2-1.1.2. 2-1.1.3. 2-1.2 2-1.3 2-2. 2-2.1 2-2.2 2-2.3 2-2.4 NOUVELLE EXIGENCE DE FONDS PROPRES Le risques de crédit Le risque opérationnel Le risque de marché LA SURVEILLANCE PRUDENTIELLE LA DISCIPLINE DE MARCHE 14 14 18 19 19 20 CRITIQUES SUR LE PROJET EN COURS 22 CARACTERE PRO-CYCLIQUE DU RATIO SUR PONDERATION DU CAPITAL INVESTISSEMENT ET DU FINANCEMENT DE PROJET DOUBLE COMPTAGE DE CERTAINS INCIDENTS VERS UNE BANQUE ELITISTE ? CONCLUSION Arnaud LE GALL 22 22 23 23 24 2 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale INTRODUCTION Le comité de Bâle sur le contrôle interne a été crée en 1975 ; il comprend les autorités de contrôle des banques des pays du G10. Il est présidé actuellement par Jaime Caruana (depuis le 1 mai 2003 en remplacement de William J.MacDonough), Gouverneur de la banque d’Espagne. Le contrôle prudentiel ne peut se désintéresser de la globalisation du monde financier et notamment des risques. C’est pourquoi, suite à différentes défaillances et aux craintes exprimées par différentes autorités financières, des travaux ont été engagés par le comité de Bâle qui a entrepris l’élaboration d’un ratio de solvabilité, ratio Cooke, applicable aux banques internationales, puis étendu avec quelques modifications mineures, dans de nombreuses banques d’autres pays. L’accord de Bâle a ainsi constitué une réponse coordonnée aux mouvements de déréglementation des années 1980. L’objectif initial de ce dispositif était double. Il s’agissait d’une part, d’assurer une couverture minimale en fonds propres des risques- notamment de crédit- pris par les établissements de crédit, et d’autre part, de faire en sorte que les modalités de cette couverture soient harmonisées entre établissements de pays différents. Ce dispositif a été complété par la prise en compte des risques de marchés à partir des années 1990. Ces derniers ont été intégrés dans le ratio Cooke par un amendement (Comité de Bale,1996) qui devient effectif à partir de 1998. Le ratio international de solvabilité vise donc à établir un lien entre les risques de crédit encourus par les banques et le montant de leurs fonds propres. En 1989, l’Union Européenne, se basant sur les recommandations du Comité de Bâle a émis une directive concernant un Ratio de Solvabilité Européen pratiquement identique au ratio Cooke. Cette directive a été transposée en droit français en 1991 par le règlement CRB 91-05 du Comité de la réglementation Bancaire. En 1996, le ratio de solvabilité européen a été étendu aux activités de marché par la Capital Adequacy Directive (CAD) qui fait l’objet, en France, du règlement 95-02 du Comité de la Réglementation Bancaire. Ces règles instaurent un niveau minimal de fonds propres et fixent des « consommations de fonds propres » des activités en proportion de leurs risques. Le minimum est fixé à 8% pour le rapport entre les risques pondérés et les fonds propres. Arnaud LE GALL 3 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale En effet, ceux-ci remplissent plusieurs fonctions essentielles pour un établissement bancaire : - leur niveau est synonyme de solidité financière. ils sont conçus comme le garant de la solvabilité face aux pertes potentielles qu’ils permettent d’absorber afin d’assurer la pérennité d’un établissement ils constituent le moteur du développement de l’établissement car tout accroissement de l’activité doit être financé par un certain montant de fonds propres. Le comité de Bâle a entrepris depuis l’été 1998 de refondre l’Accord de Bâle sur les fonds propres. Cette révision du ratio de solvabilité (qui s’appellera le ratio Mac Donough) engagée par le Comité a pour vocation d’améliorer la façon dont les normes de fonds propres rendent compte des risques sous-jacents et à rapprocher la notion de capital réglementaire de celle de capital économique. Le 3ème document consultatif sur la nouvelle réglementation a été émis en 2003, la finalisation du nouvel accord devant intervenir à la fin de l’année 2004. Sa mise en place devrait intervenir au plus tôt en janvier 2007. Les deux enjeux principaux de cette réforme sont d’une part d’inciter les banques à développer une gestion plus efficace des risques grâce à une meilleure évaluation de ceux-ci et des charges en capital associées, d’autre part de renforcer le rôle préventif de contrôle prudentiel. Le niveau actuel des fonds propres doit être au moins préservé dans l’ensemble du système bancaire. Il sera présenté dans une première partie le ratio Cooke tel qu’il a été défini dans l’accord de 1988, les insuffisances qu’il présente et les critiques, positives et négatives, qui peuvent lui être formulées. Ensuite, dans une seconde partie, il sera exposé la réforme du ratio de solvabilité qui devient le ratio Mac Donough et les voies empruntées. Arnaud LE GALL 4 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale 1- Le rapport de 1988, présentation, insuffisances, critiques Dans les années 1970, de nouveaux types de faillites bancaires apparurent dont la première fut celle du Bankhauss Herstatt en 1974 à la suite de spéculations malheureuses sur le marché des changes. Dans ce nouveau contexte, marqué par des besoins d’intermédiations financières accrus et une augmentation du risque de défaillance individuelle, la seule protection de la liquidité apparaissait très insuffisante et les autorités bancaires se coordonnèrent au sein du comité de Bâle. Ce comité lança des travaux pour renforcer la solvabilité des banques. Les travaux s’enlisèrent jusqu’en 1987 mais la France adopta dès 1979 un ratio de « couverture des risques » qui préfigurait en substance ce que fut plus tard le ratio Cooke. Le ratio Cooke, apparu en 1988, imposait aux banques que le rapport entre le montant des fonds propres et celui des risques de crédit pondérés soit au minimum de 8%. Il avait pour but d’améliorer la sécurité du système bancaire. Avec le développement des activités de marchés, le ratio international a été étendu aux risques de marché par un amendement de janvier 1996. Nous verrons successivement les normes prudentielles résultant des dispositions harmonisées dans l’Union Européenne et les critiques de l’accord de Bâle à l’origine de l’adoption du ratio Mac Donough. 1-1. Présentation des normes prudentielles Ces normes ont été harmonisées par l’Union Européenne dans l’ensemble des Etats membres pour assurer l’égalité des conditions de concurrence entre établissements de crédits et garantir une stabilité suffisante de l’ensemble des établissements. Six normes en vigueur en France résultent de dispositions communautaires. 1-1.1 Définition des fonds propres Ils sont constitués par la somme des fonds propres de base et des fonds propres complémentaires auxquels viennent en déduction certaines participations détenues par l’établissement ainsi que certaines garanties accordées. -Les fonds propres de base sont les montants qui peuvent constituer aux yeux des tiers un élément de garantie solide (capital, réserves…) -Les fonds propres complémentaires sont constitués de réserves et de dettes subordonnées qui représentent une garantie de permanence au moins à moyen terme ou qui ne sont pas destinés à être distribués dans l’immédiat (réserves de réévaluation…) Les fonds propres complémentaires ne peuvent être inclus dans le calcul des fonds propres que dans la limite du montant des fonds propres de base. Arnaud LE GALL 5 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale 1-1.2 Représentation du capital minimum L’article 16 de la loi bancaire indique que « les établissements de crédit doivent disposer d’un capital libéré d’un montant au moins égal à une somme fixée par le comité de la réglementation bancaire et financière ». En pratique, cette somme doit s’élever à plus de 15 millions d’euros. Ce capital minimum est une garantie envers les tiers nécessité par l’activité bancaire. En outre, « tout établissement de crédit doit justifier à tout moment que son actif excède effectivement d’un montant au moins égal au capital minimum le passif dont il est tenu envers les tiers ». Elle oblige ainsi tout établissement de crédit à disposer en permanence d’un montant minimum de fonds propres. 1-1.3 Ratio de solvabilité Les établissements de crédit sont tenus de respecter un rapport au moins égal à 8% entre le montant de leurs fonds propres et celui des risques de crédit qu’ils encourent du fait de leurs opérations. Le numérateur du ratio est constitué par les fonds propres. Le dénominateur comprend l’ensemble des éléments d’actif et de hors bilan affecté d’un taux de pondération en fonction de la nature du risque pris et des risques de perte qui en résultent. Ces taux de pondérations sont de 4 niveaux dans l’accord de Bale 1 : - 0% : cette catégorie regroupe les créances sans risque ou peu risqués (exemple : créances sur les Etats OCDE) ; - les risques intermédiaires sont compris 20% : rubrique (exemple : créances sur les banques OCDE) - 50% : ce sont ici les créances garanties par une hypothèque sur un logement occupé ou donné en location par l’emprunteur, les opérations de crédit-bail, les créances sur les établissements de crédit d’une durée supérieure à trois ans représentées par des titres ; - 100% : toutes les autres créances et tous les autres éléments de hors bilan sont affectés d’un taux de pondération de 100%, notamment les risques sur les entreprises et les particuliers. dans cette 1-1.4 Adéquation des fonds propres aux risques de marché Le règlement n° 95-02 du 21 juillet 1995 impose aux établissements de crédit de respecter de nouvelles exigences de fonds propres au titre des risques résultant de leurs opérations de marché alors que jusqu'à lors seul le risque de crédit était pris en compte. Les banques doivent, depuis cette date, disposer d’un montant suffisant de fonds propres pour couvrir d’une part, l’exigence au titre de risques de crédit, et d’autre part, l’exigence résultant du texte pour les risques de marché. Arnaud LE GALL 6 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale Les raisons de cette réglementation sont le développement des opérations de marché sur titres, sur taux, sur devises…et la croissance de leur montant dans les bilans des banques. De plus, au début des années 1990, les marchés ont connu une grande volatilité des prix des instruments entraînant des pertes importantes. Il a donc été nécessaire de prendre en compte spécifiquement les risques de marché selon leur nature et d’en couvrir une fraction par des fonds propres. - types de risques de marché : quatre types de risques sont concernés par ce texte (taux d’intérêt, variation du prix des titres de propriété, règlement - contrepartie et change) - nouvelle définition des fonds propres : le risque étant plus volatile que pour le risque de crédit, la définition des fonds propres est plus large - choix de la méthode : En raison de la grande diversité des risques de marché pris par les établissements, la réglementation propose une méthode de base ou « standard » pour calculer l’exigence en fonds propres, mais les établissements ayant développé des modèles internes de mesures des risques peuvent entreprendre et utiliser leurs propres modalités de calcul. En effet, la méthode standard ne peut pas prendre en considération de manière suffisamment fine les spécificités des opérations de marché pratiquées. Aussi, une seconde méthode reposant sur un modèle interne mis en place par l’établissement peut, après validation par la Commission Bancaire être utilisée pour calculer la charge en fonds propres. La méthode de la Value at Risk a été retenue pour quantifier ce risque. 1-1.5 Les normes de caractère national La réglementation bancaire française actuellement en vigueur, comprend des types de normes prudentielles qui ne résultent pas de dispositions communautaires. Elles concernent : Le contrôle des grands risques : Cette réglementation, qui date du 1er janvier 1994, a pour objet d’obliger les établissements de crédit à diviser leurs risques afin que la défaillance d’un débiteur ou de plusieurs gros débiteurs n’affecte pas de manière sérieuse la solvabilité du banquier. Les établissements de crédit et les compagnies financières sont tenus de respecter des limites aux risques qu’ils encourent sur un même bénéficiaire ainsi que sur le volume global de leurs grands risques. Ces limites sont fixées à 40% des fonds propres pour les risques pris sur un même bénéficiaire et à 800% des fonds propres pour la somme des grands risques, ceux-ci étant définis comme l’ensemble des risques pris sur un même bénéficiaire dès lors qu’ils excèdent 15% des fonds propres de l’établissement. Arnaud LE GALL 7 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale - la liquidité : les établissements sont tenus de calculer un coefficient de liquidité et d’établir des rapports d’observations relatifs à la situation prévisionnelle de la liquidité afin de montrer qu’ils peuvent faire face à leurs engagements court terme. Le coefficient de liquidité est le rapport entre les actifs et les exigibilités d’une durée d’un mois au plus, il doit à tout moment être égal à 100%. A la fin de chaque trimestre, les établissements de crédit doivent communiquer à la Commission Bancaire le coefficient de liquidité du mois à venir et de chacun des deux mois précédents. - les règles de gestion : Celles-ci comprennent le contrôle interne et la surveillance des risques interbancaires. Les établissements de crédits doivent avoir un système de surveillance interne concernant à la fois les risques de signature qu’ils encourent sur chacune de leurs contreparties interbancaires et la répartition de leurs sources de financement interbancaire. - le coefficient de fonds propres et de ressources permanentes : Les établissements doivent disposer d’une couverture minimale des immobilisations et des encours en euros d’une durée égale ou supérieure à cinq ans. Ce rapport minimal est fixé à 60%. 1-2. Bilans et critiques de l’accord de Bâle 1 D’un point de vue général, les ratios de fonds propres ne facilitent pas toujours l’identification d’établissements menacés d’insolvabilité. Ainsi, une étude de Jones et King en 1995 indique que, sur la période 1984-1989, un nombre non négligeable d’établissements américains respectant le ratio en vigueur, auraient été très probablement insolvables dans les deux ans. Cela met en évidence le manque de capacité prédictive du ratio de fonds propres. 1-2.1 Prise en compte trop rigide du risque Le ratio Cooke suppose que les risques mesurés sont additifs. Il existe un caractère réducteur de certaines pondérations de risques. En effet, le portefeuille bancaire est divisé en quatre grandes classes de risques avec des pondérations de 0%, 20%, 50% ou 100% correspondant à des exigences de fonds propres de 0%, 1.6%, 4% ou 8%. Ratio Cooke Secteurs Etat OCDE Banques Hypothécaire Normal (corporate, retail) Pondération 0% 20% 50% 100% X Encours Ce classement repose sur l’idée suivant laquelle les engagements sur les Etats de l’OCDE sont moins risqués que ceux sur des banques de l’OCDE. Par exemple, un crédit octroyé à IBM est pondéré à 100% et est donc considéré comme aussi risqué qu’un crédit à une PME indonésienne et comme plus risqué qu’un prêt à une banque mexicaine. Arnaud LE GALL 8 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale De même, la distinction entre créances à moins d’un an et créances à plus d’un an à l’égard des banques non OCDE, impliquant une pondération à 20 ou à 100%, conduit à considérer qu’une créance à 400 jours sur une banque indienne est cinq fois plus risquée qu’une créance à 360 jours sur la même banque. De plus, la durée des encours ou le profil des flux ne sont pas suffisamment pris en considération. La pondération est la même pour tous les crédits commerciaux. Cette disposition est une simplification qui conduit à négliger la différence de qualité des risques de crédit. Cette situation peut inciter les établissements de crédit à privilégier les relations avec les clients plus risqués dans la mesure où le coût prudentiel est moins élevé que la rémunération attendue des risques. Exemple Une banque peut faire un prêt de 100 M€ soit à une compagnie notée AAA soit à une autre notée CCC. Selon l’accord de 1988, la banque doit mobiliser en fonds propres 8M€, elle doit donc emprunter 92M€. Le taux d’intérêt appliqué à la firme notée AAA est de 6% et le coût de financement de la banque est donc de 5%. Le rendement est donc de (100 M€ * 6%) - (92 M€ * 5%) = 1.4M€ Comparés au 8M€, le taux de rendement est de 17.5% Dans le second cas, le taux d’intérêt appliqué à la firme notée CCC est de 7% Le rendement est donc de (100 M€ * 7%)-(92M€ * 5%) = 2.4M€ Comparés au 8M€, le taux de rendement est de 30% Par conséquent, la banque est incitée à accroître ses risques de crédits. 1-2.2 Non prise en compte de plusieurs types de risques Les risques de crédit et les risques de marchés étant intégrés dans les calculs des ratios de fonds propres, il apparaît une troisième grande forme de risque depuis quelques années qui fait l’objet de nombreuses discussions : le risque opérationnel. L’apparition de la notion de risque opérationnel dans le monde bancaire est assez récente. Le comité de Bâle l’a définie comme « le risque de pertes dues à l’inadéquation ou la défaillance de processus internes, dues au personnel ou aux systèmes, ainsi que celles dues aux évènements externes ». Côté français, le règlement n° 97-02 du CRBF définissait ce risque comme le « résultat d’insuffisances de conception, d’organisation et de mise en œuvre des procédures d’enregistrement dans le système comptable et plus généralement dans les systèmes d’information de l’ensemble relatifs aux opérations de l’entreprise ». Il touche quatre catégories de risque dans la banque : les risques organisationnels, ceux qui sont liés aux processus et à la technologie, le risque humain et les risques liés à des facteurs externes. Arnaud LE GALL 9 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale Entrent dans le périmètre l’ensemble des pertes qui pourraient être générées par l’obsolescence des systèmes d’informations, les failles de sécurité, les erreurs de programmation. Les risques liés aux personnes relèvent de la fraude, interne ou externe, mais aussi des absences, des mouvements sociaux. L’incompétence peut être un facteur de risque humain selon Franck Pennazio, responsable des offres IAS et Bâle chez Aedian. Enfin, depuis les attentats du 11 septembre 2001, toutes les banques ont saisi l’importance des risques qui peuvent être liés à des évènements extérieurs, notamment criminels ou terroristes, mais cette catégorie comprend aussi les risques réglementaires ou politiques, ainsi que les catastrophes naturelles. Donc, les risques opérationnels apparaissent comme importants dans les banques et ne font pourtant l’objet d’aucune prise en charge en terme de fonds propres dans la réglementation du ratio Cooke. Ils représenteraient entre 20% et 25% du capital économique nécessaire à la couverture des risques totaux d’une banque, sa non prise en compte est par conséquent une grande faiblesse du ratio Cooke. Systèmes Obsolescence Pannes ou défaillances Sécurité Erreurs de programmation Personnes Fraude des employés Intégrité Absences Mouvements sociaux Compétences Risques opérationnels Processus Conformité des opérations Erreurs de saisie Maîtrise des processus clefs Sous-traitance Evènements extérieurs Risques souverain ou politiques Catastrophes naturelles Activités criminelles Evolution de la réglementation Arnaud LE GALL 10 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale RISQUES OPERATIONNELS Qu’est-ce que le risque opérationnel ? Fraude des salariés Abus de droit Absences Mouvements sociaux Défaut de conseil Erreurs Défaut de contrôle Sous-traitance Contrat litigieux (cliquer pour la suite) Personnes Processus Risques opérationnels Évènements extérieurs Systèmes Obsolescence Pannes/défaillances des systèmes Sécurité, capacité des systèmes Erreurs de programmation (cliquer pour la suite) Incendie Catastrophes naturelles Activités criminelles Fraude sur moyen de paiement (cliquer pour la suite) 30 RISQUES OPERATIONNELS Définition “Risque de pertes résultant de procédures internes inadéquates ou défaillantes, du personnel, des systèmes ou d’évènements extérieurs” 8 lignes métier 7 types de risque Ingénierie financière Fraude interne Activités de marché Fraude externe Banque de détail Banque commerciale Politique sociale et sécurité des locaux Moyens de paiement Pratiques professionnelles Services financiers Dommages causés aux actifs Gestion d’actifs (cliquer pour la suite) Activités de courtage Interruption d’activité et pannes de système Exécution et gestion des processus 31 Arnaud LE GALL 11 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale 1-2.3 Appréhension difficile des nouvelles techniques financières Depuis la mise en œuvre de l’Accord de Bâle en 1988, le ratio Cooke a toujours fait l’objet d’aménagements destinés à actualiser ou à affiner les modalités de prise en compte du risque de crédit mais aussi plus récemment du risque de marché. Ces aménagements à la marge suffisent de moins en moins à rendre compte de l’innovation financière dont on sait qu’elle se traduit par la multiplication de techniques ou d’instruments tels que les dérivés de crédit, la titrisation, la collatérisation et la compensation. Ces différentes techniques financières sont imparfaitement appréhendées par la logique actuelle du ratio. Exemple :la titrisation Cette technique financière se développe de plus en plus au sein des grandes entreprises à l’heure actuelle, elle affiche une croissance de 40% en 2001. Le mécanisme de cette structure est le suivant : - un véhicule ad hoc porte des créances pour le compte d’un établissement de crédit. Son actif est constitué de créances cédées par l’établissement. - le passif du véhicule est composé de parts subordonnées détenues par l’établissement et de parts ordinaires destinées à assurer la liquidité de la structure. Il contient aussi une faible proportion détenue par un tiers. L’établissement récupère la rémunération des actifs du fond via les parts subordonnées qu’il détient, mais aussi l’essentiel des risques de crédit qui s’y attachent. La structure juridique du véhicule lui permet de ne pas le consolider dans son bilan. Ainsi, les risques n’apparaîtront au bilan consolidé qu’au travers du montant de parts subordonnées détenues. Celles ci sont pondérées à 8%, en dépit de l’effet de levier qu’elles représentent en termes de risque de crédit. L’économie de fonds propres, par rapport à la détention directe des actifs du véhicule est égale à la proportion de parts détenues par des tiers. L’intérêt de telles structures n’a pas échappé aux établissements lors des débuts de la titrisation en France. Depuis, afin de prévenir les abus, la réglementation a prévu dans certaines limites, la déduction des parts subordonnées de fond commun de créances (la déduction est au plus égale à 8% des actifs pondérés du fond) quand l’établissement est le cédant des créances détenues à l’actif du fond. Toutefois, du point de vue de l’exigence de fonds propres il est encore avantageux de titriser ses créances, si le montant des parts subordonnées que l’on est amené à conserver est inférieur à 8% des actifs pondérés cédés : il y a là, incitation à céder ses meilleures créances. Arnaud LE GALL 12 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale Même avec des créances de moins bonne qualité, le recours à la titrisation peut s’avérer intéressant en matière d’utilisation des fonds propres car : - la détention directe des actifs impose un minimum de couverture des risques par des fonds propres de base (50%) Dans le cas général, le recours à des structures de déconsolidation des risques permet : - de diminuer sensiblement l’exigence de fonds propres par déduction du nominal des encours - de déconsolider des éléments susceptibles d’être incorporés dans les grands risques 1-2.4 Critiques liées aux modalités de mise en œuvre dans les différents pays L’accord de Bâle n’est pas toujours transcrit de façon homogène dans la législation ou les dispositifs réglementaires nationaux. La marge de liberté lors de la transaction de l’accord de Bâle dans les dispositifs prudentiels nationaux a parfois conduit à des différences notables entre pays, par exemple en matière de provisionnement de risque de crédit. 1-3. Une évolution logique La reformulation de l’accord de 1988 est permise par l’existence de nouveaux outils et par l’existence de méthodologies développées ces dernières années par les grandes banques américaines et européennes. 1-3.1 Nouveaux outils de quantification des risques La Value at risk (VaR) : La méthode de la Value at Risk est aujourd’hui utilisée par toutes les banques pour évaluer le risque de marché. On tente maintenant de rendre universel cet outil de mesure et en particulier de l’appliquer au risque de crédit dans le nouvel accord de Bâle 2. La VaR est la perte potentielle maximale d’un portefeuille à un intervalle de confiance défini sur un horizon donné. Deux évènements ont concouru à l’adoption généralisée de la VaR sur le secteur financier. Le premier date de 1995. Réunis en comité à la Banque des règlements internationaux à Bâle, les représentants des banques centrales des 10 grandes économies de l’Ouest ont proposé de nouvelles règles (amendant l’accord de 1988), imposant aux établissements financiers un niveau de fonds propres proportionnel aux risques de leurs engagements. Officiellement adoptée en 1996, cette proposition a incité les banques à développer des systèmes internes sophistiqués pour calculer leur VaR. Arnaud LE GALL 13 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale Le deuxième événement s’est produit sur Internet. En 1994, la banque américaine JP Morgan a mis gratuitement le système Risk Metrics à la disposition de tous sur Internet. Risk Metrics fournissait les données financières et la méthodologie nécessaires au calcul de la VaR d’un portefeuille. La généralisation de l’application de la VaR au risque de crédit sera un des enjeux majeurs du ratio Mac Donough. 1-3.2 Méthodologies existantes des banques Américaines S’appuyant sur les travaux académiques, certains praticiens ont proposé des modèles opérationnels pouvant servir comme benchmark en matière de risque de crédit dans l’optique d’une évaluation interne et affinée de celui-ci contrairement au caractère figé du ratio Cooke (8% de fonds propres). Il existe 2 grandes familles de modèles opérationnels : - « mark to market » comme CreditMetrics de JP Morgan ou le modèle de Merton implémenté par le consultant KMV. Ces modèles estiment la distribution du portefeuille au total des défauts pour un horizon donné. - « default mode models », comme le CreditRisk du Crédit Suisse ou l’approche développée par Mc Kinsey & Co. Ce genre de modèles s’intéresse à la distribution de la valeur du portefeuille à une certaine date future en modélisant le risque de spread lié au changement du rating sur la qualité de crédit générant ainsi des mesures par la VaR. 1-3.3 Un objectif de minimisation des fonds propres pour les banques La grande problématique dans l’adoption du nouvel accord réside pour les banques dans la diminution des fonds propres à travers les possibilités offertes par le comité de Bâle, en lien avec les nouveaux outils de quantifications de risques. L’avantage des méthodes évoluées consiste en une évaluation plus fine des risques, permettant une économie de fonds propres par rapport à des méthodes standard beaucoup moins précises et flexibles. Il s’agit d’un enjeu majeur pour les banques. Arnaud LE GALL 14 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale 2- LE RATIO MAC DONOUGH CE QUI CHANGE Cooke = 1 formule 5 % 8% Risques de crédit 95 % Fonds Propres ≥ 8% Encours Pondérés Risques de Marchés 5% Taux, change, actifs Risques de crédit 83% Risques opérationnels 12% Procédures, systèmes, personnel, extérieur Pilier 1 : Exigence minimale Fonds Propres > 8% Pilier 3 : Communication financière Taux, change, actifs Pilier 2 : Surveillance prudentielle Risques de Marchés Mc Donough = 3 piliers (cliquer pour la suite) 10 Les objectifs de la réforme sont multiples : - accroître les sensibilités des exigences en fonds propres aux risques renforcer le rôle des contrôleurs bancaires et celui de la transparence financière appréhender l’ensemble des risques auxquels les banques peuvent être exposées promouvoir la solidité du système financier international et l’égalité des conditions de concurrence inciter les banques à développer de meilleurs outils de suivi et de contrôle des risques Pour réaliser ses objectifs, le dispositif repose sur une nouvelle approche fondée sur 3 piliers afin d’aboutir à une gestion des risques plus fine, exhaustive et préventive. 2-1. Présentation de la nouvelle réglementation Les 3 types d’obligations du futur dispositif sont les suivantes : Arnaud LE GALL 15 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale - les établissements devront disposer d’un montant de fonds propres au moins égal à un niveau calculé selon l’une des méthodes proposées (pilier 1) - les autorités disposeront de pouvoirs renforcés et pourront en particulier imposer, au cas par cas, des exigences supérieures à celles résultant de la méthode utilisée (pilier 2) - les établissements seront soumis à la discipline de marché, étant tenus de publier des informations très complètes sur la nature, le volume et les méthodes de gestion de leurs risques ainsi que sur l’adéquation de leurs fonds propres (pilier 3) CE QUI CHANGE Les 3 piliers de la réforme Pilier 1 Pilier 3 Exigence minimale de fonds propres Pilier 2 Communication financière Processus de surveillance prudentielle 11 2-1.1 Nouvelle exigence de fonds propres 2-1.1.1. Le risque de crédit En ce qui concerne le premier pilier, le Comité considère que les méthodes utilisées dans l'accord actuel pour déterminer les charges en fonds propres pour le risque de crédit ne sont pas très perfectionnées et que la rapidité du rythme des innovations financières sur les marchés ainsi que la complexité des opérations financières en ont réduit la pertinence. A ce titre, il propose diverses méthodes visant à faire en sorte que l’Accord reflète mieux le risque de crédit. Il propose notamment un ensemble modifié et étoffé de règles appelées à constituer la méthode standard. Parallèlement, le Comité étudie une autre méthode visant à instituer les exigences minimales de fonds propres destinés à certaines banques particulièrement avancées, reposant entre autres sur leur système de notation interne. Arnaud LE GALL 16 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale Ainsi, deux méthodes coexisteront à l’avenir. En effet, le comité offre le choix entre une méthode standard et une approche fondée sur le système de notation interne des banques. 2-1.1.1.1 La méthode standard Le comité propose une nouvelle approche standard pour la pondération des risques attachés aux actifs de portefeuille bancaire qui repose sur une approche plus fine du risque de contrepartie en s’appuyant davantage sur les procédures externes d’évaluation des crédits que dans l’accord actuel. En pratique, le risque de crédit sera pour partie fondé sur la notation des contreparties par les agences de notation. Ainsi, les nouvelles pondérations se fonderont sur des évaluations externes avec, pour les risques souverains, une grille de pondération de 0% à 150%. S’agissant des banques, deux options sont offertes : - l’option 1 à laquelle un coefficient de pondération sera appliqué en fonction de la notation du pays dans lequel est domicilié l’établissement bancaire. - L’option 2 se verra appliquer un coefficient de pondération qui dépend de la notation de la banque elle-même. Pour les entreprises, seules les mieux notées bénéficieront d’une pondération allégée à 20% alors que les moins bien notées seront pondérées à 150%. En fait, cette nouvelle matrice de pondération se fonde non seulement sur le critère institutionnel, c’est à dire la nature juridique des emprunteurs mais également désormais sur une évaluation externe des risques c’est à dire la probabilité de défaut appréciée par les agences spécialisées telles que les agences de rating, les notations BDF… La reformulation des coefficients de pondération : Notations externes Souverains AAA à AA- A+ à A- BBB+ à BBB- BB+ à B- inférieure à B- pas de notation 0% 20% 50% 100% 150% 100% option 1 20% 50% 100% 100% 150% 100% option 2 20% 50% 50% 100% 150% 50% Banques AAA à AAEntreprises Détail 20% A+ à A- BBB+ à BB- 50% 100% inférieure à BB150% pas de notation 100% immobilier 40% autres 75% Arnaud LE GALL 17 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale Il faut noter le faible écart de pondération entre un emprunteur non noté (100%) et un emprunteur non noté (150%), ceci ne pénalisant pas les banques des pays où la notation est peu développée. Cette mesure favorise les emprunteurs risqués non notés et incite peu les emprunteurs à se faire noter. Cependant, il s’agit également de ne pas défavoriser les entreprises des pays où la notation est peu développée. La position de la profession bancaire sur la méthode standard La profession bancaire estime que « l’approche proposée par le Comité de Bâle pour la méthode standard ne se différencie pas suffisamment de l’ancien ratio Cooke. Elle se limite en effet à l’introduction d’une nouvelle pondération pour les banques dans l’option fondée sur la notation externe des risques sommaires et pour les seules entreprises présentant de très bonnes notations ». Cette approche trop globale ne répond que partiellement à l’objectif que se fixe le Comité de Bâle d’une meilleure prise en compte des risques de défaut. 2-1.1.1.2 La méthode des notations internes Cette méthode alternative est fondée sur les systèmes de notation interne des banques qui intègre des éléments tant quantitatifs que qualitatifs dans la mesure du risque de crédit. Le système de notation retenu devra être fondé sur les probabilités de défaut, les pertes en cas de défaut, et permettre une démarche progressive allant de l’approche notation interne simplifiée à l’approche évoluée. Dans cette dernière approche, l’exposition et la perte en cas de défaillance seront mesurées à partir des données internes des établissements. Pour la validation de ces différents concepts, des séries historiques d ‘au moins trois ans semblent adéquates. Cette approche progressive consiste à décliner de plus en plus finement les termes PD et LGD de l’équation suivante : F [PD*LGD*EAD] = K Avec PD : probabilité de défaillance LGD : perte en cas de défaillance M : maturité EAD : exposition en cas de défaillance K : exigences en fonds propres Conditions de validation des systèmes de notation interne Les métiers de crédits intègrent avant tout un savoir-faire. De ce fait, les systèmes de notation sont spécifiques à chaque banque et sont le fruit de l’expérience et de la culture de chaque établissement. La notation interne s’appuie dans les établissements bancaires sur des critères quantitatifs et qualitatifs, objectifs et subjectifs. D’après les superviseurs bancaires, certains éléments paraissent des pré-requis pour une validation : - l’intégration opérationnelle du système de notation (système de délégation, décisions d’octroi,…) - la séparation claire des fonctions entre l’instance qui propose la cotation et l’instance qui attribue - un contrôle interne solide assurant notamment la traçabilité des notations Arnaud LE GALL 18 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale Objectifs et avantages de la notation interne Un avantage essentiel de l’approche par les évaluations internes est qu’elle permet de prendre en considération des informations complémentaires sur le client, dont généralement les organismes extérieurs d’évaluation du crédit ne disposent pas. De plus, elle étend l’application des cotations à un plus grand nombre de contreparties, telles que les emprunteurs non notés par un organisme spécialisé, les autres sociétés, petites ou moyennes, et les personnes physiques. Les systèmes de notation interne doivent permettre une différenciation significative des risques de crédit par une cotation comportant plusieurs classes. La cotation est une note d’évaluation du risque, unique pour chaque client ou groupe de clients de la banque. Elle est : - mise à jour régulièrement exploitable par tous les acteurs exprimée sur une même échelle de valeur issue d’une analyse statistique la probabilité de défaut dans 12 mois RISQUES SUR CREDITS Les cotations se déclinent en 11 classes, dont les 2 dernières concernent des clients en défaut A+ A- B+ B- C+ D+ CDE- douteux* E+ F contentieux * norme Commission Bancaire 20 La position de la profession bancaire sur la notation interne « La prise en compte d’un système de notation interne, clef de voûte de la réforme du ratio de solvabilité, est jugée primordiale par la profession pour deux raisons principales : - du point de vue de la gestion des risques, il est nécessaire que les établissements développent un système complet d’évaluation interne prenant en compte la réalité et une parfaite connaissance de leurs portefeuilles, plutôt que de recourir à des bases d’appréciations externes fournies par les agences de notation sur des échantillons qui leur sont propres Arnaud LE GALL 19 2003/2004 DESS Ingénierie Financière - IAE de Bretagne Occidentale la validation d’un tel système par les autorités de tutelle permettra une mesure plus précise des exigences en fonds propres fondée sur une appréciation adéquate des risques » Exemple d’allocation de fonds propres RISQUES SUR CREDITS Exemple : yPrêt hypothécaire accordé à M. X : 100 k€ yNotation de M. X : B+ yTaux de Perte en Cas de Défaut (PCD) pour les prêts hypothécaires : 17% (cliquer pour la suite) Fonds propres nécessaires en % de l’encours de prêt 5% Taux de défaut B+ + la 2-1.1.1. lecture de laLe courbe nousopérationnel donne : 5% x 100 k€ = 5 k€ de FP risque 25 2-1.1.2 Le risque opérationnel Trois approches sont également proposées pour le calcul des exigences en fonds propres destinées à couvrir le risque opérationnel. è L’approche indicateur de base : l’assiette de fonds propres doit être comprise entre 15% et 20% du produit net bancaire. è L’approche standard : le calcul est ici effectué par ligne de métier, un indicateur d’exposition unique (PNB) sera multiplié par un facteur de pondération (Bêta) reflétant le risque lié à l’activité. FP=∑ Bêta* PNBi Valeurs des facteurs Bêta Finance d’entreprise =18% Activités de marché pour compte propre=18% Activités retail=12% Activités professionnels=15% Paiement et règlement=18% Services d’agence et conservation=15% Gestion d’actifs=12% Activités de marché pour le compte de la clientèle de détail=12% Arnaud LE GALL 20 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale è L’approche mesures avancées : Les exigences en fonds propres sont calculées en interne par les banques qui peuvent utiliser une ou une combinaison de méthodologie. Pour l’utilisation de l’approche mesures avancées, la banque doit respecter les critères suivants : • Un critère général : l’approbation préalable du superviseur • Des critères qualitatifs : ♦ Fonction gestion du risque opérationnel indépendante ♦ Implication des dirigeants ♦ Intégration dans la gestion des risques au quotidien ♦ Reporting régulier des expositions et des pertes ♦ Programme régulier d’analyse de scénarios ♦ Documentation sur les procédures, contrôles… ♦ Audits internes et /ou externes • Des critères quantitatifs : ♦ Historique de données de 5 ans ♦ Procédures pour l’usage des données externes ♦ Systèmes et base de données cohérents avec la définition du risque opérationnel ♦ Système d’information approprié 2-1.1.3 Le risque de marché Il n’y a pas de changement dans le traitement du risque de marché, le dispositif actuel est maintenu avec le choix pour les établissements bancaires entre une méthode standard (avec, pour le calcul des exigences au titre du risque spécifique, l’utilisation de pondérations en fonction de la notation externe de l’émetteur) et une approche modèle interne (VaR). 2-1.2 La surveillance prudentielle Le deuxième pilier met en avant un contrôle préventif qui repose sur quatre principes. Arnaud LE GALL - Le premier principe : Les banques doivent être en mesure d’identifier les différentes catégories de risques auxquelles elles sont exposées sur l’ensemble de leurs activités et de prévoir les contrôles destinés à garantir la cohérence de leurs procédures d’évaluation. - Le deuxième principe : Les autorités de contrôle devront examiner et évaluer les mécanismes et stratégies internes d’appréciation et de maintien des fonds propres de chaque établissement et s'assurer au respect des ratios réglementaires. - Troisième principe : Les contrôleurs bancaires devront être en mesure d’imposer préventivement des normes en capital plus élevées que le minimum aux établissements ayant des activités plus risquées. 21 2003/2004 DESS Ingénierie Financière - IAE de Bretagne Occidentale Quatrième principe : Les autorités de contrôle devront s’efforcer d’intervenir de façon anticipée pour empêcher les fonds propres de descendre en deçà des niveaux prudentiels. L’identification rapide de l’érosion des fonds propres est un élément important de l’action préventive des autorités de contrôle, même si cette surveillance ne doit pas se substituer à un mode de gestion efficace par les administrateurs et dirigeants des banques. Outre les risques mesurés dans le pilier 1, d’autres types de risques seront traités dans ce pilier : - le risque de taux d’intérêt dans le portefeuille bancaire le risque de concentration le risque de liquidité 2-1.3 La discipline de marché Le troisième et dernier pilier du nouveau dispositif a vocation à promouvoir la discipline de marché pour améliorer la communication financière. En effet, pour que les acteurs qui interviennent sur le marché puissent évaluer l’adéquation des fonds propres d’une banque à ses risques, ils doivent disposer d’informations relatives à la structure du capital et au profil de risque de la banque. Par conséquent, la publication d’informations précises et fiables sur le niveau des fonds propres, les expositions aux risques et l’adéquation des fonds propres sont importantes pour obtenir la transparence nécessaire au bon fonctionnement de l’économie de marché. Il faut donc imposer une discipline aux acteurs. Ces publications devront être au moins semestrielles. Trois points particuliers devront faire l’objet d’une communication renforcée : - la structure du capital : chaque banque devra publier des informations résumées concernant la structure de son capital, les échéances ainsi que les principales caractéristiques des instruments. Les informations communiquées devront également fournir une image claire de la capacité d’absorption des pertes de l’établissement et décrire toutes les conditions susceptibles de mériter une attention spéciale lors de l’analyse de la solidité de ses fonds propres. - Le degré d’exposition aux risques : chaque banque devra mettre à la disposition du public des informations qualitatives et quantitatives sur son exposition aux risques. Jointes aux renseignements sur la situation de ses fonds propres, les informations relatives aux risques encourus devraient permettre de déterminer la capacité ou non d’une banque à demeurer solvable en période de crise. La transparence concernant le profil de risque d’une banque, c’est à dire les risques inhérents à ses activités (de bilan et de hors bilan) à un moment donné ainsi que sa propension à prendre des risques, fournissent des informations sur la stabilité de sa situation financière et sur la sensibilité de ses bénéfices à l’évolution des conditions de marché. Arnaud LE GALL 22 2003/2004 DESS Ingénierie Financière - IAE de Bretagne Occidentale L’adéquation des fonds propres : chaque banque devra communiquer des informations qualitatives concernant les procédures internes auxquelles elle a recours pour évaluer son niveau de fonds propres. Ces informations permettront aux acteurs des marchés de porter un jugement sur les liens entre le processus de détermination du niveau de fonds propres et les autres procédures de gestion des risques dont elle dispose et sur sa capacité à résister à l’instabilité future. Arnaud LE GALL 23 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale 2-2. Critiques sur le projet en cours En l’état actuel des travaux, de nombreuses critiques sont formulées sur les effets que pourrait produire l’accord de Bâle 2. La procyclité du ratio, la sur pondération de certaines activités et le double comptage de certains incidents sont des points discutés à l’heure actuelle. 2-2.1 Caractère pro-cyclique du ratio Les règles d’exigences en fonds propres proposées dans la réforme de Bâle 2 modulent celles-ci en fonction de la qualité de crédit des emprunteurs. Une dégradation de cette qualité se traduit par une augmentation des fonds propres requis. Le nouveau ratio permet donc de mieux ajuster les exigences réglementaires au risque effectif des crédits et il réagit plus rapidement aux changements de la qualité de crédit des emprunteurs. Néanmoins, dans ce nouveau dispositif, des exigences réglementaires plus sensibles au risque tendent aussi à rendre le montant des fonds propres plus sensible aux fluctuations de l’économie. En effet, la dégradation de la qualité de crédit est plus fréquente en période de récession. En conséquence, si les notations (internes et externes) suivent le cycle économique, les exigences réglementaires seront plus fortes en période de récession et elles s’allègeront en période d’expansion. Cette volatilité n’est pas sans effet potentiel sur l’activité elle-même. Elle risque d’avoir un effet pro-cyclique, c’est à dire d’amplifier le cycle, en freinant l’offre de crédit en phase de ralentissement et en l’accélérant en phase de croissance. Considérons, par exemple, un ralentissement de l’activité. Dans cette situation, la contrainte imposée par le ratio devient plus forte. Le ratio de capital doit croître si la qualité du portefeuille d’une banque se dégrade. Si celle-ci n’est pas en mesure de lever des fonds propres supplémentaires, elle doit restreindre la part des actifs risqués dans son portefeuille pour satisfaire la contrainte de capital, soit en leur substituant des actifs moins risqués ou sans risques, soit en réduisant l’offre de crédits aux emprunteurs risqués. La disponibilité du crédit peut donc se réduire, notamment pour les emprunteurs les plus dépendants du crédit bancaire pour leur financement externe. Le nouveau ratio discrimine selon les phases du cycle et cette particularité risque d’amplifier les fluctuations cycliques si elle rend l’accès au crédit plus difficile en période de ralentissement. C’est pourquoi la volatilité accrue du ratio de capital fait naître un risque potentiel de renforcement de l’amplitude du cycle économique. 2-2.2 Sur pondération du capital investissement et du financement de projet Le traitement des ces activités dans le nouvel accord de Bâle fait l’objet de nombreuses discussions à l’heure actuelle. Les professionnels du capital investissement estiment que la pondération de ces opérations est disproportionnée par rapport au risque qu’elles portent. Arnaud LE GALL 24 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale 2-2.3 Double comptage de certains incidents La réforme du ratio international de solvabilité exige des établissements assujettis qu’ils respectent des critères qualitatifs et quantitatifs de saine gestion et qu’ils calculent une exigence de fonds propres pour chaque nature de risque. La nécessité de calculer chacune de ces exigences de fonds propres suppose d’avoir préalablement précisé le périmètre de ces risques et d’en avoir clairement tracé les frontières. A défaut, l’exigence de fonds propres réglementaires pourra excéder l’exigence de fonds propres économiques : ce risque de « double comptage » sera probablement l’une des difficultés majeures de mise en œuvre de la réforme pour les banques soucieuses d’économiser leurs fonds propres. En effet, il peut être difficile de définir précisément la caractéristique d’un risque donné, les pertes sur les crédits pouvant avoir pour origine des risques opérationnels. Les distinguer permettrait d’éviter un double comptage dans le nouveau ratio. C’est pourquoi les autorités de tutelle invitent les établissements à engager des actions afin de faire entrer dans la culture et dans la pratique la distinction entre les pertes résultant, d’une part, de la défaillance de la contrepartie (risque de crédit) ou de l’évolution défavorable des conditions de marché (risque de marché), et d’autres part, de celles résultant de défaillances des procédures, des systèmes d’informations, des agents, ou résultant d’évènements extérieurs. Par conséquent, une bonne définition et classification des risques constituent un enjeu majeur pour les banques dans l’optique d’une minimisation des fonds propres. 2-2.4 Vers une banque élitiste ? La principale conséquence de cet accord pourrait être un recentrage de la clientèle bancaire vers les clients les mieux notés et donc les moins risqués. Une concurrence entre les banques pour cibler au mieux ce type de clientèle pourrait être une des conséquences de l’accord. Cependant, ceci n’est pas une nouveauté dans les faits, les banques privilégient évidemment depuis l’origine les clients les moins risqués. Il s’agirait en fait d’une « normalisation » des usages avec l’apparition de la notation généralisée. Arnaud LE GALL 25 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale CONCLUSION Le ratio de solvabilité tel qu’il a été défini en 1988 par le Comité de Bâle avait l’avantage de sa simplicité et de sa facilité d’application ; cependant, cette simplicité est devenue trop simplificatrice au fil des années avec l’amélioration des techniques financières qui requièrent un ratio plus élaboré. Le nouveau dispositif reposera sur 3 piliers comme vu précédemment : des exigences minimales de fonds propres, un processus de surveillance prudentiel et une discipline de marché. L’objectif de la réforme est clairement l’amélioration de la solvabilité des établissements bancaires au moyen d’une rationalisation des fonds propres prudentiels utilisant une clé de répartition plus en phase avec la mesure économique des risques encourus. Deux effets sont à distinguer. Tout d’abord, la rentabilité exigée des établissements ou encore leurs coût de refinancement devraient être moindres, les banques étant plus solvables donc moins risquées. Par ailleurs, l’amélioration de la prise en compte des risques devrait permettre une allocation optimale des fonds prêtés en mettant fin aux arbitrages prudentiels des banques. En effet, en l’état actuel de la réglementation, les pondérations sont établies indépendamment des ratings et la recherche de la rentabilité conduit les banques à sur pondérer les emprunteurs les plus risqués. Au final, cette réforme favorisera les banques qui gèrent correctement leurs risques. Mais les enjeux sont lourds : - le coût des systèmes d’information nécessaires en interne sera lourd. une intégration encore plus grande du monde bancaire américain. Le ratio Cooke avait l’avantage de la simplicité et donc d’être facilement applicable par tous les pays. Le nouveau ratio est plus complexe. La question est de savoir comment faire pour préserver la légitimité et l’universalité du ratio malgré sa complexité. Arnaud LE GALL 26 2003/2004 DESS Ingénierie Financière IAE de Bretagne Occidentale BIBLIOGRAPHIE Ø Publications officielles • « Vue d’ensemble du nouvel accord de Bâle sur les fonds propres » - 2003 Comité de Bâle • « Bâle 2 » - 2002 Fédération Française des Banques Ø Sites Internet • www.bis.org • www.banque-France.fr • www.commission-bancaire.org Ø Journaux et revues • • • • • Les Echos La Tribune Le Monde Banque Stratégie Banque et Marchés Arnaud LE GALL 27 2003/2004