LA FORTUNE DES ROUGON Émile Zola Livre du professeur
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LA FORTUNE DES ROUGON Émile Zola Livre du professeur
LA FORTUNE DES ROUGON Émile Zola Livre du professeur Anne Cassou-Noguès agrégée de lettres modernes L’étude de La Fortune des Rougon peut être l’occasion de séquences centrées sur le roman ou le personnage romanesque. Elle permet également d’aborder diverses thématiques (les relations entre la fiction et le réel, le roman et l’histoire, l’art et la science…) et d’étudier un mouvement littéraire, le naturalisme. PRÉREQUIS ET PRÉLIMINAIRES L’étude de La Fortune des Rougon s’inscrit à la fois dans les programmes de seconde et dans les nouveaux programmes de première (programme 2007). LA FORTUNE DES ROUGON EN SECONDE Faire lire La Fortune des Rougon en seconde peut sembler audacieux. Pourtant, les impératifs du baccalauréat étant moins pressants, l’année de seconde offre la possibilité de consacrer davantage de temps à une séquence, d’accompagner les élèves dans une lecture longue mais fructueuse. De plus, la lecture du roman de Zola permet de croiser divers objets d’étude. Perspective dominante : Qu’est-ce qu’un roman ? Quelles sont les principales caractéristiques de ce genre littéraire ? Perspective secondaire : Quels sont les liens entre réalité et fiction dans ce roman ? Objets d’étude abordés : – les genres et les registres : variété des registres à l’œuvre dans un roman ; – un mouvement littéraire et culturel du XIXe ou du XXe siècle : le naturalisme ; – l’éloge et le blâme : description et argumentation ; – le travail de l’écrivain : des documents préparatoires au roman. LA FORTUNE DES ROUGON EN PREMIERE La lecture de La Fortune des Rougon peut désormais trouver sa place dans les programmes de première. Il ne s’agit plus d’étudier les caractéristiques de l’écriture romanesque, déjà étudiées en seconde, mais de s’intéresser davantage aux personnages en ce qu’ils permettent au romancier d’exprimer sa vision du monde. Problématique : Quel est le statut des personnages dans le roman : objets d’une expérience scientifique, porte-parole du romancier… ? Objet d’étude abordé : le roman et ses personnages : vision de l’homme et du monde AU PREALABLE… REALISME ET NATURALISME : DE LA THEORIE A LA PRATIQUE Pour comprendre les spécificités de l’écriture zolienne, il importe de replacer Zola dans son temps et de confronter La Fortune des Rougon aux préceptes de l’écriture réaliste et naturaliste. Dans cette perspective, on peut travailler avec les élèves sur un groupement de textes, alliant textes théoriques et extraits de romans, pétitions de principes et réalisations concrètes. 1 Corpus de textes théoriques : – Balzac, Avant-Propos de 1842 à La Comédie humaine (« Le hasard est le plus grand romancier du monde […] la Société devait porter avec elle la raison de son mouvement »). Avec les élèves : repérer les marques de la progression dans l’argumentation : découpage en paragraphes, phrases de transitions (« Ce travail n’était rien encore ») et connecteurs logiques (« Enfin »), identifier les deux ambitions du romancier : d’abord recenser et classer les phénomènes sociaux, puis chercher à les expliquer pour les confronter à la « règle éternelle, du vrai, du beau ». – Zola, « Notes sur la marche générale de l’œuvre » (« Vers l’épreuve », texte 9, page 440). Avec les élèves : identifier les marques stylistiques qui font de ce texte des « notes », caractériser la société moderne selon Zola (champ lexical du mouvement : « bousculade », « élan », « lancée », « retomber »… ; métaphore animale : « appétits », « animaux » ; vocabulaire dont l’axiologie est négative : « bousculade », « monstruosités », « trouble », « faillibles » : société en mouvement, entrée dans une ère de confusion par la remise en cause des hiérarchies de l’Ancien Régime, dans laquelle les individus entrent en lutte les uns contre les autres, dans une perspective quasi darwinienne), repérer les principes qui président à l’écriture des Rougon-Macquart (influence de l’hérédité et du milieu). – Zola, préface de La Fortune des Rougon, 1870 (p. 7). Avec les élèves : identifier les deux principes selon lesquels Zola conçoit la famille des Rougon-Macquart (« la double question des tempéraments et des milieux », « Physiologiquement » ; « Historiquement », « société contemporaine », « second Empire » : un principe scientifique et un principe historique), formuler clairement l’objectif du romancier. – Maupassant, « Le Roman », préface de Pierre et Jean, 1887 (« Vers l’épreuve », texte 10, p. 441). Avec les élèves : repérer les marques de la progression de l’argumentation (découpage en paragraphes, utilisation des connecteurs logiques), identifier la thèse défendue par Maupassant (« les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes »), recenser les trois raisons pour lesquelles le romancier ne peut reproduire exactement la vie (1. il est matériellement impossible de dire tout ce qui se passe dans une vie ; 2. pour éviter un effet de confusion, il faut sélectionner les événements qui se rapportent au thème choisi et les organiser, ce qui contredit le hasard de l’existence ; 3. il n’existe pas une réalité, mais des regards sur le monde : le romancier ne peut donc reproduire que sa vision de monde, qui est nécessairement subjective). Lecture cursive d’extraits romanesques Il ne s’agit pas d’étudier en détails tous ces extraits mais de repérer un certain nombre de thématiques récurrentes dans les romans réalistes et naturalistes. – L’analyse de la société, l’émergence des classes populaires : Stendhal, Le Rouge et le Noir, livre II, chap. XIII, 1830 (« Que je suis bon, se dit-il […] la taille et l’attitude d’un héros », « Classiques & Cie », Hatier, p. 391) ; Zola, Germinal, V, chap. 5, 1885 (« Le roulement de tonnerre approchait […] Du pain ! du pain ! du pain ! », « Classiques & Cie », Hatier). – La place de l’argent dans la société, l’ambition : Balzac, Le Père Goriot, chap. II, 1835 (« Voilà le carrefour de la vie […] refuse de partager », « Classiques & Cie », 2 Hatier, p. 120-122) ; Zola, Au Bonheur des dames, chap. IX, 1883 (« Mouret avait l’unique passion de vaincre la femme […] il aurait fait passer la rue au travers de sa maison », « Classiques & Cie », Hatier, p. 280-282). – Le corps et le désir : Zola, Thérèse Raquin, chap. VI, 1868 (« La jeune femme était demeurée accroupie […] L’acte fut silencieux et brutal », « Classiques & Cie », Hatier, p. 46-47). – Le mariage et la famille : Flaubert, Madame Bovary, II, chap. XIII, 1857 (« En effet, ces femmes, accourant à la fois dans sa pensée […] il fuma trois pipes et alla se coucher », « Classiques & Cie », Hatier, p. 238-240) ; Maupassant, Une Vie, chap. VII, 1883 (« Les cartes entrèrent alors dans la vie des jeunes gens […] une larme tombait sur ses doigts qui poussaient l’aiguille », « Classiques & Cie », Hatier, p. 111-112). UNE SÉQUENCE POUR LES SECONDES (12 HEURES) Au lieu de demander aux élèves de lire d’emblée l’ensemble du roman, dans lequel ils risquent de se perdre, on peut guider leur lecture et l’accompagner. Ainsi, on leur demande de lire le roman en quatre fois, en faisant un bilan au terme de chacune de ces quatre étapes. Afin de faire percevoir aux élèves la structure du roman, on divisera le roman en fonction du traitement romanesque du temps. Séances 1 et 2 (4 heures) Lecture préalable : chapitre I. Notions stylistiques ou culturelles : l’incipit ; le naturalisme : la complexité du rapport au réel. Lectures méthodiques : – texte 5 (pages 32-34 et 434) : à travers l’étude de cet extrait, on travaillera sur les différentes fonctions de la description, qui contribue à ancrer le texte dans le réel, mais affirme également sa dimension artistique. Avec les élèves, on commence par étudier les liens entre la narration et la description (champ lexical de la vue : « ils ne pouvaient en voir », « ils aperçurent », « les jeunes gens […] regardèrent »). On s’intéresse ensuite aux marques du réalisme de la description : référence aux sens (vue, ouïe, toucher), utilisation de noms propres dont certains sont des noms réels (Nice), précisions chiffrées (« trois cents mètres », « un demi-kilomètre »). On peut ici établir un parallèle entre la situation géographique d’Aix-en-Provence et celle de Plassans et s’interroger sur les rapports entre la ville réelle et la ville imaginée par le romancier. Puis, on aborde les autres fonctions de la description. Cette dernière a une fonction narrative : Silvère et Miette viennent de franchir une limite (« en feignant de ne point voir le sentier qu’ils s’étaient promis de ne point dépasser », « nous irons bien jusqu’au pont »), ce qui suggère qu’ils viennent de s’engager sur un chemin sans retour. De plus, le paysage prend l’allure d’un théâtre antique (« colosses », « cet immense amphithéâtre ») : les amoureux deviennent alors des héros tragiques et devront trouver la mort au dénouement. La description a également une fonction symbolique : elle informe sur les deux personnages. En effet, on peut noter que les deux jeunes gens se trouvent en marge, dans un entre-deux spatial, entre la ville et la campagne (« Tout en haut, brillaient, au ras de l’horizon, […] quelques fenêtres encore éclairées du faubourg »), et temporel, entre le jour et la nuit (« rayon de lune », « reflet de jour »). Silvère et Miette sont des marginaux et le quotidien ne leur offre pas de place pour leur bonheur. C’est ce que souligne la métamorphose fantastique du paysage (« On eût dit une vallée 3 enchantée, une merveilleuse retraite »). Enfin, la description a une dimension esthétique. Elle rappelle les estampes japonaises (une estampe apparaît sur le portrait de Zola par Manet que l’on pourra étudier à cette occasion) : le jeu des couleurs (« ruban d’argent », « mers grises », « éclat métallique », « clartés bleuâtres ») et des formes (contraste entre les « rangées d’ormes » qui forment « deux lisérés sombres » et les « larges mers », les « nappes ») rappelle un art qui fascine Zola et ses contemporains. – texte 12 (pages 36-37 et 445) : à travers l’étude de ce texte, on montrera l’engagement de Zola. La description n’est pas objective, elle fait l’éloge du mouvement républicain. On peut d’abord travailler avec les élèves sur les métaphores filées qui assimilent la « bande » à un torrent (« La route, devenue torrent, roulait des flots vivants », « enflaient »), ce qui suggère la force du mouvement révolutionnaire, et à un orchestre (« monstrueuses trompettes », « un tambour »), ce qui en dit sa beauté. On analyse ensuite la personnification progressive de la nature (jusqu’à « La campagne, dans l’ébranlement de l’air et du sol, criait vengeance et liberté ») : la nature partage le sentiment de révolte des insurgés, il est donc légitime. On note que ce passage, qui affirme la force, la beauté et la légitimité de la révolte républicaine, est précédé d’un paragraphe qui rend compte des pensées de Miette qui n’a pas, a priori, d’attachement particulier au mouvement : au contraire, il lui paraît être un obstacle à son amour. La construction du passage en renforce la dimension élogieuse : en effet, « la bande » est si puissante (récurrence des hyperboles : « terriblement grandiose », « la grande voix », « éclat assourdissant », « large amphithéâtre ») qu’elle emporte la conviction même des plus réticents. Compléments : – comparaisons avec d’autres extraits de romans qui peignent des mouvements révolutionnaires du XIXe siècle (« L’œuvre dans l’histoire », textes 1, 2 et 3, pp. 413417). On peut montrer l’intensité dramatique du texte de Hugo (texte 1) qui contribue à transfigurer Gavroche en héros, comparer la vision de Frédéric et celle d’Hussonnet sur les insurgés (texte 2), et réfléchir aux rapports entre réel et fiction dans le texte de Vallès (texte 3). Enfin, on invite les élèves à comparer les quatre textes en s’interrogeant en particulier sur leur dimension argumentative. – comparaisons avec d’autres incipits romanesques à travers les siècles : Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1676, du début à « l’ornement et l’admiration de leur siècle » (contexte historique et culturel, annonce des thèmes majeurs du roman) ; Diderot, Jacques le fataliste et son maître, 1796, du début à « et vous pour ce délai » (remise en cause des attentes du lecteur, déstabilisé, et pourtant, annonce des principaux thèmes du roman) ; Balzac, Le Père Goriot, 1835, du début à « dans son cœur peutêtre », et Flaubert, L’Éducation sentimentale, 1865, du début à « Il disparut » (deux exemples d’incipits réalistes) ; Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, du début à « J’ai tenu ferme bien entendu » (niveau de langue familier, narration à la première personne). Séance 3 (2 heures) Lectures préalables : chapitres II, III et IV. Notions stylistiques et culturelles : traitement romanesque du temps : notion d’analepse ; art du portrait. Lecture méthodique : – texte 6 (p. 124-125 et 434). Les habitués du salon jaune sont ici vus par le docteur Pascal, qui « s’occupait beaucoup d’histoire naturelle ». On étudie d’abord avec les élèves les comparaisons qui assimilent les conservateurs à des animaux (« lui parurent des animaux curieux », « miaulement d’un chat », « aboiement d’un chien », « une grande sauterelle », « un crapaud », « un vieux dogue édenté », « geindre comme un 4 veau »). On remarque que tous les comparants sont des animaux insignifiants ou répugnants (nul animal noble) : les comparaisons ont pour but de faire la satire du salon jaune et de souligner la bêtise de ses habitués. Ces derniers sont privés de paroles (« bavardages vides »), partant de réflexion. Le registre satirique évoque les caricatures de Grandville (p. 447) ou Daumier. À travers cette galerie de portraits, on apprend aussi à connaître Pascal : il fait preuve de distance et d’ironie (« Il s’y ennuya moins qu’il ne le craignait », « Je ne suis pas vétérinaire »), il est passionné par l’hérédité… De plus, il emploie les mêmes termes que Zola dans la préface du roman (« appétits », « histoire naturelle ») et les mêmes images que le narrateur omniscient, qui avait comparé Granoux à « une oie grasse ». De ce fait, Pascal apparaît comme une image du romancier et il est intéressant de noter à cet égard qu’il est qualifié de « naturaliste » (on proposera une analyse des différents sens de ce terme). Compléments : – lecture cursive à la maison : après avoir lu, dans ces trois chapitres, l’histoire des origines des Rougon-Macquart, on peut proposer aux élèves de suivre l’un des personnages qu’ils ont découverts : Aristide (La Curée, L’Argent), Eugène (Son Excellence Eugène Rougon), Pascal (Docteur Pascal) ou encore Gervaise (L’Assommoir)… – analyse de documents iconographiques : on commente avec les élèves l’arbre généalogique des Rougon-Macquart (p. 6) en leur faisant identifier lois héréditaires qui lient les personnages les uns aux autres. On peut aussi analyser la caricature de Grandville (p. 447) qui recourt au même procédé que Zola, l’assimilation d’un type social, ici le banquier, à un animal. La caricature insiste sur le goût du paraître du banquier, qui affiche sa richesse par son chapeau, sa redingote, sa double chaîne de montre, mais aussi par son ventre énorme d’animal bien nourri. Les sacs d’or font penser à des sacs de grains et suggèrent que le banquier se nourrit d’or. L’étalage des plumes et la longueur du bec en font un personnage hautain mais ridicule. – groupement de textes : le portrait satirique. Pour étudier plus avant le blâme satirique, on peut prolonger cette étude avec l’étude d’un groupement de portraits satiriques : extraits des Caractères de La Bruyère (« Arrias », par exemple), des Lettres Persanes de Montesquieu (Lettre 99, de Rica à Rhédi, « Classiques & Cie », Hatier), « Monsieur Prudhomme », poème de Paul Verlaine, ou encore portrait de Madame Verdurin par Proust (« Madame Verdurin […] sanglotait d’amabilité », Un Amour de Swann, « Classiques & Cie », Hatier, p. 29-30). Séance 4 (2 heures) Lectures préalables : chapitres V et VI Notions stylistiques et culturelles : la variété des registres (lyrique, pathétique, polémique, satirique…) ; le travail de l’écrivain. Lecture méthodique : – texte 7 (283-287 et 435). L’extrait est composé de deux passages bien distincts : les deux premiers paragraphes rapportent essentiellement les pensées de Macquart (« il s’était dit », « pensait-il », « La pensée »), tandis que, dans la suite du texte, c’est le récit qui prend le dessus avec l’irruption du passé simple (« se fit entendre », « répondit ») et des connecteurs de temps (« lorsque », « Alors, pendant que », « Puis »). Le romancier, au lieu d’opposer la grandeur héroïque à la lâcheté, renvoie dos-à-dos Macquart et Rougon, le républicain et le bonapartiste, aussi ridicules l’un que l’autre. Macquart fait d’abord preuve d’aveuglement et se révèle un fort piètre stratège. Ainsi, le premier paragraphe dévoile longuement les raisons pour lesquelles il se croit en sûreté : la précision de ce développement souligne à quel point il se trompe dans son appréciation 5 de la situation. Macquart semble ensuite confondre conviction politique et intérêt personnel, comme le montre la chute de la phrase (« la nomination d’une Commune dont il serait le chef, l’emprisonnement des mauvais patriotes et surtout des gens qui lui déplaisaient »). Par le biais du discours indirect libre, le narrateur semble laisser la parole à Macquart, sans intervenir. Il fait semblant de rester objectif mais l’ironie se fait pourtant parfois entendre (« prenant une pose digne dans le fauteuil du maire »). Le récit se caractérise pour sa part par le registre héroïcomique. En effet, on relève plusieurs traces du registre épique : le grossissement par l’emploi de pluriels (« des poussées, des trépignements sourds, des bruits de chute ») et d’hyperboles (« une détonation épouvantable »), l’héroïsation du protagoniste (« On eût dit un vieux Romain sacrifiant sa famille sur l’autel de la patrie »). Pourtant, le texte ne suscite pas d’admiration mais un mépris moqueur à l’égard de Rougon. Tout d’abord, il ne remporte pas de véritable combat et ne court aucun danger réel. Les difficultés rencontrées par les bonapartistes sont dues à leur maladresse (« Les combattants étaient singulièrement embarrassés par leurs fusils », « dans la hâte aveugle qu’ils avaient d’en finir, trois des hommes de Roudier avaient déchargé leurs armes en l’air »). Quant à Rougon, la seule menace qui pèse sur lui, c’est que Macquart révèle ses malhonnêtetés passées : le discours direct fait office d’arme plus dangereuse que les fusils (« Ah ! j’en sais de belles, j’en sais de belles ! »). Ainsi, celui qu’on présente comme « très rouge, les yeux hors des orbites », n’est qu’une parodie des héros antiques. Le texte permet de comprendre que Zola n’exprime pas des convictions républicaines univoques et que le roman n’a rien de manichéen. Il semble marqué par le pessimisme de l’auteur. Compléments : comparaison avec les plans du roman : la comparaison entre le roman et le troisième plan du roman, envoyé à l’éditeur, permet de faire apparaître un certain nombre de modifications quant à l’ordre de la narration. Séance 5 (2 heures) Lecture préalable : chapitre VII Notion stylistique et culturelle : le dénouement. Lecture méthodique : – texte 8 (pages 392-394 et 435). On fait apparaître avec les élèves la structure du passage en deux temps : d’abord la mort de Silvère (appréhendée d’abord de l’extérieur du point de vue de Justin, puis de l’intérieur à travers le regard que Silvère porte sur ce qui l’entoure et l’analyse de ses sentiments), puis le banquet chez les Rougon. Cela permet de montrer que le dénouement clôt les deux fils de l’intrigue. D’une part, il met un terme à l’intrigue amoureuse puisque la scène de l’exécution de Silvère permet l’union presque charnelle de Silvère et Miette (« les lèvres collées à l’endroit usé par les pieds de Miette, à cette place tiède où l’amoureuse avait laissé un peu de son corps ») et fait écho à des passages antérieurs (l’appel des morts, déjà évoqué au chapitre V, est intimement lié à l’amour des deux jeunes gens). D’autre part, ce dénouement met un terme à l’intrigue politique puisqu’il consacre la victoire des Rougon, c’est-à-dire des bonapartistes (« Comme il avait relevé la fortune des Bonaparte, le coup d’État fondait la fortune des Rougon »). Le paragraphe final, qui suit les traces de sang selon des cercles de plus en plus amples (la chambre des Rougon, la rue de la Banne, les faubourgs de Plassans), invite le lecteur à poursuivre ce mouvement jusqu’à englober la France entière, soumise à Louis-Napoléon Bonaparte. Toutefois, les dernières pages du roman ouvrent également des perspectives vers la suite des Rougon-Macquart. En effet, les derniers paragraphes semblent opérer une ellipse : tout se passe comme si le second empire était déjà proclamé (alors que l’Empire n’est proclamé qu’un an après le coup d’État) et l’on boit « au prince Louis, à l’empereur ». De même, les thèmes qui 6 éclateront dans le second volet de la série, La Curée, sont ici esquissés : le clan Rougon permet en effet au romancier de stigmatiser les vices de la société impériale. Cette dernière est présentée comme violente, par le biais d’une métaphore animale (« appétits, aiguisés », « dents féroce », « fauves maigres », « curée »), cruelle même si l’on en juge par la fascination de Justin pour la mort. La société impériale est une société théâtrale, qui aime à se montrer et à observer (champ lexical du théâtre : « spectacle », « drame », « scène », « applaudissements »). Enfin, Zola semble encore aller plus loin et annoncer la chute de l’Empire, en peignant une société de l’excès : dans le salon des Rougon, trop de chaleur (« toute chaude encore », « ardente ») et trop de bruit (« assourdissantes », « vacarme ») rendent l’atmosphère étouffante, insupportable. Compléments : comparaisons avec d’autres dénouements de romans de Zola. – Thérèse Raquin (de « À ce moment, […] » à la fin) : les amants criminels s’entretuent. – Pot-Bouille (de « Et, du boyau noir […] » à la fin) : les bonnes commentent les frasques de leurs maîtres. – Au Bonheur des Dames (de « Cependant, Mouret avait ouvert […] » à la fin) : Denise, par sa bonté, métamorphose Octave Mouret, le brillant directeur du Bonheur des Dames. – Nana (de « Ce fut une horreur […] » à la fin) : le cadavre décomposé de Nana. Le pessimisme du romancier éclate dans tous ces dénouements sauf celui d’Au Bonheur des Dames. Alors que dans tous la laideur physique répond à la laideur morale, celui de ce roman sur le progrès affirme sa confiance dans l’humanité. Séance 6 (2 heures) : évaluation Commentaire : sujet 4 (p. 446) Réponse aux questions posées : 1. Le jaune a de nombreuses connotations dans le roman : il peut être associé à l’huile que vendait Félicité, mais aussi à l’or qu’elle convoite. Les maisons de la ville neuve, elles aussi, sont « enduites d’un badigeon jaune clair ». Le jaune enfin colore le ciel au soir du 14 décembre, lorsque la victoire des bonapartistes est acquise. On peut rappeler que Eugène Rougon aura, à Paris, un salon rouge. 2. La description, sous des allures d’objectivité, a en réalité une forte axiologie négative. Le romancier recourt à plusieurs procédés pour dévaloriser le salon jaune : suffixe péjoratif (« jaunâtre »), formules restrictives (« ne couvrait que », « presque ») ou termes péjoratifs (« jour faux »). 3. La description allie des fonctions réaliste (elle permet au lecteur de visualiser le salon jaune), symbolique (elle sert de révélateur au caractère et aux ambitions de Félicité), et narrative (elle annonce la suite de l’intrigue). – Proposition de plan : I. Une description réaliste A. Une description très bien organisée, qui englobe tout l’espace B. Une précision méticuleuse II. Un personnage dans un décor A. De l’huile à l’or, l’ambition de Félicité B. Un désir sensuel III. Le centre de l’intrigue romanesque A. La revanche de Napoléon B. À la conquête de la rue de la Banne 7 Dissertation : sujet 6 (p. 446) Indications pour traiter le sujet : – analyse des mots-clefs : « Le roman depuis Balzac », repris par « roman actuel » : globalement, il s’agit du roman naturaliste, le champ d’application du sujet est donc relativement restreint (il ne faut pas prendre d’exemple dans les nouvelles naturalistes) et exige un certain nombre de connaissances d’histoire littéraire ; « racontés ou relevés d’après nature » : le roman tendrait à la reproduction de la vie, exacte, scientifique et fondée sur des preuves, ce qui implique le registre réaliste, des descriptions qui font appel aux cinq sens, la mise en scène de personnages ayant leur langue et leurs activités, des personnages appartenant à toutes les classes sociales ; « comme l’histoire » : cette comparaison insiste sur la dimension scientifique du roman naturaliste. – type de sujet : il s’agit de commenter une affirmation. – reformulation de la thèse contenue dans le sujet : les romanciers réalistes n’inventent rien, ce sont des observateurs. – formulation de la problématique : les romanciers naturalistes sont-ils des observateurs ou des créateurs ? Une œuvre d’art peut-elle se contenter de reproduire la réalité ? Proposition de plan : I. Certes, les romanciers naturalistes reproduisent la vie A. Un travail d’enquête B. Des cadres réalistes C. Des personnages réalistes II. Mais, ils sont surtout des créateurs A. Sélectionner B. Ordonner C. Une écriture poétique III. Les romanciers naturalistes disent la vie comme ils la voient A. Un point de vue sur la société B. Un état d’esprit Invention : sujet 1 (p. 445) Indications pour traiter le sujet : Les contraintes imposées par le sujet sont : – forme : une caricature, c’est-à-dire un portrait outré, qui se moque du personnage. – registre : pour faire une caricature, vous devez recourir au registre satirique (antiphrases, jeux de mots, hyperboles…). Relisez les portraits de Zola, pour repérer des procédés d’écriture dont vous pourrez vous servir. – idées : personnage qui mange des mets de luxe qui le font grossir et l’empêchent de se mouvoir, goût ostentatoire pour le luxe… Proposition de plan : Le locuteur peut par exemple montrer que les romans réalistes ou naturalistes font découvrir, de l’intérieur, souvent par le biais de l’identification à un personnage, un univers ou une époque que l’on méconnaît, que, ce faisant, ils aident à mieux comprendre le monde dans lequel on vit ; il peut également souligner que lire un roman réaliste ou un roman naturaliste, c’est découvrir une écriture, qui ne se réduit pas à la simple reproduction du réel. 8 UNE SÉQUENCE POUR LES PREMIÈRES La Fortune des Rougon peut s’inscrire sur un descriptif pour l’oral : les élèves doivent dans ce cas être prêts à répondre à une question précise sur un extrait étudié en classe, mais dans le cours de l’entretien, ils doivent aussi pouvoir proposer des éléments de synthèse. De plus, le roman peut les aider à nourrir leur réflexion dans le cadre d’un sujet d’écrit. PREPARATION DE L’ORAL Séance 1 (2 heures) Lecture méthodique : texte 13 (pp. 90-91 et 446) Perspective dominante : la construction du personnage romanesque : comment le décors contribue-t-il à la construction d’un personnage ? Éléments d’analyse : voir ci-dessus, séquence pour les secondes, indications pour traiter le commentaire, sujet 5. Séance 2 (2 heures) Lecture méthodique : texte 7 (pp. 283-287 et 435) Perspective dominante : la construction du personnage romanesque ; discours rapporté et identité du personnage. Éléments d’analyse : voir ci-dessus, séquence pour les secondes, séance 4. Séance 3 (2 heures) Lecture méthodique : texte 14 (pp. 36-37 et 446) Perspective dominante : la construction du personnage romanesque « dis-moi ce que tu vois et je te dirai qui tu es… » Éléments d’analyse : on peut d’abord commenter avec les élèves la métamorphose fantastique du paysage. En effet, on constate que l’extrait met en scène deux moments particuliers : le moment où les premiers sons de cloche se font entendre et où les premiers feux s’allument, le début de la « nuit atroce » que vont vivre les bonapartistes, et la fin de la nuit (« le jour se leva »). Il s’agit des heures où les sens sont aisément trompés (« leurs sens se faussaient »), où l’imagination prend le pas sur les sensations. La nuit elle-même fait l’objet d’un sommaire. La métamorphose passe d’une part par la personnification du paysage (« La plaine entière sanglota bientôt »), d’autre part par l’apparition d’un personnel fantastique (« ennemis invisibles qui rampaient dans l’ombre », « fantômes »). Il convient ensuite de s’interroger avec les élèves sur les fonctions de cette description, qui se démarque des descriptions réalistes. Elle a d’abord une dimension satirique : le lecteur se moque des « poltrons » que sont Rougon et les autres membres de « la commission municipale » qui projettent leur peur sur le paysage (« tintements désespérés », « Rougon, désespéré ») et qui sont aisément manipulés par le marquis (« Ce sont […] les villages voisins qui se réunissent pour venir attaquer Plassans au point du jour »). La description a aussi une dimension dramatique : en effet, les signes de la présence des insurgés se confondent avec des images morbides (« râles d’agonisant », « comme des mares de sang », « lac de sang »), ce qui annonce le dénouement du roman. Finalement, les bonapartistes, dont le regard effrayé produit cette métamorphose, la réaliseront dans les actes, noyant Plassans dans le sang (chapitre VII). Séance 4 (2 heures) Lecture méthodique : texte 8 (pp. 392-394 et 435) 9 Perspective dominante : personnage romanesque et vision du monde : comment le sort des personnages exprime-t-il la vision pessimiste du monde que nourrit le romancier ? Éléments d’analyse : voir ci-dessus, séquence pour les secondes, séance 5. Séance 5 (2 heures) : préparation de l’entretien On pourra demander aux élèves de prendre en charge ces questions et de les présenter sous forme de brefs exposés organisés. L’histoire dans La Fortune des Rougon : – Problématique : quelle image Zola donne-t-il du second Empire dans La Fortune des Rougon ? – Références dans le roman : préface, description des habitués du salon jaune (« L’œuvre dans un genre », texte 6), dénouement (« L’œuvre dans un genre », texte 8). – Pour aller plus loin : commentaire de Zola sur la modernité des Rougon-Macquart (« Vers l’épreuve », texte 9), analyse de l’historien M. Agulhon (« Vers l’épreuve », texte 11), extraits de La Curée (chapitre I et VI en particulier), et confrontation des textes de Zola avec ceux de Hugo sur Napoléon III (Napoléon le Petit, Les Châtiments, le poème « Chanson » en particulier). La science dans La Fortune des Rougon : – Problématique : Zola adopte-t-il un regard « purement naturaliste, purement physiologiste », comme il l’annonçait dans « Différences entre Balzac et moi » ? – Références dans le roman : analyse de la faille initiale que représente Adélaïde Fouque (« Pendant près d’une vingtaine d’années […] Pendant plus de quinze ans, cette existence dura », chap. II, p. 58-60 ; « Silvère grandit dans un continuel tête-à-tête avec Adélaïde […] une tendresse infinie », chap. IV, p. 174-175 ; « Tante Dide était debout devant le lit […] qui sanglotaient plus cruels dans l’ombre, chap. VII, p. 375-378), portraits des enfants d’Adélaïde (« Soit qu’il fut averti par un instinct secret […] dont la fortune et les nervosités de la mère ont fait un bourgeois », chap. II, p. 62-64), de ceux de Pierre (« À cette époque, l’aîné, Eugène […] sans jamais ajouter son nom de famille », chap. II, p. 80-89), de ceux d’Antoine (« Les Macquart eurent trois enfants […] ce que d’autres savaient en une heure », chap. IV, p. 158-159), de ceux d’Ursule (« Ursule était morte en 1839 […] avec ses quelques économies », chap. IV, p. 169-171) – Pour aller plus loin : l’arbre généalogique des Rougon-Macquart (p. 7), l’ouvrage théorique de Zola, Le Roman expérimental, dans lequel il affine sa position, le dernier roman de la série, Le Docteur Pascal (chapitre V en particulier), dans lequel le docteur se fait l’écho des théories zoliennes sur l’hérédité. Héros ou antihéros La Fortune des Rougon : – Problématique : l’un des protagonistes de La Fortune des Rougon peut-il être considéré comme un héros ? – Références dans le roman : Pierre et l’assaut de la mairie (« L’œuvre dans un genre », texte 6), Silvère et l’insurrection à Plassans (« Pendant que l’Hôtel-de-Ville était envahi […] j’ai un devoir à accomplir », chap. IV, p. 198-201), Rougon et Macquart dans la mise en scène du guet-apens (« Pour la troisième fois, la nuit […] Quel exploit et quelle importance allait lui donner cette furieuse sonnerie », chap. VI, p. 351-359 ). – Pour aller plus loin : comparer La Fortune des Rougon a d’autres romans du e XIX siècle pour étudier l’évolution du personnage romanesque (René et Adolphe, héros romantiques et tourmentés ; Julien Sorel et Rastignac, les ambitieux à la conquêtes du monde ; Frédéric Moreau, ou la dégradation du héros, fatigué…). 10 Portraits de femmes dans La Fortune des Rougon : – Problématique : quelle image Zola donne-t-il de la femme dans La Fortune des Rougon ? – Références dans le roman : Adélaïde Fouque (« Pendant près d’une vingtaine d’années […] Pendant plus de quinze ans, cette existence dura », chap. II, p. 58-60 ; « Silvère grandit dans un continuel tête-à-tête avec Adélaïde […] une tendresse infinie », chap. IV, p. 174-175 ; « Tante Dide était debout devant le lit […] qui sanglotaient plus cruels dans l’ombre, chap. VII, p. 375-378), Miette (« Miette était couverte d’une grande mante brune […] adorables mains potelées de bourgeoise », chap. I, p. 21-23 ; « Miette avait à peine neuf ans […] en retrouvant les tendresses de sa nature aimante », chap. V, p. 217-221 ; « Les deux enfants étaient restés machinalement […] avec ses grands yeux qui regardaient en l’air », chap. V, p. 272-277 ) et Félicité (« Vers l’épreuve », texte 5 ; « Ce fut un trait de lumière […] C’est un moyen comme un autre d’en finir », chap. VI, p. 327-335). – Pour aller plus loin : comparer ces portraits avec d’autres portraits de femmes avec celui d’autres héroïnes zoliennes afin d’établir une typologie : on peut distinguer les femmes salvatrices comme Denise (Au Bonheur des Dames) ou Clotilde (Le Docteur Pascal) des femmes dangereuses, comme Thérèse Raquin ou Nana. La Fortune des Rougon, roman des origines : – Problématique : pourquoi La Fortune des Rougon devrait, selon Zola, « s’appeler de son titre des scientifique : les Origines » ? – Références dans le roman : préface, incipit (« L’œuvre dans un genre », texte 4), le portrait de l’ancêtre, Adélaïde (« Pendant près d’une vingtaine d’années […] Pendant plus de quinze ans, cette existence dura », chap. II, p. 58-60), dénouement (« L’œuvre dans un genre », texte 8). – Pour aller plus loin : arbre généalogique des Rougon-Macquart (p. 7), le dernier roman de la série, Le Docteur Pascal, qui se situe sous la IIIe République, après la chute de l’Empire et qui fait le bilan de l’existence de la plupart des membres de la famille. ENTRAINEMENT A L’ECRIT Séance 6 (4 heures) : sujet type bac Corpus : – A : Victor Hugo, Les Misérables, 5e partie, I, 15, 1832 (texte 1, p. 413) – B : Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, III, 1, 1869 (texte 2, p. 414) – C : Émile Zola, La Fortune des Rougon, chap. I, 1870 (« Vers l’épreuve », texte 12, p. 36-37 et 445) – D : Jules Vallès, L’Insurgé, chap. 26, 1886 (texte 3, p. 416) Question : Quelle image des insurgés donne chacun de ces extraits ? Commentaire : sujet 3 (p. 445) Dissertation : sujet 7 (p. 447) Invention : sujet 2 (p. 445 ; ce sujet porte sur l’ensemble du roman et non pas seulement sur l’extrait sélectionné). Indications pour traiter le sujet : 11 Question : On commencera par repérer un certain nombre de points communs entre les textes qui, pourtant, peignent chacun une révolution différente. Tout d’abord, on note l’importance des chansons révolutionnaires, chanson légère de Gavroche, Marseillaise agressive des insurgés dans les textes Flaubert et de Zola, trompettes de la victoire dans celui de Vallès. On retrouve aussi des images communes : ainsi, Flaubert et Zola recourent tous deux à la métaphore maritime pour suggérer l’importance de la foule (« comme un fleuve refoulé par une marée d’équinoxe », « La route, devenue torrent, roulait des flots vivants »), Hugo et Vallès quant à eux focalisent l’attention sur des enfants, symboles d’innocence et d’espoir. Cependant, on peut opposer la vision méliorative de l’insurrection que construisent les textes de Hugo, Zola et Vallès à la vision péjorative qu’en donne celui de Flaubert. On précisera ensuite que les textes de Hugo et Zola s’émancipent du réalisme et donnent à l’évocation de l’insurrection une dimension mythologique, tandis que le texte de Vallès a une forte dimension autobiographique, l’extrait étant composé d’un article de journal, présenté comme écrit par le personnage, en réalité écrit par l’auteur. Flaubert enfin donne une illusion d’objectivité en confrontant deux points de vue mais la description, en ce qu’elle a d’excessif, n’en reste pas moins dévalorisante. Commentaire : voir ci-dessus, séquence pour les secondes, séances 1 et 2. Dissertation : Indications pour traiter le sujet : – analyse des mots clefs : « romancier », « roman » : le sujet insiste clairement sur l’objet d’étude sur lequel porte le sujet, vous ne prendrez donc pas en considération les textes d’idées, essais ou apologues ; « une tribune » : lieu où l’on peut exprimer publiquement ses convictions ; « ses opinions politiques » : conceptions politiques et sociales défendues par le romancier. – type de sujet : il s’agit d’une question ouverte. – formulation de la problématique : par quels procédés le romancier exprime-t-il dans ses romans sa conception de la société ? Proposition de plan : I. Le premier homme qui passe A. Des personnages ordinaires B. Des existences banales II. Mais, ces hommes ordinaires deviennent des héros de papier A. Une filiation littéraire B. Un regard subjectif sur le personnage III. Des archétypes A. Des émotions universelles B. Des postures face au monde Invention Indications pour traiter le sujet : Les contraintes du sujet sont : – forme : un monologue. – situation d’énonciation : Aristide se parle à lui-même, ou, plus vraisemblablement, réfléchit. Dans tous les cas, il est seul et peut, par conséquent, dévoiler ses pensées les plus intimes. – arguments : il s’agit d’un monologue délibératif, dans lequel Aristide évalue les différentes options qui s’offrent à lui : doit-il se rallier à l’Empire ou doit-il rester fidèle à la République ? Vous devez vous appuyer sur ce que vous savez du personnage : il rêve de faire fortune mais il est trop fainéant pour travailler à sa réussite ; en outre, il est 12 marié et père d’un jeune garçon, Maxime. Enfin, vous connaissez la conclusion de ce monologue : Aristide choisit de devenir bonapartiste. Les arguments en faveur de l’Empire doivent donc être les meilleurs. Proposition de plan : Aristide est tenté de se rallier à l’Empire parce que les bruits selon lesquels Paris est tombé sont de plus en plus nombreux, d’ailleurs son frère qui vit à la capitale, paraît convaincu de la victoire du Prince-Président. Transition : Mais comment peut-il se fier à Eugène dont l’air endormi suggère la plus grande bêtise ? Il doit donc rester fidèle à la République : c’est le régime qui a mis fin aux privilèges de quelques nobles. D’ailleurs c’est elle qui a accordé la liberté de la presse, qui lui permet de vivre à Plassans sans s’épuiser. Transition : Pourtant, cela fait trois ans que le régime est en place et, s’il survit, il n’est pas encore riche. Il penche à nouveau vers l’Empire : en effet, il sait que Louis-Napoléon Bonaparte nourrit de grands projets pour Paris, depuis qu’il a visité Londres. Ces grands travaux et les bouleversements qui les accompagneraient pourraient faire gagner une fortune aux plus habiles. PROLONGEMENTS POSSIBLES GROUPEMENTS DE TEXTE Au fil de la séquence destinée aux premières nous proposons plusieurs corpus de textes visant à élargir la réflexion (sur le héros romanesque au XIXe siècle, sur les héroïnes de Zola…). De même, nous avons suggéré des lectures cursives au cours de la séquence destinée aux secondes. ACTIVITES ANNEXES À l’occasion de l’étude de ce roman, on pourra faire visiter aux élèves quelques lieux caractéristiques du second Empire, les parcs et les jardins parisiens ou l’Opéra Garnier. On pourra également leur faire découvrir l’impressionnisme, grâce à divers documents iconographiques et, si possible grâce à la visite du Musée d’Orsay ou de l’Orangerie. 13