Nous sommes à l`aube d`un monde parfait! - E

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Nous sommes à l`aube d`un monde parfait! - E
Saphendge, une ville au bout du monde en 2238. Cyborg de cette ville, je suis. Il y a un siècle
maintenant que la société humaine est devenue ultra-technologique. La race humaine, jadis
entièrement et purement humaine, est à présent entièrement et purement cyborg : un hybride
d’être humain et de machine.
Cette ville, si calme, si paisible, si organisée, si parfaite, l’est depuis un siècle. Saphendge
était la dernière ville transformée de cette planète.
Chaque rue est ornée de bâtiments, chacun haut d’au moins deux mille étages. Ici par
exemple, regardez, nous pouvons apercevoir des immeubles si grands que le ciel est invisible. Ces
immeubles, semblables aux autres infrastructures de cette ville, sont rectangulaires, gris métallique
et parfaitement symétriques les uns aux autres. Dans cette ville, tout est géométrique et pointu :
aucune forme ronde ne caresse l’oeil. La notion même de forme ronde a été oubliée par les
habitants.
Suivez-moi : nous y trouvons plusieurs centres de réparation, tous mécanisés. Ces centres de
réparation, remplacent les hôpitaux et réparent au mieux les cyborgs défaillants. Mais il est à noter
que ces derniers ne défaillent que très rarement.
Dans les rues, assombries par les bâtiments immenses qui se font face, les caméras de
surveillance règnent en maîtres absolus. Elles voient tout, entendent chaque bruit, quelle que soit
son intensité sonore, enregistrent chaque petit mouvement, de la simple respiration à la course
effrénée. Chaque appartement en est équipé : dans chaque pièce, chaque mur, dans chaque sol et
chaque fenêtre. Cette surveillance permet une organisation absolue et vitale dans ce monde.
Les habitations ne possèdent que le nécessaire : une dizaine de prises pour charger sa
batterie et une quinzaine de tablettes numériques pour stocker l’information obtenue. Les parties
biologiques des cyborgs sont aujourd’hui capables d’absorber de l’électricité, semblables à leur
moitié informatique, nécessaire à leur rechargement. Leur rechargement est vital car il leur apporte
tous les nutriments et toute l’énergie dont les cyborgs ont besoin.
Toutes les écoles ont été dissoutes laissant place aux centres d’augmentation des
connaissances. Chaque cyborg a le devoir d’y aller trois fois par an, pour acquérir plus de
connaissances que n’en ont les planètes conquises. Tout cela, bien sûr, pour le bien mécanique et
l’avancée de notre glorieuse société.
Les cyborgs, dans toute leur splendeur mécanique, sont équipés d’une puce au cerveau qui leur
permet de recevoir toutes les informations sur le monde de cyborgs, d’un implant dans la colonne
vertébrale et d’un collier de télépathie. L’implant qui se trouve dans la colonne vertébrale, s’active
suite à une commande télépathique du cyborg, se déroule jusqu’au niveau de l’œil droit et se
transforme en écran. Voilà qui simplifie la vie puisque cela remplace l’encombrant ordinateur
portable. Regardez ici : l’un des cyborgs utilise cet écran pour s’instruire sur la mécanique d’un
ascenseur.
Quant aux émotions, elles ont été entièrement abolies par décret. La joie, l’extase,
l’euphorie, la tristesse, le deuil, le chagrin, la colère, la rage profonde, la fureur, toutes
éradiquées. Quelle perte de temps cela serait que de s’y soumettre. Ainsi, nous sommes libres. Oui,
libres de toute émotion. Et nous poursuivons notre vie.
Quand je pense à cette époque de l’humanité, où la race humaine était encore à ses
balbutiements en matière de technologie… C’était à l’aube des années 2000. Qui étaient ces êtres
? Des candides, des faibles d’esprit, même parmi les plus érudits ! Ils n’imaginaient pas ce qui allait
se produire les merveilles de la technologie ! Pourtant, ils en rêvaient de cette maîtrise de tout par
les arts de ladite technologie ! Comme ils ont bien fait d’ouvrir la voie ! Quel service nous leur avons
rendu !
Ainsi, ce monde humain, jadis si imparfait est devenu parfait et cela sans aucun effort et
dans toute la simplicité imaginable, sans catastrophe majeure.