Identification et orientation des victimes de la traite des
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Identification et orientation des victimes de la traite des
6ème conférence nationale du Point de contact français du Réseau européen des migrations (REM) Identification et orientation des victimes de la traite des êtres humains en France et dans l’Union européenne Présentation de la situation en France Caroline Muller Chargée de mission au sein du Point de contact français du REM Direction générale des étrangers en France – Ministère de l’Intérieur Introduction L‘étude du Point de contact français : objectifs et méthodologie Le cadre législatif de la lutte contre la TEH Le droit au séjour des victimes de TEH L’émergence d’une politique publique de lutte contre la TEH L’identification des victimes de TEH L’orientation des victimes de TEH Les défis à relever Conclusion Étude du PCN français du REM : L’identification des victimes de la traite des êtres humains dans les procédures d’asile et de retour Objectifs de l‘étude du REM : • • • fournir un aperçu du cadre législatif de la lutte contre la traite des êtres humains (TEH) et du droit au séjour des victimes ; évaluer si, et par le biais de quels mécanismes, les potentielles victimes de TEH sont identifiées dans le cadre des procédures d‘asile et de retour ; déterminer si, et comment, une fois identifiées, ces victimes sont orientées vers une procédure et une assistance adaptées. Méthodologie : • • série d’entretiens ; sources d’informations variées. Le cadre législatif de la lutte contre la TEH en France Définition de l’infraction de traite des êtres humains : Article 225-4-1 du Code pénal → Une définition fondée sur trois éléments constitutifs : - - - Une action : le recrutement, le transport, le transfert, l'hébergement, ou l'accueil de personnes, majeures ou mineures. Un moyen : La menace, le recours à la force, la contrainte, la fraude, la tromperie, l'abus d'autorité. Un but : L'exploitation de la prostitution, le travail forcé, l’esclavage domestique, la mendicité forcée, le prélèvement d'organes, etc. → La traite des êtres humains telle que définie par l'article 225-4-1 est punie de sept ans d'emprisonnement et de 150 000 € d'amende. Le droit au séjour des victimes de TEH en France Dépôt d'une plainte ou témoignage dans une procédure pénale : Carte de séjour temporaire d’une validité minimale de six mois (Article L. 316-1 du CESEDA) Condamnation définitive de la ou des personnes poursuivies pour proxénétisme ou TEH : Carte de résident de dix ans (Article L. 316-1 du CESEDA) Avant la demande d’admission au séjour : récépissé de trente jours si la victime choisit un délai de réflexion pour accepter ou non de collaborer avec la justice (Article R. 316-1 du CESEDA) Droit à une protection internationale au titre de l’asile En pratique : peu de ressortissants étrangers obtiennent un titre de séjour en tant que victimes de TEH → 177 cartes de séjour temporaires et 8 cartes de résident délivrées en première demande entre 2010 et 2013 L’émergence d’une politique publique de lutte contre la TEH L’impulsion européenne en matière de lutte contre la TEH : → L’évaluation du Groupe d’experts sur la lutte contre la TEH (GRETA) concernant la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la TEH par la France (rapport publié le 28 janvier 2013) → La transposition de la Directive 2011/36/UE concernant la prévention de la TEH et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes (délai de transposition fixé à avril 2013) et du « paquet asile » La création, le 3 janvier 2013, de la MIPROF, la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la TEH Le lancement, le 14 mai 2014, d’un plan d’action national de deux ans contre la TEH ayant pour priorités : → l’identification et l’accompagnement des victimes de TEH → la poursuite et le démantèlement des réseaux de TEH L’identification des victimes de TEH Processus primordial permettant aux victimes : → de bénéficier de leurs droits → d’engager des procédures pour les faire valoir → de se voir proposer une protection adaptée Étape cruciale dans le cadre des procédures d’immigration : → afin d’éviter que les victimes étrangères soient exposées à un éloignement vers un pays dans lequel elles risquent de subir des représailles Toutefois, aucune procédure formalisée d’identification des victimes de TEH commune à l’ensemble des acteurs concernés n’est mise en œuvre en France. Des projets visant à améliorer l’identification des victimes… … dans le cadre de la procédure d’asile : → Le partenariat entre France terre d’asile et l’association Foyen Jorbalan : évaluer des situations d’exploitation sexuelle au sein de la plateforme d’accueil pour demandeurs d’asile et sensibiliser le personnel de la PADA à la problématique de la TEH → La mise en place d’un groupe thématique « traite des êtres humains » à l’OFPRA : renforcer la capacité de protection de l’Office et intégrer les modalités d’instruction spécifiques pour les potentielles victimes de TEH … dans le cadre de la procédure de retour : → La diffusion auprès des forces de l’ordre du DVD « Making-Off » élaboré en 2009 par la coordination nationale du dispositif Ac.Sé → La mobilisation de l’expertise de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) Objectif : renforcer la formation et la sensibilisation des forces de l’ordre à la problématique de la TEH L’orientation des victimes de TEH Absence de mécanisme national d’orientation des victimes de TEH vers une procédure et une assistance adaptées L’information des victimes : un devoir des forces de l’ordre (Article R.316-1 du CESEDA) Le dispositif national d’accueil et de protection des victimes de TEH Ac.Sé → un mécanisme national faisant partie intégrante des mesures de protection des victimes de TEH en France → un dispositif visant à accueillir et accompagner les victimes de TEH (sur la base d’un éloignement géographique) ainsi qu’à animer un pôle ressource sur les thèmes liés à la TEH Un réseau d’associations spécialisées dans l’assistance aux victimes de TEH (IPPO, Les Amis du Bus des Femmes, l’Association Foyer Jorbalan, etc.) Les défis à relever Renforcer la coopération entre l’ensemble des acteurs concernés pour la mise en place d’une approche transversale de la lutte contre la TEH et la protection des victimes → Exemple de bonne pratique : la mise en commun des expériences des acteurs compétents à Bordeaux Développer la formation des professionnels pour : → permettre une meilleure identification des victimes de TEH → apprendre à établir avec elles une relation de confiance → les orienter vers une procédure et une assistance adaptées → connaître le rôle de l’ensemble des partenaires impliqués Revoir le dispositif statistique sur la TEH afin de suivre l’évolution du phénomène ainsi que l’impact de l’action publique sur le devenir des victimes Ces défis font partie des priorités du plan d’action national contre la TEH. Conclusion Contexte particulier de l’étude : → L’impulsion européenne → Les fondements d’une politique publique contre la TEH Absence de mécanisme officiel au niveau national mais développement d’initiatives visant à améliorer l’identification et l’orientation des victimes Réflexion en cours qui révèle la prise de conscience du phénomène de TEH et des défis à relever en la matière Rapport de synthèse réalisé à l’échelle européenne : → Récent renforcement du cadre juridique relatif à l’assistance apportée aux victimes de TEH au niveau européen et dans l’ensemble des États membres de l’UE → Identification des bonnes pratiques afin de développer des lignes directrices communes et harmonisées à l’échelle de l’UE Plus d’informations sur le REM : www.emn.europa.eu www.immigration.interieur.gouv.fr Contact : [email protected]