Cette église accueille les personnes vivant avec le VIH/SIDA
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Cette église accueille les personnes vivant avec le VIH/SIDA
Cordaid Aids Award Cette église accueille les personnes vivant avec le VIH/SIDA Content 3 4 6 8 10 Inroduction - Bonjour à tous, Sortons de nos murs… Il n’a pas de place pour faire semblant dans la pandémie Sol fertile, dans la gueule du lion « Ecoutez, les jeunes de votre église sont sexuellement actifs et non protégés » 12 « Parfois je dois me couvrir lorsque je rends visite à des personnes » 15 « La mobilisation communautaire commence par de petites contributions comme une poignée de riz » 16 « Le VIH est une maladie contrôlable, comme le diabète » 18 Le financement est toujours axé sur les approches hiérarchiques 20 Un jour, un autre Jean Paul II viendra demander « pardon » 22 Discussion ouverte: créez, allez voir les responsables de votre église! 24 Lorsque la lutte devient un spectacle 26 S’attaquer au tabou de la sexualité au sein de l’église 28 Les exigences des bailleurs de fonds ont parfois un goût d’esclavage édulcoré 30 « Nous ne pouvons pas changer ce qui a eu lieu, mais nous pouvons changer notre esprit à ce sujet » 32 En tant qu’église, nous ne parvenons pas à vendre notre produit 34 « L’église du Bas-Congo est séropositive » 36 La ‘taille unique pour tous les syndromes’ semble être la règle 38 Le premier centre de dépistage du VIH au Sénégal : anonyme et gratuit 40 ‘Le professionnalisme et le sens de la famille catholique ne vont pas toujours de pair’ 43 Lutter contre les quotidiens populaires 44 Colophon 2 Bonjour à tous, Durant les réunions auxquelles j’ai assisté au cours des dernières années, j’ai été surpris par l’attitude parfois défensive de l’organisation basée sur la foi qui travaille dans le domaine du sida. Un des problèmes souvent cité est le peu d’accès des organisations basées sur la foi à d’importants financements tels que le Fond Mondial. Ceci malgré le fait que dans certains pays les organisations basées sur la foi proposent 40 à 50% des services à la santé et que l’église catholique prend 25% des programmes de prévention et de soins pour son compte, un enjeu vital dans la lutte mondiale contre le SIDA. Dans la lutte contre le SIDA, le préservatif joue un rôle primordial. Nous nous souvenons tous des réactions après la déclaration du pape en chemin pour le Cameroun cette année lorsqu’il a dit que ‘l’utilisation des préservatifs pouvait mettre en danger la santé publique et augmenter le problème du VIH/SIDA.’ Plusieurs états de l’UE ont ouvertement critiqué le Pape Benoît XVI pour être ‘extrêmement dangereux pour les plus pauvres d’entre les pauvres et pour faire empirer les choses’. Les discussions concernant le SIDA continuent de partager concernant le rôle du préservatif. C’est un vrai problème, principalement pour les organisations religieuses. Sans vouloir compromettre les discussions sur le préservatif, Cordaid a voulu étendre les discussions sur le SIDA et mettre également l’accent sur le rôle positif que les organisations religieuses ont joué et continuent de jouer. C’est pourquoi nous avons créé le Cordaid Aids Award autour du thème du leadership religieux dans la lutte contre le sida. Cordaid a ainsi émis un prix de € 20’000, - pour la personne ou l’organisation qui montre leadership, courage, initiative, créativité, intégrité et sacrifice personnel dans la lutte contre le SIDA. Nous avons été agréablement surpris par les entrées, les idées, l’important engagement personnel et le leadership dans la lutte contre le sida. C’est pourquoi nous avons décidé de partager les nombreuses différentes approches, leçons, dilemmes et actions innovantes avec les autres. Dans cette brochure, vous trouverez une sélection de participants qui ont été nommés pour le premier Cordaid Aids Award 2008. Vous pourrez en apprendre sur leurs expériences en mouvement et sur le réseau, si vous le voulez. En raison d’un si grand nombre de réactions positives, Cordaid veut poursuivre avec la récompense les années à venir. Nous le ferons sur différents thèmes tels que le leadership des soins à domicile, l’utilisation de l’argent du sida pour renforcer les systèmes de la santé ou d’autres sujets pertinents dans la lutte contre le sida. Suivez notre site et nos partenaires.com pour avoir la mise à jour la plus récente du prochain concours. 3 Contact Remco van der Veen, ‘Instigateur du Cordaid Aids Award’ (Chef d’Equipe du secteur de la Santé et du Bien-être en Afrique Centrale et Occidentale) Cordaid B.P. 16440, 2500 BK Den Haag, Pays Bas t : +31.70.31 36 549 f: +31.70.31 36 511 e: [email protected] www.cordaid.nl Sortons de nos murs… Les propositions pour le prix SIDA 2008 pour le leadership religieux de quinze différents pays contiennent une richesse d’informations sur la pratique par rapport à de les nombreux aspects de la lutte contre le sida. A travers cette publication, Cordaid veut partager cette richesse aussi largement que possible. Leadership Etant donné que le prix concernait le leadership basé sur la foi, vous lirez bien entendu de nombreux exemples d’inspiration de leadership personnel et courageux comme celui de Mme. Dao Phuong Thanh au Vietnam, une de nos gagnantes cette année qui a osé lutter contre la discrimination lui ayant été infligée par sa propre communauté. Ou l’histoire de Ricky Anywar Richard qui a utilisé les expériences de son enfance soldat dans l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) comme motivation pour créer les Amis des Orphelins (FRO) axé sur l’enfance. Mais il s’agit également du manque de leadership par les personnes ayant des postes de direction. Il y a un important que les dirigeants dans les églises créent un espace pour eux-mêmes où les problèmes de stigmatisation et de déni seraient ouvertement et franchement traités. Portée La portée du travail des églises et des organisations religieuses concernant le SIDA est souvent ignorée. Les histoires démontrent l’énorme quantité de travail qui a été fait. Non seulement en termes de nombre de personnes rencontrées mais également concernant les personnes touchées dans des endroits où le monde semble s’arrêter. Sans surprise, la majorité du travail consacré au sida dans les églises et les organisations religieuses est fait par des femmes. Comme l’indiquait une des histoires « Les femmes religieuses et les infirmières catholiques sont les fers de lance de la réponse de l’église par rapport au SIDA sur notre continent. Sortez-les de l’équation et la réponse de l’église par rapport au SIDA s’écroulerait en grande partie. » 4 Théologie et conscience Une théologie en cette période de Sida est également évoquée dans différentes contributions. Comment assortir la pensée théologique souvent conservatrice avec une lutte sociale qui est à l’avant-garde de la société. Lisez donc le Père Joseph Mpinganjira, l’ancien secrétaire générale de la Conférence Episcopale du Malawi qui partage certaines de ses réflexions à Mexico lors de la Pré-Conférence Œcuménique sur le Sida en 2008. Il souligne l’importance de la conscience et de pouvoir faire des choix éclairés. « La conscience est la dernière règle morale… Face à un choix moral, la conscience peut soit faire un bon jugement en accord avec la raison et la loi divine ou, au contraire, un jugement erroné qui s’éloigne d’eux. Cependant, un être humain doit toujours obéir au jugement certain de sa conscience. Ceci s’est vérifié avant l’apparition du VIH et sida et se vérifiera après la fin de la pandémie… » Femmes et hommes Les femmes ne font pas que porter le fardeau de la pandémie du SIDA, en prenant soin de leurs propres membres de la famille malades ainsi que de leurs voisins. Elles sont aussi plus vulnérables que les hommes. La vie d’une jeune fille est aggravée par les croyances et les traditions culturelles. Le mantra souvent scandé de ‘l’abstinence, la fidélité et l’utilisation du préservatif’ n’est pas aussi simple que l’alphabet. Les filles ont peu de choix même si elles veulent être fidèles, s’abstenir ou s’assurer que les hommes utilisent des préservatifs. Différentes stratégies qui améliorent les possibilités qu’ont les femmes de choisir sont partagées dans cette brochure. Et les homes dans tout ça? En traitant des sujets sensibles tels que la violence sexuelle et des sexes, l’inceste, l’inégalité des sexes, les travailleuses du sexe, la marginalisation des enfants et des femmes et les pratiques culturelles nui- sibles, l’EHAIA a adopté la méthodologie de l’étude contextuelle sur les textes de la bible qui sont traditionnellement ignorés comme base des sermons réguliers et des enseignements chrétiens. La méthodologie de l’étude contextuelle de la bible est fortement interactive et crée des espaces sécurisés où les participants peuvent parler ouvertement des expériences de la vie et de leurs situations dans la vie sans compromettre leurs confidentialités. Un des résultats principaux de cette méthodologie est que les hommes ont commencé à poser des questions difficiles concernant leur sexualité, la masculinité et les attitudes et le comportement qui mènent à la violence sexuelle et des sexes contre les enfants et les femmes. La méthodologie change la pratique courante qui consiste à tourner le discours théologique des sexes vers des questions relatives aux femmes et la marginalisation des enfants et des femmes. Les hommes veulent être inclus dans tous les efforts recherchant des solutions pour arrêter la pandémie et autres injustices sociales. Stratégie Beaucoup de choses sont dites par rapport aux réponses efficaces au sujet du SIDA tant stratégiquement que pratiquement. Comme aucune organisation ne peut résoudre la pandémie du SIDA toute seule, il est important de souligner la collaboration, ainsi que par exemple, la stratégie de l’Armée du Salut pour soutenir –de bas en haut-, lier et renforcer les initiatives de la communauté. « Nous devons sortir de nos murs et aller au-delà de nos programmes bien établis et rentrer dans la vraie vie des gens. Nous devons participer à la souffrance et résister à la tentation de proposer des solutions superficielles qui soulagent nos consciences mais font très peu en matière de gestion de la base des problèmes. La stratégie n’est pas tant celle d’enseigner et d’imposer un comportement que celle de poser des questions qui provoquent une réflexion et une prise de décision. C’est souvent assez 5 différent pour d’autres organisations chrétiennes qui – parti d’un bon sens de miséricorde et de compassion – choisissent une approche plus prévisionniste et interventionniste. » Un esclavage édulcoré? A cet égard, il n’est pas surprenant de lire la critique de nombreux auteurs sur la manière dont les organismes de financement agissent pour lutter contre le SIDA: « la réponse au Sida est encore dirigée par la préférence des organismes de financement qui croient souvent qu’ils en savent plus que les personnes locales qui sont actives dans leurs propres positions locales. Le financement est toujours axé sur des interventions linéaires et externes et des approches hiérarchiques avec de très faibles proportions de financement qui soutiennent le processus de facilitation de l’action localement déterminée » ou « les exigences des comptes-rendus sont parfois en dehors de toute proportion par rapport au financement reçu. C’est une forme d’esclavage édulcoré. » Exiger le meilleur… La lutte contre le sida demande beaucoup d’énergie et de temps, est pleine de dilemme, et exige le meilleur de chaque personne qui s’en soucie. Mais nous apprenons à travers les soumissions reçues que l’innovation peut parfois être simple. Pensez à Fikelela en Afrique du Sud, le gagnant du prix de cette année qui a commencé à mettre des affiches avec des messages clairs sur les portes des églises. « Cette église accueille les personnes vivant avec le VIH/SIDA ». Bien entendu, nous savons tous qu’il y a une longue histoire d’agissement, de lutte, de confrontation et de soins derrière une telle affiche sur un mur. Mais le ‘simple’ signe lui-même raconte l’histoire de l’acceptation et l’inclusion. Cela peut changer le monde des millions de personnes infectées et affectées par la pandémie. Il n’a pas de place pour faire semblant dans la pandémie Initiative œcuménique sur le VIH et le SIDA en Afrique (EHAIA) L’EHAIA a démarrée en 2002, en tant que ministère du Conseil Œcuménique des Eglises (COE) à Genève. Il travaille avec des coordinateurs régionaux et des consultants théologiques en Angola, au Zimbabwe, au Kenya, au Congo et au Togo. L’objectif principal est la création « d’églises compétentes concernant le VIH et le SIDA », principalement en publiant des ressources théologiques et en créant des ateliers pour les dirigeants des tous les types de religions : catholiques, juifs, traditionalistes, pentecôtistes, membres des églises d’institution africaine, musulmans, adeptes de la foi Baha’is. L’EHAIA a défié les églises en Afrique de poursuivre des activités telles que de travailler avec des groups d’hommes et d’enfants. Elle travaille également en partenariat avec le réseau Africain des Dirigeants Religieux vivant avec le VIH et le SIDA. Pour discuter de l’inégalité des sexes et de la violence des sexes en Afrique l’EHAIA a crée un partenariat avec le Cercle des Femmes Concentrées Africaines. En sept ans, l’EHAIA a formé plus de 20 000 conseillers d’orientation liés aux églises de toute l’Afrique sub-saharienne. 6 L’EHAIA a démarré après qu’un certain nombre de chrétiens dévoués en Afrique et dans l’église mondiale a minutieusement examiné la façon dont les églises et les chrétiens répondaient ou non à la crise de la pandémie mondiale du VIH en Afrique. Rev. dr. Nyambura J. Njoroge, coordinateur du programme de Genève: « Nous avons vu qu’il y avait de nombreuses lignes défaillantes dans la théologie et l’éthique. Et nous avons surtout oublié les messages liturgiques sur la guérison et la libération dans les sermons et des chants. Et n’oublions pas le refus de la réalité concernant le VIH et le sida dans les églises: bien que le sexe soit le principal moyen de transmission du VIH en Afrique subsaharienne, cela a rarement été abordé dans les églises et les séminaires de façon ouverte et sans jugement. Pourtant il a été reconnu que les églises et les séminaires ont d’énormes potentiels pour apporter des solutions durables ensemble avec d’autres dans la société ». La branche biblique de la vraie vigne « L’EHAIA est comme la branche biblique de la vraie vigne qui est sensée porter des fruits – des fruits qui dureront (Jean 15). Pour nous, comparer l’EHAIA à une branche de vraie vigne est un humble rappel selon lequel les chrétiens et les églises sont appelés à participer à la mission de Dieu en prenant pour exemple la vie et le saint ministère de Jésus Christ (Luc 4) pour délivrer le message de l’Evangile. De nombreux chrétiens ont certes fréquemment échoué et souvent de manière spectaculaire (comme la pandémie l’a démontré) à vivre selon les normes éthiques, les règles et les injonctions trouvées dans l’évangile. A maintes reprises, les personnes vivant avec le VIH révèlent la stigmatisation, la discrimination, la peur du rejet, la perte de confiance et les messages de jugement comme étant ce qui fait le plus mal plutôt que l’état en lui-même ». L’EHAIA a beaucoup mis l’accent sur la réflexion biblique, théologique, pastorale, liturgique et éthique (discours théologique). « Nous tentons de faciliter une rencontre avec Dieu qui permettra d’écouter avec amour, repentance, transformation, croissance spirituelle et action. Nous voulons mettre la foi chrétienne au service d’un engagement et d’une pratique sociale qui portera des fruits qui resteront. Il ne suffit pas de créer un monde sans VIH, aussi important que ce soit, mais les personnes devraient plutôt avoir la possibilité de profiter d’une vie en abondante – le but ultime de la vie ». Langage approprié sur la sexualité « Notre approche exige également que nous apportions nos compétences, nos disciplines, et nos cadeaux et que nous proposions des espaces d’accueil institutionnels et à la maison pour apprendre, pour libérer le monde de l’emprise du VIH et du SIDA, pour nous guérir nousmêmes et nos relations rompues. Nous voulons faciliter les églises compétentes en matière de HIV et SIDA. En d’autres termes, dans le contexte de la pandémie il n’y a pas de place pour faire semblant et pour les affaires routinières lorsqu’on s’engage dans la mission de Dieu pour le monde ». Le personnel a introduit la pratique d’assurer que des personnes vivant avec le VIH soient parmi les participants et les conseillers d’orientation lors de toutes les formations. « Les formateurs passent beaucoup de temps à encourager le langage approprié concernant la sexualité humaine et l’apprentissage du comportement sexuel responsable dans les différents groupes d’âge, les familles et les églises. » Questions difficiles concernant la sexualité chez les hommes En traitant des sujets sensible tels que la violence sexuelle et des sexes, l’inceste, l’inégalité des sexes, les travailleurs dans le domaine sexuel, la marginalisation des enfants et des femmes et les pratiques culturelles nuisibles, l’EHAIA a adopté une méthodologie de l’étude contextuelle basée sur les textes de la bible qui sont 7 traditionnellement ignorés comme sermons réguliers et des enseignements chrétiens. « L’étude crée des espaces sécurisés où les participants peuvent parler librement des expériences de la vie. La méthodologie est également utilisée avec les enfants pour leur parler d’abus sexuels. Il est étonnant de voir que les hommes ont commencé à poser des questions difficiles concernant leur sexualité, la masculinité et le comportement qui mène à la violence sexuelle et des sexes contre les enfants et les femmes. La méthodologie change la pratique courante qui consiste à tourner le discours théologique des sexes vers des questions relatives aux femmes et à la marginalisation des enfants et des femmes ». « Vous savez, les africains sont connus pour leur résistance et leur foi têtus et espoir. Même quand le désespoir frappe à la porte, de nombreuses personnes vivant avec le VIH et celles qui sont le plus touchées nous ont enseigné que l’abandon n’est pas une option. » Contact Kelly Brownlee Bureau du Développement – Fondations Conseil Œcuménique des Eglises 150 Route de Ferney 1218 Grand Saconnex Suisse +41 22 791 6158 téléphone professionnel +41 22 710 2401 fax professionnel [email protected] www.oikoumene.org Sol fertile, dans la gueule du lion Kataliko Actions pour l’Afrique (KAF) Bukavu - Congo Le KAF is a public utility foundation created in 2001 and ie KAF est une fondation d’utilité publique, fondée en 2001, inspiré par l’œuvre pastorale catholique et les enseignements de Mgr. Emmanuel Kataliko, archevêque de Bukavu de 2001 à 2005. A présent la fondation a le statut d’observateur auprès de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Dès sa fondation, le KAF s’est engagé dans la lutte contre le VIH et le Sida. Tout début est dur, dit-on. Mais tout début ne commence pas dans les mêmes circonstances. Quand Barbara BulamboMarthaler, protestante d’origine suisse et Ambroise Bulambo, catholique et congolais, fondent le KAF le 20 août 2001, l’est du Congo se trouve en pleine guerre civile. Le KAF est né dans le cœur du conflit armé de la région des Grands Lacs. On pourrait dire, que pour une fondation qui veut combattre le Sida, l’est du Congo de 2001 est la gueule du lion aussi bien qu’un sol fertile et reconnaissant. Que veut dire conflit armé ? Ambroise Bulambo nous explique: « La guerre civile augmente les cas de transmission de VIH/Sida par la circulation libre et incontrôlée des milices et armées nationales de la région. Les femmes et les filles sont violées systématiquement. Et cela arrive aussi à des hommes et des garçons. Le déplacement des habitants en grands nombres augmente la promiscuité et la violence sexuelle de façon excessive. Et ceci se passe parmi les déplacés de guerre dans la forêt aussi bien que dans les centres urbains. » 8 Se libérer de l’esclavage Quelle est la stratégie du KAF ? Elle est intégrée, holistique et adresse plusieurs fronts en même temps. Ambroise Bulambo : « L’information et la sensibilisation sur tout les aspects de la transmission du virus, le dépistage et la prise en charge psychosocial des personnes vivant avec le VIH et le Sida, voilà nos principales activités. En ateliers et réunions aussi bien que par des émissions de radio on s’adresse aux miniers, aux camps militaires, aux prisonniers, aux déplacés, hommes et femmes. Le message de l’abstinence, fidélité et l’usage des préservatifs est un des moyens de lutte, mais pas le seul. » « On aide les femmes à se libérer de l’esclavage et la violence sexuelle aussi en leurs octroyant des micro crédits qui leur permettent de devenir plus indépendantes économiquement. On aide les femmes vulnérables à s’organiser en groupes d’entraide et si nécessaire ils reçoivent de l’assistance juridique gratuite. » « On sensibilise et on informe les guérisseurs traditionnels et ceux qui pratiquent les cultures de circoncision et d’initiation sur la transmission du virus. Souvent l’utilisation des rasoirs dans la pratique du tatouage traditionnel est périlleuse. Et bien sûr on pousse les hommes et les femmes à utiliser les préservatifs. Mais ce n’est pas facile. Chez nous les préservatifs coûtent plus cher que la nourriture, et le prix dépasse souvent les moyens des gens… » Collaboration interreligieuse, collaboration Nord-Sud Selon Ambroise Bulambo, pour bien inculturer le message de prévention, la collaboration est indispensable. « La collaboration entre catholiques, protestants, autres églises et athées, et aussi entre le Nord et le Sud. Les ONG’s du Nord disposent de connaissances et de méthodes scientifiques suffisantes en matière du VIH/Sida, mais nous, dans le Sud, nous avons la connaissance du terrain, là ou la maladie laisse le plus de traces. On connaît les gens, les familles, les clans et les communautés qui sont atteint. Nous faisons partie de leurs cultures, de cette communauté. Nous les invitons au dépistage et à comprendre notre messages de prévention. » Convaincre les évêques Quels sont les défis les plus importants pour l’instant ? Ambroise Bulambo : « Trouver des fonds pour financer nos activités. Et convaincre les évêques catholiques à accepter notre présence sur le terrain et à collaborer avec nous dans la lutte contre le Sida. Et enfin il y a les structures de lutte contre le Sida nationales et gouvernementales, qui organisent des débats et des activités sans nous associer. Tout simplement parce que les dirigeants du KAF ne sont pas de leur obédience politique, régionale ou ethnique. » Quelques chiffres… Depuis 2002 le KAF a… • Offert un dépistage gratuit à plus de 48.000 personnes; • Informé plus de 100.000 personnes sur la transmission du virus de VIH : des mamans qui travaillent dans les mines, écoliers et étudiants, des forces de sécurité; • Assisté plus de 1500 personnes en matière juridique : des paysans, des femmes qui travaillent dans les mines, des prostituées, des femmes violées et des prisonniers. Contact Kataliko Actions Pour l’Afrique 120 avenue P.E. Lumumba, Bukavu, Province du Sud-Kivu République Démocratique de Congo Site web : www.kaf-africa.org 9 « Ecoutez, les jeunes de votre église sont sexuellement actifs et non protégés » Projet Fikelela AIDS, Le Cap, Afrique du Sud Fikelela signifie ‘Tendre la main!’ C’est donc le nom de sensibilisation du programme du HIV/SIDA de l’Eglise Anglicane au Cap en Afrique du Sud. Fikelela a été créé en 2000 pour apporter une réponse chrétienne active à la pandémie du VIH/SIDA en Afrique du Sud. Fikelela vise à mobiliser la communauté anglicane pour apporter une contribution positive et durable afin de réduire les nouvelles infections du VIH et à apporter une éducation et des soins pour le VIH/SIDA en partenariat avec d’autres. Il le fait de nombreuses manières différentes: Fikelela présente un programme résidentiels d’orphelins à court terme où les enfants sont soignés jusqu’à leur guérison. Il soutient également cinq églises dans le diocèse qui proposent des soins pour orphelins dans les communautés, et qui soutiennent les grands-mères et d’autres personnes soignantes. Le programmes des soins pour les personnes vivant avec le VIH de Fikelea soutient 49 églises dans le diocèse du Cap (44 ont des équipes pour le VIH) dans leurs importants programmes de soutien et de soins pour les personnes vivant avec le sida. De plus, Fikelea a développé un cours de confirmation nommé Survivor Africa (Afrique Survivant), qui mène des recherches dans l’activité sexuelle de la jeunesse anglicane. Fikelea a développé un programme d’éducation des pairs basé dans l’église ‘Agents de Change’ qui forme les éducateurs pairs et les facilitateurs qui après retourne dans leurs églises/communautés pour présenter 20 séances d’un programme qui adresse les compétences de vie nécessaires pour les jeunes. Fikelela a remporté le Prix Cordaid AIDS pour ses efforts dans la lutte contre la stigmatisation dans les églises et par celles-ci. Il défie les églises de devenir ‘des églises qui accueillent les personnes vivant avec le VIH’ et placent des affiches claires sur la porte. Rachel Mash, coordinatrice du programme: « Fikelela a défié les églises afin qu’elles deviennent ‘des églises qui accueillent les personnes vivant avec le VIH’. L’équipe de Fikelela a entrepris une formation et des prières dans des églises pour défier les jugements qui sont souvent une telle barrière. Ils ont alors encouragé les églises à placer une affiche dans les églises disant : ‘cette église accueille les personnes vivant avec le VIH/SIDA’, en effectuant des VCT (dépistage et conseil gratuits) etc. Lors de la Journée Mondiale du SIDA en 2007, une ‘marche de témoignage’ a eu lieu dans les rues, aboutissant à 10 une messe dans un stade. Environ 3.500 personnes y ont participé. Deux évêques ont publiquement été faire un dépistage ce qui s’est terminé par un flux de personnes qui ont suivi leurs pas ». Nous avons un important soutien de la part de nos évêques ce qui nous aide beaucoup. Ils parlent en public des problèmes. Nous avons mis beaucoup d’énergie dans le développement des équipes de travail du VIH dans les églises plutôt que d’essayer de faire tout le travail d’une organisation centrale. Ceci signifie que nous avons beaucoup de volontaires dans chaque communauté. Nous avons appris beaucoup de choses du Mouvement du Graal, ils nous ont aidé avec le processus de planification stratégique de base, ils ont encouragé l’idée des équipes de travail. Nous avons également appris beaucoup de choses du Rev Gideon Byamugisha: il a été le premier prêtre Anglican à divulguer son statut (en Ouganda) et nous l’avons invite en 2002 à une conférence que nous avons organisée. Ceci nous a vraiment aidés à continuer. Beaucoup d’églises autour du diocèse ont maintenant une affiche qui dit ‘Notre église accueille les personnes vivant avec le VIH/SIDA’. Qu’est-ce que cela signifie en pratique? « L’évêque Garth du diocèse indique qu’il ne suffit pas que l’église indique qu’elle accueille les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Toutes les personnes de l’église sont fortement impliquées dans les activités pratiques pour soutenir les personnes touchées et atteintes de la maladie. Accueillir les personnes atteintes du VIH/SIDA ne signifie pas seulement parler du VIH/SIDA durant les sermons. Ça ne signifie pas non plus que la responsabilité de l’action est seulement placée sur les équipes de travail mais que l’ensemble de l’église est mobilisée. Ceci se traduit en pratique par un grand choix d’activités. Chaque église répond de manière appropriée à sa communauté. Les activités vont de la fabrication de paquets de nourriture, à l’offre de soins à domicile et d’un soutien spirituel, à faire le lien avec la salle de service VIH dans un hôpital d’enfants pour proposer du soutien, à rendre visite aux patients dans un hospice et à fournir foyer aux orphelins et bien plus encore. Fikelela travaille en tant qu’initiateur et courtier en fournissant un soutien technique et en proposant des suggestions pour les activités pratiques qu’une paroisse peut entreprendre. » Faire comprendre au clergé Fikelela a mené une enquête concernant l’activité sexuelle chez les jeunes Anglicans qui a été un réveil brutal pour le clergé qui a réalisé qu’un important pourcentage de ses jeunes est sexuellement actif et que beaucoup d’entre eux n’utilisent pas de protection. « L’enquête nous a réellement beaucoup aidé car nous avons pu allés chez les prêtres en leur disant: écoutez, voici les faits concernant les jeunes dans vos églises, ils sont sexuellement actifs et n’utilisent pas de protection. Cela nous a ouvert toutes les portes pour faire un travail préventif dans les églises et le clergé comprend maintenant pourquoi nous devons inclure le message du préservatif ainsi que celui de l’abstinence. Si vous êtes intéressés, cette enquête peut être obtenue sur www. fikelela.org. za (Partie enquête). Elle a également été publiée dans le Journal Médical Sud Africain ». 11 Contact Contact Projet Fikelela AIDS Diocèse Anglican du Cap Boîte Postale 1932, Le Cap 8000, Afrique du Sud www.fikelela.org.za t (+27 21) 465 1557 t (+27 21) 465 0219 [email protected] [email protected] « Parfois je dois me couvrir lorsque je rends visite à des personnes » Dao Phuong Thanh, The Milk Flower Group, Vietnam La république socialiste du Vietnam est un pays à population dense de 84,4 millions d’habitants. L’épidémie de VIH au Vietnam est encore dans sa phase de concentration avec la prévalence la plus élevée dans les populations les plus exposées comprenant les consommateurs de drogues, les prostituées et les homosexuels. Actuellement, on estime que 293’000 adultes vivent avec le VIH. La stigmatisation et la discrimination sont les problèmes les plus importants pour les personnes séropositives au Vietnam. Cela empêche les personnes qui sont le plus dans le besoin d’accéder aux services de prévention, aux soins, au traitement et au soutien (psychologique, financier, légal). Au Vietnam, le VIH est traditionnellement associé à ce que l’on appelle les activités de mal social, comme le jeu, la toxicomanie et la prostitution. Les personnes séropositives se battent contre les coûts de la santé élevés, les difficultés à trouver un travail et elles se sentent isolées de leurs familles et amis. Sans surprise, elles choisissent souvent de ne pas révéler leur statut VIH. Les groupes d’auto-assistance au Vietnam sont très importants car ils leurs donnent la possibilité d’être ouverts, de partager leurs expériences avec d’autres et de comprendre plus de choses au sujet de leur traitement. Le Milk Flower Group est un groupe pour les personnes vivant avec le VIH et composé de personnes vivant avec le VIH dans le district de Dong Da à Hanoi. Actuellement, le groupe possède 52 membres qui y participent régulièrement. Le leader du groupe a remporté le Cordaid Aids Award 2008 du leadership basé sur la foi. Combattre le sida et la stigmatisation agressive qui va avec au cœur des communautés touchées par le VIH est une chose. Lutter contre le déni, le préjudice et les tabous concernant le sida et la sexualité dans les églises en est une autre. Mais se servir de la foi comme d’une inspiration et l’église comme d’un partenaire dans la lutte contre le sida dans un pays communiste connu pour ses restrictions religieuses est encore un autre problème. Trois problèmes donc au Vietnam : s’occuper des formes du contrôle de l’état, des préjudices et du conservatisme des églises et de l’agression sociale envers toute chose ou toute personne associée au sida. Dao Phuong Thanh et le Milk Flower Group font exactement ça au Vietnam. Pourquoi et comment a-t-elle démarré? Quels obstacles rencontre-t-elle, comment les surmonte-t-elle? 12 « J’ai commencé avec quelques amis et mon frère qui, à ce moment-là était déjà mort du SIDA. C’était en 2004. Durant sa maladie, nous avons compris combien il était important de partager la douleur et les difficultés. Simplement pour être là les uns pour les autres. Après la mort de mon frère, nous voulions pouvoir partager ce genre de soutien avec d’autres personnes vivant avec le VIH et le SIDA et nous avons démarré le Milk Flower Group. Dans les groupes d’auto-assistance nous avons parlé du sentiment de solitude, du fait de n’avoir personne avec qui partager ce que vous traversez. C’est comme ça que ça a commencé ». ‘Maux sociaux’ « Je suis protestante et ma foi est une source d’inspiration pour aider les autres et pour lutter contre le SIDA et la stigmatisation et pour surmonter la douleur de vivre moi-même avec le SIDA. Mais la foi c’est également rendre le travail sur du sida plus difficile. La croyance protestante n’est pas très courante au Vietnam et les autorités locales acceptent très difficilement le travail de missionnaire. En plus de ça, la question délicate du SIDA qui, au Vietnam est associée à ce que l’on appelle « les maux sociaux » des drogues, de la prostitution et de l’homosexualité, vous pouvez comprendre pourquoi l’église a des difficultés à aborder les questions concernant le VIH et le SIDA. L’église protestante de Hanoi était habituée à avoir des projets pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination au sujet du SIDA mais cela s’est avéré trop difficile. Cependant, l’église soutient beaucoup le Milk Flower Group et, en travaillant avec nous, elle joue un rôle actif dans la prévention contre le sida et la lutte contre la stigmatisation. L’église de Hanoi nous aide en nous procurant des salles de réunion, en parlant du SIDA dans des groupes bibliques de jeunes et d’adultes, avec les membres séropositifs, en rendant visite aux membres malades du Milk Flower Group. Et en organisant les funérailles. Cela peut sembler étrange mais le plus important pour nous c’est que tous les membres de Milk Flower, atteints du SIDA, soient traités comme les autres membres protestants de l’église. Que nous puissions être baptisés si nous le voulons, participer à toutes les activités de l’église. C’est ce que l’église de Hanoi fait ». « Certaines personnes pensent que nous, les protestants, nous sommes anormaux, en aidant d’autres personnes même au milieu de la nuit. Ce n’est pas facile d’être protestant à Hanoi. Une fois j’ai terminé un discours sur le VIH par ‘Dieu nous bénisse tous’. Après, de nombreuses sociétés ont refusé de m’inviter pendant longtemps. A chaque fois que je travaille avec les organisations gouvernementales, je ne mentionne jamais Dieu ou ma croyance. » « Nous avons commencé en tant que petit groupe mais nous avons grandi et nous avons appris. Nous avons appris des ONG internationales. Elles nous ont apporté des formations techniques, elles nous ont permis d’améliorer la gestion de notre groupe d’autoassistance et nos compétences organisationnelles, nos compétences en matière de facilitation et présentation. Nous avons appris par d’autres groupes d’autoassistance, même par la plupart des groupes luttant contre le SIDA au Vietnam qui sont réticents à travailler ensemble. Parfois nous pouvons même accéder à de petits financements. Mais la plupart des choses que nous apprenons, nous les apprenons en les faisant nous-mêmes ». Isolés « A de nombreux égards, nous sommes livré à nos propres ressources. La plupart des membres du Milk Flower Group ne parlent pas anglais. Nous sommes coupés des débats internationaux sur le SIDA, des recherches, des dernières nouveautés. Parfois nous sommes invités par des ONG internationales à des réunions et des conférences. Mais nous n’avons jamais pu y assister, nous ne pouvons pas répondre aux exigences financières ou autres. Parfois nous recevons 13 Contact Milk Flower Nguyen Thi Hong Nhung Gestionnaire du Programme VIH et SIDA VSO Vietnam Tel: (84-4) 719 0555, ext.22 Fax: (84-4) 719 0550 Mobile: 0912-678-606 Email: [email protected] Web: www.vso.org.uk les résumés des rapports. Parfois de nouvelles informations dans la lutte contre le sida nous reçoivent. Comme les récentes nouvelles concernant les plantes médicinales qui peuvent aider les personnes séropositives. Ils ont découvert cela au Laos. Ca donne de l’espoir et peut-être qu’un d’entre nous pourra, un jour, aller au Laos. Sachant aussi que des personnes, des chercheurs, des personnes de bonne volonté et des militants du Sida luttent contre le SIDA partout dans le monde, nous donne le sentiment d’être soutenus ». Qu’est-ce que Thanh recommande à d’autres personnes qui veulent s’engager dans la lutte contre le SIDA dans leurs propres églises et communautés au Vietnam?: « Ouf! Tout d’abord cela requière de l’engagement personnel, de la dévotion et souvent du sacrifice. Mais pour l’église protestante dans son ensemble : elle doit avoir une meilleures compréhension et plus de connaissance concernant le VIH et le SIDA avant de pouvoir faire quelque chose dans la lutte contre le VIH. Certaines personnes importantes et certains leaders le savent mais cette connaissance doit être plus répandue. Ce n’est pas seulement l’église en tant qu’institution qui doit être informée mais les communautés religieuses et les membres. Seulement cela influencera de manière positive la lutte contre le VIH ». « Je recommanderais également la construction de bonnes relations avec les autorités locales. Dans un système à un partie il est important d’avoir les autorités de votre côté sinon il vous est tout simplement interdit de mener à bien des activités. Et avant de démarrer un groupe d’auto-assistance comme le nôtre, tous les membres doivent accepter leur propre état et se sentir suffisamment en confiance pour parler de leur propre état avant d’aider les autres à parler du leur. Tout cela prend beaucoup de temps ». Les principaux problèmes et recommandations de Dao Phuong Thanh pour les groupes d’auto-assistance du VIH/SIDA au Vietnam sont: Forte et massive stigmatisation et discrimination: dès qu’elles dévoilent leurs états, les personnes se sentent extrêmement isolées et exclues. La principale raison à cela : le manque d’informations concernant le VIH et le SIDA dans les communautés. Thanh: « dévoiler son propre état et en parler ouvertement est le point de départ. Mais cela reste un des problèmes les plus importants pour d’autres. Les gens me connaissent, ils connaissent mon état. Parfois, lorsque je rends visite à des personnes que je veux soutenir, je dois me courir le visage car les personnes auxquelles je rends visite ne veulent pas que leurs familles sachent qu’elles me rencontrent. Je me couvre le visage pour ces personnes mais je pense que le VIH n’est pas une raison pour qui que ce soit d’avoir honte de soi ». Les difficultés du fait de travailler avec des bénévoles: la plupart des membres de Milk Flower se soutiennent les uns les autres ainsi que d’autres personnes vivant avec le VIH et le SIDA en dehors du groupe. Ils doivent tous gagner de l’argent et ne peuvent pas consacrer tout leur temps au travail de bénévolat. Thanh: « en tant que leader je me sens triste de voir les membres quitter le groupe à cause du manque d’argent. Mon credo est que même sans financements, nous pouvons tout de même être là les uns pour les autres ». Il est très difficile pour des groupes d’auto-assistance d’obtenir un statut légal et presque impossible de répondre aux exigences de financement. Le financement est presque toujours organisé par des tierces parties. 14 « La mobilisation communautaire commence par de petites contributions comme une poignée de riz » Society for Serving Humanity, Inde La « Society for Serving Humanity » a effectué 20 années de service de développement dans la région de Sempatti en Inde depuis 1988. La société travaille principalement avec les Intouchables, les petites fermiers et ouvriers agricoles dans les villages des Unions de Athoor, Dindigul, Reddiarchatram, Nilakottai et Batalagundu dans le District de Dindigul plus 120 villages des Unions de Namakkal, Mahnoor, Puduchatram et Eurmaipatti dans le District de Namakkal à Tamil Nadu. Selon sa mission et sa vision, la SSH travaille pour la libération et le développement de tous les citoyens qui sont politiquement, socialement, économiquement et culturellement opprimés. La SSH soutient 70 groupes d’auto-assistance, fournit des soins à plus de 400 enfants infectés et touchés par le VIH/SIDA par des programmes communautaires, impliquant activement les donateurs locaux. Mr. Britto Selvaraj est le secrétaire/directeur de la SSH. D’abord la mobilisation communautaire! « Les personnes vivant avec le VIH/SIDA ont besoin d’une réinsertion pacifique d’abord dans leurs propres communautés. C’est beaucoup plus important que de trouver un soulagement temporaire. Les membres de la communauté sont des personnes de contact immédiat, plus influents sur les vies des autres que n’importe quelle ONG ne peut l’être. La SSH a des approches différentes pour briser la stigmatisation et le déni comme le conseil, la réalisation d’événements culturels qui se composaient de drames, de chants, de sketches, de théâtre de rue, de musiques folkloriques, de l’organisation d’activités de campagne dans la communauté ». Simple boîte de collecte « La mobilisation communautaire commence par de petites contributions comme une poignée de riz d’une simple boîte de collecte. Chaque membre du personnel de la SSH volontairement accueillit un enfant pour un meilleur développement. Pour s’assurer de la durabilité, nous pensons qu’il est important d’utiliser des services de soutien disponibles localement en créant des liens entre les personnes vivant avec le VIH/SIDA et les sympathisants, les ministères gouvernementaux et autre ONG locales. Nous permettons donc à la communauté de mieux comprendre les problèmes du VIH/SIDA. D’un autre côté, nous essayons de soutenir les personnes vivant avec le sida à être autonomes sans dépendre totalement de nous ». Mal cités La neutralité n’est pas si évidente que ça en Inde. « Lorsque nous invitons les dirigeants religieux ou les dirigeants politiques pour toute réunion d’intégration 15 ou de coordination, nous somme souvent mal cités comme étant ‘plus proches’ de ces religions ou parties politiques que des autres. Il y a beaucoup de jalousie. D’autres ONG pensent parfois plus à leurs propres profits plutôt qu’à soutenir la ‘cause’ de ces réunions ». Couverture d’assurance « Il y a de nombreuses questions brûlantes en ce moment. Par exemple, nous avons toujours le sentiment qu’il n’y a pas assez de voix qui se prononcent pour la couverture d’assurance pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Et la deuxième ligne du traitement antirétroviral n’est pour l’instant disponible qu’à Chennai et Mumbai en Inde. Ce service doit être étendu dans les différentes régions de l’Inde ». Contact A.Britto Selvaraj Society for Serving Humanity, Route Madurai, Sempatti – 624 707, District de Dindigul, Tamil Nadu, Inde. e-mail: [email protected] [email protected] « Le VIH est une maladie contrôlable, comme le diabète » Centro Orientamento Educativo (COE) C’est une association Italienne de volontaires chrétiens qui s’occupent en Italie et dans d’autres pays du monde de la formation. Le volontariat international du COE œuvre pour une société plus humaine, plus sociale et plus solidaire. Le personnel du COE est composé de personnes qui s’engagent à collaborer à un service de volontariat pour une période limité ou bien pour toute la vie. 16 Ernesta Barbieri (‘Tina’) est une de ces volontaires chrétiennes. Sa première expérience de mission auprès des pauvres date de 1966. Depuis 2004 Tina Barbieri est coordinatrice d’un programme de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME Plus) à Yaoundé, au Cameroun. Les femmes enceintes y viennent entre autres pour le dépistage et les femmes enceintes séropositives pour le traitement avec névrirapine pour prévenir l’infection de la mère à l’enfant. Tina travaille dans un centre de santé catholique, géré par le COE. Pour combattre l’infection mère – enfant Tina chèrche à collaborer avec toutes les autorités pertinentes de l’église, de l’état et du monde de la recherche: l’Organisation Catholique de la Santé du Cameroun, le Bureau des Activités Socio-Caritative, le Service Diocésain de Santé, le Ministère de la Santé, le Comité National de Lutte contre le Sida et le Centre Pasteur. Grâce à ces efforts de collaboration le programme PTME Plus garantit aux femmes dépistées l’accès à une thérapie antirétrovirale de longue durée qui réduit la transmission de façon significative. Les enfants nés séropositifs ainsi que les partenaires des femmes ont eux aussi accès au traitement ARV. Clara Carluzzo, responsable de projet du COE et collègue de Tina, nous explique. « Le programme PTME Plus à Yaoundé prend en charge toute la famille. Ceci permet une entraide réciproque, ce qui aide aussi à combattre la stigmatisation. » Bandes dessinés « Il faut que la personne accepte sa séropositivité, qu’elle trouve dans sa famille ou au milieu des personnes autour d’elle quelqu’un à qui confier son secret. Quelqu’un qui puisse l’accompagner dans cette recherche, dans son trajet. Dans le centre nous les personnes séropositives reçoivent les mêmes services que les autres patients. Aucun service n’est réservé exclusivement aux séropositifs. Les femmes séropositives se réunissent en groupe dans le centre, pour discuter et échanger les solutions et les problèmes avec l’équipe du centre. » « Il faut dire la vérité, ça aide à diminuer la stigmatisation. Dans les rencontres éducatives au quartier, à la paroisse, dans les écoles, on dit à tout le monde que le VIH est une maladie chronique qu’on peut contrôler aujourd’hui, comme le diabète…On a même fait des bandes dessinées qui transmettent ce message au plus petits, mais aussi à ceux qui ne savent pas lire. » « Le but est que chacune des femmes séropositives soit autonome dans la gestion de sa vie et de sa famille et se sente plus forte que le virus qu’elle porte en elle. » « Le traitement et la prise en charge que nous offrons incluent tous les moyens de prévention à chaque personne selon ses convictions morales. Aussi celui des préservatifs. Il revient à chaque personne de faire son choix personnel. » « Une des pus grandes difficultés est d’aider les enfants séropositifs à comprendre ce qu’ils ont, à comprendre leur état, leur maladie, de vivre avec, sans entrer en conflit avec soi-même, avec la maman, la famille… » Nous devons… « Pour encore mieux faire notre travail, nous devons intensifier la recherche des vaccins et faciliter l’accès aux tests de résistance pour obtenir des protocoles plus appropriés pour chaque personne séropositive. Lee service psychosocial doivent être répandus dans tout le territoire du pays pour soutenir les personnes vivant avec le VIH et le sida. Pour finir, le traitement ARV doit être disponible et gratuit pour toute personne, n’importe où dans le pays. Seulement à ces conditions pouvons nous atteindre le but d’une transmission du virus de 0%. » 17 Quelque chiffres Depuis son début en 2002, le programme PTME Plus à Yaoundé a obtenu les résultats suivants (entre autres): • 22.748 consultations prénatales; • un taux d’adhérence au traitement ARV de 89%; • un pourcentage de femmes qui acceptent le test de dépistage de 88%; • vle pourcentage des femmes qui accouchent avec un statut sérologique inconnu est en baisse (de 44% en 2004 à 12,6% en 2008); • les données du taux de contamination des bébés montrent une valeur de 0% sur la cohorte testé pendant de premier semestre 2008. Contact Siège Social Via Milano, 4 - 23816 Barzio (LC) Tel + 39 0341.996453 Email: [email protected] Bureau de Milan Via Lazzaroni, 8- 20124 Milano Tel: +39 02.6696258 Email: [email protected] Personne de Contact: Clara Carluzzo Le financement est toujours axé sur les approches hiérarchiques Équipe de Facilitation Régionale de l’Armée du Salut, le Cap L’Équipe de Facilitation Régionale Africaine de l’Armée du Salut propose le conseil, la facilitation et le soutien technique aux équipes régionales de l’Armée du Salut et à leurs partenaires dans 18 pays en Afrique. Ils possèdent des bureaux de coordination au Cap et à Nairobi, et sont responsables des Sièges Sociaux Internationaux de l’Armée du Salut à Londres. En fait, l’Équipe de Facilitation (SAAR(f)T) est une stratégie d’apprentissage et de mise en relation. Les équipes encouragent, soutiennent et renforcent les réponses locales. Elles attirent d’autres personnes dans ces réponses pour témoigner, participer, apprendre. On incite les communautés à faire passer leurs expériences - une approche d’accompagnement au développement du leadership. Les décideurs politiques sont souvent délibérément inclus comme membres d’équipe dans les Équipes de Facilitation. La réflexion après chaque visite – ‘quelles forces avez-vous vues?’; ‘qu’avez-vous appris?’; ‘comment devez-vous changer?’ - mène à une application directe de la politique et au changement organisationnel. Le SAAR(f) T a vivement soutenu la facilitation de milliers de réponses des communautés locales, accompagnées par les églises locales. Ne pas enseigner et imposer ‘ Nous pensons qu’il y a une force inhérente chez les personnes qui les poussent à agir. Ainsi, le comportement organisationnel qui s’y joint ne se fonde pas sur la présomption de faiblesse ou de déficience qui mènerait naturellement à fournir des informations ou des marchandises. Au lieu de cela, les équipes 18 de facilitation répondent aux invitations formulées par les personnes locales pour soutenir, stimuler, apprendre, accompagner, encourager et motiver. La stratégie n’est pas tant celle d’enseigner et d’imposer un comportement que celle de poser des questions qui provoquent une réflexion et une prise de décision. C’est souvent assez différent pour d’autres organisations chrétiennes qui – parti d’un bon sens de miséricorde et de compassion – choisissent une approche plus prévisionniste et interventionniste. Si les soins sont exprimés par la présence, par exemple les voisins qui sont les uns avec les autres, au lieu de la provision, les décisions collectives sont prises pour agir et mises en œuvre. Les soins à domicile peuvent rapidement changer dans le voisinage s’ils sont sensiblement facilités. Pour nous cela signifie: • Rendre la présence chez les personnes, dans leur espace, pas le nôtre prioritaire. Être lent et eviter de passer immédiatement à la provision et aux services. Bâtir de relations authentiques (d’égale à égale). • Répondre aux invitations à aller voir les gens chez eux. Suivre la relation et la conversation, ne pas anticiper l’action. Laisser les familles et les communautés diriger. • Trouver des moyens de créer des conversations en interne – au sein de l’appartenance à l’église – pour parler des préoccupations, des visions, des risques et de la vulnérabilité. • Toujours etre inclusif. Avoir un œil ouvert pour voir la capacité des personnes et étendre constamment le cercle des personnes qui ont participé aux réponses. • Ne pas attendre que tout le monde dans l’église ait la capacité de réagir face au SIDA. Commencer par la volonté et être prêt à être souvent conduit pas des personnes en-dehors du lieu/de l’association. • Être discipliné et humble dans le processus de réflexion et d’apprentissage. Qu’apprenons-nous? Comment agir différemment? • Être solidaire, ne pas juger. Encourager, ne pas imposer. Faciliter, ne pas enseigner. Mettre en relation les gens qui répondent à d’autres qui veulent répondre; Stigmatisation et déni? « Nos équipes cherchent à stimuler la conversation locale, dans les maisons et entre les ménages. Il y a une fausse hypothèse dans le secteur de la santé/du développement selon laquelle les personnes dans les communautés ignorent ce qui se passe autour d’elles et ce qui les affectent directement. Notre expérience montre que les gens savent. Ils savent que leurs voisins sont malades. Ils savent que les enfants courent un risque. Ils ont peur pour leur propre bien-être. Les visites à domicile sont le point de départ des conversations privées, intimes et discrètes. Mais les voisins des maisons adjacentes observent souvent pendant qu’une équipe rend visite à un ménage et sont curieux de savoir la raison de la visite. Ou alors ils sont intéressés à ce qu’on leur rende également visite. La stigmatisation diminue car les gens s’auto-incluent dans les conversations et commencent à parler ensemble de leurs préoccupations communes. Le déni diminue car les personnes parlent ensemble des risques communautaires et des vulnérabilités dans un environnement qui sûr et qui offre du soutient. La stigmatisation et le déni sont en fait plus souvent perpétués par les organisations qui tentent de protéger le secret et d’isoler efficacement les individus de leurs voisins. Défis? La crise économique mondiale est évidemment une menace pour le financement durable des réponses. Plus largement, dans l’ensemble, il y a toujours la réalité des interventions dirigées par les bailleurs de fonds. La réaction est encore menée par la préférence des bailleurs de fonds qui pensent souvent mieux savoir que les personnes locales qui sont actives dans leurs 19 propres configurations locales. Le financement est encore axé sur des interventions linéaires et externes et sur des approches hiérarchiques avec une très faible part du financement qui soutient le processus de facilitation de l’action localement déterminée. Compartimentation de l’action et des systèmes de soins, de prévention, de traitement, des systèmes de santé au lieu d’une réponse intégrée qui lie les soins à la prévention dans des emplacements géographiques précis continuent à être une menace unique pour atteindre la portée et la profondeur des réponses en faveur du changement. Nous devons sortir de nos murs et aller au-delà de nos programmes bien établis et rentrer dans la vraie vie des gens. Nous devons participer à la souffrance et résister à la tentation de proposer des solutions superficielles qui soulagent nos consciences mais font très peu en matière de gestion de la base des problèmes. Notre motivation doit rester liée à notre sentiment très personnel au sujet de la douleur et de la perte. Pour nous, la dynamique de notre travail est la Foi et la conviction que l’amour de Dieu nous oblige à être avec les gens. Les voix des communautés qui répondent manquent encore dans le domaine international. Il y a des cas en Thaïlande, en Chine et à travers l’Afrique qui ont montré une spectaculaire diminution de la transmission du VIH/ SIDA basé sur les réponses données par la communauté mais ces cas sont étrangement absents dans les discussions internationales. » Contact Ricardo Walters COORDINATEUR: Équipe de Facilitation Régionale d’Afrique de l’Armée du Salut Le Cap, Afrique du Sud +27 (0)82 495 5440 [email protected] http://ordinarybeautiful.blogspot.com Lien: www.aidscompetence.org Un jour, un autre Jean Paul II viendra demander « pardon » Joseph Mpinganjira a été le Secrétaire Général de la Conférence Episcopale du Malawi de 2005 à 2008. Avant, Fr. Joseph a travaillé comme Vicaire Judiciaire du Diocèse de Lilongwe de 2000 à 2005. Il est maintenant en congé sabbatique et prend des cours de gestion à l’université du Cap. En 2008, Fr. Joseph a partagé quelques réflexions sur ses expériences personnelles au Malawi lors de la Pré-Conférence Œcuménique sur le Sida à Mexico. « ..Il y a une autre réalité que l’église devrait affronter. La réponse à l’épidémie a parfois été compromise par des questions morales. Lorsqu’il s’agit de la réponse pastorale à cette crise, l’église devrait faire face à la réalité. La lutte contre le VIH et le sida devrait être abordée dans son ensemble, c’est-à-dire les soins, le traitement ainsi que les informations concernant la prévention pour que les personnes puissent proposer des décisions bien informées… La vérité à ce sujet est que le VIH et le Sida n’ont pas créé un sentiment d’immoralité mais ont plutôt souligné les problèmes moraux existants dans notre société. La crise a souligné les pratiques culturelles que les églises devraient aborder… La conscience est la dernière règle morale… Face à un choix moral, la conscience peut soit faire un bon jugement en accord avec la raison et la loi divine ou, au contraire, un jugement erroné qui s’éloigne d’eux. Cependant, un être humain doit toujours obéir au jugement certain de sa conscience. Ceci s’est vérifié avant l’apparition du VIH et sida et se vérifiera après la fin de la pandémie… Fr. Joseph à Mexico, 2008 Vous semblez être assez unique en tant que Pasteur et dirigeant d’église qui dit que la conscience est l’autorité morale la plus élevée? « Je pense qu’il y a tellement de pasteurs qui ne sont pas 20 conscients du principe mais qui sont convaincus du principe, mais malheureusement, la plupart des pasteurs sont peu disposés à le proclamer le VIH et le sida étant donné les conséquences encourues s’ils le font. Nous préférons maintenir le statu quo plutôt que de compromettre nos positions. Comme je l’ai dit dans ma présentation à Mexico, il n’y a aucun moyen pour nous de changer ça quelque soit la position que nous avons. En fait, si nous ne pouvons pas supprimer la douleur de la souffrance des personnes que nous servons, le moins que nous puissions faire est de ne pas ajouter une once de douleur à leur conscience. Terre à terre Une discussion terre à terre me manque. La bible dit: « La parole devint chair ». Jésus est venu sur terre. Ne faisons pas l’erreur de renverser la situation en « faisant la chair la parole ». Nous ne pouvons pas nous permettre d’affronter une pandémie avec de simples théories. Penchons-nous sur le VIH et le SIDA en termes de prévention, traitement et soins et utilisons toutes les informations et les ressources qui sont disponibles plus largement, de manière productive, correcte et honnête. Aujourd’hui, il existe encore des endroits où les pasteurs sont perçus comme la bible elle-même, c’està-dire que leurs paroles sont prises comme de la vérité pure. Dans de telles circonstances (et, bien entendu, toujours) songez à ce que notre Seigneur Jésus-Christ dirait ou ferait. Il y a tant d’histoires que nous lisons du Nouveau Testament de la Bible qui nous montrent le chemin. Pourquoi ne pas aller jusqu’à « violer la loi » si c’est pour le bien de quelqu’un « qui profite pleinement de la vie » !? Nous devrions descendre et marcher avec les frères et sœurs si nombreux qui souffrent à cause du VIH et du sida et ceux qui prennent soin d’eux tout comme notre Maître l’a fait. Ce n’est qu’en se concentrant sur ce qu’Il a fait que nous avons pu interpréter correctement Sa Parole. Stigmatisation et déni ? J’ai essayé de m’attarder sur de simples histoires concernant Jésus pour aborder nos expériences quotidiennes. Dans le cadre de la journée mondiale sur le SIDA en décembre 2004, en travaillant à la paroisse de la cathédrale, j’ai demandé aux membres de l’Equipe de Sensibilisation sur le VIH et le SIDA de poser des affiches avec de différents messages au sujet du sida. Une des affiches, accrochée juste devant l’église, à côté du tabernacle, disent: « le Sida a emporté mon frère, ma sœur, ma mère, mon père, mes amis ». Certains paroissiens se sont plaints du fait que l’affiche les dérange lorsqu’ils se concentrent sur leurs prières. J’étais content d’entendre de telles réactions : dérangé ! Jésus a aussi dérangé la plupart de ses auditeurs. Vous avez compris le message ? Les messages choquants peuvent sensibiliser et promouvoir l’esprit de responsabilité. Il est nécessaire que les dirigeants dans les églises crée un espace pour eux-mêmes où les problèmes de stigmatisation et de déni seraient ouvertement et franchement traités. Galilée de nos jours La distribution de millions de préservatifs n’est pas la solution contre la pandémie du VIH et du sida. Utiliser un préservatif fait partie de la solution. Un des plus grands problèmes actuels est que nous avons un leadership moral déstructuré à tous les niveaux. Je connais certains dirigeants, malheureusement très peu, qui ont parlé honnêtement et courageusement du B.A.-BA à la lumière du VIH et du Sida. Face aux réalités causées par la pandémie dans leurs communautés, ces quelques dirigeants utilisent ce que j’appelle « la Politique de Jésus » avec la question: Que ferait Jésus face à une personne/ou dans une telle situation ? Malheureusement, ces dirigeants sont perçus par l’église comme les Galiléens de nous jours. 21 Une lutte sans fin ? Ma profonde conviction sur le principe que la conscience est l’autorité morale la plus élevée me dit qu’un jour un autre Jean Paul II arrivera pour demander « pardon » de la part de l’église concernant certaines erreurs que nous, en tant qu’église, faisons aujourd’hui. Tout comme il l’a fait en suivant ce que l’Eglise à fait à Galilée. Contact [email protected] Malawi: The Episcopal Conference Of Malawi (ECM) President: Most Rev. Tarcisius G. Ziyaye Secretary General: Rev. Fr. Joseph Mpinganjira Secretariat : Chimutu Road P.O. Box 30384, Lilongwe 3, Malawi t (+265 - 1) 772066/772079/772085 f (+265 - 1) 637905 / 772019 [email protected]/[email protected] Discussion ouverte: créez, allez voir les responsables de votre église! Mosamaria Aids Ministry – Afrique du Sud « Le VIH n’est pas une punition de Dieu. Trente personnes meurent chaque jour inutilement ici dans Free State à cause d’un moratoire du gouvernement sur le traitement ARV. Peuton blâmer Dieu pour ce moratoire? » Trudie Harrison Le Mosamaria Aids Ministry a démarré en 2003 en tant qu’initiative de l’Eglise Anglicane du diocèse de l’Etat-Libre (Afrique du Sud). Afin de limiter la propagation du VIH, il travaille avec des personnes de toutes les confessions religieuses et soutient toutes les personnes qui vivent avec le VIH sans tenir compte de la race, couleur ou croyance. Le choix des activités et des projets du Mosamaria est impressionnant: organisation de groupes de soutien pour les orphelins et enfants vulnérables, tenir des jardins potagers des propriétés rurales dans les townships et formation de responsables des églises en passant par la mise en place de programmes d’aide et de dépistage confidentiels volontaires… Il associe facilement l’étude de la Bible et des prières au conseil, à l’éducation, aux jeux, aux danses traditionnelles et au dépistage volontaire. Le Mosamaria a un poste non médical dans le centre de Bloemfontein et un service mobile qui sort chaque jour et où les personnes se sentent à l’aise pour effectuer le test du VIH. Tous les mois, plus de 1400 personnes font le test. Ceci leur permet de prendre leurs vies, leur santé et leurs pratiques sexuelles en mains. Discussions ouvertes, bonne connaissance et vrais choix de vie sont les éléments clés dans tout ce que le Mosamaria Aids Ministry fait et initie. Ecoutons maintenant la discussion ouverte de la coordinatrice du Mosamaria en personne : Trudie Harrison… Apprendre, apprendre, apprendre « En Afrique du Sud, de nombreuses organisations liées à l’église ne se soucient que de leurs membres. Pas nous. Le VIH traverse toutes les frontières, tout ce que nous faisons au sujet du VIH/SIDA se base donc sur tous les besoins exprimés par les communautés. Nous apprenons avant tout des personnes qui vivent avec le sida. Elles veulent savoir comment le virus évolue dans leurs corps. Elles veulent du soutien émotionnel, psychologique, social et religieux pour pouvoir vivre convenablement avec le virus dans leurs propres communautés. Elles veulent pouvoir avoir accès à la thérapie ARV. Elles veulent être traitées avec dignité et confidentialité dans les cliniques et les hôpitaux. C’est ce que nous apprenons et nous agissons en conséquence. Et nous continuons à apprendre chaque jour, lors d’ateliers dans les écoles, les églises, les institutions d’apprentissage et surtout lors des réunions de groupe de soutien des personnes vivant avec le sida ». Si vous voulez donc que quelque chose commence… « Une des premières étapes de la lutte contre la stigmatisation et l’ignorance est de parler de manière ouverte et franche au cœur de la communauté même. Et c’est là que l’église se trouve, dans le cœur de la communauté.. C’est aussi comme ça que le Mosamaria a commencé, en apprenant aux responsables des églises les 22 faits concernant la maladie et les besoins réels des personnes. Et en les mobilisant à parler ouvertement de ce sujet sensible, sur la sexualité et les risques. Ce qui apporte une zone protégée aux personnes touchées par le VIH et le SIDA et les aide à se sentir libre en recherchant du soutien et des conseils. Les centres que nous avons ouverts, les projets de jardins et les groupes de soutien ont tous commencé par là, par des discussions ouvertes. Si vous voulez donc que quelque chose commence dans la lutte contre le VIH/SIDA, rapprochez-vous, allez voir vos responsables de l’église et faites des réunions concernant l’impact que le VIH a sur les membres de l’église, leurs familles et communautés. Et vous pouvez le faire dans les entreprises, les écoles, les clubs sociaux, les universités… Apprendre aux autres à ne jamais juger. On ne peut pas construire une relation de confiance avec quelqu’un et juger en même temps ». Pointer du doigt « Il est douloureux de voir que ceux qui jugent et pointent du doigt sont ceux qui ignorent. Et ils ignorent simplement parce qu’ils n’ont même pas encore fait le dépistage du VIH eux-mêmes et vivent encore dans l’obscurité. Alors que ceux qui connaissent leur état et font avec, sont les exemples brillant de la communauté ». Guérisseurs traditionnels « Nous travaillons également avec les églises apostoliques ‘marginales’ qui comptent beaucoup de guérisseurs traditionnels parmi leurs membres. Ils prêchent souvent qu’ils peuvent guérir les personnes atteintes du VIH et du SIDA par des remèdes alternatifs dangereux et ils vivent de ça. Cependant, nous travaillons avec eux, nous leur demandons de donner le soutien émotionnel et spirituel dont les personnes ont besoin pour vivre de façon positive. Et nous leur demandons de consulter leurs clients pour le VCCT et l’ART pour un traitement physique ». Plus de débats s’il vous plaît! « Ce qui est nécessaire à l’heure actuelle c’est plus de débats autour de l’immense problème de la tuberculose (TB) pour les personnes qui vivent avec le sida. La TB est la plus grande cause de mortalité des personnes atteintes du sida ici. Et j’aimerais qu’il y ait plus de débats et de forums où nous puissions partager et apprendre des succès des autres endroits et pays. MSF (médecins sans frontières) a beaucoup d’expérience avec le VIH/ SIDA et la TB dans les communautés pauvres au Lesotho. Comment se fait-il que nous ne l’appliquions pas ? » Bataille « Pendant des années il n’y avait aucun gouvernement qui débattait sur le SIDA en Afrique du Sud. Les décisions politiques ont été équivalentes à un génocide, les pauvres n’ont pas pu avoir accès à l’ART et sont morts par milliers. Maintenant, avec le nouveau ministère de la santé, nous avons de l’espoir. Mais la bataille pour l’ART n’est pas terminée. Ici, dans l’Etat-Libre, nous connaissons une crise terrible étant donné que le gouvernement provincial a mis un moratoire sur tous les nouveaux clients qui ont commencé une thérapie ARV depuis le mois de novembre 2008. On estime que 30 personnes sont mortes à cause de ça chaque jour. Inutilement ». Jardin « De nombreuses personnes sont venues nous voir dans un état moribond et ont été ramenées à la vie. J’ai vu beaucoup d’enfants faire des progrès incroyables après avoir eu à faire à de terribles pertes. Ils nous encouragent. Pourtant, nous en avons perdu beaucoup. Parfois, j’ai besoin de me changer les idées par rapport à cette énorme souffrance. Pour me détendre, je travaille dans mon jardin ». 23 Contact Mosamaria Aids Ministry P.O.Box 411 Bloemfontein 9300 f 051 522 6675 [email protected] www.mosamaria.co.za Lorsque la lutte devient un spectacle Chaîne des Foyers Saint Nicodème, Spectacle Sidamour - Cameroun Le cirque social, moyen ludique pour arrêter la mort et le silence Parfois, pour persuader les milieux les plus hostiles ou tenaces, il faut des moyens extraordinaires et inattendus. Le Sida et surtout l’ignorance autour du fléau, créent un tel milieu. Et au Cameroun, la Chaîne des Foyers Saint Nicodème a trouvé un moyen extraordinaire et inattendu pour combattre la dispersion du Sida. Le cirque. 24 Quelque chose de différent Daniel Yoghowa explique : « La Chaîne des Foyers Saint Nicodème est un comité de lutte contre le VIH. On travaille constamment avec des jeunes et on avait constaté que chez eux la sensibilisation ordinaire, tel que les entretiens, distributions de préservatifs, dépistage volontaire…cela ne suffisait pas. Il fallait quelque chose de plus. Quelque chose de ludique et de prenant en même temps. C’est alors que l’idée du cirque social comme moyen de lutte contre le Sida est née. » « Le premier spectacle a eu lieu dans un carrefour devant un grand public. Pourtant c’était un spectacle privé. Plus tard nous avons ouvert nos spectacles à tout public. Aujourd’hui tout te monde vient nous voir, chrétiens, musulmans, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes… » Banane « On fait du théâtre avec tous les arts du cirque, la jonglerie, l’équilibre, la pyramide… Et en même temps on traite tout les aspect du sida. Aussi ceux qui sont tabous. Des fois il faut négocier un peut pour ne pas trop choquer les gens et pour faire passer le message la où c’est plus difficile. Comme la fois ou on a joué dans l’Est du pays, la partie musulmane. Pour faire la présentation du préservatif on a convenu d’utiliser une banane au lieu d’un pénis artificiel pour montrer comment il faut enfiler le préservatif. » « Les spectacles sont donnés par des jeunes hautement qualifiés en cirque social. Ils viennent tous des couches sociales très défavorisées. On a des artistes qui, dans une vie antérieure, vivaient dans la rue. » Camionneurs « On voudrait élargir le programme des spectacles dans tous les principaux points d’arrêt des camionneurs au Cameroun, dans toutes les grandes villes. Pour encore mieux atteindre ceux qui transmettent la maladie, par ignorance ou bien parce qu’ils sont de mauvaise volonté. » Et pour conclure « Notre spectacle s’appelle Sidamour. Chaque édition, chaque spectacle est tout un projet en soi. D’abord il faut négocier avec les autorités administratives et traditionnelles et religieuses de la ville ou du village pour obtenir la permission de donner le spectacle. Ensuite on voyage avec la troupe, on s’installe. Puis les brochures parlant du spectacle et du Sida sont distribuées dans les quartiers la veille du show. Deux heures avant l’évènement tout les artistes et acteurs forment une parade dans les artères de la ville vers le site déjà aménagé. Puis quand le public est la, on souhaite le bienvenue aux personnalités du quartier et tout le monde présent, et on fait un sondage sur le degré de connaissance du fléau. Ensuite, moment suprême, le spectacle lui-même, qui montre tout les aspects du Sida et des infections sexuellement transmissibles et recommande la fidélité, l’abstinence, et le port de préservatif mais qui n’épargne ni les leaders religieux, ni les personnalités communautaires. Il demande l’accès aux antiviraux et aux tests de dépistage pour tout le monde. Cela ne doit plus être un privilège. Après le spectacle, il y a une discussion avec le public et des dépliants et des préservatifs sont distribués. » Contact Daniel Yoghowa Directeur de la Chaîne de foyers saint Nicodème BP 2233 Douala cell 0023799465588 [email protected] 25 S’attaquer au tabou de la sexualité au sein de l’église Vigilance, Ouagadougou, Burkina Faso Vigilance a été crée en 1996 comme association de lutte contre le Sida au sein de la communauté évangélique du Burkina Faso. En 2002 l’association a acquit le statut d’ONG. Vigilance a initié une dizaine de projets et plans d’action de sensibilisation, de prise en charge et de plaidoyer. Les groupes cibles sont les leaders et responsables d’églises, les femmes, jeunes, veuves et orphelins affectés par le Sida, dans les communautés évangéliques et non évangéliques. En 1996 Nikiema Kouliga Michel, pasteur burkinabé, se sent interpellé par le Sida et par sa foi. Il s’entoure de personnes de bonne volonté et de compétences diverses : médecins, psychologues, financiers et administrateurs. Ensembles ils forment Vigilance. 26 Compassion ou jugement ? Le pasteur Kouliga nous rappelle les premières années : « On a mis en place Vigilance par nécessité face aux ravages sans frontières du Sida. A cette époque le Sida était perçu dans le milieu chrétien au Burkina Faso comme une punition de Dieu, une punition pour les homosexuels, les adultères, les fornicateurs… Bref, c’était considéré comme une maladie des rebelles à l’éthique religieuse. La conviction‘qu’ils ont ce qu’ils méritent’ était courante à l’époque. La grâce et la compassion de Dieu perdaient leur réalité et leur sens et le jugement prenait de l’ampleur. Il fallait vite dépasser cette conception, car nul n’est à l’abri de la pandémie. » Le pasteur Kouliga était un des premiers à aborder le sujet de la sexualité au cœur de l’église. Comme l’affirme Mbairodbbee Njegollmi de TearFund, « la Vigilance est pionnière. Au sein de la communauté chrétienne elle est la toute première structure nationale qui a engagé le débat autour du tabou lié à la sexualité et au VIH/Sida. Si aujourd’hui nous avons pratiquement dans chaque église au Burkina une structure interne de lutte contre le Sida c’est sans aucune exagération grâce à Vigilance. » Une des publications utilisée par Vigilance dans ses projets d’éducation et de sensibilisation s’appelle ‘La gestion de la sexualité’; elle a été écrite par le secretaire executief de Vigilance lui-meme. Sida : tout le monde sur le pont ! Le pasteur Kouliga attache énormément d’importance à l’échange et la multiplication des bonnes pratiques dans la lutte contre le Sida. Ainsi il a ouvert une structure de Vigilance en Côte d’Ivoire. Vigilance Burkina a établi une collaboration avec des ONG’s de lutte contre le Sida en Ouganda, au Bénin, au Mali, au Cameroun et en Guinée. Le pasteur Kouliga a été sollicité par l’Organisation Mobilisation à rejoindre les bateaux Logos II et Doulos dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour des conférences sur le Sida à bord. Pour combattre la stigmatisation attachée au Sida, Vigilance organise des rencontres de prières, avec des témoignages à visage découvert et des plaidoyers avec les leaders de l’église dans l’église. Ce sont des rencontres auxquelles participent beaucoup personnes vivant avec le VIH et le Sida et qui ont lieu aussi dans écoles et autres lieux communaux. Pasteur Kouliga : « Ces rencontres aident les gens vivant avec le VIH et le Sida à abandonner les complexes liés à leurs statuts sérologiques. Une fois libérés de ce poids ils arrivent aussi à entreprendre des activités en vue de subvenir à leurs besoins essentiels. On a des projets d’activités génératrices avec une trentaine de personnes malades. Certains des malades qu’on soutien sont employés par Vigilance pour les tâches d’entretien. » « Vigilance apporte mensuellement des appuis économiques à ceux qui sont trop vulnérable et dont l’état de santé ne permet pas de se prendre en charge,. » Quelque chiffres… Vigilance a mis en place vingt comités régionaux dans les provinces de Burkina; • Elle a initié le plan d’action 2002 de lutte contre le Sida. Avec une vingtaine de dénominations impliquées elle a organisé : 18 séances de théâtre, 64 projections de film, 20 sketches, 62 débats et 35 émissions radios; • Vigilance a formé 397 communicateurs relais et 394 pasteurs; • Prise en charge de 351 orphelins et 100 veuves; • De nombreux séminaires sur le Sida regroupant les leaders musulmans, catholiques, protestant et des chefs coutumiers… 27 Contact VIGILANCE 04 B.P. 8276 OUAGADOUGOU 04 Burkina Faso Tél. : 50 34 23 25 E-mail : [email protected] Site web: vigilance-bf.org Les exigences des bailleurs de fonds ont parfois un goût d’esclavage édulcoré Programme Sizanani Outreach (SOP), Nkandla, Kwa Zulu Natal, Afrique du Sud A travers le Centre Sizanani, le Programme Franciscan Nardini Welfare offre des soins familiaux holistiques à une communauté dévastée par le VIH/sida et par la pauvreté rurale et l’isolation à Nkandla, un des quartiers les plus pauvres de Kwa Zulu Natal. L’incidence du VIH/sida est de 37 pourcents, un des pourcentages les plus élevés d’Afrique du Sud. Le Programme Outreach comprend des soins complets à domicile pour les ménages isolés, les orphelins et les ménages dont le chef de famille est un enfant. Les grands-mères sont prises en charge pour les soins des enfants de leurs progénitures qui sont mortes du sida. Le Centre Sizanani est également un endroit sécurisé pour 36 enfants, orphelins du sida, maltraités, malades, abandonnés. Les Nardinis considèrent la pandémie du sida comme un avertissement donné à l’ensemble de la société pour découvrir comment elle veut vivre en tant qu’individus, famille, communauté et société – avec quelles valeurs, quels principes, quelle éthique, quel comportement et quels soins réciproques? Il y a trois ans, dr. Maria Ellen Lindner, une sœur de Franciscan Nardini et ancienne directrice médicale de l’hôpital, a dû faire un choix difficile: conserver un poste bien payé à l’hôpital qui apporte énormément à la communauté vieillissante du couvent, ou dire ‘oui’ au travail communautaire sur le VIH/sida avec un financement temporaire. ‘Dire ‘oui’ signifie un paysage socio-économique difficile et complexe défini par une pauvreté extrême, des équipements insuffisants, une décomposition familiale ou de structures communautaires, une criminalité violente, des abus envers les femmes et les enfants, lié à la sorcellerie, de nombreux meurtres. Et un gouvernement dans le désarroi et le déni du VIH/sida. Zone de confort ou terre à vif? Dr. Lindner s’est jetée à l’eau, en compagnie de deux autres sœurs. Le travail principal dans une communauté d’environ 25 000 ménages, avec 87 pourcents de la population fonctionnellement analphabète implique le dépistage, le traitement ARV, les services médicaux dans les cliniques excentrées, le travail de prévention et un groupe de pairs accompagnateurs dans 35 écoles, le travail de mémoire des familles et le deuil. En un an, les sœurs ont parcouru plus de 200 000 km durant leur travail, principalement sur des mauvaises routes. Comment gérez-vous les stigmatisations, Dr. Lindner? « Un important progrès est apparu grâce à des efforts persistants afin de s’engager avec les étudiants et les professeurs de l’une des plus importantes écoles secondaires à Nkandla. Nous avons eu un cours du soir sur la sexualité et la responsabilité avec plus de 200 étudiantes. L’interaction, en présence du directeur, était étonnamment franche, stimulante, honnête et dynamisante. Lorsque la session s’est terminée il y a eu une réponse également surprenante chez les volontaires en faveur du dépistage La session a fini enfin aux premières heures du lendemain matin. Plus tard ce jour-là, le personnel du SOP est retourné à l’école, avec les attestations de dépistage. Tout en étant posté sous un arbre, un groupe d’étudiants 28 a demandé le dépistage, encouragé par l’exemple donné par les filles. Puis, plusieurs professeurs ont également contacté le SOP avec les volontaires. Le résultat global était au-delà de nos attentes les plus folles. Des 170 personnes dépistées seuls trois étaient séropositives. Le pouvoir de la persévérance, continuer à faire passer le message et à maintenir le dialogue en cours, obtenir le soutien des directeurs et employés des écoles, encourager le personnel des SOP à connaître leur propre état et aider les collègues apeurés à en faire de même : toutes ces approches ont aidé à arrêter la stigmatisation. Et votre plus grand défi maintenant? Nous devons maintenant soutenir le programme avec les bailleurs de fonds sans surcharger le personnel qualifié de procédures complexes et pesantes pour les comptes-rendus qui non seulement attirent la coordinatrice dans du travail administratif mais la détourne également de son principal travail en tant que médecin spécialiste avec une série d’appels intenses dans les cliniques, les écoles, les ateliers. Il s’agit d’une plainte courrante dans les organisations mais trop peu ont ouvertement exprimé leurs critiques de cette bureaucratie contreproductive. Les exigences des comptes-rendus sont parfois en dehors de toute proportion par rapport au financement reçu. C’est une forme d’esclavage édulcoré. Comment vous et d’autres restez motivés dans cette lutte sans fin? Il y a des moments où les larmes et les pleurs sont trop importants. Mais nous avons découvert que dans les moments les plus sombres il est possible d’avoir des élans d’humour spontanés lors de sessions de débriefing régulières et difficiles qui sont bons pour le programme et le moral. Des fréquentations appropriées aident à compléter le cycle de lutte, d’agonie, de mort et de deuil. Partager des histoires qui donnent de l’espoir aide aussi à garder le moral. Quels conseils aimeriez-vous donner à d’autres? Comprenez les implications de base du VIH/SIDA et ses effets dévastateurs en Afrique sub-saharienne, principalement dans le contexte de la pauvreté, de la promiscuité et de la violence contre les femmes et les enfants. Regardez autour de vous. Un important travail préparatoire devrait être effectué par une bonne relation de travail avec les prestataires de services, le gouvernement local et les acteurs principaux. La qualité du service fourni déterminera la qualité de la réponse de votre communauté locale. Il n’y a pas de solution rapide dans les situations impliquant le VIH/sida. Ce qui signifie que la route est longue et sinueuse et qu’elle requière de l’endurance, de la patience et de la détermination. Ce n’est pas un endroit pour les plantes sous serre. N’abandonnez pas quand vous marchez à tâtons dans le noir. Allez voir des conseillers. Faire appel à la passion nécessite souvent du soutien professionnelle. Conservez un dossier des histoires des cas portant une attention particulière sur les détails importants. Les faits peuvent raconter une histoire plus forte que des milliers d’adjectifs émotifs. Ce sont des outils importants pour obtenir des comptes rendus efficaces. Quel genre de discussions évitez-vous lors des débats sur le VIH/sida? Il y a un grand besoin de conversations franches et ouvertes sur une approche holistique et intégré du VIH/sida qui explore les zones les plus profondes de la vie chrétienne qui relient la foi, la spiritualité, le mystère, la conscience et les dons au service compatissant de l’humanité. Les médias en Afrique du Sud tendent à marginaliser le débat public sur le VIH/Sida de par son obsession de la question du préservatif et son soutien mal caché en faveur de la liberté sexuelle à tous prix. Je ne peux pas vous dire combien la voix du gouvernement me manque avec tous ses ministères et départements, surtout ceux impliqués dans la santé pour nous inspirer. » 29 Contact Programme Sizanani Outreach c/o Programme Franciscan Nardini Welfare PBO No: 930001015 Tel: +27 (0) 35 8330033 Fax: +27 (0) 35 8330317 Email: [email protected] « Nous ne pouvons pas changer ce qui a eu lieu, mais nous pouvons changer notre esprit à ce sujet » Les Amis des Orphelins, Ouganda « J’ai été enlevé à l’âge de 14 ans pas l’Armée de résistance du Seigneur (restant dans la brousse pendant 2 ans et demi)… On nous a pris devant l’impuissance des membres de nos familles qui ont ensuite été brûlés à mort dans nos maisons en chaume et herbe pendant que nous les regardions et les entendions crier à l’aide… J’ai vu la brutalité au-delà de toute description. J’ai vu des tortures, des viols, des meurtres, des enlèvements et des guerres… J’ai eu tellement peur, j’ai été terrifié et j’ai tremblé… » 30 Ricky Anywar Richard a utilisé les expériences de son enfance soldat comme motivation pour créer les Amis des Orphelins (FRO: Friends of Orphans) ciblés sur l’enfance et dont la mission est de contribuer à l’émancipation, la réhabilitation et la réintégration des anciens enfants soldats, des enfants enlevés, des filles-mères, des orphelins et pour combattre la propagation du VIH/sida. Les FRO travaillent dans le Nord de l’Ouganda dans le quartier de Pader. « Je suis né dans une famille chrétienne. Quand j’étais dans la brousse en captivité j’ai réalisé qu’à travers Dieu nous pouvons trouver des moyens de traverser les moments difficiles et en sortir plus fort. On m’a testé pour voir si je pouvais faire le travail de Dieu à travers mon enlèvement et j’ai été forcé d’être un enfant soldat là où les enfants, sans faute de leurs parts, ont été forcés de percuter une sorte de rendez-vous horrible avec le destin. J’ai enduré la douleur de la perte et le défi de reconstruire ma vie. Après avoir surmonté les difficultés, il y a le rire, l’espoir et l’amour qui nous attendent. C’est ce que je raconte aux autres. Nous aidons les survivants à guérir et à continuer leurs vies en les remettant sur pieds pour avancer sur un chemin de croissance et de renouvellement de dignité. Nous disons aux enfants qu’ils ne sont pas tous seuls, ils sont entourés de nombreux anciens enfants soldats dont les exemples et les expériences peuvent les aider à les faire avancer. Nous leur disons que nous ne pouvons pas changer ce qui a déjà eu lieu mais que nous pouvons changer notre esprit par rapport à ce qui c’est passé à ce sujet. Nous utilisons les valeurs chrétiennes comme référence pour apporter de l’aide morale et agir en tant que mentors. Mais nous utilisons aussi les jeux et les sports, la musique et les activités culturelles comme thérapie. Les FRO organisent des compétitions sportives. qui attirent des équipes de nombreux camps de déplacés internes (IDP). Ceci favorise l’interaction, la réintégration, la réadaptation et provoque un sens de la communauté. De bas en haut Les FRO sont basés au sein de la communauté et servent notre peuple. Nous connaissons donc les problèmes. Nous travaillons de bas en haut: c’est la communauté qui nous parle de ses problèmes, de ce qu’elle veut et de comment nous pouvons résoudre les problèmes au mieux. Les FRO s’occupe de la violence à l’égard des femmes et des pratiques culturelles nuisibles en relation au VIH/sida. Nous apportons des soins à la maison, du soutien et de la prévention dans la communauté du quartier de Pader. Dans notre quartier, les partenaires de développement sont divisés en groupes. Chaque ONG est présentée comme l’agence leader au niveau d’une sous-région. Les FRO se trouvent dans le groupe du VIH/sida et de la protection des droits de l’homme. Nous avons sérieusement besoin de moyens de transport, des véhicules, des motos et des bicyclettes pour rejoindre la communauté dont nous nous occupons. Les moyens de transport seraient utilisés pour transporter les personnes malades dans les hôpitaux et pour les ramener chez elles. Nous avons aussi besoin d’une radio communautaire pour aller à la rencontre de la communauté et créer une prise de conscience de l’importante propagation du VIH/sida. Les gens seraient invités à parler à la radio. Nous devons parler de la pauvreté, une des principales raisons de la forte propagation du VIH/sida. L’état des personnes vivant et mourant à cause de la guerre et du VIH/sida dans le nord de l’Ouganda est tellement désespéré que même l’aide le plus élémentaire apportera du réconfort et de l’espoir » 31 Contact Anywar Ricky Richard Fondateur/ Directeur exécutif Friends of Orphans P. O Box 29536, Kampala, Uganda. +256 772 383 574 E-mail: [email protected] Web site : www.frouganda.org En tant qu’église, nous ne parvenons pas à vendre notre produit Bureau du SIDA de la Conférence des Evêques Catholiques de l’Afrique Australe (SACBC) En 2000, le Bureau du SIDA de la Conférence des Evêques Catholiques de l’Afrique Australe (SACBC) a été créé en tant que partie d’une initiative par les organismes de la santé, du développement et de l’éducation de la SACBC. Le Bureau du SIDA finance et encourage plus de 150 projets pour soutenir le travail de la lutte contre le SIDA en Afrique du Sud, au Swaziland, au Botswana et a précédemment été engagé en Namibie et au Lesotho. La SACBC encourage les projets du diocésain et de la paroisse autour de la prévention, des soins des personnes malades et mourantes, des soins et traitements des orphelins. Elle préconise le soutien spirituel et pastoral des personnes touchées par le SIDA et encourage la sensibilisation et l’accès aux traitements. 32 Pas toute seule mais surtout avec d’autres personnes de bonne volonté, des ONG, d’autres églises, les ministères du gouvernement. La SACBC facilite également la formation et le renforcement des capacités dans le cadre du projet et de la gestion financière. Par son travail, le Bureau du SIDA de la SACBC peut atteindre approximativement 144’000 personnes vivant dans les zones urbaines et rurales de l’Afrique Australe. Le travail est guidé par sa vision et sa valeur pour la vie humaine dans la société et par le fait que tout le monde a le droit de profiter des conditions de la vie sociale qui sont provoquées par la recherche du bien commun. Une vocation pour faire la différence Sr. Alison: « L’église catholique veut être impliquée dans le désordre de la vie. Nous et d’autres organisations religeuses apportons un important soutien à la lutte contre le SIDA. En tout, nous n’avons que peu d’autres ressources qu’une armée de personnes religieuses qui reconnaissent leur propre vocation pour tenter de faire la différence. Pour moi, c’est l’engagement religieux des personnes qui définit leurs réponses au SIDA comme étant d’une certaine manière quelque peu différente des personnes qui sont employées seulement pour faire un travail. Beaucoup de nos initiateurs de projets n’ont pas attendu de financement afin de commencer, ils ont juste répondu. C’est une leçon humble et une réflexion de réelle compassion et amour face à la souffrance … Les femmes portent le fardeau de la pandémie « Les femmes religieuses et les infirmières catholiques sont les fers de lance de la réponse de l’église par rapport au SIDA sur notre contient. Sortez-les de l’équation et la réponse de l’église par rapport au SIDA s’écroulerait en grande partie. Les femmes portent le fardeau de la pandémie du SIDA en prenant soin des membres malades de leurs propres familles ainsi que de leurs voisins ». Accéder à l’inaccessible « Notre Bureau du SIDA a commencé avec rien en l’an 2000 et a dû apprendre de tout le monde, principalement des autres organismes de la SACBC. En travaillant en étroite collaboration dans la SACBC, le travail sur le sida a été intégré. Les membres de différents organismes continuent encore à siéger dans des comités du Bureau du SIDA. Nous avons, à notre tour, maintenant notre siège dans les conseils d’administration de divers organismes, y compris actuellement au Trust Anglican du VIH et SIDA. Au fil du temps, nous avons créé divers relations au niveau international, national et local. Le Bureau du SIDA a également obtenu le respect du gouvernement du pays pour collaborer, surtout grâce à avoir réussi à atteindre les groupes de personnes auxquels le gouvernement n’a pas pu ou n’a pas voulu proposer de services. Localement, nous avons gagné le respect des personnes que nous servons et nous sommes connus pour la qualité des soins de santé et des autres services que nous procurons. » La façon dont nous présentons l’ensemble n’est pas attractive « Ma propre observation a été celle de dire que nous, en tant qu’église, sommes plus performants en matière de soins apportés aux malades et aux orphelins que nous ne le sommes à faire un travail préventif auprès des jeunes. Travailler avec des adolescents peut être très exigeant avant même de pouvoir s’apercevoir des résultats. Les influences extérieures, y compris celles des medias, sont des difficultés extrêmement réelles. Souvent, les stratégies marketing de l’église ne sont pas bien développées et nous ne parvenons pas à vendre notre produit, pas parce que ce n’est pas un bon produit mais parce que la façon dont nous le présentons n’est pas attrayante. » « Les programmes ciblent les enfants et les jeunes d’âges différents. L’Institut Catholique d’Education qui 33 est associé à la SACBC favorise la vie active, principalement chez les enfants à l’école primaire car si on éveille des enfants qui sont à l’école primaire avant qu’ils ne deviennent sexuellement actifs, on a plus de chances de freiner l’épidémie. Nous trouvons maintenant des éléments qui prouvent que le taux de prédominance commence à diminuer chez les jeunes. » « Il y avait peu de chance que l’église participe dans un programme de traitement à cause des coûts élevés, de la médiocrité des infrastructures, du manque de personnel médical formé, de pharmacies et de services de laboratoires dans les sites locaux et l’insuffisance des compétences médicales disponibles dans l’église. Actuellement, le même genre de problèmes qu’à le secteur public. La médiocrité des infrastructures dans notre pays est un problème mais pas aussi insurmontable qu’on veut parfois bien le dire. Dès que le financement est devenu disponible, nous avons simplement commencé à former le personnel par rapport au traitement antirétroviral sur des sites choisis. Nous devons commencer où c’est possible, avec des personnes et dans des endroits qui sont prêts. D’autres pourront suivre plus tard. Des partenariats public-privé sont une option, avec l’état qui prend la relève et continue ce que d’autres ont pu être en mesure de mettre en place. » Contact Contact Sr. Alison Munro Directeur, Bureau du SIDA de la SACBC 399 rue Paul Kruger Boîte Postale 941 Pretoria Tel +27(0)12 323 6458 Fax +27 (0)12 326 4309 « L’église du Bas-Congo est séropositive » Communauté Evangélique de Kwango (CEK) Kinshasa, Congo DRC Déjà en 1990 Thomas Matonga Mvwamba, pasteur Congolais et théologien, se rendait compte de la gravité de ce nouveau fléau, le Sida. Très vite, faisant partie de l’église lui-même, il s’est réalisé que les leaders religieux devaient jouer un rôle actif et important dans la lutte contre le VIH et le Sida. Cette conviction pousse le théologien à devenir activiste, au sein de la communauté religieuse et au sein de la communauté tout court. ‘La maladie des immoraux’ « C’était le tout début des années ‘90. Le Sida avait trouvé un sol fertile dans mon pays. Avec la crise sociopolitique du Zaïre, marquée par les pillages, la guerre de libération et les migrations des soldats namibiens, ruandais, zimbabwéens, avec l’exode rural et les migrations vers l’Angola des hommes et des femmes en quête de bien-être…Avec la pauvreté et l’exclusion… Malgré tous ces facteurs sociaux et politiques, le Sida était considéré comme un problème purement médical. Il fallait changer cette vision étroite et nuisible. » « Pour beaucoup d’églises le Sida était la maladie de la honte, la maladie des immoraux. Et certaines églises et religieux persistent à promulguer cette idée jusqu’à ce jour. » 34 En septembre 1990 Thomas Matonga représente sa communauté auprès du CEK. Il participe activement à la formation d’une trentaine de leaders religieux du Synode provincial sur le VIH et le Sida. C’est ainsi que commence sa lutte personnelle. En 2002 il est un des initiateurs du projet Sida de la CEK, qui veut impliquer d’avantage les dirigeants religieux dans la lutte contre la pandémie et dans la réflexion théologique sur le Sida. Ce projet continue jusqu’à ce jour. Briser avec la honte Mais le travail du CEK couvre bien plus que l’église ou la communauté religieuse. « Après une visite en Ouganda j’étais frappé par l’ampleur des effets dévastateurs du Sida. Mais aussi par la bonne implication du gouvernement et des organisations chrétiennes à lutter contre ce fléau. De retour, nous avons organisé la formation de 52 paires éducateurs parmi les enseignants, les infirmières, les pasteurs et les leaders féministes. Tout ça avec un seul objectif : briser le silence autour du Sida, la honte et le tabou, inviter et aider les gens à parler du Sida et de la sexualité. On donnait aux animateurs et éducateurs formés les outils pour briser ce silence et cette peur. Dans une société ancrée dans la tradition, comme celle des Yakas, c’était une tâche délicate et très difficile, surtout pour beaucoup d’hommes et de femmes de l’église. » Comment réunir la pensée théologique plutôt conservatrice avec une lutte social plutôt à l’avant-garde de la société ? En tissant la réflexion sur le sida dans le cœur même de l’éducation religieuse et en impliquant l’église dans l’action social. Thomas Matonga : « En 2004 nous avons commencé à introduire le thème du Sida dans le cours théologique des écoles bibliques et théologiens du pays. Dans la région du Kwango cela nous a permit d’entamer la discussion avec 40 leaders religieux, dont neuf sont des femmes. » Cette réflexion dans la communauté religieuse du Kwango à aboutie dans une déclaration finale puissante : • Il faut briser le silence et la honte de parler du sida lors des cultes. Dans chaque culte du dimanche au moins 10 minutes doivent etre dédiées au thème du Sida. • If faut promouvoir l’utilisation du préservatif dans la prévention du Sida pour des couples discordants ainsi que pour la planification familiale. • Il faut combattre la stigmatisation, le rejet et le déni attaché au VIH/Sida. Toute personne infectée ou affectée par le VIH souffre de ces formes d’agressions sociales. • Il faut promouvoir les soins et la prise en charge psychosociale des personnes vivant avec le VIH ou affectées par de Sida. Dans la même année, le CEK a introduit des programmes de dépistage du VIH pour la sécurité transfusionnelle dans 9 centres et un hôpital et a distribué quelque 10.000 préservatifs. Le nom de séminaire de formation des leaders religieux du Bas-Congo que le CEK et l’Initiative Oecuménique organisent est clair : ‘l’Eglise du Bas-Congo est séropositive’. Partager Le pasteur Matonga attache une grande importance à la multiplication des bonnes initiatives et approches dans la lutte contre le VIH/sida. En 2007 il a partagé son expérience avec 36 leaders religieux des églises de Cabinda en Angola. Ainsi, le pasteur qui a récolté en Ouganda et dans sa propre communauté du Kwango, sème à son tour les bonnes pratiques de la lutte contre le Sida en Angola. Et en publiant ses idées dans ce livre, il partage son courage et son expérience avec vous. 35 Contact 25ème COMMUNAUTE EVANGELIQUE DU KWANGO /PROJET SIDA CEK B.P. 4830 Kinshasa-Gombe E-mail : [email protected] MATONGA MVWAMBA, Thomas Pasteur et Coordonateur du Projet Adresse postale : B.P. 4830 KINSHASA-GOMBE Adresse E-mail : [email protected] Téléphone : (243) 99 82 92 271 La ‘taille unique pour tous les syndromes’ semble être la règle Cameroon Baptist Convention Health Board (CBCHB) Le Chosen Children Program (CCP) fait parti du Cameroon Baptist Convention Health Board - AIDS Care and Prevention Program (CBCHB – ACP). Le programme s’occupe actuellement d’environ 1000 orphelins dans deux provinces dans le nord ouest et le sud ouest du Cameroun mais de nombreux autres orphelins (presque 3000) y sont inscrits. Le programme soutient des familles qui ont acceptées de prendre en charge des orphelins. Le CCP ne travaille pas avec les orphelinats. Le programme veut que les enfants répondent à leurs besoins affectifs dans leurs cadres culturels. 36 Le CCP ne traite pas directement avec les enfants mais travaille avec les familles soignantes inscrites. Des ateliers sont organisés annuellement pour former les soignants et pour que les uns puissent apprendre des autres sur des sujets tels que le soutien psychosocial, l’hygiène et la stérilisation, l’alimentation et la nutrition, la volonté, les droits de propriété des orphelins, les premiers secours, les activités récréatives à domicile pour l’intégration des enfants, les soins à la santé, le développement et l’entretien des enfants. Nkufusai Joseph Fonyuy : « Le débat au sujet du sida est plus politique que pratique. La ‘taille unique pour tous les syndromes’ semble être la règle. Ceci est regrettable étant donné que chaque communauté ou société est unique et que le sort de ses orphelins devrait être géré en tant que tel. Les vrais acteurs, ceux qui sont impliqués dans la prise en charge des orphelins sont négligés dans la plupart des cas et, en tant que tel, ce qui est fait pour eux est en deçà de ce dont ils ont réellement besoin. Il y a trois ans, durant la 16ème Conférence sur le Sida à Toronto, les enfants étaient considérés comme étant la ‘face cachée de la pandémie du sida’. Les activistes, les scientifiques et les médecins ont poussé pour obtenir de la prévention, des soins, l’accès au traitement mais ils oublient bien souvent les enfants. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est qu’au sein de ce groupe oublié, le déséquilibre entre les sexes et la discrimination dominent encore. La vie d’une jeune fille est aggravée par les croyances et les traditions culturelles. Le mantra souvent scandé de ‘l’abstinence, la fidélité et l’utilisation du préservatif’ n’est pas aussi simple que l’alphabet. Les filles ont peu de choix même si elles veulent être fidèles, s’abstenir ou s’assurer que les hommes utilisent des préservatifs. Le CCP ne travaille-t-il pas avec les orphelinats? « Nous pensons que les orphelinats ne répondent pas aux besoins affectifs des enfants et il n’y a pas de place pour la durabilité. C’est pourquoi nous avons choisi de travaillé avec des parents d’accueil et de travailler avec les communautés qui les instruisent sur le sort des orphelins. Nous avons utilisé des normes culturelles telles que le dicton camerounais selon lequel ‘l’enfant appartient à la mère dans l’utérus mais lorsqu’il naît il appartient à tout le monde’ ». Donner des soins peut fortement submerger… « Chaque jour le nombre d’orphelins augmente et nous avons des ressources très limitées pour répondre à leurs besoins. Qui parle des soins aux soignants? La plupart d’entre eux sont des grand-mères et des grandpères. Il est vrai qu’un soignant fatigué ne peut pas apporter des soins de qualité. Le travail sur le VIH et le SIDA est très stressant, principalement pour le personnel de première ligne. Procurer des soins est une activité humanitaire et requière un engagement et un sacrifice personnel. Ce n’est pas n’importe qui qui peut pas travailler dans ce programme. Le programme accepte les personnes qui ont de la sympathie et de la passion pour les autres et aussi celles qui ont été affectées par une manière ou un autre. Il ne peut pas être effectué par profits car les résultats ne se mesurent pas en termes monétaires. Les résultats finaux peuvent se voir par la santé des enfants, leur niveau d’éducation, leur bien-être et leur changement d’état lorsque certains ont été capables de se débrouiller par eux-mêmes et le support des autres. » La stigmatisation et le déni « Lorsque nous avons commencé nous avons été confrontés à une importante stigmatisation, principalement avec le nom du programme. Nous l’avons d’abord appelé Aids Orphan Program. Après un certain temps, nous nous sommes rendus compte que de nombreuses personnes ne venaient pas inscrire d’enfants. La création de la famille soignante a aidé à résoudre ce problème. Avec leur aide nous avons changé le nom d’Aids 37 Orphans en « Chosen Children Program ». Puis, plus de personnes sont venues avec des enfants et, durant les réunions, elles se sont ouvertes aux autres. Beaucoup d’entre elles ont confirmées qu’elles se sentaient à l’aise après avoir partagé leurs expériences et les problèmes liés aux enfants avec d’autres familles soignantes. Certaines d’entre elles avaient l’habitude d’être très tristes, rendant également tristes les enfants, mais heureusement ce n’est plus le cas aujourd’hui. En soutenant les enfants indirectement par la famille soignante, il n’y a pas de stigmatisation au niveau des soins à la santé et de l’école. Par exemple, si nous payions directement les frais de scolarité, les professeurs seraient au courant et ceci pourrait être une source de stigmatisation pour les enfants étant donné que les professeurs parfois parlent de ça ouvertement. Les plus grandes inquiétudes des personnes vivant avec le VIH/sida sont liées à leurs enfants. S’ils obtiennent l’assurance d’un soutien pour leurs enfants, une lourde charge est enlevée de leurs esprits. Il est donc très important de fournir aux orphelins et aux enfants vulnérables des services étant donné que cela aide à la fois l’enfant et le client ». Contact Soin et prévention au sujet du Sida/ Programme de soin pour les orphelins Nkfusai Joseph Fonyuy, surveillant général du CBCHB P.O. Box 1 Bamenda, Province du Nord Ouest Cameroun [email protected] Le premier centre de dépistage du VIH au Sénégal : anonyme et gratuit Sida Service Catholic aids organisation - Senegal Sida Service est une organisation catholique de lutte contre le Sida au Sénégal. Elle est crée en Mars 1992 et compte environ 500 membres actifs (dont une vingtaine de salariés) répartis dans le sept diocèses du Sénégal, mais aussi en Guinée Bissau et en Gambie. 38 Sida Service est membre fondateur de l’Alliance Nationale des Religieux et Experts Médicaux contre le Sida, qui réunit des acteurs et des leaders religieux chrétiens et musulmans. Sida Service est également membre de l’Observation de la Réponse à l’Epidémie au Sénégal. Depuis sa création Sida Service mène des activités de prévention, de dépistage du VIH anonyme et gratuit et de prise en charge psychosociale et médicale des personnes vivant avec le VIH ainsi que des orphelins et enfants vulnérables. Elle organise des formations et mène un plaidoyer continu auprès des politiciens et des leaders religieux, notamment catholiques. Paul Sagna nous explique : « Nous avons 23 antennes fonctionnelles qui couvrent toute l’étendue du pays. En même temps Sida Service travaille en étroite collaboration avec le Centre de la Santé Cardinal Hyacinthe Thiandoum. Ce centre abrite notre siège national et aussi le premier centre de dépistage du VIH au Sénégal, qui est volontaire, anonyme et gratuit. » Services intégrés « Nous avons les moyens, les ressources humaines et l’expertise qui permettent d’intégrer tous les services importants à toute personne ayant un souci quelconque lié au VIH ou au Sida : l’écoute, l’orientation, le conseil pré et post test, le dépistage, la prise en charge psychosociale et médicale. Le traitement médical inclut le traitement des infections opportunistes, les consultations, les ordonnances et la dispensation d’ARV. Puis il y a l’accompagnement nutritionnel, scolaire et spirituel… » Tous les milieux Quelles sont les personnes bénéficiaires des prestations du Sida Service ? Sagna : « Celles qui sont le plus atteint et le plus vulnérables. Les jeunes, les enfants, les femmes, ceux qui vivent avec le virus. Mais aussi les populations carcérales, les travailleuses de sexe et les homosexuels. Dans la population générale il y a une prévalence d’environ 0.7%, mais parmi travailleuses de sexe et les homosexuels la prévalence du Sida varie entre 20 et 30%. Donc Sida Service mène son action chez toutes ces personnes et dans tous ces milieux. » L’approche de Sida Service a permit à l’Eglise Catholique de capitaliser ces actions de lutte contre le Sida. Paul Sagna : « En effet, les évêques de toute l’Afrique ont adopté en Octobre 2008 un plan d’action catholique de lutte contre le Sida, qui s’inspire du modèle de Sida Service. Même les normes et les protocoles du dépistage au Sénégal ont été élaborés à partir de la pratique de Sida Service. » Quelques chiffres… Sida Service a sensibilisé plus de trois millions de jeunes, femmes, hommes, religieux et non religieux au Sénégal. Elle a fait le dépistage volontaire et anonyme à plus de 100.000 personnes depuis l’an 2000. Environ 800 personnes sont prises en charge aujourd’hui par Sida Service, bénéficiant d’aide médical, psychosocial, nutritionnel et scolaire. Contact Sida Service Paul Sagna [email protected] [email protected] 39 ‘Le professionnalisme et le sens de la famille catholique ne vont pas toujours de pair’ Caritas-Développement Congo Depuis plus de deux ans, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) est engagée dans un processus de consolidation de la réponse de l’Eglise catholique face à l’épidémie liée à l’infection par le VIH. Un Programme d’Actions « Orientations Pastorales de la CENCO dans la lutte contre le VIH en RDC » est le résultat des consultations diocésaines et provinciales qui ont permis de préciser la nature et l’ampleur des problèmes et de définir les besoins au niveau des diocèses ainsi que les activités prioritaires pour l’opérationnalisation des Orientations Pastorales. Les actions proposées dans ce document placent la personne humaine au centre de l’analyse et l’espoir au centre de la réponse. 40 Ces actions mettent un accent particulier sur le renforcement des réponses des communautés locales basée sur : • la préocupation pour ceux qui souffrent et, en particulier, envers les personnes qui vivent avec le VIH ou qui en sont affectées ; • a gestion positive de la sexualité et l’adoption des attitudes de foi, de charité et d’espérance - le souci de l’équité et du partenariat respectueux des valeurs chrétiennes de l’Eglise catholique. Le plan national d’approche pour l’église a été présenté aux acteurs internationaux et nationaux de la lutte contre le SIDA durant une importante réunion des bailleurs de fonds au mois de mai 2009, afin d’obtenir du soutien et des financements. La réponse a été très positive et il revient maintenant à Caritas Congo de faire des affaires avec les bailleurs de fonds et de convertir l’enthousiasme en action. Remco van der Veen, Chef d’Equipe du secteur de la Santé et du Bien-être d’Afrique Centrale et Occidentale de Cordaid La réunion générale avec plus de cinquante évêques congolais qui a eu lieu à Kinshasa au printemps 2008 a été tout à fait passionnante . Le programme a présenté un rapport remarquable concernant le SIDA, rédigé après de longues discussions dans les diocèses au sujet des conséquences du VIH/SIDA. A la table, entre les évêques il y avait également des paroissiens infectés par le SIDA et, par exemple, un couple séropositif. Ils voulaient parler de leur envie d’avoir des enfants avec les évêques. D’autres ont parlé de la discrimination dans leur paroisse ou de leur surmenage à s’occuper des membres de la famille. « Nous avons voulu confronter les évêques avec les personnes que cela concerne, leurs dilemmes et leur douleur » a dit Remco van der Veen de Cordaid. « En fin de compte, la réunion a été réussie en partie. Deux jours ont été réservés au sujet et après le trois quart d’une journée seulement nous avons dû partir car d’autres sujets du programme ont soudainement été prioritaires. Achever un programme de deux jours en une demi-journée était impossible et une grande partie de la préparation avait été vaine. Cependant, nous avons néanmoins reçu le mandat pour rédiger un plan d’approche avec Caritas Congo pour le synode des évêques. » Ce plan a maintenant été rédigé. En collaboration avec Caritas Congo et Cordaid, ce qui est nécessaire au niveau local pour renforcer le rôle de l’église dans la lutte contre le SIDA a été discuté dans tous les diocèses. Le plan décrit directement les problèmes liés au VIH/ SIDA, de la pauvreté à la stigmatisation, la violence sexuelle et de guerre et les tabous culturels qui privent les femmes de leurs chances et de leurs choix. « Pour ces discussions, nous avons préalablement formé des personnes afin de continuer à poser des questions et d’aider à briser la honte et la stigmatisation. » Durant la conférence internationale des bailleurs de fonds au printemps 2009 au Congo, ‘l’utilisation du préservatif’, comme Remco van der Veen le nomme, a été abordé brièvement et le sujet n’a, heureusement pas dominé la réunion. « Tant d’autres choses entrent en compte dans la lutte contre le SIDA et nous ne devons pas nous perdre dans la question du préservatif quelqu’en soit son importance. » Ouvert et transparent En République Démocratique du Congo Cordaid a été choisi comme le ‘principal bénéficiaire’du Fond Mondial pour un certain nombre d’activités concernant le SIDA. Il s’agit d’un montant considérable de 15 millions d’euros mais il est prévu pour un immense pays et pour une période de 5 ans. Les activités, comme décrites dans le plan de l’approche de Caritas, s’insèrent bien dans l’ensemble des activités desquelles Cordaid est responsable. Cependant, il n’est actuellement pas encore clair qui recevra l’argent. Plus d’une centaine d’organisations se sont portées candidates auprès 41 Contact Caritas-Développement Congo 26 Av. Basoko - Kinshasa - Gombe [email protected] privé: [email protected] t +243 815261783 www.caritasdev.cd de Cordaid. « Le Fond Mondial est un bauilleur international et la transparence, une responsabilité saine et, par dessus tout, de bons résultats sont d’une importance capitale. Les candidats au Congo doivent actuellement satisfaire des conditions strictes afin d’être éligibles. Nous avons créé un comité de sélection indépendant au Congo comprenant également des personnes provenant des programmes nationaux pour le SIDA, des organisations sociales et des représentants des patients atteints du SIDA. C’est une nouveauté qu’au Congo les bailleurs de fonds soient traités avec cette ouverture et transparence. Je suis très fier de ça. » Remco van der Veen ne s’attend pas à ce que les subventions de l’automne 2009 se fassent pas sans lutte. « Vous voyez, l’église au Congo se base sur un vieux sens de famille avec Cordaid. Mais après ça ne sera pas comme ça dans le comité. Suite à sa candidature, chaque organisation doit montrer son point fort. Vous devez coopérer, distribuer des tâches et bien présenter vos propres plans. La qualité des services livrés et qui doivent être livrés est le point central. En fin de compte, Cordaid, veut que l’église prenne en charge notre rôle en tant qu’organisation internationale. L’église est douée pour les soins mais ne distribuera pas de préservatifs ce qui peut, par exemple, être fait par Cordaid ou une autre organisation. Les partenariats sont importants. Dans ce travail, nous ne pouvons pas réussir tous seuls. Je vois que Cordaid peut rendre le travail des diocèses visibles dans les yeux des bailleurs de fonds alors que la participation vivante ascendante dans les diocèses peut rapprocher Cordaid de la réalité. De cette façon vous êtes significatifs les uns pour les autres ». Remco van der Veen espère que la coopération nationale dans l’église catholique au Congo se poursuivra. « La question est de savoir si les différentes parties dans l’église montrent de la volonté et de la capacité pour transcender leurs concurrences mutuelles. Si vous agissez au niveau national dans la lutte contre le SIDA alors vous devez céder certains de vos propres pouvoirs et intérêts pour le bien commun. Les questions telles que ‘qui contrôle l’argent’ ou ‘qui reçoit quelle pourcentage en remboursement des frais’ se retrouveront en arrière-plan et obtenir de bons résultats pour les personnes sera alors le point central. ‘La preuve du pudding, c’est qu’on le mange’ disent les britanniques. Le pudding est prêt mais il n’a toujours pas été mangé au Congo. » 42 Lutter contre les quotidiens populaires JournAids – Malawi S’aventurer dans l’activisme du sida peut être une entreprise laborieuse. Et courageuse. Prenez l’exemple de Chinyeke Tembo, un journaliste très en vue au Malawi qui en a eu assez des quotidiens populaires dans son métier et des reportages sensationnels de la politique dans son pays. « Pourquoi continuer à écrire sur des sujets anodins à sensation si les journalistes qui m’entourent étaient en train de mourir du SIDA par douzaines, privant le pays de ses plus grands génies médiatiques? » Le fait que les médias imprimés et électroniques au Malawi ne parlaient presque pas des sujets portant sur le VIH et le SIDA était tout simplement consternant. Chinyeke a donc décidé de lutter tout seul contre le mépris face au VIH et au SIDA. Avec les fonds qu’il réussit à obtenir, il organisa des ateliers sur le SIDA pour les journalistes. Ceci a eu lieu en 2002. Le Zimbabwe, où sa première organisation donatrice est établie, bascule alors dans un chaos économique et social et Chinyeke doit tout recommencer. Pas de bureau, pas de personnel, pas de financement « Je crée le JAAIDS, l’Association des Journalistes Contre le Sida. Nous avons commencé à travailler avec des sébiles. La plupart des bailleurs de fonds avec des politiques complexes n’étaient pas prêts à financer l’organisation. Nous n’avions pas de bureau, pas de personnel ou d’autres exigences que les bailleurs de fonds requiert avant même d’envisager un financement. Nous n’étions que des journalistes avec de la volonté qui ont commencé à publier Positive Voices, une lettre d’informations. » Table ronde Positive Voices est une publication qui se propage et qui commence à fonctionner. En quelques années, le Lilongwe Press Club nous a proposé des locaux de bureaux et d’autres partenaires ont commencé à ouvrir leurs caisses. A un moment, le JAAIDS a été financé pour organiser une table ronde afin discuter du rôle du clergé dans la lutte contre le VIH et le SIDA au Malawi ainsi que de la participation de l’église en faveur de l’utilisation des préservatifs. La Faculté de Médecine et le Département du VIH et du SIDA et de la Nutrition participent également activement. Quelques journalistes voulant créer un réseau de fonctionnaires gouvernementaux, l’église, des médecins, les médias et d’autres acteurs de la société civile, autour d’un sujet sensible que la plupart des officiels veulent ignorer… pas mal! Chinyeke: « L’année dernière nous avons changé de nom et sommes devenus le JournAIDS-Malawi. Aujourd’hui, nous travaillons dans les domaines du sexe, du VIH et du SIDA, de la santé sexuelle, les droits de l’homme et la sécurité alimentaire. Ces problèmes sont liés et nous nous opposons à eux par le soutien, la mise en réseau, la diffusion de l’information, le renforcement des capacités et l’éducation civique. » 43 Avant tout, il s’agit de la pauvreté « Durant mes années d’activisme dans le SIDA, ce facteur m’a toujours poussé à travailler plus: ce n’est pas tant la sexualité qui provoque la propagation de la maladie mais la pauvreté. La pauvreté est l’un des facteurs principaux contribuant à propager le VIH et le SIDA. Les personnes et communautés vulnérables et marginalisées sont frappées le plus durement. C’est la raison pour laquelle nous travaillons avant tout avec elles. C’est leur voix que j’écoute et leurs histoires que j’écris. » Contact Journalists Association Against AIDS (JournAIDS-Malawi) Chinyeke Tembo Private Bag 217, Lilongwe, Malawi Phone: + (265) 9 694 832/8 734 667 Email: [email protected] www.journaidsmalawi.co.cc Colophon Octobre 2009 Cordaid Lutherse Burgwal 10 2512 CB La Haye, Pays-Bas Boîte postale 16440 2500 BK La Haye, Pays-Bas Téléphone +31 (0)70 3136 300 Fax +31 (0)70 3136 301 www.cordaid.nl Texte et édition finale: Barbara Berger, X-Borders Traduction: Creapro Photo: Cordaid Conception: IDlab Impression: KORO Cette publication présente le travail de deux gagnants et d’une sélection de participants qui ont été nommés pour le premier Cordaid Aids Award 2008. Pour de plus amples informations ou une version numérique, veuillez consulter www. cordaid.nl