Texte sur l`ombre

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Texte sur l`ombre
L’enfant et son Ombre :
Pédagogie du théâtre d’ombre pour l’enfant
1°) Une petite histoire
De toutes les formes de spectacle vivant, le théâtre d’ombre est sans aucun doute l’une des
plus anciennes. Et peut-être aussi la plus méconnue du grand public ! Pourtant, il n’en fut pas
toujours ainsi...
Son histoire remonte au premier millénaire (sans doute même avant), et prend ses origines en
Indonésie. Le terme indonésien utilisé pour désigner le théâtre est Wayang ; il est intéressant
d’en connaître la traduction littérale : ombre ! Parce que l’ombre est le média absolu entre le
monde des morts et le monde des vivants, le monde des esprits, des dieux et le monde des
hommes, elle est la forme absolue de la représentation artistique. Populaire de l’Indonésie à la
Chine, du Cambodge à la Thaïlande, de la Turquie à la Grèce elle est chargée d’une aura
spirituelle, parfois chamanique, religieuse, culturelle et revendicative.
En Europe et en France, elle peuple les cabarets satyriques tel que « Le Chat Noir », avant
d’être utilisé pour un jeune public. Michel Ocelot a repris la technique d’ombre pour son film
« Princes et princesses », avant de créer son « Kirikou et la sorcière ».
Ombres noires ou en couleurs, fixes ou articulées, plaquées ou projetées, plates ou en trois
dimensions, elle offre des possibilités des plus diverses, changeant de taille ou d’angle de vue
à volonté. Elle permet nombre d’effets que l’on ne retrouve qu’au cinéma.
Son média est d’ailleurs le même : l’écran.
2°) L’enfant et son Ombre
Qui n’a pas, en marchant, surpris son ombre, et tenté de l’attraper ? Qui ne s’est pas interrogé
sur cette étrange chose qui nous appartient et nous échappe à la fois ? De la caverne de Platon
au monde des songes propre à chacun, l’ombre voile et révèle les mystères du monde.
D’où vient cette ombre ? Que nous dit-elle ? Où va t’elle lorsqu’on ne la voit plus ?
Parce que ces questionnements d’enfants sont les mêmes que ceux des artistes qui créent des
spectacles d’ombre, cette forme artistique est la plus proche du jeune public.
Toute forme artistique contient une pédagogie adaptée à l’enfant : dans l’approche de la
communication, le développement de son imaginaire, de la confiance en soi.
L’art théâtral, par excellence, permet une approche vivante du livre et du travail en groupe.
Mais l’ombre a ceci de plus que toute autre discipline, en ce qu’elle s’offre concrètement à la
compréhension de l’enfant. Sa technique est d’une approche simple, ses contingences sont
applicables immédiatement. Nous avons pu en faire l’expérience lors de différents stages ou
ateliers menés autour du théâtre, de la marionnette et l’ombre.
Il est important qu’aucun obstacle technique ne vienne entraver le processus pédagogique que
l’intervenant souhaite mettre en place. La difficulté, en un mot, ne doit pas rebuter l’enfant
mais l’aider à aller plus loin.
L’ombre est donc adaptée à l’enfant pour plusieurs raisons :
L’ombre possède un médian qui est universellement et culturellement connu et reconnu :
l’écran. Parce que l’ombre se pratique derrière un écran, l’enfant étant caché des spectateurs,
il intègre obligatoirement la notion de distanciation, de séparation entre le soi faisant, la chose
faite au présent et l’objet artistique que la production devient. Là où l’ombre est judicieuse,
c’est qu’elle oblige l’enfant à comprendre et à agir dans et sur cet écran (qu’il subit avec la
télévision ou les jeux vidéo le plus souvent). Il soumet cet écran, selon des règles, à sa
fantaisie, en faisant apparaître, évoluer ou disparaître des personnages dont il agrandit ou
rétrécit à volonté les dimensions. La marionnette, bien que plus évoluée du point de vue de
l’articulation et de la reproduction d’un mouvement naturel, ne permet pas cette liberté.
En outre, son exigence de technicité est trop grande pour l’enfant.
L’enfant apprend donc les langages de l’écran (et par conséquent de l’image, du cinéma, du
tableau) en usant de l’entrée, de la sortie, du cadre et du hors cadre.
L’enfant étant caché derrière l’écran, il investit physiquement ce que distance et mise en
représentation signifient.
Ainsi, il peut projeter son monde en direction des autres.
Les Silhouettes :
De la simple silhouette de papier à l’ombre à clavier, il existe de multiples techniques de
manipulation, donnant des ombres à transformation, à mouvements simples ou complexes.
Dans le cadre d’un atelier de découverte, chaque ombre possédera une articulation simple,
Tenant compte de l’âge de l’enfant et de sa dextérité.
A l’enfant ensuite de rencontrer son personnage, et d’agir à travers lui en respectant sa
spécificité (mouvement, caractère, voix, force et faiblesse), et de communiquer en fonction de
lui, avec les autres.
Le répertoire :
Des « Histoires comme ça » de Kipling, aux contes chinois, des rencontres d’animaux parlant
de la différence, il existe de nombreux contes à transformation dans lequel nous pouvons
puiser. A noter que de tous temps, le répertoire privilégié de l’ombre appartient aux mythes et
légendes des pays du monde.
Ombres plaquées
Ombres plaquées
Du point de vue du spectateur !
Ombres articulées
Ombres projetées
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