Martin Spreng. Sculpteur d`or et de matières Sculpture à porter

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Martin Spreng. Sculpteur d`or et de matières Sculpture à porter
Martin Spreng. Sculpteur d'or et de matières
Sculpture à porter ? Bijou d'esprit arty ? La frontière peut paraître infime et relever de la pure
rhétorique tant la nouvelle mouvance de créateurs joailliers actuellement sur le marché oscille
en permanence entre démarche purement artistique et appropriation des codes techniques
propres à l'univers de l'orfèvrerie/joaillerie. Certes, l'interrogation a tout, à priori, du
questionnement aussi inutile que vain.
Sauf qu'à bien considérer la manière qu'à Martin Spreng d'aborder le domaine à travers ses
pièces uniques, on se dit que sa détermination à ne pas s'encombrer des contraintes
techniques, sa façon de sculpter en force et de laisser volontairement l'empreinte de sa main,
sa radicalité dans ses volumes et ses alliages de matériaux, son refus de céder à la facilité de
concevoir du bijou plaisant à l'œil mais dénué de sens véritablement créatif, font du
bonhomme un véritable hybride. Et c'est sans nul doute son parti-pris de se trouver tel le
funambule sans filet sur cet espace ténu délimitant l'art en majuscules à ceux communément
appelés décoratifs ou appliqués qui a séduit et convaincu les membres du jury réunis par la
galerie Elsa Vanier à l'occasion du concours « Noces de bois » mis en place à l'occasion de
ses cinq années d'existence pour lui décerner le premier prix.
Spreng avait choisi d'y présenter une broche mixant ébène du Gabon courbé et sculpté, argent
ciselé et poinçonné, « bulles » en or jaune rivetées. Une époustouflante combinaison de
prouesse technique (courber un matériau comme l'ébène s'avère en effet un véritable cassetête et implique un collage multi couches pour éviter qu'il ne se casse) et d'impact visuel dû à
son aspect marqueterie témoignant d'une « patte » venue d'ailleurs. En l'occurrence de
l'ébénisterie, domaine où celui né à Munich en 1957 et venu en France à l'aube des années
1980 par passion pour la culture et les traditions artistiques propres à notre Hexagone, a
exercé et exerce encore depuis trois décennies.
L'héritage du père
Fils du sculpteur Vlasius Spreng dans l'atelier duquel, enfant, il était en permanence fourré,
petit-fils d'un grand-père ébéniste jamais connu et, du côté maternel, d'un grand-père
architecte, le jeune Martin a donc baigné dès le berceau dans le grand bain de la création.
Adolescent pourtant, cherchant à échapper à l'influence paternelle, il décide de s'orienter sur
des études en bio-chimie. Mais très vite, réalisant que ce genre de voie s'avérait par trop
abstraite pour son esprit axé sur le concret du manuel, parce qu'aussi « bon sang ne saurait
mentir », le voilà à marcher sur les traces de son père. Lequel, avant de s'adonner corps et âme
à la sculpture, exerçait la profession de … bijoutier !
« Toute mon enfance, je l'ai vu faire des bijoux en or fin. Il en concevait les empreintes puis
en confiait la production à des orfèvres ».
Martin Spreng hésite un temps entre entamer un apprentissage en orfèvrerie et se rapprocher
de l'activité de sculpteur de son géniteur par le biais d'une initiation à l'ébénisterie. Après
réflexion, mû par le désir de vouloir s'exprimer sur des surfaces autrement plus importantes
que celles, réduites, des bijoux, il opte pour un apprentissage dans un atelier d'ébénistes de
Munich. Il y reste deux ans avant de partir pour la France. Pays envers lequel sa grand-mère
francophile et francophone lui a inculqué l'amour au point de l'amener à passer son
baccalauréat dans la langue de Molière et qu'il connaît bien pour y passer régulièrement ses
vacances depuis l'âge de quatorze ans. Autant d'atouts qui lui permettent de pouvoir intégrer
deux ateliers très réputés du faubourg Saint-Antoine pour leur virtuosité à fabriquer des
copies de meubles anciens de très haut niveau. Il y apprend notamment la sculpture et la
marqueterie, deux disciplines dont il ne tarde pas à passer maître.
Un long parcours d'ébéniste
Sa route croise alors celle de Francis Ballu, ébéniste de formation et premier prix au concours
des meilleurs ouvriers de France, et de Rémi Colmet Daâge, architecte et ébéniste. Un « coup
de foudre » professionnel qui les amène à associer leur créativité et compétences sous le nom
de Xylos (bois en grec). Le trio, bientôt rejoint par un quatrième compère, Philippe Delaflotte
(qui s'en ira au bout de dix ans), ne tarde pas à se tailler une très belle réputation auprès des
collectionneurs internationaux pour leur production en pièce unique de mobilier et de décors
muraux aux lignes et aux marqueteries fortement sous influence de l'art contemporain. Il est
ainsi possible d'admirer un de leur panneau mural dans la pièce d'accueil qui se trouve devant
la grande salle du Conseil de la Mairie de Parie, un bas-relief exécuté pour Cartier à Aix-lesBains ou bien encore deux grands panneaux au Palais des Congrès de Stuttgart.
Une activité qui n'a jamais empêché Martin Spreng de réaliser en parallèle des bijoux, d'abord
en bois, puis, depuis une quinzaine d'années, en or. Ce qui l'avait d'ailleurs incité à suivre une
formation en bijouterie à l'école Nicolas Flamel afin d'apprendre les différentes techniques du
métier (dont le sertissage) et des cours de gemmologie. Il n'imaginait cependant pas
abandonner un jour sa casquette d'ébéniste au profit de celle de joaillier.
L'irrésistible appel de la joaillerie
En 2007, il organise un première exposition avec une douzaine de pièces exclusivement en or.
« A ce moment-là, je n'aimais pas les diamants et les pierres précieuses. Ce n'est qu'en
m'aventurant plus avant dans l'univers de la joaillerie que j'ai commencé peu à peu à m'y
intéresser et à les apprécier ».
Plus particulièrement attiré par les aigue-marine, les chrysobéryls, les opales et les rubis, celui
qui ne définit jamais totalement au départ ses créations en raison de son intervention constante
sur les matériaux comme peut le faire un sculpteur (ce qui lui a valu d'être baptisé « l'ébéniste
d'or » par la presse allemande), choisit ses pierres d'abord en fonction de la pulsion créative
qu'elles provoquent en lui. Et tant pis si certaines d'entre elles présentent un défaut de type
inclusion.
Consacrant depuis désormais un an quasiment toute son énergie à l'élaboration de son univers
de créateur-joaillier, Martin Spreng entend bien, à l'instar de la philosophie animant Xylos,
appliquer pleinement le principe de pièce unique. Des pièces vendues soit directement à une
clientèle de particuliers, soit par le biais de galeries spécialisées comme celle d'Elsa Vanier à
Paris.
Une volonté qui ne l'empêche toutefois pas de songer à la réalisation d'une mini série de
bijoux à base d'ébène et d'argent inspirés de la broche qui lui a permis d'attirer l'attention. Pas
vraiment de la diffusion, mais à des prix tout de même plus accessibles que ceux de ses
extraordinaires pièces uniques.
En savoir plus : www.martinspreng.com
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