spécial sport (7-10)

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spécial sport (7-10)
le délit
le seul journal francophone de l’Université McGill
delitfrancais.com
Publié par la société des publications du Daily,
une association étudiante de l’Université McGill
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Le mardi 20 mars 2012 | Volume 101 Numéro 21
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Hors de l’Histoire depuis 1977
Éditorial
Volume 101 Numéro 21
le délit
Le seul journal francophone
de l’Université McGill
[email protected]
L’Ouganda sans Kony
Anabel Cossette Civitella
Le Délit
L
e phénomène créé il y a deux semaines
par l’organisation étatsunienne Invisible
Children a créé une véritable commotion à travers le monde. La vidéo Kony 2012 se
concentre uniquement sur la capture du chef
des rebelles de la Lord’s Resistance Army (LRA)
de 1988 à 2006 et simplifie atrocement la situation de l’Ouganda et le rôle de la communauté internationale.
L’Ouganda est un petit pays d’Afrique
de l’est dont la population est comparable à
celle du Canada. Parce que chaque parcelle du
pays est occupée par l’homme, la plupart des
terres sont destinées à l’agriculture et les forêts
doivent être protégées, ou disparaître. Les parcs
nationaux pullulent pour mettre à profit les richesses naturelles. Dans ce pays situé à l’équateur, la jungle équatoriale côtoie la savane et
les merveilles naturelles attirent chaque année
plus de touristes.
Mais l’histoire de la «perle d’Afrique» ,
comme l’appelait Churchill, n’est pas rose et
c’est ce que veut montrer la vidéo Kony 2012.
Après la dictature d’Idi Amin Dada, voilà que
le XXIe siècle a choisi son combat en Ouganda:
l’opposition entre le gouvernement ougandais
et les rebelles de la LRA, la terrible réalité des
enfants-soldats.
La vidéo, qui appelle à la capture du leader
de la LRA Joseph Kony, présente cet homme
comme l’ennemi numéro un de l’humanité.
Pourtant, la LRA a été active en Ouganda de
1988 à 2006. C’est maintenant en République
démocratique du Congo et en République
centrafricaine que le groupe rebelle attaque et
détruit des vies.
Ce n’est pas que le sujet est périmé, je
n’oserais jamais dire que le mauvais traitement
d’enfants ne doit pas être abordé, mais on se
demande pourquoi l’enjeu des enfants-soldats
est mis sur la table en 2012, alors qu’Invisible
Children ne l’a pas fait entre 1988 et 2006. À
l’heure actuelle, Joseph Kony se terre probablement en RDC, dans un buisson de la frontière,
démuni et défait. Aujourd’hui, c’est plutôt la
LRA qu’il faut viser, et il faut l’attaquer en RDC.
Le film d’Invisible Children est donc sorti de
nulle part. Ou peut-être pas? L’appel de l’organisation est peut-être fondé sur un désir intrinsèque d’aider les jeunes Ougandais de la vidéo,
mais il faut demeurer prudent puisqu’une
mine d’or commence tout juste à être exploité
en Ouganda: le pétrole.
En créant une vidéo d’une trentaine de
minutes pour relancer l’intérêt pour un conflit
qui commence à s’éteindre, Kony 2012 détourne
l’attention de ce qui est fait ou pourrait être fait
2 Éditorial
comme développement en Ouganda, comme
si rien n’avait été fait jusqu’à présent. En fait,
la vidéo oublie qu’un nombre impressionnant
d’organisations de partout et de tous genres
se sont mobilisés dans le Nord du pays où se
déroulaient les conflits entre rebelles, citoyens
et armée ougandaise. D’ailleurs, la plupart sont
sur place pour de longues années encore.
L’histoire des enfants-soldats en Ouganda
est contée depuis très récement. D’ailleurs, il n’y
a pas plus que deux ans que le Nord du pays est
sécuritaire. Gulu, la métropole des organismes
de coopération internationale, vit encore des
«touristes humanitaires», même après la fin des
conflits. Quoique ce n’ait pas toujours été le
cas, la ville de Gulu est maintenant accueillante.
L’Université Concordia, par exemple, envoie
chaque année des étudiants par le biais de leur
Concordia Volunteer Abroad Program pour «développer des maisons durables» dans Gulu.
D’ailleurs, c’est dans Gulu que se retrouve
le joyau national de l’Ouganda en termes de solidarité internationale, de résistance aux rebelles,
de don de soi et de toutes les qualités requises
pour apprécier Kony 2012. St. Mary’s Hospital
Lacor, hôpital créé par Lucille Teasdale et Piero
Corti, est probablement l’établissement de santé le mieux géré de l’Ouganda et d’Afrique de
l’Est. Les deux Canadiens qui ont fondé l’hôpital au début des années 1960 en ont fait un établissement de renommée mondiale. Durant les
années d’Idi Amin Dada, et lors des frappes de
la LRA, les Ougandais se servaient de l’hôpital
comme d’une forteresse.
Ce qui est particulièrement impressionnant avec St. Mary’s c’est qu’il n’a rien à voir
avec l’aide humanitaire donnée par des organisations non-gouvernementales internationales
qui tâchent de se donner bonne conscience.
Même si le siège social de la fondation Lucille
Teasdale est basé à Montréal et dépend de donateurs, les administrateurs et tout le personnel
de l’hôpital sont Ougandais.
Il faut peut-être trouver Kony, mais il faut
aussi admettre que la vidéo oublie à peu près
tout de l’Ouganda, de la Lord’s Resistance Army
et des enjeux politiques actuels dans la région.
De plus, au-delà du simplisme du film,
il y a des erreurs factuelles évidentes qui me
chicotent et remettent en question la crédibilité du lot: l’Ouganda est en Afrique de l’Est, pas
en Afrique centrale.
Finalement, bien pensant, mauvais pensant, l’important c’est qu’on y pense? Non, je
crois que s’attaquer à l’organe malade, Joseph
Kony, ne génère pas la réflexion nécessaire chez
les «gens développés», soit le questionnement
de notre implication à corps perdus, les yeux
fermés, dans des causes qui nous semblent
nobles parce qu’elles sont ailleurs. x
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xle délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
Actualités
HAUSSE
Manifester a un prix
[email protected]
«1625 $ de hausse ça ne passe pas!» génère des coûts supplémentaires pour la
ville et le SPVM
Anabel Cossette Civitella
Le Délit
L
a Ville de Montréal et la
Service de police de la
ville de Montréal (SPVM)
ne peuvent pas donner de chiffres précis, mais les manifestations étudiantes des derniers
mois ont utilisé des moyens
additionnels qui apparaîtront
dans le prochain budget.
En entrevue avec La Presse
le 15 mars dernier, Michael
Applebaum,
président
du
comité exécutif à la Ville de
Montréal, soutenait que la ville
a relancé, à plusieurs reprises,
le gouvernement provincial
pour recevoir une «prime à la
métropole» de 35 millions de
dollars. «Montréal est la métropole du Québec et toutes les
manifestations y sont tenues.
Et il y a un coût. Quand nous
dépensons de l’argent pour
gérer ces manifestations, ça fait
mal à nos finances et ça veut
dire que des services de base
vont être mis à mal.» Dans le
contexte où le gouvernement
provincial se ferme à toute négociation avec les étudiants, le
coût des manifestations ira en
s’amplifiant après le 22 mars.
La mairie d’arrondissement Ville-Marie, qui regroupe
les quartiers chauds en temps
de manifestations, explique
qu’«à cette période-ci de l’année, le remplissage de nids-depoule et le nettoyage manuel
de la neige en d’autres endroits
que la manifestation, sont des
tâches mises en bas des priorités des employés de la ville
lorsqu’arrive une manifestation». Ainsi, lorsque les cols
bleus sont appelés à nettoyer
les lieux d’une manifestation,
c’est d’autres tâches qui en
souffrent.
Durant l’hiver, la Ville de
Montréal a des cols bleus prêts
jour et nuit à cause de la possibilité de neige, il n’y a donc pas
de ressources supplémentaires
mobilisées.
Pour ce qui est des montants totaux des manifestations
de novembre et de mars, ni la
Ville ni le SPVM ne peuvent
chiffrer l’ampleur des coûts. Le
SPVM ne fait pas de bilan à miparcours des manifestations.
Il précise que «les coût supplémentaires surviennent avec
l’implication de la cavalerie,
les unités d’intervention, mais
tout cela reste difficile à calculer et des bilans ne sont pas fait
automatiquement après chaque
événement ».
Les étudiants qui s’opposent à la hausse de frais de
scolarité sont non seulement
dans les rues, ils boycottent
aussi les bâtiments universitaires. L’Université du Québec
à Montréal (UQAM) doit elle
aussi pallier aux activités des
manifestants.
Les coûts engendrés par les
manifestations sont de natures
diverses et ceux de prévention,
de sécurité et de nettoyage des
pavillons vandalisés laisseront
Photo: Nicolas Quiazua
leur marque dans la nouvelle
année budgétaire. «L’université
devra aussi pallier aux coûts de
la prolongation de la session,
notamment les salaire des chargés de cours», prévoit l’UQAM.
Malgré le boycott d’une
majorité de ses étudiants,
l’UQAM fonctionne à plein
régime, que ce soit au niveau
du personnel d’entretien, du
chauffage ou de l’éclairage.
D’ailleurs, tous les pavillons
continuent à être occupés, par
le personnel administratif et
par certains étudiants (dont
ceux de l’ESG UQAM) qui ne
sont pas en boycott. x
CAMPUS
Libre expression à McGill
Le deuxième forum sur la liberté d’expression organisé par Christopher
Manfredi, doyen de la Faculté des arts, n’a pas rameuté les foules.
Camille Gris Roy
Le Délit
À
l’image du premier de la
série, l’Open Forum qui
s’est tenu dans la petite
salle du deuxième étage de l’édifice de l’AÉUM comptait à peine
une quarantaine de personnes,
et parmi elles, même pas une
dizaine d’étudiants étaient présents.
Pourtant Josh Redel, membre du groupe consultatif, s’est
dit satisfait. «Cette rencontre a
été beaucoup plus productive
que le précédente, on a eu de
bonnes conversations», a-t-il
déclaré après l’événement. «Le
plus important, ce n’est pas le
nombre de personnes qui prennent la parole, mais la diversité des points de vue», soutient
Christopher Manfredi.
En ce sens, l’objectif premier
de ce forum, à savoir le «rassemblement de la diversité de l’université», aurait été rempli. «Cette
assemblée est unique», fait remarquer Josh Redel, expliquant
3 Actualités
qu’il est rare de voir des professeurs, membres du personnel, et
étudiants rassemblés dans une
même salle. Rappelons également que la principale Heather
Munroe-Blum, bien qu’elle ne
soit pas intervenue dans le débat, était présente.
La discussion a essentiellement tourné autour des grandes questions soulevées dans le
rapport Jutras. En particulier, la
question d’un espace spécialement dédié à la libre expression
a été largement explorée.
Lorenz Lüthi, professeur au
département d’Histoire, a rappelé que l’université est l’endroit
où les jeunes apprennent à devenir des citoyens responsables et
critiques. Pour lui, «un espace
spécifique pour manifester va à
l’encontre de l’esprit de l’université.».
Un étudiant a, au contraire,
suggéré de déterminer un lieu
où la libre expression serait
interdite. Cela reviendrait, au
final, à définir le reste de l’espace comme libre. Mais plusieurs
personnes ont soutenu qu’une
telle initiative ne serait pas bien
accueillie.
Puisque le forum devait traiter de la «libre expression» et de
«l’assemblée pacifique», il a également été question de la définition de ces termes. Par ailleurs,
la discussion a traité, plus généralement, des problèmes liés à
la réaction de McGill suite aux
récents événements.
Selon Lorenz Lüthi, il faut
repenser la façon dont doit réagir l’université: «Le problème,
c’est que chaque événement de
ce campus qui n’est pas prévisible est considéré comme une
menace. Mais une petite manifestation n’est pas une menace.»
D’autre part, pour Haley
Dinel, étudiante membre du
groupe consultatif, on discute
trop de la manière dont les gens
expriment leur mécontentement, mais pas assez des raisons
pour lesquelles la communauté
est aujourd’hui mécontente.
En ce qui concerne l’absence d’étudiants au forum, plu-
Photo: Nicolas Quiazua
sieurs pistes ont été étudiées. On
a suggéré que si l’administration
prenait quelque mesure concrète avant la prochaine rencontre,
cela prouverait l’utilité de ce forum, et inciterait la communauté
à le considérer plus sérieusement. Selon une étudiante, tout
ceci relève principalement d’une
question de «confiance». Mais
déjà, le fait que ce deuxième
forum se soit tenu dans l’édifi-
ce de l’association étudiante de
McGill est un élément rassurant.
Reste à voir si les étudiants
auront préféré le « really, really open forum on freedom of
speech and the right to protest», lancé par MUNACA le 15
mars, ou s’ils assisteront en plus
grand nombre au prochain rendez-vous donné par Christopher
Manfredi le 27 mars au bar du
campus Macdonald. x
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
CAMPUS
Au diable les prophètes de malheur
Qu’arrivera-t-il lorsque les propositions émanant du corps étudiant deviendront
de plus en plus séduisantes et nécessaires?
Louis-Philippe Tessier
Le Délit
L
a semaine passée, juste
avant l’assemblée générale
de la faculté d’Art, l’administration de l’Université McGill
a publié un communiqué dans
lequel on pouvait lire que l’administration ne respecterait pas le
résultat du vote dans l’éventualité que celui-ci soit en faveur de
la grève générale illimité. Pour
plusieurs, cette démarche est un
exemple parfait de l’arrogance
des administrateurs de l’université, ainsi que du fossé séparant
le corps étudiant à la structure
administrative. Nombreux sont
ceux à avoir pensé que l’administration ne changerait pas d’attitude dans le futur proche et éloigné.
L’administration est généralement
vue comme un frein aux aspirations étudiantes déviant trop de
la ligne conductrice établie par les
hauts dirigeants de l’université.
Mais qu’arrivera-t-il lorsque les
propositions émanant du corps
étudiant deviendront de plus en
plus séduisantes et nécessaires?
En ce 16 mars 2012, un
groupe très important composé d’étudiants, de professeurs,
d’employés, et même de membre
venant d’ailleurs au pays et dans
le monde, s’est réuni à la cafétéria du Royal Victoria College
(RVC) dans le but de démarrer
le projet «Vision 2020». Celui-ci
se déroulera durant une année
complète, sera composé de plusieurs conférences participatives
ayant un format de «World-café»,
c’est-à-dire regroupant des participants de diverses origines et
disciplines dans un environnement ouvert et participatif, et
aura pour but de créer un agenda pour les années à venir dans
le but d’améliorer et d’embellir l’image de McGill en temps
que leader dans le développement durable. Selon George
McCort, une célébrité dans le
département d’environnement à
McGill, l’idée serait soit de «rendre McGill un modèle pour les
autres universités montréalaises,
ou de rendre ses étudiants de
réels ambassadeurs du développement durable dans la ville et
dans le monde».
C’est dans cette optique que
tous les gens rassemblés, assis à
des tables par petits groupes, ont
commencé à partager leurs idées
sur différents thèmes reliés à
l’état du développement durable à
McGill en ce moment, ou les dé-
marches qu’ils aimeraient accomplir jusqu’à 2020. C’est dans des
moments comme ceux-là que l’on
peut voir clairement ce qui fait la
force des campus: les idées fusent
de partout, les gens se questionnent entre eux, ajoutent des détails aux idées des autres, partagent leurs expériences personnelles avec telle ou telle organisation.
Mais ce qui est important de
retenir dans ces échanges sont
les façons «de connecter les différents membres d’une communauté», selon Lilith Wyatt. En
fait, plusieurs des idées exposées
gravitaient autour de ce thème
en particulier. Par exemple, comment prévenir que les étudiants
s’enferment dans leur discipline
respective, comme ont tendance
à le faire les étudiants en droit,
économie, ou génie civil? L’une
des solutions pourrait être d’introduire un pré requis dans le
curriculum des classes qui serait
de réunir des étudiants de diverse discipline dans le but de collaborer sur un projet semestriel.
Mais «Vision 2020» n’est pas
que le fruit des efforts de professeurs ou administrateurs. Le Délit
a rencontré Susanna Klassen,
étudiante en environnement et
bénévole avec le bureau du déve-
Photo: Nicolas Quiazua
loppement durable à McGill. La
semaine passée, Susanna et ses
collègues avaient pour mission
de non seulement promouvoir
le dit événement, mais aussi de
penser aux possibles répercussions qu’aurait cette rencontre.
Comme elle nous l’a dit en riant,
«on a eu beaucoup de mal à
comprendre l’étendue de ce projet puisqu’il est non seulement
multidisciplinaire, mais est aussi
étalé sur une très longue période
de temps!» Elle nous a expliqué
qu’a la fin de cet exercice consultatif, un document sera rédigé
regroupant les idées des membres de la communauté. Celuici pourra ensuite être consulté
par les élèves, professeurs, ou
administrateurs de l’université,
et pourra ainsi servir de modèle
pour de futurs projets de développement durable.
Si, selon Susanna, plusieurs
étudiants semblent être pessimistes quant à la réussite de
ce grand projet, mademoiselle
Klassen croit que «l’université
a besoin de changement, de renouveau», ce qui clorait le bec
des prophètes de malheur. x
BILLET
La révolte du dominé
La tension était palpable entre le SPVM et les manifestants lors de la manifestation
annuelle contre la brutalité policière.
Photo: Nicolas Quiazua
Laurence Secours
Le Délit
L
a présence médiatique
dans une manifestation
représente la seule estafette entre le spectateur et la «réali-
4 Actualités
té», on ne peut ressentir une peur
fondée et étalée sur trois heures
dans une vidéo de deux minutes
réalisée par des journalistes prémunis par le SPVM.
Ces journalistes sont enclins à jeter la première pierre
aux «va-t-en-guerre» belliqueux
et sans cervelle, profitant supposément de la manifestation pour
s’adonner à une casse aléatoire
dans un geste de brutalité sociale
sans borne. Ces fervents du quatrième pouvoir s’arment d’arguments fallacieux et s’adonnent
à la dépolitisation de ces manifestants masqués. Les Black Bloc
sont soi-disant une «menace
pour la société». Ils ne sont rien
d’autre que des individus participant à des groupes éphémères
de démocratie directe.
Parallèlement, les victimes
de la répression policière et leurs
défenseurs s’étonnent de l’utilisation de la matraque qui ne
semble appartenir à personne
alors que la pierre lancée dans la
vitrine du BCBG elle, appartient
à 2 000 personnes. D’où l’importance de comprendre l’action
«Les Black bloc ne
sont rien d’autre que
des individues participant à des groupes
éphémères de démocratie directe.»
politique d’un Black Bloc à travers une manifestation, pour la
sécurité des autres manifestants.
La police justifie son pouvoir
coercitif et sa répression particulièrement oppressante du 15
mars par les actions des quelques
manifestants s’étant adonnés au
vandalisme anticapitaliste.
C’est après vingt minutes
de marche que des policiers à
cheval ont décidé de se ruer sur
les manifestants en signe d’intimidation, déclarant la manifestation illégale à cause d’un
projectile lancé. De nombreux
étudiants ne voulant se faire
associer au Black Bloc étaient
donc contraints de subir les tactiques du SPVM qui, ce soir-là,
semblait «occuper» Montréal en
entier.
Les
étudiants, confrontés à la myriade ahurissante de
policiers présents, n’étaient plus
libres de marcher pour faire la
critique de la répression policière dont ils sont souvent victimes.
L’ambiance sonore suffisait à se
sentir dans un autre pays; des
bombes à quelques secondes
d’intervalles, le bruit étouffant
des hélicoptères, les cris des manifestants enragés, des gyrophares, et le tout dans un périmètre
encerclé infranchissable à moins
de piétiner un mur de policiers
s’adonnant à du profilage.
Photo: Nicolas Quiazua
C’est cela l’impuissance du
révolté, la stérilisation de la mobilisation. x
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
CONFÉRENCE
Inuktitusuunguvit?
ArcticRealities, une discussion sur la langue inuktitut et la vie des étudiants Inuit à
Montréal
Camille Gris Roy
Le Délit
J
eudi dernier, le 15 mars,
KANATA, le «Undergraduate
Journal of the Indigenous Studies
Community of McGill», organisait une discussion sur la langue
inuktitut et sur la vie des étudiants
Inuits à Montréal. Cette conférence s’inscrivait dans le cadre d’ArcticRealities, une semaine d’événements consacrés aux Inuit.
Étaient invités à témoigner
Jason Annahatak Timmons,
professeur d’inuktitut au cégep
John Abbott, et plusieurs de ses
élèves Inuits.
Jason Annahataka a tout
d’abord donné une introduction
à l’inuktitut. Cela a permis à l’assemblée de se rendre compte des
difficultés que pose l’apprentissage de cette langue. La prononciation, la longueur des mots
(qui constituent en réalité des
phrases), et la grammaire peuvent en effet en décourager plus
d’un.
«Je dis à mes étudiants au
cours d’introduction que l’inuktitut est comme un casse-tête
complexe», commente Jason
Annahatak, «mais c’est un casse-tête qui vaut la peine d’être
tenté». La langue compte également de nombreux dialectes,
selon que l’on se trouve dans les
régions du Nunavut, Nunavik
(nord du Québec), Nunatsiavut,
ou Inuvialuit.
Le
problème
est
qu’aujourd’hui cette langue est
de moins en moins étudiée. Avant
de commencer sa présentation,
Jason Annahatak a demandé si
quelqu’un dans l’assemblée parlait l’inuktitut. Parmi la quarantaine de personnes présentes –et
mis à part les étudiants Inuit–
une seule en avait quelques notions. Pourtant, dans les années
1970-80, il était beaucoup plus
fréquent pour les «gens du sud»
d’apprendre cette langue.
«La langue risque
de se perdre. Il est
primordial pour
les membres de la
communauté de
prendre conscience
du fait qu’elle utilise
de plus en plus de
mots anglais pour
s’exprimer.»
Ce problème se ressent
surtout chez les Inuit. La langue risque de se perdre. Pour
Jason Annahatak, il est primordial que sa communauté prenne conscience du fait qu’elle
utilise de plus en plus de mots
anglais pour s’exprimer. «Je n’ai
jamais une conversation entière
en inuktitut ou en anglais; c’est
toujours un mélange des deux»,
a avoué une des étudiantes de
John Abbott. De plus, avec l’invention de nouvelles technologies, la langue doit sans cesse
évoluer et s’adapter à la modernité pour ne pas devenir obsolète, et les diverses institutions
culturelles qui tentent de préserver la langue ne travaillent pas
toujours main dans la main.
Le fait qu’on ne puisse pas,
à l’heure actuelle, offrir une éducation supérieure dans les communautés inuit est problématique. Pour la deuxième partie de
la conférence, l’assemblée s’est
réunie autour d’un grand cercle,
et les étudiants Inuit ont alors
pu s’exprimer librement sur la
question. Venir à Montréal a été,
pour plusieurs d’entre eux, assez
difficile. Même s’ils se disent
contents d’avoir eu cette chance
d’étudier au sud, leur région natale leur manque.
Certains sont déterminés
à retourner au Nunavik après
leurs études. «La vie est trop rapide ici[…]et il faut payer pour
tout», a déclaré une jeune Inuit.
D’autres se voient bien rester
ici. Un des étudiants, spécialisé
en sciences politiques, pense
s’installer à Ottawa. Il aimerait
alors peut-être contribuer à la
préservation de sa langue et des
traditions de sa communauté
auprès des autorités fédérales.
La préservation de la l’inuktitut passe aussi par le respect
de la langue et de ses locuteurs.
Lorsque le Premier ministre
du Canada, dit «Iqualuit» plutôt que «Iqaluit», le risque est
fort qu’il perde la confiance des
inuktitutophones. x
MANIFESTATION
Syrie: les Montréalais manifestent
Près de 1700 personnes se sont réunies à la Place Norman Bethune pour la
Marche de Commémoration du 1er anniversaire de la Révolution syrienne .
Amélie Lamarche
Le Délit
P
lusieurs groupes de solidarité envers les Syriens,
Collectif pour la Syrie à
Montréal, Coordination syrienne à Montréal et Association
étudiante syrienn étaient au
rendez-vous le 17 mars dernier
pour manifester leur solidarité
au mouvement populaire syrien.
Les revendications des groupes
et des Montréalais réunis se
voulaient sans aucune appartenance politique. Les différents
slogans exigeaient que le peuple
syrien retrouve la liberté, la justice, la démocratie et que l’état
de sécurité soit démantelé.
Depuis le début de la révolte populaire le 15 mars 2011,
opposants et régime s’affrontent
violemment aux quatre coins de
la Syrie. Entre détentions arbitraires, meurtres, viols, enlèvements et tortures, la réponse du
régime Bachar el-Assad contre
Photo: Amélie Lamarche
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
les mouvements de contestation
qu’il qualifie de «bandes terroristes armées» est puissante.
Le Collectif pour la Syrie à
Montréal dénonce: « […]la brutalité du gouvernement de par
la méthode qu’il utilise afin de
bloquer la circulation d’effectifs médicaux, des docteurs, de
la nourriture et du gaz. Cela
enferme la population affrontant la mort, le froid, le manque
de nourriture et l’eau, ou fuyant
les tueries systématiques et les
massacres.» Un rapport d’Amnistie internationale publié le
mercredi 14 mars recense « 31
méthodes de torture et d’autres
formes de mauvais traitements
attribuées aux forces de sécurité, à l’armée et aux bandes
armées
progouvernementales
connues sous le nom de shabiha selon les témoignage de
victimes.»
«Ce qu’ont traversé les
nombreuses personnes visées
par la vague d’arrestations qui a
marqué l’année écoulée est très
similaire à ce que les détenus
enduraient sous l’ancien président Hafez el-Assad », a déclaré
Photo: Amélie Lamarche
Ann Harrison, directrice adjointe par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du
Nord d’Amnistie internationale.
L’Observatoire syrien des
droits de l’Homme (OSDH)
basé en Syrie comptabilise plus
de 9 000 morts depuis le début
de la révolte populaire.
Au niveau diplomatique,
Ahmed Fawki, porte-parole de
monsieur Annan a déclaré que
Kofi Annan et d’autres membres
de l’ONU et de la Ligue arabe
arriveront en Syrie au début de
la semaine. Leur mandat est
de négocier la possibilité d’une
éventuelle mission d’observation ayant comme but de mettre
un terme à cette situation. x
Actualités
5
POLITIQUE FÉDÉRALE
Adoption de la loi C-10
La justice criminelle au Canada sera plus répressive que jamais.
Geneviève Payette
Le Délit
N
’en déplaise au Québec,
le 12 mars dernier le projet de loi C-10 a été voté
et approuvé par 154 voix contre
129 à la Chambre des communes.
Ce nouveau système législatif intitulé «Loi sur la sécurité des rues
et des communautés» prévoit notamment des peines plus sévères
pour les crimes liés à la production et la distribution de drogue,
ainsi que pour les crimes sexuels
commis envers des mineurs.
De plus, cette loi modifie le
système de pardon et rend certains anciens détenus inéligibles
à vie, en plus de doubler le temps
d’attente pour y être admissible.
L’adoption de la loi modifie par
le fait même les peines pour les
jeunes contrevenants, les rendant encore plus rigoureuses
qu’auparavant.
La criminalité est présentée
par les Conservateurs comme
étant de plus en plus présente,
d’où ces mesures draconiennes.
Or, le taux de criminalité est à la
baisse, et ce, depuis les dix dernières années. Selon Statistique
Canada, en 2000, le nombre de
crimes violents s’élevait à 458
559 tandis qu’en 2010 ce nombre totalisait 437 316.
Le gouvernement fédéral
dit vouloir «serrer la vis» sur les
délinquants et contribuer à rendre le Canada plus sécuritaire. Si
les citoyens désirent se sentir en
sécurité dans les rues , ils veulent
aussi savoir qui paiera pour garder
les criminels en prison aussi longtemps et pour bâtir de nouveaux
édifices afin de les accueillir.
Le Québec évalue que l’application de cette nouvelle loi
engendrerait des coûts de 40 à
80 millions de dollars par an,
sans considérer les 750 millions
de dollars que risquerait de coûter la construction de nouvelles
prisons. Le fédéral n’a toujours
pas signifié son désir d’équilibrer les budgets pour ces récents
changements. Qui endossera
donc ces dépenses astronomi-
Photo: CTV
gouvernement du Québec avait
soumises avec l’appui de plusieurs organismes», a souligné
par communiqué le ministre de
la Justice, Jean-Marc Fournier.
En effet, «le Québec continuera
de miser sur la prévention de la
récidive et la réadaptation, plutôt que sur les durcissements de
peines», a confirmé monsieur
Fournier.
Les plaintes faites à l’égard
de cette nouvelle loi jaillissent
de toute part. Les adolescents
en détention dans les Centres de
jeunesse sont effrayés. Julien, un
jeune contrevenant, s’y oppose
car, selon lui, «la prison pour un
jeune délinquant ressemblerait
plus à une école du crime». Les
Centres de jeunesse déborderont
d’ici peu et la qualité de vie des
jeunes en pâtira. Certaines universités ont également exprimé
leur mécontentement quant à
cette loi.
Des étudiants en droit de
l’Université McGill ont récemment approché les membres de
l’association étudiante et discuteront prochainement d’idées
pour adoucir les exigences
du gouvernement. Selon Joël
Pedneault, Vice-président aux
affaires externes de l’association
étudiante de McGill, «ça s’est
déjà vu auparavant qu’un mouvement social fasse changer les
choses.» x
Cependant, contrairement à ce
qu’avance Machiavel, je ne crois
pas que la fin puisse justifier les
moyens. Du moins, pas lorsqu’il
est question de pouvoir démocratique, de transparence électorale et d’intérêt public.
C’est-à-dire que le gouvernement a beau passer des projets de
loi à la Chambre des communes,
qui seront votés et dans certains
cas implantés dans la société,
mais quand la légitimité du gouvernement est remise en cause,
tout peut passer du blanc au noir
en un seul coup. Voilà l’ampleur
des appels frauduleux. Si le Parti
conservateur est bel et bien au
premier plan de cette affaire, ils
auront porté atteinte à la démocratie, abusé du pouvoir et ainsi
affecté la confiance des électeurs
auprès des institutions politiques
canadiennes. Voilà pourquoi la fin
ne justifie pas les moyens.
Plus
encore,
le
refus
d’ouverture face à ces présomptions de culpabilité surplombant
Ottawa et le Parti conservateur
ne fait que tourner le fer dans la
plaie. L’arrogance dont fait preuve Stephen Harper dans cette
affaire ajoute au cynisme populaire, laissant place à un réel mépris des institutions politiques,
en plus d’un dégoût profond du
bien partisan.
Mais si personne ne réussit
à faire comprendre au Premier
ministre que la démocratie
canadienne est en jeu, que les
citoyens de ce pays ont perdu
confiance en leur système politique et que sa légitimité est plus
d’une fois questionnée, à quoi
ressemblera l’avenir politique du
Canada?
Pourrons-nous alors crier
fièrement que la fin a justifié les
moyens? x
ques? Une question de plus sans
réponse de la part du gouvernement Harper.
Le Québec quant à lui désire des mesures moins drastiques et concentre sa bataille sur
la question des jeunes contrevenants. «Nous aurions préféré
que le Parlement accepte les demandes d’amendements que le
«Nous aurions préféré que le Parlement accepte les demandes d’amendements que le gouvernement du
Québec avait soumises,» souligne Jean-Marc Fournier.
CHRONIQUE
Un déni perpétuel
Alexie Labelle | Au-delà du présent
Nier. Blâmer. Dévier.
Accuser. Il semble que ces quatre
verbes forment le véritable slogan du Parti conservateur. Nions
les appels frauduleux. Blâmons
l’opposition. Soyons les victimes:
accusons le Parti libéral.
Pour plusieurs, cette affirmation peut paraître excessivement simpliste, soit. Mais à
6 Actualités
voir comment le gouvernement
actuel gère les allégations de
fraude électorale, il n’est pas
étonnant de développer une certaine amertume quant à leurs
tactiques nébuleuses.
Sans pour autant revenir
en profondeur sur le sujet des
appels trompeurs, j’aimerais
plutôt aborder le choix existentiel de Stephen Harper d’opter
pour le déni. Tel un enfant avare
de pouvoir sur ses camarades,
il refuse de grandir, de prendre
ses responsabilités et de préserver toute forme de dignité. Car
voyez-vous Monsieur Harper, le
déni et le mensonge ne font pas
bon ménage; souvent, la transparence vaut beaucoup mieux
qu’un silence interminable.
De son côté, bien qu’encore
affaibli par le scandale des commandites, le Parti libéral a jugé
plus favorable de jouer la carte
de la transparence. À mon avis,
afin de sauver la confiance des
électeurs, il est primordial d’être
honnête et d’avouer ses torts. Le
contraire ne fait qu’alimenter le
cynisme et, par le fait même, risque d’engendrer un taux de participation électoral désolant.
Naturellement, la question se pose: pourquoi Stephen
Harper demeure-t-il incapable
d’agir en bonne et due forme,
de prendre les rênes du pays en
bon Canadien plutôt qu’en «bon
Conservateur»? Nul besoin de
tourner autour du pot, la réponse est claire: la partisannerie.
Certes, on ne peut guère reprocher à notre Premier ministre de refuser de mettre cartes
sur table. Depuis le 2 mai dernier, le chef Conservateur étale
son jeu sans provoquer de surprise scandaleuse. Chose promise, chose due, comme on dit.
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
SPÉCIAL SPORT
Frénésie sur glace molle
Énergie, sueur et excitation se sont mêlées aux 105 000 spectateurs venus assister
au championnat du monde Red Bull Crashed Ice à Québec le 17 mars.
Charlotte Paré-Cova
Le Délit
P
our une septième année
consécutive, les rues du
Vieux-Québec se sont transformées en une longue et sinueuse
piste glacée en vue du championnat
du monde d’ice cross downhill, samedi
soir dernier.
La grande finale regroupait les
64 meilleurs athlètes provenant de
12 nations différentes. À quelques
minutes du début de la course, la
foule était déjà compacte et festive.
Elle regroupait des fans du monde
entier, venus encourager les athlètes
provenant d’aussi loin que le Japon,
la Finlande, la Slovaquie, la Russie,
l’Allemagne et l’Italie.
Peu importe leur origine, les
membres de l’assistance chantaient
en chœur sur les extraits de chansons de Glee et de Flo-Rida diffusées sur le système de son géant. La
chanson Good Feeling a donné le ton
au début de la compétition, et elle
s’est vérifiée.
Photos par Charlotte Paré-Cova
Une compétition réussie
L’événement
rassembleur
qu’est le Red Bull Crashed Ice de
Québec a rempli toutes les attentes: la foule était dense et énergique
et l’ambiance festive. L’éclairage
dynamique colorait la piste pour la
rendre impressionnante et presque
irréelle. Les écrans géants aménagés autour de la piste permettaient
à tous les spectateurs présents de
suivre la course, peu importe leur
emplacement.
«Parmi les 64 fina-
listes de de la compétition, on comptait
35 Canadiens dont 15
Québécois.»
L’animation de la soirée, exclusivement en français, était habilement assurée par Pierre-Yves Lord
et Vincent Cauchon. Ils ont su
conserver l’engouement de la foule
pendant plus de 3 heures de compétition. Des prestations, telles que
celle de Ryan Leech, un cascadeur
extrême sur son vélo, ont agréablement divertit l’audience durant les
pauses entre les descentes.
Si la température très douce
de samedi soir était la bienvenue
chez les spectateurs, elle a joué
quelques tours aux finalistes du
championnat. La glace était si
molle que même la descente des
drapeaux, habituellement lente et
contrôlée, s’est ponctuée de chutes impromptues et de déviations
de tous les côtés. Cet avant-goût a
permis aux athlètes d’aiguiser leurs
patins en conséquence, sans toutefois éviter de nombreuses chutes
et pertes de contrôle, sans compter
les obstacles et les collisions avec
les autres participants – des incontournables dans cette compétition
de sport extrême.
Une finale majoritairement
canadienne
Parmi les 64 finalistes de
la compétition, on comptait 35
Canadiens dont 15 Québécois; un
record au niveau de la présence
québécoise au championnat du
monde Red Bull Crashed Ice.
Les compétitrices étaient
également majoritairement canadiennes. C’est l’Ontarienne Fanny
Desforges qui a triomphé en finale,
provoquant l’euphorie générale
au sein d’une foule extrêmement
patriotique.
Du côté des hommes, les
amateurs de cette compétition
suivaient de près les résultats de
l’Ontarien Kyle Croxall, qui menait le classement général après
les manches qui s’étaient déroulées à Saint Paul (US), Valkenburg
(Pays-Bas) et Are (Suède). Son plus
dangereux rival était assurément le
Finlandais Arttu Pihlainen, champion du monde en 2011, et quatre
fois gagnant de la course de la ville
de Québec.
Après plusieurs descentes
extrêmement serrées, parsemées
de chocs et de culbutes, c’est Kyle
Croxall qui s’est mérité le titre de
champion du monde, grâce à un
deuxième rang dans la course et
un total de 3000 points comme
pointage final cette saison. Arttu
Pihlainen est arrivé premier dans
la course, pour décrocher le deuxième rang mondial avec un pointage final de 2960. Le jeune frère
de Kyle, Scott Croxall s’est classé
en 3e place, ce qui constitue un podium majoritairement canadien…
et majoritairement Croxall! x
Le 3 avril paraîtra notre Cahier Création.
Voilà l’occasion de faire un Beaudelaire ou un Picasso de toi!
[email protected]
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
Sport
7
SPORT
Une équipe qui rayonne
Le Délit s’entretient avec Adrien Dupont, entraîneur de l’équipe de tennis de
McGill.
Le Délit: En tant qu’entraîneur de
l’équipe de tennis de McGill, dont vous
avez également été le capitaine et joueur,
résumez votre parcours.
Adrien Dupont: Je suis entré dans
l’équipe de tennis de McGill en automne
2006. À l’époque, l’équipe féminine était
membre de l’OUA (Ontario University
Athletics) alors que l’équipe masculine, qui
avait le statut de Varsity II, était en train de terminer une suspension de cinq ans pour avoir
refusé de participer à une compétition officielle. Dès l’année suivante, l’équipe masculine a repris la compétition, et produit, depuis
lors, des résultats très convaincants.
LD: Parlez-moi de la composition de
l’équipe ainsi que des méthodes de sélections.
AD: L ‘équipe de tennis de McGill comporte 13 joueurs masculins et féminins. Des
try-outs ont lieu une fois par an, en septembre. Tous ceux qui désirent y participer
sont les bienvenus. La formule de sélection
s’étend sur deux journées. La première journée, nous effectuons un filtrage qui repose
uniquement sur la technique et la deuxième
journée nous mettons en place des systèmes
de matchs qui nous permettent de distinguer
les meilleurs joueurs.
LD: Que parvenez-vous à réaliser
comme entraînements, comment organisez-vous les déplacements avec le budget
dont vous disposez ?
AD: C’est très simple, notre équipe ne
reçoit désormais plus aucune contribution
monétaire de la part de l’Université McGill. Il
y a eu un plan de restructuration des équipes
sportives et d’austérité quant aux budgets qui
a rétrogradé l’équipe de tennis à la division «compétitive club». Par conséquent, nous
devons nous-mêmes assurer certains frais
administratifs. Ce sont les joueurs de l’équipe
qui financent eux-mêmes les déplacements.
L’Université McGill nous garantit néanmoins
des accommodements très raisonnables en
nous fournissant des terrains tout au long de
la saison. Depuis quelques années, lors de la
session d’hiver, nous bénéficions d’une collaboration avec le stade Uniprix qui nous fournit également des terrains.
LD: Quelle est votre réaction face aux
résultats de l’équipe de football américain
et que pensez-vous de la répartition des
budgets entre les équipes sportives ?
AD: Étant donnée notre situation, il est
évident que l’on souhaite une répartie plus
équitable des fonds alloués au sport. Un des
problèmes majeurs est la mauvaise estimation
des coûts nécessaires pour subventionner
certaines équipes. En effet, un programme
comme celui de l’équipe de tennis ne requiert
guère un budget aussi élevé qu’une équipe
de football ou de hockey. Par ailleurs, nous
revendiquons un système plus méritocratique
où les contributions financières de la part
de l’université iraient de pair avec les résultats de ses équipes respectives. Nous avons
le sentiment d’évoluer dans une université
à l’ancienne où les fonds disponibles pour
les équipes sont prédisposés par rapport aux
traditions et à l’histoire de l’université. Or, en
réalité, l’Université McGill ne propose pas
une équipe de football américain compétitive,
par exemple. Nous ne sommes pas les seuls
dans cette situation. Je peux citer l’équipe de
squash qui rivalise avec les champions nationaux, alors qu’elle se trouve dans la même
situation financière que nous. Si l’administration de McGill acceptait d’être plus généreuse
à notre égard, je peux vous garantir que l’on
ferait rayonner le nom de McGill à travers le
Canada.
LD: Comment évaluez-vous les performances de votre équipe?
AD: Je vais principalement évoquer
l’équipe masculine étant donné que l’équipe
féminine a disparu le temps d’une saison il y
a deux ans. Pour vous donner un exemple, en
saison régulière, nous avons battu l’Université de Montréal, lauréate des championnats
canadiens par trois fois. Nous évoluons dans
une ligue avec 8 autres équipes (toutes universitaires sauf celle de McGill), et nous figurons perpétuellement en haut du tableau à la
fin de la saison. Nos victoires contre l’Université de Montréal sont notoires, car cette dernière dispose d’un budget annuel avoisinant
les 15 000 dollars par an, ainsi que d’un coach
rémunéré à temps plein. Il ne fait aucun doute
que notre équipe masculine est parmi les plus
compétitives du circuit. Je tiens à souligner
qu’en 2010 nous avions été défaits en demifinale des championnats qualificatifs par
l’Université de Toronto, l’équipe vainqueur de
cette compétition.
LD : Si vous disposez de budgets
beaucoup plus restreints, quelle est la clef
de votre réussite ?
AD : Nous avons un recrutement efficace grâce à la réputation de l’Université
McGill qui attire des gens des quatre coins du
monde. Par conséquent, nous sélectionnons
nos joueurs sur une base plus éclectique et
plus intéressante étant donné la popularité
du tennis dans le monde. Au-delà du recrutement, on remarque un sentiment d’appartenance à l’équipe très émouvant de la part des
joueurs. Ces derniers sont conscients de nos
timides moyens et sont fiers de rivaliser avec
des équipes qui disposent de trois ou quatre
employés. Nous avons le statut de petit poucet et cela créé un esprit d’équipe unique.
LD : Est-ce que l’Université McGill
vous est reconnaissante pour vos résultats?
AD : McGill a toujours été attentive à
nos résultats. Depuis notre rétrogradation,
notre présence sur le site de McGill est limitée. J’assure ainsi la couverture sur internet
grâce à notre site officiel, ainsi que notre page
Facebook. Notre but aujourd’hui est de créer
une ligue au Québec afin de ne plus être
dépendant de la ligue d’Ontario. Pour cela,
il nous faut un minimum de quatre équipes.
J’ai par ailleurs le plaisir d’annoncer qu’une
équipe se crée à l’Université Sherbrooke et
qu’une autre s’amorce à l’Université Laval. x
Plus de détails au www.mcgilltennisteam.ca.
Propos recueillis par Alexis Chemblette
Photo: Équipe de tennis de McGill
CHRONIQUE
JO: L’expulsion tranquille avant la tempête
Henry Gass | Chronique Sport
La ville de Londres,
c’est une entreprise –en anglais «the
City of London Corporation»– et ces
Jeux Olympiques, ce sont les propriétaires qui veulent en profiter.
À Londres, en ce moment, le
silence avant la tempête n’est pas
si calme. Mon frère, Matt, est étudiant en droit et habite Londres. Il
8
ne s’inquiète pas. «La chose principale aujourd’hui est que les gens
s’inquiètent que le métro ne fonctionne pas», dit-il.
Il avait cependant une inquiétude lui-même: qu’au début des
Jeux (le 27 juillet), nous verrions
un exode depuis Londres. Avec
des millions de touristes qui viennent à Londres pour deux semaines, les gens veulent sous-louer
leurs appartements pour cinq ou
dix fois la somme régulière. Dans
une ville avec des loyers élevés –j’ai
habité dans le nord-est de Londres
l’été passé, dans une chambre avec
mon frère, et nous avons payé 160
livres sterling (250 dollars) chaque
semaine– la hausse de loyer avait
deux effets: des résidents vont
sous-louer des propriétés pour des
profits immenses, et des résidents
vont être expulsés.
«Des touristes riches vont
entrer pour les Jeux Olympiques et
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
les gens sous-louent ces propriétés à tarif plus élevés que ce qu’ils
payent chaque semaine pour profiter», me dit Matt.
En général, ce sont les riches
qui sous-louent aux riches. Des
exemples: un appartement penthouse aux environs de Hyde Park
(l’autre côté de Londres du parc
Olympique) est à louer pour 75
000 livres sterling par semaine (118
000 dollars); le joueur de football
retraité Sol Campbell loue sa maison dans Chelsea au même tarif;
mais la gagnante c’est une maison
de sept chambres dans Mayfair à
100 000 livres sterling par semaine
(157 000 dollars), un record pour
la ville.
Matt habite dans un logement
temporaire dans l’est de Londres
à dix minutes du parc Olympique.
Il a expliqué que son loyer va augmenter (mais il ne sait pas de combien) et il va déménager.
«Parce que c’est temporaire,
[les propriétaires] peuvent l’augmenter quand ils veulent. Ils ont
besoin de me donner deux semaines de préavis seulement. Un propriétaire normal ne peut pas le
faire», m’a dit mon frère.
Mais les propriétaires n’augmentent pas seulement les loyers.
Certains commençaient à expulser
leurs locataires dès février. Antonia
Bance, de l’ONG de logement britannique «Shelter» a dit à msnbc.com
que «des agents immobiliers écrivent des clauses dans les contrats
disant qu’il est possible d’habiter là
à l’exception de cette période [pendant les Jeux Olympiques].»
David Brown a décrit son
contrat, qu’il a signé en octobre,
à msncbc.com. L’agent immobilier
disait à Brown que, s’il ne déménageait pas avant le 15 juillet,
le loyer augmenterait de 3 000
livres sterling (4 700 dollars) cha-
que semaine, un tarif «pénalité».
«Actuellement, je suis en train de
décider de prendre un travail au
Japon» pour enseigner l’Anglais, at-il dit à msnbc.com.
Les autres crises
La crise de logement n’est pas
la seule crise des Jeux Olympiques.
Voici, une courte liste: des patients
et la livraison de matériel sanguin bloqueraient la circulation,
le matériel de vaccination contre
l’anthrax et la variole est bas et a
besoin d’être refourni pour parer à
une éventuelle attaque biologique.
Londres a peur d’une urgence de
santé publique parce que les touristes et athlètes apporteraient des
maladies et le médecin de l’équipe
Olympique de Grande-Bretagne a
dit à l’équipe de ne pas serrer de
mains. Finalement, le sud-est de
l’Angleterre serait déclaré zone de
sécheresse. x
SPORTS
Technologie au service de la nage
Du 27 mars au 1er avril, plus de 800 nageurs du Canada et d’ailleurs seront en
compétition au stade olympique de Montréal.
Myriam Landhi
Le Délit
L
es Jeux Olympiques de Londres
auront lieu du 27 juillet au 12 août
2012. La semaine prochaine, les
meilleurs nageurs canadiens s’affronteront pour obtenir une place au sein de
l’équipe olympique canadienne. Pour leur
part, les nageurs paralympiques de haut
niveau tenteront de se qualifier pour les
Jeux Paralympiques, qui se tiendront trois
semaines après les Jeux Olympiques. Les
Essais Canadiens de Natation Olympique
et Paralympique, en plus de déterminer les
athlètes qui représenteront le Canada lors de
la 30e Olympiade, seront de calibre international. Aux quelques 700 nageurs Canadiens
s’ajoute une centaine d’athlètes d’environ
11 pays. Ils nageront au stade olympique afin
d’améliorer leur classement mondial.
Cette épreuve de qualification est de loin
la compétition canadienne la plus importante de l’année olympique. Elle réunit la crème
des nageurs canadiens, dont beaucoup ont
déjà participé aux Jeux Olympiques, et un
public fidèle et passionné. Plus de 3 000 personnes sont attendues pour chacun des six
jours de la compétition. Deux cents bénévoles veilleront au bon déroulement de l’évènement.
La plupart des sports ont vu de récentes avancées technologiques modifier la
façon dont une épreuve se pratique et se
gagne. La natation ne fait pas exception et
a vécu bon nombre de changements ces
dernières années. Trente-six ans après les
Jeux Olympiques de Montréal de 1976,
les nageurs d’aujourd’hui concourront la
semaine prochaine dans la même piscine,
mais ils s’élanceront de blocs de départ
bien différents. Vingt nouveaux blocs
viennent d’être installés à la piscine du
stade. Ils permettent un départ semblable
à celui des coureurs sur une piste d’athlétisme : le pied à l’arrière effectuant une
poussée sur une plaque afin d’arriver de
manière plus efficace dans l’eau. De plus,
ce sont les mêmes blocs que les athlètes
devront utiliser à Londres. Ainsi, Natation
Canada espère préparer ses athlètes pour
qu’ils performent le mieux possible cet
été.
Toujours du point de vue technologique, l’arrivée de nouvelles combinaisons de compétition a transformé la scène
mondiale de la natation. Les nouveaux
maillots, visant à réduire le frottement et
à rendre les nageurs plus hydrodynamiques, ont causé une polémique particulièrement importante de 2008 à 2010 et
ont forcé la Fédération Internationale de
Natation (FINA) à règlementer de façon
plus stricte les combinaisons autorisées
lors de compétitions officielles. Durant
les deux premiers mois de 2008, trente-six
records du monde sur un total de trenteneuf ont été établis avec la combinaison
LZR Racer de Speedo. En 2009, la combinaison italienne Jaked, recouverte de
polyuréthane, a fait son apparition près
des piscines et de nombreux records du
monde en plus des records nationaux de
nombreux pays, notamment en France,
ont été battus. Ces deux combinaisons
favoriseraient la flottabilité des athlètes
ce qui améliorerait de façon importante
leurs performances. Après cette vague de
nouvelles combinaisons et de nouveaux
records, la FINA a décidé qu’à compter de
2010, les combinaisons devront être faites
de tissu à 100%. De plus, elles s’arrêtent
maintenant aux genoux, et les hommes
doivent avoir le haut du corps à découvert.
Ce retour à la peau va-t-il affecter
les sélections canadiennes de la semaine prochaine et les Jeux Olympiques de
Londres ? Avec ce barrage aux nouvelles combinaisons considérées trop performantes, on peut se demander si les
records du monde établis de 2008 à 2010
qui n’ont pas été annulés seront un jour
battus par des nageurs sans maillot mira-
cle. Peter Carpenter, entraîneur-chef de
l’équipe de natation de McGill affirme
que de nouveaux records pourront être
réalisés. «Ce n’est pas un secret que les
combinaisons favorisaient certains nageurs plus que d’autres, entraînant la possibilité d’avantages injustes», ajoute-t-il.
Michel Tremblay, entraîneur-chef adjoint
du Club de Natation des Piscines du Parc
Olympique (CNPPO), partage ce point
de vue. «Maintenant, ce sont les athlètes
qu’on va voir nager, et non les maillots»,
estime-t-il. Reste à voir si les Canadiens
profiteront du retour du tissu pour s’illustrer sur la scène internationale cet été.
Quand? Du 27 mars au 1er avril 2012
Où? Centre Sportif du Parc Olympique
Des étudiants de McGill à surveiller :
Steven Bielby, Valerie De Broux, Myriam
Donato, Pierre-Alexandre Renaud, MarcAndre Benoit, Michael Luck, Matthew
Khatchadourian, Valerie Grand’Maison. x
Pour plus d’informations et pour l’achat de
billets:
Site officiel des Essais de Natation
Olympiques et Paralympiques 2012:
www.swimtrials.ca
Site du CNPPO, partenaire dans l’organisation des Essais:
www.cnppo.net
Essai-photo par Victor Tangermann
Sport
9
CHRONIQUE
D’une crosse à l’autre
Marek Ahnee | Carnets métèques
«À Montréal, le hockey
est l’opium du people», pourrait lancer un sombre moraliste. Le voltairien, quant à lui, remettrait en
cause le hockey montréalais car,
comme tout sport organisé, il est
violent, diviseur, anti-intellectuel,
prônant le grégarisme tribal. Le
fidèle du Centre Bell peut se lasser de la corruption des décideurs
du hockey mais, quelles que
soient les critiques et les scandales, la Foi demeure intacte et vibrante. Au-delà du lieu commun,
le Hockey est bien la religion
officielle de Montréal, malgré le
libre-exercice des autres sports.
Élevé sur une île africaine,
j’ai été bercé depuis l’enfance
par la sempiternelle rivalité entre
Manchester et Liverpool, assez
forte pour diviser tout un pays,
à l’exception de quelques esprits
forts qui optent pour Arsenal ou
le Real Madrid. Étant moi-même un footballistique spirituel
mais non pratiquant, je découvrais le hockey sur glace comme
un ethnologue des années 20
se heurtant aux fétiches d’une
contrée lointaine. C’est grâce aux
Habs que le Sacré demeure dans
Montréal. Maillots et posters ont
remplacé scapulaires et ostensoirs. Et pourtant, on raconte
que Montréal fut, à une époque
pas si lointaine, la Rome des
Amériques. Au néophyte urbain
de se plonger dans les archives
pour comprendre.
D’abord, il y a l’image d’Épinal: le bon curé aux joues roses
qui bénit les filles du Roi, ou
même Céline Dion chantant pour
Jean-Paul II. Et puis la descente
aux enfers, une histoire coup de
poing dont on ne sort pas indemne. Une série de perfidies en soutane, sous couvert de paternalisme, une violence symbolique et
manipulatrice au son de l’angélus et au rythme des processions.
Le Montréal de Monseigneur
Bourget ressemble à une théocra-
tie shiite, le Québec de Duplessis
à un film de Coppola. Tractations
frauduleuses, sanctification d’alliances douteuses, abus en tout
genre, enchaînement des esprits
et des corps, la liste est longue.
Le livre d’histoire se referme
sur un haut-le-cœur. Encore une
fois, au bout de mon voyage à travers deux océans, le gris et le noir
s’effacent. Même pour un esprit
mécréant, le souvenir du catholicisme mauricien a le goût d’une
Madeleine de Proust et des couleurs de réalisme magique. Alors
qu’encore aujourd’hui, Ouellet et
Turcotte sont les aboyeurs de la
dictature vaticane, face à une métropole sourde. Les églises semblent vides lorsqu’elles ne sont
pas transformées en immeubles.
C’est en gentils que les quêteurs
d’absolu peuvent aller chercher
refuge dans les synagogues et les
Mandirs. Mais le catholicisme n’a
pas disparu de la jungle citadine
où il semble avoir laissé quelques
signatures taguées sur les murs.
Si Montréal reste Rome face
à Toronto, c’est aussi par la force
d’une langue que les braves curés
préservèrent à coups de goupillon
et de bâtons de craie. Enfin, pour
celui habitué à la gifle parisienne,
une ville conviviale où le sourire tient bon, ou un système
social fort règne. À force d’avoir
entendu si souvent que les hommes sont frères, le message a dû
finir par passer. Peut-être est-ce
l’Éternel lui-même, avec le sentiment du devoir accompli, qui
décida un jour de s’envoler vers
d’autres cieux, tandis que son
Esprit-Saint souffle encore sur
les patinoires de hockey. x
Ta plume est toujours pleine? Vide-la dans nos pages Société!
[email protected]
CHRONIQUE
Une cure pour le cancer
Sofia El Mouderrib | Science ça!
l’obésité et l’ostéoporose. Encore
plus étonnant, l’influence positif
du sport sur une maladie extrêmement invasive et meurtrière, le
cancer, est démontrée.
Le lien entre le sport
et la santé est indestructible dans
nos esprits. Depuis notre plus
jeune âge, on ne cesse de nous
répéter que le sport, c’est la santé.
Nous avons développé une perception très cardio-vasculaire de
la chose et, en entendant ce mot,
nous imaginons un gros cœur
musclé pompant vigoureusement le sang dans nos artères. La
prévention des maladies cardiovasculaires grâce au sport a été
prouvée il y a longtemps. Encore
plus important, depuis les années
90, les scientifiques réussissent
à démontrer le lien entre l’activité physique et la prévention de
plusieurs autres types de maladies chroniques graves très présentes dans la société occidentale, comme le diabète de type 2,
Prévention
Plusieurs études épidémiologiques démontrent que le sport
joue un rôle important dans la
prévention de différents types de
cancers. Le lien est surtout évident dans le cas des cancers du
sein, de la prostate, de l’utérus et
du cancer du colon, qui sont parmi les plus meurtriers au Canada.
Les mécanismes entourant le
phénomène ne sont toutefois
pas élucidés complètement. Des
hypothèses formulées, il ressort
que le sport a des propriétés antiinflammatoires et anti-stress sur
le corps alors qu’il est démontré
que le cancer a une composante
inflammatoire et que le stress en
serait un facteur notoire.
Intervention
Une fois atteint d’un cancer
ou dans une période de rémission, le sport sous toutes ses
formes est tout aussi important.
Premièrement, il stimule l’appétit
qui est atténué par les différents
traitements en oncologie (chimio,
radio, etc.). Or, il est établit
qu’une alimentation suffisante et
complète durant la maladie augmente les chances de guérison.
Deuxièmement, il réduit certains
effets secondaires majeurs tels
que la constipation et la fatigue
générale. Troisièmement, le sport
assure une bonne santé mentale
en améliorant le temps et la qualité du sommeil et en diminuant
le niveau de stress. Ce sont trois
enjeux qui pèsent lourd dans la
balance de la rémission et c’est
pourquoi, dans plusieurs hôpitaux du Québec, on offre désormais de l’activité physique et des
sports variés aux malades atteints
de cancer. Le tout est encadré par
des kinésiologues qui s’assurent
de la sécurité et de l’évolution
physique et physiologique des
patients.
Dans une vision plus globale de l’incidence du cancer
au Canada, faire du sport est un
élément crucial dans la diminution du nombre de cas et de la
mortalité. La Société canadienne
du cancer estime que si la population faisait de l’exercice régulièrement, se nourrissait bien et
cessait de fumer, il y aurait une
diminution de 30% des cas.
Sachant qu’en ce moment deux
personnes sur trois seront atteintes d’un cancer, un mode de vie
sain épargnerait la vie de beaucoup de gens. x
En 2011, 75 000 personnes sont décédées des suites d’un cancer au
Canada. Alors que les gens craignent une attaque de requin à la plage
ou une maladie infectieuse, le cancer et les autres maladies chroniques déciment la population année après année. C’est davantage notre
propre mode de vie qu’il faut craindre.
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L’assemblée générale annuelle de la
Société des publications du Daily (SPD),
éditeur du McGill Daily et du Délit, se tiendra
mercredi le 4 avril
au Leacock 26 à 18h.
Les membres de la SPD sont cordialement
invités. La présence des candidats au conseil
d’administration est obligatoire.
Pour plus d’informations,
contactez-nous:
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Le Délit a
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établissement collégial ou universitaire à temps plein pendant 4 mois ou plus en 2011, ou (ii) une carte d’identité d’école secondaire valide. L’offre prend fin le 31 juillet
2012. Valable seulement aux succursales H&R Block participantes au Canada. L’offre de la Carte SPC est valide du 01/08/11 jusqu’au 31/07/12 aux bureaux participants
au Canada seulement. Pour les détenteurs de carte seulement. Les offres peuvent varier et des restrictions peuvent s’appliquer. L’usage peut être limité si la carte est
utilisée avec une autre offre ou carte de fidélité du détaillant. Ne peut pas être utilisée pour l’achat de cartes-cadeaux ou certificats.
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PRÉSIDENTIELLES FRANÇAISES
Dix candidats pour une présidence
Entrevue du Délit avec deux jeunes impliqués dans la campagne du Parti Socialiste (PS) et
de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP).
Francis L. Racine
Le Délit
H
ier, la liste officielle des
candidats pour les élections à la présidence de
la République française a été rendue publique. Dix candidats de la
gauche à la droite feront campagne afin d’avoir l’honneur de servir la France pour le quinquennat
présidentiel.
Nicolas Sarkozy (UMP) cherche un second mandat alors que
François Hollande (PS), Marine
Le Pen (FN – Front National),
François
Bayrou
(Modem
–
Mouvement
Démocrate),
Jean-Luc
Mélenchon
(Parti
du Gauche), Eva Joly (EELV
– Europe Écologie Les Verts),
Nicolas Dupont-Aignan (DLR –
Debout La République), Nathalie
Arthaud
(Lutte
Ouvrière),
Philippe Poutou (NPA – Nouveau
Parti Anticapitaliste), et Jacques
Cheminade (Solidarité et Progrès)
cherche un premier mandat. Le
premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 22 avril et les
deux candidats ayant eu le plus
grand nombre de votes, passeront
au deuxième tour qui se tiendra
le 6 mai.
Les campagnes électorales
utilisent énormément de ressources financières et matérielles,
mais surtout des ressources humaines, soit les militants. Ce sont
ces hommes et ces femmes qui,
prenant le temps de militer pour
leur parti politique, donnent un
côté humain aux élections présidentielles.
Olivier Thomas, conseiller
national UMP et Antoine Dallet,
représentant du Mouvement des
Jeunes Socialistes (MJS) pour
la région de Bordeaux sont des
jeunes impliqués aussi bien dans
les campagnes électorales sur le
terrain ou sur la toile que dans la
rédaction de propositions politiques.
Olivier Thomas souligne
l’importance de l’implication
des jeunes dans la campagne
du président-candidat Nicolas
Sarkozy:
«Localement,
dans
chaque
fédération
départementale (l’équivalent de
votre découpage en régions),
le responsable des jeunes est
chargé d’animer la campagne en
collaboration avec le secrétaire
(sénior). Plus que jamais pour
les élections présidentielles, le
maître mot est mobilisation et
implication des jeunes». À cet
effet, Monsieur Thomas nous
a indiqué que, pour l’UMP, la
nouveauté est la campagne en
ligne ou la «e-campagne». En
effet, d’après Olivier Thomas,
les jeunes ont pleinement leur
place dans ce nouveau domaine.
«Au QG de campagne de Nicolas
Sarkozy, une équipe d’une
vingtaine de jeunes sous l’égide
de Nicolas Princen (à peine 28
ans et ancien conseiller internet
du Président) pilote la campagne
internet du candidat Sarkozy.»
Ces
jeunes
«e-militants»,
spécialistes de la communication
internet et des nouveaux médias,
développent le site de campagne:
http://www.lafranceforte.fr/.
Ils
ont refait la désormais célèbre
timeline de Nicolas Sarkozy
sur Facebook et animent le
compte twitter du Président.
De plus, monsieur Thomas
se réjouit du renversement en
faveur du président-candidat:
au dernier sondage, Nicolas
Sarkozy recueillerait 28,5% des
intentions de vote contre 27%
pour le candidat socialiste. Il
conclut en mentionnant que
depuis le rassemblement du
11 mars dernier à Villepinte,
auquel ont assisté plus de 70 000
personnes, les jeunes troupes
sont plus que jamais motivées
pour faire gagner Nicolas
Sarkozy le 6 mai 2012.
Du côté du PS, Antoine
Dallet est fier des propositions
faites par les Jeunes Socialistes
pour l’actuelle campagne électorale de François Hollande. Sur les
21 propositions présentées, huit
propositions font partie du Pacte
pour les jeunes présenté à l’ensemble des candidats socialistes
lors des primaires de novembre
dernier. Lors de sa nomination,
monsieur Hollande s’est engagé
à les inclure dans sa plateforme
électorale.
Les huits engagements du
MJS sont à l’image des douze
travaux d’Astérix tant la tâche
est grande. Selon les Jeunes
Socialistes, il faudrait fusionner
les grandes écoles et les universités pour mutualiser leurs moyens
et donner la meilleure formation
à tous les étudiants; encadrer les
loyers pour empêcher les hausses
excessives et diminuer le coût du
logement sur 5 ans; créer et valoriser l’emploi en augmentant les
salaires de 200 euros; refaire de
la santé un droit accessible à tous
en remboursant les soins dentaires et optiques; introduire une
attestation du contrôle d’identité;
empêcher le cumul des mandats
et garantir un financement transparent des politiques; mettre en
place un parcours autonome de
la réussite pour tous; et, finalement, établir l’égalité des salaires
entre les femmes et les hommes
en 5 ans. Monsieur Dallet aussi
affirme que les jeunes seront présents dans la campagne à travers
l’organisation de nombreux événements comme des cafés-débats sur différents thèmes avec
des personnalités du monde politique et leur présence dans tous
les meetings nationaux. x
Résultats du référendum d’hiver 2012
Pour plus d’informations, visitez http://ssmu.mcgill.ca/elections/fr/
Arrêt sur image
REPRÉSENTANTS
MOTIONS
Président:
Josh Redel
Régime de l’ASEQ:
Oui
VP Affaires internes:
Michael Szpejda
Représentant des Arts et
Sciences au Conseil:
Oui
EXÉCUTIFS
VP Affaires externes:
Robin Reid-Fraser
VP Clubs et services:
Allison Cooper
VP Affaires
universitaires:
Haley Dinel
VP Finance et
opérations:
JP Briggs
Présence policière en face du RVC
RÉFÉRENDAIRES
Composition du Conseil:
Oui
Composition du Conseil
judiciaire:
Oui
Responsabilité procédurale
du Conseil judiciaire:
Oui
Réforme légale du
Conseil judiciaire:
Oui
Frais de CKUT:
Non
Sam Reynolds
12 Société
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
Arts&Culture
PATRIMOINE
[email protected]
La gare d’Haydarpasa en danger
Entrevue avec Michael Werbowski, journaliste et coopérant pour Watch 2012
Thomas Simmoneau
Le Délit
C
ette histoire se déroule en
Turquie et a commencée
en 2007 lorsque Michael
Werbowski s’est rendu à Istanbul
pour couvrir les élections présidentielles. Le hasard a fait qu’il est
tombé sous le charme de la gare
de Haydarpasa, alors soumise à la
privatisation du réseau ferroviaire
national lorsque le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a été
reconduit au pouvoir.
Quelques années plus tard,
la transformation ambitieuse de
la gare en un «centre culturel et
commercial» a été annoncée, ce
qui laissait sous-entendre un arrêt
du trafic ferroviaire pendant au
moins deux ans. En plus de cette
déclaration floue qui laissait entrevoir une métamorphose totale
d’un lieu culturellement et historiquement riche, le ministère de
la Privatisation, et non celui de la
Culture, est désormais en charge
de cette gare inaugurée en 1908
par Atatürk.
Monsieur Werbowski se
considère donc comme un activiste, ou plus précisément un
défenseur du patrimoine mondial. En effet, ses expériences passées, notamment au Casino de la
Selva et au barrage au Belize qui
présentaient ce même genre de
problème, c’est à dire celui de la
préservation du patrimoine, lui
confèrent une certaine légitimité
et expertise dans ce domaine. En
La gare d’Haydarpasa à Istanbul
Gracieusité de World Monuments Fund
ce qui concerne la gare d’Haydarpasa, il estime que la privatisation
du bâtiment et tout d’abord sa
potentielle fermeture serait «unilatérale et tout sauf transparente».
Autrement dit, ce serait porter atteinte à l’espace public et au bon
fonctionnement d’un «moyen de
transport fiable et économiquement soutenable» que de détruire
cette bâtisse qu’il compare à un
«bijou architectural».
Médiatiquement peu couvert,
le cas Haydarpasa a pris de l’ampleur lorsqu’un incendie soudain
a brûlé le quatrième étage et le toit
de l’édifice le 28 novembre 2010.
Les causes, encore mal définies,
viendraient d’un court-circuit au
sein de la gare. Cependant, l’hypothèse d’un incendie volontaire
qui viserait à détruire le bâtiment
pour pouvoir ensuite le détruire
ne peut être écartée lorsque l’on
sait que beaucoup d’argent est en
jeu dans cette affaire. Selon monsieur Werbowski, il est primordial
de restaurer le toit le plus vite possible pour éviter une dégradation
progressive de l’édifice et donner
aux autorités un argument valide
concernant la construction de
tout autre bâtisse à la place d’une
gare pleine d’histoire.
Tout ceci nous amène donc
en 2012, année critique pour
monsieur Werbowski et les personnes qui le soutiennent, car
la gare vient être placée sur la
«Watchlist» de l’organisation
non gouvernementale World
Monuments Fund qui s’est intéressée au cas suite à l’incendie de
2010. Leur rôle serait principalement de financer la restauration
du toit car il est difficile de faire
confiance aux autorités turques
dans une histoire potentiellement
exposée à des conflits d’intérêts
et à la corruption. Cependant, il
est certain que la WMF ne pourra
imposer quoique ce soit au gouvernement. Il revient au peuple
turc de décider du sort de son
patrimoine historique.
Dans les mois à venir, une
conférence sera donc organisée à
Istanbul avec des représentants de
la WMF, Michael Werbowski, ses
collaborateurs et les autorités turques. Pour monsieur Werbowski,
l’idéal serait que le bâtiment soit
réparé et qu’il puisse poursuivre
sa fonction historique, c’est à dire
servir le peuple turc et notamment les nombreux étudiants qui
transitent par cette gare. Cela dit,
rien n’est moins sûr. Le risque
que la gare soit définitivement
fermée puis transformée en un
«centre commercial et culturel»
onéreux et donc visant à faire du
profit, reste omniprésent.
Sur un plan plus large,
Haydarpasa soulève le problème
de la préservation de l’espace public et du patrimoine mondial. Ce
n’est pas un hasard si des journalistes tels que Michael Werbowski
ou une ONG américaine s’intéressent à ce cas. C’est simplement
car de tels bijoux architecturaux
définissent et donnent une identité à une nation toute entière.
Leur disparition entraîne non
seulement une externalité négative pour tout un peuple qui ne
peut plus en profiter, mais remplit
aussi souvent les poches de compagnies cherchant simplement
à faire du profit. Haydarpasa est
donc un cas parmi tant d’autres
mais le négliger serait porter atteinte à ce que nos ancêtres nous
ont légué et de manière plus
pragmatique, à une gare qui rend
quotidiennement service à des
millions de personnes telles que
vous et moi. x
MUSIQUE
McGill: un état d’esprit
Le jeune artiste Trippy Yang rappe la vie à McGill dans une vidéo qui sera diffusée mercredi prochain.
Anabel Cossette-Civitella
Le Délit
4
00 giga-octets d’enregistrement vidéo, 10 mois de travail, le tout pour produire
un remix d’Empire State of Mind
de Jay-Z qui donne bonne mine à
l’Université McGill. Le concept, utilisé par de nombreuses universités
aux États-Unis, consiste à produire
une performance musicale censée
exprimer toutes les facettes de la
vie étudiante. À McGill, l’idée a été
reprise par Trippy Yang, un ancien
étudiant d’ici.
Ce sont plus de 300 collaborateurs qui se sont joints au projet
pour danser sur la chanson remixée
et interprétée par Trippy Yang et
ses musiciens. Les professeurs, les
groupes étudiants, l’administration
et les alumni figurent dans plus de
30 lieux différents, sur et en dehors
du campus, afin de montrer leur
fierté d’appartenir à l’Université.
Hector Hernandez, directeur
artistique et photographe, est très
enthousiaste par rapport au résultat. Sa contribution: la majorité des
prises de vue et le montage de la
vidéo. Il considère qu’il a vécu une
expérience d’équipe hors de l’ordinaire. «Je ne savais pas du tout à
quoi m’attendre, mais je n’ai pas été
déçu.»
Avec seulement un petit budget, le résultat de la vidéo relève le
défi initial: montrer l’état d’esprit
du campus et exhiber les talents
des étudiants. Par exemple, la performance live improvisée d’Urban
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
Groove Dance Project a beaucoup
impressionné les instigateurs du
projet.
Dans une atmosphère de manifestations et de protestations sur
le campus, la vidéo McGill State of
Mind pourrait sembler impertinente puisqu’on n’y retrouve aucune
évocation des troubles de l’année.
«Ce qu’on entend dans les médias,
c’est la polarisation des étudiants et
de l’administration sur le campus,
donc les futurs étudiants verront
autre chose dans notre vidéo», explique Trippy Yang.
«C’est vrai que c’était une année chaotique, mais vu le climat,
notre musique résonne encore plus
fort», continue Trippy. Avec leur
vidéo apolitique, l’équipe de McGill
State of Mind espère que les gens
Photo: Nicolas Quiazua
passeront par-dessus leurs différends pour s’offrir cinq minutes de
pure nostalgie. x
La vidéo McGill State of Mind
sera diffusée sur YouTube dès mercredi le
21 mars.
Arts & Culture
13
ART VISUEL
L’art conceptuel: un art de
contre culture
Malgré une articulation quelque peu décousue, l’exposition Trafic, intéractive et
pluridisciplinaire, reste à découvrir jusqu’au 28 avril 2012.
Camille Paly
Le Délit
U
n mur, un film en noir
et blanc, deux hommes
nus debout au milieu
d’une rivière. Ils se font face et
s’observent. La vidéo porte une
attention toute particulière au
langage de ces deux corps et au
lieu dans lequel ils se trouvent
et interagissent.
Voici les premières images
qui s’offrent au spectateur
lorsqu’il franchit les portes de
l’exposition Trafic proposée par
la Galerie Leonard & Bina Ellen.
Cette galerie, fondée en 1966 et
située sur le campus de l’Université de Concordia, se fait
l’agent de l’art contemporain
canadien et international.
La galerie promeut l’art
conceptuel par six expositions
majeures annuelles, des conférences d’artistes et de commissaires, des projections de films
et des tables rondes. La galerie,
dont la ligne directrice est incontestablement l›art contemporain, ne délaisse pas pour
autant les pratiques et les questions artistiques du passé. Ces
pratiques restent, néanmoins,
toujours analysées et présentées
dans une perspective moderne.
L’exposition Trafic découle
d’un parti pris: l›art conceptuel
au Canada 1965-1980, Volet 2.
Cette exposition, qui regroupe
le travail de plus de soixantedix artistes canadiens et internationaux, cherche à cerner la
nature de l’art conceptuel, son
idéologie, ses pratiques et ses
enjeux. La tentative de définition s’applique aussi à mettre
en contexte spécifiquement le
développement de ces pratiques
conceptuelles au Canada.
«Les artistes s’atta-
chent à produire de
l’art en ne tenant plus
compte des catégories
et des distinctions traditionnelles.»
L’art conceptuel, courant
artistique apparu dans les années 60, fut, sans doute, l’un des
mouvements les plus transformateurs de la fin du XXe siècle. Le
développement de ce courant fut
très fortement influencé et marqué
par les troubles politiques d’aprèsguerre tels que les mouvements
étudiants et féministes.
Le mouvement international
dynamique, présent aussi bien en
Amérique latine qu’en Europe, se
caractérise par une forte réaction
à la modernisation des institutions étatiques, à la démocratisa-
tion de la culture et au fleurissement d’une culture consumériste
et marchande. Un foisonnement
d’idées et d’expérimentations soutenu par l’émergence des nouveaux médias de communication
et d’information ouvre aux artistes
de nouvelles possibilités d’expression et qui permettent aussi l’inclusion des artistes ruraux.
L’art conceptuel s’appuie
directement sur les nouveaux
médias pour redéfinir les composantes sociales et politiques qui
s›opposent ainsi à la culture marchande.
Les artistes s’attachent à produire de l’art en ne tenant plus
compte des catégories et des distinctions traditionnelles.
Il n’est plus nécessaire de
créer l’œuvre pour qu’elle existe,
l’art en tant qu’idée prime, éclipsant la conception de l’art en tant
qu’expression individuelle et personnelle de l’artiste. L’objet est
donc dématérialisé et perd son
autonomie ainsi que son authenticité.
Un second volet qui se
concentre donc sur les pratiques artistiques conceptuelles
de Vancouver, Calgary, Halifax et
Winnipeg. Le premier volet, présenté en début d’année, explorait
celles de Montréal et de Toronto.
Un découpage géographique
de lexposition en deux volets
pour ainsi mieux appréhender le
contexte dans lequel ces pratiques
se sont développées. Trafic est
l’une des premières expositions
majeures à explorer l’influence et
la diversité de cet art au Canada
et à insister sur l’effervescence
créatrice des échanges entre les
centres urbains et les milieux ruraux. x
Bridine Scrub ( For General Surgey) Theodore Wan, 1977
Collection de la Vancouver Art Gallery
CINÉMA
L’artisto, le banlieusard et la France
Intouchables, le film-phénomène d’Éric Toledano et Olivier Nakache, met du baume au cœur.
Marie de Barthès
Fanny Devaux
Le Délit
I
&
ntouchables, le film-phénomène sorti en France en novembre 2011, présente une fraternité inattendue entre Philippe, un
tétraplégique aristocrate et Driss,
un Noir de la banlieue alternant
prison et chômage.
Le duo d’acteurs fonctionne à merveille grâce à Omar Sy,
l’acteur du moment sur le petit
écran et qui a décroché le César
du meilleur acteur pour son interprétation de Driss, et François
Cluzet, dont la réputation n’est
plus à faire. Leur chimie s’opère
sur une bande-son originale du
pianiste italien Ludovico Einaudi
et quelques tubes de Earth, Wind
and Fire. Ce long-métrage revigorant qui bouscule les précon-
14
Arts & Culture
ceptions n’est pas une simple
comédie. Outre le sujet de la
tétraplégie, il aborde de façon décomplexée des problématiques
sociales telles que l’intégration
des étrangers et le quotidien dans
les quartiers défavorisés.
Entre
courses-poursuites,
scènes de drague et sauts en parapente, les réalisateurs Olivier
Nakache et Eric Toledano ont
atteint un mélange innovateur de
rire, émotion et action. En effet,
ce film fait lumière sur des vérités
difficiles, mais n’enferment pas
les spectateurs dans la déprime.
Le but n’est pas de pleurnicher
sur la souffrance de Philippe
mais au contraire, de retrouver
une lueur d’espoir, dans ce temps
assombri par la crise socio-économique.
Comme avait confié François
Cluzet au Délit du 13 mars der-
nier: «Normalement les comédies
sont un peu superficielles, mais là
on a une comédie profonde.» À
croire que le public d’aujourd’hui
ressent un besoin vital de se
changer les idées, et qu’il est
possible de le faire à travers une
quête de sens et d’énergie!
Dans ce contexte tendu de
campagnes présidentielles dans
lesquelles les débats sur l’identité
nationale font rage et où le parti
nationaliste stigmatise les divisions sociales, Intouchables rejoint
avec humour les extrêmes fâchés
de la société française. Dans quel
autre film entendrait ton une «racaille» dire à l’aristo: «Vous allez
pas acheter cette croûte à trente
mille euros. Eh, le mec il a saigné
du nez sur un fond blanc et il demande trente mille euros!».
En enterrant la hache de
guerre entre l’aristocrate et le
banlieusard, Intouchables fédère
des publics différents. Avec l’invitation au débat qu’il crée, c’est
sans surprise que presque un
tiers des Français de la métropole
se soient déplacés pour la projection. De plus, la comédie touche des problèmes qui dépassent
l’Hexagone: le manque de solidarité et d’altérité.
C’est ce qui fait le succès de
son exportation, comme le montre l’exemple allemand et ses quelque 6,5 millions d’entrées Dès le
13 avril, le duo idéal débarque à
Montréal: joignez-vous à la ruée! x
Photo: Alliance film media
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
OPÉRA
Sur les genoux des dieux
Regard sur L’incorazione di Poppea, présentée cette semaine à la salle Pollack.
Miruna Tarcau
Le Délit
P
our ceux qui n’auraient
pas gardé un bon souvenir
de Don Giovanni déguisé
en vampire, la mise en scène de
L’incoronazione di Poppea étonne
agréablement par sa capacité à
représenter ce chef-d’œuvre dans
un esprit fidèle à la Venise de
Monteverdi. Le travail remarquable de Patrick Hansen démontre
en effet qu’une conception traditionnelle ne dénue pas pour
autant le spectacle de touches
personnelles, et leur subtilité
n’enlève rien à l’audace d’une référence à un épisode de Star Trek,
par exemple. Ainsi, les mouvements des dieux sur scène s’inspirent des extraterrestres de Wink
of an Eye (l’épisode en question),
de sorte que les déesses Fortune
et Vertu peuvent observer les drames des mortels à leur aise, invisibles, pendant que ces derniers
occupent sans s’en douter un
espace-temps différent. Mettant
à part l’explication pseudo-scientifique, l’idée que le monde est
gouverné par des forces irration-
nelles, dont les hommes ne seraient que des pantins, n’a certes
rien de bien innovateur, comme
en témoigne L’Iliade dans laquelle
les héros remettent constamment
leur sort «sur les genoux des
dieux».
Mais il reste que l’intervention continuelle de divinités infantiles, égocentriques et
capricieuses, ajoute une touche
presque surréaliste à une action
qui demeure assez conventionnelle malgré le triomphe «amoral» des méchants de l’histoire.
Chaque personnage de la pièce
peut en conséquence être associé
à une divinité sur les genoux de
laquelle il place son sort, faute de
pouvoir se rendre maître de soimême. Ainsi, la Vertu condamne
son cher philosophe, Sénèque,
au suicide dans un univers dépravé sur lequel elle n’exerce
plus aucun contrôle. Et ce, pendant que la Fortune exile Octavie
pour n’avoir pas su se mesurer
aux intrigues de la cour. Tout ceci
alors que l’Amour récompense
l’ambition démesurée de Poppée
en l’élevant au rang de déesse
après avoir fait d’elle l’impératrice
de Rome. La scène 11 de
l’acte I résume ironiquement
cette conception du monde,
dans la mesure où Poppée se
déresponsabilise entièrement de
ses actes vis-à-vis d’Othon, son
amant délaissé. Elle lui explique
que son malheur lui vient du fait
qu’il n’a pas su attirer sur lui les
faveurs de la déesse Fortune.
La disposition du décor ellemême révèle brillamment cette
vision profondément hiérarchique et inégalitaire du monde,
commune aux empires romain
et vénitien. Trois espaces principaux occupent la scène, divisée
en plateaux sur lesquels chaque
pièce de la villa ou du palais
royal est disposée à des hauteurs
différentes.
À
l’avant-scène,
une piscine se présente d’abord
comme un lieu de rencontres
privilégié où des scènes de
séduction, de meurtre ou de
délibérations politiques dominent
l’espace public. Plus haut, un
lit représente l’enjeu principal
du spectacle, à mi-chemin entre
l’espace public dominé par les
impulsions érotiques de Néron
et, tout en-haut, par un autel
d’où les déesses observent les
jeux de leurs pantins, et se
disputent indirectement le trône
de l’empire.
Soulignons la qualité de
l’interprétation (où des étudiants de chant de premier cycle
avaient l’occasion de mêler leurs
voix à celles des étudiants de
deuxième cycle), l’originalité du
livret de Busenello (auquel on
a reproché un éloge du libertinisme qui a contribué à transformer l’opéra en divertissement
bourgeois), ainsi que l’extraordinaire qualité de la musique,
dont la paternité est d’ailleurs
disputée par les experts de musique ancienne. Somme toute,
il s’agit là d’une opportunité
excellente de découvrir un bijou
de l’opéra baroque dans son
intégralité, un défi que la troupe
de l’École Schulich peut se targuer d’avoir remporté avec brio
–malgré quelques longueurs difficiles à éviter dans un spectacle
de trois heures et demie. x
Photo: Brent Calis
CHRONIQUE BD
Plût au ciel que le lecteur
Annick Lavogiez | Déambullations
«Enhardi et devenu
momentanément féroce comme
ce qu’il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines
de poison; car, à moins qu’il n’apporte dans sa lecture une logique
rigoureuse et une tension d’esprit
égale au moins à sa défiance, les
émanations mortelles de ce livre
imbiberont son âme comme
l’eau le sucre.» (Les Chants de
Maldoror, Lautréamont)
C’est avec cet avertissement
que les Éditions Futuropolis ont
choisi d’introduire, sur la quatrième de couverture, le récit La
Chambre de Lautréamont. La
couverture prétend que ce roman
graphique serait le premier à avoir
existé, publié pour la première fois
en 1874. La préface et la post-face
annoncent quant à elles que cet
album d’Édith (dessins) et Corcal
(récit) cherchera à brouiller les
frontières entre réalité et fiction
dans le Paris des poètes du XIXe.
Le mystère semble complet alors
que l’on appréhende un peu, à
première vue, la mise en scène,
de surcroît en bande dessinée, de
personnages historiques connus.
Mais quelle agréable surprise de
découvrir, dès les premières pages
de cet incroyable récit, qu’Édith et
Corcal ont habilement su déjouer
tous les clichés et stéréotypes
appréhendés pour nous offrir un
petit chef d’oeuvre.
Adapté de l’œuvre des
personnages d’Auguste Bretagne
et Eugène de Turcoing-Startrec,
cet album met en scène Auguste
Bretagne, feuilletoniste à la
«Gazette de Paris», un personnage
au manque d’ambition littéraire
flagrant qui côtoie les cercles
littéraires parisiens les plus intéressants. Ce bonhomme un peu
banal qui écrit des récits fantastiques dans sa mansarde fait triste
figure au milieu des écrivains et
x le délit · le mardi 20 mars 2012 · delitfrancais.com
poètes qu’il fréquente: Rimbaud,
Verlaine, les frères Cros... Ceuxci, joyeux farceurs, lui envoient
chaque lundi des têtes d’humains
en cire, dans de «charmants» colis
anonymes, afin de se moquer de
son échec littéraire et de sa fascination pour des objets plus ou
moins morbides. Car Auguste
est passionné par l’étrange et vit
dans une espèce de capharnaüm
de hiboux empaillés, squelettes
divers et autres corps conservés dans du formol. Plus qu’une
simple chambre étrangement
habitée, ce lieu est en fait extraordinaire. Isidore Ducasse, comte
de Lautréamont, y a vécu avant
d’y mourir à l’âge de 24 ans. Il y a
laissé quelques traces, cachées çà
et là. Auguste va découvrir ces dernières en compagnie notamment
d’Émily, une jolie poétesse dont il
est amoureux.
La mise en dessin de la découverte des Chants de Maldoror, le
juste équilibre entre un texte d’une
grande qualité et des illustrations
fascinantes, et le ton endeuillé,
nostalgique et admiratif du récit
et des coups de crayons font de
La Chambre de Lautréamont un petit
bijou. En tant que littéraire passionné, on y retrouve ou découvre
avec plaisir l’oeuvre tourmentée
et passionnante de Lautréamont
que les dessins de Corcal servent
habilement. En tant qu’admirateur de bande dessinée, on se
plaît à se perdre dans les planches
d’une grande beauté. Pour rendre
hommage au talent de Corcal et
Édith, il faudrait également mentionner la scène psychédélique,
l’ambiance nocturne, les couleurs
poétiques, le scénario astucieux,
etc. Notons que ce récit n’est pas
une oeuvre sur Lautréamont, mais
plutôt une exploration de la fascination qu’excerce le génie sur ses
lecteurs. Vous n’en apprendrez
pas beaucoup plus qu’à l’école sur
le poète, mais ce qui est sûr c’est
que vous ressortirez de ce récit
en ayant envie de lire et relire les
écrits du fameux comte.
Littéraires et curieux que
vous êtes, vous savez bien qu’il est
de ces livres qui donnent l’impression qu’on avait peut-être finalement rien lu de vraiment bien
avant. Que peut-être on s’était
laissé trop emballer par des récits
moyens, des dessins brouillons,
du déjà-lu. L’excellent La Chambre
de Lautréamont pourrait bien vous
faire reconsidérer tout ce que vous
avez vu, et c’est à ce titre que sa
lecture vous est fortement recommandée. x
Gracieuseté de FUTUROPOLIS
Arts & Culture
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