indications bibliographiques

Transcription

indications bibliographiques
1
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
1) Éditions de l’Ars amatoria
édition de référence :
Ovide. L’art d’aimer, texte et traduction par H. BORNECQUE, revue par Ph. HEUZÉ, Paris, 1994
autres traductions :
M. DESAINTANGE, L’Art d’aimer d’Ovide, Paris, 1807 (traduction en vers ; consultable sur google books)
J. GAYRAUD, Ovide. L’art d’aimer, Mille et une nuits, Paris, 2000
Ch. HÉGUIN DE GUERLE, 1836 (disponible sur mediterranee.net)
Ch. NISARD, 1838 (disponible sur les sites de la BCS et de Ph. Remacle)
D. ROBERT, Ovide. Écrits érotiques, Actes Sud, Paris, 2003 (traduction en vers)
M. GRODENT, Ovide. L’art d’aimer, Complexes, 2005 (adaptation en vers ; quelques extraits consultables sur google books)
traductions et commentaires :
R. K. GIBSON, Ovid, Ars Amatoria Book 3, Cambridge, 2003
A. S. Hollis, Ars Amatoria I, Oxford, 1977
M. JANKA, Ovid Ars Amatoria Buch 2 : Kommentar, Heidelberg, 1997
E. PIANEZZOLA, G. BALDO, L. CRISTANTE, Ovidio. L’arte di amare, Milan, 1991
2) Études générales sur Ovide
H. FRAËNKEL, Ovid, a Poet between two Worlds, Berkeley, 1945
J.-M. FRÉCAUT, L’Esprit et l’humour chez Ovide, Grenoble, 1972
N. HOLZBERG, Ovid : The Poet and His Work, Ithaque, 2002
J.-P. NÉRAUDAU, Ovide ou les dissidences du poète. Métamorphoses, Livre XV, Paris, 1989
A. F. SABOT, Ovide poète de l’amour dans ses œuvres de jeunesse, Gap, 1976
L.P. WILKINSON, Ovid Recalled, Cambridge, 1955
3) Études sur l’Ars amatoria et les œuvres érotiques d’Ovide
P. L. ALLEN, The Art of Love : Amatory Fiction from Ovid to the ‘Romance of the Rose’, Philadelphie, 1992
The Art of Love: Bimillennial Essays on Ovid’s Ars Amatoria and Remedia Amoris, éd. R. GIBSON, S. GREEN, S. SHARROCK, Oxford, 2006
The Cambridge Companion to Ovid, éd. Ph. Hardie, Cambridge, 2002
P. J. DAVIS, Ovid & Augustus : A political reading of Ovid’s erotic poems, Londres, 2006
P. J. DAVIS, « Praeceptor Amoris : Ovid’s Ars Amatoria and the Augustan Idea of Rome », Ramus 24, 1995, p. 181-195
R. M. DURLING, « Ovid as praeceptor amoris », Cl. J. 53, 1958, p. 157-167
R. K. GIBSON, Excess and Restraint. Propertius, Horace and Ovid’s Ars Amatoria, Londres, 2007
D. F. KENNEDY, The Arts of Love, Cambridge, 1993
D. F. KENNEDY, « Bluff your Way in Didactic : Ovid’s Ars Amatoria and Remedia Amoris », Arethusa 33, 2000, p. 159-176
M. LABATE, L’arte di farsi amare. Modelli culturali et progetto didastico nell’elegia ovidiana, Pise, 1984
S. LAIGNEAU, Les Amours, l’Art d’aimer : Ovide, Ellipses, Paris, 2001
M. MYEROWITZ, Ovid’s Games of Love, Detroit, 1985
A. WHEELER, « Erotic teaching in Roman Elegy », CPh V 1910, p.440-450 et VI, 1911, p. 56-77
4) Autres ouvrages
J.-M. ANDRÉ, Le Siècle d’Auguste, Paris, 1974
A. DALZELL, The Criticism of Didactic Poetry : Essays on Lucretius, Virgil and Ovid, Toronto, 1996
A. DEREMETZ, Le Miroir des Muses. Poétiques de la réflexivité, Lille, 1995
B.EFFE, Dichtung und Lehre : Untersuchungen zur Typologie des antiken Lehrgedichts, Munich, 1977
P. GRIMAL, L’Amour à Rome, Paris, 1963
P. GRIMAL, Le Lyrisme à Rome, Paris, 1978
S. LAIGNEAU, La Femme et l’amour chez Catulle et les élégiaques latins, Bruxelles, 1999
J.K. NEWMAN, Augustus and the New Poetry, Latomus 88, Bruxelles 1967
The Roman Cultural Revolution, éd. Th. Habinek et A. Schiesaro, Cambridge, 1997
P. TOOHEY, Epic lessons : an introduction to ancient didactic poetry, Londres, 1996
P. VEYNE, L’Élégie érotique romaine, Paris, 1983
K. VOLK, The Poetics of Latin Didactics. Lucretius, Vergil, Ovid, Manilius, Oxford, 2002
R. SYME, La Révolution romaine, Paris, 1967
P. WHITE, Promised Verse, Poets in the Society of Augustan Rome , Londres, 1993
2
L’ART D’AIMER : PROPOSITIONS DE TEXTES À ÉTUDIER
CLASSE DE 6 , FRANÇAIS
E
II, 24-96 : Dédale et Icare (voir aussi Met., VIII, 183-235)
II, 467-489 : l’origine du monde (voir aussi Met., I, 5-20)
III, 685-746 : Céphale et Procris (voir aussi Met., VII, 690-862)
CLASSE DE 5
E
entrée « vie privée, vie publique », sous-entrée « espaces et cadres de vie »
« la vie familiale : vie quotidienne : soins du corps, repas et banquets... »
- I, 503-522 : l’apparence des hommes
- I, 563-582 : comment se comporter dans un banquet
- III, 133-169 : les coiffures féminines ; les perruques
- III, 169-192 : les couleurs des vêtements
- III, 193-234 : maquillage et soins du corps
entrée « histoire et vie de la cité », sous-entrée « panorama général historique et géographique »
« les temps héroïques : les fondements de l’identité romaine : légendes de fondation : Énée, Romulus »
I, 101-134 : l’enlèvement des Sabines
« les origines : naissance d’une cité : res publica, le site de Rome, la Rome royale »
III, 113-132 : comparaison de la Rome romuléenne et de l’Vrbs augustéenne (voir aussi Prop. IV, 1 et Tib., II, 5, 23-38)
entrée « représentations du monde », sous-entrée « des dieux et des hommes »
« dieux et puissances de la nature : genèses et âges de l’humanité »
II, 467-488 : les origines du monde et la naissance de l’amour
« dieux et puissances de la nature : dieux et héros grecs et romains »
- I, 525-562 : Ariane et Bacchus
- II, 24-96 : Dédale et Icare
- II, 561-592 : les amours de Mars et Vénus
entrée « représentations du monde », sous-entrée « naturel et surnaturel »
« histoires et prodiges d’animaux : animaux prodigieux, monstres et métamorphoses (le récit merveilleux) »
I, 289-326 : Pasiphaé et la naissance du Minotaure
CLASSE DE 4
E
entrée « vie privée, vie publique », sous entrée « espaces et cadres de vie »
« la vie sociale : lieux de vie sociale : forum, thermes... »
- I, 67-100 : portiques, forum, théâtre
- III, 383-396 : énumération de lieux de loisirs
entrée « vie privée, vie publique », sous entrée « emplois du temps »
« jeux et loisirs publics : théâtre ; cirque et amphithéâtre »
- I, 89-100 : les femmes au théâtre
- I, 135-170 : au cirque
- I, 171-176 : la naumachie d’Auguste
CLASSE DE 3
E
entrée « histoire et vie de la cité », sous-entrée « la construction d’un empire »
« de la République à l’Empire : Auguste et le Principat »
I, 177-227 : le triomphe de C. César ; éloge d’Auguste
entrée « vie privée, vie publique », sous entrée « emplois du temps »
« le temps des plaisirs, poésie amoureuse et amours mythologiques : l’art d’aimer »
passim
3
CLASSE DE 2
NDE
entrée « l’homme romain »
« le citoyen, l’esclave, l’affranchi »
- I, 31-34 ; II, 153-158 ; III, 57-58 ; III, 613-166 : matrones et puellae
- III, 239-242 : la coiffeuse maltraitée par sa maîtresse
CLASSE DE 1
ÈRE
entrée « la poésie : amour et amours »
passim
entrée « la rhétorique - l’orateur et la puissance de la parole »
I, 457-466 : éloge de l’éloquence et réflexion sur le style à adopter
CLASSE DE TERMINALE
entrée « interrogations politiques »
« le mythe de l’âge d’or et l’idéalisation du passé »
III, 113-132 : Nunc aurea Roma est
entrée « interrogations philosophiques »
« choix de vie, construction de soi » :
- II, 493-512 : apparition d’Apollon et éloge du « sapienter amare »
- III, 101-132 : éloge du cultus et de la modération
- III, 297-306 : quelle démarche adopter ? réflexion sur le juste milieu
œuvre au programme en 2010-2011
écrit : - I, 1-40 : prologue
- II, 373-408 : comment cacher ses infidélités
- III, 1-42 : il faut enseigner l’art d’aimer aux femmes
- III, 101-132 : éloge du cultus
- III, 525-554 : éloge des poètes
oral :
- II, 233-251 : le seruitium amoris
- II, 467-488 : les origines du monde et la naissance de l’amour
- II, 493-512 : apparition d’Apollon ; sapienter amare
- II, 641-662 : le caecus amator (voir aussi Lucr. IV, 1160-1170 ; Ov., Rem. 315-340 ; Molière, Le Misanthrope II, 4, 711-730)
- II, 734-746 et III, 1-6 : conclusion, transition et introduction
- III, 57-72/82 : carpe diem
- III, 113-132 nunc aurea Roma est
- III, 235-250 : le poète surprend son amie à sa toilette
- III, 261-280 : comment cacher ses défauts ?
- III, 591-610 : utiliser la jalousie pour raviver l’amour
4
PLAN DE L’ARS AMATORIA
LIVRE I
I, 1-40 : prologue
- 1-4 : enseigner l’amour
- 5-30 : Ovide praeceptor Amoris grâce à son expérience
- 31-34 : ce livre ne s’adresse pas aux matrones
- 35-40 : partitio
I, 41-262 : où trouver une belle ?
- 41-66 : il n’est pas nécessaire de quitter Rome
- 67-170 : énumération de lieux (voir aussi Ars am. III, 381-396) :
- portiques et temples (67-78 ; I, 72 = Am. I, 2, 3-4 au portique d’Apollon Palatin)
- au forum (79-88)
- au théâtre (89-134) + exemplum de l’enlèvement des Sabines (101-134)
- au cirque (135-170 ; voir aussi Am. III, 2)
-171-252 : événements
- naumachie (171-176)
- triomphe (177-228) + l’expédition en Orient (177-212 : annonce, éloge de C. César et propemptikon,
annonce de la victoire)
- à table (229-252)
- 253-262 : conclusion qui laisse le sujet en suspens : impossibilité d’être exhaustif
I, 263-268 : transition
I, 269-768 : comment séduire une puella
- 269-350 : se persuader que c’est possible
- les hommes aiment selon la nature, les femmes avec passion (269-282)
- catalogue des femmes passionnées (283-342)
- conclusion : ne pas se laisser intimider par la résistance (343-350)
- 351-396 : se concilier la servante
- utiliser ses bonnes grâces (351-374 ; voir aussi Am., I, 11)
- faut-il aussi la séduire ? (375-396 ; voir aussi Am. II, 7/8 : Cypassis)
- 397-523 : toucher la puella
- choisir le bon moment (397-414)
- digression sur la cupidité des femmes (415-434 ; voir aussi Am. I, 10)
- un cadeau ou une lettre ? (435-484 ; voir aussi Am. I, 11 et 12)
- l’accompagner (485-502)
- conseils de toilette (503-522)
- 524-562 : transition : Bacchus et Ariane (digression / exemplum de la rencontre à l’union)
- 563-720 : quel comportement adopter ?
- lors d’un dîner (563-600 ; voir aussi Am., I, 4)
- compliments et promesses (601-656) : tromper pour mieux séduire
- manifester ses sentiments : pleurs (657-660), baisers (661-665)
- ne pas hésiter à aller plus loin, car les femmes aiment qu’on leur fasse violence (666-720) ; exemplum
mythologique d’Achille et Déidamie (679-703)
- 721-752 : faire montre de son amour ?
- par un signe extérieur : la pâleur du teint (721-736)
- mais ne pas le dire : se méfier des amis (737-752)
- 753-768 : conclusion qui laisse le sujet en suspens : il y a mille femmes, et il faut s’adapter à chacune
I, 769-770 : transition
5
LIVRE II
II, 1-98 : prologue
- 1-9 : le triomphe du poète (voir aussi Am. II, 12)
- 10-20 : le chemin n’est pas fini : comment garder une femme ?
- 21-96 : éloge de l’artifex Dédale
- 97-98 : transition
II, 99-734 : comment conserver sa puella
- 99-106 : contre la magie
- 107-251 : les qualités de l’amant
- cultiver son intelligence plus que sa beauté (107-144)
- montrer de la douceur (145-176 ; voir aussi Am. I, 7)
- faire preuve de patience (177-196)
- le seruitium amoris (197-251)
- 252-314 : la conduite à adopter pour se rendre agréable
- se concilier servantes et esclaves (252- 260)
- offrir des cadeaux modestes ou plutôt des vers (261- 294)
- faire des compliments (295-314)
- 315-372 : présence ou absence ?
- la maladie (315-336)
- la force de l’habitude (337-348)
- se faire désirer (349-372)
- 373-492 : les infidélités
- les cacher (373-324)
- susciter la jalousie (425-446)
- les joies de la réconciliation (447-492) et digression sur l’amour à l’état de nature (462-488)
- 493-512 : se connaître pour se faire valoir
- 513-600 : les douleurs causées par l’amour
- accepter de ne pas la voir (513-534)
- accepter un rival (535-560) et exemplum de Mars et Vénus (561-592)
- l’interdiction de l’adultère ne concerne que les matrones (593-600)
- 601-640 : savoir rester discret
- 641-662 : louer les défauts
- 663-733 : les plaisirs de l’amour :
- les charmes des femmes mûres (663-702)
- au lit (703-733)
II, 734-746 : conclusion
- 731-742 : triomphe de l’amant et du poète
- 743-744 : sphragis
- 745-746 : transition avec le livre III
LIVRE III
III, 1-98 : prologue
- 1-6 : objet du livre : donner des armes égales aux femmes
- 7-24 : justification de l’entreprise et catalogue des femmes criminelles et vertueuses
- 25-28 : ce livre ne s’adresse pas aux femmes vertueuses et enseigne les amours légères
- 29-42 : les hommes sont trompeurs et les femmes ont besoin de son Ars
- 43-56 : apparition de Vénus
- 57-58 : rappelle qu’il ne s’adresse pas aux matrones
- 59-98 : exhortation à aimer
- carpe diem (59-88)
- il ne faut pas redouter la rupture (89-98)
III, 99-100 : transition
6
III, 101-498 : enseignement « élémentaire »
- 101-251 : le cultus physique
- éloge du cultus, opposé à la rusticitas et au luxe ostentatoire (101-132)
- la coiffure (133-168)
- adopter la coiffure appropriée (135-160)
- les perruques (161-168 ; voir aussi Am., I, 14)
- le vêtement (169-192)
- les soins du corps (193- 250)
- hygiène (193-208)
- ne pas se laisser voir à sa toilette (209-234)
- se faire peigner devant un homme pour le séduire (235-242)
- anecdote de la puella à la perruque de travers (243-250)
- cacher ses défauts physiques (251-280)
- 281-380 : le charme et les accomplissements personnels
- l’attitude : rires, larmes, prononciation, démarche (281-310)
- travailler sa voix et ses talents musicaux (311-328)
- connaître des poèmes (329-348)
- savoir danser (349-353)
- pratiquer les jeux (354-380)
- 381-432 : se montrer en public
- énumération des lieux où paraître (381-396) : les Portiques, les temples, les théâtres, les jeux de l’arène, le
cirque (voir aussi Ars am. I, 67-170)
- excursus sur la fama : musique, peinture, poésie (397-416)
- rechercher les endroits où il y a foule (417-432)
- 433-466 : les hommes à éviter
- catalogue (433-456)
- exempla (457-466)
- 467-498 : les lettres
- quand et comment y répondre (467-482)
- comment dissimuler (483-498)
III, 499-500 : transition
III, 501-808 : enseignement « avancé »
- 501-524 : dissimuler ses passions et prendre un air gai
- 525-554 : les cadeaux
- demander des cadeaux appropriés à chaque amant (525-533)
- éloge des poètes (534-554)
- 555-610 : absence ou présence ?
- en fonction de l’âge de son amant (555-576)
- stratagèmes pour se faire désirer (577-610)
- 611-658 : comment tromper la surveillance d’un gardien
- 659- 746 : les rivales
- se méfier des rivales : amies, servantes (659-666)
- le poète donne des armes contre lui-même (667-672)
- simuler la jalousie pour flatter l’égo de l’amant (673-682)
- ne pas croire trop vite en l’existence de rivales et exemplum de Céphale et Procris (683-746)
- 747-803 : conseils pratiques
- dans les festins (747-768)
- au lit (769-808)
- choisir la position appropriée (771-790)
- les plaisirs amoureux (791-808)
III, 809-812 : conclusion et sphragis
autre division possible du livre III :
III, 101-380 : le cultus du corps et de l’esprit
III, 381-499 : rencontrer et séduire un amant
III, 499- 803 : la conduite à tenir avec son amant
7
LA DIMENSION DIDACTIQUE DE L’ART D’AIMER
LA TRADITION ROMAINE DE L’EROTODIDAXIS
Ter. Most. 157-290 : dialogue entre la courtisane et sa servante
voir aussi Plaut. Cist. 78 et Pun. 210 ; Ter. Eun. 434
Ov. Ars III, 97 : magister amoris et lenocinium
Nec uos prostituit mea uox.
Et ma voix ne vous conseille pas de vous livrer à tout venant.
voir aussi Prop IV, 5 (les conseils de la lena Acanthis : demander des cadeaux, feindre un mari ou un rival, faire attendre son amant,
suivre son exemple, motif du carpe diem)
voir aussi Ov., Am. I, 8 discours de Dipsas (voir plus précisément Am. I, 8, 43-53 et Ars III, 62, 79-80 et 91)
Tib., I, 4, 1-16 , 39-60 et 75-84 : Priape et Tibulle, praeceptores amoris
« Sic umbrosa tibi contingant tecta, Priape,
« Que des toits ombreux, ô Priape, garantissent ta tête du
Ne capiti soles, ne noceantque niues :
soleil et des neiges ! Dis-moi ton art de séduire les beaux
Quae tua formosos cepit sollertia ? Certe
jeunes gens. Sans doute, tu n’as pas une barbe brillante ni une
Non tibi barba nitet, non tibi culta coma est,
chevelure soignée. Nu, tu endures les froids du solstice
Nudus et hibernae producis frigora brumae,
d’hiver; nu aussi, le temps sec de la Canicule estivale. » Ainsi
et aestiui tempora sicca Canis. »
parlai-je ; et telle fut la réponse du fils rustique de Bacchus, le
Sic ego ; tum Bacchi respondit rustica proles
Dieu armé de la faux recourbée : « Oh ! évite de te confier à la
Armatus curua sic mihi falce deus :
tendre troupe des garçons ; ils ont toujours un attrait qui
« O fuge te tenerae puerorum credere turbae,
appelle justement l’amour. Celui-ci plaît en serrant les rênes
Nam causam iusti semper amoris habent.
qui maîtrisent un cheval ; celui-là fend l’eau calme de sa
Hic placet, angustis quod equom conpescit habenis,
poitrine blanche comme la neige ; l’un séduit par le hardi
Hic placidam niueo pectore pellit aquam,
courage qui l’anime ; l’autre, par la pudeur virginale répandue
Hic, quia fortis adest audacia, cepit ; at illi
sur ses tendres joues. Mais ne te laisse pas rebuter par un
Virgineus teneras stat pudor ante genas.
premier refus; peu à peu le cou rebelle se soumettra au joug.
Sed ne te capiant, primo si forte negabit,
(…)
Taedia paulatim sub iuga colla dabit.
(…)
Quelles que soient les fantaisies du garçon que tu aimes, cèdeTu, puero quodcumque tuo temptare libebit,
lui : la complaisance souvent fait triompher l’amour. Ne refuse
Cedas : obsequio plurima uincet amor.
pas de l’accompagner, malgré la longueur de la route et les
Neu comes ire neges, quamuis uia longa paretur
feux de la Canicule desséchant les champs altérés, malgré le
Et Canis arenti torreat arua siti,
voile d’une couleur bleuâtre qui s’étend dans le ciel, lorsque
Quamuis praetexens picta ferrugine caelum
l’arc chargé de pluie hâte la venue de l’eau ! Veut-il aller en
Venturam anticipet imbrifer arcus aquam.
bateau par les ondes azurées, pousse toi-même de la rame la
Vel si caeruleas puppi uolet ire per undas,
barque légère à travers les flots. N’hésite point à t’imposer de
Ipse leuem remo per freta pelle ratem.
dures fatigues, ou à t’user les mains par un travail dont elles
Nec te paeniteat duros subiisse labores
n’ont point l’habitude. Veut-il fermer par des embûches des
Aut opera insuetas adteruisse manus,
vallées profondes, n’hésite pas, si tu lui plais, à porter les filets
Nec, uelit insidiis altas si claudere ualles,
sur l’épaule. S’il veut faire des armes, tu essaieras d’en jouer
Dum placeas, umeri retia ferre negent.
d’une main légère ; souvent tu offriras ton flanc à découvert,
Si uolet arma, leui temptabis ludere dextra :
pour qu’il ait la victoire. Alors il sera doux pour toi ; alors tu
Saepe dabis nudum, uincat ut ille, latus.
lui pourras ravir les baisers que tu aimes ; il se défendra, mais
Tum tibi mitis erit, rapias tum cara licebit
t’en donnera pourtant qui te plairont. Ces baisers, d’abord
Oscula : pugnabit, sed tamen apta dabit.
ravis, il les accordera bientôt à tes prières ; et après, c’est lui
Rapta dabit primo, post adferet ipse roganti,
qui voudra s’enlacer à ton cou. Hélas ! Ce siècle traite
Post etiam collo se inplicuisse uelit.
maintenant l’art misérablement ! déjà le jeune garçon a pris
Heu male nunc artes miseras haec saecula tractant :
l’habitude d’exiger des cadeaux. Ah ! Toi qui le premier appris
Iam tener adsueuit munera uelle puer.
à vendre Vénus, qui que tu sois, puisse sur tes os peser la
At tu, qui uenerem docuisti uendere primus,
pierre infortunée !
Quisquis es, infelix urgeat ossa lapis.
(…)
(…)
Que [Titius] obéisse à celle qu’il aime ; mais vous, accourez
Pareat ille suae ; uos me celebrate magistrum,
chez votre maître, vous qui avez à vous plaindre des
Quos male habet multa callidus arte puer.
nombreux artifices d’un garçon rusé. À chacun sa gloire :
Gloria cuique sua est : me, qui spernentur, amantes
moi, que les amants dédaignés viennent me consulter ; à tous,
Consultent : cunctis ianua nostra patet.
ma porte est ouverte. Un jour viendra où, précepteur
8
Tempus erit, cum me Veneris praecepta ferentem
Deducat iuuenum sedula turba senem.
Heu, heu quam Marathus lento me torquet amore !
Deficiunt artes, deficiuntque doli.
Parce, puer, quaeso, ne turpis fabula fiam,
Cum mea ridebunt uana magisteria.
d’amour, j’aurai, devenu vieux, tout un cortège de jeunes gens
empressés. Hélas, hélas, comme Marathus torture mon cœur à
petit feu ! Je suis à court d’expédients, à court de ruses.
Épargne-moi, mon enfant, je t’en supplie, que je n’aie par la
honte de devenir un sujet de fable, qui prêtera à rire par le
peu d’effets de mes enseignements.
vers 11-14 : multiplicité des garçons à aimer, chacun a sa qualité
vers 15-20 :ne pas se laisser rebuter par un premier refus
vers 21- 26 : ne pas hésiter à se parjurer
vers 27-38 : carpe diem
vers 39-56 : se conformer aux désirs de son amant
Ars I, 55-66 (+Am. II, 4, 9 sq)
Ars I, 343-350
Ars I, 601-656
Ars II, 667-674 et III, 59-88
Ars II, 177-251
voir aussi Prop., I, 10, 19-30 (Properce, instruit par son expérience avec Cynthie, donne des conseils à Gallus) ; Ov., Am. I, 4 (conseils
donnés à son amie lors d’un banquet)
LES SENS DU MOT ARS
Ars I, 265-266 : ars, « traité » ou « moyen, procédé »
Nunc tibi, quae placuit, quas sit capienda per artes,
Maintenant, ce sont les moyens de captiver celle qui t’a plu que je
Dicere praecipuae molior artis opus.
voudrais t’indiquer ; c’est le point le plus important de mon traité.
Ars III, 255-258 : ars, « traité » ou « habileté, savoir-faire »
Turba docenda uenit, pulchrae turpesque puellae :
Pluraque sunt semper deteriora bonis.
Formosae non artis opem praeceptaque quaerunt :
Est illis sua dos, forma sine arte potens.
Celles qui viennent recevoir mes leçons, c’est la foule, mélange de
jolies et de laides, et il y a plus de laideurs que de beauté ! Les belles ne
réclament pas le secours de mon traité ni ses préceptes ; elles ont leur
beauté qui n’a pas besoin de savoir-faire pour exercer sa puissance.
Ars II, 11-14 : ars, utilisation polysémique
Non satis est uenisse tibi me uate puellam :
Arte mea capta est, arte mea tenenda est
Nec minor est uirtus, quam quaerere, parta tueri :
Casus inest illic ; hoc erit artis opus.
Ars I, 3-8 : éloge des artes quotidiennes
Arte citae ueloque rates remoque mouentur,
Arte leues currus : arte regendus amor.
Curribus Automedon lentisque erat aptus habenis,
Tiphys in Haemonia puppe magister erat :
Me Venus artificem tenero praefecit Amori ;
Tiphys et Automedon dicar Amoris ego.
Ce n’est pas assez que mes vers aient amené à toi celle que tu aimes :
mon art te l’a fait prendre, mon art doit te la conserver. Et il ne faut
pas moins de talent pour garder les conquêtes que pour les faire : dans
l’un il y a du hasard, l’autre sera l’œuvre de l’art.
C’est l’art avec lequel la voile et la rame sont maniées qui
permet aux vaisseaux de voguer rapidement, l’art qui permet
aux chars de courir légèrement : l’art doit gouverner l’amour.
Automédon excellait à manier un char et les rênes flexibles ; Tiphys
était le pilote de la poupe hémonienne. Moi, Vénus m’a donné comme
maître au jeune Amour ; c’est le Tiphys et l’Automédon de l’amour
qu’on me nommera.
voir aussi Homère, Il. XXIII, 306 sq : « Antiloque, il est vrai que, malgré ton jeune âge, Zeus et Poséidon t’aiment : ils t’ont bien appris
l’art de mener les chevaux et toutes ses finesses. Il n’est donc pas besoin qu’à mon tour je t’instruise : tu sais parfaitement virer autour
des bornes. Mais tes coursiers sont lents et peuvent, je le crains, te mener au désastre tes concurrents ont des chevaux bien plus
rapides. Mais en revanche, ils sont moins avisés que toi. Allons ! fils, dans ton cœur mets une habileté féconde en mille ruses, si tu veux
empêcher que le prix ne t’échappe. C’est par l’habileté que vaut le bûcheron, plus que par la vigueur. C’est par l’habileté que le
pilote aussi, sur la mer aux flots sombres, guide le fin navire assailli par les vents. C’est par l’habileté qu’entre tous les
cochers le meilleur se distingue. »
Ars, I, 25-30 : Ovide, uates peritus
LE REFUS DE L’INSPIRATION POÉTIQUE
Non ego, Phoebe, datas a te mihi mentiar artes,
Nec nos aeriae uoce monemur auis,
Nec mihi sunt uisae Clio Cliusque sorores
Seruanti pecudes uallibus, Ascra, tuis :
Usus opus mouet hoc : uati parete perito.
Vera canam : coeptis, mater Amoris, ades !
Je n’irai pas, Phébus, prétendre faussement que tu m’as inspiré ce
traité ; ce ne sont pas non plus les chants ni les vols d’un oiseau qui
m’ont instruit ; je n’ai pas vu Clio et les sœurs de Clio, pendant que je
gardais les troupeaux dans tes vallées, Ascra. C’est l’expérience qui me
dicte cet ouvrage : écoutez un poète instruit par la pratique. Je vais
chanter la vérité : favorise mon desseins, mère de l’Amour.
9
Hésiode, Theog 1 sq : l’apparition des Muses
« Commençons par invoquer les Muses de l’Hélicon, les Muses qui, habitant cette grande et céleste montagne, dansent d’un pas léger
autour de la noire fontaine et de l’autel du puissant fils de Saturne, et baignant leurs membres délicats dans les ondes du Permesse, de
l’Hippocrène et du divin Olmius, forment sur la plus haute cime de l’Hélicon des chœurs admirables et gracieux. Lorsque le sol a frémi
sous leurs pieds bondissants, dans leur pieuse ardeur, enveloppées d’un épais nuage, elles se promènent durant la nuit et font entendre
leur belle voix en célébrant Jupiter armé de l’égide, l’auguste Junon d’Argos, qui marche avec des brodequins d’or, la fille de Jupiter,
Minerve aux yeux bleus, Phébus-Apollon, Diane chasseresse, Neptune, qui entoure et ébranle la terre, la vénérable Thémis, Vénus à la
paupière noire, Hébé à la couronne d’or, la belle Dioné, l’Aurore, le grand Soleil, la Lune splendide, Latone, Japet, l’astucieux Saturne,
la Terre, le vaste Océan et la Nuit ténébreuse, enfin la race sacrée de tous les autres dieux immortels. Jadis elles enseignèrent à Hésiode
d’harmonieux accords, tandis qu’il faisait paître ses agneaux au pied du céleste Hélicon. Ces Muses de l’Olympe, ces filles de Jupiter,
maître de l’égide, m’adressèrent ce langage pour la première fois. » (traduction par A. Bignan, 1847)
LES DISCIPULI
Ars II, 743-746 et III, 1-2 : instruire les hommes et les femmes
Sed quicumque meo superarit Amazona ferro,
Inscribat spoliis ‘Naso magister erat.’
Ecce, rogant tenerae, sibi dem praecepta, puellae :
Vos eritis chartae proxima cura meae !
Mais que tous ceux qui, grâce au glaive reçu de moi, triompheront
d’une Amazone, inscrivent sur les dépouilles : ‘Ovide était mon
maître’. Mais voici que les tendres jeunes filles me demandent des
préceptes : vous serez dans un instant le sujet de mon livre.
Arma dedi Danais in Amazonas ; arma supersunt,
Quae tibi dem et turmae, Penthesilea, tuae
J’ai donné des armes aux Grecs contre les Amazones : il me reste
maintenant, Penthésilée, à donner aussi des armes à toi et à tes
escadrons.
Ars III, 57-58 : puellae et matrones
Petite hinc praecepta, puellae
quas pudor et leges et sua iura sinunt.
Cherchez des leçons ici, ô femmes - celles que la pudeur, les lois
et leur condition y autorise.
voir aussi Hor., Carm. I, 2, 47-48 : il vaut mieux avoir commerce avec les affranchies
Ars I, 31-34 : exclusion des matrones
Este procul, uittae tenues, insigne pudoris,
Quaeque tegis medios, instita longa, pedes.
Nos uenerem tutam concessaque furia canemus,
Inque meo nullum carmen crimen exit.
Loin d’ici, étroites bandelettes, insigne de la pudeur, et toi, volant qui
couvres la moitié des pieds. Ce que nous chanterons, c’est l’amour que
ne frappe pas la loi, ce sont les liaisons permises : mon poème n’aura
rien de répréhensible.
voir aussi Ars II, 593-600 ; III, 613-616
LE CHEMINEMENT DIDACTIQUE
Ars I, 35-40 : plan des deux premiers livres
Principio, quod amare uelis, reperire labora,
Qui noua nunc primum miles in arma uenis.
Proximus huic labor est placitam exorare puellam :
Tertius, ut longo tempore duret amor.
Hic modus, haec nostro signabitur area curru.
Avant tout, préoccupe-toi de trouver l’objet de ton amour, soldat qui,
pour la première fois, affrontes des combats où tu es neuf. Consacre
tes efforts ensuite à toucher la jeune fille qui t’a plu, et, en troisième
lieu, à faire durer ton amour. Voilà nos limites, voilà la carrière où
notre char laissera sa trace ; voilà la borne que devra serrer la roue
lancée à toute vitesse.
voir aussi Ars I, 263-266 et I, 375 : phrases de transition
voir aussi Virg., Georg. II, 1-3
Ars I, 263-266 : conclusion-transition
Hactenus, unde legas, quod ames, ubi retia ponas,
Praecipit imparibus uecta Thalia rotis.
Nunc tibi, quae placuit, quas sit capienda per artes,
Dicere praecipuae molior artis opus.
Où choisir l’objet de ton amour, où tendre tes filets ? Voilà les
indications que jusque ici t’a données Thalie, traînée sur des roues
inégales. Maintenant, ce sont les moyens de captiver celle qui t’a plu
que je voudrais t’indiquer ; c’est le point le plus important de mon
traité.
10
Ars II, 733-746 : conclusion du livre II
Finis adest operi : palmam date, grata iuuentus,
Sertaque odoratae myrtea ferte comae.
Quantus apud Danaos Podalirius arte medendi,
Aeacides dextra, pectore Nestor erat,
Quantus erat Calchas extis, Telamonius armis,
Automedon curru, tantus amator ego.
Me uatem celebrate, uiri, mihi dicite laudes,
Cantetur toto nomen in orbe meum.
Arma dedi uobis : dederat Vulcanus Achilli;
Vincite muneribus, uicit ut ille, datis.
Sed quicumque meo superarit Amazona ferro,
Inscribat spoliis ‘Naso magister erat.’
Ecce, rogant tenerae, sibi dem praecepta, puellae :
Vos eritis chartae proxima cura meae !
Je touche au terme de mon ouvrage ; accordez-moi la palme, jeunesse
reconnaissante, et sur ma chevelure parfumée, posez une couronne de
myrte. Ce qu’était chez les Grecs Podalire pour l’art de guérir, le petitfils d’Éaque pour la valeur, Nestor pour la prudence, ce qu’était
Calchas pour les entrailles, le fils de Télamon pour l’adresse aux
armes, Automédon pour conduire les chars, je le suis, moi, comme
expert en amour. Hommes, célébrez votre poète ; décernez-moi des
louanges ; que mon nom soit chanté dans le monde entier. Je vous ai
fourni des armes ; Vulcain en avait fourni à Achille ; que mes présents
vous donnent la victoire, comme ils la lui ont donnée. Mais que tous
ceux qui, grâce au glaive reçu de moi, triompheront d’une Amazone,
inscrivent sur les dépouilles : « Ovide était mon maître ».
Mais voici que les tendres jeunes filles me demandent des préceptes :
vous serez dans un instant le sujet de mon livre.
Ars, III, 99-100 : la métaphore de la navigation
Sed me flaminibus uenti maioris iturum,
Dum sumus in portu, prouehat aura leuis
Plus tard, il me faudra le souffle d’un vent plus puissant ; tant que je
suis dans le port, qu’une brise légère me pousse en avant
voir aussi Ars I, 771 ; II, 9-10 ; III, 26 ; III 500 ; III 747-748
voir aussi Ars I, 39-40, II, 425-426 et III, 467-468 ; Virg., Georg.II, 541-542 : métaphore de la course de chars
11
L’INSPIRATION ÉLÉGIAQUE DE L’ARS AMATORIA
LE DISTIQUE ÉLÉGIAQUE
Ov., Rem. 371-388 : mètres et genres poétiques
At tu, quicumque es, quem nostra licentia laedit,
Si sapis, ad numeros exige quidque suos.
Fortia Maeonio gaudent pede bella referri ;
Deliciis illic quis locus esse potest ?
Grande sonant tragici ; tragicos decet ira cothurnos :
Vsibus e mediis soccus habendus erit.
Liber in aduersos hostes stringatur iambus,
Seu celer, extremum seu trahat ille pedem.
Blanda pharetratos Elegia cantet Amores,
Et leuis arbitrio ludat amica suo.
Callimachi numeris non est dicendus Achilles,
Cydippe non est oris, Homere, tui.
Quis feret Andromaches peragentem Thaida partes ?
Peccet, in Andromache Thaida quisquis agat.
Thais in arte mea est ; lasciuia libera nostra est ;
Nil mihi cum uitta ; Thais in Arte mea est.
Mais toi, qui que tu sois que blesse notre liberté, si tu as du sens,
ramène chaque genre à son mètre. Les guerres et les hauts faits
veulent être racontés dans le mètre méonien ; quelle place peuvent y
trouver les choses de l’amour ? Noble doit être le ton de la tragédie ;
au cothurne tragique sied la fureur ; le brodequin ne doit pas
s’écarter de la vie courante. L’iambe, qui peut tout dire, doit être
dégainé bien en face contre des ennemis, qu’il ait son allure rapide
ou qu’il boîte du dernier pied. Que la caressante élégie chante les
Amours armés d’un carquois et qu’une amie changeante y
folâtre suivant son caprice. Ce n’est pas sur le rythme de
Callimaque qu’il faut chanter Achille ; ta voix, Homère, n’est pas
faite pour Cydippe. Qui supporterait Thaïs jouant le rôle
d’Andromaque ? Erreur que de montrer Thaïs dans Andromaque.
C’est Thaïs que chante mon Art. Si ma muse n’est point audessous de mon sujet, les amourettes, à moi la victoire ;
l’accusation ne tient pas.
Si mea materiae respondet Musa iocosae,
Vicimus, et falsi criminis acta rea est.
voir aussi Hor., Ars poet. 73-92 : mètres et genres poétiques
voir aussi Ov., Am., III, 1 : débat entre l’Élégie et la Tragédie
LES MOTIFS ÉLÉGIAQUES
Plaute Truc. 12-17 : la vénalité des femmes
Hic habitat mulier, nomen cui est Phronesium ;
Haec huius saecli mores in se possidet :
Numquam ab amatore [suo] postulat id quod datumst,
Sed relicuom dat operam ne sit relicuom,
Poscendo atque auferendo, ut mos est mulierum ;
Nam omnes id faciunt, cum se amari intellegunt.
Ici habite une femme nommée Phronesie. Ses mœurs sont celles de
son époque : jamais elle ne demande à son amant ce qui lui est
donné, mais elle s’occupe du reste – afin qu’il n’y en ait pas -, en
demandant et en se servant, comme les femmes en ont l’habitude :
c’est ce qu’elles font toutes, quand elles comprennent qu’elles sont
aimées.
voir aussi Prop., II, 16 ; Ov., Ars III, 553-554
Ov., Am. I, 8 87-94 : les cadeaux
Seruus et ad partes sollers ancilla parentur,
Qui doceant, apte quid tibi possit emi ;
Et sibi pauca rogent - multos si pauca rogabunt,
Postmodo de stipula grandis aceruus erit.
Et soror et mater,nutrix quoque carpat amantem ;
Fit cito per multas praeda petita manus.
Cum te deficient poscendi munera causae,
Natalem libo testificare tuum !
Prends à ton service un esclave et une suivante habile ; qu’ils
sachent indiquer ce qu’on peut acheter pour toi ; qu’ils réclament
aussi pour eux quelques petits présents ; qu’ils demandent peu, mais
à beaucoup de gens ; et il en sera bientôt comme d’un tas de blé que
chacun contribue à grossir ; que ta sœur, ta mère et ta nourrice
assiègent aussi ton amant de demandes : on amasse vite un riche
butin quand plusieurs mains concourent à le former. Manques-tu de
prétexte pour demander un cadeau, montre, à l’aide d’un gâteau,
que c’est le jour anniversaire de ta naissance.
voir aussi Am. I, 10 ; Ars I, 415-434 ; II 261-294 ; III, 525-554
voir aussi Prop., IV, 5, 54-58
Ov., Am. I, 11, 1-8 : la servante
Colligere incertos et in ordine ponere crines
Docta neque ancillas inter habenda Nape,
Inque ministeriis furtiuae cognita noctis
Vtilis et dandis ingeniosa notis
Saepe uenire ad me dubitantem hortata Corinnam,
O toi, si savante dans l’art d’achever l’édifice encore incertain d’une
chevelure ! Toi qu’on ne doit pas ranger dans la classe des suivantes
vulgaires, Napé, toi qui, non moins habile à ménager des rendezvous nocturnes qu’ingénieuse à remettre de tendres missives, as plus
d’une fois conduit dans mes bras Corinne encore irrésolue ; toi que,
12
Saepe laboranti fida reperta mihi Accipe et ad dominam peraratas mane tabellas
Perfer et obstantes sedula pelle moras !
dans mes embarras, j’ai trouvée toujours fidèle, prends ces tablettes,
et que ce matin elles parviennent à ta maîtresse ; que ton adresse
aplanisse tous les obstacles.
Ars II, 635-636 : le gardien
I nunc, claude fores, custos odiose puellae,
Et centum duris postibus obde seras !
Va maintenant, gardien que nous détestons, ferme bien la porte sur
ta maîtresse, mets cent verrous à la porte solide.
voir aussi Am. I, 6, 61-64
Prop., I, 16, 1-19 : paraclausithyron
Quae fueram magnis olim patefacta triumphis,
Ianua Patriciae uota Pudicitiae,
Cuius inaurati celebrarunt limina currus,
Captorum lacrimis umida supplicibus,
Nunc ego, nocturnis potorum saucia rixis,
Pulsata indignis saepe queror manibus,
Et mihi non desunt turpes pendere corollae
Semper et exclusi signa iacere faces.
Nec possum infamis dominae defendere uoces,
Nobilis obscenis tradita carminibus ;
Nec tamen illa suae reuocatur parcere famae,
Turpior et saecli uiuere luxuria.
Has inter grauius cogor deflere querelas,
Supplicis a longis tristior excubiis.
Ille meos numquam patitur requiescere postes,
Arguta referens carmina blanditia.
Moi que l’on ouvrait jadis pour de magnifiques triomphes, et que
l’on connaissait chaste comme une vestale, au lieu du char doré qui
honorait mon seuil, au lieu des supplications et des larmes des
infortunés captifs, je ne vois plus aujourd’hui que des libertins, qui
viennent, au sortir d’une orgie nocturne, me frapper et m’assaillir
d’une main indigne. Chaque jour me retrouve chargée de couronnes
qui me déshonorent, entourée des flambeaux qu’abandonne un
amant éconduit. Comment défendrais-je maintenant les nuits d’une
maîtresse trop célèbre, moi qu’on a livrée au scandale par des vers
obscènes ? Mais, hélas ! elle n’en ménage pas plus son honneur ; au
milieu d’un âge corrompu, elle se distingue encore par ses
désordres. Et cependant je ne puis écouter, sans partager sa tristesse
et ses larmes, les plaintes amères d’un amant, hélas ! trop fidèle, qui
passe auprès de moi de longues heures en vaines prières. Jamais il
ne me laisse aucun repos ; à chaque instant il m’assiège de ses vers
langoureux.
voir aussi Ov., Am. I, 6 et II, 19
Ars II, 521-528 : l’exclusus amator
Dicta erit isse foras: intus fortasse uidere est :
Isse foras, et te falsa uidere puta.
Clausa tibi fuerit promissa ianua nocte :
Perfer et inmunda ponere corpus humo.
Forsitan et uultu mendax ancilla superbo
Dicet ‘Quid nostras obsidet iste fores ?’
Postibus et durae supplex blandire puellae,
Et capiti demptas in fore pone rosas.
On te dira que ta maîtresse est sortie, au moment où tu l’aperçois ;
pense qu’elle est sortie et que tes yeux te trompent en l’apercevant.
Elle t’a promis sa nuit, et sa porte t’est fermée : supporte avec
patience d’étendre ton corps même par terre, dans la saleté. Peutêtre une menteuse servante ira-t-elle jusqu’à dire d’’un air insolent :
« Pourquoi cet homme assiège-t-il notre porte » ? Suppliant, adresse
des paroles caressantes aux battants et à la cruelle servante, ôte les
roses qui sont sur ta tête et pose-les sur le seuil.
voir aussi Ter..Heaut 366 sq
Ars II, 215-216 et II, 227-228 : l’amant est esclave de sa belle
Nec tibi turpe puta (quamuis sit turpe, placebit),
Ingenua speculum sustinuisse manu.
Et ne juge pas honteux (fût-ce honteux, cela doit te plaire), toi, un
homme libre, de lui tenir le miroir.
Nocte domum repetens epulis perfuncta redibit :
Tum quoque pro seruo, si uocat illa, ueni.
Le soir, quand elle retourne chez elle après un festin, si elle demande
un esclave, offre-toi encore.
Tib. I, 4, 1-2: le seruitium amoris
Sic mihi seruitium uideo dominamque paratam,
Iam mihi, libertas illa paterna, uale.
Me voici donc en esclavage, je le vois et sous le joug d’une
maîtresse : adieu désormais, belle liberté de mes pères.
voir aussi Prop., I, 10, 19-30
Ars. II, 233-240 : l’amour comme militia
Militiae species amor est; discedite, segnes:
Non sunt haec timidis signa tuenda uiris.
Nox et hiems longaeque uiae saeuique dolores
Mollibus his castris et labor omnis inest.
Saepe feres imbrem caelesti nube solutum,
Frigidus et nuda saepe iacebis humo.
Cynthius Admeti uaccas pauisse Pheraei
Fertur, et in parua delituisse casa.
L’amour est une espèce de service militaire. Arrière, hommes
lâches ; ce ne sont pas des hommes pusillanimes qui doivent garder
ces étendards. La nuit, l’hiver, de longues routes, de cruelles
douleurs, toutes les épreuves, voilà ce qu’on endure dans ce camp
du plaisir. Souvent tu devras supporter la pluie que, du ciel, verse à
flots un nuage, et souvent, transi de froid, tu coucheras sur la terre
nue. Le dieu du Cynthe garda, dit-on, les vaches d’Admète, roi de
Phères, et vécut pauvrement dans une humble cabane.
13
Tib., II, 3, 11 et 28
11 : Pauit et Admeti tauros formosus Apollo.
28 : Nempe Amor in parua te iubet esse casa.
Il a bien fait paître les taureaux d’Admète, le bel Apollon.
Sans doute c’est Amour qui te fait rester dans une humble
chaumière.
Ov., Am. I, 9, 12 et 15-20 : tout amant est soldat
Militat omnis amans, et habet sua castra Cupido ;
Attice, crede mihi, militat omnis amans.
(…)
Quis nisi uel miles uel amans et frigora noctis
Et denso mixtas perferet imbre niues ?
Mittitur infestos alter speculator in hostes ;
In riuale oculos alter, ut hoste, tenet.
Ille graues urbes, hic durae limen amicae
Obsidet ; hic portas frangit, at ille fores.
Tout amant est soldat, et l’Amour a son camp ; oui, Atticus, croismoi, tout amant est soldat
(…)
Quel autre qu’un soldat ou qu’un amant bravera la fraîcheur des
nuits et la neige mêlée à des torrents de pluie ? L’un est envoyé
comme éclaireur au-devant de l’ennemi ; l’autre a les yeux fixés sur
son rival comme sur un ennemi ; celui-ci assiège des villes
menaçantes, l’autre le seuil de son inflexible maîtresse ; tous deux ils
enfoncent des portes d’inégale grandeur.
Virg. Aen., XI, 736 : l’amant n’est pas lâche
At non in Venerem segnes nocturnaque bella.
Mais pour Vénus et ses combats nocturnes vous n’êtes pas lâches.
voir aussi Ov., Am. I, 9, 46 (desidiosus)
Tib., I, 1, 52-58 : l’amant est lâche et oisif
Te bellare decet terra, Messalla, marique,
Vt domus hostiles praeferat exuuias ;
Me retinent uinctum formosae uincla puellae,
Et sedeo duras ianitor ante fores.
Non ego laudari curo, mea Delia ; tecum
Dum modo sim, quaeso segnis inersque uocer.
Ronsard, Amours CLXXX
Amour et Mars sont presque d’une sorte :
L’un en plein jour, l’autre combat de nuit ,
L’un aux rivaux, l’autre aux gendarmes nuit,
L’un rompt un huis, l’autre rompt une porte :
L’un finement trompe une ville forte,
L’autre coiment une maison séduit :
L’un le butin , l’autre le gain poursuit,
L’un déshonneur, l’autre dommage apporte;
L’un couche à terre , et l’autre gît souvent
Devant un huis à la froideur du vent ;
L’un boit mainte eau, l’autre boit mainte larme.
Mars va tout seul, les Amours vont tous seuls :
Qui voudra donc ne languir paresseux ,
Soit l’un ou l’autre, amoureux ou gendarme.
C’est à toi qu’il sied, Messalla, de combattre sur terre et sur mer
pour étaler dans ton palais les dépouilles des ennemis! Moi, je suis
retenu dans les chaînes d’une belle jeune fille, et m’assieds,
janissaire, à sa porte insensible ! Non, je ne me soucie pas de ma
gloire, ma Delia : auprès de toi si je puis être, je consens qu’on
m’appelle lâche et oisif
14
L’ARS AMATORIA, ART D’AIMER ET DE VIVRE
LUDUS AMORIS
Ars II, 151-158 : amour et plaisir
Este procul, lites et amarae proelia linguae :
Dulcibus est uerbis mollis alendus amor.
Lite fugent nuptaeque uiros nuptasque mariti,
Inque uicem credant res sibi semper agi ;
Hoc decet uxores ; dos est uxoria lites :
Audiat optatos semper amica sonos.
Non legis iussu lectum uenistis in unum :
Fungitur in uobis munere legis amor.
Loin de nous les querelles et les combats d’une langue mordante : de
douces paroles, voilà l’aliment du tendre amour. Qu’il y ait des
querelles pouvant écarter le mari de la femme et la femme du mari, et
leur faire croire qu’ils sont en procès l’un avec l’autre, cela convient à
des épouses ; la dot de la femme, ce sont les querelles ; l’amie, elle,
doit toujours entendre les mots qu’elle souhaite. Ce n’est pas un ordre
de la loi qui vous a réunis dans un même lit ; votre loi à vous, c’est
l’amour.
Ars I, 609 et II, 197 : la comédie de l’amour
Est tibi agendus amans, imitandaque uulnera uerbis.
Fac modo, quas partes illa iubebit, agas.
Il te faut jouer l’amant, et dans tes paroles, donner les apparences
d’être blessé d’amour.
Borne toi à jouer le rôle qu’elle t’imposera
Ars I, 42 : jouer l’élégie
Elige cui dicas : « tu mihi sola places.
Choisis celle à qui tu puisses dire : toi seule me plais.
voir aussi Prop., II, 7, 19
LA ROME AUGUSTÉENNE
Ars III, 113-120 : Rome resplendit d’or
Simplicitas rudis ante fuit : nunc aurea Roma est,
Et domiti magnas possidet orbis opes.
Aspice quae nunc sunt Capitolia, quaeque fuerunt :
Alterius dices illa fuisse Iouis.
Curia, concilio quae nunc dignissima tanto,
De stipula Tatio regna tenente fuit.
Quae nunc sub Phoebo ducibusque Palatia fulgent,
Quid nisi araturis pascua bubus erant ?
Suet. Aug 28, 5 : l’embellissement de Rome
Vrbem neque pro majestate imperii ornatam et
inundationibus incendiisque obnoxiam excoluit adeo ut
jure sit gloriatus marmoream se relinquere, quam
latericam accepisset…
Prop., IV, 1-14 : éloge de la Rome ancienne
Hoc, quodcumque uides, hospes, qua maxima Roma est,
Ante Phrygem Aenean collis et herba fuit ;
Atque ubi Nauali stant sacra Palatia Phoebo,
Euandri profugae concubuere boues.
Fictilibus creuere deis haec aurea templa,
Nec fuit opprobrio facta sine arte casa ;
Tarpeiusque pater nuda de rupe tonabat,
Et Tiberis nostris aduena bubus erat.
Qua gradibus domus ista Remi se sustulit, olim
Vnus erat fratrum maxima regna focus.
Curia, praetexto quae nunc nitet alta senatu,
Pellitos habuit, rustica corda, Patres.
Bucina cogebat priscos ad uerba Quiritis:
Centum illi in prato saepe senatus erat.
Jadis régnait une simplicité grossière ; maintenant Rome est
resplendissante d’or et possède les immenses richesses du monde
qu’elle a dompté. Vois le Capitole d’aujourd’hui et celui d’autrefois ;
on dirait qu’il était consacré à un autre Jupiter. Aujourd’hui, la Curie
est vraiment digne d’une si noble assemblée : elle était de chaume,
quand Tatius exerçait le pouvoir. Le Palatin qui resplendit maintenant,
sous la protection d’Apollon et de nos chefs, qu’était-ce alors ? Un
pâturage pour nos bœufs de labour.
Comme la ville n’était pas ornée en rapport avec la majesté de l’empire
et était exposée aux inondations et aux incendies, il l’embellit au point
qu’il se glorifia à juste titre d’avoir laissé de marbre la ville qu’il avait
reçue de briques.
Avant Énée le Troyen, cette Rome, dont l’étranger admire la grandeur,
était une colline couverte de pâturages. Les troupeaux fugitifs
d’Évandre ont foulé cet espace où s’élèvent des autels consacrés à
Apollon. Ces temples d’or ont dû leur magnificence à des dieux
d’argile. Alors on ne dédaignait pas une chaumière construite sans art ;
Jupiter tonnait du haut de la roche Tarpéienne encore déserte, et nos
génisses paissaient sur les bords du Tibre, comme aux bords d’un
fleuve étranger. Quand Romulus se fondait une demeure aux rives du
Tibre, le foyer d’une humble cabane était presque tout son empire. Ce
Sénat, qui brille aujourd’hui sous la pourpre et dans les palais, était
composé d’hommes aux vêtements grossiers et aux cœurs rustiques.
Le son de la trompe convoquait aux assemblées ces anciens Romains :
c’étaient cent pâtres réunis souvent dans une prairie.
voir aussi Virg., Aen. VIII, 98-100 et VIII, 347-348 ; Tib., II, 5, 23-38
15
LE RETOUR DE L’ÂGE D’OR
Ars III, 121-122 : l’éloge du présent
Prisca iuuent alios ; ego me nunc denique natum
Gratulor : haec aetas moribus apta meis.
Moi, je me félicite de n’être venu au monde que maintenant. Ce temps
est tout fait pour mes mœurs.
Hésiode, Tr. 174 sq : l’âge d’or perdu
« Oh ! Si je ne vivais pas dans cette cinquième génération des hommes ! Si, plutôt, j’étais mort auparavant, ou né après ! En effet,
maintenant, c’est l’âge de fer. Les hommes ne cesseront d’être accablés de travaux et de misères pendant le jour, ni d’être corrompus
pendant la nuit, et les Dieux leur prodigueront les amères inquiétudes. » (trad. Leconte de Lisle)
sur le mythe des âges, voir Hésiode, Tr. 90-105 (perdu par la faute de Pandore) et 106-201 (les quatre âges) ; Ov., Met. I, 89-150
pour plus de références, consulter le dossier consacré à l’âge d’or sur le site du GELAHN
Virg., Aen. VI, 791-795 : le retour de l’âge d’or sous le Principat
Hic uir, hic est, tibi quem promitti saepius audis,
Cet homme, c’est celui dont tu entends si souvent dire qu’il t’est
Augustus Caesar, diui genus, aurea condet
promis, Auguste César, fils d’un dieu ; il rouvrira ce siècle d’or qu’au
Saecula qui rursus Latio regnata per arua
Latium jadis Saturne conduisit par les champs ; plus loin que les
Saturno quondam, super et Garamantas et Indos
Garamantes et les Indiens, il dilatera notre empire.
Proferet imperium.
Ars II, 277-278 : le présent est l’âge de l’or
Aurea sunt uere nunc saecula : plurimus auro
Venit honos ; auro conciliatur amor.
Notre âge est vraiment l’âge d’or : c’est l’or qui procure les plus grands
honneurs, l’or qui gagne l’amour.
voir aussi Fast. I, 191-200 et 221-226 (Janus fait le double éloge du présent et des richesses)
AUGUSTE
Ars I, 197 : Auguste, père de la patrie
Induit arma tibi genitor patriaeque tuusque.
Celui qui t’a donné des armes, c’est le père de la patrie, et le tien.
Ars I, 202-204 : Auguste, futur dieu
Eoas Latio dux meus addat opes.
Marsque pater Caesarque pater, date numen eunti :
Nam deus e uobis alter es, alter eris.
Que mon héros apporte au Latium les richesses de l’orient. Dieu
Mars, et toi, dieu César, à son départ, accordez-lui votre appui divin,
car, de vous deux, l’un est dieu, l’autre le sera.
SAPIENTER AMARE
Ars II,477-480 : l’amour adoucit l’âme
Blanda truces animos fertur mollisse uoluptas :
Constiterant uno femina uirque loco ;
Quid facerent, ipsi nullo didicere magistro :
Arte Venus nulla dulce peregit opus.
C’est, dit-on, la volupté caressante qui adoucit ces âmes farouches. Un
homme et une femme s’étaient arrêtés en un même lieu. Ce qu’ils
avaient à faire, ils l’apprirent seuls, sans maître. Sans aucun traité
savant, Vénus remplit son double office.
Ars II, 497-502 et 510-511 : connais-toi toi-même
Is mihi ‘Lasciui’ dixit ‘praeceptor Amoris,
Duc, age, discipulos ad mea templa tuos,
Est ubi diuersum fama celebrata per orbem
Littera, cognosci quae sibi quemque iubet.
Qui sibi notus erit, solus sapienter amabit,
Atque opus ad uires exiget omne suas’.
(…) Quisquis sapienter amabit
Vincet, et e nostra, quod petet, arte feret.
[Apollon] me dit : « Précepteur de l’amour facile, conduis-donc tes
disciples dans mes temples ; ils y verront une inscription que la
renommée a portée jusqu’aux extrémités de l’univers et qui ordonne à
chacun de se connaître. Seul celui qui se connaîtra sera sage dans ses
amours et proportionnera les entreprises à ses forces. »
(…)
Quiconque sera sage dans ses amours triomphera et obtiendra ce qu’il
désire en se conformant à notre traité.
MESURE ET JUSTE MILIEU
Arist., Nic 1107 a 28-1108 b 10 : à chacun sa mesure
Dans tout objet homogène et divisible, nous pouvons distinguer le plus, le moins, l’égal, soit dans l’objet même, soit par rapport à
nous. Or l’égal est intermédiaire entre l’excès et le défaut. D’autre part j’appelle position intermédiaire dans une grandeur ce qui se
trouve également éloigné des deux extrêmes, ce qui est un et identique partout. Par rapport à nous, j’appelle mesure ce qui ne
comporte ni exagération, ni défaut. Or, dans notre cas, cette mesure n’est ni unique, ni partout identique. Par exemple, soit la dizaine,
quantité trop élevée, et deux, quantité trop faible. Six sera le nombre moyen par rapport à la somme, parce que six dépasse deux de
16
quatre unités et reste d’autant inférieur à dix. Telle est la moyenne selon la proportion arithmétique. Mais il ne faut pas envisager les
choses de cette façon par rapport à nous. Ne concluons pas du fait que dix mines de nourriture constituent une forte ration et deux
mines une faible ration, que le maître de gymnastique en prescrira six à tous les athlètes. Car une semblable ration peut être, selon le
client, excessive ou insuffisante. Pour un Milon, elle peut être insuffisante, mais pour un débutant elle peut être excessive. On peut
raisonner de même pour la course et pour la lutte. Ainsi tout homme averti fuit l’excès et le défaut, recherche la bonne moyenne
et lui donne la préférence, moyenne établie non relativement à l’objet, mais par rapport à nous.
Hor., Carm. II, 19, 1-6 : l’aurea mediocritas
Rectius uiues, Licini, neque altum
Semper urgendo neque, dum procellas
Cautus horrescis, nimium premendo
Litus iniquom.
Auream quisquis mediocritatem
Diligit, tutus caret obsoleti
Sordibus tecti, caret inuidenda
Sobrius aula.
La bonne direction dans la vie, Licinius, c’est de ne pas pousser
toujours vers la haute mer, c’est aussi de n’aller point, dans une
horreur prudente des tempêtes, serrer de trop près le rivage peu sûr.
Quiconque élit la médiocrité toute d’or a la sécurité, qui le garde des
laideurs sordides d’un toit délabré, la modération qui le garde d’un
palais sujet à l’envie.
Ars III, 127-132 : il faut prendre soin de sa personne, mais sans excès
Sed quia cultus adest, nec nostros mansit in annos
Rusticitas, priscis illa superstes auis.
Vos quoque nec caris aures onerate lapillis,
Quos legit in uiridi decolor Indus aqua,
Nec prodite graues insuto uestibus auro,
Per quas nos petitis, saepe fugatis, opes.
[Il faut prendre soin de soi] parce que c’est une marque de notre
temps, et cette rusticité qui survécut longtemps à nos premiers aïeux
n’est plus de mise aujourd’hui. Mais n’allez pas non plus charger vos
oreilles de ces pierres de grand prix, que le noir Indien recueille dans
l’eau verte, et en vous montrez pas dans des vêtements tout cousus
d’or. Ce faste, par lequel vous voulez nous séduire, souvent nous met
en fuite.
voir aussi Ov., Med. 11-24 : il faut prendre soin de sa personne selon les mœurs de son temps
Ars III, 298-306 : quelle démarche adopter ?
Discite femineo corpora ferre gradu.
Est et in incessu pars non contempta decoris :
Allicit ignotos ille fugatque uiros.
Haec mouet arte latus, tunicisque fluentibus auras
Accipit, expensos fertque superba pedes :
Illa uelut coniunx Vmbri rubicunda mariti
Ambulat, ingentes uarica fertque gradus.
Sed sit, ut in multis, modus hic quoque : rusticus alter
Motus, concesso mollior alter erit.
Apprenez à marcher comme il sied à une femme. Il y a aussi dans la
démarche une part de charme qui n’est pas à dédaigner : elle attire
ou fait fuir un homme qui ne vous connaît pas. L’une, par un
mouvement de hanches étudié, fait flotter sa robe au gré des vents et
porte majestueusement le pied en avant. Cette autre, semblable à la
femme rougeaude d’un ombrien, marche en écartant les jambes et en
faisant des pas énormes. Mais en cela comme en bien d’autres choses,
il est une mesure à garder ; de ces démarches, l’une sent la
campagne, l’autre est plus relâchée qu’il ne convient.
Cic., Off I, 35, 126 et 128-129 : la recherche du decorum
Sed quoniam decorum illud in omnibus factis, Puisque l’harmonie apparaît dans les actes, les paroles, les mouvements du
dictis, in corporis denique motu et statu corps et son attitude et qu’elle implique trois conditions : la beauté en
cernitur idque positum est in tribus rebus, général, l’accord des parties entre elles, une parure en rapport avec l’action
formositate, ordine, ornatu ad actionem apto, qu’on a en vue, toutes choses difficiles à définir mais qu’il suffit qui soient
difficilibus ad eloquendum, sed satis erit intellegi, in comprises, puisque, d’autre part, nous devons mettre tous nos soins à
his autem tribus continetur cura etiam illa, ut réunir ces trois conditions afin de mériter l’approbation des personnes
probemur iis, quibuscum apud quosque uiuamus, avec qui nous avons commerce et de la population qui nous entoure, il y a
his quoque de rebus pauca dicantur.
lieu d’en parler aussi.
(…)
(…)
Nos autem naturam sequamur et ab omni, quod Pour nous, nous suivrons la nature et nous éviterons tout ce qui blesse les
abhorret ab oculorum auriumque approbatione yeux et les oreilles. Dans notre façon de nous tenir, dans notre démarche,
fugiamus ; status, incessus, sessio, accubitio, assis ou couchés, nous viserons toujours à l’harmonie et l’étendrons aux
uultus, oculi, manuum motus teneat illud traits du visage, aux regards, aux mouvements des mains. Il y a en cette
decorum. Quibus in rebus duo maxime sunt matière deux défauts dont il faut se garder avec le plus grand soin : la
fugienda, ne quid effeminatum aut molle et ne mollesse et une apparence efféminée ou, au contraire, la roideur et la
quid durum aut rusticum sit.
lourdeur.
voir aussi Cic., Off. I, 36, 131 : quelle démarche adopter ?
17
Ars II, 17-20 : fixer un modus à l’amour
Magna paro, quas possit Amor remanere per artes,
Dicere, tam uasto peruagus orbe puer.
Et leuis est, et habet geminas, quibus auolet, alas :
Difficile est illis inposuisse modum.
Je médite une grande entreprise, dire par quel art on peut fixer
l’amour, cet enfant si volage dans le vaste univers. Il est léger et il a
deux ailes qui lui permettent de s’échapper ; il est difficile de leur
imposer une mesure.
L’ARS DE DÉDALE
Ars II, 59-63 : Icare doit chercher le juste milieu
Nam siue aetherias uicino sole per auras
Ibimus, impatiens cera caloris erit :
Siue humiles propiore freto iactabimus alas,
Mobilis aequoreis pinna madescet aquis.
Inter utrumque uola.
Ars II, 48 et 76 : l’ars de Dédale
Finitusque nouae iam labor artis erat.
Icarus audaci fortius arte uolat.
Si à travers les couches de l’éther nous nous approchons du soleil, la
cire n’en pourra supporter la chaleur ; si, descendant, nous agitons nos
ailes trop près de la mer, nos plumes, en battant, seraient mouillées
par les eaux marines. Vole entre deux.
Déjà la fabrication de cette machine nouvelle était terminée.
Icare prend un vol plus hardi grâce à cette audacieuse machine.