Abrika - Erudite

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Abrika - Erudite
Modalités, rôle et mobilisation des sources de financement
informelles des entreprises du bâtiment en Algérie : cas de la
wilaya de Tizi-Ouzou
Bélaid Abrika1, Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou , Algérie
Résumé
L’article conclut sur la prédominance du recours des entrepreneurs au mode de
financement des réseaux familiaux particulièrement lors du démarrage de leurs
activités. Le papier développe l’ensemble des caractéristiques spécifiques aux
différents types de la finance informelle. Aussi, il synthétise les avantages et les
inconvénients de la finance informelle, en tirant les leçons dans la perspective
d’apporter des réponses aux souhaits et attentes exprimés par les entrepreneurs
du secteur d’investigation, notamment l’intégration de la finance informelle dans
le secteur financier formel par la mise en place de mécanismes en faveur de
l’institutionnalisation de la microfinance solidaire au niveau local.
Mots clés : réseaux, finance
entreprises.
informelle, facteurs de production, petites
JEL: O 17, D13, D24, E44, H81.
The informal business resources of the Algerian building sector: a
case study of Tizi-Ouzou
Abstract
This article deals with the predominant use of the financial method of the
entrepreneur’s familiar networks, especially, when starting their business. The
article develops the set of characteristics which are specific to the different types
of informal finance. It also, summarizes the advantages and disadvantages of the
informal finance, by drawing lessons from the perspective in order to bring
answers to the wishes and expectations of the entrepreneur’s investigation. And,
it includes the integration of informal finance in the formal financial sector by
putting some mechanisms in favor of the institutionalization of microfinance
appropriate to the local level.
Keywords: networks, informal finance, factors of production, and small
businesses.
Faculté des sciences économiques et de gestion. Email : [email protected]
1. Introduction
Les modes de financement dans le secteur du bâtiment se singularisent
par le recours aux mécanismes relevant de la finance hors institution qui
contribuent à l'émergence et au développement de l'activité des micros,
petites et des moyennes entreprises. Une meilleure connaissance des
sources informelles d'épargne et de crédit permet de prévoir
progressivement leur intégration aux circuits de financement de l'activité
de production. En effet, ce n'est que lorsque les marchés financiers
formel et informel seront mieux intégrés et plus libres que l'on pourra
répondre efficacement aux besoins financiers évolutifs des petites
entreprises.
L’analyse d’une politique de développement des pays en développement
basée sur des réalités exige d'abord la reconnaissance puis l'étude des
pratiques de financement dans leurs diversités. Prenant en considération
l'hypothèse de l'existence de relations tissées entre le marché financier
officiel et les différents types de la finance informelle.
Un ensemble
de questions d'ordre purement théorique se pose d'elles - mêmes à
l'égard de la place et du rôle qu'occupe et joue le secteur de financement
formel et informel.
L’objet de la présente proposition consiste en la présentation des
modalités, du rôle et la mobilisation des sources de financement des
entreprises du bâtiment en Algérie nécessaire à la réalisation d’un certains
nombre d’opération relevant du secteur du bâtiment en partant d’une
enquête de terrain réalisée dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Ainsi, il sera question du traitement de la problématique du financement
des entreprises du bâtiment en Algérie particulièrement de la place
qu’occupe la finance informelle. Il est question d’aborder les origines des
moyens financiers dans le secteur du bâtiment et le rôle joué par la
finance informelle; les motivations poussant à recourir au marché
financier informel et les causes du développement et de création de
mécanismes de la finance informelle ; les types et les caractéristiques de
la finance informelle; d’énumérer les inconvénients, avantages; et enfin,
les leçons traduisant les souhaits résultant de nos investigations afin de
proposer un code de conduite au système de financement officiel au
niveau local vis-à-vis du marché financier informel, dans la perspective
de lancer la réflexion sur les mécanismes adéquats à mettre en place pour
faire fonctionner de nouvelles institutions légales durables au niveau local
similaires à celle de la microfinance solidaire.
2. Origines des moyens de financement
Le financement dans le secteur du bâtiment répond à une logique très
complexe. Il ne peut être défini en dehors des relations et des
comportements inter individus. En fonction du rôle et de la place
qu'occupent les individus dans leur environnement et leur milieu naturel,
on peut définir l'origine des moyens de financement dans le secteur du
bâtiment. Le milieu social façonne le comportement des individus et
défini les limites des prêts et des dons destinés au financement des
investissements.
L'accès au financement de l'habitat populaire exige l'existence au
préalable d'un rapport vis-à-vis des réseaux mobilisateurs de capitaux
financiers, en termes du rôle et de la place qu'ils occupent dans
l'environnement proche. Cette situation, les prêts ou les dons
proviennent surtout des parents et des amis. L'accord entre la personne
et son environnement (les emprunteurs) ne nécessite pas un engagement
écrit, par contre l’exigence de la présence de deux témoins, du même
réseau, lors des négociations est indispensable. Des prêts n’impliquant
pas nécessairement un intérêt financier immédiat. C'est un facteur qui
renforce implicitement les liens du groupe et qui détermine le traitement
réciproque, lors de la demande de soutien par un autre membre du
réseau dans l'avenir. Le remboursement de la dette de l'emprunteur, qui
est discutée au préalable peut se faire par des moyens financiers ou
matériels. Dans le premier cas, ils s'accordent sur un mode et un
échéancier de remboursement du prêt. Dans le second cas, il s'agira de
fournir un certain travail à un ou plusieurs membres du réseau ou de
céder une partie de ses biens en contre partie.
2.1. Le financement sur fonds personnels
Le montant moyen d'un investissement diffère du statut et du corps de
métier de chaque entreprise dont l’apport personnel ou individuel n’est
pas négligeable. Certaines activités n'exige pas la mobilisation d'un capital
risque alors que d'autres exigent la mobilisation de capitaux plus ou
moins important comparativement aux grandes entreprises équipées
disposant de grands moyens financiers. Les sources personnelles des
moyens financiers mobilisés par les entrepreneurs lors du démarrage des
activités proviennent de deux catégories. La première concerne ceux qui
ont travaillé déjà dans le secteur formel ou informel, dans un des corps
de métiers du bâtiment leur permettant d’accumuler des fonds pour le
financement des fonds propres de l’entreprise; la deuxième peut résulter
d’un héritage. L'une des sources à l'origine du financement des
entreprises familiales en Algérie est l'héritage2, qui se transmet de
génération en génération (du père au fils), qui est entre les mains de
l'ancienne bourgeoisie, formant les grandes familles à Tizi-Ouzou et les
notables de l'administration française; et de la nouvelle bourgeoisie d'Etat
qui s'est constituée après l'indépendance, investissant les postes
d'administration de l'appareil de l'Etat.
2.2. Le financement sur fonds familiaux et amicaux
Le recours aux fonds familiaux pour le financement du capital de départ
des activités des entreprises du bâtiment est prépondérant.
L'entrepreneur bénéficie, en plus des fonds dégagés, de nombreux
avantages familiaux, entre autre par le soutien moral, l’orientation de la
clientèle et le suivi du projet lors du démarrage. L'importance des fonds
mobilisés dépend de trois facteurs à savoir la place qu'occupe
l'entrepreneur dans le réseau familial; le statut socioprofessionnel du
responsable du réseau familial; et la place ainsi que l'importance du
réseau familial, selon ces capacités en plus des possibilités à répondre à la
demande de l'entrepreneur nouveau. Contrairement aux réseaux
familiaux, les réseaux amicaux ne sont que rarement sollicités. Il est
remarqué que généralement le recours aux réseaux amicaux n’intervient
qu’après la création de l'activité. On leur fait appel lorsqu’il y a un déficit
ou dans l’éventualité d’une extension d'activité et des besoins de
financement à court terme en fonds de roulement. Alors que le
financement par le biais des réseaux amicaux ne ce fait que dans le cas où
les réseaux familiaux n'arrivent plus à répondre a la demande des
entrepreneurs. Nonobstant les transferts de fonds des émigrés dans la
région de Kabylie. L'épargne provenant de l'émigration est injectée,
généralement, sur marché du change parallèle, puis investie dans le
secteur de l’immobilier destiné à l’amélioration du bien être de leurs
familles, ou bien, en particulier, consacrée au financement
d’investissements productif. Ainsi l’essentielle de l'épargne en
provenance de cette communauté constitue une source essentielle de la
finance informelle orientée vers le secteur du bâtiment.
Les différents modes de financement des entreprises du bâtiment
peuvent être combinés dans le capital de départ. Cependant, les résultats
des investigations montrent la prépondérance à la combinaison des
fonds provenant des réseaux familiaux associés aux fonds propres
résultant des économies antérieurs des entrepreneurs.
2
Appelé par les Kabyles "tassemt taqdimt": en français l'ancienne graisse.
Au moment de la création de l'activité, correspondant au long processus
précédent le début de l'activité, les finances informelles jouent un rôle
important et significatif pour le financement de l'investissement initial.
En effet, durant les premières années du début de l'activité, la finance
informelle est seule à jouer le rôle du financement pour la réussite de
l'investissement, il ne se limite pas uniquement à la finance des
équipements nécessaires pour le démarrage de l'activité, il est prolongé
durant l'exercice de l'activité. Le schéma évolutif des besoins de
financement diffère d'une entreprise à une autre, selon l'ordre de
grandeur et l'importance du projet. Les sources de financement
informelles impulsent les entreprises du bâtiment, à travers les fonds
mobilisés, lui attribuant un rôle dans la dynamique de la création
d'entreprises et le développement du secteur privé. Ce qui permet de
garantir une autonomie et de préserver leur caractère indépendant vis-àvis du secteur financier formel.
Le comportement des entrepreneurs du secteur du bâtiment est orienté
généralement vers l'extension de l'activité, en se basant sur
l’autofinancement. La majorité des entreprises commencent l'activité
avec le strict minimum permettant la réalisation de certaines taches, en
recourant beaucoup plus de main d'œuvre que de capital fixe. La
capitalisation par le choix de l’autofinancement oriente le surplus prélevé
à l’extension les activités informelles exercées. Toute fois, les capacités
d'autofinancement du secteur du bâtiment sont très variables. Elles
dépendent du capital investit et du créneau de l'activité exercée. Il est
clair que ce surplus dégagé orienté vers le même secteur d'activité
constitue un facteur déterminant de l'expansion et de l'amélioration des
conditions de production. Dans le cas contraire cette épargne est
orientée vers des activités relevant de la sphère informelle des secteurs
juteux souvent localisées dans marché de l’immobilier.
Les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics pour la création
d’entreprises en faveur de l’emploi des jeunes en particulier n’excluent
pas l’implication du secteur financier formel. Même si le secteur bancaire
ne semble pas rivalisé ou offrir les avantages comparables à ceux du
secteur financier informel.
3. Le recours au marché financier informel : motivations et causes
Comment faire face à un système de crédit institutionnel qui n'embraye
pas et à un système informel qui offre des avantages et simplifie les
opérations de prêts? C'est un paradoxe, pour un système bancaire qui ne
fait que collecter les fonds des épargnants, sans se soucier de prêter ces
fonds pour le financement des investissements, qui permettront aux
banques de faire face aux frais financiers de gestion des affaires
courantes et de stimuler la concurrence sur le marché financier.
Le recours au marché financier informel trouve sa justification dans
l’incapacité du secteur financier bancaire formel à jouer ce rôle
d’intermédiaire institutionnel. Aussi, les causes à l’origine du
développement et de la création des mécanismes en faveur de la finance
informelles sont motivés par sa praticabilité et son opérationnalité.
A côté des capitaux provenant des fonds mobilisées par les réseaux
familiaux, nous distinguons d'autres réseaux de financement tel que: le
réseau des amies des relations personnelles; les capitaux alloués par des
commerçants aux industriels et aux spéculateurs; les prêts débloqués par
des banquiers usuriers; et des financements de coopératives, regroupés
en deux types: le premier type est composé par des associations
souscrivant des apports multiples et disposant d'un savoir faire. Le
deuxième type concerne le financement par le biais des coopératives
traditionnelles, tel que les tontines très répondues en Afrique.
La plupart des agents économiques qui ont recours au marché financier
informel ne peuvent pas répondre aux conditions exigées par les
institutions financières bancaires.
Les transactions qui se déroulent sur le marché financier informel
s'effectuent entre les deux parties, les prêteurs et les emprunteurs, en
présence des personnes du réseau porteur de la caution morale une sorte
garantie en faveur de l'emprunteur. La prudence est la première règle, qui
intervient chez les prêteurs informels, l'intermédiaire qui présente le
nouveau client au prêteur est porté responsable en cas de non
remboursement. Quant l'emprunteur ne peut pas assurer ses
engagements, il devrait céder la contre partie de la garantie ou bien
contracter un autre prêt en multipliant le taux d'intérêt initial.
L’évaluation de la contre partie dépend de plusieurs paramètres, elle varie
de 10% à 120% selon l’importance et la durée de l’emprunt.
3.1. Le secteur formel motive le recours à la finance informelle
La réticence des banquiers transforme les institutions financières en un
système opérant des sélections de la clientèle, justifiant l'existence du
marché financier informel.
L’analyse de la législation formelle relevant du domaine secteur financier
bancaire classe le comportement en fonctions de deux grandes
catégories. La première obéi à la règle de la prudence au niveau de la
gestion des affaires des banques, basée sur la nécessité de maintenir une
viabilité permanente des comptes financiers au niveau d'une banque face
aux risques de perte ou de faillite, des projets d'investissement. Le
secteur du bâtiment en Algérie est classé comme une activité à haut
risques. Puis, en seconde, il y a la réglementation économique destinée au
renforcement de l'appareil de production nationale, obéissant à des
directives de la politique économique et des exigences du plan, qui a
durée plusieurs décennies.
Ces deux règles délimitent le champ d'intervention des responsables des
structures des institutions financières, une prudence face aux risques trop
excessive. Les bénéficières de prêt bancaires, ne disposant pas d’appuis
font souvent appel au service des intermédiaires. Ces derniers sont bien
introduits dans le dispositif d'emploi des jeunes. Ils parasitent les circuits
des procédures de financement des projets destinés aux jeunes
chômeurs, en manipulant les pratiques de gestion bureaucratiques et
clientélistes. Les conséquences de ces interférences entrainent des retards
ou le non remboursement des prêts contractés au niveau des banques.
Ces pratiques se sont développées dans le secteur financier formel. Par
conséquent, l’exploitation de leurs faiblesses et le contournement de la
législation bancaire permet de satisfaire une demande exprimée par les
divers agents économiques et de d’engranger illicitement des profits
orchestrés par des intermédiaires.
En effet, la majorité des entrepreneurs ne peuvent pas fournir un dossier
complet répondant aux exigences des banques. Cet arsenal de garanties
dissuade la majorité des entrepreneurs à emprunter aux banques, ce qui
les oblige à rompre avec le système financier formel en sollicitant le
réseau des emprunteurs informels, n'exigent pas la constitution de
dossier. Ces relations vis-à-vis du marché financier informel ont abouti à
un modèle de financement autonome et indépendant dans le secteur du
bâtiment, face au système de crédits institutionnel. Cela n'exclue pas
l'existence de capitaux considérables dans entreprises du bâtiment. Un
certains nombre d'entrepreneurs qui jouissent d'une réputation
importante, bénéficient d'un financement pour les fonds de roulement,
qui proviennent des fournisseurs ayant développé des rapports de
confiance avec leur clientèle. A cet effet, Liedholm (Lubell, 1991, 111)
souligne que " outre les prêteurs, les petites et micro entreprises trouvent
des sources de crédits informels dans les avances en matériaux ou en
espèces accordés par les clients, le crédit fournisseur et la sous traitance".
3.2. Rôle et importance du secteur financier informel
Les prêteurs de la finance informelle n'aiment pas donner des
informations sur la nature et l'organisation de leurs activités, certains
sont impossibles à approcher, ils sont prudent et très réservés, ils ont
peur est ce que leurs activités soit porté au grand public, permettant au
pouvoir public d'intervenir pour les contrôler et les imposer.
L'impact du rôle joué par le secteur financier informel relève du fait qu'ils
ne cherchent pas à évaluer les risques de pertes de l'investissement, il
suffit de présenter des garanties de remboursement tangibles, pour
matérialiser la transaction.
Le secteur financier informel a ses avantages. Il mobilise des fonds mis à
disposition rapidement dans tous les milieux, il n'est pas nécessaire
d’effectuer un déplacement vers les grands centres urbains pour réaliser
une transaction, les débiteurs et créditeurs se connaissent bien, ils sont
souvent, issus du même milieu. La souplesse, la rapidité et la disponibilité
du secteur financier informel attribuent un rôle de premier ordre aux
intermédiaires, devenus incontournable.
Le dernier rôle joué par les intermédiaires financier informel et
particulièrement dans le secteur du bâtiment, relève du fait qu'il offre une
multitude de choix par apport aux modalités de remboursement que l'on
peu regrouper en quatre modes. Le premier se fait après l'échéance en
liquide, y compris les intérêts; le second implique l'association dans le
projet d'investissement des intermédiaires financiers informels, sans
figurer officiellement dans les statuts de l'entreprise, réalisant ainsi des
rentes supplémentaires en faisant des transactions immobilières sans
aucune déclaration; le troisième conduit à céder une partie du capital de
l'investissement, fructifiant son capital financier; et le dernier mode de
remboursement se fait en deux parties: la première partie en liquide et la
deuxième partie en nature, ce qui permettra à l'intermédiaire financier de
récupérer son capital financier en liquide, après les échéances et de
réaliser des bénéfices en réalisant des transactions immobilières.
Dans tout les cas de figure possibles, du contrat engagé entre les deux
parties, l'idée du rapprochement entre le client le prêteur est renforcée,
de nombreux investissements ont eu lieu grâce à ce mode de
financement dans le secteur du bâtiment. Le système financier bancaire
ne dispose pas d'une diversité dans les modes de remboursement, tel
qu'il se fait chez les prêteurs informels. Ce constat caractérise l'ensemble
des économies des pays en développement, Dhifllah (1990) en étudiant
le cas de la Tunisie illustre cette conclusion dans l'enquête mené au prés
d'un échantillon de la ville de Sfax qui " semble confirmée les résultats de la
plupart des enquêtes effectuées dans de nombreux milieux urbains du tiers monde à
savoir l'absence ou la faiblesse des liens quand aux modalités de financement avec le
secteur bancaire".
4. Types et caractéristiques de la finance informelle
4.1. Types de financement informel
La variété des types de financement informel provient de la demande
importante en besoins de financement et de l'existence d'une multiplicité
d'entreprise très hétérogène, d’où la difficulté de classification des
différents types de financement informel.
Tableau 1 : Modes de financement informels
Modes de financement
L’autofinancement
Réseaux familiaux et
amicaux
Financement associatif
Prêts sur hypothèque
prêteurs
professionnels
Les crédits
commerciaux
Typologies, origines, natures et manifestations
Revenus provenant des activités antérieures ; dividendes
tirées en dehors des métiers du bâtiment ; activités
spéculatives lors des situations de pénuries ; surplus dégagé
du non respect des normes de production ; Traficotages dans
les dosages et le choix de la qualité de la matière utilisée.
Le recours à ce mode majoritairement ; son ampleur dépend
des capacités de financement du réseau d’appartenance des
entrepreneurs ; Maximise les avantages ; n’exige pas de contre
partie ou d'intérêts, ne cherche pas garantie de solvabilité et
souples pour les délais de remboursement.
L'associe est souvent étranger à l'activité du bâtiment ; ils
jouissent d'une liberté à choisir d'arrêter ou de continuer
l'activité de la production de la même entreprise.
Présentation
de
gages,
de
garanties;
exercées
occasionnellement ; le domicile constitue le lieu des
transactions.
Les prêteurs professionnels activité principale sur fonds
propres ; les prêteurs semis professionnels qui agissent selon
les opportunités dans les activités spéculatives, appliquent des
taux d’intérêts élevés ; les prêteurs à temps partiel composés
d’individus qui ont un revenu régulier (enseignant,
fonctionnaire ou salarier), accèdent facilement aux sources de
financement institutionnelles, ils opèrent dans un espace
géographique restreint.
Activité dissimulée dans les techniques de vente et des liens
entretenus avec la clientèle connue.
Les prêts banquiers et
des intermédiaires
Basés sur des relations personnelles avec des banquiers ; ils
profitent de leur pouvoir discrétionnaire ; accordent des
crédits en faveur d'une clientèle recherché.
Les intermédiaires
financiers
Activités des courtiers qui s'interposent entre la personne
excédentaire cherchant à fructifier ses capitaux et celle dans le
besoin de financement ; touchent particulièrement les flux
des émigrants.
Source : synthèse des résultats de nos investigations.
Le secteur financier informel prend la forme d’un emprunt ou d’un don
provisoire, se déroulant dans la sphère non officielle par opposition au
système financier formel. Il s'agit de fonds constitués lors du début de
l'activité. Pour expliciter ce mode de financement et ses formes
systémiques le tableau 1 synthétise les types, la nature et les
manifestations de financement informel que nous avons recensés.
4.2. Caractéristiques de la finance informelle
La multiplicité des types et des modes de la finance informelle recensée
entraine la diversification des caractéristiques du secteur de financement
informel. Nous allons exposer dans ce qui suit un ensemble des
caractéristiques propres aux typologies déjà développées dans les points
précédents. Dors déjà, nous anticipant sur l’existence d’un ensemble de
similitudes en termes d’avantages qu’offres les institutions de la finance
solidaire.
4.2.1. La faiblesse du coût en capital
L'une des premières caractéristiques reconnue aux activités du secteur
informel est liée à la faiblesse du coût du capital qu’exigent les
investissements de départ. La faiblesse de ces coûts se trouve adapter aux
moyens et à la politique que les entrepreneurs prônent lors du début de
l'activité et que leurs développements ne trouvent pas d'obstacles
majeurs, les activités de petites dimension ont des capacités inestimables
d'adaptation en matière de financement et de reproduction. Cette
caractéristique permet de multiplier le nombre d'équipement utile ou
même de changer de créneau d'activité, sans craindre une perte du capital
investi.
4.2.2. Facilité d'accès
La faiblesse des coûts en capital facilitent l'accès aux activités du secteur
informel, se caractérisant par le libre accès, sans aucun obstacle. Cette
caractéristique engendrée par la faiblesse du coût du capital, permet à la
finance informelle de se substitué au rôle des institutions bancaires qui
ne s'intéressent pas à cette catégorie d'entreprises.
4.2.3. Petites transactions
La finance formelle s'occupe généralement des transactions plus
volumineuses, qui sont souvent fondées sur des règles de solvabilité et de
faisabilité, contrairement à la finance informelle qui s'occupe des petites
transactions, accordées par les relations de personnes. Le volume faible
de la transaction de la finance informelle minimise les risques de pertes
de capitaux des différents d'emprunteurs. La flexibilité de ses
mécanismes de financement s’adapte facilement au changement de
politique économique.
4.2.4. La durée des prêts informels
La caractéristique de la durée des prêts formels se distingue par la
langueur du temps accordé pour le remboursement des prêts à moyens et
à long terme, les emprunteurs informels ne prêtent qu'à court terme, en
nombre de jours qui leur permet de maximiser le taux d'intérêt à chaque
fois que le nombre de jours se trouve réduit.
4.2.5. La vitesse de recouvrement
L'une des principales leçons à tirer de la finance informelle est la vitesse
avec laquelle cette dernière recouvre le montant du prêt. Par crainte de
voir les intérêts exigés multiplier, pour chaque journée de retard. Les
emprunteurs peuvent parfois même contracter d'autres prêts pour
recouvrir le premier emprunt. Cela n'exclue pas qu'il y est une souplesse
dans le traitement de la clientèle, par les différents types d'emprunteurs
lorsqu'il y a une défaillance exceptionnelle.
4.2.6. La flexibilité des emprunteurs
La caractéristique fondamentale de la finance est la flexibilité totale des
prêteurs, lors de la prise de décision pour l'accord de prêts et ca
reconduction, en rallongeant la durée du prêt. Cette caractéristique
distinctive se manifeste par la responsabilité individualisée et la capacité
d'évaluer les risques en matière de garanties et de la variation du taux
d'intérêt exigé, dépendant des relations personnelles tissées avec chaque
client, ce qui permet de prévoir et de minimiser les risques de défaillance.
4.2.7. Capacité d'adaptation
Contrairement aux banques qui ne sont pas flexible et qui exige de
remplir toute une liste de critère pour l'accès aux crédits, le secteur
financier informel s’adapte à la demande des entrepreneurs, il peut
simplifier et assouplir les conditions nécessaires pour l'accord d'un prêt à
un client. D'ailleurs, l’assouplissement en 2011 des modalités d’octroi de
crédit dans le cadre du dispositif d’emploi des jeune en simplifiant la
procédure et les mesures au niveau du secteur financier formel pour
l’encouragement des petites entreprises, n’a pas déstabilisé le secteur
financier informel, qui recel et développe des capacités innées
d'adaptabilité vis-à-vis des nouvelles exigences du marché financier local
et des entrepreneurs locaux.
4.2.8. Transformation des crédits fournisseurs en capital fixe
Le financement par les moyens des fournisseurs (commerçants) qui ont
des durées, parfois, supérieure au prés financier directe, intégrant
graduellement le capital fixe que l'entrepreneurs gère, du coup par coup,
en procédant au remboursement global du crédit accordé par les
fournisseurs, jouissant ainsi des flexibilité en matière de crédits
nécessaires provenant des résultats des relations de dépendance entre les
fournisseurs et la clientèle.
4.2.9. L'autofinancement
Lune des caractéristiques de l'autofinancement est qu'une partie des
entrepreneurs choisissent délibérément le financement par leurs propres
fonds, provenant essentiellement des résultats réalisés lors de l'exercice
de leurs activités. Dans le secteur du bâtiment le choix de l'extension de
l'activité par l'autofinancement dépend de la clientèle. La réticence de
certains entrepreneurs à procéder à des opérations d’autofinancement est
liée à l’instabilité conjoncturelle des activités du secteur du bâtiment.
5. Inconvénients et avantages de la finance informelle
5.1. Les inconvénients
L'inconvénient majeur qui revient essentiellement dans la finance
informelle est lié au taux d'intérêt jugé trop élevé et à la durée du prêt qui
est très courte, comparativement au secteur financier formel, prêtant à
moyen et long terme et à des taux d'intérêts accessibles.
Les aléas relatifs aux conditions de réalisation d'ouvrage dans le
secteur du bâtiment sont multiples, ils génèrent des surcoûts dans le
processus de production, rendant difficile l’estimation du coût du projet,
ce qui oblige les entrepreneurs ou les promoteurs immobiliers à
contracter de nouveaux prêts au niveau du marché financier informel.
Des prêts qui entrainent des coûts supplémentaires imputés comme des
charges lors du processus de la production. La multiplication des prêts
avec les intérêts y afférent est à l’origine de la mise en faillite de certaines
entreprises.
Et enfin, des conséquences dangereuses que génèrent certains accords de
prêts entre des prêteurs et emprunteurs poussent certains prêteurs à la
violence, lorsque l'emprunteur ne respecte pas les termes du contrat et
s'il dispose d'un contrat notarial ou d'un cheque de garantie, il traduit
l'emprunteur en justice.
5.2. Les avantages
Le premier avantage reconnu à la finance informelle, provenant surtout
des réseaux familiaux et amicaux, est celui de l’entretien du principe de
réciprocité. Tous ceux qui ont emprunté considèrent l'action du prêt
comme étant une obligation à honorer dans le futur pour les réseaux. Cet
avantage est basé sur le renforcement et la consolidation des liens
d'appartenance à une communauté dans le cadre des relations de
proximité.
La facilité d'accès aux crédits informels est le second avantage que
procure la finance informelle, contrairement à celui des prêts formels qui
exigent des demandeurs de prêts de remplir une suite de critères
contraignants et difficiles à remplir.
La procédure exigée pour les entrepreneurs informels n'est pas
compliquée, ce qui facilite et rend l'obtention du prêt très rapide, alors
que celui du secteur bancaire exige le respect d'une procédure très lourde
et longue pour avoir droit à l'accès aux crédits. Les exigences en termes
de garanties sont plus souples chez les prêteurs informels. Alors qu’au
niveau du secteur financier officiel, les banquiers réclament des
cautionnements ou des hypothèques.
Les modalités sont très flexibles, adaptable en fonction de la demande
des emprunteurs, en ce qui concerne le montant, la destination de prêt et
la durée du prêt qui peut être révisée en cas de nécessité, en jouant sur le
taux d'intérêt.
Enfin, les prêts accordés par la finance informelle sont considérés
comme étant un privilège non pas comme un droit, tel qu'il est conçu par
la clientèle dépositaire de fonds dans des banques. De ce fais les
emprunteurs ne peuvent pas exercer des pressions sur les prêteurs.
5.3. Perspective d’institutionnalisation de la micro-finance
En général, le premier souhait des entrepreneurs dans le cadre du
financement de leur activités est lié au rôle que devraient jouer les
institutions financières bancaires qui consiste à faciliter l'accès aux prêts,
surtout, en situation de crise, lors des retards de payement. Ce qui est
recherché c’est la prise en considération de leurs contraintes notamment
celle inhérente à la fourniture de garanties aux institutions financières
formelle.
N’est-il pas temps de tirer des leçons du système de la finance
informelle perpétué depuis longtemps. Un système qui s’est adapté et
transformé aux évolutions des nouvelles conjonctures économiques et
aux exigences des entrepreneurs qui non pas le choix entre l'abondons de
leurs activités et la continuité.
La finance informelle apporte des solutions aux problèmes financiers que
le système financier formel n'arrive pas à résoudre. Il y a plusieurs leçons
qu'il faudra tirer du rôle de la place et des avantages que ces types de
financement informels offrent dans une perspective d’institutionnaliser
formellement des mécanismes en faveur de la mise en place de la
microfinance solidaire.
La première leçon qui est la plus importante à tirer, concerne le type
d'entreprise auquel la finance informelle offre ses services. Elle touche à
toutes les activités modernes et traditionnelles. La qualité des services
qu'elle offre, contribue à la baisse des tensions et à maintenir aussi
certaines activités en vie, qui emploi une main d'œuvre considérable.
Les prêteurs informels professionnels s'occupent des transactions qu'ils
passent avec leur client durant tout le long du prêt, car ils n'empreintes
qu'à base des connaissances des possibilités de solvabilité de leurs
clientèles. Les cas de non remboursement sont très rares contrairement
aux banquiers qui se plaignent du non respect de l'échéancier.
En mettant en valeur ces leçons et avantages de la finance informelle, le
secteur financier algérien à intérêt à faire des comparaison à travers des
études avec les mécanismes régissant le fonctionnement des différents
types de la finance formelle, pour tirer des leçons et prévoir à l'avenir
comment intégré la masse de la monnaie dans le système financier
officiel et de l'orienter beaucoup plus vers le développement local,
puisque, par nature les réseaux de prêteurs informels, excluant les
réseaux maffieux, ne dépassent pas le milieu local du vécu quotidien.
D'où la nécessité de penser dans l’urgence à un code de conduite du
système financier officiel au niveau local, intégrant les capacités relevant
du secteur informel de financement, en faveur de la microfinance locale
solidaire.
6. Conclusion
L'un des traits caractérisant la micro entreprise dans le secteur du
bâtiment est qu'elles sont entreprises par des personnes dépourvus de
capital financier important. Ce qui a repoussé un bon nombre de salarier
à recourir à la solution de l'indépendance, face aux manques d'emplois et
d'autres à ce maintenir dans le statut de salarier par faute de moyens
minimums.
Pratiquement l’ensemble des entrepreneurs qui signalent qu'ils n’ont pas
pu obtenir des crédits au niveau du système financier formel sollicitent
les fonds personnels familiaux et parfois amicaux pour les besoins de
financement, au moment du lancement de l'entreprise et à d'autres
réseaux de financement pour compléter le manque du capital nécessaire à
l'investissement. Nos investigations révèlent que les entrepreneurs
subissent une exclusion du système financier formel et l'une de leurs
suggestions consiste en l'intervention des pouvoirs publics pour leur
faciliter l'accès aux crédits financier institutionnel.
Même s'il semble que le système de financement informel, vecteur
porteur d’une dynamique et d’une dimension alternative adaptée à la
réalité économique du pays, répond mieux que le système formel aux
besoins de financement des entreprises privées en général, cela ne
voudrait pas dire que le système financier institutionnel est inutile ou
moins important.
Afin d’atteindre un niveau de développement qualitatif et efficace,
l'intégration de la petite entreprise dans le marché financier national
officiel est indispensable, car le système de la finance informelle ne peut
pas soutenir seul un projet développement national. Il s'agit de réfléchir
sur les voies et les moyens à mettre en œuvre pour l'intégration du
marché financier informel dans les institutions financières officielles, en
prenant en considération les services qu'il offre. Tel que l'écrit Liedman
(DALE et Delbert 1994) " ce n'est que lorsque les marchés financiers
formel et informel seront mieux intégrés et plus libres que l'on pourra
répondre efficacement aux besoins financiers évolutifs des petites
entreprises". D'où la nécessité et l'urgence à créer une banque spécialisée
pour prêter aux artisans, organisés sous forme d'entrepris, afin
d'exploiter les fonds qui leurs seront destinés, comme ceux de
FONAPRAM de la Tunisie ou d'autres institutions de crédits proches de
celles qui ont la forme traditionnelle (informelle).
En guise de conclusion, nous dirons qu'il ne s'agit pas de rejeter le
système de financement informel, y compris ses mécanismes de gestion,
mais de réfléchir sur les mécanismes qui permettront la création d'un
cadre institutionnel adapter à la politique économique, qui prendra en
considération dans l'avenir les besoins des petites entreprises. Elle aura à
prendre en charge les services et les avantages qu’offrent ses divers
réseaux du secteur financier informel.
L’institutionnalisation de mécanismes privilégiant la microfinance
solidaire au niveau local peut constituer une alternative pratique à mettre
en valeur pour fortifier l’action à mener en faveur du développement
local. Elle constitue une perspective capable de contribuer à la lutte
contre la pauvreté, en améliorant les conditions de production des microentreprises prenant en charge les contraintes auxquelles elles sont
confrontées en matière de financement.
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