N° 2

Transcription

N° 2
N° 2
Voici déjà le deuxième numéro du Kernanews… Encore beaucoup de cinéma au
programme, mais aussi de la littérature et pour débuter, un article rédigé par
l’une de nos élèves étrangères.
Bonne lecture à tous !
Sommaire
An american student in Kernanec : Gabriella 's point of view
Critique : Twelve Years a Slave
Critique : Babel
Top 10 des films de l'année 2013
Adieu le « Comte »
Les sorties littéraires incontournables de l'année 2013
An american student in Kernanec : Gabriella 's point of view
Hello,
My name is Gabriella, I am an exchange student from the USA, living in France for an
entire school year. I got here at the end of August and I have been attending Lycee Yves
Kernanec. Despite the fact that the US and France aren’t drastically different, there are
definitely some major differences, especially when it comes to the educational system. Here
in France, the school days are very long. Starting at 8, some people don’t get out until 5:30 or
6:30 which is absolutely crazy. In America we start at 7 am and we end at 2pm every day
from Monday to Friday, we don’t have school on Saturdays. But on the other hand, most
teenagers in America have a job starting at 16 that we go to, after school, and is over in the
afternoon and we go to on the weekends. We earn our own money and concentrate on not
only school, but sports, our job, along with family and friends. School in France is extremely
rigorous and sometimes I cannot even fathom how French high school students are able to
deal with the stress that rides on getting their BACs.
I love the quality of life here. From how seriously the French taking relaxing and vacation
time to the way everyone sits down and eats slowly. Back home Americans are constantly
eating on the run, grabbing food and walking with it or driving with it. I haven’t once seen a
French person eating in the street while walking, except for those who sneak a bite from
their freshly baked baguette. I love how the French take vacations and relaxing so seriously.
They balance work and relaxing in a manner that is quite impressive and is nice in contrast to
the constant stress of working over hours in the US.
For me personally the biggest struggle has been adapting to teenage social life and
etiquette in France. Although it took me only a week to learn all the French swears and slang,
it has taken longer for me to learn the social Do’s and Don’ts or when to do the “bises” as
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opposed to when not to do the “bises”. Being from America I have learned a whole other set
of social rules and way of interacting which, in my opinion, differs from France. Clothing is
also a funny thing. I think Americans can very often dress for comfort but also keeping style
in mind, whereas I am under the impression that dressing for comfort in France isn’t
common. I do appreciate the fact that you have my country’s flag on a lot of your clothing
though, it’s funny to see it on phone cases and t-shirts.
Rarely do I see French people hug, whereas that’s how you greet friends where I come
from. In the US we have different classes with different students in your grade, unlike here,
where you stay with the same twenty students every day, all year so you don’t know that
many people. In the US you are able to meet a lot of kids and get to know them fairly well, as
opposed to France where it is hard to get to know many other people outside of your class.
But then again, you get the chance to become very close with the people of your class, which
is a very cool experience.
There are many differences between France and the USA but there are a lot of similarities
too. I’m discovering them all.
Thanks for reading,
Gabriella Wilcox
Critique : Twelve Years a Slave
Réalisateur : Steve McQueen
Acteurs : Chewitel Ejilofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch, Lupita Nyong'o
Sortie : 22 Janvier 2014
Deux ans après le sublime Shame, film narrant l'histoire d'un homme
accro au sexe, le réalisateur britannique Steve McQueen est de
retour sous un registre plus académique avec Twelve years a slave,
œuvre ayant pour but d'éveiller les consciences au sujet de l'épisode
sombre de l'esclavage aux États-Unis.
Quentin Tarantino l'avait légèrement fait l'année dernière avec son
brillant Django Unchained à travers l'ambiance "cool" qui fait son
succès. Ici, Steve McQueen reprend le même objectif, sauf que lui va
faire une œuvre très réaliste et montre l'esclavage telle qu'il était à
cette époque. Donc, exit les "gunfights" sur fond de 2Pac, les
dialogues surréalistes mais bonjour plans-séquences terrifiants,
lynchages, tortures et humiliations en tout genre. On n'est pas là pour se divertir. Tourner en
dérision un événement tragique, c'est génial, mais il ne faut pas oublier d'en parler de
manière sérieuse et ici, McQueen réussit son pari à merveille ! On est tétanisé durant ces
deux heures de film, ce n'est pas Salo ou les 120 journées de Sodome, de Pasolini, non, mais
McQueen nous plonge dans un univers obscur et haineux, grâce aux bruitages, aussi
douloureux pour nous que pour les victimes, ou grâce à la réalisation, plongeant dans un
malaise certain et une imprévisibilité affolante. L'aspect académique aperçu dans la bandeannonce me laissait sceptique, on est bien loin du style visuel particulier qui faisait la marque
de Steve McQueen. Toutefois, cette crainte s'est envolée dès que le film a commencé : le
metteur en scène réussit le pari de mélanger le style académique bon pour les Oscars et son
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style à lui, violent, beau et engagé.
Bien que Twelve Years a Slave soit un grand film, on pourrait cependant lui reprocher deux
choses : le choix d'un acteur et son rythme.
Le casting est juste excellent ! Plus hollywoodien qu'à l'accoutumée, on retrouve donc
Chewitel Ejilofor dans le rôle principal, Michael Fassbender, évidemment, puisqu'il est
l'acteur fétiche du réalisateur, dans le rôle d'un esclavagiste violent, perdu et alcoolique.
Mais on retrouve aussi d'autres têtes plus ou moins connues ! Il y a Benedict Cumberbatch
dans le rôle d'un maître évitant le cliché de "l'homme blanc méchant", Paul Dano qui me fait
encore penser qu'il faut lui donner un Oscar à tout prix, et on retrouve même Quvenzhané
Wallis, la petite Hushpuppy du très sympathique Les Bêtes du Sud Sauvage ! Le casting est un
« sans faute » excepté pour... Brad Pitt. Il n'est pas mauvais, il n'y a aucun doute, mais
franchement, il est producteur du film et joue, comme par hasard, un des seuls blancs
aimables du film. Quelle coïncidence ! En outre, le film devient un poil long vers sa fin mais
on est tellement submergé par toutes ces images que l'on oublie ce problème.
Twelve Years a Slave est une oeuvre bouleversante et terrifiante, qui ne laissera personne
indifférent. Un film "coup de poing", aussi puissant qu'Hunger et Shame, qui mérite d'être vu
pour son histoire (véritablement vécue), ses acteurs et son impressionnant réalisme. Ne
soyez pas effrayés par la violence et les légers défauts du film, et allez voir l'un des premiers
grands films de 2014. Il a d'ailleurs remporté le Golden Globe du meilleur film dramatique
cette année, face à All is lost ou Dallas Buyers Club. Franchement, si le film obtient l'Oscar
début Mars, c'est amplement mérité !
Victor Van De Kadsye TL
Critique : BABEL, Alejandro Gonzàles Inarritu
Film autant surprenant que captivant, Babel raconte l’histoire de plusieurs personnages aux
quatre coins du monde, tous liés par un incident produit en plein désert marocain.
L’événement implique un couple de touristes américains, deux jeunes garçons paysans
responsables de l’accident, une adolescente japonaise dont le père est recherché par la
police et une nourrice qui voyage illégalement avec deux enfants américains.
Réalisateur et producteur, Inarritu n’en est pas à son premier long métrage mais bel et bien
à son troisième. En effet, il a déjà réalisé Amours Chiennes (2000) et 21 Grammes (2003). Un
film est attendu en 2014 qui s’intitulera Birdman.
Alejandro Gonzàles Inarritu est le premier réalisateur mexicain à avoir été nommé aux Oscar dans la
catégorie « meilleur réalisateur ». Il a gagné de nombreuses autres récompenses. Ses expériences
personnelles eurent une grande influence sur ses œuvres de même que pour les écrivains
existentialistes classiques : écrivains considérant que chaque personne est unique et est maître de ses
actes, son destin et des valeurs qu’ils adoptent. C’est un courant issu du XIXe et XXe siècle. Les thèmes
abordés sont la peur, l’ennui, l’aliénation, l’absurde, la liberté et le néant.
Le réalisateur a tenté de lier tous ses personnages ; néanmoins certaines histoires semblent
être juxtaposées, comme pour le cas de l’adolescente japonaise. En revanche le thème de
l’incommunicabilité qui se décline dans le monde entier donne une certaine universalité au
film. Entre un Atlas marocain, une ville de Tokyo densément peuplée et des villages, le décor
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est atypique. Les nombreux plans panoramiques donnent une grandeur aux paysages et ils
sont superbes.
Le scénario est clair et cohérent. On arrive à anticiper les situations. Cependant le spectateur
se fait surprendre avec les traits de caractère particuliers des personnages. Le scénario est
donc assez prévisible. Et d’ailleurs une minorité de spectateurs pensent qu’Inarritu a
privilégié la construction du scénario aux dépens des autres aspects cinématographiques.
Concernant le montage, le réalisateur a fait un montage déstructuré qui permet de susciter
le doute chez le spectateur, ce qui est fortement intéressant. On retrouve ce même type de
montage dans son long métrage 21 Grammes. C’est devenu sa particularité
cinématographique, « sa marque de fabrique ».
Les costumes des personnages ne sont pas originaux étant donné qu’ils sont semblables aux
vêtements d’aujourd’hui. Mais on voit une nette distinction entre les gens « de la ville » et
les paysans. Les décors qu’a choisis Inarritu ne sont pas dus au hasard. Celui-ci a cherché
réellement à créer des contrastes entre les différents paysages afin de pouvoir marquer
chaque lieu, chaque culture. On passe alors de paysages urbains à ruraux ou désertique. Cela
permet aussi au spectateur d’élargir sa culture. La bande son est magnifique, elle nous
transporte dans l’univers du film. Quant aux autres musiques, elles sont toutes aussi bien.
Une musique pour chaque lieu. Le réalisateur marque un point en changeant de musiques
lorsqu’il y a un changement d’atmosphère car le spectateur rentre dans une ambiance
différente à chaque fois et c’est original.
Donc en plus d’être un bon film avec ses beaux plans panoramiques et ses musiques qui
nous baladent dans des tas d’univers, il nous donne une leçon sur les conséquences de nos
actes et nous invitons à apprendre de ces leçons en regardant ce bijou de cinéma.
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Top 10 des films de l'année 2013
2013 aura été une très belle année pour le cinéma. Beaucoup de films ont marqué l'année,
parmi ces films, voici les dix plus marquants. Nous confrontons ici, sous forme de tableau,
deux avis de cinéphiles avertis de la terminale L.
10 : 9 Mois Ferme – Albert Dupontel
Dans un temps où la comédie française
devient ridicule et lourde (Il n'y a qu'à voir le
succès des Profs), ça fait vraiment plaisir de
voir une comédie réussissant à mélanger la
douceur et le trash. Dupontel nous signe un
film très drôle, où les situations absurdes et
les caméos épiques fusent à tout va et où
l'on éclate de rire pendant 1h20. De plus, il
nous prouve que Sandrine Kimberlain est
vraiment l'une des meilleures actrices de sa
génération. Le seul défaut du film étant sa
durée, vraiment courte, il nous offre
néanmoins une des comédies françaises les
mieux réussies de ces dernières années.
10 : Le Passé d'Asghar Farhadi
Je ne connaissais d'Asghar Farhadi, un
réalisateur iranien, que Une Séparation que je
n'avais toutefois pas vu. Ce film avait reçu un
Ours d'or au Festival de Berlin, mais aussi
l'Oscar du meilleur film étranger. Je savais que
Farhadi ne faisait pas dans la dentelle, que ses
films ne possédaient pas une joie de vivre
mais plutôt un côté très naturaliste. Ce fût
une bonne grosse surprise de l'aimer autant,
même si bizarrement je ne fus pas surpris,
sachant à quoi m'attendre.
Si une expression devait définir ce film, elle se
nommerait « je t'aime, moi non plus ». Cette
expression à la fois odieuse et mélancolique
se situe très bien dans le contexte de
l'histoire. Histoire accompagné d'un fort
contraste, celui de la femme qui cherche pardessus tout à se défaire de ses soucis, telle
une princesse enfermée dans sa tour, et celui
de l'homme essayant d'éviter tout
chapardage, mais qui toutefois sert d'angegardien, tel un diablotin enfermé dans les
Enfers. Ali Mossafa est magnifique, Bérénice
Béjo est sublime, tandis que la jeune Pauline
Burlet, au cœur du conflit mère-fille, est une
des révélations de l'année. Comme qui dirait,
c'est un film sur la famille, sur le conflit et sur
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les relations entre individus.
9 : Ex-aequo : Le Congrès d'Ari Folman Snowpiercer de Bong Joon-Ho
Deux longs-métrages totalement différents
mais qui ont comme genre commun : la
science-fiction. Le premier film est une
oeuvre signée par Ari Folman, créateur du
passionnant documentaire animé Valse avec
Bachir. Il confirme ici tout son talent avec ce
film de science-fiction très étrange où
animation et réalité sont, plus ou moins,
mélangées. D'autant plus qu'on retrouve la
rage dénonciatrice de Folman, qui vise ici
l'usage abusif des drogues hallucinatoires et
SURTOUT, une peinture extrêmement
sombre du cinéma d'aujourd'hui, à travers
le personnage de Robin Wright, jouant ici
son propre rôle. On sort du film marqué et
impressionné, en ayant l'impression d'avoir
fait un trip sous LSD durant deux heures.
Ensuite, il y a le film de Bong Joon-Ho. qui
est un film de science-fiction complètement
ahurissant, pessimiste certes, mais rès riche
visuellement et qui offre plusieurs scènes
cultes. Loin des films d'anticipation
américains, les personnages sont violents,
enragés et ne veulent qu'une seule chose :
être mieux acceptés dans une société
devenue totalitaire. Ces deux films de
science-fiction sont véritablement deux
belles surprises, audacieuses et
intéressantes.
8 : Hijacking de Tobias Lindholm
Là où Capitaine Phillips a loupé son coup en
ne misant que sur l'action, Hijacking
accentue le côté humain : tiré d'une histoire
vraie, le film raconte l'histoire de l'équipage
d'un cargo pris en otage par des pirates
somaliens. Parallèlement, on suit les
négociations entre le PDG de l'entreprise
employant l'équipage et le négociateur des
pirates. L'histoire peut sembler très
"bateau" mais se démarque par une
réalisation ultra-réaliste, proche du
reportage, où les personnages ont tous des
9 : Hijacking de Tobias Lindholm
Tobias Lindholm est une des révélations de
l'année. Cependant, il s'était déjà fait
remarquer en tant que scénariste de Thomas
Vinterberg, notamment sur La Chasse. C'est
aussi l'auteur de la série événement Borgen.
Nous avons l'impression de suivre un
documentaire, mais un documentaire en live,
comme In the Loop d'Armando Iannucci,
même si aucun des deux films n'ont les
mêmes impacts dans notre petite tête. Ce film
est un film dit "coup de poing". En effet, cette
œuvre est très brutale et fait peur. Il arrive à
nous surprendre avec un coup de feu "in air"
ou un changement de situation soudain. Le
stress entre en scène, on ne sait plus du tout
comment ce film peut alors se finir. Bien ou
mal ? Au final, aucun des deux. C'est un
thriller vif et efficace qu'il faut absolument
voir. Pilou Asbaek et Soren Malling campent
des personnages perdus et le font
miraculeusement bien. Le cinéma danois est
un cinéma qui monte et est peut-être l'un des
meilleurs d'Europe actuellement, Tobias
Lindholm en est un des nombreux visages
avec Winding Refn, Vinterberg, Susanne Bier,
Lars Von Trier ou encore Joachim Trier.
8 : La Vénus à la fourrure de Roman Polanski
Je savais bien que Roman Polanski était un
des cinéastes les plus fous de toute l'aire
cinématographique. Les fous sont les plus
grands, car ils osent tout et savent tout faire.
En effet, les deux personnages joués
magnifiquement bien par Emmanuelle
Seignier et Mathieu Amalric sont fous, malade
dans leurs crânes, à la limite de la psychose.
Les retournements de situation que créent les
personnages,
notamment
Emmanuelle
Seignier sont d'une folie pure. L'élève prend la
place du maitre à coup de fouet et de
costumes en latex.
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comportements très humains, que ce soit
l'équipage ou les pirates. Excepté vers la fin,
le film est imprévisible et on subit une réelle
tension durant tout le film. Mention spécial
aux deux acteurs principaux, Pilou Asbaek et
Soren Malling, qui nous livrent une
performance réaliste, impressionnante et
émouvante. Encore une fois, le cinéma
danois nous livre une perle !
Polanski nous emmène dans la tête des
personnages et jouent avec nous. Qui joue
qui ? L'actrice joue le personnage féminin puis
le personnage joue l'actrice alors que le
metteur en scène joue le personnage
masculin qui joue ensuite le metteur en
scène. Le metteur en scène joue le
personnage féminin qui, elle, joue le metteur
en scène. C'est un imbroglio compréhensible,
mais impossible à expliquer. Polanski nous
prend de revers en jouant au malin et en
arborant tout son talent.
7 : La Vénus à la Fourrure de Roman
Polanski
Comment réussir un film d'1h40, en huisclos, et n'ayant que deux personnages ? On
prend deux acteurs talentueux, un doublejeu dans le scénario absolument jouissif,
une lumière sublime et de superbes
dialogues. C'est un véritable jeu de
massacre sur fond de mise-en-abyme "sadomasochiste", somptueux ! Voilà le film qui
confirme que l'on peut aimer les oeuvres de
quelqu'un sans apprécier la personne !
Polanski est une personne méprisante, pour
ses idées et ce qu'il a fait dans le passé.
Mais toutefois ! Ce n'est pas parce qu'il est
méprisant que forcément, ses oeuvres le
sont tout autant. Et La Vénus à la Fourrure
confirme cette règle et nous met une belle
claque !
7: Tel père, tel fils, de Hirokazu Kore-eda
Le Japon a toujours été un grand pays de
cinéma. Akira Kurosawa, Mizoguchi, Ozu et
j'en passe en sont les principaux visages.
Dorénavant, même si le cinéma coréen est
passé en pôle-position en Asie, le cinéma
japonais a encore et toujours beaucoups de
visages : Kitano, Miike, Sion Sono, Kyoshi
Kurosawa (qui n'a aucun lien familial avec
Akira) et bien sûr Kore-eda. Kore-eda est un
adepte de l'enfance, il a pu le prouver avec
Nobody Knows ou plus récemment I Wish. Il
possède le même don que Steven Spielberg,
parler avec sensualité et lenteur de l'enfance,
mais aussi le don d'Akira Kurosawa, le grand
maître du cinéma nippon, celui de
brillamment analyser les valeurs de l'être
humain.
Cependant,
les
principaux
personnages dans ce film, ce sont les parents.
En effet, les enfants ne sont que des éléments
déclencheurs dans l'ensemble de l'œuvre.
Deux mondes s'opposent. Celui du Japon droit
dans ses bottes, traditionnel, se pensant
supérieur aux autres, et celui du Japon qui
prend l'air et ne reste pas cloitré à apprendre
du piano pour avoir une réputation
grandiloquente auprès des autres.
La principale question que se pose Kore-eda,
est qu'est-ce qu'être père ? Qu'est-ce qui fait
que l'enfant que l'on élève est notre fils ? Des
questions sur la famille que se posait aussi
Kurosawa avec Ran.
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6 : Blue Jasmine de Woody Allen
Comédie cruelle et subtile, sur fond de
"choc des cultures", Woody Allen nous signe
ici un film drôle et bouleversant, porté par
une Cate Blanchett sublime, où les
rebondissements augmentent au fil du film,
grâce à un montage très utile pour la
narration. D'autant plus que Woody évite,
ici, les traditionnels clichés des films sur le
mélange des "classes sociales" et on a droit
à un véritable jeu de massacre sur la classe
moyenne et la bourgeoisie, où aucun
personnage n'est blanc comme neige. Blue
Jasmine est donc une oeuvre bouleversante,
mélancolique et élégante et confirme que
Woody Allen n'a rien perdu de son talent.
6 : Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
Ceux qui disent que la vie est rose, sont soit
des shootés à la rosette, soit des publicitaires
capitalistes, soit des crétins tellement crétins
qu'ils ne se rendent même pas compte du
monde où ils vivent. La vie, elle est morose
comme un suicidé qui ne se suicide pas.
Parfois, on rigole quand même pour oublier
les soucis, mais parfois c'est tellement
absurde qu'on en rit. J'adore les frères Coen,
peut-être bien que ce sont eux qui m'ont
insufflé cette passion pour le cinéma. Ce sont
les premiers qui m'ont intéressé et Arizona
Junior fut mon film préféré durant un certain
temps. Cela fait un peu moins de 30 ans que
les Coen inventent les personnages les plus
loufoques du cinéma, dans n'importe quel
genre.
Ce film n'est pas une ode à la joie, le
personnage de Llewyn Davis campé
superbement par Oscar Isaac vit dans la
misère, avec sa guitare. Il n'a aucun succès en
dehors du bar où il hurle sa souffrance. C'est
l'Amérique des paumés. Lumière grise, mais
douce. Une des plus belles des frères Coen. Ce
rendu participe au ton du film, tout comme ce
chat qui vit en solitaire et qui, même frappé
en plein cœur, continue sa route. Capra a dit
que la vie était belle, les frères Coen nous
disent que la vie n'est pas toujours belle. Il y a
toujours un maudit mur de béton pour nous
empêcher d'avancer et la seule chose que
nous faisons, c'est de le regarder.
5 : Django Unchained de Quentin Tarantino
L'un des maîtres du cinéma, qui m'a donné
envie d'en faire, revient quatre ans après
Inglourious Basterds pour à nouveau
réinventer l'histoire, avec Django
Unchained. Ici, Tarantino règle son compte
envers l'esclavage et nous donne un longmétrage complètement fou, où les "gunfights" sont nombreux, où l'on met du 2Pac
dans un western, où tout le mal est
ridiculisé, que ce soit le maître esclavagiste
ou bien les associations telles que le "KuKux-Klan". On rigole beaucoup mais Quentin
5 : All is Lost de J.C Chandor
J.C Chandor fait partie de ces jeunes
réalisateurs qui réinventent le cinéma
américain. Dans les années 70, il y a eu le
Nouvel Hollywood, alors pourquoi pas un
Renouveau Hollywood dans les années 10 ?
Aucune parole, un acteur, un lieu, des
rencontres. Robert Redford, un bateau, une
bouée, un container, un énorme paquebot.
J'adore les films contemplatifs, même si ici,
tout se joue à partir du son. Le bruit de la mer,
puis de l'orage pour avertir le spectateur que
l'aventure ne sera pas de tout repos. C'est une
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n'oublie pas de nous rappeler la tragédie de
cette période à travers des séquences
mémorables mais insoutenables, comme un
combat d'esclaves menant à la mort. Les
acteurs sont, une fois de plus chez Quentin,
exceptionnels. Jamie Foxx s'en sort très bien
dans le rôle de Django, Christoph Waltz
nous refait son rôle de Hans Landa mais en
gentil, cette fois-ci, et Leonardo DiCaprio
excelle dans le rôle de Calvin Candie, maître
d'une plantation absolument fou, qui nous
offre une des meilleurs séquences de
l'année 2013. Malgré quelques plagiats de
ses précédentes oeuvres, notamment
Inglourious Basterds, Django Unchained est
un film complètement déchaîné, où l'on
s'éclate devant une période tragique, certes,
mais réinventée par un grand réalisateur.
question de survie pour Redford, toujours
aussi agile pour un homme de 77 ans, qui ne
compte pas rouiller.
C'est lentement beau comme Blow-Up de
Michelangelo Antonioni, c'est épique comme
n'importe quel film de survie ou catastrophe.
Heureusement, ce film ne tombe pas dans le
film catastrophe bête et idiot où une tornade
vint tout saccager sur son passage. Réussi et
magnifique : juste deux mots pour définir ce
film.
4 : Inside Llywyn Davis de Joel & Ethan
Coen
Après un True Grit sympathique mais pas
exceptionnel, les frères Coen reviennent
avec un film douloureux mais, néanmoins
optimiste sur la vie d'un chanteur folk dans
années 60. On retrouve ici tout ce qui fait la
force du cinéma des Coen : des personnages
hauts-en-couleurs, notamment un John
Goodman dantesque, une photographie
sublime, déprimante, et correspondant très
bien à l'ambiance du film, rappelant celle du
très bon Barton Fink et l'on retrouve surtout
un scénario très développé et cruel sur le
personnage principal, qui va en baver
durant tout le film. Oscar Isaac porte le film
et prouve qu'à part être un excellent acteur,
il est aussi un très bon chanteur. Malgré une
petite baisse de rythme au milieu du film,
Joel & Ethan Coen nous signent une oeuvre
mélancolique et charmante. Un véritable
coup de coeur.
4 : Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese
Plus besoin de présenter Monsieur Scorsese,
un des meilleurs réalisateurs au monde, un
des plus cultivés et des plus rockeurs. Cela
faisait un bout de temps que le papa de Taxi
Driver n'avait pas réalisé un aussi bon film
depuis Casino, film qui comporte quelques
familiarités avec celui-là. Il renait de ses
cendres tel un phœnix. Scorsese ne mourra
jamais.
Jordan Belfort campé par Leo DiCaprio (super,
comme à son habitude), est un fou. Un fou
furieux, avide d'orgies monstrueuses, de
drogues et de lancers de nain. Les fous sont
sûrement les plus impitoyables de notre
malheureux monde. Il y a des fous qui tuent, il
y a des fous qui nous bassinent avec leur
charabia. Dans Casino, la violence se faisait
avec les mains, alors que dans Le Loup de Wall
Street, la violence se passe avec les mots et
des mensonges. C'est sûrement ça qui fait le
charme de ce personnage. Mais il ne voit pas
le Mur qui fonce droit vers lui et qu'il se prend
dans la figure.
3: Le Loup de Wall Street de Martin
Scorsese
Martin Scorsese prouve qu'à plus de 70 ans
3 : Mud, sur les rives du Mississippi de Jeff
Nichols
C'est sûr que pour un premier Jeff Nichols,
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et dans une société très prude, on peut
encore faire des longs-métrages qui se
dégagent des normes hollywoodiennes et
qui offrent une véritable sensation de
liberté. Le Loup de Wall Street, version
financière des Affranchis, est une oeuvre
complètement dopée à la coke, comme le
sont les personnages du film, qui ose bien
des choses, que ce soit dans la réalisation et
dans le contenu de certaines scènes. Outre
la provocation, qui n'est jamais inutile, le
film nous offre un véritable brûlot contre les
dérives que peuvent prendre les traders à
Wall-Street. Film amoral et très bien réalisé,
avec un Dicaprio au plus haut de sa forme,
une B.O. sublime et des scènes
anthologiques, Le Loup de Wall Street
termine la fin de l'année en beauté !
réalisateur novateur à l'image de JC Chandor,
à quoi pouvons-nous nous attendre ? C'est un
joli coup de poing dans la face, pas autant que
Requiem pour un massacre ou Old Boy.
Néanmoins, nous découvrons que ce film est
plutôt complexe et qu'il y a une vraie arrière
pensée dans cette oeuvre. La première chose
que nous apercevons de ce film, c'est le fleuve
du Mississippi. Grande étendue d'eau qui
s'ouvre au monde, comme ces enfants,
personnages principaux, qui commencent à
devenir hommes en s'ouvrant à leur monde à
eux. C'est une histoire d'amour, une aventure
à la Tom Sawyer, un drame, c'est juste
grandiose. Matthew McConaughey est
magnifique. Magistral.
2 : Gravity d'Alfonso Cuaron
Malgré un scénario minimaliste et pas
vraiment original, Gravity est l'expérience la
plus mémorable de 2013. Servi par une 3D
magnifique et qui donne une très grande
profondeur de l'espace, le film marque par
sa réalisation à tomber par terre et qui fait
rêver des tas de cinéastes : le plan-séquence
de 15-20 minutes servant d'ouverture, il
faut le faire ! Sandra Bullock s'en sort plutôt
bien, à part pour aboyer, tandis que George
Clooney a toujours autant de charisme, bien
qu'on le voie peu. Gravity est un des films
les plus marquants que j'ai pu voir au
cinéma, non pas pour son scénario bâclé,
mais par sa réalisation audacieuse et
sublime. Après Les Fils de l'Homme, Cuaron
confirme son statut de "grand réalisateur
2 : Only God Forgives de Nicolas Winding
Refn
Nouvelle œuvre de Nicolas Winding Refn. En
tant que fan de NWR, on ne peut que
s'attendre à du bon, voire du très bon. Avant
Drive, son chef-d'œuvre, je ne le connaissais
pas. Dès les premières minutes, nous nous
demandons où nous sommes. Nous avons
l'impression d'être tombé en enfer aux côtés
de ces petits combattants. Des coups de
poings, de pieds, comme s'ils combattaient
pour aller au paradis où plutôt se réincarner
auprès de Bouddha. La lumière rouge
accompagne ces personnages et crée une
ambiance emprisonnante. D'ailleurs, la
photographie est sûrement l'une des plus
belles depuis très longtemps !!! Le film est
rouge, les acteurs monstrueux (Ryan Gosling
je t'aime !), l'ambiance glauque, mais
magnifique, les sujets sont martyrisants. Ce
film, c'est le diable en personne. En tout cas, il
ne m'a pas mangé, mais il m'a fait mal, très
mal. J'ai souffert avec bonheur, comme le
diable tue avec bonheur.
Et pour moi le meilleur film de l'année est… (roulements de
tambour ! ) :
10
1: Frances Ha de Noah Baumbach :
Ce film est à la fois l'un des plus grosses
surprises de cette année et LE meilleur de
l'année 2013. Je dis "surprise" car avant le
mois de sa sortie, je n'en avais pas entendu
parler du tout. De plus, je ne connaissais
rien de Noah Baumbach, je savais juste qu'il
avait collaboré avec l'un de mes réalisateurs
préférés : Wes Anderson. Un ami m'en avait
parlé et la bande-annonce m'avait attiré.
J'entre dans la salle pour le découvrir et j'en
sors très conquis. Le film raconte l'histoire
de Frances, jeune new-yorkaise un peu
perdue dans son monde, devant affronter
les tracas du quotidien et le départ de sa
meilleure amie. Ce film est une véritable
merveille grâce à l'universalité de son
histoire, et au fait qu'on y raconte juste
l'histoire de gens "normaux", qui font des
choses de la vie de tous les jours. En outre,
Greta Gerwing crève l'écran, et la une mise
en scène se fonde sur un New-York en noiret-blanc tout droit sorti du Manhattan de
Woody Allen. Un très gros coup de coeur !
Victor Van de Kadsye
1 : Snowpiercer de Bong Joon-Ho
Bong Joon-Ho est un génie, un des meilleurs
réalisateur du XXIème siècle,
malheureusement trop méconnu. Il a pu
signer un des meilleurs films noirs et policier
depuis très longtemps, Memories of Murder,
un film qui sera culte dans une quinzaine
d'années. Il a ensuite signé le très beau drame
familial, Mother, où le réalisateur coréen
mène drame et film policier.
J'avoue avoir été un peu dépassé par tout ce
qui se passe dans ce film. J'avoue que moi
aussi, j'avais envie de me révolter face aux
individus perdus dans leur folie, ne regardant
même pas le monde présent autour d'eux. Les
émotions révoltantes des révolutionnaires
m'ont totalement fait entrer dans le film, il
était quand bien même difficile de détourner
les yeux. Sous une magnifique lumière à la fois
sombre et lumineuse, nous avions envie de
faire gicler du sang pour réclamer justice.
Voilà la preuve que ce film prend aux tripes.
Ce sont deux univers qui s'opposent, un
contre-utopiste et un utopiste. La crasse, la
saleté, le noir, l'envie de vengeance font
sûrement partie de cet univers de l'arrière du
train. Ils sont utilisés tels des esclaves,
mangeant de la nourriture provenant d'une
machine, pour ensuite être esclaves d'une
machine. En face, le monde utopiste, se révèle
un monde totalitaire ressemblant à
l'Allemagne nazie. Une petite fille, à laquelle
on ne se gênerait pas de lancer une tarte dans
la figure, affirme que "les personnes du bout
du train vivent dans de la merde". Cela en
devient drôle tellement l'absurdité proférée
autour de ces pauvres enfants n'est qu'une
sale blague. Mis à part tout cela, Bong Joonho utilise toujours aussi bien sa caméra, sa
lumière, le ton du film. Les scènes de combat
accompagnées de ralenti et de hargne sont
bluffantes tout comme Tilda Swinton ou Chris
Evans. Aucun mauvais acteur, mention spécial
à Song Kang-ho.
Baptiste Coppin
11
Adieu le « Comte »
C'est avec tristesse et stupéfaction que le monde entier a appris, ce dimanche 02 Février
2014, le décès de l'un des plus grands acteurs contemporains, Philip Seymour Hoffman.
Grand acteur puisque c'était un homme qui considérait chaque rôle comme un jeu, un
nouveau challenge à accomplir. Capable de jouer dans des blockbusters comme Mission
Impossible 3 ou Hunger Games - L'embrasement ou bien dans des productions
indépendantes, notamment ceux de Paul Thomas Anderson, dans des films comme PunchDrunk Love et son mythique Shut up !, The Master, ou bien dans une biographie sur le
dramaturge Truman Capote, qui lui a valu l'Oscar du Meilleur Acteur en 2006. Son nom ne
vous dit peut-être rien mais sa tête, en revanche, si ! Souvenez-vous dans Good Morning
England, qui jouait le personnage du « Comte » ? Lui ! Dans The Big Lebowski des frères
Coen, le majordome de Lebowski, c'était lui ! Il était principalement connu par ses rôles
secondaires géniaux,
Philip Seymour était l'un des seuls acteurs, jugé « bankable », qui osait des rôles que d'autres
stars ne voudraient pas, et il était capable de nous faire rire comme de nous émouvoir.
C'était l'un des plus grands acteurs de tous les temps.
Repose en paix « Le Comte » !
Films à voir :
The Master de Paul Thomas Anderson
Good Morning England de Richard Curtis
The Big Lebowski des frères Coen
Punch Drunk-Love de Paul Thomas Anderson
Victor Van De Kadsye
12
Les sorties littéraires incontournables de l'année 2013 :
Riches en petites perles cinématographiques, l'année 2013 fît le bonheur des nombreux
férus de cinéma de la section Audiovisuel. Cependant, la lecture attentive d'un bon roman ne
vaut-elle pas le visionnage d'un bon film ? Ainsi, le voyage d'un fakir resté coincé dans une
armoire Ikea, la mise en scène d'une pièce de théâtre culte au milieu du ravage de la ville de
Beyrouth, ou encore le véritable phénomène de société largement controversé de E. L James,
intéresseront peut-être ceux qui comme moi, aiment avoir le nez dans les bouquins.
Voici donc ma liste des livres incontournables de 2013 :
Docteur Sleep, Stephen King
Devenu adulte, Danny Torrance est accompagné d'Abra Stone, une
petite fille très particulière de 12 ans, qu'il a sauvée d'une série de
meurtres paranormaux.
Vous avez dévoré le cultissime roman de Stephen King Shining,
l'enfant lumière ? Alors l'année 2013 aura été la vôtre. Nous
retrouvons en effet le célèbre Danny Torrance, désormais adulte et
doté de pouvoirs surnaturels dans la suite tant attendue d'un des
plus célèbres romans de l'auteur. L'enfance, les démons, la
rédemption au bout du chemin. Que dire de plus, hormis que ce
livre est à ne surtout pas manquer.
Le quatrième mur, Sorj Chalandon
L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de Jean
Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant
dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs.
Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour
détruite et jardin saccagé. Dans ce pays, des hommes en
massacraient d’autres. Georges a décidé que le pays du cèdre
serait son théâtre.
Comme toujours, le Goncourt des Lycéens ne déçoit pas. Après le
thriller littéraire du jeune Suisse Joel Dicker élu l'an dernier, c'est
cette fois-ci le roman de l'écrivain français Sorj Chalandon qui
obtient la récompense.
Un roman fort et violent pour une amitié et une promesse de
monter la pièce Antigone dans une ville ravagée du Liban. Éclair de paix dans un bain de
sang, considéré comme une œuvre sur l'utopie et la fraternité « magnifique et désespérée »,
ce livre est si fort qu'il donne l'impression de ne pas en sortir indemne.
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L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, Romain
Puertolas
Venu d'Inde pour acheter un lit à clous, le fakir Ajatashatru se
retrouve embarqué dans un périple plus étonnant que jamais!
D'abord enfermé dans une armoire Ikea en route pour Londres, il
finit par faire le tour de l'Europe en seulement quelques jours.
Mêlant intelligemment humour loufoque et critique sociale,
L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une
armoire Ikea, c’est une aventure rocambolesque et hilarante aux
quatre coins de l’Europe et dans la Libye post-kadhafiste, une
histoire d’amour plus pétillante que le Coca-Cola, mais aussi le reflet
d’une terrible réalité : le combat que mènent chaque jour les
clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle.
Cinquante nuances de Grey, EL James
Lorsqu’Anastasia Steele, étudiante en littérature,
interviewe le richissime jeune chef d’entreprise Christian
Grey, elle le trouve très séduisant mais profondément
intimidant. Mais Grey est tourmenté par des démons
intérieurs, et consumé par le besoin de tout contrôler.
Lorsqu’ils entament une liaison passionnée, Ana découvre
ses propres désirs, ainsi que les secrets obscurs que Grey
tient à dissimuler aux regards indiscrets…
En tête des ventes - 450 000 exemplaires en France en
deux mois sans compter les millions d'exemplaires vendus
aux États-Unis et au Royaume-Uni - voilà bien un livre dont le buzz et les ventes ont
largement dépassé la valeur littéraire. Et pour cause, Fifty Shades of Grey, en français
Cinquante nuances de Grey, de Erika Leonard James, a été bien plus qu’un simple livre, il a
été un véritable phénomène de société. Une histoire d'amour qui fait envie, qui obsède et
émeut. Nous sommes désormais de grandes personnes, mais comme l'affirme le diction : «
Mieux vaut prévenir que guérir », je tiens à préciser qu'on ne peut retirer le caractère plutôt
érotique à cette histoire d'amour plus que déroutante, ainsi âmes sensibles et soucieuses de
garder un esprit pur de toutes connotations sexuelles, abstenez-vous.
Inferno, Dan Brown
C’est l’une des plus grandioses œuvres de la littérature italienne, L’Enfer de Dante, qui est le
fil conducteur de cette nouvelle aventure. En Italie, plongé dans une atmosphère aussi
opaque que mystérieuse, le héros de Dan Brown, Robert Langdon, professeur de symbologie
à Harvard va devoir affronter un adversaire diabolique sorti des limbes de l’Enfer et déchiffrer
l’énigme la plus complexe de sa carrière.
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Après Da Vinci Code, Anges et Démons ou encore Le Symbole
perdu, Dan Brown parvient une nouvelle fois à mêler avec
brio l'histoire, l'art et les symboles et codes antiques afin de
nous livrer ce qui ressemble à un nouveau Best-seller
International. Entre outre, de l'action, une enquête dont on
ne veut louper aucun rebondissement, l'histoire et des
richesses culturelles telles que des villes comme Florence ou
Venise... La trame du livre est profonde et soulève des
questions sur le monde actuel et la direction qu'il prend. En
bref, un cocktail détonnant et enivrant duquel il est très difficile de se détacher.
L'appel du Coucou, «Robert Galbraith»
Une nuit d'hiver, dans un quartier chic de Londres, le célèbre
mannequin Lula Landry est trouvée morte, défenestrée. Suicide.
Affaire classée. Jusqu'au jour où l'avocat John Briscow, frère de la
victime, frappe à la porte du détective privé Cormoran Strike. Strike
est au bout du rouleau : ex-lieutenant dans l'armée, il a perdu une
jambe en Afghanistan, sa carrière de détective est au point mort et
sa vie privée un naufrage. Aidé par une jeune recrue intérimaire
virtuose de l'Internet, Strike est chargé d'enquêter sur la mort de
Lula. Strike va alors passer de l'autre côté du miroir glamour de la
mode, dont les reflets chatoyants dissimulent un gouffre de secrets,
de trahisons, de manœuvres inspirées par la vengeance.
Les auteurs anglo-saxons s'adonnant à un autre genre littéraire que celui auquel ils sont
habitués, aiment écrire sous pseudonyme. L'appel du Coucou n'y échappe pas puisque c'est
en fait J.K Rowling, la plus que célèbre inventrice du jeune Harry Potter qui se prête au jeu
sous le nom de Robert Galbraith.
C'est donc au roman policier que l'auteure s'est secrètement essayée. Et autant dire
d'emblée qu'elle ne s'y est pas trompée. En effet, bien loin de révolutionner le Polar, J.K
Rowling s'adonne à merveille à respecter les codes du genre. Nous y retrouvons donc comme
attendu, une enquête aux nombreux rebondissements, menée par un détective plutôt
atypique ainsi qu'un suspense plus que présent sur fond d'une sorte de radiographie de la
société anglaise d'aujourd'hui, et notamment sur l'anomalie bien contemporaine de l’hypermédiatisation.
Tu mourras moins bête, Marion Montaigne
Pour ceux préférant les BD, Tu mourras moins bête élu prix du
public au festival de la BD d'Angoulême est un album tirant son
origine d'un blog de vulgarisation scientifique en bande
dessinée. Son auteure, Marion Montaigne, y aborde la science
sous un angle humoristique, mais toujours dans un souci
d'exactitude scientifique et une certaine pédagogie. Ce premier
tome : La science, c'est pas du cinéma ! pointe de manière
15
comique les aberrations scientifiques qui parsèment les films d'action et de science-fiction
(Chérie, j'ai rétréci les gosses, Volte/Face, Indiana Jones...) ou encore les séries TV comme Les
Experts.
Cette BD se retrouve donc transformée en un moyen d'apprendre tout en ayant beaucoup ri.
Coralie Moncheaux
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