Le secret de Coline
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Le secret de Coline
pour le plaisir... Lecture offerte 2 3 6 5 Éric, qui est monté sur le rebord d’une fenêtre, a la boîte dans sa main. Il la lève très haut : – Viens la chercher ! Coline regarde autour d’elle. On a l’impression qu’elle va pleurer. Mais non, elle s’avance vers le garçon, et elle crie : – Rends-moi ma boîte ! Ses mains attrapent les pieds d’Éric sur le rebord de la fenêtre, mais le garçon ne se laisse pas faire, et Coline doit lâcher prise. – Alors, tu veux ta boîte ? lance Éric. Eh bien, tu vas l’avoir… Mais attends un peu ! Il ouvre doucement la petite boîte et en sort un porte-clés, un autre, puis un autre encore, et il les jette le plus loin possible. Coline ne bouge plus, ne crie plus. Ses yeux supplient le garçon d’arrêter. Mais Éric continue : – Il y a quelque chose sous les porte-clés ! On n’avait pas vu qu’il y avait aussi des petits papiers. alors elle veut faire un détour. Mais l’un des garçons, le plus grand, celui qui fait toujours le chef et qui s’appelle Julien, se met à crier : – Où tu vas comme ça, Coline ? Il ne faut pas partir ! Regarde on a un cadeau pour toi. Coline voit dans la main de Julien sa boîte en plastique, la boîte qui était cachée dans le mur et qu’elle n’a pas trouvée hier soir en rentrant de l’école. David crie : – Viens la chercher, si tu veux ! Les garçons se mettent à courir en riant très fort. Coline laisse tomber son cartable et part à leur poursuite. Mais elle ne sait plus lequel a la boîte, et les garçons sont partis de tous les côtés. Alors, au milieu de la cour, elle s’arrête : tout le monde voit qu’elle est très rouge. Elle se met à crier : – Voleurs ! Sales voleurs !... Rendez-moi ma boîte ! bas, assise sur l’escalier, au bout de la rue. Sa mère court vers elle. Coline a la tête dans ses mains, et sa mère comprend qu’elle pleure. – Qu’est-ce qui se passe ? Tu sais, Coline, j’étais folle d’inquiétude. Dis-moi ce que tu as… Coline et sa maman sont assises sur la marche de l’escalier. Coline ne dit rien. Elle essaie de ne pas pleurer. – Ça ne fait rien, dit la mère. Si tu ne veux pas me le dire, ce sera ton secret… Coline lève les yeux vers sa maman et demande doucement : – Tu n’es pas fâchée, dis ? Mais, sans attendre la réponse, elle se blottit contre sa mère qui la serre très fort dans ses bras. Le lendemain matin, à l’entrée de l’école, il y a un petit attroupement, et Coline reconnaît cinq garçons de sa classe. Aujourd’hui, elle n’a pas envie de parler, février 2008 plusieurs petits morceaux de papier soigneusement pliés. Tous les jours, Coline vient regarder ses trésors. Parfois, elle y ajoute un nouveau porte-clé ou un autre petit morceau de papier plié. Puis elle referme la boîte et la remet bien à sa place, dans le quatrième trou, derrière la grosse pierre. Aujourd’hui, à la maison, la mère de Coline s’inquiète : voilà déjà vingt minutes que Coline devrait être rentrée de l’école, et elle n’est toujours pas là. Depuis la fenêtre de la cuisine, la mère regarde dans la rue, mais il n’y a personne. « Encore cinq minutes, se dit-elle, et je vais aller voir…» Maintenant, la mère de Coline marche vite en direction de l’école. Elle traverse l’avenue et prend la petite rue des Pommières qui monte vers la place. Tout à coup, elle voit Coline : elle est là- pour le bon plaisir de par Histoire tendre Le secret de Coline Philippe Meirieu 4 http://petitslivres.free.fr Il y a longtemps maintenant que Coline a trouvé cette cachette. C’est sur le chemin de l’école, dans la rue des Pommières : là, juste après les escaliers, il y a un grand mur avec des trous. Dans le quatrième, elle a mis une petite boîte en plastique. Et, tous les jours elle s’arrête là un moment, en revenant de l’école. Mais personne ne doit le savoir. Alors, elle a un plan... Elle descend les escaliers en se retournant souvent pour voir s’il y a quelqu’un derrière elle. S’il y a quelqu’un, elle s’assied sur une marche, elle sort un livre de son cartable, et elle fait semblant de lire jusqu’à ce que la rue soit vide. Quand elle est sûre que personne ne peut la voir, elle s’approche de la cachette, elle enlève la grosse pierre, et elle sort doucement la boîte. Dedans, il y a un petit canif, des porte-clés, une vieille médaille trouvée un jour dans la cour de l’école et a été imprimé le Les Editions Célestines, Cet exemplaire du Secret de Coline de Philippe Meirieu, publié par grand rire qui part dans la cour et qui s’empare de tous les garçons et de toutes les filles. Un grand rire qui secoue aussi Coline pendant qu’Éric, tout honteux, essuie la boue de ses joues. Coline pense très fort qu’elle ne voudrait pas être là, qu’elle voudrait ne jamais être venue dans cette école et n’avoir jamais écrit ces papiers. Éric parle toujours : – Eh ! dites donc, il y a plein de belles choses écrites sur ce papier ! Écoutez ça, les gars ! Coline est amoureuse, elle l’a même écrit, là ! Regardez : « Je t’aime, Julien. » Éric se met à rire pendant que les plus petits dans la cour chantent : – Hou ! L’amoureuse ! Hou ! L’amoureuse ! Mais le brouhaha ne dure pas. Julien, le grand Julien arrive à côté de la fenêtre. Il est très en colère. Il attrape Éric par le pied et tire si fort qu’Éric tombe en avant dans une grande flaque de boue. Tout le monde se tait. On regarde Éric qui se relève péniblement : il est tout noir. Et Julien commence à rire, d’un 7