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Afghanistan : Histoire et système de gouvernement
LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE D’AFGHANISTAN EST située dans le sud‐ouest de l’Asie. Bordée par le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan au nord, l’Iran à l’ouest, la République populaire de Chine au nord‐est et le Pakistan à l’est et au sud, elle couvre une superficie de 647 500 km2, soit à peu près la taille du Manitoba. Selon des estimations, l’Afghanistan compte 28 millions d’habitants répartis entre plusieurs groupes ethniques, les plus impor‐
tants étant les Pachtounes (42 p. 100), les Tadjiks (27 p. 100), les Hazaras (9 p. 100) et les Ouzbeks (9 p. 100). La population est composée de 80 p. 100 de sunnites et de près de 20 p. 100 de chiites. Les langues officielles sont le dari (une forme de persan) et le pachto, mais on en parle de nombreuses autres. La capitale du pays est Kaboul (voir la carte en annexe). Il n’y a jamais eu, en Afghanistan, de gouver‐
nement central capable d’exercer son pouvoir sur l’ensemble du pays. Celui‐ci est divisé suivant des lignes religieuses, régionales, linguistiques et ethni‐
ques, et les divisions s’accentuent depuis la chute du gouvernement communiste en 1992. À partir de 1996, les Talibans exercent une mainmise sur la plus grande partie du territoire, où ils imposent un régime islamique strict. Ils sont renversés en 2001 par une coalition de factions soutenue par les États‐Unis, mais demeurent une force avec laquelle il faut compter dans le sud et dans l’est du pays. Histoire récente
Situé au carrefour des grandes routes d’Asie centrale, l’Afghanistan connaît les invasions depuis l’antiqui‐
té : Grecs (sous Alexandre le Grand), Arabes, Perses, Huns, Turcs et Mongols s’y sont succédé. En 1747, Ahmed Chah Durrani unifie les tribus pachtounes pour créer l’Afghanistan. Au XIXe siècle, les empires britannique et russe rivalisent pour assurer leur emprise sur la région. En 1919, l’Afghanistan s’affran‐
chit de la mainmise britannique sur ses affaires étrangères. Le roi Amanullah (1919‐1929) cherche à briser l’isolement de son pays, mais ses réformes en faveur de la sécularisation suscitent une vive opposition. Il est renversé et, après une période de troubles, Mohammed Zaher Chah monte sur le trône en 1933. En 1964, le roi Zaher Chah cherche à instituer des élé‐
ments de démocratie, notamment par une assemblée législative dont une partie des membres est élue. On observe alors l’émergence de partis extrémistes, dont le Parti populaire et démocratique d’Afghanistan (PPDA), communiste, qui entretient des liens étroits avec l’Union soviétique. En 1973, le roi Zaher Chah est renversé dans un coup d’État dirigé par l’ancien premier ministre Sardar Mohammed Daoud. Les tentatives de réforme économique et sociale de celui‐ci échouent et, en 1978, il est déposé par le PPDA, puis assassiné. Une fois au pouvoir, le PPDA tente d’imposer des réfor‐
mes d’inspiration marxiste, mais elles aussi suscitent de l’opposition. Une insurrection déclenche l’inter‐
vention de l’Union soviétique en 1979 et l’installation de Babrak Karmal au poste de premier ministre. Bien que le régime de Karmal dispose de l’appui de 120 000 soldats soviétiques, il n’arrive pas à maîtri‐
ser la situation à l’extérieur de Kaboul. Des groupes de « combattants de la liberté » afghans, les moudja‐
hidines, financés par les États‐Unis, l’Arabie saoudite et le Pakistan, mènent des offensives de plus en plus coordonnées contre le gouvernement. En 1986, Karmal est remplacé par Mohammed Nadjibullah. L’Union soviétique, qui a perdu quelque 14 500 sol‐
dats, se retire en 1989. Le régime de Nadjibullah tombe en 1992, et les moudjahidines s’emparent du pouvoir. La victoire des moudjahidines ne fait que donner lieu à une nouvelle phase de combats, en raison des clivages entre groupes ethniques, clans et groupes religieux. Il s’ensuit une guerre civile qui voit l’émer‐
gence des Talibans, une imposante force composée en majorité de réfugiés afghans pachtounes éduqués SERVICE D’INFORMATION ET DE RECHERCHES PARLEMENTAIRES
PUBLICATION PRB 07-16F, 9 OCTOBRE 2007
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dans les écoles coraniques (madrasas) du Pakistan. Les Talibans capturent Kandahar, dans le sud du pays, en 1994, puis saisissent Kaboul en 1996. Ils démobilisent les milices et améliorent la sécurité dans le pays. Ceux qui ont initialement accueilli les Talibans à bras ouverts déchantent vite devant les mesures répressives qu’appliquent ceux‐ci pour imposer un strict code islamique. Les Talibans commettent des atrocités à l’endroit des femmes et des filles, ainsi qu’à l’endroit des groupes minoritaires tels que les chiites hazaras. Par ailleurs, les Talibans permettent à Oussama ben Laden, un dissident saoudien qui s’est battu aux côtés des moudjahidines, d’établir sur le territoire des bases pour son groupe Al‐Qaïda. En 1998, après les attentats perpétrés par Al‐Qaïda contre les ambassades des États‐Unis à Nairobi et à Dar es‐Salaam, les États‐Unis lancent une volée de missiles Cruise contre une des bases d’Al‐Qaïda en Afghanistan. Après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 perpétrés contre eux, les États‐
Unis, ainsi que l’Alliance du Nord, opposée aux Tali‐
bans, lancent une campagne militaire contre ceux‐ci. Les Talibans perdent alors rapidement leur cohésion et l’Alliance du Nord prend le contrôle en novembre. Peu de temps après la chute des Talibans, les Nations Unies organisent à Bonn une conférence réunissant les dirigeants de diverses factions afghanes. La Conférence de Bonn permet d’établir un processus pour la reconstruction politique du pays et l’installation d’un gouvernement de transition. Dans le souci de préserver la stabilité à Kaboul, le Conseil de sécurité des Nations Unies approuve le déploie‐
ment d’une Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). En juin 2002, une assemblée tradi‐
tionnelle de chefs de tribus appelée Loya Djirga (grand conseil) élit le chef de tribu pachtoune Hamid Karzaï à la présidence du gouvernement de transi‐
tion. En août 2003, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) prend la direction de la FIAS. En janvier 2004, une Loya Djirga est convoquée. Elle adopte une nouvelle constitution pour l’Afghanistan, laquelle prévoit un régime présidentiel et une assemblée législative bicamérale. Par ailleurs, la Constitution réserve le quart environ des sièges de 2
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la Wolesi Djirga (chambre basse) aux femmes. L’élec‐
tion présidentielle qui a lieu le 9 octobre 2004 est remportée haut la main par Hamid Karzaï, qui devient le premier président de l’Afghanistan élu démocratiquement. Les élections à la Wolesi Djirga ont lieu en septembre 2005. Si la plupart des candidats s’affichent comme indépendants, on estime que les alliés de Karzaï remportent entre 65 et 118 sièges, tandis que le National Understanding Front, un parti d’opposition dirigé par Younous Qanouni, en obtient entre 60 et 80. Une bonne partie des élus sont de puissants chefs de clans. Pendant ce temps, les combats contre une résurgence des Talibans se poursuivent, et les forces de l’OTAN sont déployées dans les provinces du nord et de l’ouest. En 2005, les Forces canadiennes arrivent dans la province de Kandahar. La sécurité se détériore en 2006, et l’OTAN inten‐
sifie ses opérations militaires dans les provinces du sud et de l’est, où elle prend la relève des forces de la Coalition dirigées par les États‐Unis. Un nouveau groupe politique d’opposition est constitué en février 2006, le Front national uni d’Afghanistan (UNFA). Il rassemble d’anciens communistes et moudjahidines et réclame l’adoption d’un système parlementaire dans lequel les pouvoirs du président seraient moins considérables. Une grande partie des dirigeants de l’UNFA étaient autrefois liés à l’Alliance du Nord et s’opposent à ce qu’ils considèrent comme la domination du Parlement par les Pachtounes. En septembre 2007, après un attentat‐suicide perpétré par un Taliban qui fait 30 victimes à Kaboul, Karzaï tend une perche aux Talibans et leur offre une place au gouvernement dans l’espoir de rétablir la paix. Les Talibans rétorquent qu’ils ne négocieront pas avec le gouvernement tant qu’il restera des soldats étrangers sur le territoire afghan. Système de gouvernement
La République islamique d’Afghanistan est divisée en 34 provinces. Le président est le chef de l’État et du gouvernement. Le pouvoir législatif appartient à une assemblée nationale bicamérale. La Mechrano Djirga (chambre haute) compte 102 membres : un représentant de chacun des (PRB 07-16F) SERVICE D’INFORMATION ET DE RECHERCHES PARLEMENTAIRES
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34 conseils provinciaux; un représentant de chacun des 34 conseils de district locaux et 34 personnes nommées par le président. Deux sièges sont réservés aux représentants des nomades kouchis et deux autres aux représentants des personnes handicapées. Au moins 17 sièges sont réservés aux femmes. Les membres nommés par les conseils provinciaux et conseils de district ont un mandat de quatre ans, tandis que les membres nommés par le président ont un mandat de cinq ans. La Wolesi Djirga, qui compte 249 sièges, est élue au suffrage direct. Il y a 34 circonscriptions pluri‐
nominales ayant entre deux et 33 députés chacune. Dix sièges sont réservés aux Kouchis, y compris au moins trois femmes, et 65 autres sont destinés aux femmes, ce qui donne un total d’au moins 68 femmes. La Wolesi Djirga est élue pour cinq ans. Le système électoral repose sur le vote unique non transférable. Les candidats qui reçoivent le plus de votes dans chaque province remportent un siège. Si le nombre des femmes élues tombe en deçà d’un certain seuil, la différence est comblée par les femmes qui ont obtenu le plus de voix. Le président et les deux vice‐présidents sont élus au suffrage direct pour un mandat de cinq ans; si aucun candidat ne reçoit 50 p. 100 ou plus des voix A FGHANISTAN
durant le premier tour, un second tour est organisé où s’affrontent les deux candidats ayant recueilli le plus de suffrages. Le président peut être élu pour au plus deux mandats. Le gouvernement peut à l’occasion convoquer la Loya Djirga pour modifier et interpréter la Cons‐
titution, déclarer la guerre et prendre des décisions sur des questions nationales cruciales. Michael Dewing
Division des affaires politiques et sociales
Le 9 octobre 2007
_____________________________ SOURCES
Département d’État des États‐Unis, « Background Note: Afghanistan » (http://www.state.gov/r/pa/ei/bgn/5380.htm). Economist Intelligence Unit, « Afganistan: Country Profile 2007 » (www.eiu.com). Economist Intelligence Unit, « Afghanistan: Country Report July 2007 » (www.eiu.com). Europa World, Routledge (http://www.europaworld.com/ welcome?&authstatuscode=200). OTAN, Force internationale d’assistance à la sécurité (http://nids.hq.nato.int/isaf/index.html). Union interparlementaire, base de données PARLINE (http://www.ipu.org/parline‐f/parlinesearch.asp). SERVICE D’INFORMATION ET DE RECHERCHES PARLEMENTAIRES (PRB 07-16F)
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Annexe
Carte de l’Afghanistan
Source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
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