Sans titre-10

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os ciourts autour de Jacques Tati
Une mcéinqm
film
Jacques Tati
pour mémoire
“Têtu, Tati avait ses idées sur tout et des plans sur
la comète. Des idées sur le cinéma (il était prêt à
se battre pour le court métrage, il ne voulait pas
que le cinéma perde son côté artisanal) et des
plans pour des films à venir.”
Serge Daney (Ciné journal, Cahiers du cinéma, 1986)
Conception graphique : Anabelle Chapô
Soigne ton gauche, 1936.
Tati court toujours
“
Il est rare que des témoignages se cristallisent autour
des courts métrages, juste mentionnés comme premiers
essais sans guère d’autres précisions. Demeurent
les hypothèses : si René Clément a signé Soigne ton gauche,
nul besoin d’être grand clerc pour constater que Jacques Tati
en fut en bonne part le metteur en scène et qu’il savait
alors assez clairement vers quoi il voulait tendre.
On retrouve ainsi dans L’école des facteurs la même
silhouette, incarnée cette fois par Tati. Et l’on y voit bien
que cet effet de reconnaissance qui nous a saisi dès
les premières images de Soigne ton gauche, ne repose pas
uniquement sur le personnage, mais tient aussi à un type
de cadrage, une façon de filmer les déplacements
dans l’espace, à une vitesse, bref à une mise en scène,
conduite cette fois de bout en bout par Tati et que nous
percevons aujourd’hui comme une ultime répétition
avant Jour de fête. On pourrait même croire qu’il a repris
dans le long des plans tournés pour le court. On sait
que ce n’est pas le cas, le tournage de Jour de fête a été
souvent conté. Ce possible soupçon confirme la précision
dont faisait preuve Tati dans sa mise en scène. Le
sentiment d’authenticité de son cinéma se bâtit loin de tout
naturalisme, il puise sa source dans le talent qu’il avait
de croquer un monde qui ressemblait à la réalité sans
jamais en être la copie servile.
Bien au contraire, après la vision d’un film de Tati,
c’est la vie qui prend un autre ton, les événements les
plus anodins tournent au comique. Car Tati a transformé
notre perception du monde.”
Jacques Kermabon, extrait du dossier spécial, BREF n° 54
L’école des facteurs, 1947.
S’
il vous est arrivé dans les années
soixante-dix d’entendre quelqu’un siffler et conspuer le passage des publicités dans une salle de cinéma, peut-être alors
l’avez-vous rencontré. Jacques Tati, conscient
qu’il était de la dérive du système de distribution, ne comprenait pas qu’on ne se manifestât pas, qu’on ne contestât pas l’absence
des courts métrages dans les salles. Faut-il
le rappeler ? À cette époque, le scandale est,
comme les cinémas, permanent. De courriers
en entretiens et jusqu’à sa déclaration lors
de la cérémonie des Césars en 1977, Tati fut
un ardent défenseur du court métrage. Mais
il ne le fut pas seulement par nostalgie des
“premières parties” (comme il les a connues
au music-hall), ni pour le seul renouvellement
du cinéma : il avait une idée intransigeante
de la création cinématographique et regrettait
toute forme de standardisation. Son exigence
de cinéaste le conduisit d’ailleurs à ne pas
diffuser certains courts métrages auxquels il
participa, les jugeant trop faibles.
Il s’inquiétait aussi des problèmes de
projection en salles (le passage des films
au bon format, l’équipement des cabines de
projection), du vedettariat des acteurs ou des
personnages (son dernier projet Confusion ne
devait-il pas faire disparaître Hulot ?), du peu
d’invention dans le domaine de la distribution
des films (de nombreux films dont les siens
auraient gagné à sortir différemment). Il a laissé
ces questions ouvertes. Elles ricochent jusqu’à
nous sans perdre de leur évidence.
De Soigne ton gauche (1936) à Forza
Bastia (1978-2000) en passant par Playtime
(1967) et Parade (1974), c’est à une aventure
du regard que Tati nous convie. Une aventure
qui nous requiert et nous mobilise tout entier.
Car si nous emboîtons son pas et son regard,
c’est au risque de nous perdre et de devoir
retrouver le fil par nous-mêmes. Autrement dit,
Tati nous apprend à ouvrir les yeux et à faire
l’épreuve du regard.
Son artisanat ne laissait rien au hasard
mais tout à la fantaisie.
Y.G. 
Cours du soir, 1967.
Une mémoire en courts
Une mémoire en courts est un regard sur celles et
ceux qui ont œuvré pour que soit faite sa juste place au
film court. Depuis sa création, l’Agence du court métrage
n’a cessé de mesurer l’héritage laissé par les Braunberger,
Dauman, Tati ou le Groupe des Trente dont le manifeste de
1953 contre la disparition du court (il était alors question de
supprimer les courts dans les salles) nous apprend beaucoup sur le difficile accès des courts métrages au public
tout au long de l’histoire du cinéma. Dans cette déclaration
signée entre autres par Georges Franju, Alain Resnais et
Fred Orain (producteur de L’école des facteurs, de Jour de
fête et des Vacances de Monsieur Hulot) on pouvait lire
ceci : “Personne n’aurait l’idée de mesurer l’importance
d’une œuvre littéraire au nombre de ses pages, un tableau
à son format.”
Après neuf films courts produits par Pierre Braunberger
réunissant des cinéastes tels que Resnais, Marker, Pialat et
Godard, c’est autour de Jacques Tati que nous poursuivons
notre travail de mémoire. L’Agence pour le développement
régional du cinéma, Les films de Mon Oncle et l’Agence
du court métrage conjuguent leurs efforts afin de proposer
aux salles de cinéma dans les meilleures conditions (copies
neuves, document d’accompagnement, interventions) ces
films qui font partie de notre expérience imagée comme on
parle d’expérience lettrée à propos des livres.
Une mémoire en courts est aussi l’occasion de déjouer
nos habitudes langagières et de redire avec force que nous
ne défendons pas le court métrage pour le court métrage
mais pour ce qu’il est parfois : une œuvre avec sa part de
création, de proposition cinématographique mais aussi de
témoignage constituant des traces de ce qui a été.
Forza Bastia 78, 1978-2000.
L
es cinq films proposent cinq regards sur Jacques Tati.
Avec Soigne ton gauche et L’école des facteurs, au-delà
de la naissance du facteur c’est à celle du génie burlesque
que nous assistons. Réalisé sur le tournage de Playtime en
1967, Cours du soir, contrairement à son titre, nous invite
à une récréation où Jacques Tati en dilettante revient sur
son passé, du music-hall à Hulot en passant par L’école
des facteurs. Autre film évoquant Playtime, Au-delà de
Playtime est un montage d’archives où l’on découvre
furtivement ce que fut l’aventure inouïe du film.
Quant à Forza Bastia 78, même si l’entreprise technique
ne correspondit pas aux attentes de Tati (il aurait souhaité
mettre des micros sur les joueurs, la pluie fut contraignante
pour expérimenter des prises de sons), il atteste ce qu’un
enfant écrivit dans une lettre à Tati à propos de Playtime
et que ce dernier aimait raconter : “Ce que j’ai trouvé
agréable, c’est que à la fin du film, en me retrouvant dans
la rue, le film continuait.”
Cours du soir
L’ADRC
L’Agence pour le développement régional
du cinéma, créée sur l’initiative du ministère de la
Culture en 1983, intervient en concertation avec tous
ses partenaires (collectivités territoriales, exploitants,
distributeurs, producteurs, réalisateurs) afin de favoriser la desserte cinématographique de l’ensemble du
territoire dans un objectif d’aménagement culturel.
Ses interventions consistent à la fois en des études,
une assistance et un conseil relatifs aux projets de
modernisation et de création de salles de cinéma,
et en une aide directe, par le financement de copies
supplémentaires, pour le meilleur accès des salles
à une réelle diversité de films. L’accès aux films
comprend notamment les films destinés au jeune
public, les œuvres du répertoire cinématographique
et les courts métrages. Depuis maintenant trois ans,
l’ADRC a notamment permis de faire circuler des films
en copies neuves de Bresson, Buñuel, Kubrick, Ozu
ou Truffaut dans près de 250 villes. Une mémoire
en courts s’inscrit dans cette nouvelle mission de
diffusion qui complète ainsi l’action menée sur les
longs métrages.
L’Agence du court métrage
Créée en 1983 sous l’impulsion de réalisateurs,
producteurs et diffuseurs regroupés autour de François
Ode, l’Agence du court métrage développe une mission de “service public” en faveur du film court, de
ses auteurs, de ses producteurs, des salles de cinéma
et du public. Son action s’articule notamment autour
des axes tels que le service Programmation (qui
accompagne et conseille les programmateurs – salles,
associations, festivals – dans l’élaboration de séances
de cinéma de leur choix), le R.A.DI. (le Réseau alternatif
de diffusion diffuse sur 240 salles un complément de
programme par semaine), les Soirées du court (programmes “clés en main” proposés aux salles), la Régie
TV Câble, le magazine trimestriel BREF. Par ailleurs,
l’Agence du court métrage s’implique dans l’approche
pédagogique du cinéma (choix des films dans les
dispositifs scolaires, documents pédagogiques, formation, mise en place d’ateliers de programmation)
et dans le soutien des œuvres peu diffusées (moyens
métrages, documentaires).
1967, 35 mm, couleur, 27mn
Réalisation : Nicolas Ribowski. Photo : Jean Badal. Musique : Léo Petit.
Son : Jacques Maumont. Montage : Nicole Gauduchon. Interprétation : Jacques Tati.
Production : Specta Films.
Dans les décors de Playtime, Jacques Tati essaie d’apprendre quelques rudiments
de son art à des élèves gauches et zélés.
Soigne ton gauche
1936, 35 mm, noir et blanc, 13mn
Réalisation : René Clément. Scénario et dialogues : Jacques Tati. Photo : René
Clément. Musique : Jean Yatove. Interprétation : Jacques Tati, Max Martel, Clinville.
Production : Cady Films.
Un garçon de ferme assiste aux séances d’entraînement d’un boxeur et finit
par se retrouver sur le ring dans un combat aux multiples rebondissements.
L’école des facteurs
1947, 35 mm, noir et blanc, 15mn
Réalisation, scénario, dialogues : Jacques Tati. Photo : Louis Félix.
Montage : Marcel Moreau. Musique : Jean Yatove. Interprétation : Jacques Tati,
Paul Demange. Production : Cady Films.
Prix Max Linder du court métrage comique.
Afin de réduire le temps de sa tournée, un facteur invente pour chaque destinataire
une façon de remettre le courrier.
Au-delà de Playtime
2002, 35 mm, noir et blanc/couleur, 6mn.
Montage : Nadia Ben Rachid. Direction artistique : Macha Makeïeff et Jérôme
Deschamps. Documentariste : Jérôme Javelle. Production : Les films de Mon Oncle.
Pour tourner Playtime, sur le terrain vague de Gravelle entièrement nivelé, une
ville entière a jailli de terre. Cette ville a vécu quatre ans, le temps d’un tournage
exceptionnel, puis a été détruite.
Forza Bastia 78 ou l’île en fête
1978-2000, 35 mm, couleur, 26mn
Réalisation : Jacques Tati, Sophie Tatischeff. Photo : Yves Agostini, Henri Clairon,
Alain Pillet. Son : Patrice Noïa, Henri Roux. Bruitages : Nicolas Becker. Montage :
Florence Bon. Production : Specta Films.
Bastia, avril 1978. Pour la première fois, une équipe corse parvient en finale d’une
coupe d’Europe. À la demande du président du club bastiais, Jacques Tati vient filmer
l’événement qui va bien au-delà d’une partie de football.
(Deux modules de programme sont proposés aux salles : un module “court”
d’une heure avec Soigne ton gauche, L’école des facteurs, Au-delà de Playtime,
Forza Bastia, un module “long” d’une heure et demie avec Cours du soir,
Soigne ton gauche, L’école des facteurs, Au-delà de Playtime, Forza Bastia.
Libre aux salles de programmer les films individuellement.)
Les films de Mon Oncle
Créée en 2001 par Sophie Tatischeff, Macha
Makeïeff et Jérôme Deschamps afin de racheter les
droits des films de Jacques Tati et de restaurer la
version 70 mm de Playtime, la société Les films de
Mon Oncle a mis en œuvre la ressortie en copies
neuves des œuvres du cinéaste.
Les films de Mon Oncle,
7 bis avenue de Saint Mandé 75012 Paris.
Tél. : 01 43 45 89 06 / fax : 01 43 45 89 47.
ADRC, 4 avenue Marceau 75008 Paris.
Tél. : 01 56 89 20 30 / fax : 01 56 89 20 40.
Renseignements
L’Agence du court métrage, 2 rue de Tocqueville
75017 Paris. Contact : Yann Goupil 01 44 69 26 60.
www.agencecm.com
L’école des facteurs, 1947.