Brandi - Association des Musiciens Enseignants

UN LIVRE
THEORIE DE LA RESTAURATION
par Cesare Brandi
Voilà un livre particulièrement important pour les professionnels de la
restauration. Cesare Brandi a posé des jalons théoriques qui leur a permis de ne plus
faire « n’importe quoi » dans leur travail comme cela avait pu être le cas par le passé.
Cet ouvrage pourrait apparaître à première vue comme très éloigné des
préoccupations des musiciens enseignants si tout son contenu n’était en vérité qu’une
réflexion sur l’art et l’œuvre d’art. Car pour restaurer une œuvre d’art, encore faut-il
pouvoir définir ce qui en est une ou pas ; si elle peut ne plus l’être un jour…
C’est pourquoi la réflexion de Cesare Brandi sur les arts plastiques peut nous
amener sur des pistes intéressantes si on veut bien essayer de les transposer un peu
dans notre domaine. Ainsi, celui-ci énonce un certain nombre de principes qui ont
accompagné son action : « la reconnaissance de l’œuvre d’art se produit dans une
illumination de la conscience : c’est le point central du livre. Cet axiome s’accompagne de
trois corollaires : la matière de l’œuvre est d’une nature spéciale, ou il faut distinguer la
structure et l’aspect ; d’une nature spéciale est aussi l’unité de l’œuvre, qu’il faut
concevoir comme un tout et non comme une somme de parties ; ouverte sur un présent
éternel sans pour autant échapper à la prise du temps, l’œuvre d’art est un objet d’une
nature paradoxale. »
« Gouvernée par deux instances, l’une esthétique et l’autre historique, la
restauration doit trouver sa juste place dans le temps et, tout en se gardant des
falsifications, rendre à l’œuvre l’unité potentielle qui la définit. » Cette phrase écrite sur
le travail de restauration pourrait avoir été écrite pour l’activité d’interprète musical…
Si toutes les questions ne sont pas de même nature que celles concernant la
musique, la question du temps, d’unité de l’œuvre d’art nous interpelle fortement.
Voici un autre exemple de transposition possible de ses propos particulièrement
stimulant : sa réflexion sur les ruines. La conservation de la ruine n’est pas seulement
selon Brandi celle d’un objet physique, mais aussi la conservation de son contexte. La
question du contexte a donc toute son importance… Et mettre en scène des vestiges
résulte pour lui du non sens : non sens du point de vue historique car le milieu où les
ruines étaient intégrées a été détruit ; non sens du point de vue esthétique puisque « il
n’y a pas dans la ruine d’unité potentielle à rétablir ». Ainsi pour lui, le choix d’un cadre
ou d’un socle relève d’une extrême importance tout comme le choix de l’endroit où est
exposée une peinture, la luminosité de la pièce… Ces questions ne nous rappellent-elles
pas les questions de respect de l’œuvre ?
Ainsi ce livre nous éclaire sur les problématiques spécifiques aux restaurateurs
mais peut aussi nous être d’un grand secours dans notre domaine où finalement peu
d’ouvrages traitent de ces questions.
Ce livre est aussi un bel objet en lui-même. Ses illustrations sont particulièrement
belles et bien choisies pour mettre en lumière les propos de l’auteur.
Vincent MAGNAN (2003)
Pour l’A.M.E.
MONUM, Edition du patrimoine, 1977.
Ecole nationale du patrimoine, 200 pages. 18.30 Euros
N° ISBN : 2 85822 598-2
4ème de couverture
Théorie de la restauration.
L’œuvre de Cesare Brandi a été fondamentale pour la conservation et la
restauration du patrimoine. Fondateur en 1939 du prestigieux Institut central de
restauration de Rome, Brandi rassemble dans cet ouvrage (paru pour la première fois en
1963) les résultats de sa réflexion et de son expérience acquises à une période capitale
en Italie : l’après-guerre, avec la direction de chantiers de restauration aussi importants
que le Campo Santo de Pise ou les fresques de Mantegna à Padoue, réduits en miettes.
L’analyse aborde les différents aspects de la restauration de façon systématique :
les notions d’unité potentielle, d’instance historique et esthétique, le maniement du
tratteggio font désormais partie de la pratique et du vocabulaire courants de la
profession. Le texte traite également du rapport spécifique entre matière et image, du
problème des lacunes et de celui de la conservation préventive, de la question du cadre,
des ruines architecturales et de leur environnement, de la présentation des sculptures…Il
fournit un socle théorique, pratique et même juridique à l’intervention du restaurateur,
envisagée comme un acte résolument critique et, à ce titre, elle-même inscrite dans
l’histoire de l’œuvre.
Longtemps attendue, la traduction française rend accessible à un large public ce texte de
référence ; car, à travers la restauration, la question qui se pose au lecteur est en effet
rien moins que celle de la place de l’œuvre d’art dans le monde moderne.
Table des matières de ce livre
- Cesare Brandi : la matière et l’image par Georges Brunel
- Avertissement de l’auteur
Théorie de la restauration :
-
Le concept de restauration
Matière de l’œuvre d’art
Unité potentielle de l’œuvre d’art
Temps, œuvre d’art et restauration
Restauration et instance esthétique
Espace et l’œuvre d’art
La restauration préventive
-
Falsification
Note théorique sur le traitement des lacunes
Principes pour la restauration des monuments
Le nettoyage des peintures : patine, vernis, glacis
Some factual observations about varnishes and glazes
Un problème de restauration: faut-il conserver les cadres ?
Appendice :
Charte de la restauration de 1972
- Restaurer le patrimoine : une activité résolument critique,
Par Christine Mouterde er Patricia Vergez
- Lectures autour de Cesare Brandi
- Index des auteurs et œuvres citées