dossier zoom - Orchestre National de Lille
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onlille.com +33 (0)3 20 12 82 40 ————————— ZOOM CARREFOUR DES ORCHESTRES ARS BELGICA (épisode 2/2) JEU 28 JANV. 20h / Lille, Auditorium du Nouveau Siècle ————————— Franck Le Chasseur maudit Kantcheli Nu.Mu.Zu Brahms Concerto pour piano n°1 Direction Andrey Boreyko Piano Nikolaï Lugansky Orchestre National de Belgique Manifestation aidée par Musique Nouvelle en Liberté ———————————————————————————————————————————————————————— Rédaction Ghislain Abraham intervenant pédagogique o.n.l. Crédits photos Chasseur sonnant du cor de Louis Frédéric Schützenberger, M.B.A de Strasbourg, D.R. Portrait de Guia Kantcheli,D.R. ———————————————————————————————————————————————————————— orchestre national de lille – Place Mendès France, Lille (licence n°2-1083849) Association subventionnée par le Conseil régional Nord-Pas de Calais, le Ministère de la Culture et de la Communication, la Métropole Européenne de Lille et la Ville de Lille ➊ LE CHASSEUR MAUDIT Une légende fantastique Le plus français des compositeurs belges s’inspire d’une ballade* du poète allemand Gottfried Bürger intitulée Der wilde Jäger, écrite en 1778. Précurseur du Romantisme* allemand, Bürger s’appuie sur le thème ancestral de l’Homme en proie à une lutte intérieure entre le Bien et le Mal. Cette légende faussement médiévale recèle un savant mélange de vision chrétienne et de superstition : Le Chasseur possédé par sa passion pour la chasse tourne le dos à l’Eglise et cède à la tentation de plaisirs terrestres. Il sera puni par une force surnaturelle : esprit de la Forêt ou Dieu rédempteur ? Reprenant le modèle du poème symphonique* développé par Franz Liszt, Franck fait coller parfaitement sa musique au récit. Il recrée l’ambiance dramatique de cette légende qui commence dans le monde réel et bascule progressivement vers un univers fantastique. Il divise l’action en quatre épisodes musicaux qui s’enchaînent : • Introduction, présentation de la situation initiale : sonneries de chasse jouées par les cors puis évocation du dimanche matin, jour du Seigneur : cloches d’église et cantiques lointains joués par les violoncelles. • La chasse : les paysans tentent d’arrêter le Chasseur impie qui préfère s’adonner au plaisir de la chasse plutôt que de se rendre à la messe : thème puissant répété par les cordes puis par tout l’orchestre à grand renfort de percussions et de cuivres. • Attente angoissée du chasseur maudit : section amenée par un trémolo* de cordes et des cors en sourdines. On entend des bribes du thème « du Chasseur » interrompues par de longs silences. Le tuba énonce lentement la malédiction, telle une voix d’outretombe. • Chevauchée vers l’Enfer : la plus courte des sections emmène à toute allure l’orchestre dans une apothéose diabolique. Le Chasseur, attaqué par ses propres chiens devenus des démons, est plongé dans un gouffre béant… è EN BREF Titre Le Chasseur maudit Compositeur César Franck (1822-1890), belge Date de création mars 1883, Paris Genre poème symphonique Durée 14’ ➋ GUIA KANTCHELI Le compositeur géorgien le plus célèbre de notre temps Guia Kantcheli, aujourd’hui âgé de 80 ans, s’est attelé à l’écriture d’une pièce pour grand orchestre symphonique intitulée Nu. Mu. Zu. à la demande de l’Orchestre National de Belgique en cocommande avec le Seattle Symphony Orchestra. Ce grand compositeur humaniste est depuis prés de 20 ans installé à Anvers. Formé au Conservatoire de Tbilissi (capitale de la Géorgie), il se lance à l’âge de 25 ans dans la composition de musiques destinées au théâtre (nombreuses collaboration avec le metteur en scène Robert Sturua), musiques qui le font rapidement connaître. La fin du règne de Staline lui permet la découverte et l’appropriation des tendances culturelles dominantes en Occident, jusque-là interdites et difficilement accessibles dans la sphère soviétique. Son diplôme en poche, en 1963, il reçoit le Prix des jeunes compositeurs d’URSS pour son Concerto pour orchestre. Il va devenir ensuite directeur musical du célèbre Théâtre Rustaveli (Tbilissi) et professeur de composition et d’orchestration au Conservatoire de cette même ville. Il est honoré de la médaille des Arts de Géorgie en 1973 et d’un Prix d’Etat en 1976 pour sa Symphonie n° 4. Il quitte son pays natal en 1991 pour s’installer d’abord à Berlin puis à Anvers. Il devient compositeur en résidence auprès de l’Orchestre Philharmonique royal flamand (saison 19951996). La musique de Kantcheli connaitra ensuite une diffusion mondiale extraordinaire, défendue par des grandes pointures comme Gidon Kremer, Mstislav Rostropovitch ou encore le Quatuor Kronos… Plusieurs de ses compositions parmi les plus importantes ont été données partout en Europe et en Amérique du Nord par l’Orchestre de Philadelphie, l’Orchestre symphonique de Chicago, au Festival international de musique nouvelle de Vancouver. Son œuvre musicale aux grandes valeurs spirituelles et humanistes est souvent très tonale*, simple et dans un langage clair. Elle emprunte aussi à des compositeurs modernistes tel que Béla Bartók. Kantcheli se situe lui-même à la confluence des univers des musiciens slaves de notre temps : Arvo Pärt, Sven Erik Tuur, Valentin Silvestrov, Henrik Gorecki, Alfred Schnittke et Sofia Gubaidulina mais aussi des écoles minimalistes et néo-romantiques. Formé à la musique sous l’ère soviétique, il est un excellent symphoniste (auteur de 7 symphonies) dont le répertoire comporte aussi des musiques de film et de la musique de chambre. Quelques mots sur la création Nu. Mu. Zu. Cette pièce est conçue pour grand un orchestre symphonique de près de 95 musiciens qui comprend notamment 5 percussionnistes, un piano, une harpe et même une guitare basse*. Voici la note d’intention du compositeur : « En sumérien, langue qui n'existe plus Nu. Mu. Zu. signifie “Je ne sais pas”. L’illusion que je sais quoique ce soit a peu à peu disparue et il s’est avéré qu’arrivé à 80 ans et ayant vécu une vie remplie des contradictions, je suis actuellement pris au dépourvu. Tout ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui tue graduellement, pas par pas le dernier rayon de l’espoir dans ma conscience. L’espoir sans le quel la vie pour chacun de nous perd tout son sens. « Je ne sais pas» ce qui va se passer dans l’avenir. Et même, ayant perdu tout espoir, je ne cesse de rêver au monde où des notions comme le fanatisme, les guerres interreligieuses et la cruauté ne seront plus déterminantes pour l’avenir de l’Humanité. » (Traduction: Kissine) è EN BREF Titre Nu. Mu. Zu. Compositeur Guia Kantcheli né en 1935, Géorgien Date de création 16 octobre 2015, Bruxelles Genre poème symphonique Durée non précisée par le compositeur ———————————————————————————— PETIT DICTIONNAIRE MUSICAL (retrouvez ici tous les mots signalés*) Ballade : à l’origine, c’est un poème médiéval dont chaque strophe se termine par le même vers (refrain). Il existe quantité de ballades, la plus célèbre d’entre elles étant peut-être « la Ballade des pendus » de François Villon (1462). A l’époque romantique, les poètes renouvellent ce genre ancien en reprenant des sujets médiévaux et légendaires. Guitare Basse : instrument « électrique », le plus souvent à 4 cordes, utilisé dans la musique Rock et les musiques actuelles dont il joue les lignes de basse. C’est notamment l’instrument dont joue Paul MacCartney au sein des Beatles. La guitare basse est très rarement utilisée dans l’orchestre symphonique. Poème symphonique : pièce orchestrale généralement assez courte (moins de 20 minutes) qui décrit ou raconte en musique un argument poétique, littéraire ou historique. On l’appelle aussi « musique à programme » . Romantisme : courant artistique européen qui, en musique, court tout au long du 19ème Siècle. Ce courant met en avant les sentiments, allant de la plus sombre tristesse à la joie la plus vive, que les artistes expriment au travers de leur art (Peinture, Musique, Littérature). On cite souvent Beethoven et Schubert comme exemple des premiers musiciens romantiques. Musique Tonale : manière d’aborder la composition musicale en utilisant comme fondement la Tonalité, c’est-à-dire que les mélodies inventées sont centrées autour d’une note principale appelée « note tonique » qui agit comme un centre d’attraction (par exemple en Do Majeur, les mélodies commencent et finissent par DO). La musique tonale s’oppose à la musique atonale, qui elle, se développe à partir du début 20ème Siècle (avec notamment Schoenberg, Berg et Webern) et dans laquelle il n’y a pas de notes toniques donc pas de centre d’attraction. Trémolo : technique instrumentale très utilisée par les instruments à archet qui consiste à un battement rapide sur une même note. Ceci crée un son vibrant, tremblant.