HERBIERS LACUSTRES FLOTTANTS OU IMMERGES DES EAUX

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HERBIERS LACUSTRES FLOTTANTS OU IMMERGES DES EAUX
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HERBIERS LACUSTRES FLOTTANTS
OU IMMERGES DES EAUX DOUCES
STAGNANTES
SDAGE Bordures de plan d’eau
(lacs, étangs)
Code CORINE biotopes : 22.13, 22.41,
22.42, 22.43 et 22.44
Code Directive : 31.50 et non visé
Intérêt communautaire : 22.13
Phytosociologie :
Charetea fragilis :
Potamion pectinati :
Nymphaeion albae
et Ranunculion aquatilis :
Lemnion minoris :
Tapis d’algues characées du fond des lacs et pièces d’eau.
Herbiers enracinés submergés de Potamots.
Herbiers flottants fixés à Nénuphars et Renoncules aquatiques.
Nappes flottantes non enracinées à Lentilles d’eau.
Situation écologique :
Cette catégorie de milieu rassemble l’ensemble des herbiers lacustres flottants ou immergés, fixés ou non
par des racines. Ils occupent des biotopes aquatiques de taille et de profondeur très variables d’eau
douce stagnante, depuis les mares plus ou moins temporaires et peu profondes, aux étangs et aux lacs.
Ces herbiers aquatiques se développent en général dans les premiers mètres sous la surface de l’eau.
Dans les étendues aquatiques aux eaux très claires, les tapis de characées peuvent se développer sur le
fond, jusqu’à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Les herbiers aquatiques sont surtout représentés
aux étages inférieurs (collinéen et montagnard), bien qu’ils puissent être observés également aux étages
subalpin et alpin inférieur.
Salinité, régime hydrique et type de sol :
La nature du substrat (galets, graviers, sable, vase), les variations du niveau de l’eau, la profondeur et
l’étendue du plan d’eau, les caractéristiques physico-chimiques de l’eau (minéralisée, eutrophe, acide...),
ainsi que les modes d’utilisation par l’homme (dragage, pisciculture, pompages, rejets...) sont autant de
paramètres qui, combinés, déterminent la nature et le fonctionnement des herbiers. Un espace aquatique
permanent suffisamment étendu et dont les fonds présentent une topographie variée, peut receler les
quatre grandes catégories d’herbiers aquatiques, alors qu’une flaque temporaire en est pratiquement
dépourvue.
Physionomie :
L’aspect des différents types d’herbiers aquatiques dépend de la catégorie concernée. Les tapis d’algues
characées forment au fond de l’eau, sur substrat généralement minéral de sable, galets et graviers une
couverture souvent monospécifique de petits végétaux assez coriaces aux allures de prêles. Les herbiers
enracinés submergés de Potamots forment des prairies aquatiques un peu plus hautes et plus denses, sur
des substrats plus fins, riches en limons, jusqu’à 6 m de profondeur. Les herbiers flottants à Nénuphars et
plantes apparentées sont très caractéristiques par leurs feuilles disposées à plat sur la surface des eaux
calmes peu profondes (jusqu’à3 à 5 m au maximum). Les nappes flottantes de lentilles d’eau forment des
amas coloniaux de toutes petites plantes lenticulaires non fixées, groupés près des berges, dans des anses,
ou abrités derrière les écrans végétaux du rivage.
Espèces guides caractéristiques :
Charetea fragilis : Chara sspp., Nitella sspp.
Potamion : Potamogeton sspp., Elodea canadensis, Myriophyllum spicatum, Ranunculus trichophyllus,
Zannichellia palustris.
Nymphaeion albae : Nymphaea alba, Nuphar lutea, Polygonum amphibium, Potamogeton natans,
Ranunculus aquatilis, Ranunculus peltatus, Trapa natans, Potamogeton lucens, Callitriche palustris, Hippuris
vulgaris.
Lemnion minoris : Lemna gibba, Lemna minor, Lemna minuta, Spirodela polyrhiza, Wolffia arhiza,
Hydrocharis morsus-ranae.
Exemples :
Lac de Siguret (05), Lac de Roue (05), Lac de Mison (04), Lac de Pelleautier (05), Lac Saint-Jean (04)...
Dynamique et variabilité
Ces formations végétales sont relativement stables en l’absence de perturbations (pollution,
eutrophisation...). Elles participent cependant, àl’échelle géologique au phénomène d’atterrissement des
étendues lacustres et sont donc susceptibles d’évoluer et de se modifier parallèlement à l’exhaussement
et au colmatage des fonds.
Types d’intérêts :
Les herbiers aquatiques abritent plusieurs espèces végétales rares ou en régression. Ce sont des éléments
clefs du fonctionnement des écosystèmes lacustres en tant que support de la chaîne alimentaire, habitats
pour la reproduction de nombreux invertébrés, poissons et amphibiens ou encore en tant que sites de
nourrissage et de reproduction d’oiseaux d’eau (anatidés, grèbes, foulques, mouettes rieuses et guiffettes).
Menaces et vulnérabilité :
Les herbiers lacustres sont particulièrement sensibles à la pollution et aux risques d’eutrophisation, en
particulier lorsque la turbidité de l’eau augmente fortement et que les fonds s’envasent. Ils peuvent céder
la place, dans les cas extrêmes, à des colonies d’algues filamenteuses. Le curage de plans d’eau, la
correction et le reprofilage des rives ou le comblement d’anses et de bras morts ou de petits étangs sont
autant de menaces susceptibles de bouleverser l’équilibre lacustre de nombreuses pièces d’eau et de
conduire à la régression ou à la disparition d’herbiers aquatiques. L’introduction de plantes exotiques ou
horticoles, de poissons exotiques herbivores particulièrement prolifiques et une mauvaise gestion piscicole
constituent une menace pour les espèces indigènes et le milieu.
Gestion conservatoire :
Il faudra en particulier veiller à :
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contrôler les rejets et réduire de la pollution des bassins versants.
constituer des espaces tampons en périphérie des lacs et plans d’eau, où les utilisations agricoles
devront être, si possible, réglementées (pas d’engrais ou de traitements phytosanitaires, pastoralisme
extensif, suppression des labours et conversion en prairie permanente... .).
préserver les rives lacustres et remodeler en pente douce les profils de berges artificielles trop
abrupts.
mettre en place une gestion piscicole adaptée à la capacité trophique du milieu, en prenant en
compte la présence des herbiers aquatiques (pas de déversement surdensitaire de poissons,
proscrire les espèces exotiques voraces).