ICSH recommendations for identification, diagnostic value
Transcription
ICSH recommendations for identification, diagnostic value
Recommandations ICSH pour l'identification et la quantification des schizocytes avec détermination de leur valeur diagnostique † ‡ § – †† – G. ZINI*, G. D’ONOFRIO , C. BRIGGS , W. ERBER , J.M. JOU , S.H. LEE**, S. MCFADDEN , J. L. VIVES-CORRONS , N. ‡‡ §§ YUTAKA , J.F. LESESVE *Research Center for Automated Methods in Hematology (ReCAMH), Institute of Hematology, Catholic University, Rome, Italy † Research Center for Automated Methods in Hematology (ReCAMH), Catholic University, Rome, Italy ‡Department of Haematology, University College London Hospital, London, UK § Pathology and Laboratory Medicine, University of Western Australia, Australia Hospital Clinic i Provincial, University of Barcelona, Barcelona, Spain ** Department of Haematology, St George Hospital, Sidney, NSW, Australia ††Laboratory Consulting, Columbus, OH, USA ‡‡Daito Bunka University, Saitama, Japan §§ Laboratory of Hematology, University Hospital, and Groupe Français d’Hématologie Cellulaire (GFHC), Nancy, France Correspondence: Gina Zini, Research Center for Automated Methods in Hematology (ReCAMH), Service of Blood Transfusion, Institute of Hematology, Catholic University of Sacred Hearth, Largo Agostino Gemelli, 8, 00168 Rome, Italy. Tel.: +39 063015195; Fax: +39 063055153; E-mail: [email protected] doi:10.1111/j.1751-553X.2011.01380.x Reçu le 18 février 2011; Accepté à la publication le 19 Septembre 2011 Keywords Schistocytes, cytomorphology, red blood cell fragments, thrombotic microangiopathy, peripheral blood film Traduction de l'article en anglais, à l'attention des TLM, par Philippe BIRAC - Février 2012 - Correction de la traduction par le Pr JX CORBERAND - Hématologue - CHU Toulouse, que je remercie vivement RÉSUMÉ Les schizocytes sont des fragments de globules rouges (GR) produites par les dommages mécaniques au sein même de la circulation sanguine. La détection de schizocytes est un indice important pour le diagnostic morphologique de l'anémie microangiopathique thrombotique (AMT). Cependant, les critères d'homologation ne sont pas les mêmes d'un laboratoire à l'autre, en raison de la variabilité de la forme et la nature des fragments, ainsi que la subjectivité et l'hétérogénéité dans leur appréciation morphologique. Le manque de normalisation peut conduire à un diagnostic erroné affectant le traitement et les résultats cliniques. Le Groupe de travail sur le schizocyte mis en place par the International Council for Standardization in Haematology (ICSH) a préparé des recommandations spécifiques pour normaliser l'identification des schizocytes, leur numération, l'expression du résultat. Elles concernent le type de frottis, la méthode de comptage, la description morphologique basée sur des critères positifs (cellules en casque, petites cellules en triangle irrégulier, ou en forme de croissant, cellules avec expansions pointues et absence de zone claire centrale). Un comptage de schizocyte a une valeur clinique pour le diagnostic d'AMT en l'absence d'autres anomalies importantes des hématies, avec seuil de confiance de 1%. Un comptage automatisé des fragments de GR est également recommandé par l'ICSH comme un complément utile au microscope, compte tenu de la haute valeur prédictive de résultats négatifs, mais nécessitant encore des recherches avec établissement de limites dans la quantification. INTRODUCTION Les schizocytes, (du mot grec "schisto", cassé ou fendu), sont des fragments de globules rouges (GR) en circulation dont un fragment a été perdu (Bessis, 1976). Ils sont généralement absents ou très rares dans le sang circulant d'individus sains. La présence d'un nombre important de schizocytes dans le sang périphérique, en particulier en l'absence d'autres anomalies morphologiques importantes des hématies, devrait conduire rapidement à la 1 recherche d'une microangiopathie thrombotique (Moake, 2002). L'anémie microangiopathique thrombotique (AMT) comprend deux grands syndromes: le purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT) et le syndrome hémolytique et urémique (SHU). Le pronostic du PTT, en particulier, est mauvais sans traitement immédiat et spécifique. Ces dernières années, l'efficacité et de nombre de vies sauvées par la mise en route du traitement par échange plasmatique ont montré l'importance de réaliser la recherche de schizocytes et de les compter avant même l'apparition de symptômes manifestes (Rock, Porta & Bobbio-Pallavicini, 2000). Un nouveau domaine d'intérêt pour la numération des schizocytes est la surveillance des patients après greffe de cellules souches hématopoïétiques, ou l'AMT est une complication fréquente et grave (Zomas et al, 1998; Martinez et al, 2005; Ruutu et al, 2007; Lesesve et al. 2011). Les schizocytes sont également une conséquence typique des traumatismes mécaniques causés par des anomalies structurelles du cœur et des gros vaisseaux, souvent un dysfonctionnement au niveau de prothèse valvulaire (Marsh & Lewis, 1969). Ils sont aussi observés aussi dans le HELLP syndrome, dans l'hypertension maligne, et dans les cancers métastatiques. Des anomalies similaires à des schizocytes peuvent être trouvés en cas d'affections "nonAMT" liés à des anomalies génétiques ou acquises des hématies (par exemple anomalies de membrane des globules rouges, thalassémie, anémie mégaloblastique, myélofibrose primitive et brûlures). Dans ces cas, ils présentent des formes très variables et sont associés à une aniso-poïkilocytose marquée avec un large éventail d'anomalies de taille et de forme qui, elles, ne sont pas spécifiques d'AMT (Bain, 2006a, 2010). Les schizocytes sont détectés sur le frottis de sang périphérique en utilisant des procédures standards de l'observation microscopique. Des critères morphologiques précis pour la reconnaissance et la numération des schizocytes restent encore mal définis, et il existe une variabilité importante dans l'interprétation morphologique et l'expression des résultats entre laboratoires et même entre lecteurs d'un même laboratoire (Lesesve et al., 2005). Le manque de normalisation peut conduire à des résultats erronés, susceptibles de retentir sur le traitement et l'évolution clinique. Bien que l'identification de fragments de globule rouge semble apparemment simple, il n'y a pas de consensus publié de la définition de ce qu'est réellement un schizocyte (Lesesve, Salignac & Lecompte, 2001) Des biais d'observateur peuvent être aussi notés liés à la façon dont est demandée la numération des schizocytes (Burns, Lou & Pathak, 2004). Outre la faiblesse des critères d'identification, cette variabilité peut aussi dépendre de différences dans la méthode de comptage (c'est-à-dire, simple aperçu général ou numération précise), de la zone du frottis évaluée, du nombre de GR comptés, de l'utilisation de dispositif d'aide au comptage tels que le disque de Miller, l'hétérogénéité du compte-rendu fait au médecin (présent / absent, évaluation qualitative ou quantitative). Pour diminuer la variabilité inter observateur et améliorer la précision et la reproductibilité, un groupe de morphologistes français s'est efforcé de mettre en place des règles de consensus national pour identifier les schizocyte et leur numération (Lesesve et al., 2005). En outre, le comptage automatisé de fragments de globules rouge a été récemment ajouté aux dernières générations de compteurs globulaires, comme outil de dépistage avec une bonne sensibilité, mais une mauvaise spécificité pour la détection de schizocytes d'AMT (Saigo et al, 2002; Lesesve et al, 2004a,b; Banno et al, 2005;. Abe et al, 2009). Comme, dans le cas des AMT liées à la greffe de cellules souches (Zeigler et al, 1995;.. Ruutu et al, 2007), ont été mis en place des critères pronostiques comprenant la numération des schizocytes, il est apparu encore plus justifié d'introduire une standardisation de cette mesure dans les laboratoires de biologie clinique. Dans le but d'améliorer la précision et la reproductibilité de la numération de schizocytes pour le diagnostic du PTT et des AMT, un "groupe de travail international sur le schizocyte" a été mis en place en Novembre 2008 par la nouvelle ICSH (McFadden et al., 2008). Les objectifs détaillés de ce groupe étaient les suivants : • définir des critères morphologiques standards pour l'identification des schizocytes • uniformiser la méthode de comptage des schizocytes • indiquer une valeur seuil de consensus pour le diagnostic d'AMT • évaluer la fiabilité et l'utilité clinique de la numération automatisée d'hématies fragmentées. Les recommandations établies par le Groupe de travail Schizocyte de l'ICSH sont donc présentées dans cet article. Seuls les critères sur lesquels il y a eu un consensus total ont été inclus dans ces recommandations. 2 RECOMMANDATIONS ICSH POUR L'IDENTIFICATION MICROSCOPIQUE DES SCHIZOCYTES (TABLEAU 1) Le schizocyte doit être identifié sur la base de critères morphologiques positifs spécifiques La faiblesse des critères d'identification et de classification est l'une des principales causes de mauvaise reproductibilité de la numération des schizocytes. Les schizocytes sont décrits dans la littérature avec une variabilité infinie dans la forme, qui englobe tous les globules rouges déformés, irréguliers, poïkilocytoses bizarres, érythrocytes en forme de loupe, les sphérocytes hyperchrome atypiques, les hématies fantômes, etc. (Dacie & Lewis, 1968; Glassy, 1998). Deux positions différentes se sont dégagées de la discussion au sein du Groupe ICSH: (i) l'inclusion dans la définition du schizocyte de n'importe quel type de petit fragment de cytoplasme de globule rouge, (ii) l'exigence de spécifications morphologiques pour que des fragments d'hématie soient inclus dans la définition de schizocyte. Après discussion et examen des données publiées, le Groupe a convenu qu'un petit nombre de types principaux de schizocytes soient identifiés en utilisant des critères morphologiques positifs. Un consensus a été obtenu pour dire que les schizocytes sont des fragments d'hématies ou des érythrocytes amputés, à partir desquels se sont formés ces fragments. Le mécanisme univoque de formation de schizocytes est l'atteinte mécanique de la membrane des hématies s'empalant sur des filaments de fibrine ancrés à surface endothéliale et/ou un excès de turbulence du sang (Means et Glader, 2009). Selon l'ICSH, par conséquent, les schizocytes sont toujours plus petits que les globules rouges intacts et devraient être définis comme suit (Figure 1a,b): (i) de petits fragments de différentes formes, parfois avec des angles aigus ou en forme d'épines (triangles), avec des bords rectilignes ou parfois un contour arrondi d'un côté (micro-croissants), souvent déformés, habituellement de coloration sombre, parfois pâle comme résultat d'une perte d'hémoglobine au moment de la fragmentation (Lesesve et al, 2005; Bain, 2006a); les micro-croissants doivent être distingués, sur la base de leur taille, des hématies falciformes irréversibles (drépanocytes); (ii) des cellules en casque, érythrocytes qui sont endommagés, avec une seule, rarement deux, zones amputées surlignées par une bordure droite, dont des extrémités angulaires aiguës: la partie de cellule manquante correspond aux fragments qui ont été séparées lors de la cassure de l'hématie sur le brin de fibrine (Lynch, 1990); (iii) Cellules endommagées, plus grande que les petits fragments, avec une paire de spicules, parfois même deux ou trois paires, séparées par une bordure concave, semi-circulaire de la membrane. Ils sont généralement désignés sous le terme de kératocytes (cellules cornues). Ils se forment dans les mêmes conditions que les triangles, les croissants, et les cellules en casque et ont été produits par la rupture d'une ou plusieurs pseudo-vacuoles périphériques suive de la fusion (couture) de la membrane cellulaire (Bessis, 1972, 1976). Des cellules morphologiquement identiques se produisent dans l'anémie hémolytique avec corps de Heinz (e.g. déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase), résultat de la suppression d'un corps de Heinz par un macrophage (Bain, 2006b; Barth & Hirschmann, 2007): elles se distinguent des kératocytes, comme élément d'expression d'AMT, en tenant compte du contexte dans lequel elles surviennent. (iv) globules rouges de petite taille, hyperdenses, de forme ronde et coloration intense (figure 1c): ils sont nommés microsphérocytes (Bain, 2006a) ou sphéro-schizocytes (Bessis, 1972). Il n'y a pas de zone centrale, pâle. Les microsphérocytes constituent une manifestation secondaire de la fragmentation et ne doivent être inclus dans le décompte des schizocytes que s'il existe par ailleurs les formes de schizocytes mentionnées aux points i) à (iii): ils sont probablement formés lorsque la rupture réduit la surface de la membrane de façon proportionnée au volume restant de cytoplasme (Bain, 2006b) ou à la suite d'un changement de forme d'autres schizocytes, qui se déroule dans les zones les plus aplaties du frottis, à proximité de son bord frangé (Lesesve et al., 2002). Ils ne devraient pas être confondus avec les sphérocytes de la sphérocytose héréditaire ou des anémies hémolytiques immunes, qui ont un diamètre diminué, mais qui ne sont pas aussi petits (bien qu'il existe un chevauchement partiel de ces deux types de "sphérocytes", tant sur le plan morphologique que sur la terminologie). 3 Tableau 1: Recommandations ICSH en Hématologie pour le comptage des schizocytes 1. 2. 3. 4. 5. 6. Le nombre de schizocytes doit être évalué sur des frottis de sang périphérique à l'aide d'un microscope optique à grossissement moyen et la quantification estimée en pourcentage après comptage d'au moins 1000 globules rouges Un comptage de schizocytes doit être demandé et effectué lorsqu'un diagnostic de microangiopathie thrombotique due à l'altération mécanique des GR est suspecté, souvent chez les patients présentant une thrombopénie Le schizocyte doit être identifié sur des critères morphologiques spécifiques positifs. Les schizocytes sont toujours plus petits que les globules rouges intacts et peuvent avoir la forme de fragments avec angles vifs et bords droits, de petits croissants, de cellules en casque, en de kératocytes, ou de microsphérocytes * Une numération de schizocytes doit être considérée comme cliniquement significative si les schizocytes représentent la principale anomalie morphologique des globules rouges sur le frottis (en dehors des signes de régénération érythropoïétique) La présence d'un pourcentage de schizocytes supérieur à 1% est un argument fort en faveur du diagnostic d'AMT chez l'adulte La numération automatisée d'hématies fragmentées doit être considérée comme un complément utile à l'analyse microscopique, car elle fournit des résultats rapides avec une forte valeur prédictive en ce qui concerne les échantillons négatifs. Une analyse microscope est nécessaire pour les échantillons positifs et lorsqu'il y a macrocytose ** * Considérés comme microsphérocytes uniquement en présence d'autres formes mentionnées ** Les macrocytes font courir le risque de sous-estimation ou provoquer l'absence d'alarme (faux-négatif) Figure 1. Formes typique pour l'identification spécifique des schistocytes. (a) kératocyte (flèche du haut) et cellule en casque (flèche du bas), près d'un érythrocyte polychromatophile dans le coin inférieur gauche; (b) schizocyte en forme de triangle (flèche) avec une cellule en casque au dessus; (c) deux microsphérocytes (flèches); dans un contexte d'AMT, ils sont un produit dérivé de schizocytes. 4 Un comptage des schizocytes, exprimé en pourcentage des hématies, doit être réalisé au microscope selon une méthode standardisée Les schizocytes doivent être identifiés et comptés sur un frottis de sang périphérique en utilisant la microscopie optique. Le frottis sanguin doit être réalisé, séché à l'air, fixé et coloré selon les procédures standards avec les colorations panoptiques, telles que rapportés par l'ICSH (1984) et dont l'intérêt a été confirmé par des études internationales (Barnes et al., 2005). Les automates réalisant les frottis et la coloration sont également acceptables. Une évaluation quantitative est importante pour le diagnostic et le suivi des patients. Les résultats devraient être exprimés en pourcentage, après avoir compté au moins 1000 globules rouges dans les zones optimales du frottis. Toutefois, le résultat d'une évaluation quantitative ne doit être donné que lorsque les schizocytes sont l'anomalie érythrocytaire dominante du frottis. Les limites de confiance à 95% (erreur statistique essentielle) d'un pourcentage, varie significativement selon le nombre d'évènements considérés, variant de 100 à 10 000 (RÜMKE - 1979) (Tableau 2). Le Groupe ICSH Schizocyte a convenu que l'établissement du pourcentage à partir de 1000 hématies offre un compromis raisonnable entre la précision requise et le temps nécessaire pour ce comptage. Ce seuil de 1000 cellules a été confirmé par un travail "protocolé" effectué par les membres du groupe. Afin d'éviter que l'incohérence d'identification ne s'ajoute à l'erreur statistique liée à la technique de comptage, les critères d'identification des schizocytes doivent être standardisés. Tableau 2 : Limites de confiance du pourcentage de schizocytes obtenu en fonction du nombre total de cellules observées, variant de 100 à 10 000 (adapté des tables de Rümke, 1979) Schizocytes % 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 15 100 GR 0,0 - 3,6 0,0 - 5,4 0,2 - 7,0 0,6 - 8,5 1,1 - 9,9 1,6 - 11,3 2,2 - 12,6 2,9 - 13,9 3,5 - 15,2 4,2 - 16,4 4,9 - 17,6 8,6 - 23,5 1000 GR 0,0 - 0,4 0,5 - 1,8 1,2 - 3,1 2,2 - 4,3 2,9 - 5,4 3,7 - 6,5 4,6 - 7,7 5,5 - 8,8 6,4 - 9,9 7,3 - 10,9 8,2 - 12,0 12,8 - 17,4 10 000 GR 0,0 - 0,1 0,8 - 1,3 1,7 - 2,3 2,6 - 3,4 3,6 - 4,5 4,5 - 5,5 5,5 - 6,5 6,5 - 7,6 7,4 - 8,6 8,4 - 9,6 9,4 - 10,7 14,3 - 15,8 GR = Globules Rouges La région d'analyse du frottis influence l'identification des schizocytes. Des fragments anguleux, tout comme d'autres types d'hématies normales et anormales, ont tendance à devenir sphériques près de l'extrémité des frottis (Lesesve et al., 2002). Le comptage doit être effectué dans une zone du frottis de bonne épaisseur, généralement à l'arrière de la queue, où les globules rouges commencent tout juste à se séparer les uns des autres. Cela exclut la zone effilochée de la queue du frottis. L'analyse microscopique doit être effectuée à un grossissement moyen avec un objectif 40x, 50x ou 60x, avec immersion le cas échéant, avec des oculaires de 10x ou 12,5x (Bain, 2006a). Dans ces conditions, toutes les formes atypiques doivent être assez facilement vues dans un nombre réduit de champs. La numération des schizocytes a une valeur diagnostique spécifique dans les contextes cliniques d'AMT et les situations voisines générées par l'altération mécanique des hématies L'origine des hématies fragmentées est aussi hétérogène que leurs formes : (i) Altérations mécaniques sur des filaments de fibrine dans les micro-vaisseaux (Bull & Kuhn, 1970; Bessis, 1976), comme dans l'AMT, mais aussi turbulence excessive, forces de cisaillement, et adhésion anormale des globules 5 rouge à l'endothélium, c'est-à-dire à l'intérieur des cavités cardiaques ou dans les gros vaisseaux dont les surfaces ont été modifiées ou lors d'anomalies pathologiques ou dans les circuits d'hémodialyse. (ii) Anomalie du cytosquelette à l'origine d'une fragilité membranaire, souvent dans un contexte de dysérythropoïèse, qu'elle soit génétique ou acquise (Bain, 2006a) (iii) Une atteinte thermique de la membrane des hématies au cours des brûlures étendues, ce qui provoque la formation de sphérocytes et microsphérocytes, avec détachement de fragments souvent sphériques (microvésicules, bulles et bourgeons), mais parfois proche de schizocytes angulaires (Lawrence & Atac, 1992; Bain & Liesner, 1996; Muller, Salignac & Lesesve, 2009). Toutefois, pour le diagnostic d'AMT, le Groupe de travail ICSH a convenu que seuls les schizocytes formés dans le cadre du premier de ces trois mécanismes (altérations mécaniques) sont à prendre en compte. Une numération des schizocytes n'est réalisable et utile dans la pratique que si les schizocytes représentent la principale anomalie morphologique des hématies sur le frottis Dans la mesure où il existe des chevauchements morphologiques des schizocytes du fait de l'existence de syndromes de fragmentation érythrocytaires et des situations où les fragments érythrocytaires proviennent d'hématies intrinsèquement altérées, il est essentiel, avant d'effectuer une numération des schizocytes, d'établir que la schizocytose est la principale anomalie et non que les schizocytes soient simplement une caractéristique d'un autre syndrome. La numération des schizocytes ne présente pas d'intérêt si le processus pathologique sous-jacent est, par exemple, l'altération érythrocytaire provoquée par les oxydants ou une pyropoikilocytose héréditaire. De rares cas de syndromes myélodysplasiques peuvent associer fragments érythrocytaires et thrombopénie ; ils ne doivent pas être pris pour une AMT. Ainsi, le Groupe ICSH a convenu qu'il est nécessaire de prendre en compte la morphologie générale des hématies dans le cadre du comptage des schizocytes pour le diagnostic d'AMT (Figure 2). Dans les PTT et les pathologies voisines, on voit que les schizocytes constituent la principale anomalie morphologique, parfois associée avec des signes modérés de stimulation de l'érythropoïèse, comme la polychromatophilie, la présence d'hématies ponctuées et d'érythroblastes (Tsai, 2009). Le groupe ICSH recommande de ne donner qu'un résultat qualitatif dans les cas où les schizocytes sont observés dans un contexte d'altérations érythrocytaires morphologiques multiples et hétérogènes. Ceci est particulièrement vrai lorsque les données quantitatives sont nécessaires pour surveiller les patients, tels que ceux qui présentent une AMT associée à une greffe de cellules souches hématopoïétiques. Dans le résultat final, il convient de préciser si les schizocytes sont la principale anomalie morphologique des hématies ou s'ils font partie d'un aniso-poïkilocytose grave généralisée ou s'ils se situent dans le contexte d'autres anomalies suggérant un autre diagnostic. Dans ces derniers cas, le diagnostic d'AMT est peu probable et demande la réalisation d'autres tests. Selon le Groupe de Travail Schizocyte de l'ICSH, les sphérocytes, les hématies irrégulièrement contractés, les dacryocytes, les acanthocytes et les échinocytes, ainsi que les "cellules mordues" qui sont une caractéristique de l'altération oxydative ne devraient pas être incluses dans la numération des schizocytes. Les "cellules mordues", en particulier, peut être définies comme des hématies avec une petite brèche dans le profile cellulaire, en forme de morsure. La partie manquante est perdue lorsque l'hémoglobine précipitée (qui correspond aux corps de Heinz qui sont invisibles sur les frottis fixés et colorés) est retirée par la rate, après les altérations oxydatives, et chez les patients présentant un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD) ou des hémoglobines instables (Bain, 2006b; Barth & Hirschmann, 2007) : pendant la crise hémolytique, les cellules mordues sont souvent associées à des hématies irrégulièrement contractés, des échinocytes denses, et des hémi-fantômes. Le Groupe ICSH reconnaît cependant que les termes de kératocyte, de cellule en casque, et d'hématie mordue sont considérés comme synonymes par certains auteurs (Bain, 2006a). Les éléments arrondis de très petite taille, irréguliers, crénelés ou déformés ainsi que les hématies micro-vésiculaires ne devraient pas non plus être inclus dans le compte, dans le 6 cadre d'une aniso-poïkilocytose. Toutes ces formes peuvent être dues à une matrice profondément dysérythropoïétique, formées au sein d'une moelle fibrotique au moment de leur libération dans la circulation sanguine ou sont produites par lésion thermique ou chimique sévère. Parfois, ces formes sont observées en même temps que des schizocytes typiques, au cours des brûlures, dans les thalassémies majeure ou intermédiaire, dans la myélofibrose primitive, la mégaloblastose, les anémies sidéroblastiques congénitales, les dysérythropoïèses congénitales, les carences en fer profondes et prolongées et les myélodysplasies sévères. Une certaine confusion peut se produire dans des conditions similaires, où poikilocytes et fragments bizarres peuvent être morphologiquement proches, voire impossible à distinguer des schizocytes typiques produits par des agressions mécaniques (Bain, 2010). Des schizocytes peuvent être vus, généralement en nombre très faible, dans d'autres pathologies telles que la coagulation intra-vasculaire disséminée et les pathologies infectieuses. Toutefois, le nombre de schizocytes, dans ces cas, a rarement une valeur diagnostique spécifique1. 1 "Les schizocytes sont comptés comme hématies fragmentées dans la pratique des laboratoires de biologie cliniques" (Société japonaise d'Hématologie biologique, communication personnelle). Frottis de sang périphérique d'un cas de purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT). (a) Les flèches indiquent une cellule en casque (en bas à gauche), un micro-sphérocyte (en haut à gauche), un kératocytes (en haut au centre), et un micro-croissant (angle inférieur droit) (b) ici les anomalies morphologiques comprennent kératocytes, microsphérocytes, cellules en casque, micro-croissant et schizocytes triangulaires. Un taux de schizocytes au-dessus de 1% est un solide indicateur morphologique du diagnostic d'AMT chez l'adulte La fourchette des valeurs normales de schizocytes chez l'adulte sont mal définies et de données de manière variable selon les laboratoires. Il n'y a pas de consensus dans la littérature sur la limite supérieure pour l'adulte en bonne santé; elle est, dans la pratique générale, donnée au-dessous de 1% (Klein et al., 1975). Burns, Lou et Pathak (2004) ont trouvé une limite supérieure de 0,2% chez les individus normaux, 0,6% chez les patients atteints d'insuffisance rénale, 0,45% chez des femmes en pré-éclampsie, et 0,48% chez les patients porteurs de valves prosthétiques fonctionnant normalement; ils ont aussi trouvé chez six patients atteints de PTT des valeurs de schizocytes se situant dans une fourchette de 1,1 à 9,04 %. Lesesve, Salignac et Lecompte (2007) ont trouvé une valeur maximale de 0,19% chez 119 sujets en bonne santé. Le Groupe de travail ICSH Schizocyte a convenu qu'une valeur supérieure à 1% de schizocytes sur un frottis de sang périphérique chez l'adulte est une solide indication cytomorphologique en faveur du diagnostic d'AMT, en l'absence d'autres signes suggérant un autre diagnostic. 7 Si les schizocytes sont absents alors qu'il y a une forte suspicion d'AMT, la recherche de schizocytes sur frottis sanguin doit être répétée quotidiennement, puisque l'apparition de schizocytes peut parfois être retardée de plusieurs jours. Dans de rares cas, les schizocytes n'apparaissent absolument pas tout au long de l'AMT (Fava & Galizia, 1995; Akiyama et al, 1997; Daram et al, 2005). Toutefois, pour le diagnostic d'AMT associée à la greffe, une valeur seuil plus élevée est souvent adoptée (Figure 3). Un Groupe de travail international a recommandé un seuil de 4% (associé à une thrombopénie, une augmentation des LDH, une diminution du taux d'hémoglobine et une diminution de l'haptoglobine) (Ruutu et al., 2007). La figure 4 présente un diagramme de recommandations pratiques pour l'utilisation de comptage des schizocytes pour établir le diagnostic d'AMT. L'observation de fragments d'hématies est fréquente juste après la naissance, avec des valeurs allant de 1,4 à 1,9% chez les nouveau-nés normaux et 4,09 à 5,05% chez les nouveau-nés prématurés (Garzia et al, 2005;. O. Fenneteau, données non publiées). Cependant, les recommandations ICSH présentée ici s'appliquent uniquement chez les patients adultes. Figure 3 : Frottis de sang périphérique d'un cas d'AMT post-transplantation. (a) un kératocyte (flèche gauche), une cellule casque (flèche droite), et plusieurs érythrocytes triangulaires hyperchromatiques sont présents (b) deux kératocytes (flèches du haut) et deux microsphérocytes déformées (flèche en bas) sont présents avec, en plus, des fragments de GR encore plus bizarres. 8 Y a t'il des schizocytes sur le frottis ? oui non Les schizocytes sont ils l'anomalie dominante (+/hématies polychromatophiles, érythroblastes et thrombotopénie) ? Y a t'il une forte suspicion clinique de MAT ? Oui Non Analyse du frottis pour caractériser d'autres pathologies Suspicion de MAT Numération des schizocytes sur frottis Oui Non Faire un frottis sanguin quotidien Fin de l'action Numération automatisée des hématies fragmentées Figure 4 : Arbre décisionnel concernant le nombre des schizocytes conformément aux indications ICSH (initialement esquissé par B. J. Bain) – La numération des hématies fragmentées par technique automatisée est un complément utile à la microscopie, car elle fournit des résultats rapides avec forte valeur prédictive négative Tous les analyseurs d'hématologie de dernière génération possèdent un dispositif d'alarme pour la présence d''hématies fragmentées (HF), et certains d'entre eux fournissent également des méthodes pour la numération automatisé des HC sur des échantillons de sang anticoagulés par EDTA, grâce à la mesure de la diffusion vers l'avant (forward scatter) combinée à l'intensité de fluorescence (Jiang et al, 2001;.. Abe et al, 2009) ou par analyse optique en 2 dimensions (Lesesve et al, 2004a, b). La numération automatisée de HF est un nouveau paramètre prometteur pour le dépistage de routine en raison de son faible coût et de sa disponibilité immédiate. La reproductibilité est excellente, en particulier pour les valeurs élevées. Sa stabilité dans le temps est limitée à moins de 24 heures (Banno et al., 2005). Les méthodes automatisées montrent une bonne corrélation avec le pourcentage de schizocytes dans les cas d'AMT ou de transplantation (Saigo et al., 2002; Lesesve et al., 2004a,b). Cependant, l'une des deux méthodes actuellement disponibles tend à légèrement sous estimer la numération de HF par rapport à la microscopie (Banno et al., 2005) 9 alors que la seconde montre une légère surestimation (Lesesve et al., 2004a,b; Garzia et al., 2005). Des faux négatifs sont observés sur des prélèvements dont le VGM est > 105 fL, probablement par le fait que les grosses HF sont inclus dans la fraction des microcytes. La sensibilité et la spécificité pour le diagnostic d'AMT varient en fonction de la position du seuil. Cependant, la valeur prédictive des résultats négatifs est rapportée comme élevée (Garzia et al., 2005; Lesesve, Salignac & Lecompte, 2007). Sur la base des publications scientifiques, sur l'expérience personnelle des membres du groupe et des experts relecteurs, le groupe ICSH Schizocytes reconnait l'utilité d'un comptage automatisé des HF comme méthode de dépistage de routine dans les laboratoires de routine. Tous les prélèvements donnant un résultat positif au moment du diagnostic, ainsi que les échantillons macrocytaires donnant un résultat négatif doivent être l'objet d'un examen au microscope. Un des avantages majeurs de la numération automatisée est de permettre un suivi exact et précis des échantillons réellement positifs. NOTE SUR LA METHODE DE TRAVAIL DU GROUPE ICSH SCHIZOCYTE Pour développer les recommandations présentes, le groupe de travail ICSH a procédé en fonction des étapes suivantes : • Revue et analyse exhaustive de la littérature sur AMT, hématies fragmentées et schizocytes: il en est ressorti la confirmation de l'incohérence des critères de définition existants; • enquête par questionnaire sur la numération des schizocytes dans 31 laboratoires dans le monde, qui indique une mauvaise uniformité des résultats de numération des schizocytes, allant de la description semi-quantitative (peu nombreux/assez nombreux/nombreux ou présence/absence) au rendu d'une valeur en pourcentage; • vaste échanges d'opinions et de comparaisons entre les membres par e-conférences, incluant l'échange de photos et de frottis sanguins colorés, visant à définir des critères de nomenclature et de morphologie; • 6 frottis de sang périphérique avec un taux de schistocytes faible, intermédiaire et élevé pour vérification par la pratique et affinage des critères proposés, ont été envoyés, par voie postale, à l'ensemble des membres du groupe; • discussions et projections de diapositives pour arriver à un accord sur les aspects morphologiques de cellules sélectionnées ainsi que pour les hématies fragmentées sur des frottis sanguins, au cours de trois réunions ICSH , en mai 2009, novembre 2009, et mai 2010. Les recommandations consensuelles ont été partagées avec un panel d'experts internationaux "remerciements") pour avis supplémentaire avec d'être soumis à une publication avec comité de pairs. REMERCIEMENTS Le comité tient à remercier chaleureusement les experts relecteurs suivants pour leurs commentaires: Barbara J. Bain, Department of Hematology, St. Mary’s Hospital Campus of Imperial College, Faculty of Medicine, London, UK. Yohko Kawai, International University of Health and Welfare, Sanno hospital, Tokyo, Japan. Jin-Yeong Han, Dong-A, University College of Medicine, Busan, Korea. S. Mitchell Lewis, Department of Haematology, Hammersmith Hospital, London, UK. Samuel J. Machin, The University College London Hospitals, London, UK. 10 (voir REFERENCES Abe Y., Wada H., Yamada E., Noda M., Ikejiri M., Nishioka J., Kobayashi T., Matsumoto T., Masuya M., Isaji S., Usui M., Uemoto S., Katayama N. & Nobori T. (2009) The effectiveness of measuring for fragmented red cells using an automated hematology analyzer in patients with thrombotic microangiopathy. Clinical Applications in Thrombosis and Hemostasis 15, 257–262. Akiyama H., Yoshinaga H., Endou M., Tanikawa S., Sakamaki H., Tanoue K. & Onozawa Y. (1997) Microangiopathy without hemolysis in a patient following allogeneic bone marrow transplantation. Bone Marrow Transplantation 20, 261–263. Bain B.J. (2006a) Blood cell morphology in health and disease. In: Dacie and Lewis Practical Haematology (eds S.M. Lewis, B.J. Bain & I. Bates), 10th edn, 80–113. Churchill Livingstone Elsevier, Philadelphia, PA. Bain B.J. (2006b) Blood Cells. A Practical Guide, 4th edn. Blackwell Science Ltd, Oxford. Bain B.J. (2010) Schistocytes in megaloblastic anemia. American Journal of Hematology 85, 599. Bain B.J. & Liesner R. (1996) Pseudopyropoikilocytosis: a striking artifact. Journal of Clinical Pathology 49, 772–773. Banno S., Ito Y., Tanaka C., Hori T., Fugimoto K., Suzuki T., Hashimoto T., Ueda R. & Mizokami M. (2005) Quantification of red blood cell fragmentation by the automated haematology analyzer XE-2100 in patients with living donor liver transplantation. Clinical and Laboratory Haematology 27, 292–296. Barnes P.W., McFadden S., Machin S.J., Simson E. & International Consensus Group for Haematology (2005) The international consensus group for hematology review: suggested criteria for action following automated CBC and WBC differential analysis. Laboratory Hematology 11, 83–90. Barth D. & Hirschmann J.V. (2007) Anemia. In: Wintrobe’s Atlas of Clinical Hemathology (eds D.C. Tchachuk & J.V. Hirschmann), 1– 47. Wolters Kluwer-Lippincott Williams & Wilkins, Philadelphia, PA. Bessis M. (1972) Cellules Du Sang. Normal et Pathologique. 322–402. Masson, Paris. Bessis M. (1976) Reinterpretation Des Frottis Sanguins. Masson-Springer, Paris, Berlin. Bull B.S. & Kuhn I.N. (1970) The production of schistocytes by fibrin strands (a scanning electron microscope study. Blood 35, 104–111. Burns E.R., Lou Y. & Pathak A. (2004) Morphologic diagnosis of thrombotic thrombocytopenic purpura. Amercan Journal of Hematology 75, 18–21. Dacie J.V. & Lewis S.M. (1968) Practical Hematology, 4th edn. J&A Churchill, London. Daram S.R., Philipneri M., Puri N. & Bastani B. (2005) Thrombotic thrombocytopenic purpura without schistocytes on the peripheral blood smear. Southern Medical Journal 98, 392–395. Fava S. & Galizia A.C. (1995) Thrombotic thrombocytopenic purpura-like syndrome in the absence of schistocytes. British Journal of Haematology 89, 643–644. Garzia M., Di Mario A., Rossi E., Massini G., Bellesi S., d’Onofrio G. & Zini G. (2005) Automated screening for schistocytes with two hematology analyzers. Abstract Book XVIII International ISLH Symposium, Skokie, IL. Abstract No A-86. Glassy E.F. (ed.) (1998) Color atlas of hematology. An Illustrated Field Guide Based on Proficiency Testing, 1–370. College of American Pathologists, IL, Northfield . ICSH (1984) Reference method for staining blood and bone marrow films by azure B and eosin Y (Romanowsky stain). British Journal of Haematology 57, 707–710. Jiang M., Saigo K., Kumagai S., Imoto S., Kosaka Y., Matsumoto H. & Fujimoto K. (2001) Quantification of red blood cell fragmentation by automated haematology analyser XE-2100. Clinical and Laboratory Haematology 23, 167– 172. Klein P.J., Pullman H., de Lacroix W.F., Pahnke V., Imig H. & Fischer R. (1975) Quantitative determination of fragment erythrocytes (schistocytes) in healthy subjects and patients after surgery. Klinische Wochenschrift 53, 847–851. Lawrence C. & Atac B. (1992) Hematologic changes in massive burn injury. Critical Care Medicine 20, 1284–1288. Lesesve J.F., Salignac S. & Lecompte T. (2001) Schizocytes: quelle de´finition retenir et quelle me´thodologie utiliser pour les identifier et les compter? Re´sultats d’une enqueˆte aupre`sde 24 biologistes Annales de Biologie Clinique 59, 49–52. Lesesve J.F., Salignac S. & Lecompte T. (2007) Laboratory measurement of schistocytes. International Journal of Laboratory Hematology 29, 149–151. Lesesve J.F., Salignac S., Lecompte T. & On behalf of the Groupe Franc¸ais d’He´matologie Cellulaire (2002) Spherocytes, irregularly contracted cells or... schistocytes? Clinics in Laboratory Medicine 24, 135–136. 11 Lesesve J.F., Salignac S., Lecompte T. & Bordigoni P. (2004a) Automated measurement of schistocytes after bone marrow transplantation. Bone Marrow Transplantation 34, 357– 362. Lesesve J.F., Salignac S., Alla F., Defente M., Benbih M., Bordigoni P. & Lecompte T. (2004b) Comparative evaluation of schistocyte counting by an automated method and by microscopic determination. American Journal of Clinical Pathology 121, 739– 745. Lesesve J.F., Lecompte T., Alla F., Fenneteau O., Cynober T., Siest J.P., Troussard X., Flandrin G. & Groupe Franc¸ais d’He´matologie Cellulaire (GFHC) (2005) Schizocytes : reproductibilite´ du diagnostic morphologique et inte´reˆtde me´thodes observateur-inde´pendantes. Annales de Biologie Clinique 63, 279– 289. Lesesve J.F., Alla F., Dugue´ F., Salignac S., Cle´ment L., Lecompte T. & Bordigoni P. (2011) Evaluation of schistocyte monitoring after haematopoietic stem cell transplantation. International Journal of Laboratory Hematology 33, 343–356. Lynch E.C. (1990) Peripheral blood smear. In: Clinical Methods: The History, Physical, and Laboratory Examinations (eds H.K. Walker, W.D. Hall & J.W. Hurst), 3rd edn, 732–734. Butterworths, Boston, Chapter 155. Marsh G.W. & Lewis S.M. (1969) Cardiac haemolytic anaemia. Seminars in Hematology 6, 133–149. Martinez M.T., Bucher C., Stussi G., Heim D., Buser A., Tsakiris D.A., Tichelli A., Gratwohl A. & Passweg J.R. (2005) Transplant-associated microangiopathy (TAM) in recipients of allogeneic hematopoietic stem cell transplants. Bone Marrow Transplantation 36, 993–1000. McFadden S., Briggs C., Davis B., Jou J. & Machin S. (2008) The reformed International Council for Standardization in Haematology (ICSH). International Journal of Laboratory Hematology 30, 89–90. Means R.T. & Glader B. (2009) Acquired non-immune hemolytic disorders. In: Wintrobe’s Clinical Hematology, 12th edn, Vol. 1, 1021– 1037. Wolters Kluwer-Lippincott Williams & Wilkins, Philadelphia, PA.. Moake J. (2002) Thrombotic microangiopathies. New England Journal of Medicine 347, 589– 600. Muller M., Salignac S. & Lesesve J.F. (2009) Thermally induced popcorn red blood cells. Transfusion 49, 827–828. Rock G., Porta C. & Bobbio-Pallavicini E. (2000) Thrombotic thrombocytopenic purpura treatment in year 2000. Haematologica 85, 410–419. Rümke C.L. (1979) The statistically expected variability in differential leukocyte counting. In: Differential Leukocyte Counting (eds J.A. Koepke), 39–45 College of American Pathologists, IL: Skokie. Ruutu T., Barosi G., Benjamin R.J., Clark R.E., George J.N., Gratwohl A., Holler E., Iacobelli M., Kentouche K., La¨mmle B., Moake J.L., Richardson P., Socie´ G., Zeigler Z., Niederwieser D. & Barbui T. (2007) Diagnostic criteria for hematopoietic stem cell transplant-associated microangiopathy: results of a consensus process by an International Working Group. Haematologica 92, 95–100. Saigo K., Jiang M., Tanaka C., Fujimoto K., Kobayashi A., Nozu K., Lijima K., Ryo R., Sugimoto T., Imoto S. & Kumagai S. (2002) Usefulness of automated detection of fragmented red cells using a hematology analyzer for diagnosis of thrombotic microangiopathy. Clinical and Laboratory Haematology 24, 347–351. Tsai H.-M. (2009) Thrombotic thrombocytopenic purpura, hemolytic-uremic syndrome, and related disorders. In: Wintrobe’s Clinical Hematology, 12th edn, Vol. 2, 1314–1325. Wolters Kluwer-Lippincott Williams & Wilkins, Philadelphia, PA. Zeigler Z.R., Shadduck R.K., Nemunaitis J., Andrews D.F. & Rosenfeld C.S. (1995) Bone marrow transplantassociated thrombotic microangiopathy: a case series. Bone Marrow Transplantation 15, 247–253. Zomas A., Saso R., Powles R., Mackay H., Sighal S., Treleaven J. & Metha J. (1998) Red cell fragmentation (schistocytosis) after bone marrow transplantation. Bone Marrow Transplantation 22, 777–780. 12