Petit exercice de télépathie (… à la Gary Kurtz)

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Petit exercice de télépathie (… à la Gary Kurtz)
Petit exercice de télépathie
(… à la Gary Kurtz)
http://www.zetetique.fr/index.php/dossiers/81-telepathie
Écrit par Florent MARTIN
Mercredi, 15 Janvier 2003 01:00
Ce fut suite à une conférence sur le paranormal à laquelle j’avais assisté que j’avais acheté ce livre qui
vantait les pouvoirs de l’esprit. Mon scepticisme et ma curiosité à cet égard m’ont même poussé à tester
moi-même les expériences qui y étaient décrites. Et c’est lors d’un repas dominical en famille que je fis part
du troublant résultat de ces récentes expériences à mes proches. Ils ne manquèrent évidemment pas de
m’interroger à ce sujet durant tout le cours du déjeuner. C’est entre le dessert et le café que je proposais
donc à la plus rigolarde de toutes (ma sœur, 17 ans) de procéder à une rapide démonstration de mes
nouveaux pouvoirs…
L'expérience
- Choisis un nombre de trois chiffres au hasard. Prend les tous différents !
- OK, c’est fait.
- Évite de prendre 123, c’est trop classique !
- Ha ben ça commence bien ! Comment t’as deviné ?
Ma famille est amusée. J’explique qu’on a souvent du mal à simuler le hasard. J’invite donc ma sœur à
procéder à un rapide calcul afin de s’assurer que l’on a bien un nombre aléatoire :
- Renverse ton nombre. Comme 345 donnerait 543. Puis soustrait-le à ton nombre de départ.
- Humm… Attend une seconde, c’est pas évident.
- Bouge pas, on va bien trouver une calculette !
Je fouille dans mon sac et lui propose mon téléphone portable afin de l’aider. Elle accepte avec
soulagement.
- Tu devrais soustraire le plus petit au plus grand pour que ce soit plus facile.
- OK, c’est bon… et après ?
- Ton résultat doit faire trois chiffres non ?
- Oui c’est ça, mais bon, c’est pas dur à deviner !
- Voyons… Pour être sûr de notre coup, ce coup-ci tu vas additionner ton résultat avec son renversement !
Elle bricole la calculatrice alors que ma mère « vérifie » ses calculs. Tout le monde s’accorde à dire qu’un tel
protocole ne me laisse décidément aucune chance ! Je reprends :
- Très bien, on y est ? Ton nombre fait-il 2, 3, 4 ou même 5 chiffres ?
- Je dois te le dire ? Il en fait 4 !
- Parfait ! Tu vas donc le couper en deux. La première paire va t’indiquer un numéro de page, la seconde un
numéro de ligne. Ou l’inverse, comme tu veux, ce n’est pas important.
Je me lève alors et me dirige vers la bibliothèque dans laquelle je prends deux livres, au hasard. Avec le
recul, je vois toute ma famille qui me regarde, dubitative et soucieuse de démasquer une éventuelle
tricherie dans mes moindres gestes. Leur méfiance et leur scepticisme sont compréhensibles après tout !
Je reviens à la table pour y poser les deux livres, en face de ma sœur. Je lui demande d’en désigner un et de
le pousser vers moi. Elle s’exécute. Je le saisis et retourne le ranger tout en l’invitant à consulter le livre
restant à la page que son nombre a défini.
- Mémorise le premier mot que tu trouveras à la page et à la ligne indiquée par ton nombre. Tu peux inverser
le numéro de page et le numéro de ligne si ça t’arrange.
Toute la famille est maintenant autour d’elle pour consulter le mot en question.
- Vous y êtes ? Tout le monde a vu le mot ? Bien, vous pouvez maintenant refermer le livre et l’expérience va
pouvoir vraiment commencer !
Je prends alors un papier et un stylo, et demande le silence.
- Tu dois te concentrer sur ton mot afin que je puisse le capter.
Je prends ma tête dans mes mains. Les murmures se sont tus, laissant place à un silence pesant.
- Je ne sens pas grand-chose… Peut-être peux-tu m’aider : quand je claquerai des doigts, tu vas faire défiler
l’alphabet dans ta tête et tu me diras « stop » quand tu auras atteint la première lettre de ton mot.
Ma proposition lui semble honnête puisqu’elle ne remet pas trop en cause son secret. Elle accepte donc. Je
claque des doigts en la regardant fixement, toujours aussi concentré. Après quelques secondes, elle me dit «
stop ». Je saisis alors une « pensée » et la note prestement sur mon papier. Mon père sourit. Plusieurs mots
traversent mon esprit. Je suis dans le doute. Ma famille perçoit mon incertitude et déjà, certains me voient
mal engagé.
- C’est un prénom n’est-ce pas ? Humm… Non, ce n’est pas ça ! Attends, oui ça y est, je l’ai !
Je note alors mon ultime mot, rayant tous les autres, avant de reposer mon papier sur la table, à l’envers.
- Je pense avoir perçu ton mot. Je l’ai noté sur ce papier. Peux-tu maintenant nous dire ce que c’était ?
- Vraiment, je dois le dire maintenant ? C’était « Piraterie ! »
- En effet, c’est ce que j’ai perçu.
A ce moment-là, tout le monde trouve mon affirmation très facile. C’est la curiosité de mon père qui viendra
rompre le suspense. En retournant le papier témoin, l’assemblée découvrit que j’avais vu juste…
Le Principe
Toute la puissance de ce tour réside dans la certitude que votre sujet a atteinte quant à votre impossibilité à
connaître le mot désigné. Ceci grâce aux multiples choix personnels que vous lui avez laissé la liberté de
prendre - en fait une succession de forçages (sic) - ainsi que le caractère aléatoire de la procédure. Comme
nous allons le voir, le mot est évidemment connu d’avance !
Ce tour demande un peu de préparation : vous devrez mémoriser le premier mot de la ligne 10, page 89
d’au moins un livre. Faites-le de manière très discrète et suffisamment à l’avance afin de ne pas éveiller les
soupçons.
Bien qu’ayant l’air d’être improvisé, le calcul que vous proposez donnera à coup sur le même résultat.
Comme le montre le tableau ci-dessous, n’importe quel nombre de départ (Pierre, Paul ou Yves) aura pour
résultat 1089 lorsque l’on suit la procédure. Vous connaissez donc ce nombre, mais le sujet l’ignore !
Pierre Paul
Yves
1- Faites choisir au hasard un nombre de trois chiffres distincts
Il ne faut pas que le chiffre reste identique quand il est renversé (comme 474 ou
838 le sont) sinon on obtient zéro dès la seconde étape. Afin de simplifier l’énoncé,
proposez de choisir 3 chiffres tous différents.
123
352
942
2- Faites renverser ce nombre (123 donnerait 321).
321
253
249
3- Faites soustraire ces deux nombres
Le résultat de la soustraction doit être positif : vous pouvez proposer d’ignorer le
signe négatif du résultat, ou encore proposer de soustraire le plus petit des deux
nombres au plus grand, prétextant que le calcul en sera plus facile.
(-)198 (0)99 693
4- Faites renverser le résultat
Si le résultat de la soustraction ne fait que deux chiffres, le tour ne marchera pas.
Vérifiez donc qu’il fait bien trois chiffres en disant : « Vous devez maintenant avoir
un résultat à trois chiffres ». Si ce n’est pas le cas, votre sujet le fera savoir. Il suffit
alors d’ajouter négligemment : « Hé bien rajoutez un zéro au début ou à la fin de
votre nombre, comme vous voulez ! ».
891
990
5- Faites additionner les deux nombres précédents
1089
1089 1089
396
Lors du premier calcul, il est probable que le sujet aura une difficulté. Prenez donc soin de préparer une
calculatrice (un téléphone portable peut faire l’affaire) que vous pourrez mettre à sa disposition pour l’aider
dans ses calculs. Ne la sortez pas en avance.
Si vous n’avez pu préparer le tour qu’avec un seul livre, vous pouvez quand même en présenter en deux, et
procéder à un « forçage » : présentez deux livres et demandez au sujet de pousser vers vous celui de son
choix.
S’il s’agit du livre dont vous connaissez le contenu, prenez-le et tendez-le-lui en disant « C’est vous qui l’avez
choisi ! »
S’il s’agit du livre dont vous ne connaissez pas le contenu, prenez-le en disant : « Très bien, on a maintenant
chacun son livre ! » et écartez-le. Le sujet se retrouve donc avec le bon livre.
Laissez le sujet faire son choix dans l’attribution des lignes et des pages par rapport à son nombre. Il
constatera assez vite qu’il est plus facile de trouver la ligne 10 de la page 89 que l’inverse. Surtout qu’il y a
rarement 89 lignes dans une page, encore moins dans les dix premières. Nouveau forçage !
La Mise en Scène
Quand vous dites « Choisissez un nombre au hasard », vous pouvez aller jusqu'à rajouter : « Choisissez en un
autre car 123 n’est pas un bon nombre ». Vous constaterez que ça marche assez souvent, surtout quand on
n’a pas affaire à un sceptique.
Il est très important de donner l’impression d’improviser le protocole. Le rythme doit être suffisamment
soutenu afin de ne pas laisser le temps au sujet de formuler une éventuelle protestation quant à votre
mode opératoire (surtout lors des forçages !). Ne vous attardez pas sur le calcul de départ car il doit, aux
yeux du sujet, rester une simple procédure permettant de garantir un nombre le plus aléatoire possible. Il
est donc crucial que les explications soient suffisamment claires pour s’assurer que le calcul a été fait sans
erreurs !
Une fois le mot identifié, il faudra savoir prendre son temps : demandez le silence et feigniez une
concentration intense. Cela a pour effet de faire « monter la pression ». Évidemment, le sujet doit
maintenant faire le vide dans son esprit et se concentrer sur son mot…
Prenez un papier et un stylo, puis demandez au sujet de commencer à faire défiler l’alphabet dans sa tête
lorsque vous aurez claqué des doigts. Il devra vous dire « stop » lorsqu’il aura atteint la première lettre de
son mot. Durant ce temps, marquez le tempo de la tête avec un air inspiré. Une fois le comptage achevé,
gribouillez quelques lettres ou mots que vous auriez perçus, puis rayez-les. Pour mieux noyer le poisson,
posez une question très vague (surtout si le mot est commun) ou lancez quelques affirmations erronées
comme : « Je perçois un nom propre… humm… Non, ce n’est pas ça ! Concentrez-vous uniquement sur
votre mot ! ». Faites durer le plaisir, mais sans trop parler. Ne négligez pas les soupirs !
Finissez en écrivant le bon mot puis posez stylo et papier en hochant la tête. L’incertitude plane, vous n’êtes
pas sûr de vous. Demandez au sujet quel est son mot sans dévoiler le papier. À sa réponse, retournez votre
papier négligemment. Gardez toute votre modestie en constatant le succès de l’expérience. Après tout c’est
votre quotidien puisque vous êtes un grand médium !
Florent Martin