Sardou , enfin libre ‐ par Giros le 31/07/2005 @ 12:20 La star

Transcription

Sardou , enfin libre ‐ par Giros le 31/07/2005 @ 12:20 La star
Sardou
,
enfin
libre
‐
par
Giros
le
31/07/2005
@
12:20
La
star
française
chantait
samedi
soir
à
l’occasion
d’un
concert
open
air
au
Stade
de
Tourbillon,
à
Sion.
Un
Sardou
détendu,
oscillant
entre
chansons
introspectives
et
tubes
de
toujours
rafraîchis
par
des
arrangements
de
bon
goût...
Alors
qu’une
pétition
circule
sur
le
web
afin
de
pousser
Michel
Sardou
à
chanter
un
jour
au
Stade
de
France,
c’est
à
Sion,
dans
le
canton
du
Valais,
que
le
public
aura
eu
la
primeur
d’entendre
la
star
française
chanter
dans
un
stade.
Et
si
Sion
n’est
pas
Saint‐Denis,
les
silhouettes
illuminées
du
château
de
Tourbillon
et
de
l'église
de
Valère,
qui
dominent
la
cité,
valaient
bien
ce
soir‐là,
en
guise
de
décor,
le
sanctuaire
des
Rois
de
France....
C’est
en
25
chansons
que
Sardou,
samedi,
a
tenté
de
faire
le
tour
de
Sardou.
25
chansons,
c’est
beaucoup
pour
un
spectacle,
c’est
peu
pour
résumer
un
parcours
tel
que
celui
du
fils
des
comédiens
Fernand
et
Jacky
Sardou,
né
en
janvier
1947
à
Paris,
et
qui
depuis
1970,
collectionne
les
tubes
avec
un
aplomb
inébranlable.
Sardou,
qui
déchaîna
la
bêtise
de
gauche
(la
droite
n’en
a
pas
le
monopole)
dans
les
années
70,
car
jugé
'réac’
et
'facho’.
On
avait
le
sens
du
raccourci
dans
ces
années‐là.
Sardou,
que
l’intelligentsia
et
les
branchés
de
tous
poils
ont
toujours
méprisé.
Pour
de
bonnes
raisons
parfois,
de
mauvaises
souvent.
Mais
voilà...
Les
uns
ont
usé
leurs
griffes.
Et
les
autres
ont
épuisé
leur
venin.
Quant
à
Sardou,
et
bien,
n’ayant
plus
grand
chose
à
prouver,
il
semble
pouvoir
être
enfin
totalement
lui‐même,
désormais
sans
forcer
le
trait.
Du
plaisir!
Alors
Sardou
s’amuse.
Arrive
sur
scène
en
chantant
«Du
plaisir»,
tiré
de
son
dernier
album,
et
pique
un
sprint
quasiment
jaggerien
pour
traverser
la
scène
sur
fond
de
guitares
saturées.
Inattendu.
Derrière
lui,
un
décor
sobre
–
panneaux
et
rideaux
gris
métallisés
qu’irisent
des
lumières
somptueuses.
Et
un
groupe
resserré:
l’heure
n’est
plus
aux
débauches
de
cuivres
et
de
synthés.
Deux
guitaristes,
deux
claviers,
basse,
batterie.
Auxquels
s’ajoutent
tout
de
même
trois
choristes
et,
en
cours
de
route,
un
groupe
de
cordes,
violons
et
violoncelles
tenus
par
des
musiciennes
qui
ont
été
choisies,
manifestement,
autant
pour
leurs
qualités
plastiques
que
musicales.
Quoi
qu’il
en
soit,
sous
la
houlette
de
l’arrangeur
Pierre‐Jean
Scavino,
les
musiciens
apportent
un
rafraîchissement
bienvenu
au
répertoire
de
Sardou.
Nouveaux
éclairages
Si
c’est
surtout
en
terme
d’électricité
musclée
que
l’évolution
a
lieu
sur
des
titres
comme
«Marie‐Jeanne»
ou
«Chanteur
de
jazz»,
c’est
en
véritable
émotion
que
«Je
ne
suis
pas
mort,
je
dors»
ou
«Je
vais
t’aimer»
ont
gagné.
Des
nuances
pour
remplacer
le
pompiérisme
dont
Sardou
usait
et
abusait
auparavant.
Sur
plusieurs
titres,
Sardou
s’affranchit
de
l’esprit
'variétés’
qui
gâchait
parfois,
souvent,
son
répertoire.
«Une
fille
aux
yeux
clairs»,
cette
hymne
à
la
mère,
est
un
instant
de
pure
délicatesse.
Comme
«Le
privilège»,
ce
regard
sensible
sur
l’homosexualité.
Et
«J’accuse»
devient
enfin
le
brûlot
rock
qu’il
aurait
dû
toujours
être.
Mais
à
l’époque
de
sa
sortie,
le
disco
était
roi...
Et
des
chansons
oubliées
comme
«Un
accident»
renaissent
avec
une
force
inouïe.
Le
cri
de
cet
homme
au
bord
de
la
mort
('Je
vous
en
prie,
trouvez
ma
femme,
mais
n’appelez
pas
mes
parents’),
noyé
dans
des
guitares
torturées,
suscite,
en
passant,
deux
questions...
Qui
d’autre
que
Sardou
aurait
eu
le
culot
de
tirer
un
single
d’une
thématique
pareille?
Et,
deuxièmement,
les
radios
d’aujourd’hui
oseraient‐elle
diffuser
dans
leur
play‐lists
une
chanson
aussi
désespérée
et
si
peu
'formatée?
La
première
réponse
est:
personne.
La
seconde:
non.
La
force
du
répertoire
est
tellement
évidente
que
Sardou
peut
même
se
permettre
de
reprendre
en
rigolant
«Les
bals
populaires».
«Vous
me
faites
faire
n’importe
quoi!»
lance‐t‐il
au
public
ravi.
Apaisé
Au
Stade
de
Tourbillon,
samedi
soir,
Sardou
ne
s’est
pas
contenté
de
plonger
dans
son
passé.
Outre
un
clin
d’œil
à
Barbara,
là‐haut
dans
le
ciel
étoilé,
avec
une
reprise
réussie
de
«L’Aigle
noir»,
il
a
glissé
dans
son
répertoire
de
nombreux
extraits
de
son
dernier
disque.
Album
d’homme
mûr,
entre
nostalgie
et
acceptation
de
la
page
tournée:
«
Recommencer
ma
vie...
non
merci».
Reconnaissance
de
ses
faiblesses,
aussi:
«Je
ne
serai
jamais
un
homme
comme
l’écrivait
Kipling.»
Et
enfin,
dans
une
chanson
des
années
90,
"Salut",
la
pirouette
qui
remet
tout
en
question:
«Je
ne
suis
pas
l’homme
de
mes
chansons,
voilà»...
Dans
la
nuit
sédunoise,
le
Stade
de
Tourbillon
va
pour
finir
connaître
un
crescendo
magique:
«Loin»,
«Musulmanes»,
«Les
Lacs
du
Connemara»,
chanté
intégralement
en
compagnie
d'environ
quatorze
mille
choristes.
Puis
une
accalmie
progressive,
avec
«Salut»
justement,
et
«Dis‐moi»...
Car
Sardou
est
désormais
libre.
Libre
de
conclure
un
spectacle
par
une
chanson
qui
n’est
pas
un
tube.
Libre
de
jouer
du
rock.
Libre
de
faire
la
gueule
et
d’en
rigoler.
Libre
de
sourire,
aussi.
Libre
de
chanter
des
chansons
populaires
et
néanmoins
intelligentes.
swissinfo,
Bernard
Léchot
à
Sion