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LES PROBLÉMATIQUES
Par Gérard COLLIGNON et Pascal LEGRAND
Le principe de problématique
Chaque type de personnalité a une problématique qui le caractérise. Si la vie
confronte une personne à sa problématique spécifique et si elle sait la gérer,
elle ne changera pas de phase. Inversement, si cette personne ne sait pas
gérer sa problématique actuelle, cette situation va provoquer chez elle un
stress
intense
et
durable.
A
ce
stade,
la
satisfaction
des
besoins
psychologiques de sa phase actuelle restera inopérante : la personne
continuera à présenter des comportements de stress du 2ème degré. Après
des semaines, voire des mois, il est possible que la personne « lâche prise » et
exprime enfin la véritable émotion liée à sa problématique actuelle. A ce
moment là, elle va très probablement changer de phase. Dans ce cas, la
personne pourra, à l’avenir, être confrontée à une autre problématique :
celle de sa nouvelle phase…
Claudine entreprend une démarche de coaching pour trouver les ressources
pour sortir d’une situation de mécommunication qu’elle vit depuis de longs
mois avec sa collaboratrice. Son mari, qui est également son associé,
l’accompagne car il souhaite clarifier les rôles de chacun dans l’entreprise.
Claudine
commence
à
décrire
une
des
nombreuses
mécommunication entre elle et sa collaboratrice,
situations
de
en insistant sur le
comportement négatif de celle-ci.
Le mari intervient alors : « Tu devrais peut-être parler de la mort de ton fils »,
ayant remarqué que Claudine était devenue particulièrement agressive
depuis ce drame.
1
« Mon fils est mort il y a deux ans d’un accident de moto. Je n’ai jamais
pleuré. Lorsqu’à l’enterrement de mon fils, ses amis pleuraient, je leur disais :
« il ne faut pas pleurer, vous allez empêcher son âme de monter au ciel. »
La problématique du type Travaillomane est le chagrin. Si la personne vivant
une perte serre les dents et refoule le chagrin, elle ne pourra pas commencer
son travail de deuil et, remplacera ce chagrin par une colère attaquante, la
conduisant inexorablement en situation d’échec.
Dans les jours qui suivent, Claudine « craque ». Pendant des heures, secouée
de profonds sanglots, elle exprime son chagrin dans les bras de son mari.
Claudine a lâché prise…Elle décide de consulter un thérapeute pour l’aider à
entreprendre un travail de deuil.
Dans ce cas, il est vraisemblable que Claudine change de phase.
1. Présentation des problématiques
1.1. La problématique de la phase Empathique : la colère
Paul vit une situation de harcèlement moral au bureau. Son chef de service
manie, avec beaucoup d’habileté, une ironie subtile et cinglante. Paul
encaisse sans rien dire, prend un air de chien battu, et rumine à longueur de
journée en se dévalorisant beaucoup.
« Tu n’as plus aucun sens de l’humour mon pauvre Paul ! » lui lance un jour son
chef de service, confondant comme souvent humour (+, +) et ironie (+,-).
Paul se sent très déprimé et demande à son médecin un anti-dépresseur pour
le soutenir dans cette période particulièrement éprouvante.
La situation se dégrade à la maison où la famille se lasse de ses plaintes trop
fréquentes. Paul ne voit pas d’issue à cette situation, convaincu qu’il y a trop
de risques à démissionner. Il entreprend alors une démarche de coaching
individuel. Paul découvre la peur qu’il a depuis toujours de se mettre en
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colère, ayant en quelque sorte choisi une attitude de soumission, prêtant ainsi
le flanc aux pulsions perverses de son supérieur hiérarchique.
Le travail du coach consiste à accompagner Paul à prendre conscience de
sa colère et à lui apprendre à l’exprimer fermement et positivement et ce,
afin de mettre un terme aux débordements de son manager.
Les personnes qui ne savent pas traiter cette problématique de colère se
décrivent souvent victimes de comportements qu’ils qualifient parfois de
harcèlement moral.
Ils se sentent victimes et démunis. Ils ont besoin de prendre conscience du
rôle qu’ils jouent inconsciemment dans ces situations, pour arrêter d’attirer les
« persécuteurs » et pour apprendre à gérer positivement ces situations si elles
se produisent à nouveau.
L’expression de la colère n’est pas autorisée, retournée contre la personne
elle-même, elle provoque un sentiment de dépression se manifestant par de
la tristesse.
FICHE TECHNIQUE
. Problématique : la colère
. Emotion authentique : la colère
. Emotion de substitution : la tristesse
. Masque : Geignard
. Mécanisme d’échec : fait des erreurs stupides involontaires
. Position de vie : -, +
. Rôle dans le triangle : Victime
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1.2. La problématique de la phase Travaillomane : le chagrin lié
à la perte
Nous avons vu précédemment, avec le cas de Claudine, comment la non
gestion du chagrin lié à une perte peut déclencher un comportement
agressif.
Le chagrin est l’émotion authentique que nous ressentons lorsque nous vivons
une perte.
Philippe a beaucoup travaillé et a fait de nombreux sacrifices pour sa
carrière.
« Au fond, réalise-t-il en parlant à son coach, c’est comme si j’avais toujours
cru que c’est en réussissant que mon père me reconnaîtrait enfin ». Le jour du
départ en retraite de son patron approche, et pour Philippe, obtenir cette
promotion serait le fruit de son travail et de ses sacrifices. Quelques semaines
plus tard, le conseil d’administration décide qu’Emmanuel aura le poste
convoité par Philippe. Ils ont tous les deux le même âge et ont fait la même
école d’ingénieurs. Philippe rentre furieux à la maison, déverse son agressivité
sur sa femme et ses enfants, affirmant que, puisque c’est comme ça, il va
tout plaquer et prendre une année sabbatique.
Tant que Philippe ne s’autorisera pas à ressentir le chagrin lié à cette perte, il
exprimera, comme Claudine, une colère attaquante, surtout à l’encontre de
ses proches.
Le coaché qui décrit des comportements agressifs fréquents à l’égard de son
entourage et qui cherche à présenter pour lui-même des comportements
vertueux signifie qu’il est sans doute confronté à une perte que le coach
devra explorer avec lui. C’est ainsi qu’il pourra amener peu à peu son client à
ressentir l’émotion authentique liée à la perte : le chagrin.
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FICHE TECHNIQUE
. Problématique : la perte
. Emotion authentique : le chagrin
. Emotion de substitution : la colère frustrée
. Masque : Attaquant
. Mécanisme d’échec : surcontrôle
. Position de vie : +, . Rôle dans le triangle : Persécuteur
1.3. La problématique de la phase Persévérant : la peur
De quel type de peur s’agit-il ?
-
sur un plan personnel, la personne de type Persévérant peut avoir peur
de ne pas être suffisamment fiable face aux engagements pris, de ne
pas être un « bon » parent, de ne pas être un « bon » conjoint ou
encore de prendre une nouvelle responsabilité, comme par exemple,
s’occuper de parents qui ne peuvent plus se prendre en charge ou
encore devoir assumer seul(e) le responsabilité d’enfants à la suite d’un
divorce.
-
sur un plan professionnel, un collaborateur de type Persévérant peut,
lors d’une promotion, ressentir la peur de ne pas être compétent ou
encore de ne pas être à la hauteur de la confiance que lui accorde sa
direction : « Je ne dois pas tromper la confiance qu’on a mise en moi »,
croit-il conformément à ses valeurs de loyauté et de dévouement.
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Sous stress intense et durable, une personne de type Persévérant montrera
une méfiance excessive, convaincue que l’autre ou la situation est
dangereuse pour lui. C’est en cherchant à « faire peur » à l’autre par une
colère attaquante que la personne s’empêche de ressentir sa propre peur et
ne peut donc trouver les moyens positifs de la gérer.
Voici le cas de François :
François est patron d’un cabinet d’expertise comptable qu’il a créé à l’issue
de son licenciement d’une multinationale au sein de laquelle il était cadre
financier. François
activité.
Au
bout
embauche deux experts comptables pour lancer son
de
2
années
de
bon
fonctionnement,
conformément à ses valeurs d’engagement et de loyauté,
François,
permet à ses
deux collaborateurs de devenir associés. Le cabinet prospère…Quelques
années plus tard, François décide de bâtir des locaux professionnels. Il
propose alors à ses 2 collaborateurs associés d’investir de l’argent dans cet
important projet. Ces derniers refusent, car ils n’en n’ont pas les moyens à
cause de leurs charges familiales. François se trouve confronté à la peur
d’investir seul. Au lieu de l’exprimer et de la gérer, François entre en stress
sévère et devient agressif à l’égard de ses proches collaborateurs. François se
sent trahi…Il se méfie d’eux au point de leur cacher les comptes de la société
et les décisions de développement. Lors des réunions hebdomadaires avec
l’ensemble du personnel, François se montre sarcastique à l’égard de « ceux
qui ne s’engagent pas à fond dans l’entreprise ». François se coupe
progressivement de ses deux associés…
François résoudra sa problématique lorsqu’il saura éviter cette colère
vertueuse et surtout lorsque celle-ci aura tendance à réapparaître, prendre
conscience de la peur réelle, identifier les déclencheurs de cette peur et
avoir des réactions appropriées à une gestion saine de cette émotion.
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FICHE TECHNIQUE
. Problématique : la peur face à la responsabilité
. Emotion authentique : la peur
. Emotion de substitution : la colère vertueuse
. Masque : Attaquant
. Mécanisme d’échec : part en croisade
. Position de vie : +, . Rôle dans le triangle : Persécuteur
1.4. La problématique de la phase Rêveur : l’auto-directive
Françoise se souvient : « A vingt-cinq ans, je me sentais flottante dans ma vie
comme un bouchon baladé au gré des flots. Je passais beaucoup de temps
à rêvasser, j’imaginais ma vie toute autre, sur une planète lointaine… je me
disais qu’il allait bien finir par arriver quelque chose. Je ne croyais pas si bien
dire : mon père eut un grave accident de voiture, ma mère fut tuée sur le
coup, mon père resta paralysé. Ce fut un choc terrible pour moi. J’étais
tellement effondrée que je n’ai pas pu faire face… C’est ma tante qui s’est
occupée des obsèques puis, plus tard, qui venait me chercher pour rendre
visite à mon père à l’hôpital. Sans elle, je crois que je me serais laissée mourir
à la maison. Pendant de longues heures à l’hôpital, je restais immobile à côté
de mon père, les yeux dans le vague, sans rien dire, et ma tante venait me
chercher pour me ramener à la maison après son travail. Un matin, quatre à
cinq mois après l’accident, je me suis réveillée métamorphosée. Que s’est-il
passé ? Je n’ ai rien compris. Ce n’était plus comme avant, j’étais une autre.
Je me suis prise en charge, j’ai commencé à organiser ma vie, décidant enfin
ce que je voulais en faire. J’ai cherché activement un emploi et j’ai
décroché un poste intéressant. J’ai repris une formation professionnelle et je
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me suis mise à rencontrer du monde. J’ai pris des cours de danse et c’est là
que j’ai rencontré celui qui est devenu mon mari. J’ai aidé mon père pour
qu’il s’organise une nouvelle vie en retrouvant de l’autonomie. Parfois, je me
dis qu’il y a eu un miracle. »
La problématique des personnes de base Rêveur est « l’auto-directive » ou
l’autonomie, c'est-à-dire « décider et conduire sa vie sans attendre que les
autres ou la vie décident à leur place ». C’est ce qu’a vécu Françoise en
changeant de phase suite à l’accident de ses parents.
Marie-Paule, belle femme de quarante ans aux longs cheveux bruns, est
cadre dans une compagnie d’assurances. Elle a une base et une phase
rêveur. Quand elle a découvert la problématique de ce type de
personnalité, elle a témoigné : « Je comprends pourquoi je n’ai pas changé
de phase. J’ai toujours su ce que je voulais faire et j’ai presque toujours fait ce
que j’ai voulu. J’ai une vie très indépendante, j’ai de nombreux amis et
j’adore passer parfois tout un week-end seule chez moi avec pour toute
compagnie un bon bouquin et mon chat ! » Un léger sourire affleura sur ses
lèvres, elle porta son regard au loin : déjà, elle était ailleurs…
Cette problématique est résolue lorsque les personnes de types rêveurs qui
avaient autrefois tendance à se sentir insignifiants se perçoivent désormais
comme ayant force et autorité.
FICHE TECHNIQUE
. Problématique : auro-directive
. Emotion authentique : se sentir avoir l’autorité et la force
. Emotion de substitution : se sentir insignifiant
. Masque : Geignard
. Mécanisme d’échec : attend passivement
. Position de vie : -, +
. Rôle dans le triangle : Victime
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1.5. La problématique de la phase Promoteur : le lien
Sébastien a la quarantaine. Il est sportif, le teint halé, il arbore un sourire
charmeur en toute circonstance. Il a une vie très mondaine et est habillé très
tendance, comme on dit maintenant. Sébastien s’est marié très jeune, a eu
un enfant très vite et a divorcé … très tôt. Il a vécu de nombreuses aventures
sans lendemain, mais aujourd’hui il veut refaire sa vie et repartir pour une
nouvelle aventure de mariage.
Stéphane est un ami de Sébastien et il est coach. Ce soir-là, ils se retrouvent
tous les deux au Fouquet’s avant de rejoindre des amis pour dîner. Sébastien
n’arbore pas son habituel sourire, il semble un peu abattu.
-
« Que se passe-t-il ? » lui demande Stéphane,
-
« J’en ai marre », lui répond Sébastien. « Je t’ai déjà dit que j’avais
envie de me remarier ? »
Stéphane acquiesce sans rien dire.
-
« Je dois avoir un problème, poursuit Sébastien. Dès que je me sens
attiré par une fille, je me dis que j’en ferais bien ma femme. Alors, je fais
tout pour la conquérir, et dès que l’affaire est dans le sac, que la fille
est partante, cela ne me dit plus rien. Je n’en ai plus envie, et à
nouveau je vois une autre fille que j’ai envie de séduire et le scénario
recommence, c’est sans fin. »
La problématique du type Promoteur est liée à sa difficulté d’établir des
relations affectives durables, par peur de l’abandon.
« Je me souviens, raconte Hervé, à 36 ans j’étais en phase promoteur ; je
m’étais marié quinze ans plus tôt, d’abord parce que je voulais vraiment avoir
des enfants, mais aussi pour avoir une image de respectabilité sociale. Mais je
n’ai jamais été amoureux de ma femme et je sais bien que je ne la rendais
pas heureuse. Un soir, en rentrant du travail, elle dormait… J’ai trouvé une
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longue lettre dans laquelle elle exprimait ses frustrations et évoquait la
possibilité de me quitter. En une fraction de seconde, j’avais décidé : on ne
m’abandonnera pas, c’est moi qui partirai ! Nous avons tenté une thérapie
de couple à la demande de ma femme, mais ces entretiens nous ont surtout
permis de préparer notre divorce sans nous faire trop de mal »
Roland, de base promoteur, est marié et a trois enfants. « En ce qui me
concerne, annonce-t-il fièrement, tout le monde dans la famille a divorcé !
Ce qui m’excite vraiment, c’est que je suis le seul à être encore marié. Nous
nous aimons ma femme et moi, nous sommes heureux ensemble et avec nos
enfants »
Roland est aujourd’hui en phase Rebelle. Si nous le connaissions plus
intimement, nous aurions probablement découvert qu’il avait dû, à une
période de sa vie, apprendre à gérer sa peur de l’abandon pour se sentir
aujourd’hui en sécurité dans une relation amoureuse.
Passionné de technologie, Roland a réussi à reprendre contact et à rétablir la
relation avec tous les amis perdus de vue qu’il avait lorsqu’il était adolescent.
Ce type de comportement est peu fréquent chez les personnes de base
Promoteur, lesquels ont plutôt tendance à établir des relations très fortes dans
l’instant, sans s’attacher vraiment puis à « zapper » très vite sur de nouvelles
relations.
Les personnes de type Promoteur sachant gérer leur problématique du lien
ne présentent pas de comportements vindicatifs ou de jalousie exagérée. Ils
ne fuient pas les expériences de relation émotionnelle et savent créer des
relations d’intimité authentiques et durables.
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FICHE TECHNIQUE
. Problématique : le lien
. Emotion authentique : expérimenter l’intimité
. Emotion de substitution : la vindicte (agressivité du vengeur)
. Masque : Blâmeur
. Mécanisme d’échec : manipule
. Position de vie : +, . Rôle dans le triangle : Persécuteur
1.6. La problématique de la phase Rebelle : l’amour de soi et le
sens de la responsabilité
Paul et Françoise se rendent en voiture chez des amis. Paul est au volant ; il a
un moment d’inattention et rate la sortie d’autoroute.
« Qu’est-ce que je suis con !! » s’exclame-t-il rageusement.
« A ce moment là – raconte Françoise plus tard – c’est comme si Paul se
haïssait profondément »
L’amour de soi est la problématique du type Rebelle. L’enfant de base
Rebelle, nous explique Taibi Kahler, n’expérimente pas fréquemment l’amour
inconditionnel, mais plutôt l’amour conditionnel : « Maman t’aime si tu es
sage et si tu ranges bien ta chambre » - « Papa t’aime si tu travailles bien à
l’école et si je peux être fier de toi ».
« A l’époque où j’étais psychothérapeute – ajoute Taibi Kahler – lorsque des
parents m’amenaient leur enfant de base rebelle avec lequel ils étaient en
difficulté, très souvent, je leur conseillais de lui offrir un chiot. Le but de ce
conseil était de permettre à l’enfant de vivre l’amour inconditionnel qu’un
chien donne naturellement à son maître. De plus, le fait de devoir s’occuper
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de son chien permet à l’enfant de type Rebelle de développer son sens des
responsabilités. »
Nous imaginons aisément les objections que pouvaient soulever les
destinataires de ce conseil !
« Apprendre à m’aimer – raconte Jean-Paul – a été un long, long travail. Il y
avait toujours quelque chose que je n’aimais pas chez moi : mon nez, mon
visage…J’ai envisagé mille fois la chirurgie esthétique, mais au fond de moi,
je savais que ça ne changerait rien. J’ai mis plus de 20 ans à comprendre et
à accepter que ma femme m’aime comme je suis. Parfois, il m’arrive encore
de me demander où est l’erreur ?
Un autre aspect de la problématique du type Rebelle est « le sens de la
responsabilité ». Nous savons que son comportement sous stress consiste à
« blâmer », c'est-à-dire à rejeter la responsabilité sur l’autre.
Si un enfant de type Rebelle a de mauvaises notes à l’école, « c’est de la
faute de la maîtresse qui n’a pas bien expliqué ! » Si l’enfant est puni à l’école
pour bavardage, « c’est de la faute de son voisin qui l’a forcé à bavarder ! »
Mieux encore : s’il y a un grosse tâche d’encre sur son cahier de texte, « c’est
le stylo qui a sauté sur le cahier !…et c’est le stylo que vous lui avez offert à
Noël !! »
La personne de type Rebelle a à reconnaître sa responsabilité dans ce qui lui
arrive. Céline s’est faite licencier 2 fois pour « insubordination ». Certes, le
management de type directif de ses hiérarchiques respectifs n’ont pas
arrangé les chose…Il n’en demeure pas moins que Céline refusait toute
responsabilité dans ce qui lui était arrivé. Jusqu’à attaquer ses employeurs
aux prud’hommes…et à perdre ses 2 procès ! Lors de son coaching, Céline a
accepté sa responsabilité dans ces situations et a enfin pu ressentir l’émotion
authentique « d’être désolée », résolvant ainsi la problématique de sa phase
Rebellle.
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FICHE TECHNIQUE
. Problématique : amour de soi et sens de la responsabilité
. Emotion authentique : être désolé
. Emotion parasite : agressivité du revanchard
. Masque : Blâmeur
. Mécanisme d’échec : blâme
. Position de vie : +, . Rôle dans le triangle : Persécuteur
TABLEAU DE SYNTHESE DES 6 PROBLEMATIQUES
Phase
EMPATHIQUE
TRAVAILLOMANE
PERSEVERANT
REVEUR
PROMOTEUR
REBELLE
Colère
Perte
Peur face à
la
responsabilité
Autonomie
Lien
Amour de soi
et sens de la
responsabilité
Expérimenter l’intimité
Etre désolé
Critères
Problématique
Emotion
authentique
Colère
Tristesse
Peur
Se sentir
avoir de
l’autorité et
avoir la
force
Emotion de
substitution
Tristesse
Colère frustrée
Colère
vertueuse
Se sentir
insignifiant
Masque
Position de vie
et Rôle
Geignard
-,+
Victime
Attaquant
+,Persécuteur
Attaquant
+,Persécuteur
Geignard
-,+
Victime
Agressivité
du vengeur
(vindicte)
Blâmeur
+,Persécuteur
Agressivité du
revanchard
Blâmeur
+,Persécuteur
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2. La réactivation des problématiques »
Ce concept a été développé par Taibi Kahler en 2004.
Prenons un exemple :
Pierre-Yves a une base Travaillomane, une phase vécue Persévérant et une
phase
actuelle
Empathique.
Nous
savons
donc
qu’il
a
géré
les
problématiques de sa Base (le chagrin lié à la perte) et de sa phase vécue
(la peur). Sa phase actuelle étant Empathique, nous pouvons déduire que la
problématique d’actualité est la colère. Or, nous constatons que Pierre-Yves
sait bien gérer sa colère : c'est-à-dire que lorsque celle-ci s’exprime, elle n’est
ni attaquante, ni blâmante, ni internalisée (tournée vers soi).Nous pouvons en
conclure qu’il est probable que Pierre-Yves ne changera plus de phase.
Or, voici ce qui arrive : lors d’une réunion, Pierre-Yves « part en croisade »
contre un de ses collègues qui n’a pas effectué un travail, comme il s’y était
engagé. Ses propos sont virulents et la colère est attaquante. Pierre Yves
adopte un rôle de Persécuteur, avec une position de vie +, -. Tout nous
indique que Pierre-Yves se trouve dans le comportement sous stress du
Persévérant. Michel, le responsable hiérarchique de Pierre-Yves cherche à
calmer le jeu, en reconnaissant le bien-fondé de la colère de Pierre-Yves.
Malgré
cette
prise
en
compte
du
besoin
psychologique
de
« reconnaissance pour les opinions », Pierre-Yves poursuit sa croisade. Michel
décide de suspendre la réunion, car « le prêche » de Pierre-Yves n’en finit
pas…
Analysons ensemble la situation :
-
Pierre-Yves nous montre le comportement sous stress du type
Persévérant qui, comme nous le savons, correspond à une phase
vécue. Le modèle nous enseigne que sous stress léger, nous montrons
les comportements de stress de notre phase actuelle (Empathique pour
Pierre-Yves) et sous stress fort nous remontrons ceux de notre Base
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(Travaillomane pour le cas présent). Comment expliquer que PierreYves nous montre le mécanisme d’échec de sa phase vécue ?
-
Michel invite Pierre-Yves à repasser en énergie positive en répondant
au besoin psychologique de « Reconnaissance des opinions » du
Persévérant. Sans succès, puisque Pierre-Yves continue sa croisade.
Pourquoi cette stratégie de communication appropriée reste-t-elle
inefficace ?
-
Nous savons qu’habituellement Pierre-Yves sait gérer sainement la
colère. Comment expliquer alors qu’il montre une colère attaquante ?
La réponse à ces 3 questions est : Pierre-Yves vit une réactivation de
problématique.
Pierre-Yves est confronté ici à ce qu’on appelle en Analyse Transactionnelle
un « Elastique ». L’élastique est une forme de réminiscence affective et
comportementale : la situation actuelle (le collègue de Pierre-Yves ne tient
pas un engagement professionnel) renvoie inconsciemment à une situation
ancienne (Pierre-Yves nous expliquera plus tard que ceci l’a ramené 10 ans
en arrière, lorsqu’il travaillait avec un collègue « fainéant ». Celui-ci pouvait
« se la couler douce » en toute impunité, car le responsable de service laissait
faire pour ne pas avoir de problème. En conséquence de quoi, Pierre-Yves
devait souvent assumer le travail et les responsabilités pour deux). Cette
situation ancienne ayant été mal vécue, les émotions liées à celle-ci seront
réactivées dans la situation présentant des similitudes avec la situation
d’origine. La problématique du Persévérant, phase vécue de Pierre-Yves, est
certes éprouvée, mais la présence de l’élastique le conduit au 2ème degré de
stress. La satisfaction de besoin psychologique n’étant pas suffisante pour en
sortir, on montre que Pierre-Yves vit une réactivation de sa problématique.
Celle-ci ne conduira pas à un changement de phase mais perturbera les
pensées, les émotions et le comportement de la personne tant qu’elle sera
en proie aux émotions négatives déclenchées par la situation actuelle. Ces
15
réactivations peuvent concerner les problématiques de la base ou de phases
vécues.
Comment gérer ces situations dans le cadre d’un coaching ? La stratégie
consiste à :
-
Aider le coaché à prendre conscience de l’émotion authentique liée à
la situation. En l’occurrence, Pierre-Yves peut ressentir de la peur de ne
pas voir son responsable hiérarchique intervenir pour recadrer son
collègue
ou
encore
ressentir
la
peur
de
devoir
assumer
les
conséquences des actes d’un collègue irresponsable.
-
Inviter le coaché à « décrocher l’élastique », c'est-à-dire à identifier la
situation ancienne, puis à résoudre positivement le problème rencontré
dans la situation actuelle.
L’un de nos confrères, Sylvain, a une base Travaillomane, deux phases vécues
– Rebelle et Persévérant - et une phase actuelle Empathique. Sylvain et son
fils aîné ont convenu de se faire un parcours de golf dimanche matin. Le
samedi soir, son fils lui téléphone pour lui faire part d’un empêchement et
annuler la partie de golf. Sylvain lui dit que ça n’est pas grave et que ça n’est
que partie remise. Dans l’heure qui suit, Sylvain se montre agressif à l’égard
de sa femme qui lui demande ce qu’il souhaite à dîner : « Je m’en fiche du
dîner !! » La colère est attaquante… Sylvain prend subitement conscience de
cette colère inappropriée et se pose la question de savoir quelle est son
émotion authentique. En se promenant dehors, Sylvain prend conscience
qu’il se sent triste du fait de cette partie de golf annulée. Il se faisait une telle
joie de partager un moment d’intimité avec son fils ! En laissant son esprit
vagabonder, Sylvain « décroche l’élastique » : en tant que Travaillomane de
base, il a consacré tellement de son temps au bureau et avec ses clients
qu’il n’a pas vu son fils grandir…Sylvain prend contact avec sa tristesse…
Nous voyons ici que la problématique réactivée est celle de la base
Travaillomane : le chagrin lié à la perte.
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