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LES PROBLÉMATIQUES Par Gérard COLLIGNON et Pascal LEGRAND Le principe de problématique Chaque type de personnalité a une problématique qui le caractérise. Si la vie confronte une personne à sa problématique spécifique et si elle sait la gérer, elle ne changera pas de phase. Inversement, si cette personne ne sait pas gérer sa problématique actuelle, cette situation va provoquer chez elle un stress intense et durable. A ce stade, la satisfaction des besoins psychologiques de sa phase actuelle restera inopérante : la personne continuera à présenter des comportements de stress du 2ème degré. Après des semaines, voire des mois, il est possible que la personne « lâche prise » et exprime enfin la véritable émotion liée à sa problématique actuelle. A ce moment là, elle va très probablement changer de phase. Dans ce cas, la personne pourra, à l’avenir, être confrontée à une autre problématique : celle de sa nouvelle phase… Claudine entreprend une démarche de coaching pour trouver les ressources pour sortir d’une situation de mécommunication qu’elle vit depuis de longs mois avec sa collaboratrice. Son mari, qui est également son associé, l’accompagne car il souhaite clarifier les rôles de chacun dans l’entreprise. Claudine commence à décrire une des nombreuses mécommunication entre elle et sa collaboratrice, situations de en insistant sur le comportement négatif de celle-ci. Le mari intervient alors : « Tu devrais peut-être parler de la mort de ton fils », ayant remarqué que Claudine était devenue particulièrement agressive depuis ce drame. 1 « Mon fils est mort il y a deux ans d’un accident de moto. Je n’ai jamais pleuré. Lorsqu’à l’enterrement de mon fils, ses amis pleuraient, je leur disais : « il ne faut pas pleurer, vous allez empêcher son âme de monter au ciel. » La problématique du type Travaillomane est le chagrin. Si la personne vivant une perte serre les dents et refoule le chagrin, elle ne pourra pas commencer son travail de deuil et, remplacera ce chagrin par une colère attaquante, la conduisant inexorablement en situation d’échec. Dans les jours qui suivent, Claudine « craque ». Pendant des heures, secouée de profonds sanglots, elle exprime son chagrin dans les bras de son mari. Claudine a lâché prise…Elle décide de consulter un thérapeute pour l’aider à entreprendre un travail de deuil. Dans ce cas, il est vraisemblable que Claudine change de phase. 1. Présentation des problématiques 1.1. La problématique de la phase Empathique : la colère Paul vit une situation de harcèlement moral au bureau. Son chef de service manie, avec beaucoup d’habileté, une ironie subtile et cinglante. Paul encaisse sans rien dire, prend un air de chien battu, et rumine à longueur de journée en se dévalorisant beaucoup. « Tu n’as plus aucun sens de l’humour mon pauvre Paul ! » lui lance un jour son chef de service, confondant comme souvent humour (+, +) et ironie (+,-). Paul se sent très déprimé et demande à son médecin un anti-dépresseur pour le soutenir dans cette période particulièrement éprouvante. La situation se dégrade à la maison où la famille se lasse de ses plaintes trop fréquentes. Paul ne voit pas d’issue à cette situation, convaincu qu’il y a trop de risques à démissionner. Il entreprend alors une démarche de coaching individuel. Paul découvre la peur qu’il a depuis toujours de se mettre en 2 colère, ayant en quelque sorte choisi une attitude de soumission, prêtant ainsi le flanc aux pulsions perverses de son supérieur hiérarchique. Le travail du coach consiste à accompagner Paul à prendre conscience de sa colère et à lui apprendre à l’exprimer fermement et positivement et ce, afin de mettre un terme aux débordements de son manager. Les personnes qui ne savent pas traiter cette problématique de colère se décrivent souvent victimes de comportements qu’ils qualifient parfois de harcèlement moral. Ils se sentent victimes et démunis. Ils ont besoin de prendre conscience du rôle qu’ils jouent inconsciemment dans ces situations, pour arrêter d’attirer les « persécuteurs » et pour apprendre à gérer positivement ces situations si elles se produisent à nouveau. L’expression de la colère n’est pas autorisée, retournée contre la personne elle-même, elle provoque un sentiment de dépression se manifestant par de la tristesse. FICHE TECHNIQUE . Problématique : la colère . Emotion authentique : la colère . Emotion de substitution : la tristesse . Masque : Geignard . Mécanisme d’échec : fait des erreurs stupides involontaires . Position de vie : -, + . Rôle dans le triangle : Victime 3 1.2. La problématique de la phase Travaillomane : le chagrin lié à la perte Nous avons vu précédemment, avec le cas de Claudine, comment la non gestion du chagrin lié à une perte peut déclencher un comportement agressif. Le chagrin est l’émotion authentique que nous ressentons lorsque nous vivons une perte. Philippe a beaucoup travaillé et a fait de nombreux sacrifices pour sa carrière. « Au fond, réalise-t-il en parlant à son coach, c’est comme si j’avais toujours cru que c’est en réussissant que mon père me reconnaîtrait enfin ». Le jour du départ en retraite de son patron approche, et pour Philippe, obtenir cette promotion serait le fruit de son travail et de ses sacrifices. Quelques semaines plus tard, le conseil d’administration décide qu’Emmanuel aura le poste convoité par Philippe. Ils ont tous les deux le même âge et ont fait la même école d’ingénieurs. Philippe rentre furieux à la maison, déverse son agressivité sur sa femme et ses enfants, affirmant que, puisque c’est comme ça, il va tout plaquer et prendre une année sabbatique. Tant que Philippe ne s’autorisera pas à ressentir le chagrin lié à cette perte, il exprimera, comme Claudine, une colère attaquante, surtout à l’encontre de ses proches. Le coaché qui décrit des comportements agressifs fréquents à l’égard de son entourage et qui cherche à présenter pour lui-même des comportements vertueux signifie qu’il est sans doute confronté à une perte que le coach devra explorer avec lui. C’est ainsi qu’il pourra amener peu à peu son client à ressentir l’émotion authentique liée à la perte : le chagrin. 4 FICHE TECHNIQUE . Problématique : la perte . Emotion authentique : le chagrin . Emotion de substitution : la colère frustrée . Masque : Attaquant . Mécanisme d’échec : surcontrôle . Position de vie : +, . Rôle dans le triangle : Persécuteur 1.3. La problématique de la phase Persévérant : la peur De quel type de peur s’agit-il ? - sur un plan personnel, la personne de type Persévérant peut avoir peur de ne pas être suffisamment fiable face aux engagements pris, de ne pas être un « bon » parent, de ne pas être un « bon » conjoint ou encore de prendre une nouvelle responsabilité, comme par exemple, s’occuper de parents qui ne peuvent plus se prendre en charge ou encore devoir assumer seul(e) le responsabilité d’enfants à la suite d’un divorce. - sur un plan professionnel, un collaborateur de type Persévérant peut, lors d’une promotion, ressentir la peur de ne pas être compétent ou encore de ne pas être à la hauteur de la confiance que lui accorde sa direction : « Je ne dois pas tromper la confiance qu’on a mise en moi », croit-il conformément à ses valeurs de loyauté et de dévouement. 5 Sous stress intense et durable, une personne de type Persévérant montrera une méfiance excessive, convaincue que l’autre ou la situation est dangereuse pour lui. C’est en cherchant à « faire peur » à l’autre par une colère attaquante que la personne s’empêche de ressentir sa propre peur et ne peut donc trouver les moyens positifs de la gérer. Voici le cas de François : François est patron d’un cabinet d’expertise comptable qu’il a créé à l’issue de son licenciement d’une multinationale au sein de laquelle il était cadre financier. François activité. Au bout embauche deux experts comptables pour lancer son de 2 années de bon fonctionnement, conformément à ses valeurs d’engagement et de loyauté, François, permet à ses deux collaborateurs de devenir associés. Le cabinet prospère…Quelques années plus tard, François décide de bâtir des locaux professionnels. Il propose alors à ses 2 collaborateurs associés d’investir de l’argent dans cet important projet. Ces derniers refusent, car ils n’en n’ont pas les moyens à cause de leurs charges familiales. François se trouve confronté à la peur d’investir seul. Au lieu de l’exprimer et de la gérer, François entre en stress sévère et devient agressif à l’égard de ses proches collaborateurs. François se sent trahi…Il se méfie d’eux au point de leur cacher les comptes de la société et les décisions de développement. Lors des réunions hebdomadaires avec l’ensemble du personnel, François se montre sarcastique à l’égard de « ceux qui ne s’engagent pas à fond dans l’entreprise ». François se coupe progressivement de ses deux associés… François résoudra sa problématique lorsqu’il saura éviter cette colère vertueuse et surtout lorsque celle-ci aura tendance à réapparaître, prendre conscience de la peur réelle, identifier les déclencheurs de cette peur et avoir des réactions appropriées à une gestion saine de cette émotion. 6 FICHE TECHNIQUE . Problématique : la peur face à la responsabilité . Emotion authentique : la peur . Emotion de substitution : la colère vertueuse . Masque : Attaquant . Mécanisme d’échec : part en croisade . Position de vie : +, . Rôle dans le triangle : Persécuteur 1.4. La problématique de la phase Rêveur : l’auto-directive Françoise se souvient : « A vingt-cinq ans, je me sentais flottante dans ma vie comme un bouchon baladé au gré des flots. Je passais beaucoup de temps à rêvasser, j’imaginais ma vie toute autre, sur une planète lointaine… je me disais qu’il allait bien finir par arriver quelque chose. Je ne croyais pas si bien dire : mon père eut un grave accident de voiture, ma mère fut tuée sur le coup, mon père resta paralysé. Ce fut un choc terrible pour moi. J’étais tellement effondrée que je n’ai pas pu faire face… C’est ma tante qui s’est occupée des obsèques puis, plus tard, qui venait me chercher pour rendre visite à mon père à l’hôpital. Sans elle, je crois que je me serais laissée mourir à la maison. Pendant de longues heures à l’hôpital, je restais immobile à côté de mon père, les yeux dans le vague, sans rien dire, et ma tante venait me chercher pour me ramener à la maison après son travail. Un matin, quatre à cinq mois après l’accident, je me suis réveillée métamorphosée. Que s’est-il passé ? Je n’ ai rien compris. Ce n’était plus comme avant, j’étais une autre. Je me suis prise en charge, j’ai commencé à organiser ma vie, décidant enfin ce que je voulais en faire. J’ai cherché activement un emploi et j’ai décroché un poste intéressant. J’ai repris une formation professionnelle et je 7 me suis mise à rencontrer du monde. J’ai pris des cours de danse et c’est là que j’ai rencontré celui qui est devenu mon mari. J’ai aidé mon père pour qu’il s’organise une nouvelle vie en retrouvant de l’autonomie. Parfois, je me dis qu’il y a eu un miracle. » La problématique des personnes de base Rêveur est « l’auto-directive » ou l’autonomie, c'est-à-dire « décider et conduire sa vie sans attendre que les autres ou la vie décident à leur place ». C’est ce qu’a vécu Françoise en changeant de phase suite à l’accident de ses parents. Marie-Paule, belle femme de quarante ans aux longs cheveux bruns, est cadre dans une compagnie d’assurances. Elle a une base et une phase rêveur. Quand elle a découvert la problématique de ce type de personnalité, elle a témoigné : « Je comprends pourquoi je n’ai pas changé de phase. J’ai toujours su ce que je voulais faire et j’ai presque toujours fait ce que j’ai voulu. J’ai une vie très indépendante, j’ai de nombreux amis et j’adore passer parfois tout un week-end seule chez moi avec pour toute compagnie un bon bouquin et mon chat ! » Un léger sourire affleura sur ses lèvres, elle porta son regard au loin : déjà, elle était ailleurs… Cette problématique est résolue lorsque les personnes de types rêveurs qui avaient autrefois tendance à se sentir insignifiants se perçoivent désormais comme ayant force et autorité. FICHE TECHNIQUE . Problématique : auro-directive . Emotion authentique : se sentir avoir l’autorité et la force . Emotion de substitution : se sentir insignifiant . Masque : Geignard . Mécanisme d’échec : attend passivement . Position de vie : -, + . Rôle dans le triangle : Victime 8 1.5. La problématique de la phase Promoteur : le lien Sébastien a la quarantaine. Il est sportif, le teint halé, il arbore un sourire charmeur en toute circonstance. Il a une vie très mondaine et est habillé très tendance, comme on dit maintenant. Sébastien s’est marié très jeune, a eu un enfant très vite et a divorcé … très tôt. Il a vécu de nombreuses aventures sans lendemain, mais aujourd’hui il veut refaire sa vie et repartir pour une nouvelle aventure de mariage. Stéphane est un ami de Sébastien et il est coach. Ce soir-là, ils se retrouvent tous les deux au Fouquet’s avant de rejoindre des amis pour dîner. Sébastien n’arbore pas son habituel sourire, il semble un peu abattu. - « Que se passe-t-il ? » lui demande Stéphane, - « J’en ai marre », lui répond Sébastien. « Je t’ai déjà dit que j’avais envie de me remarier ? » Stéphane acquiesce sans rien dire. - « Je dois avoir un problème, poursuit Sébastien. Dès que je me sens attiré par une fille, je me dis que j’en ferais bien ma femme. Alors, je fais tout pour la conquérir, et dès que l’affaire est dans le sac, que la fille est partante, cela ne me dit plus rien. Je n’en ai plus envie, et à nouveau je vois une autre fille que j’ai envie de séduire et le scénario recommence, c’est sans fin. » La problématique du type Promoteur est liée à sa difficulté d’établir des relations affectives durables, par peur de l’abandon. « Je me souviens, raconte Hervé, à 36 ans j’étais en phase promoteur ; je m’étais marié quinze ans plus tôt, d’abord parce que je voulais vraiment avoir des enfants, mais aussi pour avoir une image de respectabilité sociale. Mais je n’ai jamais été amoureux de ma femme et je sais bien que je ne la rendais pas heureuse. Un soir, en rentrant du travail, elle dormait… J’ai trouvé une 9 longue lettre dans laquelle elle exprimait ses frustrations et évoquait la possibilité de me quitter. En une fraction de seconde, j’avais décidé : on ne m’abandonnera pas, c’est moi qui partirai ! Nous avons tenté une thérapie de couple à la demande de ma femme, mais ces entretiens nous ont surtout permis de préparer notre divorce sans nous faire trop de mal » Roland, de base promoteur, est marié et a trois enfants. « En ce qui me concerne, annonce-t-il fièrement, tout le monde dans la famille a divorcé ! Ce qui m’excite vraiment, c’est que je suis le seul à être encore marié. Nous nous aimons ma femme et moi, nous sommes heureux ensemble et avec nos enfants » Roland est aujourd’hui en phase Rebelle. Si nous le connaissions plus intimement, nous aurions probablement découvert qu’il avait dû, à une période de sa vie, apprendre à gérer sa peur de l’abandon pour se sentir aujourd’hui en sécurité dans une relation amoureuse. Passionné de technologie, Roland a réussi à reprendre contact et à rétablir la relation avec tous les amis perdus de vue qu’il avait lorsqu’il était adolescent. Ce type de comportement est peu fréquent chez les personnes de base Promoteur, lesquels ont plutôt tendance à établir des relations très fortes dans l’instant, sans s’attacher vraiment puis à « zapper » très vite sur de nouvelles relations. Les personnes de type Promoteur sachant gérer leur problématique du lien ne présentent pas de comportements vindicatifs ou de jalousie exagérée. Ils ne fuient pas les expériences de relation émotionnelle et savent créer des relations d’intimité authentiques et durables. 10 FICHE TECHNIQUE . Problématique : le lien . Emotion authentique : expérimenter l’intimité . Emotion de substitution : la vindicte (agressivité du vengeur) . Masque : Blâmeur . Mécanisme d’échec : manipule . Position de vie : +, . Rôle dans le triangle : Persécuteur 1.6. La problématique de la phase Rebelle : l’amour de soi et le sens de la responsabilité Paul et Françoise se rendent en voiture chez des amis. Paul est au volant ; il a un moment d’inattention et rate la sortie d’autoroute. « Qu’est-ce que je suis con !! » s’exclame-t-il rageusement. « A ce moment là – raconte Françoise plus tard – c’est comme si Paul se haïssait profondément » L’amour de soi est la problématique du type Rebelle. L’enfant de base Rebelle, nous explique Taibi Kahler, n’expérimente pas fréquemment l’amour inconditionnel, mais plutôt l’amour conditionnel : « Maman t’aime si tu es sage et si tu ranges bien ta chambre » - « Papa t’aime si tu travailles bien à l’école et si je peux être fier de toi ». « A l’époque où j’étais psychothérapeute – ajoute Taibi Kahler – lorsque des parents m’amenaient leur enfant de base rebelle avec lequel ils étaient en difficulté, très souvent, je leur conseillais de lui offrir un chiot. Le but de ce conseil était de permettre à l’enfant de vivre l’amour inconditionnel qu’un chien donne naturellement à son maître. De plus, le fait de devoir s’occuper 11 de son chien permet à l’enfant de type Rebelle de développer son sens des responsabilités. » Nous imaginons aisément les objections que pouvaient soulever les destinataires de ce conseil ! « Apprendre à m’aimer – raconte Jean-Paul – a été un long, long travail. Il y avait toujours quelque chose que je n’aimais pas chez moi : mon nez, mon visage…J’ai envisagé mille fois la chirurgie esthétique, mais au fond de moi, je savais que ça ne changerait rien. J’ai mis plus de 20 ans à comprendre et à accepter que ma femme m’aime comme je suis. Parfois, il m’arrive encore de me demander où est l’erreur ? Un autre aspect de la problématique du type Rebelle est « le sens de la responsabilité ». Nous savons que son comportement sous stress consiste à « blâmer », c'est-à-dire à rejeter la responsabilité sur l’autre. Si un enfant de type Rebelle a de mauvaises notes à l’école, « c’est de la faute de la maîtresse qui n’a pas bien expliqué ! » Si l’enfant est puni à l’école pour bavardage, « c’est de la faute de son voisin qui l’a forcé à bavarder ! » Mieux encore : s’il y a un grosse tâche d’encre sur son cahier de texte, « c’est le stylo qui a sauté sur le cahier !…et c’est le stylo que vous lui avez offert à Noël !! » La personne de type Rebelle a à reconnaître sa responsabilité dans ce qui lui arrive. Céline s’est faite licencier 2 fois pour « insubordination ». Certes, le management de type directif de ses hiérarchiques respectifs n’ont pas arrangé les chose…Il n’en demeure pas moins que Céline refusait toute responsabilité dans ce qui lui était arrivé. Jusqu’à attaquer ses employeurs aux prud’hommes…et à perdre ses 2 procès ! Lors de son coaching, Céline a accepté sa responsabilité dans ces situations et a enfin pu ressentir l’émotion authentique « d’être désolée », résolvant ainsi la problématique de sa phase Rebellle. 12 FICHE TECHNIQUE . Problématique : amour de soi et sens de la responsabilité . Emotion authentique : être désolé . Emotion parasite : agressivité du revanchard . Masque : Blâmeur . Mécanisme d’échec : blâme . Position de vie : +, . Rôle dans le triangle : Persécuteur TABLEAU DE SYNTHESE DES 6 PROBLEMATIQUES Phase EMPATHIQUE TRAVAILLOMANE PERSEVERANT REVEUR PROMOTEUR REBELLE Colère Perte Peur face à la responsabilité Autonomie Lien Amour de soi et sens de la responsabilité Expérimenter l’intimité Etre désolé Critères Problématique Emotion authentique Colère Tristesse Peur Se sentir avoir de l’autorité et avoir la force Emotion de substitution Tristesse Colère frustrée Colère vertueuse Se sentir insignifiant Masque Position de vie et Rôle Geignard -,+ Victime Attaquant +,Persécuteur Attaquant +,Persécuteur Geignard -,+ Victime Agressivité du vengeur (vindicte) Blâmeur +,Persécuteur Agressivité du revanchard Blâmeur +,Persécuteur 13 2. La réactivation des problématiques » Ce concept a été développé par Taibi Kahler en 2004. Prenons un exemple : Pierre-Yves a une base Travaillomane, une phase vécue Persévérant et une phase actuelle Empathique. Nous savons donc qu’il a géré les problématiques de sa Base (le chagrin lié à la perte) et de sa phase vécue (la peur). Sa phase actuelle étant Empathique, nous pouvons déduire que la problématique d’actualité est la colère. Or, nous constatons que Pierre-Yves sait bien gérer sa colère : c'est-à-dire que lorsque celle-ci s’exprime, elle n’est ni attaquante, ni blâmante, ni internalisée (tournée vers soi).Nous pouvons en conclure qu’il est probable que Pierre-Yves ne changera plus de phase. Or, voici ce qui arrive : lors d’une réunion, Pierre-Yves « part en croisade » contre un de ses collègues qui n’a pas effectué un travail, comme il s’y était engagé. Ses propos sont virulents et la colère est attaquante. Pierre Yves adopte un rôle de Persécuteur, avec une position de vie +, -. Tout nous indique que Pierre-Yves se trouve dans le comportement sous stress du Persévérant. Michel, le responsable hiérarchique de Pierre-Yves cherche à calmer le jeu, en reconnaissant le bien-fondé de la colère de Pierre-Yves. Malgré cette prise en compte du besoin psychologique de « reconnaissance pour les opinions », Pierre-Yves poursuit sa croisade. Michel décide de suspendre la réunion, car « le prêche » de Pierre-Yves n’en finit pas… Analysons ensemble la situation : - Pierre-Yves nous montre le comportement sous stress du type Persévérant qui, comme nous le savons, correspond à une phase vécue. Le modèle nous enseigne que sous stress léger, nous montrons les comportements de stress de notre phase actuelle (Empathique pour Pierre-Yves) et sous stress fort nous remontrons ceux de notre Base 14 (Travaillomane pour le cas présent). Comment expliquer que PierreYves nous montre le mécanisme d’échec de sa phase vécue ? - Michel invite Pierre-Yves à repasser en énergie positive en répondant au besoin psychologique de « Reconnaissance des opinions » du Persévérant. Sans succès, puisque Pierre-Yves continue sa croisade. Pourquoi cette stratégie de communication appropriée reste-t-elle inefficace ? - Nous savons qu’habituellement Pierre-Yves sait gérer sainement la colère. Comment expliquer alors qu’il montre une colère attaquante ? La réponse à ces 3 questions est : Pierre-Yves vit une réactivation de problématique. Pierre-Yves est confronté ici à ce qu’on appelle en Analyse Transactionnelle un « Elastique ». L’élastique est une forme de réminiscence affective et comportementale : la situation actuelle (le collègue de Pierre-Yves ne tient pas un engagement professionnel) renvoie inconsciemment à une situation ancienne (Pierre-Yves nous expliquera plus tard que ceci l’a ramené 10 ans en arrière, lorsqu’il travaillait avec un collègue « fainéant ». Celui-ci pouvait « se la couler douce » en toute impunité, car le responsable de service laissait faire pour ne pas avoir de problème. En conséquence de quoi, Pierre-Yves devait souvent assumer le travail et les responsabilités pour deux). Cette situation ancienne ayant été mal vécue, les émotions liées à celle-ci seront réactivées dans la situation présentant des similitudes avec la situation d’origine. La problématique du Persévérant, phase vécue de Pierre-Yves, est certes éprouvée, mais la présence de l’élastique le conduit au 2ème degré de stress. La satisfaction de besoin psychologique n’étant pas suffisante pour en sortir, on montre que Pierre-Yves vit une réactivation de sa problématique. Celle-ci ne conduira pas à un changement de phase mais perturbera les pensées, les émotions et le comportement de la personne tant qu’elle sera en proie aux émotions négatives déclenchées par la situation actuelle. Ces 15 réactivations peuvent concerner les problématiques de la base ou de phases vécues. Comment gérer ces situations dans le cadre d’un coaching ? La stratégie consiste à : - Aider le coaché à prendre conscience de l’émotion authentique liée à la situation. En l’occurrence, Pierre-Yves peut ressentir de la peur de ne pas voir son responsable hiérarchique intervenir pour recadrer son collègue ou encore ressentir la peur de devoir assumer les conséquences des actes d’un collègue irresponsable. - Inviter le coaché à « décrocher l’élastique », c'est-à-dire à identifier la situation ancienne, puis à résoudre positivement le problème rencontré dans la situation actuelle. L’un de nos confrères, Sylvain, a une base Travaillomane, deux phases vécues – Rebelle et Persévérant - et une phase actuelle Empathique. Sylvain et son fils aîné ont convenu de se faire un parcours de golf dimanche matin. Le samedi soir, son fils lui téléphone pour lui faire part d’un empêchement et annuler la partie de golf. Sylvain lui dit que ça n’est pas grave et que ça n’est que partie remise. Dans l’heure qui suit, Sylvain se montre agressif à l’égard de sa femme qui lui demande ce qu’il souhaite à dîner : « Je m’en fiche du dîner !! » La colère est attaquante… Sylvain prend subitement conscience de cette colère inappropriée et se pose la question de savoir quelle est son émotion authentique. En se promenant dehors, Sylvain prend conscience qu’il se sent triste du fait de cette partie de golf annulée. Il se faisait une telle joie de partager un moment d’intimité avec son fils ! En laissant son esprit vagabonder, Sylvain « décroche l’élastique » : en tant que Travaillomane de base, il a consacré tellement de son temps au bureau et avec ses clients qu’il n’a pas vu son fils grandir…Sylvain prend contact avec sa tristesse… Nous voyons ici que la problématique réactivée est celle de la base Travaillomane : le chagrin lié à la perte. 16