Mise en page 1 - Somogy éditions d`Art
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Contact presse : Marie Moscoso 01 48 05 04 44 [email protected] Exposition au Musée d’Art Moderne de Collioure, du 16 juin au 30 septembre 2012 SURVAGE LES ANNÉES COLLIOURE : 1925-1932 Né à Moscou en 1879, Lé opold Survage y dé bute sa carriè re d’artiste dans les milieux d’avant-garde, avant de s’installer en France en 1908, ou ̀ il participera trè s rapidement aux diffé rents courants de l’Ecole de Paris. En 1915, il dé couvre la lumiè re mé diterrané enne, d’abord à Nice ou ̀ il s’é tait ré fugié pendant les anné es de la Premiè re Guerre mondiale; puis à Collioure qui fut le principal sujet de son travail de 1925 à 1932, vé ritable ré vé lation pour ce jeune Russe qui n’avait connu jus- qu’ici que les lumiè res du Nord. C’est grâ ce à cette lumiè re de Col- lioure que Survage put trouver l’é chappatoire ré vé latrice, dans ces anné es de « retour à l’ordre » qui en 1922 –aprè s le Cubisme et l’abs- traction des Rythmes coloré ssaisit sa peinture. Si la lumiè re de Nice avait produit un ensemble de toiles sereines , rê ve rose et bleu d’un oriental é bloui ; c’est l’intensité des contrastes, l’importance accordé e aux terres et aux ocres, la lumiè re violente et la dimension tragique qui retiennent Survage. Dè s 1927, il renonce au style d’emprunt et aux contraintes né o-classiques qu’il s’é tait imposé s. A Collioure, dans l’intensité des couleurs qui avaient marqué le dé but du Fauvisme de Matisse, il perçoit le resurgissement de la tra- gé die antique, la pré sence vivante des mythes, entre ombre et soleil. Est-ce alors un hasard si la lumiè re de la Catalogne ressuscite pour lui, comme pour Picasso, le mythe grec ? Car la lumiè re, dans ces toiles, est dé terminante. C’est elle qui scande le rythme souple de la ligne, fil continu qui tisse l’unité du monde, joignant d’un mê me mouvement ê tres et animaux, fenê tres et pay- sages. Ce que Survage avait perçu intuitivement à ses dé buts revient ici dans une lumiè re dé finitive, celle qui situe l’homme dans un thé â tre de forces qui le dé passent et le traversent, renvoyant tout ensemble à la ré alité quotidienne et à un passé immé morial. Commissariat: Joséphine Matamoros, conservatrice en chef du Patrimoine, Musée d'art Moderne de CollioureFonds Peské et Daniel Abadie, historien de l’art ISBN 9782757205594 broché, 28,00 € 22 x 28 cm / 144 pages / 100 illustrations Parution le 13 juin 2012 Amedo Modigliani Portrait de Leopold Survage, 1918 Huile sur toile 61 x 46 cm Modigliani Institut Collioure est une toute petite ville de 2 800 habitants, bâtie en bord de mer et lovée autour de deux magnifiques baies, celle du Port d’Avall et celle du Voramar. Elle se situe au pied des Pyrénées qui viennent là achever leur course entre Atlantique et Méditerranée. Deux baies connues dans le monde entier, immortalisées grâce aux chefs-d’œuvre, fruits du passage incessant d’un nombre impressionnant d’artistes tout au long du XX e siècle et en particulier entre 1905 et 1940. Joséphine Matamoros Collioure, ville artistique et mythe méditerranéen Pour quel motif Survage réalise-t-il plusieurs séjours entre 1925 et 1932 à Collioure ? À ce jour, l’étude des documents connus ne permet pas de donner la motivation première de sa venue dans cette ville, même si certaines pistes évoquées en note pourraient en donner une explication 1. En tous les cas, ce qui est certain, c’est qu’il sera séduit par le lieu, tout comme la majorité des artistes qui y séjournent, et il y effectuera d’inoubliables et fructueux longs séjours. En 1925, la beauté du petit port de Collioure avait déjà été sublimée dans des centaines d’œuvres, les unes plus représentatives que les autres des grands courants du siècle, qui voyaient l’art s’ouvrir vers la modernité et suivre – ou parfois précéder – les grandes avancées technologiques, sociétales et artistiques. L’inscription dans l’histoire de l’art de cette petite ville catalane commence déjà au XIXe siècle, avec d’abondants passages d’artistes paysagistes, mais l’impact en matière de reconnaissance picturale se précise avec l’installation de Paul Signac, pendant trois mois en 1887, à l’auberge « Fontano » ou « Fontanau » – les deux orthographes étant acceptées – devenue plus tard l’hostellerie des Templiers. Puis, par le travail à Banyuls de Louis Valtat, où il résidait pour se soigner grâce à l’intervention de Georges-Daniel de Monfreid. Valtat fit également plusieurs incursions à Collioure et à Llançà, entre 1894 et 1895. Signac, séduit par Collioure, en parle à ses amis ; c’est ainsi qu’Henri Matisse, qui avait séjourné en Provence avec lui, souhaite, lors de la campagne de travail de l’été 1905, s’éloigner du maître afin de s’affirmer à travers ses propres recherches picturales. Il choisit Collioure et descend du train un beau matin du mois de mai lorsque la campagne est luxuriante et couverte de fleurs et de couleurs ; il est à son tour épris par la remarquable beauté du site et son inscription parfaitement méditerranéenne, pratiquement orientale. Il est impressionné par les odeurs puissantes et sucrées des jardins. Mais aussi par les deux baies pavoisées par cent vingt barques catalanes, les unes plus colorées que les autres, aux voiles latines majestueuses, et d’une rare élégance lorsqu’elles quittent le port pour la pêche quotidienne, et notamment pour celle de l’anchois, qui fera la renommée de la ville. Il est seul, et se retrouve face à lui-même, il loge à la première auberge qu’il trouve à sa descente du train, celle de Rosette, à 200 mètres à peine de la gare, fréquentée essentiellement par des cheminots et quelques rares représentants de commerce. Très vite, il écrit au jeune André Collioure, 1928 Peinture sur panneau, 27 x 34 cm Collection musée PAB, Alès Derain et le convie à venir partager ce paradis. Ce dernier arrivera le 5 juillet avec force bagages, son attirail de peintre et un grand parasol ! 10 Collioure, vers 1926 Aquarelle, 30 x 40 cm Collection particulière artistes inspirés par Collioure à rendre à ces femmes un vibrant hommage ; de ce fait, elles rentrent de plain-pied dans sa recherche et deviennent des icônes représentatives de son travail le plus abouti et construit. La vie quotidienne à Collioure influe sur son œuvre, et la ville rentre tout naturellement dans ses fameuses constructions citadines. Les maisons à Collioure sont extrêmement resserrées et construites en hauteur, ce qui lui a permis de jouer avec cette configuration architecturale. Mais également interviennent des détails de la civilisation méditerranéenne, tels que ces femmes qui restent volontiers à l’intérieur, mais ne se privent pas de tout regarder et contrôler à travers leurs fenêtres, cachées par leurs rideaux, faisant office en quelque sorte de moucharabiehs. La démonstration en est faite dans la très belle œuvre Femme à la fenêtre de 1931 (p. 77), qu’il offre au musée de Céret. De nombreuses aquarelles prises sur le vif démontrent que Survage, en dehors de son atelier où il menait ses recherches, regardait intensément les points de vue de Collioure et les villages environnants comme Port-Vendres, dans lesquels à cette époque, on se rendait à pied. Ses incursions dans la ville le faisaient vivre réellement au sein de la population et participer à la vie quotidienne, éclairée par l’épisode du taureau évadé, qui a donné lieu à une très belle série de dessins et quelques toiles remarquables. De mémoire d’homme, les vaches ont toujours vécu en troupeau sur le pic de la Massane, montagne située face à Collioure. Aujourd’hui encore, rituellement tous les ans, on y célèbre la fameuse « esquellada », ou mise en place des sonnailles. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les vaches de la Massane nourrissaient les habitants de Collioure et des villages environnants. Les bouviers les amenaient avec le taureau reproducteur à leur tête, qu’elles suivaient avec confiance jusqu’à l’abattoir. Probablement lors d’un de ces passages toujours remarqués dans la ville, car les femmes se méfiaient très certainement de la dangerosité du taureau, l’animal s’est échappé, provoquant la panique dans le village. Survage a saisi sur le vif cet affolement de la population, mais égaleLe Taureau échappé dans la ville, 1929 Crayon, aquarelle sur papier, 27 x 17,5 cm Collection particulière ment le sang-froid du bouvier qui essaye de calmer l’animal ; donnant lieu à des œuvres magnifiquement composées comme Le Taureau évadé de 1926. 16 17 Bateau et poisson , 1927 Caséine sur toile, 27 x 35 cm Courtesy galerie de la Présidence Départ pour la pêche , 1926 Huile sur toile, 89 x 116 cm Collection particulière Barques à Collioure, 1931 Mine de plomb sur papier, 21 x 26 cm Collection musée d’Art moderne de Collioure 44 45 La Porteuse, 1927 Mine de plomb sur papier, 27,5 x 21 cm Collection particulière La Dispute, 1927 Huile sur toile, 114 x 146 cm Heritage International Art Gallery, Moscou Étude pour les pêcheurs de Collioure, 1928 Mine de plomb sur papier, 43 x 27 cm Collection musée d’Art moderne de Collioure 52 53