Un petit air de Toscane

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Un petit air de Toscane
LE BIEN PUBLIC
DIJON
Vendredi 28
août 2015
09
ARCHITECTURE. La villa Messner est aujourd’hui un bar privé géré par Mario Barravecchia.
Un petit air de Toscane
TÉMOIGNAGES
MARIO BARRAVECCHIA
Directeur de l’établissement
« J’ai eu un flash »
« Quand j’ai découvert
cette magnifique maison
qui était en vente et que je
suis entré dans le hall, j’ai
eu un flash ! Je savais ce
que je voulais en faire : un
endroit classieux pour faire la fête ! Les dorures, les
décors intérieurs et extérieurs nous y invitent. »
SHERRY THEVENOT
Guide interprète
Les toits terrasses de la villa rappellent l’Italie. Photo CAUE
Cet été, Le Bien public et le
CAUE (Conseil d’architec­
ture, d’urbanisme et de l’en­
vironnement) font découvrir
une partie du patrimoine
côte­d’orien. Aujourd’hui, la
villa Messner, à Dijon.
O
bservant cette petite
villa, bien cachée
derrière la place de
la République, nous pourrions la dater de la fin du
XIXe siècle, alors que l’édifice rappelle le style néo-Louis
XVI, tout à fait à la mode
vers 1870. Toutefois, les apparences sont trompeuses :
le bâtiment remonte à 1912.
La façade symétrique avec
un corps central mis en valeur par un balcon de fonte
est richement décorée de
consoles portant végétaux et
vignes. La volumétrie de la
villa, les trois toits terrasses
rappellent l’Italie, la Toscane, et donnent une couleur
exotique à notre ville.
Ernest Messner, viticulteur
et brasseur, député de la Côte-d’Or de 1906 à 1910 est
élu sénateur en 1910 et doit
quitter ses ateliers des rues
Parmentier et Sluter. Sachant qu’il reviendra souvent en Bourgogne, il com-
mande cette villa, proche des
ateliers, pour g agner du
temps et rentabiliser ses
voyages à Dijon par une présence presque constante
dans ses ateliers.
Bas-reliefs de Piron
Deux bas-reliefs évoquent
les vendanges et la cueillette
du houblon, un troisième
symbolise la justice et le
suffrage universel, clin d’œil
que l’on saisit immédiatement, connaissant la personne d’Ernest Messner. Le
sculpteur Eugène Piron signe ces bas-reliefs. L’artiste
n’eut guère de chance : le
monument qu’il dédia à son
ancêtre écrivain Alexis Piron
n’existe plus de nos jours,
Les Petites Histoires de l’architecture
Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement
(CAUE) a édité deux ouvrages intitulés Petite Histoire de l’archi­
tecture depuis l’an 1000, sur Dijon et Beaune, très faciles à em­
porter lors d’une promenade urbaine. Plus de soixante­dix monu­
ments, érigés depuis le Moyen Âge, sont présentés pour mieux
comprendre comment la ville s’est construite, comment et quand
les courants architecturaux se sont succédé. Des maisons à pans
de bois, du Moyen Âge aux bâtiments contemporains, le CAUE
offre un véritable voyage à travers les siècles.
Éditions du CAUE de Côte­d’Or, 104 pages, 5 €.
« Des airs de maison italienne »
« Ce qui est remarquable
c’est le côté “osé” du bâtiment, le parti pris de mobiliser une architecture
très différente de celle que
l ’o n c o n n a i s s a i t j u s qu’alors à Dijon. J’aime
cette audacieuse villa
avec ses airs de maison
it alienne. Elle rend le
patrimoine de notre ville
encore plus unique ! »
tandis que la villa Messner et
ses beaux bas-reliefs manqua
d’être démolie. Classée monument historique depuis
1983, la voilà désormais sauvée pour toujours des griffes
des pelleteuses.
À la fois incontournable et
inattendu, cet édifice participe de la diversité architecturale de la ville de Dijon, sur
laquelle nous ne cessons
d’insister, avec raison.
BENJAMIN TAINTURIER (CLP)
INFO CAUE de Côte­d’Or
1, rue de Soissons, à Dijon. Tél. 03.80.30.02.38. Site Internet : www.caue21.fr