Année Mondiale Contre la Douleur chez les Femmes De vraies

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Année Mondiale Contre la Douleur chez les Femmes De vraies
Année Mondiale Contre la Douleur chez les Femmes
De vraies Femmes, une vraie Douleur
Douleur Pelvienne Chronique La douleur pelvienne chronique est un état fréquent, invalidant et complexe dont l’étiologie est encore mal comprise. Elle peut être associée à une morbidité significative et à une perte des fonctions physique et sexuelles Les patientes sont troublées par les symptômes continus, par les examens approfondis et répétés, et par l’incapacité du corps médical à poser un diagnostic et à proposer un traitement efficace. De nombreuses patientes font état d’une frustration face à l’impossibilité de faire prendre leur douleur au sérieux et aux suggestions que cette douleur a une origine psychologique. Mécanismes et causes de la douleur pelvienne La douleur pelvienne chronique peut être provoquée par un état gynécologique tel que l’endométriose, les adhésions, une infection ou, plus rarement, par une tumeur ou par des causes non gynécologiques qui peuvent être en rapport avec l’intestin, comme le syndrome du côlon irritable, avec la vessie ou avoir des origines musculo­squelettique ou neuropathique. Souvent la cause n’est pas claire. Plusieurs organes du bassin peuvent être impliqués. Par exemple, entre 30 et 50 % des femmes souffrant de douleur pelvienne ont une fréquence urinaire. Il n’est pas rare que le syndrome du côlon irritable coexiste avec la douleur pelvienne. Trois types d’hyperalgésies viscérales qui peuvent être pertinentes à la présentation clinique de patientes souffrant de douleur pelvienne sont décrits (1) : 1) Hyperalgésie viscérale : hyperalgésie d’un viscère due à une inflammation et/ou à une stimulation excessive du même viscère (ex : syndrome du côlon irritable) 2) Hyperalgésie provoquée d’un viscère : hyperalgésie des tissus somatiques dans la région de la synalgie du viscère (ex. : points de déclenchement dans les tissus de la paroi abdominale) 3) Hyperalgésie viscéro­viscérale : hyperalgésie d’un viscère rendu cliniquement manifeste par un état douloureux d’un autre viscère (ex : exacerbation d’une douleur colique urinaire chez les patients souffrant d’un calcul urinaire et de dysménorrhée). Épidémiologie
· La prévalence de la douleur pelvienne chronique est élevée dans la communauté.
· Aux États­Unis, une prévalence de 15 % sur une période de 3 mois (à l’exclusion de la douleur de milieu de cycle) a été enregistrée chez les femmes âgées de 18 à 52 ans (2).
· Au Royaume­Uni, la prévalence annuelle dans les soins primaires était de 38/1000, au taux similaire à celui signalé pour l’asthme ou le mal de dos (3).
· Une prévalence de 25,4 % a été signalée en Nouvelle­Zélande (4).
· Les femmes qui se plaignent de symptômes associés à la douleur pelvienne chronique représentent de 15 à 20 % de toutes les consultations dans les cliniques gynécologiques et jusqu’à 10 % de la patientèle féminine chez le médecin généraliste.
· La douleur pelvienne chronique est à l’origine de 10 à 15 % des hystérectomies réalisées aux États­Unis.
· Les femmes souffrant de douleur pelvienne chronique ont subi près de cinq fois plus d’interventions chirurgicales et ont cherché un traitement pour quatre fois plus d’états somatiques sans rapport avec la douleur pelvienne chronique par comparaison aux groupes de tranches d’âges correspondants sans douleur. Évaluation des femmes souffrant de douleur pelvienne chronique
· Consultation : l’évaluation des femmes souffrant de douleur pelvienne chronique requiert une approche systématique et complète. L’évaluation est la première opportunité pour établir une relation avec la patiente et montrer que le clinicien et la patiente travaillent ensemble pour prendre les symptômes en charge.
· Auscultation : une observation générale de la patiente, surtout de sa position, est importante. Les cicatrices peuvent être sources de douleur. Les points de déclenchement dans la paroi abdominale peuvent être identifiés
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via la palpation. L’examen vaginal permet d’évaluer les organes gynécologiques et le tonus musculaire du plancher pelvien.
Examens : le balayage transvaginal aux ultrasons, la laparoscopie et l’imagerie par résonance magnétique sont les examens les plus fréquemment réalisés. Plus de 40 % des laparoscopies sont réalisées pour poser le diagnostic de la douleur pelvienne chronique. Cet examen n’est pas sans risque et coûte cher. Facteurs psychologiques : Les facteurs psychologiques peuvent contribuer à l’apparition et aux conséquences de la douleur pelvienne. Un des principaux défis pour la patiente est d’accepter que les facteurs psychologiques peuvent jouer un rôle important dans la compréhension de son état douloureux et de sa prise en charge. Il faut instaurer une relation thérapeutique dans laquelle la patiente se sent écoutée et comprise et où elle peut poser des questions sur les inquiétudes ou les croyances qu’elle pourrait avoir. Les femmes qui souffrent d’une douleur pelvienne chronique ont un niveau d’anxiété et de dépression élevé, et elles craignent une maladie grave non diagnostiquée. Ceci peut entraîner des dysfonctionnements sexuels et perturber la relation. Des interventions spécifiques telles que les exercices de Kegel, l’utilisation de dilatateurs gradués, des conseils sur l’utilisation de lubrifiants ou sur d’autres positions pour les rapports ainsi que des exercices de concentration sensorielle peuvent être utiles. Un certain nombre d’études contrôlées ont démontré que chez les femmes souffrant de douleur pelvienne chronique, l’incidence d’abus sexuels ou physiques antérieurs est plus élevée (5). Il faut poser des questions sur toute expérience sexuelle antérieure déplaisante ou forcée dans un environnement ouvert et en manifestant son soutien. Si des antécédents d’abus sexuel ou physique ont un effet sur le fonctionnement actuel, il faudra peut­être envisagé une psychothérapie. Traitement De manière traditionnelle, le traitement repose sur l’identification de la pathologie et sur le recours à des médicaments, des hormones ou une intervention chirurgicale pour soulager la douleur. La thérapie hormonale et l’intervention chirurgicale peuvent aider certaines patientes atteintes de douleur pelvienne chronique, d’adénomyose ou d’endométriose, mais malheureusement pas toutes. Des exercices pour la stabilité du noyau ou de réhabilitation de la musculature du plancher pelvien peuvent être bénéfiques. Les médicaments utilisés contre les douleurs neuropathiques peuvent réduire la douleur pelvienne chez un faible groupe de patientes qui ne réagissent pas aux opioïdes faibles (6). Alors que la compréhension médicale de la complexité de la douleur pelvienne chronique a progressé et intègre désormais les aspects psychosociaux de la douleur, la prise en charge de la douleur s’opère désormais selon une approche multidisciplinaire, ce qui marque la prise de conscience de l’interaction complexe entre les mécanismes psychologiques, neurologiques et physiologiques dans la douleur (7). Copyright International Association for the Study of Pain, September 2007. References available at www.iasp­pain.org.

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