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Bernard Hinault
La jouissance de gagner
Lundi 22 octobre : conférence organisée
par le réseau Ecobiz RH & management sur le thème
« A chacun sa performance » :
intervention de Bernard Hinault,
charismatique champion cycliste au franc parler
Cet article a pour but de faire des liens entre les expériences qu’a relatées Bernard Hinault lors de sa
conférence et les enseignements qui peuvent en être tissés pour le monde de l’entreprise. Ce lien a du
sens : le terme management, d’origine latine (« manu agere » : guider par la main), anglo saxon (utilisé
pour la 1ère fois en Angleterre au XVème siècle pour désigner le responsable d’un entreprise ou d’une
institution) est revenu en France fin XIXème par… le cyclisme (« manager cycliste »).
Bernard Hinault : mes performances, je les dois à :

Des qualités intrinsèques : des fémurs longs, un cœur lent, une V02 max élevée (débit maximum
d’oxygène consommé pendant un effort)

40 à 42 000 km d’entraînement et de course par an, même si je n’étais pas un fou d’entraînement
(Hubert Crespel, son kiné, nous précisera que les entraînements sont des méthodes précises,
adaptatives, qui s’installent dans la durée, pour développer les qualités physiques et morales).

Des objectifs clairs en début d’année (2 courses à étapes, 3 classiques) que j’ai atteints sur 12 ans
à 95%

Un moral de tueur qui permet de « serrer les dents » quand d’autres « lèveront le pieds » sous la
douleur.
Com-Hom (post conférence) : quels enseignements pour l’entreprise ?

Que la performance est liée à des compétences.

Que ces compétences s’entretiennent et s’enrichissent par l’entraînement. Hubert Crespel nous
dira que « la sédentarité est le fléau le plus important (mortalité supérieure à la cigarette) ». Nous
faisons un lien entre cette sédentarité sportive et l’immobilisme dans le développement des
compétences pour le monde du travail.

Que d’être clair sur ses objectifs permet de focaliser les énergies, et cela dès le début de l’année.

Mais au fait Bernard, qu’est ce que c’est donc que « ce moral de tueur » ?
Bernard Hinault : l’agressivité, l’envie de combattre pour gagner. Pour moi, c’est une jouissance mentale.
J’ai plaisir à dominer les autres. J’ai aussi beaucoup considéré la compétition comme un jeu fantastique,
même si ce jeu fait mal de temps en temps. Jeu + Jouissance = La Patate
Com-Hom : quels enseignements pour l’entreprise ?

Que la motivation qui amène la capacité à se surpasser est fortement liée au plaisir. Elle est donc
très personnelle. Chez Bernard Hinault, elle est liée à une personnalité combative. Pour d’autres,
les sources de plaisir, et donc de motivation, seront liées à d’autres raisons très personnelles :
l’excellence, la créativité, l’esprit d’équipe, le sens de l’effort, … et donc en rapport avec votre
personnalité.

Que pour être performant, le jeu et la motivation doivent être plus forts que la contrainte. Quel rêve
vous anime dans ce monde complexe et mouvant actuel ?
Bernard Hinault est revenu sur les entraînements : J’ai travaillé avec 3 entraîneurs :

Avec Jean Stablinski, tu montais sur le vélo et tu faisais des heures de selle sans trop recevoir
d’indications. Il y en avait même qui mettaient leur selle dans leur voiture pour faire ces heures de
selle .

Avec Cyrille Guimard, il t’expliquait ce qu’il fallait faire. C’était mieux mais tu n’avais pas d’infos sur
les capacités qu’il voulait développer.

Avec Paul Koechli, il t’expliquait les capacités que tu allais développer par le travail que tu allais
faire. C’était génial ! Sa méthode était passionnante.
Com-Hom : quels enseignements pour l’entreprise ?

Que la motivation vient également du sens du travail. Comprendre le pourquoi des actions, avoir
des retours sur les actions réalisées sont deux choses essentielles pour la mise en œuvre des
efforts au service de la performance. Prendre le temps du « je te demande cela …. parce que… »
et « voici ce qu’a permis ton travail » sont des temps de management essentiels. Ils le sont
d’autant plus avec les générations qui arrivent aujourd’hui dans le monde du travail et qui sont
capables de réaliser de grandes choses sous l’emprise du sens.
Bernard Hinault a été challengé sur les erreurs qu’il a pu faire en course. La réponse est encore une fois
pleine de bon sens : « la défaite se joue sur des petites erreurs. Si tu fais la bonne analyse à chaque fois
que tu perds, alors on a une chance de ne pas les faire une deuxième fois. De plus, si tu fais des erreurs
et que tu corriges vite, l’équipe reprend confiance. »
Com-Hom : quels enseignements pour l’entreprise ?

Que l’erreur est un trésor. Trésor d’apprentissage pour autant que l’on prenne un temps de
débriefing suivi d’un temps d’analyse puis d’un temps d’ajustement. Ces temps ont tendance à
disparaître car les projets s’enchainent sous la pression du temps. Comment posez-vous vos
équipes en fin de projet ? Comment menez-vous un vrai temps d’écoute, de débriefing ? Séparezvous bien débriefing, analyse, recherche de solutions et mise en actions ?
Enfin, devant le poids important du personnage (poids mental car au niveau physique, il est dans une
forme impressionnante), je l’ai challengé sur la notion de collectif. Bernard, comment motiver les
équipiers ?

Il faut donner de la reconnaissance car sans eux, je n’existe pas. Cette reconnaissance doit se
faire à tous les niveaux : coureurs, mécano, cuisinier… Tu vas les voir, tu leur poses des
questions. Tu crées une ambiance où les gens sont bien.

Tu partages les primes. Sous Paul Koechli, les primes étaient partagées même avec le personnel
qui n’était pas sur la course.

Quand tu n’es pas performant (jours de sous forme), tu laisses ta place de leader

Tu partages le plaisir de gagner car même si ce n’est pas eux qui gagnent, ils gagnent avec toi.
J’en ai pris conscience quand j’ai vu les ouvriers de l’usine Gitane dire, en passant devant les
posters de victoire, : « on a gagné ». Je suis le bout de la chaîne et c’est une fierté d’avoir fini le
travail.

Tu développes la connaissance de tes coéquipiers. Dans notre sport, le soir nous avons des
chambrées de 2. Tous les jours je changeais de coéquipier pour mieux les connaître et créer des
complicités. Je faisais attention à partager la chambrée avec celui qui allait mal.
Com-Hom : quels enseignements pour l’entreprise ?

La reconnaissance est essentielle. Elle va au-delà du financier. La reconnaissance est factuelle.
Elle est factuelle et met en avant, à tous les niveaux, ce que les gens ont réalisé.

Dans certains domaines, ou à certains moments, nos collaborateurs sont plus performants que
nous. Déléguons pour faire monter les compétences. Développons l’autonomie individuelle et
collective.

Développons les retours visuels sur les actions menées à tous les niveaux car « les performances
sont collectives ». Partageons les succès.

J’ai eu un peu plus de mal sur le dernier point plus difficilement transposable à l’entreprise. Je le
traduirais par un nécessaire intérêt pour les personnes, la capacité à les écouter et les
accompagner sur les difficultés qu’ils rencontrent.
Voilà en résumé la performance Bernard Hinault :

Des qualités intrinsèques

Des entraînements et des efforts dont il connaît le sens

Des objectifs clairs

Une volonté d’amélioration continue sur la base des erreurs réalisées

Une équipe reconnue par un patron proche du terrain, avec des signes factuels et visuels

Une connaissance et un temps d’écoute individuels

Un plaisir et un rêve liés à sa personnalité : dans le cas de Bernard Hinault, la jouissance de la
gagne et de la domination, le rêve de victoire

Auquel je rajouterais un parler vrai
Alors d’accord sur toute la ligne avec Bernard ?
Com-Hom : Non. Nous ne l’avons pas du tout suivi quand il a annoncé « on est né pour être patron ou
pas ».

Pour nous, manager est un métier qui s’apprend, comme tout métier.

Les styles de management seront différents en fonction du leader.

Le métier de manager exige aujourd’hui, dans un monde complexe et mouvant, une capacité
d’adaptation de son propre style aux différentes situations et aux différentes personnes.
Enfin, dans les organisations, les performances sont et seront de plus en plus collectives (sans aucune
référence publicitaire ).
Cette soirée fut riche d’enseignements. Merci Marie-Anne pour cette invitation ! Merci Ecobiz.
A propos des auteurs :
Marc VILCOT : J'ai créé Com-Hom en 2008 après 17 années enrichissantes de
vente et management terrain dans l’industrie.
Ingénieur électrotechnique (INPG 1989), j'ai commencé ma carrière à concevoir
des machines électriques. Mes préférences créatives et relationnelles m'ont vite
amené vers des activités commerciales et marketing. En tant que directeur
commercial de Cedrat (1997-2007), j'ai animé une équipe de 14 personnes et un
réseau de 20 distributeurs. Administrateur de la société et de sa filiale
américaine, j'ai pratiqué les aspects stratégiques et opérationnels.
Marc VILCOT
Com-Hom
Françoise Baland : J’ai rejoint l’équipe Com-Hom en 2011 après une expérience
de plus de 20 années dans l’industrie.
De formation ingénieur ENSIMAG (INPG), mon travail s’est toujours équilibré
entre réalisations et innovations techniques, management des hommes et des
femmes, organisation et méthodologies, management de la qualité.
Ces expériences m’ont permis de travailler avec tous les services de l’entreprise
au sein d’équipes pluridisciplinaires. J’ai ainsi développé la passion du travail de
terrain au service de la réalisation des objectifs de l’entreprise.
Françoise Baland
Com-Hom
Notre raison d’être est représentée par notre logo : associer les Hommes, le
Management, la Communication et les Méthodes au service des Objectifs.

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