Marie-Anne-Barbat-Layani-Radio-Classique-18022014

Transcription

Marie-Anne-Barbat-Layani-Radio-Classique-18022014
Marie-Anne Barbat-Layani,
Directrice générale de la FBF
RADIO CLASSIQUE – Le 18 février 2014
« La Matinale»
Extraits
NICOLAS PIERRON
L’invitée de l’économie sur Radio Classique ce matin la directrice générale de la
Fédération Bancaire Française. Bonjour Marie-Anne BARBAT-LAYANI.
MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI
Bonjour Nicolas PIERRON.
NICOLAS PIERRON
Vous avez pris vos fonctions en janvier et donc c’est votre première interview en
radio, du moins à Radio Classique, merci d’être là ce matin. Le nombre de
détenteurs de crédit n’a jamais été aussi bas manifestement en France depuis
1989, ça concerne aujourd'hui moins de la moitié des ménages, c'est-à-dire que
les banques ne veulent plus prêter d’argent ?
MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI
Les banques continuent à prêter très massivement, nous allons probablement
atteindre 2 000 milliards de crédits à l’économie assez rapidement, on est
aujourd'hui à 1 969 milliards de crédits à fin 2013 très exactement. Près d’un
milliard de crédits aux particuliers et près d’un milliard de crédits aux entreprises.
NICOLAS PIERRON
Comment expliquer ce faible, cette baisse finalement du nombre de Français
qui ont un crédit aujourd'hui alors ?
MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI
Je pense que ça porte essentiellement sur le crédit à la consommation, il y a
peut-être aujourd'hui compte tenu de la situation économique davantage de
prudences chez les emprunteurs qui ne veulent pas trop s’endetter. Mais le
crédit a continué à augmenter très fortement en France, enfin fortement en
France l’année dernière, plus que dans la plupart des autres pays de l’Union
européenne par exemple.
Fédération bancaire française
18 février 2014
[…]
NICOLAS PIERRON
Marie-Anne BARBAT-LAYANI, demain la France et l’Allemagne devraient
clarifier leurs intentions à propos de ce qu’on a appelé la future taxe Tobin, une
taxe sur les transactions financières qui s’appliquerait à 11 pays de la zone euro
et devrait rapporter plusieurs dizaines de milliards d’euros, c’est l’une des suites
lointaines de la crise financière de 2007/2008, les milieux financiers s’y
opposent. Pourquoi cette opposition ?
MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI
Alors il n’y a pas que les milieux financiers qui s’y opposent parce que là on est
vraiment sur une question de financement des entreprises et financement de
l’économie. La question qu’on doit se poser aujourd'hui c’est est-ce que c’est le
bon moment pour mettre en place une nouvelle taxe, un nouvel impôt qui va
peser sur le financement des entreprises ? Et deuxième problème que pose
cette taxe, c’est un problème de distorsion de concurrence et de délocalisation
potentielle, puisque ce ne sont pas comme vous le savez tous les pays de
l’Union européenne qui veulent mettre en place cette taxe, mais seulement
certains d’entre eux et notamment pas la plus grande place financière…
NICOLAS PIERRON
Londres.
MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI
Londres. Donc la principale crainte que nous avons c’est l’impact sur le coût du
financement des entreprises et c’est pour cela que les entreprises s’inquiètent,
elles l’ont dit très clairement de ce nouvel impôt et deuxièmement le risque de
délocalisation de l’activité.
NICOLAS PIERRON
Mais ce serait un prélèvement infinitésimal de quelques centièmes de
pourcentage sur les différentes transactions financières et encore pas toutes,
c’est un peu technique, mais une partie des dérivés ne seraient pas concernés.
Donc pourquoi s’inquiéter au fond, est-ce que ce serait vraiment plus cher pour
les entreprises de se financer après cette taxe ?
MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI
Quand vous payez plus d’impôts, c’est toujours plus cher, vous voyez les
psychodrames qu’on peut avoir quand on parle des taux de TVA, de quelques
pourcentages de taux de TVA, donc là c'est un peu la même chose et c’est
vraiment une question de distorsion de concurrence. La compétition, elle se joue
à quelques pourcentages sur les prix, si vous vous financez plus cher, vos prix
seront plus chers et donc même quelques points, ce n’est pas rien. On ne peut
pas dire que c’est négligeable.
NICOLAS PIERRON
Il y a un autre sujet qui fâche les banques en ce moment, c’est le projet de
réforme de Michel BARNIER, commissaire européen au service financier. Il
voudrait obliger les banques à terme à regrouper dans une filiale séparée,
identifiée toutes leurs activités de trading, cette fameuse activité de comptes
propres et de marchés qui ont tant fait jaser au moment de la crise financière, là
aussi pourquoi finalement s’y opposer de la part des banques françaises ? En
quoi ce serait négatif ?
Fédération bancaire française
18 février 2014
MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI
A peu près pour les mêmes raisons, c'est-à-dire que là on est vraiment au cœur
de notre métier qui est le financement de l’économie. Vous les avez aujourd'hui
les financements de l’économie vont passer de plus en plus par les marchés,
donc il est très important pour les banques françaises, si elles veulent pouvoir
accompagner leurs clients dans de bonnes conditions de pouvoir les
accompagner y compris sur les marchés, pas uniquement par le crédit dans de
bonnes conditions. Et si on oblige à séparer au sein des banques toute l’activité
de tenue de marchés, c’est ça le cœur du débat que nous avons avec le projet
européen, cela va renchérie considérablement ces activités d’accompagnement
des clients sur les marchés.
[…]
NICOLAS PIERRON
Oui, est-ce que le fond du fond ce n’est pas la taille des banques, derrière l’idée
de Michel BARNIER de réforme, est-ce qu’il n’y a pas ce problème ? […]
MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI
La question qui se pose, ce n’est pas tellement la taille des banques, c’est
surtout, est-ce qu’elles sont bien gérées, est-ce que les risques sont bien pris en
compte ? Est-ce qu’elles sont bien supervisées ? C’est pour cela encore une fois
que pour nous la bonne solution en matière de supervision des banques, c’est
d’avoir à la fois une bonne connaissance des banques en interne et c’est toutes
les choses qui sont demandées aux banques sur ce qu’on appelle leur
gouvernance, leur organisation. Et puis c’est d’avoir un superviseur efficace qui
vient vérifier que toutes les choses sont bien en place pour bien gérer les
risques.
[…]
Fédération bancaire française
18 février 2014